Texte intégral
Madame la Vice-Présidente du Conseil général, en charge des solidarités pour les personnes âgées et handicapées, Brigitte Jeanvoine,
Monsieur le Directeur général de lagence de développement du Val-de-Marne, Joël Gayssot
Madame la directrice de la mission innovation solidarité du Conseil général du Val-de-Marne et directrice de projet, Sylvie Roussel,
Madame le maire-adjoint de Saint-Maur-des-Fossés, en charge des questions de la famille, de léducation et des TIC, Pascale Luciani-Boyer
Monsieur le maire-adjoint TIC de la ville de Fontenay-sous-Bois, Loïc Damiani,
Madame le Directeur Régional des Relations Institutionnelles et Economiques Paris Ile de France, Martine Sancan,
Je suis très heureuse dêtre parmi vous à loccasion de la seconde édition de la Journée nationale des aidants, un événement national que jai initié pour la première fois lan dernier en tant que secrétaire dEtat en charge des ainés.
Pourquoi ?
Des millions de personnes de tous âges confrontées momentanément ou durablement à la maladie, à linvalidité, au handicap ou à la dépendance peuvent continuer à vivre chez elles, grâce à la solidarité nationale, aux professionnels des services et surtout aux millions daidants familiaux et parfois amis, voisins et bénévoles
Parents, retraités ou jeunes, seul(e)s ou à plusieurs, ils apportent aux personnes vulnérables une aide irremplaçable dans la vie quotidienne, et un soutien moral et parfois financier.
Plus particulièrement pour le cas de personnes atteintes de maladies chroniques, les aidants interviennent non seulement dans les actes de la vie courante mais également dans le parcours de soins de leurs proches. En effet, ces aidants sont amenés à prodiguer des soins, à prendre en charge la gestion et ladministration de médicaments et bien sûr à coordonner les interventions à domicile des professionnels sanitaires et médicosociaux.
A ce titre, les aidants sont un interlocuteur et un appui indispensable aux professionnels de soins et daide mais ce ne sont pas des professionnels. Je tenais à le souligner. Grâce à leur engagement, ils contribuent fortement à améliorer les conditions de vie des personnes malades ou dépendantes, à faciliter le maintien ou le retour à domicile, à prévenir les situations de risque.
Bref, ce rôle essentiel des aidants nest plus à vérifier, mais à mieux reconnaître, à valoriser et à soutenir.
Tel a été, ces dernières années, le sens des politiques publiques : cest le cas notamment du plan national Alzheimer dont les 4 premières mesures sont dédiées aux aidants. La question du rôle et de laide aux aidants est également au cur dautres plans de santé publique : maladies chroniques, autisme, cancer, maladies rares
Quelles sont les difficultés et de quoi les aidants ont-ils besoin ?
* Améliorer les connaissances mises à disposition des aidants sur les pathologies de leur proche
Au-delà de laccès à linformation générale sur les maladies, les aidants ont avant tout besoin de conseils et doutils leur permettant de répondre à des situations concrètes. Actuellement, les sources dinformations sont diverses (guide du ministère, nombreux sites Internet, etc.), et de qualité très variable. Cest pourquoi il nous fallait conduire un travail de refonte de ces différents outils. Cest ce que nous avons entrepris dans le cadre de la mise en uvre des programmes nationaux dinformation sur les principales maladies chroniques.
Mais il existe un outil particulièrement adapté à ce besoin. Il sagit de léducation thérapeutique. Elle vise avant tout les patients pour les aider à acquérir ou à maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie de malade. Mais il est aussi indispensable dy associer leurs proches aidants qui peuvent trouver là des réponses à leurs questions et acquérir eux aussi des compétences pour mieux aider leurs proches.
Cet objectif est clairement affiché dans le plan Alzheimer, au travers de la formation des aidants ou dans le plan Autisme qui prévoient des mesures concrètes avec des financements dédiés. Pour les autres cas de figure, il sagit de mieux mobiliser les équipes intervenant habituellement dans le dispositif « éducation thérapeutique du patient » afin dy associer les aidants. Une instruction sera faite aux ARS dinciter les établissements à ouvrir davantage leurs programmes aux aidants, dinformer et dinciter ces derniers à y participer.
* Suivi sanitaire des aidants
2ème point
Lobjectif est de prévenir les risques liés à lépuisement et à lisolement des aidants et de développer chez eux des réflexes et des stratégies daction adaptés à leur situation.
En effet, trop pris dans la vie quotidienne, la fatigue et le stress des urgences à régler, ils négligent leur propre santé et retardent les soins qui leur sont nécessaires. Les aidants ne doivent pas devenir les deuxièmes victimes de la maladie des aidés.
Dès lors, il sagit dinformer et dinciter les professionnels de soins et daide qui sont à leur contact au quotidien à repérer les aidants en difficulté, leur apporter conseil et les orienter vers un professionnel adapté ou une association daide.
Pour y répondre, une mesure importante vient dêtre intégrée dans la nouvelle convention médicale avec le principe dune consultation longue annuelle au domicile pour les malades dAlzheimer permettant ainsi de faire le point sur létat de santé de laidant.
Au-delà de cette mesure, je veux que les équipes hospitalières et en particulier celles chargées de lannonce du diagnostic, mais aussi les médecins traitants, soient incités à se poser la question de létat de santé des aidants.
A ce titre, je compte prochainement saisir la Haute autorité de la Santé (HAS) pour intégrer cette thématique à toutes les recommandations sur le modèle de ce qui a été fait pour la maladie Alzheimer avec des éléments précis pour les aidants.
3ème point
* Coordination des interventions des professionnels
Il nest en effet pas inutile dinsister sur un fait capital : aider les aidants, cest dabord sassurer que les professionnels de soins et daide font bien leur travail auprès des patients.
De ce point de vue, le niveau de coordination est un facteur capital : plus cette coordination est étroite et formalisée et moins les aidants sont sollicités (pour faire face à des ruptures de prise en charge ou pour assurer la transmission dinformations entre les professionnels), et moins leur charge quotidienne est lourde.
Cest le cas notamment du plan national Alzheimer avec la mise en place des Maisons dAccueil et dIntégration des malades dAlzheimer (MAIA) et des gestionnaires de cas. Par ailleurs, une multiplicité dexpériences innovantes on vue le jour sous limpulsion de la loi HPST. Elles sont porteuses dun réel espoir pour les aidants.
Cest le cas des structures dexercice coordonné (maison de santé, pôles de santé, centres de santé) qui réunissent sur le même site plusieurs compétences et facilite laccès aux soins des malades chroniques et de leurs aidants. 193 maisons et pôles santé sont mis en place, et il est prévu datteindre lobjectif de 231 dici la fin de cette année.
Cest le cas également de lexpérimentation des infirmiers coordonnateurs hospitaliers menée dans le champ du cancer dans 35 établissements de santé autorisés sélectionnés à la suite dun appel à projets. Les infirmiers coordonnateurs apportent aux patients et à leur entourage des informations adaptées à leur situation tout au long du parcours de soins. Ils jouent un rôle dinterface entre léquipe hospitalière et les médecins libéraux . Ils les orientent vers les services daccompagnement social en cas de besoin. Depuis septembre 2010, cette expérimentation a concerné près de 6000 patients.
Enfin, aider les aidants de malades chroniques ne concerne pas uniquement le ministère de la santé, parce que cela concerne aussi dautres volets comme laménagement de leur temps de travail, des possibilités de recours à des aides à domicile durgence, laccès à un accompagnement psychologique et social et bien sûr à des services de répit.
* Conclusion :
Le rôle des aidants nest pas une nouveauté, car de tous temps, des aidants, parents, conjoints, enfants, amis, voisins ou bénévoles, ont toujours existé. Sans doute le vieillissement et le développement des maladies chroniques sont deux facteurs qui en explique la montée en puissance ces dernières années.
Mais, surtout, nous sommes confrontés à la fois à une forte demande des aidants et de leurs réseaux à être reconnus et soutenus dans leur action et à une recherche de synergie entre les professionnels des soins de laide et des aidants non professionnels.
Les ressources financières publiques en matière de santé et plus globalement de protection sociale ne sont pas sans limites, dautant que la conjoncture économique actuelle nous contraint à changer de culture, et mieux optimiser les moyens existants.
Ce nest pas forcément un handicap, car, ce contexte nous appelle à être plus efficients dans lutilisation de nos moyens et plus imaginatifs dans la création et ladaptation des dispositifs et des pratiques daccompagnement. Ces innovations sappuient sur de nouvelles pratiques des professionnels de santé et daide dans leurs champs de compétences spécifiques, dans leurs interactions les uns avec les autres, mais aussi avec les aidants proches et les autres acteurs locaux concernés.
Enfin, des initiatives innovantes de mise en réseau des aidants existent depuis quelques années. Elles visent à favoriser la rencontre et léchange dexpériences et de savoir faire entre les aidants (café des aidants, ateliers thématiques, portails numériques, réseaux sociaux virtuels ).
En effet, les outils numériques, moins coûteux, accessibles et interactifs sont dun apport majeur et ont été jusquà présent peu mobilisés. Outre laccès instantané à linformation, ils peuvent également être de véritables lieux de formation et daccompagnement du plus grand nombre grâce à la mutualisation des ressources éducatives et au développement de formes dapprentissage plus souples, entre pairs, via le partage dexpérience entre individus, patients ou par le recours à des formes plus ludiques dans la lignée des serious games par exemple ou des modules de mise en scène de situations diverses par des comédiens.
Il est possible dy greffer des services personnalisés(e-santé) : évaluation de risques, diagnostic santé, services daide, conseils personnalisés aux aidants Evidemment, ces outils numériques sont dautant plus efficaces quils sappuient sur des réseaux réels dentraide et de coopération entre aidants et acteurs publics, privés et associatifs locaux.
Tel est, je crois savoir, lenjeu du projet Université des aidants en cours dexpérimentation dans le Val de Marne. Dabord, je dois reconnaître avoir fortement été séduite par le discours positif de ses initiateurs, en particulier mesdames Sylvie Roussel, directrice du projet et Brigitte Jeanvoine, vice-présidente du Conseil général. On est loin de la stigmatisation des aidants portant leur « fardeau » dans lenfer de leur isolement sans fin !
Par votre projet, vous avez prouvé que les aidants sont comme tout le monde, ils vivent des situations différentes et ont des besoins différents. Un motif de confiance et despérance, dautant quils ne se reconnaissent pas forcément dans le terme daidant. Ils expriment une joie de vivre, un désir dautonomie et une disponibilité dentraide.
Telles sont les valeurs qui structurent votre projet auxquelles jadhère entièrement. Cest dans ce sens que javais lancé lan dernier cette initiative de dédier une journée nationale aux aidants, un moment fort de reconnaissance et de valorisation de leur rôle, un moment de rencontre et de partage dexpériences et de savoir faire entre les acteurs concernés, et enfin, un moment de promotion des innovations.
Cette seconde édition de la journée nationale des aidants est célébrée partout en France grave à de nombreuses initiatives locales portées par des collectivités, caisses de retraite, mutuelles santé, banques et assurances, associations et fondations
Au menu des ces initiatives : accès à linformation sur les droits, les aides et les services, conseil et aide à la prise de décisions quand la situation lexige, meilleure coordination des interventions des professionnels, conciliation vie professionnelle et vie familiale pour les aidants en activité, solutions de répit adaptées et accessibles, lieux découte et de rencontres afin de rompre lisolement
Le site internet ouvert pour cette 2ème journée recense 85 initiatives à léchelle nationale. Je tiens à féliciter et à remercier les acteurs de ces projets, preuve que la solidarité et lhumanisme restent des valeurs vivantes de notre société.
Et enfin, mes remerciements vont aux porteurs du projet Université des aidants, aux 100 aidants qui participent à lexpérimentation, aux partenaires du projet et à vous toutes et tous présents aujourdhui.
Source http://www.sante.gouv.fr, le 7 octobre 2011