Déclaration de Mme Valérie Pécresse, ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l'Etat, porte-parole du Gouvernement, sur l'évolution du statut des experts-comptables et sur leur rôle dans le développement économique, Marseille le 13 octobre 2011.

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Circonstance : 66ème Congrès des experts-comptables, à Marseille du 13 au 15 octobre 2011

Texte intégral

C’est un plaisir et un honneur que d’être à vos côtés aujourd’hui à Marseille, à l’occasion de ce congrès qui, comme chaque année, rassemble toutes celles et tous ceux qui accompagnent nos entreprises au quotidien. Et c’est cet engagement au service de l’esprit d’initiative, ce soutien permanent apporté aux hommes et aux femmes qui font vivre et grandir notre tissu économique que je voudrais d’emblée saluer.
* Les experts-comptables, acteurs majeurs du développement économique
Cet engagement, vous en apportez cette année encore la meilleure preuve, en plaçant au coeur de vos réflexions les très petites entreprises, ces TPE qui non seulement portent notre croissance, mais qui assurent aussi le renouvellement de notre économie et préparent ainsi notre avenir.
Et en cette période d’incertitude économique, il s’agit là d’un sujet essentiel. Car nous le savons tous, les TPE sont particulièrement exposées aux perturbations de la conjoncture. Il suffit parfois de quelques commandes suspendues ou d’un crédit refusé au mauvais moment pour les déstabiliser profondément.
C’est pourquoi, Madame la Présidente, chère Agnès Bricard, je suis très heureuse de voir l’Ordre proposer des solutions pour permettre à nos entreprises, et notamment aux plus petites d’entre elles, de faire face à d’éventuels problèmes de financement. Les conventions que vous avez signées récemment avec 2 grandes banques pour faciliter l’octroi de prêts inférieurs à 25.000 € constituent en effet une avancée décisive. Et je souhaite qu’ensemble, nous puissions travailler autour de vos autres propositions, saluées dans le récent rapport remis par Gérard Rameix, dans le cadre de l’observatoire du financement de l’entreprise.
Ce souci d’apporter des réponses pragmatiques aux difficultés que rencontrent nos entrepreneurs, c’est ce qui fait, depuis toujours, l’identité et la force de votre Ordre. Bien sûr, vous êtes d’abord et avant tout la profession du chiffre et c’est cette expertise qui vous a conduit à jouer un rôle majeur dans la création, le développement et la transmission de nos entreprises.
Mais derrière les chiffres, ou plutôt, à travers eux, ce qui est aussi en jeu, c’est la santé financière de nos entreprises, c’est la pertinence de leur modèle économique et ce sont aussi leurs perspectives de développement futur. Par nature, le regard que vous portez sur elles est un regard global, qui vient naturellement nourrir votre travail de conseil.
Et celui-ci est d’autant plus prisé des entrepreneurs que vous entretenez avec eux une relation marquée du double sceau de la proximité et de la confiance. A nos entreprises, vous apportez en effet un appui quotidien, un appui qui est proprement irremplaçable. Et là encore, je pense en particulier aux TPE et aux PME, qui, les unes comme les autres, ont le même réflexe, chaque fois qu’elles sont confrontées à une question financière ou fiscale : se tourner vers leur expert-comptable, qui leur apporte les éclaircissements et les conseils dont elles ont besoin.
Je sais combien vous prenez votre rôle à coeur. Car bien souvent, c’est vous qui alertez les entrepreneurs, et notamment ceux qui viennent de se lancer, sur un certain nombre d’exigences financières, sociales et fiscales dont ils sont loin d’avoir toujours conscience. L’expérience qui leur manque parfois, c’est vous qui la leur apportez. Et de cela aussi, je tenais à vous remercier tout spécialement, car vous contribuez ainsi directement à l’expression de cet esprit d’entreprise auquel, vous le savez, le gouvernement est profondément attaché.
* L’esprit d’entreprise et d’innovation au coeur de la politique du gouvernement
En effet, depuis 4 ans, le gouvernement a agi, sous l’impulsion du Président de la République, pour simplifier et alléger les contraintes qui pèsent sur les créateurs d’entreprise. Nombreux étaient en effet ceux qui hésitaient à sauter le pas, alors même qu’ils avaient mûri leur projet. Et s’ils reculaient ainsi au dernier moment, c’est qu’ils découvraient progressivement le nombre de formalités et d’obligations qui allaient peser sur eux. Loin de se sentir accompagnés dans la prise de risque que constitue la création de toute entreprise, ils étaient contraire découragés par la perspective de devoir accomplir ces démarches, qu’ils vivaient comme autant d’embûches futures.
Et c’est pourquoi notre conviction était très simple : en France, nous ne manquons ni d’esprit d’entreprise ni de sens de l’initiative. Le vrai défi, c’était de changer de logique et d’encourager enfin ceux qui prennent le risque de créer leur entreprise. En un mot, de leur simplifier la tâche. C’est ce que nous avons fait, avec votre appui.
La création du statut d’auto-entrepreneur ou, plus récemment, de celui d’entrepreneur individuel à responsabilité limitée (EIRL) sont deux très bons exemples : nous avons bel et bien fait un effort radical de simplification, en allégeant non seulement les procédures, mais aussi les contraintes qui pesaient sur les créateurs d’entreprise.
A la clef, il y a un succès indiscutable, dont vous avez pu vous rendre compte sur le terrain. Entre 2005 et 2010, le nombre de créations d’entreprises a quasiment triplé. C’est un très beau résultat, mais il nous faut aller plus loin encore, en accompagnant ces toutes nouvelles TPE et PME pour leur permettre de grandir et d’atteindre cette fameuse taille critique qui leur permettra, sans complexe, d’exporter.
Ces PME exportatrices, vous le savez, elles font partie des atouts décisifs de l’économie allemande. Et tout l’enjeu, aujourd’hui, c’est accompagner nos propres PME pour qu’elles passent d’une échelle nationale, voire locale, à un rayonnement international.
L’une des clefs pour y parvenir, c’est, vous le savez, de miser sur l’innovation. Car c’est elle qui permettra à nos PME de prendre un avantage décisif et d’élargir leur marché. C’est pourquoi nous avons refondu le crédit impôt recherche et triplé son montant : non seulement pour convaincre les plus grandes entreprises du monde de choisir la France pour y installer leurs centres de recherche et développement, mais également pour soutenir toutes les entreprises innovantes de notre pays et convaincre celles qui ne l’étaient pas encore de le devenir.
Là aussi, les résultats sont là : chaque année, les PME sont plus nombreuses à comprendre que le CIR est fait pour elles. En 2009, elles représentaient ainsi 80 % des nouveaux déclarants. 80 % ! C’est dire, Mesdames et Messieurs, l’ampleur de la prise de conscience qui s’est produite chez nos entrepreneurs. Et là encore, je sais que vous n’y êtes pas étrangers.
Nous avons fait du CIR un outil beaucoup plus sûr et beaucoup plus puissant. Mais c’est vous qui avez informé les entreprises de ces changements et convaincu d’utiliser ce dispositif. Et il faut le dire, nous avions du chemin à faire, car jusqu’en 2007, le calcul du CIR était si complexe et son montant si faible que la CGPME, par exemple, déconseillait à ses adhérents d’y avoir recours.
* Le nouveau statut des experts-comptables
Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, sous l’impulsion du Président de la République, nous avons redonné ses lettres de noblesse à l’esprit d’initiative et d’innovation. Et nous l’avons fait avec votre soutien permanent. Car les experts-comptables ont toujours répondu présents pour appuyer nos actions au service des entreprises : qu’il s’agisse de l’export, du mécénat, du financement ou même de la création des valeurs immatérielles, votre Ordre a encore et toujours joué un rôle majeur.
Alors, bien sûr, cette implication dans les politiques publiques est pour ainsi dire inscrite dans les gènes d’une profession règlementée au service des entreprises. Mais vous avez su donner une nouvelle jeunesse et une nouvelle légitimité à ce modèle, en assumant pleinement votre rôle de partenaires privilégiés des pouvoirs publics et des entrepreneurs.
Naturellement, cette nouvelle vision de la place de l’Ordre s’est traduite par une modernisation en profondeur des règles de la profession. En 2010, nous avons ainsi mis le texte de l’ordonnance de 1945 en accord les réalités nouvelles auxquelles vous êtes confrontés.
Cette réforme est à présent quasiment achevée. Désormais, nous disposons d’un référentiel actualisé des normes et des obligations déontologiques qui sont au coeur de l’exercice quotidien de votre profession. Pour vous tous, cela signifie des points de repères clairs, qui ne seront plus en décalage avec l’exercice effectif de l’expertise-comptable. Et ce référentiel permettra également aux entreprises et aux consommateurs de mieux comprendre ce qu’ils peuvent et ce qu’ils ne peuvent pas attendre de vous : là encore, cela veut dire plus de sécurité et plus de transparence pour les uns comme pour les autres.
Moderniser votre statut, cela veut dire vous offrir aussi de nouvelles formes juridiques d’exercice : c’est tout le sens de la possibilité, qui sera bientôt effective, de pratiquer l’expertise-comptable sous forme associative à travers les associations de gestion et de comptabilité.
Et cette modernisation, elle se traduira aussi par le rôle de « tiers de confiance » que vous pourrez jouer à compter de la prochaine campagne de déclaration de l’impôt sur le revenu, en lien avec la direction générale des finances publiques.
Plus profondément encore, nous avançons désormais vers une complémentarité de plus en plus en plus assumée des professions du droit et du chiffre, avec à l’horizon la possibilité de proposer aux entreprises un service et un accompagnement aussi large que possible. La loi du 28 mars dernier autorise ainsi des regroupements dans le respect des règles déontologiques de chacune des professions concernées. J’ai compris que vous restiez attentifs à son décret d’application…
Toutes ces évolutions, Mesdames et Messieurs, sonnent comme une reconnaissance. Elles vous donnent en effet les moyens d’exercer pleinement les compétences et les métiers qui sont les vôtres. Les experts-comptables occupent aujourd’hui une place stratégique, au carrefour des besoins des entreprises. Graver dans le marbre l’élargissement de vos missions, ce n’est donc pas seulement conforter une profession dont le rôle est crucial ; c’est aussi renforcer nos entreprises et agir au service de la croissance.
C’est pourquoi nous devons continuer à travailler ensemble sur les projets qui, je le sais, vous tiennent à coeur : je pense à la possibilité d’exercer à titre accessoire des activités commerciales, au maniement de fonds ou bien encore au développement de missions d’assistance aux particuliers.
* Partenariat experts-comptables – DGFiP
Cette réflexion commune, nous la poursuivrons dans l’esprit constructif et ambitieux qui préside au partenariat que nous avons construit ensemble. J’en veux pour preuve le dialogue permanent que l’Ordre entretient avec Bercy, et au premier chef avec la direction générale des finances publiques.
Les experts-comptables changent. Et l’administration aussi ! La naissance de la DGFiP en offre elle-même un très beau témoignage. Vous le savez, la réforme de l’Etat, c’était le grand échec français – et l’échec des tentatives de rapprochement entre la direction générale des impôts et le Trésor public en avaient apporté la démonstration à plusieurs reprises.
Eh bien, cette fusion depuis si longtemps espérée et pourtant toujours différée, nous l’avons réussie en 4 années à peine, grâce à la concertation, bien sûr, mais aussi à l’ambition claire qui y a présidé : offrir un service de meilleure qualité encore aux Français comme aux professionnels.
Et vous avez pu le constater, la DGFiP est d’ores et déjà en pointe de notre effort de modernisation. Je pense par exemple au développement des téléprocédures, que vous êtes nombreux à appeler de vos voeux : depuis le 1er octobre, le seuil de recours obligatoire aux téléprocédures a été abaissé de 500 000 à 230 000 euros. Et nous ne nous arrêterons pas là, car nous sommes convaincus que la dématérialisation est appelée à devenir la norme pour tous les professionnels.
Cette modernisation de l’administration fiscale, vous y avez bien sûr pris toute votre place, en accompagnant les entreprises dans ces nouvelles procédures, bien sûr, mais aussi en lançant, en mai dernier, la signature électronique de l’expert-comptable.
Mais nous sommes allés plus loin : mettre la qualité au centre du service public, cela veut dire entretenir une nouvelle relation avec l’usager, une relation qui ne se résume plus à un lien vertical qui part de l’administration pour aller à l’administré, mais qui au contraire tient pleinement compte des besoins et des attentes des citoyens et des professionnels.
Dans ce dialogue, vous êtes bien évidemment appelé à jouer un rôle central. Vous connaissez en effet les contraintes des entreprises et vous comprenez aussi celles de l’administration fiscale. C’est pourquoi je suis très heureuse qu’ensemble, nous ayons travaillé pour faire rimer qualité et efficacité. Je ne prendrai qu’un seul exemple, celui de l’harmonisation, en 2008, des dates de dépôt des déclarations professionnelles, une simplification que vous aviez été nombreux à nous proposer et qui est désormais réalité.
Ce dialogue, je souhaite que nous le poursuivions. Vous avez en effet compris, Mesdames et Messieurs, toute l’importance que j’attache au partenariat qui nous unit, un partenariat qui doit être privilégié. Et cette relation de confiance, elle implique également que nous vous donnions aussi rapidement que possible des informations précises et détaillées sur les évolutions normatives en cours : cela vous permettra non seulement de vous y préparer et de les mettre en oeuvre dans les meilleures conditions, mais aussi de les expliquer aux entrepreneurs et aux professionnels avec lesquels vous êtes en contact au quotidien.
* Budget 2012 et évolutions fiscales en cours
Bien sûr, toute l’information du monde ne remplacera une vraie stabilité normative. Cela ne fait nul doute, avancer vers un cadre fiscal plus stable et donc plus prévisible est une nécessité. Et je sais toute l’importance qu’y attachent les entreprises, parce qu’elles ont besoin de pouvoir anticiper le niveau des impositions et contributions dont elles auront à s’acquitter.
Mais une fiscalité compétitive, c’est aussi une fiscalité qui prend pleinement en compte la réalité de la vie économique et les situations différentes des unes et des autres. Notre cadre fiscal, nous devrons donc continuer à l’adapter aux nouvelles réalités.
Nous avons et nous aurons donc toujours besoin du travail de pédagogie que vous réalisez au quotidien, Mesdames et Messieurs. Et c’est pourquoi je tenais aujourd’hui à vous présenter moi-même les changements majeurs qui sont aujourd’hui au coeur de la politique budgétaire du Gouvernement – et notamment du projet de loi de finances pour 2012.
La toile de fond de cette politique, l’exigence absolue qui préside à toutes nos décisions, vous la connaissez : c’est la réduction des déficits publics. Ce budget 2012, c’est donc d’abord et avant tout le budget des engagements tenus : en 2012, nous ramènerons notre déficit à 4,5 % du PIB et nous franchirons ainsi une nouvelle étape sur le chemin bien balisé qui nous conduit à 3 % en 2013 et à 2 % en 2014. Grâce aux mesures annoncées par le Premier Ministre le 24 août, nous avons en effet sécurisé notre trajectoire malgré le ralentissement de la croissance. Et cela démontre notre constance et notre réactivité, qui font aujourd’hui la crédibilité de la France.
Ce projet de loi de finances, je veux le souligner devant vous, c’est aussi un budget historique. Car les réformes que nous conduisons depuis 4 ans pour maîtriser nos dépenses portent en effet tous leurs fruits : en 2011, les dépenses de l’Etat, hors pensions et dette, étaient gelées en valeur, eh bien, en 2012, ces dépenses vont même diminuer. C’est du jamais vu depuis la Seconde guerre mondiale.
Cette baisse, elle s’explique notamment par nos efforts sur les dépenses de personnel. 5 ans d’application du principe de non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique d’Etat, ce sont 150 000 postes supprimés. Et cette persévérance se traduira par une autre première en 2012 : la baisse de la masse salariale de l’Etat.
Ces efforts, nous les faisons porter sur tous les postes du budget : les dépenses de fonctionnement et d’intervention baisseront ainsi de 10 % sur 3 ans. Nous appliquons aussi nos principes de bonne gestion aux opérateurs de l’Etat. Et en 2012 comme en 2011, nous continuerons à geler en valeur les dotations aux collectivités dans un esprit de coresponsabilité.
Aucun acteur public ne peut être exempté de cet effort d’intérêt national. Nous sommes aujourd’hui à un tournant de notre histoire : l’endettement est longtemps apparu comme la solution de facilité offerte aux Etats pour éviter les réformes. Eh bien, cette facilité est arrivée à échéance ; si nous voulons préserver notre souveraineté et notre modèle social, nous devons continuer les réformes que nous avons engagées et ajuster nos dépenses à nos recettes, avec un objectif : cesser de vivre au-dessus de nos moyens.
Et dans un pays qui a, vous le savez, l’un des niveaux de pression fiscale les plus élevés au monde, la seule voie durable, la seule manière crédible de réduire les déficits, c’est la maîtrise des dépenses. Il n’y a pas d’alternative : la croissance et le pouvoir d’achat seraient en effet les deux premières victimes du choc fiscal que certains appellent aujourd’hui de leurs voeux.
Pour notre part, fidèle notre esprit de responsabilité, nous avons présenté un budget d’équilibre et d’équité. Notre effort de redressement, nous le faisons en effet porter d’abord sur les dépenses. Et en recettes, nous réduisons en priorité les niches fiscales et sociales, en préservant celles qui soutiennent l’emploi et la croissance. Je pense ainsi au crédit impôt-recherche ou au crédit d’impôt sur les emplois à domicile – et je veux préciser que ce dernier ne sera pas concerné par le nouveau coup de rabot de 10 % que nous allons donner sur les réductions et crédits d’impôts applicables à l’impôt sur le revenu.
Notre objectif, c’est en effet de trouver le bon équilibre entre réduction des déficits et préservation de la croissance. Et c’est pourquoi nous continuerons d’investir massivement dans l’enseignement supérieur et la recherche, avec 9 milliards d’euros supplémentaires en 5 ans, et d’agir au service de la cohésion sociale, avec des revalorisations de l’allocation adulte handicapée et du minimum vieillesse qui auront atteint un niveau-record de 25 % sur le quinquennat.
Et nos efforts, Mesdames et Messieurs les directeurs, ils sont non seulement bien dosés, mais ils sont aussi équitablement répartis : les 10 milliards de recettes supplémentaires annoncées le 25 août reposeront en effet à 82 % sur les grandes entreprises et sur les ménages plus aisés. En refondant la fiscalité sur les plus-values immobilières ou en augmentant les prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine, nous demandons plus à ceux qui peuvent plus afin de redresser les comptes de la Nation.
Parmi ces mesures inspirées par l’équité, certaines auront sans nul doute une incidence directe sur les entreprises et sur les particuliers que vous accompagnez. Je pense tout d’abord à la limitation des reports de déficit, qui figure dans le collectif budgétaire adopté en septembre dernier et qui s’inscrit dans le cadre de la convergence franco-allemande en matière d’imposition des sociétés.
Cette limitation équivaut en réalité à la création d’une imposition minimale pour les grandes entreprises. Il ne sera en effet plus possible de reporter en avant des déficits au-delà de 60 % de la part du bénéfice dépassant 1 million d’euros. Dans les faits, cette limitation ne concernera pas l’immense majorité des PME : elle contribuera ainsi à renforcer l’équité de notre système fiscal en réduisant les écarts d’imposition entre petites entreprises et grands groupes.
Cette mesure consolidera aussi nos finances publiques, en limitant l’impact dans le temps d’un choc économique sur l’impôt sur les sociétés : la crise s’était en effet traduite par une chute brutale de son produit. Et si celui-ci retrouvera enfin en 2012 son niveau d’avant-crise, pour l’essentiel, ce sera grâce aux effets des décisions fiscales que nous avons prises depuis août.
Deuxième disposition que je voulais vous présenter aujourd’hui et qui figure dans le projet de loi de finances pour 2012 : la contribution exceptionnelle sur les très hauts revenus que nous allons créer, vous le savez, au nom de la répartition équitable de l’effort de réduction des déficits.
Dans le texte déposé par le Gouvernement, cette contribution s’appliquera aux revenus supérieurs à 500 000 euros par part fiscale. Des parlementaires ont d’ores et déjà exprimé leur souhait d’abaisser et j’ai eu l’occasion de l’indiquer il y a quelques jours, le gouvernement y est favorable.
Comme toujours, le débat démocratique fera évoluer le dispositif, mais j’insiste sur un point essentiel à mes yeux : cette contribution de 3 % elle sera assise sur le revenu fiscal de référence. Elle prendra donc en compte l’ensemble des revenus, y compris les revenus professionnels et ceux du patrimoine. Là aussi, c’est le gage d’une plus grande équité fiscale.
Ces efforts en recettes, conjugués à notre politique historique de maîtrise des dépenses publiques, nous garantissent que nous respecterons scrupuleusement nos engagements de réductions des déficits. Au total, en 2011 et en 2012, la France aura donc fait 45 milliards d’euros d’efforts supplémentaires, un chiffre qui est à mettre en regard des plans annoncés par nos voisins européens. Et cet effort, je tiens à le souligner, repose pour plus de la moitié sur des économies en dépenses.
Grâce à cet effort, nous tiendront le cap de la réduction des déficits. Car dans une période d’incertitude, le rôle de l’Etat, c’est d’apporter de la stabilité et rester un point de repère. Le respect de la parole donnée, c’est en effet la première condition de la confiance et, donc, de la croissance.
Car ramener nos finances publiques à l’équilibre, cela signifie, à long terme, une croissance accrue et un grand bol d’oxygène pour tous ceux qui, dans ce pays, souhaitent se lancer dans l’aventure qu’est la création d’entreprises.
Et derrière notre action de réforme et de modernisation, ce qui se profile, Mesdames et Messieurs, c’est aussi l’affirmation d’un nouveau modèle économique français, désormais fondé sur l’initiative et sur l’innovation.
Ce nouveau modèle, vous le voyez émerger au quotidien, vous qui accompagnez le mouvement sans précédent de créations d’entreprise qui est désormais à l’oeuvre dans notre pays. Et je sais que je peux compter sur vous pour les accompagner, dans le respect des valeurs qu’a rappelées votre présidente.
Vous pouvez compter sur moi pour faire vivre le partenariat privilégié qui est le nôtre, parce qu’il est un atout pour notre économie, tout simplement.
Source http://www.budget.gouv.fr, le 17 octobre 2011