Texte intégral
Monsieur le Président de la République, mon cher Jacques Chirac,
Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies,
Mesdames et Messieurs,
Je veux vous dire que cest pour moi un très grand plaisir et un très grand honneur de participer à la remise du Prix de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits.
Cette distinction sest déjà faite une place remarquée parmi les hommages rendus aux défenseurs des droits de lhomme.
Et le fait que ce prix soit décerné ici, au Musée Branly, dans ce musée qui doit tant, jai envie de dire qui doit tout au Président Chirac, et qui incarne les valeurs de tolérance défendues par la Fondation, a une signification particulière.
Je veux saluer le choix du Jury dhonorer cette année Marguerite Barankitse et Louise Arbour.
Marguerite Barankitse pourrait être résumée par ses surnoms : elle est la "femme aux 10 000 enfants" ou la "Mère Teresa africaine".
Mais son uvre dépasse ces périphrases affectueuses.
En fondant la Maison Shalom au Burundi, elle a su créer les conditions pour réunir des enfants que tout opposait et que la vie, les guerres civiles et les conflits ethniques avaient fragilisés et meurtris.
Ces enfants hutus, tutsis ou twas sont désormais préparés à un avenir meilleur en accédant à léducation, aux soins, à la culture, en apprenant un métier, et tout simplement en partageant un destin commun avec leurs semblables.
Louise Arbour a quant à elle été lune des premières à faire de lidée de justice internationale une réalité concrète.
Successivement premier Procureur du Tribunal Pénal pour lEx-Yougoslavie et du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, Louise Arbour a apporté, par ses innovations et par son courage, une contribution majeure à la lutte contre limpunité.
Ces Tribunaux ont non seulement permis de juger et punir les responsables de génocides, de crimes contre lhumanité et de crimes de guerre. Mais ils ont aussi envoyé un message sans ambiguïté aux dictateurs et tortionnaires du monde entier : face à lintolérable, la communauté internationale nest plus aveugle, elle nest plus impuissante, et elle a désormais la mémoire longue.
Aujourdhui, cest sans doute grâce à laction de ces deux institutions que la Cour Pénale Internationale fonctionne. Il nest pas besoin dêtre juriste pour mesurer le poids politique et le poids symbolique quelle représente au service de la justice internationale.
Mesdames et Messieurs,
Au cours de ses deux mandats à la tête de la République française, le Président Chirac a su se faire lavocat des oubliés.
Il a non seulement posé un diagnostic juste sur les principaux déséquilibres de son temps, le risque duniformisation linguistique et culturelle, la contestation du multilatéralisme, linsuffisance des moyens consacrés au développement, mais il a surtout défendu et promu des politiques pour y répondre.
Je me souviens à cet égard que le Président Clinton lui rendit un bel hommage à la tribune des Nations Unies, un jour de septembre 2006.
Malgré dimmenses obstacles, la taxe sur les billets davion, destinée à accroître les ressources financières permettant de lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme était adoptée ce jour-là. Et Monsieur Clinton eut cette formule : "Cétait impossible, mais Jacques la fait ! ".
Aujourdhui, luvre du Président Chirac se pérennise à travers sa Fondation dont je veux dire que les priorités rejoignent souvent, et parfois inspirent, celles de notre action publique.
Je pense évidemment à la prévention des conflits, à la lutte contre la déforestation, à laccès à leau et à lassainissement, à la diversité culturelle ou bien encore à laccès aux médicaments et à une santé de qualité.
Le gouvernement français apporte sa contribution à vos combats, en particulier dans deux directions.
Dune part, la gouvernance démocratique, à travers notamment des projets de formation de journalistes au Liban ou bien encore détudiants dans les pays du bassin du Congo.
Dautre part, à la lutte contre les médicaments falsifiés, cette lutte qui a connu une accélération sans précédent après lappel de Cotonou en 2009, appel lancé à linitiative de la Fondation, qui vise à organiser la mobilisation internationale pour lutter contre ce fléau.
En France, le gouvernement a fait de la lutte contre les contrefaçons de médicaments une priorité et a adopté un plan daction pour les combattre.
Je voudrais aussi souligner le prix que nous attachons à lengagement de la Fondation Chirac en faveur de laccès à leau pour tous.
Le forum quelle a organisé à Bamako le mois dernier, ce forum dédié à la "solidarité pour leau dans les régions du bassin du Niger", a apporté une contribution de premier ordre à la préparation du 6ème forum mondial de leau qui se tiendra à Marseille en mars prochain, en vue de favoriser laccès à tous à leau potable.
Mesdames et Messieurs,
Le nom même de la Fondation Chirac, pour la prévention des conflits, répond à une nécessité brûlante.
Plus de 40 % des pays ayant connu un conflit replongent dans la violence au cours de la décennie suivante. Le coût annuel des guerres dépasserait les 100 milliards de dollars, sans compter leur terrible prix humain, social, politique.
Les responsables publics ont le devoir de prendre en considération ce que lon pourrait appeler le « coût de linaction », et ils ont le devoir de renforcer les moyens mis au service de la prévention structurelle des crises.
Cette année, lOrganisation des Nations Unies a fait sa part du chemin en parvenant, sous limpulsion de quelques Etats dont la France, à donner une traduction concrète au concept de « responsabilité de protéger ».
Lintervention de la communauté internationale en Libye a ainsi permis déviter les « rivières de sang » promises aux populations civiles par le clan Kadhafi.
La France, elle-même, a mis au rang de ses priorités la prévention des crises et des conflits dans le Livre Blanc sur sa politique étrangère et européenne adopté en 2008.
Nous y avons défini trois objectifs pour y parvenir.
Dabord, la création dun environnement favorable à la dissuasion des crises et le règlement pacifique des différends grâce à des institutions de sécurité adaptées.
Cest tout lenjeu de notre diplomatie conduite dans un cadre multilatéral qui, seul, donne aux décisions de la communauté internationale leur légitimité et donc lautorité nécessaire. Cest ainsi dans le cadre de lAIEA, de lUE ou de lOnu que la France agit avec ses partenaires afin daccroître la pression internationale sur lIran et de mettre un terme à la menace que son programme nucléaire représente pour le monde entier.
Le deuxième objectif est laction en amont des crises, à travers notamment laide publique au développement.
Il nous sera toujours reproché de ne pas en faire assez, mais je veux rappeler que la France est lun des tout premiers contributeurs dans le monde avec une aide publique au développement de près de 10 milliards deuros en 2010.
La forte impulsion du président de la République a permis en outre daboutir à un consensus des membres du G20 sur lurgence de créer de nouvelles sources de financement pour le développement.
Ainsi, lidée dune taxe sur les transactions financières fait, petit à petit, son chemin. Cette taxe qui, dune certaine manière, est ou serait la fille de celle que vous aviez défendue avec la taxe sur les billets davion. Jai bon espoir que lUnion européenne adopte le principe de cette taxe, dans le courant de lannée 2012.
La rapidité des interventions, avant que les crises ne se cristallisent, doit enfin contribuer à la diplomatie préventive.
Et je veux ici citer deux exemples.
Notre mobilisation et celle de la communauté internationale ont évité une véritable guerre civile en Côte dIvoire.
Cest aussi tout le sens de nos initiatives sur le Processus de Paix au Proche-Orient et notamment celle quont portée la France et le président de la République à lOnu en septembre dernier, qui rejoint le combat incessant du Président Chirac sur ce même sujet.
Nous devons éviter une confrontation stérile entre deux aspirations parfaitement légitimes qui nauront dautre choix que de cohabiter : le droit de lEtat palestinien à exister, et le droit dIsraël à vivre en paix et en sécurité.
Mesdames et Messieurs,
Toute lhistoire de lhumanité est traversée par la tension incessante entre le bien et le mal, entre la violence et la paix.
Les cyniques et les défaitistes diront quil n y a rien à y changer. Je pense au contraire que la morale comme le réalisme conduisent à penser que le progrès est une conquête inséparable de lHomme, une conquête permanente.
Chaque bataille pour la justice mérite dêtre menée parce que la volonté peut être plus forte que la fatalité.
Certes, le mal triomphe devant lirrésolution des hommes de bien, mais il échoue devant leur sursaut.
Cest là le cur du message de la Fondation Chirac qui, cette année encore, en honorant deux femmes dexception, nous donne à tous une raison despérer et surtout dagir.Source http://www.gouvernement.fr, le 25 novembre 2011
Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies,
Mesdames et Messieurs,
Je veux vous dire que cest pour moi un très grand plaisir et un très grand honneur de participer à la remise du Prix de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits.
Cette distinction sest déjà faite une place remarquée parmi les hommages rendus aux défenseurs des droits de lhomme.
Et le fait que ce prix soit décerné ici, au Musée Branly, dans ce musée qui doit tant, jai envie de dire qui doit tout au Président Chirac, et qui incarne les valeurs de tolérance défendues par la Fondation, a une signification particulière.
Je veux saluer le choix du Jury dhonorer cette année Marguerite Barankitse et Louise Arbour.
Marguerite Barankitse pourrait être résumée par ses surnoms : elle est la "femme aux 10 000 enfants" ou la "Mère Teresa africaine".
Mais son uvre dépasse ces périphrases affectueuses.
En fondant la Maison Shalom au Burundi, elle a su créer les conditions pour réunir des enfants que tout opposait et que la vie, les guerres civiles et les conflits ethniques avaient fragilisés et meurtris.
Ces enfants hutus, tutsis ou twas sont désormais préparés à un avenir meilleur en accédant à léducation, aux soins, à la culture, en apprenant un métier, et tout simplement en partageant un destin commun avec leurs semblables.
Louise Arbour a quant à elle été lune des premières à faire de lidée de justice internationale une réalité concrète.
Successivement premier Procureur du Tribunal Pénal pour lEx-Yougoslavie et du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, Louise Arbour a apporté, par ses innovations et par son courage, une contribution majeure à la lutte contre limpunité.
Ces Tribunaux ont non seulement permis de juger et punir les responsables de génocides, de crimes contre lhumanité et de crimes de guerre. Mais ils ont aussi envoyé un message sans ambiguïté aux dictateurs et tortionnaires du monde entier : face à lintolérable, la communauté internationale nest plus aveugle, elle nest plus impuissante, et elle a désormais la mémoire longue.
Aujourdhui, cest sans doute grâce à laction de ces deux institutions que la Cour Pénale Internationale fonctionne. Il nest pas besoin dêtre juriste pour mesurer le poids politique et le poids symbolique quelle représente au service de la justice internationale.
Mesdames et Messieurs,
Au cours de ses deux mandats à la tête de la République française, le Président Chirac a su se faire lavocat des oubliés.
Il a non seulement posé un diagnostic juste sur les principaux déséquilibres de son temps, le risque duniformisation linguistique et culturelle, la contestation du multilatéralisme, linsuffisance des moyens consacrés au développement, mais il a surtout défendu et promu des politiques pour y répondre.
Je me souviens à cet égard que le Président Clinton lui rendit un bel hommage à la tribune des Nations Unies, un jour de septembre 2006.
Malgré dimmenses obstacles, la taxe sur les billets davion, destinée à accroître les ressources financières permettant de lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme était adoptée ce jour-là. Et Monsieur Clinton eut cette formule : "Cétait impossible, mais Jacques la fait ! ".
Aujourdhui, luvre du Président Chirac se pérennise à travers sa Fondation dont je veux dire que les priorités rejoignent souvent, et parfois inspirent, celles de notre action publique.
Je pense évidemment à la prévention des conflits, à la lutte contre la déforestation, à laccès à leau et à lassainissement, à la diversité culturelle ou bien encore à laccès aux médicaments et à une santé de qualité.
Le gouvernement français apporte sa contribution à vos combats, en particulier dans deux directions.
Dune part, la gouvernance démocratique, à travers notamment des projets de formation de journalistes au Liban ou bien encore détudiants dans les pays du bassin du Congo.
Dautre part, à la lutte contre les médicaments falsifiés, cette lutte qui a connu une accélération sans précédent après lappel de Cotonou en 2009, appel lancé à linitiative de la Fondation, qui vise à organiser la mobilisation internationale pour lutter contre ce fléau.
En France, le gouvernement a fait de la lutte contre les contrefaçons de médicaments une priorité et a adopté un plan daction pour les combattre.
Je voudrais aussi souligner le prix que nous attachons à lengagement de la Fondation Chirac en faveur de laccès à leau pour tous.
Le forum quelle a organisé à Bamako le mois dernier, ce forum dédié à la "solidarité pour leau dans les régions du bassin du Niger", a apporté une contribution de premier ordre à la préparation du 6ème forum mondial de leau qui se tiendra à Marseille en mars prochain, en vue de favoriser laccès à tous à leau potable.
Mesdames et Messieurs,
Le nom même de la Fondation Chirac, pour la prévention des conflits, répond à une nécessité brûlante.
Plus de 40 % des pays ayant connu un conflit replongent dans la violence au cours de la décennie suivante. Le coût annuel des guerres dépasserait les 100 milliards de dollars, sans compter leur terrible prix humain, social, politique.
Les responsables publics ont le devoir de prendre en considération ce que lon pourrait appeler le « coût de linaction », et ils ont le devoir de renforcer les moyens mis au service de la prévention structurelle des crises.
Cette année, lOrganisation des Nations Unies a fait sa part du chemin en parvenant, sous limpulsion de quelques Etats dont la France, à donner une traduction concrète au concept de « responsabilité de protéger ».
Lintervention de la communauté internationale en Libye a ainsi permis déviter les « rivières de sang » promises aux populations civiles par le clan Kadhafi.
La France, elle-même, a mis au rang de ses priorités la prévention des crises et des conflits dans le Livre Blanc sur sa politique étrangère et européenne adopté en 2008.
Nous y avons défini trois objectifs pour y parvenir.
Dabord, la création dun environnement favorable à la dissuasion des crises et le règlement pacifique des différends grâce à des institutions de sécurité adaptées.
Cest tout lenjeu de notre diplomatie conduite dans un cadre multilatéral qui, seul, donne aux décisions de la communauté internationale leur légitimité et donc lautorité nécessaire. Cest ainsi dans le cadre de lAIEA, de lUE ou de lOnu que la France agit avec ses partenaires afin daccroître la pression internationale sur lIran et de mettre un terme à la menace que son programme nucléaire représente pour le monde entier.
Le deuxième objectif est laction en amont des crises, à travers notamment laide publique au développement.
Il nous sera toujours reproché de ne pas en faire assez, mais je veux rappeler que la France est lun des tout premiers contributeurs dans le monde avec une aide publique au développement de près de 10 milliards deuros en 2010.
La forte impulsion du président de la République a permis en outre daboutir à un consensus des membres du G20 sur lurgence de créer de nouvelles sources de financement pour le développement.
Ainsi, lidée dune taxe sur les transactions financières fait, petit à petit, son chemin. Cette taxe qui, dune certaine manière, est ou serait la fille de celle que vous aviez défendue avec la taxe sur les billets davion. Jai bon espoir que lUnion européenne adopte le principe de cette taxe, dans le courant de lannée 2012.
La rapidité des interventions, avant que les crises ne se cristallisent, doit enfin contribuer à la diplomatie préventive.
Et je veux ici citer deux exemples.
Notre mobilisation et celle de la communauté internationale ont évité une véritable guerre civile en Côte dIvoire.
Cest aussi tout le sens de nos initiatives sur le Processus de Paix au Proche-Orient et notamment celle quont portée la France et le président de la République à lOnu en septembre dernier, qui rejoint le combat incessant du Président Chirac sur ce même sujet.
Nous devons éviter une confrontation stérile entre deux aspirations parfaitement légitimes qui nauront dautre choix que de cohabiter : le droit de lEtat palestinien à exister, et le droit dIsraël à vivre en paix et en sécurité.
Mesdames et Messieurs,
Toute lhistoire de lhumanité est traversée par la tension incessante entre le bien et le mal, entre la violence et la paix.
Les cyniques et les défaitistes diront quil n y a rien à y changer. Je pense au contraire que la morale comme le réalisme conduisent à penser que le progrès est une conquête inséparable de lHomme, une conquête permanente.
Chaque bataille pour la justice mérite dêtre menée parce que la volonté peut être plus forte que la fatalité.
Certes, le mal triomphe devant lirrésolution des hommes de bien, mais il échoue devant leur sursaut.
Cest là le cur du message de la Fondation Chirac qui, cette année encore, en honorant deux femmes dexception, nous donne à tous une raison despérer et surtout dagir.Source http://www.gouvernement.fr, le 25 novembre 2011