Texte intégral
Parmi les enjeux auxquels notre pays est confronté, celui de la cohésion sociale et du mieux-vivre dans les quartiers en difficulté, est sans doute lun des plus importants. Lun des plus importants parce quil touche à la cohésion nationale et parce que cest dans ces quartiers que se prépare une partie de lavenir de notre pays.
Dans son discours du 8 février 2008, le Président de la République, Nicolas Sarkozy, qualifiait même denjeu de civilisation le fait de réinventer la ville.
Nous pensons que reconnaître à tous ceux qui résident sur le territoire national le droit davoir un cadre de vie décent, cest aussi une composante de notre modèle social. Sans cela, pas de véritable insertion dans la société, pas de véritable avenir pour nos enfants et donc pas de vie collective possible.
Mesdames et Messieurs, ici sont représentées toutes les compétences, toutes les volontés, mobilisées au service de nos compatriotes pour les aider à se loger ou améliorer leur cadre de vie.
Cela fait très longtemps que nous travaillons ensemble, malgré nos différences politiques, mais en exprimant clairement nos désirs et nos opinions et surtout en construisant des projets communs.
Cest ce qui explique le grand succès de la rénovation urbaine, lancée par Jean-Louis Borloo en 2003.
Le PNRU, pour mémoire, ce sont 12 milliards deuros de subvention qui génèrent près de 43 milliards deuro de travaux.
Cest un instrument déterminant pour transformer durablement les conditions de vie de près de 4 millions dhabitants dans 485 quartiers populaires concernés. Plusieurs de ces quartiers connaissent aujourdhui une véritable transformation en profondeur, cest désormais visible.
Cest grâce non seulement à laction délus locaux responsables, mais aussi à celle de tous les organismes présents dans ces quartiers qui se sont engagés avec conviction dans ces projets de rénovation urbaine.
Ce programme, nous lavons voulu surtout comme une démarche partenariale pérenne grâce à lassociation, dans le cadre de lAgence nationale pour la rénovation urbaine, des moyens financiers de lEtat, de la participation des organismes Hlm, des apports du 1% logement et des financements des collectivités locales.
En trente ans, de nombreux dispositifs ont été mis en oeuvre.
Je pense aux opérations « habitat et vie sociale », aux programmes de développement social des quartiers (DSQ), aux contrats de villes ou encore aux Grands projets de ville qui ont directement inspiré le programme national de rénovation urbaine lancé en 2003 et qui est une réussite reconnue par tous.
Mesdames et Messieurs, alors que le PNRU arrive à échéance en 2013, il convient de sinterroger sur la suite.
Certains pourraient considérer que 30 ans daction publique constituent déjà un effort considérable.
Jai pour ma part la conviction que si nous navions pas fait tout cela, la situation des villes de France et parmi elles les plus fragiles serait tout autrement beaucoup plus critique encore !
Cest pourquoi je vous ai proposé de nous réunir pour réfléchir à lensemble de ces questions, tout en ayant à lesprit le contexte de crise financière internationale qui doit nous conduire à être dautant plus responsables vis-à-vis de la dépense publique.
Nous pouvons déjà nous appuyer sur plusieurs points de consensus : le PNRU fait la démonstration de son efficacité et de son utilité.
Cest un véritable plébiscite, comme nous avons pu lentendre aux journées déchanges des acteurs organisées par Gérard Hamel et ses équipes en juin dernier.
- En 10 ans, avec la CDC, les bailleurs sociaux et Action Logement dont le président, mobilisé ce matin par une audition à lAssemblée nationale, ma dit la semaine dernière son attachement au PNRU, vous avez su créer la marque « ANRU » !
Nous devons rester mobilisés sur les projets pour les mener à terme dans les meilleures conditions possibles.
Des efforts resteront à fournir. Si le PNRU a permis de rénover complètement une majorité de quartiers, nous savons que dautres ne le seront quen partie, parce quil nétait pas possible de tout faire dans les délais fixés.
Nous pourrions aussi avoir envie dappliquer la méthode ANRU à des territoires de la politique de la ville, non ou insuffisamment, pris en compte dans le PNRU à ce jour. Comme lhabitat insalubre outre-mer, ou les grandes copropriétés dégradées dans les zones urbaines sensibles.
(je salue au passage mon ami Dominique Braye, président de lAnah, en mission pour produire un rapport de propositions).
Dans son discours de politique générale et lors du CIV du 18 février dernier, le Premier ministre François Fillon a abordé la nécessité de réfléchir sur les besoins, les territoires dinterventions et les modalités dune deuxième phase du programme national de rénovation urbaine.
Jentends également les appels pressants pour engager au plus tôt cette seconde phase.
Jai pris connaissance du rapport du CESE qui a délibéré à lunanimité en ce sens le 14 septembre dernier, faisant écho à ce que je peux constater sur le terrain, à loccasion de chacun de mes déplacements et de mes contacts avec les élus.
Jai également pu participer le 28 septembre à la 11ème conférence des villes organisée par lAMGVF, et jai entendu lappel des maires des grandes villes qui souhaitent une politique de la ville plus forte et une nouvelle phase du programme national de rénovation urbaine.
Il nest pas interdit de réfléchir à lévolution du modèle développé, cest même une obligation ! Nous devons tirer parti de la formidable expérience du PNRU, de ses avancées comme de ses limites. Et cest la raison de votre présence aujourdhui.
Avec Nathalie Kosciusko-Morizet, Claude Guéant, François Baroin et Benoist Apparu qui nous rejoindra ce soir, nous avons demandé aux grands corps dinspection une analyse approfondie des méthodes et des résultats du PNRU.
Nous avons engagé, sur 33 quartiers de la politique de la ville, un travail dexpérimentation sur la mobilisation du droit commun dans les domaines de léducation, de la sécurité et de lemploi.
Jai souhaité que 10 sites pilotes expérimentent également un dispositif de sortie des projets ANRU. Les fruits de ces démarches alimenteront naturellement les propositions que je présenterai au Premier ministre.
Je compte aussi sur vous aujourdhui, acteurs de terrain, sur vos témoignages, sur vos contributions afin que ces propositions soient les plus partagées possibles avec vous tous.
Comment mieux conjuguer demain les volets « humain et urbain » de la politique de la ville ?
Comment aller plus loin dans la diversification de lhabitat des quartiers et les inscrire dans la politique locale de lhabitat ?
Comment mieux mobiliser les énergies et les compétences des agglomérations, des conseils généraux, des conseils régionaux au service dun projet de territoire ?
Alors bien sûr, avec la situation budgétaire que nous connaissons aujourdhui, la question des financements se pose.
Je vous le redis, je tiens un discours de vérité et de responsabilité. Nous tous, sommes concernés par létat de nos finances publiques !
Tous ici, lEtat, les partenaires nationaux financeurs de lANRU, les bailleurs sociaux, les communes, nous avons la responsabilité de ne pas gager lavenir de nos enfants, en dépensant sans compter et en dépensant surtout les recettes que nous navons plus !
A nous davoir résolument le courage, de définir les grandes priorités nationales et de faire des choix clairs.
Je compte sur votre inventivité, votre ingéniosité pour optimiser les ressources et trouver des solutions innovantes pour soulager les charges qui pèsent sur les finances publiques.
Notre lucidité face à la gravité de la situation daujourdhui ne doit cependant pas nous conduire à douter de notre capacité collective à faire face, avec nos responsabilités propres.
Cest donc au prix de la volonté de tous que nous réussirons.
Je vous remercie tous pour votre engagement et vous souhaite des débats nourris et fructueux.
Je vous remercie.
Source http://www.ville.gouv.fr, le 12 octobre 2011