Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur la coopération entre la France et la Japon à la suite du tremblement de terre, du tsunami et de l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima, les perspectives de règlement de la crise de la zone euro et la nécessité de réduire les déséquilibres de l'économie mondiale, à Tokyo le 23 octobre 2011.

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Circonstance : Visite du Premier ministre au Japon du 22 au 23 octobre 2011 - Déclaration conjointe au Palais du Gouvernement, à Tokyo le 23 octobre 2011

Texte intégral

Je voudrais d’abord remercier le Premier ministre Monsieur NODA qui a accepté de me recevoir de manière tout à fait exceptionnelle un dimanche, pour parler à la fois des enjeux de la réunion du G20 de Cannes, G20 qui prend, dans le contexte économique international d’aujourd’hui, une dimension exceptionnelle, pour parler de la situation financière de la zone euro et pour parler de la coopération bilatérale franco-japonaise.
Je veux d’abord exprimer personnellement, ici au Japon, toute ma sympathie et ma solidarité au peuple japonais face à la terrible épreuve qu’il a rencontrée, ainsi que mon admiration pour son courage, pour sa dignité, et enfin ma conviction que le Japon saura surmonter les défis auxquels il est confronté.
J’ai évoqué avec le Premier ministre NODA les moyens de renforcer et d’élargir les coopérations que nous avons mises en place, dès les premiers jours de la catastrophe du tremblement de terre, du tsunami et de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima.
La France a répondu présent au plus fort de la crise, à la fois par une aide humanitaire aux victimes mais aussi par l’envoi d’équipements spécialisés pour aider à mieux maîtriser la situation à la centrale de Fukushima. Deux entreprises françaises d’ailleurs – AREVA et VEOLIA – coopèrent depuis ces événements avec leurs partenaires japonais pour traiter les eaux contaminées présentes dans la centrale.
Le Gouvernement français continuera à travailler avec les autorités japonaises pour, en fonction de leurs besoins, les aider à gérer les conséquences à long terme de l’accident de Fukushima.
Nous avons formulé des propositions en ce sens, des propositions qui portent entre autres sur les évaluations de sûreté, sur les techniques de décontamination, sur le contrôle de la chaîne alimentaire ou sur le suivi sanitaire.
Nous avons pris acte avec Monsieur NODA de cette volonté commune de coopérer, et nous avons décidé d’adopter aujourd’hui une déclaration conjointe sur la politique énergétique et sur la sûreté nucléaire.
Cette déclaration rappelle les principes sur lesquels la France et le Japon fondent leur action, principes que nous entendons promouvoir au niveau international et, en premier lieu, celui de la mise en œuvre partout dans le monde des plus hauts standards de sûreté.
J’ai présenté au Premier ministre NODA les enjeux de la réunion du Conseil européen – qui va commencer dans quelques heures à Bruxelles – et dont l’issue est décisive, non seulement pour la santé et le développement de l’économie européenne, mais pour la stabilité de l’économie mondiale et pour la croissance. Je lui ai rappelé la force de l’engagement européen construit depuis plus de 60 ans, et la détermination totale de la France et de l’Allemagne – ainsi que de tous les pays membres et de toutes les institutions européennes – à prendre les mesures nécessaires pour surmonter la crise actuelle, qu’il s’agisse de l’aide à la Grèce, qu’il s’agisse de la recapitalisation des banques européennes, ou qu’il s’agisse encore de la montée en puissance du fonds européen de stabilité financière ou de la nécessaire amélioration de la gouvernance de la zone euro.
Je veux d’ailleurs à ce sujet remercier le Japon qui participe à hauteur de près de 20 % au fonds européen de stabilité financière.
Si comme je l’espère, les réunions de dimanche et de mercredi au sein de l’Union européenne débouchent sur des décisions suffisamment fortes pour rétablir la confiance sur la zone euro, alors nous pourrons enchaîner avec le G20 de Cannes et faire de ce G20 – et nous en sommes convenus ensemble – un point de départ du redémarrage de l’économie mondiale et du soutien à la croissance mondiale.
Pour cela, nos priorités sur lesquelles nous partageons un large accord avec le Japon, c’est d’abord la réduction des déséquilibres de l’économie mondiale et une meilleure coordination des politiques économiques des grandes puissances, que ce soit les pays émergents, les Etats-Unis, le Japon ou l’Europe.
Il convient que dans un même élan, les pays qui disposent de ressources et de réserves importantes stimulent leurs demandes intérieures, et que les pays qui sont trop endettés fassent un effort significatif de réduction de leur déficit.
Nous avons également évoqué notre souci de réformer le système monétaire international, afin de tirer les leçons des crises passées, de la montée de la puissance des pays émergents et de rendre ce système plus efficace et plus robuste.
Enfin, nous avons évoqué notre intérêt commun à voir se réduire la volatilité des prix des matières premières, et le travail conjoint que nous menons sur le développement et sur les financements innovants.
Et sur ce sujet, j’ai fait part à Monsieur NODA de la volonté de la France d’aller plus loin avec ses partenaires du G20, en proposant la mise en place d’une taxe sur les transactions financières internationales.
Enfin parce que le temps nous manquait, nous poursuivrons au cours du déjeuner notre discussion sur l’accord de partenariat économique entre l’Union européenne et le Japon, et sur les relations bilatérales franco-japonaises et en particulier sur nos échanges commerciaux qui sont en progression, mais qui peuvent encore connaître une amélioration.
Puis nous avons acté la signature demain de l’accord général de sécurité, dont j’avais proposé l’adoption lors de ma précédente visite à Tokyo. Cet accord porte sur l’échange de données classifiées, il permettra de renforcer nos relations politiques.
Voilà,
J’ai pu une nouvelle fois mesurer toutes les proximités qui existent entre la France et le Japon, du fait de l’ancienneté de nos cultures, du fait de nos approches communes sur beaucoup de sujets liés au développement économique, à la régulation de la mondialisation.
Il y a aujourd’hui, du fait de la crise économique et financière dans le monde, des risques de protectionnisme ou des risques de retour de nationalisme dangereux pour l’économie mondiale, pour la prospérité de nos propres pays, pour l’emploi au Japon et pour l’emploi en France. Nous sommes déterminés, la France et le Japon, la France et l’Europe parce que nous partagions beaucoup de valeurs en commun, à lutter contre ces tentatives de protectionnisme et contre ces tentations nationalistes en proposant une mondialisation qui soit une mondialisation mieux maîtrisée et mieux régulée.
Je vous remercie.
Source http://www.gouvernement.fr, le 24 octobre 2011