Déclaration de M. François Sauvadet, ministre de la fonction publique sur la fonction publique, ses missions, ses valeurs, la formation de ses cadres, à Bastia le 3 novembre 2011.

Monsieur le Directeur,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Chers élèves,
C’est un réel plaisir pour moi que de me trouver aujourd’hui parmi vous à l’Institut régional d’Administration de Bastia, au sein de votre promotion qui a choisi le beau nom de Lucie Aubrac. Peut-être est-ce le signe de votre promotion majoritairement féminine, puisque vous êtes 76 femmes et 56 hommes.
C’est un plaisir également que de revenir en Corse, quelques mois après m’être rendu à Ajaccio pour saluer l’action des fonctionnaires mobilisés au service du public au coeur de la période estivale.
Au terme de votre cursus universitaire pour certains, de plusieurs années de service dans la fonction publique pour d’autres, vous vous êtes, chacun, engagés dans une voie difficile et exigeante en vous préparant puis en vous confrontant avec succès à l’épreuve du concours, un concours difficile.
C’est pourquoi, comme j’ai eu l’occasion de le faire à l’Institut régional d’Administration de Metz, et comme je le ferai, dans quelques jours à l’Ecole nationale d’Administration ainsi qu’à l’Institut national des études territoriales à Strasbourg, je voudrais, en premier lieu, vous adresser à tous, au nom du Président de la République, du Premier ministre et de l’ensemble des membres du Gouvernement, un message de félicitations.
Félicitations pour votre réussite, mais félicitations, surtout, pour avoir fait le choix du service public. Plus qu’un métier, plus qu’une profession, vous avez fait le choix de servir vos concitoyens. Ce n’est pas un choix comme un autre, c’est le plus souvent une vocation.
Ce choix, cet engagement, c’est d’abord une affaire de valeurs. Je voudrai d’ailleurs en dire quelques mots car si les défis auxquels nous faisons face ont changé, si le service public se doit en permanence d’évoluer pour répondre toujours plus efficacement aux attentes de la société, ses valeurs, elles, sont immuables.
Ces valeurs, ce sont d’abord celles de la République. S’engager au service du public, c’est d’abord s’engager à traduire en actes les idéaux de la République.
L’égalité, celle des usagers du service public comme celle des citoyens souhaitant rejoindre la Fonction publique. Ce principe commande ainsi, à tous les fonctionnaires, de laisser de côté leurs choix personnels, philosophiques ou religieux, dans leurs relations avec les usagers. C’est la laïcité du service public, l’impartialité de la décision publique et la raison pour laquelle nous nous devons de combattre, dans et hors de nos administrations, toutes les formes de discriminations. C’est pourquoi, précisément, j’ai souhaité que le Parlement se saisisse de la question de l’égalité professionnelle entre hommes et femmes dans la Fonction publique.
La fraternité rejoint l’égalité pour s’opposer aux discriminations, mais elles impliquent aussi la recherche de l’équité dans chacune des décisions que vous prendrez. Au-delà, la fraternité est ce qui permet de donner un sens à l’égalité. L’égalité que nous recherchons c’est une égalité réelle, c’est l’égalité des chances. Les initiatives prises en ce domaine par le Gouvernement sont du reste des plus concrètes, c’est l’ouverture, dans la majorité des écoles du service public, d’une classe préparatoire intégrée, pour donner aux étudiants les plus méritants tous les moyens de réussir. Parce que c’est une évidence, si nous voulons que ses interventions soient comprises et respectées de tous, la fonction publique se doit d’être à l’image de la population qu’elle sert.
Je veux dire un mot du bilan de ces classes préparatoires intégrées, car il est remarquable. Entre 2009 et 2010, ce sont ainsi plus de 50 % des élèves présents qui ont réussi au moins un concours. En ce qui concerne la classe préparatoire mise en place par votre institut régional d’administration, ce bilan est tout aussi positif avec, 11 admissions sur 25 présents lors de la dernière session, en ne s’en tenant de surcroit qu’aux seuls résultats du concours de l’IRA.
Mais la Fonction publique ne repose pas que sur des idéaux politiques, ses valeurs, ce sont également des valeurs professionnelles, mises chaque jour au service du public.
C’est la légalité de l’action publique, dont chaque fonctionnaire est le garant. C’est la loyauté à l’égard de la hiérarchie et des responsables politiques désignés par le peuple. C’est la responsabilité, qui implique, par des mécanismes d’évaluation permanente, de rechercher l’efficacité et la qualité du service rendu aux usagers, c’est la continuité du service public et son adaptabilité au service des usagers.
C’est enfin une valeur d’exemplarité. De même que l’Etat se doit d’être exemplaire, un fonctionnaire, et à plus forte raison un cadre, se doit d’être exemplaire dans son comportement car la crédibilité, celle des hommes comme celle des institutions, constitue bien l’une des conditions du succès de l’action publique.
A ces valeurs fondamentales, je voudrais ajouter deux qualités qui me semblent déterminantes pour la conduite des affaires publiques et la modernisation de notre administration : la première est la persévérance. Notre administration est encore trop marquée par des pesanteurs, des rigidités. Il ne faut jamais se décourager est savoir poursuivre son chemin malgré les obstacles. Trop souvent, on vous dira que ce n’est pas possible, qu’on a déjà essayé, que c’est une bonne idée mais que les effets pervers sont trop importants. Ce sont des discours qui renoncent au changement. C’est ce qui m’amène à la seconde qualité dont vous devrez faire preuve : soyez imaginatifs, faites preuve d’innovation. Notre administration a besoin de regards neufs, d’un esprit de liberté. Ne vous usez pas sur les chemins du passé, faites simple, soyez créatifs, osez vous demander s’il n’est pas possible de faire autrement et vous serez alors de vrais réformateurs. Notre Etat en a tant besoin.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, si notre Fonction publique est reconnue, partout, pour sa qualité et pour son professionnalisme, nous le devons en grande partie à ces valeurs qui, je veux en témoigner pour me rendre chaque semaine sur le terrain, dans les services déconcentrés de l’Etat comme dans les collectivités territoriales ou dans les hôpitaux, suscitent une adhésion réelle de l’ensemble des agents du service public.
Je l’évoquais à l’instant, les défis qui nous sont lancés ont changé. La dépense publique doit être maîtrisée et pour continuer d’offrir à nos concitoyens un service public de qualité, les administrations se doivent de renforcer leur efficacité et leur efficience.
Depuis 2007, le Gouvernement et le Législateur ont entrepris une profonde modernisation de la Fonction publique. Cette modernisation, cette refondation, nous avons voulu qu’elle s’opère autour des valeurs du service public mais surtout autour des agents eux-mêmes, c'est-à-dire de celles et de ceux qui font au quotidien vivre ces valeurs.
Une Fonction publique moins nombreuse mais mieux organisée, mieux gérée et mieux rémunérée, c’est d’abord une Fonction publique qui fait plus de place à ses agents, à leurs attentes et à leurs aspirations.
J’ai voulu venir à votre rencontre car vous serez, demain, aux avant-postes de cette modernisation. Vous êtes l’avenir de la Fonction publique et, à l’issue de cette année de formation, vous en constituerez la colonne vertébrale.
En tant que cadres, vous assumerez des fonctions clés.
Quelle que soit votre affectation, vous aurez d’abord une fonction d’animation et de coordination. Il vous appartiendra ainsi, au sein de vos services, de fixer un cap, de donner du sens et de mettre en perspective chacune des actions menées. Vous aurez une fonction de dialogue. Il vous faudra communiquer avec vos collaborateurs pour susciter leur adhésion à un projet ou à une décision. Vous aurez enfin une fonction de reconnaissance, qui impliquera de valoriser vos équipes et leur travail, de développer leurs compétences et de les mettre en situation de tirer profit de leur expérience en bâtissant leur propre parcours professionnel.
Ces fonctions nécessiteront de votre part nombre de savoir-faire essentiels.
Des aptitudes managériales d’abord, savoir animer, savoir organiser et assurer la cohésion d’une équipe et sa capacité à travailler collectivement, garantir la qualité comme le respect des délais des productions dont vous aurez la charge.
Vous devrez être en mesure de conduire ou d’accompagner un projet dans un contexte où la notion d’interministérialité continuera de se développer, il vous faudra donc savoir travailler en réseau ou en partenariat.
Au-delà, vous aurez la responsabilité de conduire le changement. Le service public est tout sauf une organisation figée, il évolue et continuera d’évoluer, mais l’investissement des agents restera comme une condition du succès de toute réforme. C’est de vous que dépendra la capacité des agents à s’approprier ces changements.
Vous devrez donc vous montrer adaptables, prêts pour le changement et pour l’innovation, capables de porter un regard neuf sur les dossiers qui vous seront confiés tout en mobilisant les bénéfices de l’expérience que vous aurez acquise.
Ces compétences vous permettront alors de construire un parcours professionnel riche et diversifié, fait de mobilités et de nouveaux défis, où votre niveau de responsabilité ira en s’élevant progressivement.
A bien des égards, l’attaché d’administration constitue aujourd’hui le modèle du cadre sur lequel s’appuiera l’administration de demain.
Son recrutement est interministériel et il appartiendra à l’avenir à un corps interministériel à gestion ministérielle, le CIGEM dont le sommet de la grille indiciaire atteindra désormais la hors échelle A, grâce à un troisième grade à accès fonctionnel. Un attaché est avant tout un cadre polyvalent et généraliste qui a vocation à servir dans un grand nombre de services, administration centrale et services déconcentrés, et à exercer des fonctions très diverses allant principalement de la conception et de la mise en oeuvre de politiques publiques à la gestion des moyens nécessaires à la mise en oeuvre de ces politiques.
L’attaché d’administration préfigure ainsi l’avenir de la fonction publique, une fonction publique de métiers, adaptée aux exigences de l’action publique, au service du public et plus en phase avec les aspirations des agents eux-mêmes.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, j’ai la ferme conviction que le management des cadres constitue un sujet stratégique.
Et cela vaut pour l’Etat, pour les collectivités locales, pour le secteur de la santé. Ces réformes ne pourront être menées à bien qu’avec l’appui de cadres compétents, valorisés dans leurs missions et impliqués au quotidien dans l’animation de leurs équipes, pour un meilleur service de nos compatriotes.
J’irai plus loin. Il y a un modèle français du service public, ce modèle passe par un véritable pacte de confiance entre le pouvoir politique, les agents de la Fonction publique et les cadres.
Je suis venu vous dire que j’ai confiance dans l’avenir du service au public et de la fonction publique, confiance dans la capacité de la fonction publique à se moderniser, à bouger à l’image de la société.
Les réformes que nous avons engagées, c’est une nouvelle chance donnée à l’avenir de la fonction publique. Cette culture nouvelle de l’évaluation, du mouvement, c’est à vous qu’il appartiendra dans votre rôle de manager, de l’expliquer, de l’accompagner et de l’organiser.
Je veux enfin, avant de conclure, rendre ici hommage à toutes les équipes de l’IRA. La qualité de la formation contribue largement à la réputation d’excellence dont profite à l’étranger notre modèle de service public.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, l’Etat a besoin de vous qui avez choisi le service public. Les usagers attendent de nous que nous nous assurions ensemble de l’efficacité et de l’efficience du service rendu.
Je vous remercie.
Source http://www.fonction-publique.gouv.fr, le 9 novembre 2011