Texte intégral
Il y a presque dix ans déjà, dans votre film intitulé And now Ladies and gentlemen, cher Claude Lelouch, vos deux personnages faisaient cette expérience inédite, et ô combien marquante, qui consiste à oublier le passé.
Ainsi, chère Patricia Kaas, vous étiez Jane, cette femme fatiguée par la vie, qui, comme son compagnon dailleurs, devait faire face à des troubles de la mémoire.
Que faire, donc, quand le passé se dérobe et que la mémoire fait défaut ?
Cest précisément pour tenter dapporter des réponses concrètes à cette question et à bien dautres encore que nous sommes réunis aujourdhui, à loccasion de cette journée mondiale Alzheimer.
Lutter contre la maladie dAlzheimer, cest notamment faire en sorte quelle soit mieux connue.
Et cest tout lenjeu de cette superbe initiative quest le train Alzheimer, dont nous célébrons cette année la deuxième édition et qui, lan dernier déjà, a remporté un beau succès, amplement mérité.
Une nouvelle fois, je veux saluer, Monsieur le directeur général de la SNCF Trains Exposition, cher Michel Fremder, lengagement sans faille de la SNCF sur un sujet qui interroge chacun dentre nous.
Naturellement, jai une chaleureuse pensée pour Guillaume Pepy, retenu loin de nous aujourdhui par des obligations, mais dont je connais limplication dans ce projet.
A chacune des quinze étapes quil marquera à travers toute la France, ce train, plus complet encore que lan dernier, permettra dinformer nos concitoyens et de faire le point sur les recherches en cours.
Une telle initiative sinscrit en parfaite cohérence avec le plan Alzheimer 2008-2012, voulu par le Président de la République pour répondre à la réalité de la maladie dAlzheimer et doté d1,6 milliard deuros.
Car, je le rappelle, cette dernière concerne entre 800 000 et 900 000 de nos concitoyens et frappe chaque année 225 000 nouvelles personnes.
Conçu pour apporter des réponses concrètes aux malades et à leur entourage, ce plan se caractérise par limplication de tous les acteurs : le ministère de la santé et le mien celui des solidarités et de la cohésion sociale , mais aussi celui de la recherche, les agences régionales de santé (ARS), dont la mobilisation sur le terrain est essentielle, la caisse nationale de solidarité pour lautonomie, les professionnels, les fondations et les associations.
Nombre de ces acteurs sont dailleurs présents ce matin dans cette assemblée, car ils sont également des mécènes de ce train.
Cest pour moi une occasion privilégiée de les saluer et de leur exprimer ma profonde gratitude pour laction menée.
Je noublie pas non plus, naturellement, Florence Lustman qui a la responsabilité dassurer le pilotage interministériel de ce plan et qui sacquitte de cette mission avec le talent quon lui connaît.
Si, lan dernier, dans mes précédentes fonctions, je vous avais exposé les mesures de ce plan qui relevaient du domaine sanitaire, je voudrais revenir cette année sur lavancement des mesures médico-sociales de ce plan, des mesures qui en forment le socle.
Première innovation du plan : les maisons pour lautonomie et lintégration des malades dAlzheimer (MAIA), qui, en favorisant lintégration des différents intervenants, simplifient et fluidifient le parcours des personnes.
En cela, elles sont une réponse concrète à lune des préoccupations majeures que nos concitoyens ont exprimée lors des débats sur la réforme de la dépendance : celle que soit mis fin au « parcours du combattant » des malades et de leurs familles.
Après la phase dexpérimentation, à lissue de laquelle 15 MAIA ont été validées, ce sont 40 nouvelles MAIA qui ouvriront cette année, à partir du mois de novembre.
Désormais, chaque région compte au moins une MAIA et les 100 MAIA qui seront sélectionnées en 2012 permettront de renforcer cette couverture du territoire, qui devrait sachever en 2014, avec 400 à 600 MAIA.
Dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2012, la mesure dédiée aux MAIA représente 27,5 millions deuros. Cest donc un engagement fort du Gouvernement.
Deuxième acquis essentiel de ce plan Alzheimer : le développement de structures de répit, et notamment de loffre daccueil de jour et dhébergement temporaire.
Par rapport à 2006, le nombre de places autorisées daccueil de jour a augmenté de +111 % et celle dhébergement temporaire de + 40 %.
Cette année, 1260 nouvelles places daccueil de jour et plus de 800 places dhébergement temporaire auront été créées par les ARS.
Le dispositif expérimental des plateformes de répit, qui proposent une offre diversifiée de solutions de répit et daccompagnement, est quant à lui en phase de généralisation.
Les appels à projet lancés par les ARS pour déployer ce dispositif (75 plateformes en 2011, 75 en 2012, à hauteur de 8 millions deuros chaque année) sont actuellement en cours danalyse.
Parallèlement, nous avons lancé un chantier pour améliorer qualitativement loffre.
Ainsi, des normes de fonctionnement ont été définies pour les accueils de jour et chaque structure devra les respecter, dans un délai de trois ans.
Jai demandé aux ARS et à mes services de suivre avec attention la mise en uvre de ce processus, auquel je suis très attachée.
Sagissant de lhébergement temporaire, nous avons décidé de mettre fin au « saupoudrage » des places dans les établissements et de privilégier désormais les structures développant un projet cohérent et structurant.
Une circulaire est en préparation avec nos partenaires et mes services travaillent à une refonte de la tarification de lhébergement temporaire, dont nous savons quelle peut constituer un frein à un meilleur fonctionnement.
En outre, le répertoire des places disponibles, disponible en ligne pour aider les familles qui cherchent une place près de chez elles, est régulièrement actualisé et enrichi.
Troisième volet sur lequel le plan met laccent : la formation des aidants.
Cest, là aussi, lune des mesures phares du plan, et les débats ont bien montré quelle répond à une attente particulièrement forte de nos concitoyens.
Lenjeu est simple : il sagit dapporter au parent dune personne touchée par la maladie dAlzheimer des connaissances et des outils pour laider à comprendre les difficultés du malade et à tisser avec lui une nouvelle relation.
Près de 4 000 personnes ont dores et déjà bénéficié dune formation en ce sens.
En plus de loffre de formation portée par lassociation France Alzheimer, les ARS ont lancé des appels à candidature pour sélectionner des prestataires présents sur leur territoire et susceptibles denrichir loffre disponible.
Dici fin 2012, la CNSA financera 2500 actions de formation des aidants. Cest ainsi un signe fort que nous avons voulu adresser à nos concitoyens.
Mais, France Alzheimer la dailleurs souligné, une difficulté subsiste : 70% des aidants ne ressentent pas le besoin de se former.
Il y a donc sur ce point un véritable travail de pédagogie à mener, avec lappui des professionnels de proximité.
Quatrième axe du plan Alzheimer : laccompagnement à domicile par les équipes spécialisées Alzheimer ce que lon appelle les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) renforcés.
Le développement des équipes spécialisées à domicile représente 25 millions deuros par an. A ce jour, 141 équipes spécialisées Alzheimer sont autorisées.
Il faut à présent quelles puissent intervenir plus tôt pour être plus efficaces. Nous y travaillons, notamment en sensibilisant les médecins traitants.
Enfin, dernier apport primordial du plan Alzheimer : les structures spécifiques de prise en charge.
Lorsque les personnes atteintes de la maladie dAlzheimer ne peuvent plus rester à leur domicile, les établissements chargés de les accueillir doivent être adaptés à leurs besoins.
Cest un fait : la création de pôles dactivité et de soins adaptés (PASA) et dunités dhébergement renforcées (UHR) avait pris du retard.
A présent, grâce à un important effort de financement, elle connaît un réel développement et je men réjouis.
Ainsi, en juin dernier, 343 PASA et 75 UHR étaient labellisés ou sur le point de lêtre, sans compter les nombreux dossiers en cours dinstruction, qui représentent un vivier de 1400 projets.
Et ces structures ont dores et déjà fait la preuve de leur efficacité.
Enfin et cest une mesure que nous avons ajoutée pour répondre à la demande de France Alzheimer, nous allons financer une étude-action visant à développer des réponses diversifiées et adaptées à laccompagnement des personnes âgées atteintes de troubles cognitifs.
A travers lanalyse des programmes de restructuration et de construction détablissements, il sagira de disposer de « réalisations pilotes » concernant les modes daccueil à développer.
La maladie elle-même, la vie quotidienne avec cette pathologie, limplication des aidants : autant daspects de ce quest « Alzheimer », des aspects que ce train va permettre à chacun de mieux cerner et auxquels le plan Alzheimer propose des solutions adaptées.
Bravo à toutes et à tous et en voiture !
Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 22 septembre 2011