Déclaration de M. François Baroin, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, sur les progrès accomplis en matière de transparence et d'échanges internationaux de renseignements en matière fiscale, Paris le 26 octobre 2011.

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Circonstance : 4ème réunion du Forum mondial sur la transparence et l'échange d'information en matière fiscale, à l'OCDE le 26 octobre 2011

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Président du Forum mondial, [Mike RAWSTRON]
Monsieur le Secrétaire Général de l’OCDE, [Angel GURRIA]
Mesdames et Messieurs les Délégués,
Je suis très heureux de venir aujourd'hui à l’OCDE pour conclure cette 4ème réunion du Forum mondial, dans sa forme nouvelle, depuis la profonde rénovation dont il a fait l’objet en 2009.
Cette réunion constitue un rendez-vous d’importance dans la perspective du sommet du G20 de Cannes la semaine prochaine. Vous y avez adopté un rapport retraçant les progrès accomplis depuis 3 ans en faveur de la transparence et de l’échange de renseignement en matière fiscale – et ces progrès sont considérables. Le G20 suit très attentivement vos travaux.
Depuis 3 ans, la transparence fiscale a significativement progressé dans le monde. Vous avez été des acteurs incontournables de cette évolution.
Améliorer la transparence fiscale, développer l’échange de renseignements entre administrations fiscales : ces chantiers ont pris une importance croissante depuis l’émergence de la crise. Nous sommes aujourd’hui confrontés à des situations budgétaires extrêmement contraintes, et cela nous oblige à renforcer l’efficacité de nos systèmes fiscaux. Plus que jamais, la fraude et l’évasion fiscale internationale sont devenus inacceptables pour nos concitoyens.
C’est pourquoi je voudrais revenir, si vous le permettez, sur les progrès qui ont été accomplis depuis 3 ans. Mais je veux aussi tenir un discours de vérité et c’est la raison pour laquelle j’évoquerai ensuite les progrès qu’il reste à parcourir pour un certain nombre d’Etats.
I. Je voudrais tout d’abord saluer le remarquable travail accompli par le Forum mondial en matière d’amélioration de la transparence fiscale.
Vous savez que la transparence fiscale est un combat que la France porte depuis longtemps sur la scène internationale. Trois dates clés reflètent particulièrement cet engagement :
- Aux côté de l’Allemagne, dès le mois d’octobre 2008, la France a organisé une conférence internationale afin de mettre la transparence fiscale au coeur des priorités de la communauté internationale ;
- Lors du sommet de Londres (avril 2009), le G20 s’est saisi du sujet, et a initié l’établissement d’une première liste fondée sur des standards internationaux de transparence ;
- Et enfin, la présidence française du G20, sous l’impulsion du Président de la République Nicolas Sarkozy, a fait de la poursuite de l’action de la communauté internationale en faveur de la transparence fiscale l’une de ses priorités absolue.
Grâce à cette volonté de chaque instant, grâce à la mobilisation de tous, des progrès décisifs ont été accomplis.
Le Forum mondial a tout d’abord associé plus de 100 Etats et territoires à la réalisation d’un objectif commun. Votre réussite est donc une réussite collective.
En l’espace de 18 mois, un mécanisme d’évaluation du respect de standards internationaux par les pairs a été mis en place. Sur la base de ce mécanisme, à l’heure où nous parlons, le Forum mondial a déjà examiné le cadre légal et réglementaire de près de 60 juridictions. Le rapport du G20 qui détaille les résultats montre que ce processus est efficace et adapté.
Et ces évaluations sont suivies d’effets : déjà 7 États ou territoires dans lesquels d’importantes déficiences avaient été constatées ont engagé des réformes. C’est notamment le cas de la Belgique, qui a levé le secret bancaire, des Iles Caïmans, qui ont mis en place des obligations comptables, ou encore des Iles vierges britanniques, qui ont renforcé les pouvoirs de leur administration fiscale.
Les progrès accomplis sont donc réels et surtout sans commune mesure avec ceux réalisés à la fin des années 1990 – la dernière fois que la communauté internationale s’était mobilisée sur le sujet.
II. Pour autant, ces succès indéniables ne doivent pas masquer l’ampleur des pogrès qui restent à accomplir. Votre rapport montre assez précisément qu’un certain nombre d’Etats n’ont pas encore engagé les réformes nécessaires.
C’est la raison pour laquelle le Forum doit poursuivre ses travaux à un rythme soutenu.
Les premiers rapports du Forum mondial ont donné lieu à près de 400 recommandations destinées à remédier aux déficiences légales ou réglementaires constatées. Pour une très grande majorité d’Etats ou de territoires, la mise en oeuvre de ces recommandations doit se poursuivre.
Notre objectif est à la fois simple et ambitieux : les 700 accords permettant l’échange de renseignements signés depuis la fin de l’année 2008 doivent être effectivement mis en oeuvre.
Nous voulons que les Etats qui ont accepté ces nouvelles règles s’y conforment tous. Leur engagement ne peut être une parole en l’air, il doit se traduire par des résultats concrets.
Aujourd’hui, certains Etats sont d’ores et déjà identifiés dans le rapport du Forum global comme ne passant pas la barre des examens dits de phase 1.
Les juridictions dont le Forum mondial a montré qu’elles ne respectaient pas leurs engagements doivent à présent se mettre en conformité, sans délais. A défaut, je le rappelle, une batterie de sanctions pourrait leur être appliquée.
III. Avant de conclure, je voudrais faire un point rapide sur les perspectives qui s’ouvrent pour le Forum mondial.
Durant ces deux jours, je sais que vous avez abordé la question de l’avenir du Forum mondial. A l’issue de ce premier mandat de 3 ans, il est important que vos travaux s’inscrivent dans la durée. Cela passe par la poursuite et l’approfondissement des examens.
Je suis également persuadé que le Forum mondial a vocation à accueillir de nouveaux membres. Il faut inciter le plus d’Etats possibles à y adhérer, et notamment :
- les pays en développement, dont certains sont encore tentés par le leurre que représente le statut de paradis fiscal ;
- et les pays du Moyen-Orient et d’Asie centrale, qui sont encore insuffisamment associés à nos travaux.
Mesdames et Messieurs,
Face à des fléaux comme la fraude et l’évasion fiscale internationales, nous ne devons pas ménager nos efforts.
Le Forum mondial a enregistré des résultats notables au cours des trois années écoulées, et encore une fois, je veux vous en féliciter. La France saura mettre ces résultats en avant lors du sommet de Cannes. Nous veillerons par ailleurs à ce que le G20 continue à vous apporter son soutien à l’avenir.
Plus que jamais, nous devons faire preuve de fermeté vis-à-vis des Etats et territoires qui tardent à appliquer nos principes. Le renouvellement du mandat du Forum mondial doit être l’occasion de réfléchir à de nouvelles méthodes, et à la mise en place de moyens d’action résolus pour une plus grande transparence, et un meilleur échange en matière fiscale.
Je vous remercie.
Source http://www.oecd.org, le 10 novembre 2011