Texte intégral
Monsieur les députés et sénateurs,
Monsieur le vice-président du conseil régional,
Monsieur le chef-dEtat Major de la Marine,
Monsieur le président du cluster maritime,
Messieurs les présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse dêtre parmi vous aujourdhui pour clôturer cette septième édition des assises de léconomie maritime.
Depuis 1662 Dunkerque est lun des premiers ports de France. Les marins et les habitants de cette ville sont toujours courageusement allés à labordage des défis et des ambitions maritimes de la France.
Aujourdhui, ensemble, je souhaite que nous continuions décrire cette histoire, je souhaite que la grandeur du passé nourrisse laudace de notre nouvelle politique maritime.
Heureuse à un double titre.
Dabord, le déplacement que je faisais à Toulon il y a un an était mon premier déplacement en tant que ministre chargé de la mer, et ma première rencontre avec vous. Je nai pas oublié ce moment, ni les enseignements qui mont beaucoup servis cette année.
Ensuite, le discours que je prononçais devant vous était pour moi loccasion de définir les principaux axes de la politique maritime que jentendais mener.
Il est donc temps, un an après, den dresser un premier bilan avec vous.
[Un an de politique maritime]
A la suite du Grenelle de la mer et du livre bleu, la France sest dotée dune véritable politique maritime, ambitieuse. Elle poursuit un passé glorieux, vous avez ici à Dunkerque Jean BART, il est beaucoup plus quun monument sur une place, il est la figure tutélaire dune identité maritime forte et vivante.
Une politique portée au plus haut niveau de lEtat, par le Président de la République lui-même.
Pour la première fois depuis très longtemps, la France regardait à nouveau vers la mer et je crois que ce processus soit désormais irréversible. Cest la grande nouveauté de ce quinquennat.
En premier lieu parce-que les professionnels de la mer se sont largement mobilisés pour accompagner cette ambition, et jen remercie en particulier le Cluster Maritime. Comme le Grenelle de lenvironnement, le Grenelle de la mer nest pas le fruit de décisions venues den haut. Il est le résultat dun long processus de concertation, déchanges et de maturation.
Aujourdhui, les acteurs adhèrent à cette politique parce quils ont été associés à son élaboration et quelle est aussi pleinement la leur. En cela, je crois, cher Francis, que la politique maritime sera bien au coeur de la prochaine campagne présidentielle.
Je suis dailleurs heureuse de constater que cela a été bien compris par ceux qui appellent de leurs voeux la tenue d « Etats généraux de la mer ».
Japplaudis dautant plus que nous lavons déjà fait, il y a deux ans, et que nous sommes déjà en train de mettre en oeuvre leurs conclusions.
Je vous confirme également que comme le Premier Ministre la demandé, nous organiserons chaque année un grand débat au Parlement sur la politique maritime.
Alors, beaucoup me diront : quel bilan peut-on faire de cette première année de mise en oeuvre ?
Nous avons construit cette politique autour de 4 axes : le développement économique, la connaissance, la protection et la gouvernance.
Je vais prendre des exemples concrets pour chacun dentre eux.
En matière de développement économique, jinsisterai sur la structuration de la filière de construction navale, avec notamment la mise en place du CORICAN, et je remercie à cette occasion Jean-Marie POIMBOEUF, président du Groupement des Industries de Construction et Activités Navales (GICAN).
Cest aussi la réforme portuaire, courageuse et nécessaire, que nous avons conduite avec Thierry MARIANI, les autorités portuaires et les partenaires sociaux.
Mais ce sont surtout les énergies marines renouvelables, avec la création de la plateforme technologique France Energies Marines ou encore lappel à projet sur léolien offshore lancé en juillet dernier.
Je sais que ce thème a été au centre de vos débats dhier et daujourdhui. Oui, comme vous, je suis convaincue que les énergies bleues créeront demain de la croissance et des emplois en France.
Pas seulement dans le secteur de lénergie mais également dans la construction navale, dans les ports et dans les services En cela, il sagit dune politique véritablement intégrée.
Certains dentre vous le savent, ce combat a été très rude, un des plus durs que jai mené, mais nous y sommes quand même arrivés.
Notre objectif est de devenir un des leaders mondiaux dans ce domaine, rien de moins, car nous avons les capacités. Grâce au développement rapide de lénergie éolienne en mer, mais également des nouvelles énergies marines.
Nous visons une puissance totale installée de 6 000 MW à lhorizon 2020, soit environ 1 200 éoliennes produisant 3,5 % de la consommation française délectricité.
Cet objectif sera mis en oeuvre grâce au lancement successif dappels doffres pour linstallation des éoliennes en mer. Pour la première phase, 5 sites ont déjà été retenus : Le Tréport, Saint-Nazaire, Fécamp, Courseulles-sur-Mer et Saint-Brieuc. Et nous préparons déjà un deuxième appel doffres pour le printemps prochain, sur de nouvelles zones propices.
Cest un pari formidable, de près de 10 Mds deuros, que nous sommes en train de relever ensemble. Pour cela, nous créons une nouvelle filière industrielle française. De toutes les dimensions de ce projet colossal, cest sans doute la plus rare et donc la plus positive.
Je sais que beaucoup dentre vous sinquiètent du respect du calendrier du premier appel doffres, et je tiens à les rassurer. Il sera tenu, et je vous donne rendez-vous en avril pour la communication des résultats, ainsi que pour le lancement du second appel doffres.
Deuxième axe de notre politique, la connaissance et la formation. Je pense en premier lieu aux investissements davenir avec lappel à projet sur les démonstrateurs, doté de 50 M, ou celui sur le « navire du futur » un programme de 100 M pour construire des navires plus sûrs et plus économes en énergie.
Sur la formation enfin, la généralisation des bacs professionnels a profondément refondé la filière denseignement maritime. Et comme je my étais engagée devant vous lan dernier, nous avons créé au 1er janvier notre, VÔTRE, grande école des métiers de la mer, lEcole Nationale Supérieure Maritime (ENSM).
Elle a dores et déjà été reconnue comme une grande école dingénieurs, je tiens à féliciter son président, Eudes Riblier. Je sais que les défis auxquels vous serez confrontés seront nombreux, notamment louverture sur le monde de la recherche.
Ma conviction, je vous la livre aujourdhui, est quil faudra également faire un choix entre les différents sites que vous occupez aujourdhui occupés et je suis ouverte à toutes les propositions que vous voudrez bien me faire à ce sujet.
Troisième axe de notre politique, la protection et la conservation des espaces maritimes.
En matière de biodiversité, nous avons créé deux parcs marins, à Mayotte et le Golfe du Lion. Nous en créerons deux nouveaux dici janvier, aux Glorieuses et dans les Estuaires picards. Lobjectif du Grenelle de protéger 10 % des eaux françaises dici 2012 est dores et déjà atteint. Mais la protection, cest aussi le plan submersion marines, adopté en juillet dernier, ou la stratégie de gestion du trait de côte, en cours dadoption grâce au remarquable travail du député Alain COUSIN.
Cest enfin la sécurité maritime, chantier sur lequel nous avons beaucoup avancé.
Je noublie pas que cest ici, au large de Dunkerque, que le Tricolor a coulé en 2002, trois ans près lErika. Au passage, je salue avec amitié l'équipage du canot SNSM Notre Dame de Risban qui a permis la récupération de l'équipage, sous la coordination du CROSS.
Le littoral français a souvent été frappé par des catastrophes maritimes majeures. Dans une mer de plus en plus fréquentée, il est important que l'État reste vigilant.
Nous avons donc remplacé l'Anglian Monarch, dont le co-affrètement n'a pas été reconduit par nos amis britanniques. Mais nous avons également beaucoup légiféré et réglementé.
Je pense au décret sur la surveillance de la navigation maritime qui définit et qui précise la mission des CROSS, ou au décret relatif à l'accueil des navires dans un lieu de refuge.
Par ce biais, nous avons achevé la transposition en droit français le paquet européen « Erika 3 », pour lequel nous nous étions tant battus à Bruxelles.
Une fois nest pas coutume, nous navons pas alourdi les contraintes pesant sur nos propres armateurs et nous les avons même en partie allégés.
Par contre, nous avons durci les obligations frappant les navires battant pavillon étranger faisant escale dans nos ports, en ciblant ces navires « poubelle » que nous souhaitons chasser de notre littoral.
Un seul chiffre : désormais 100 % dentre eux devront faire lobjet dun contrôle à la première escale dans un port européen.
Enfin, dernier axe de cette politique maritime, la gouvernance. Je ne my attarderai pas car je suis de ceux qui pensent quen France, nous y consacrons beaucoup trop de temps et dénergie.
Pour autant, une politique nouvelle méritait une gouvernance totalement nouvelle. Nous avons dabord modernisé et unifié ladministration maritime, et mis en place un nouvel échelon de mise en oeuvre des politiques publiques, la façade maritime, plus adaptée à la conduite dune politique maritime intégrée.
Parallèlement, nous avons créé, sur le modèle de la gouvernance à cinq, un conseil national de la mer et des littoraux, qui sera installé en janvier, et quatre conseils maritimes locaux pour chacune des façades maritimes métropolitaines, dont certains sont déjà installés.
Ces conseils sont destinés à perpétuer lesprit du Grenelle en associant à lélaboration et à la conduite des politiques publiques en mer lensemble des acteurs, et en premier lieu les professionnels que vous êtes.
Une question ma été posée. Faudrait-il un ministère de la mer autonome ?
Je pense que lidée dun ministère de la mer « isolé » est précisément une très mauvaise idée. Si nous avons aujourdhui en France un ministère de la mer capable de gagner des arbitrages interministériels et de conduire une politique ambitieuse, cest précisément parce quil nest pas seul. En ladossant au grand ministère du développement durable en 2007, nous lui avons donné les principaux leviers dune politique maritime intégrée.
Voilà ce que nous avons fait. En langage de marin, je dirai que « nous avons fixé le cap et forcé lallure autant que possible».
Cest ce bilan aujourdhui que je suis venu présenter devant vous. Pour recueillir votre approbation et votre appui, pour quensemble nous allions encore plus loin.
[Perspectives]
A cet égard, il y a deux sujets que je voudrais ouvrir avec vous en conclusion. Lemploi maritime dabord. Le maritime et le littoral représentent aujourd'hui 600 000 personnes. C'est un secteur transversal et diversifié (pêche, marine marchande, chantiers navals, au tourisme).
Je souhaite expliquer aux Français que la mer est aussi une filière économique importante, créatrice de richesse et demplois. Malgré nos efforts, malgré les journées de la mer, dont le succès grandit chaque année, ce simple fait est encore trop peu connu.
Deuxième orientation pour lavenir. Lexploration des grands fonds marins. Cest la nouvelle frontière du XXIème siècle.
Les enseignements de la campagne que nous avons conduite fin 2010 dans les eaux de Wallis et Futuna nous ont révélé tout le potentiel de ces grands fonds, en terres rares et en métaux divers.
Les grands pays se sont engagés dans une course folle pour se partager ces grands fonds qui nappartiennent à personne, dans les eaux internationales.
La France ne doit pas se permettre de rester en arrière. Dautant quelle dispose dindustriels compétents et dune technologie adaptée. Aussi, le Premier Ministre a, lors du comité interministériel de juin dernier, décidé que la France devait se doter dune stratégie globale dexploration des grands fonds, dans le respect des principes du développement durable.
Je vous annonce aujourdhui que la France déposera dans les prochains jours une demande de permis dexploration auprès de lautorité des grands fonds marins dans lAtlantique. Nous prenons rang pour lavenir et je fais confiance à Jean-Yves PERROT, président de lInstitut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer (IFREMER), pour mener à bien cette exploration.
Mesdames, Messieurs,
Notre littoral et nos mers ont un grand potentiel. Aujourdhui, la France est en avance et elle est même exemplaire sur le terrain de la politique maritime, comme sur le terrain du rassemblement des professionnels de la mer.
Vous en êtes la preuve. La Commission européenne -et cest ce quest venue me dire Maria DAMANAKI il y a un mois- a besoin de nous pour continuer à construire sa politique.
Dès lors, la mer est porteuse despérance et de rêve et ce sont deux biens très précieux en temps de crise.
Alors rêvons et construisons ensemble pour quà lhorizon 2018, près de 1.200 éoliennes et une centaine dhydroliennes soient installées le long de notre littoral. Quune filière industrielle française voie le jour, avec au moins 10 000 emplois créés. Nous aurons alors réussi notre pari.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 1er décembre 2011
Monsieur le vice-président du conseil régional,
Monsieur le chef-dEtat Major de la Marine,
Monsieur le président du cluster maritime,
Messieurs les présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse dêtre parmi vous aujourdhui pour clôturer cette septième édition des assises de léconomie maritime.
Depuis 1662 Dunkerque est lun des premiers ports de France. Les marins et les habitants de cette ville sont toujours courageusement allés à labordage des défis et des ambitions maritimes de la France.
Aujourdhui, ensemble, je souhaite que nous continuions décrire cette histoire, je souhaite que la grandeur du passé nourrisse laudace de notre nouvelle politique maritime.
Heureuse à un double titre.
Dabord, le déplacement que je faisais à Toulon il y a un an était mon premier déplacement en tant que ministre chargé de la mer, et ma première rencontre avec vous. Je nai pas oublié ce moment, ni les enseignements qui mont beaucoup servis cette année.
Ensuite, le discours que je prononçais devant vous était pour moi loccasion de définir les principaux axes de la politique maritime que jentendais mener.
Il est donc temps, un an après, den dresser un premier bilan avec vous.
[Un an de politique maritime]
A la suite du Grenelle de la mer et du livre bleu, la France sest dotée dune véritable politique maritime, ambitieuse. Elle poursuit un passé glorieux, vous avez ici à Dunkerque Jean BART, il est beaucoup plus quun monument sur une place, il est la figure tutélaire dune identité maritime forte et vivante.
Une politique portée au plus haut niveau de lEtat, par le Président de la République lui-même.
Pour la première fois depuis très longtemps, la France regardait à nouveau vers la mer et je crois que ce processus soit désormais irréversible. Cest la grande nouveauté de ce quinquennat.
En premier lieu parce-que les professionnels de la mer se sont largement mobilisés pour accompagner cette ambition, et jen remercie en particulier le Cluster Maritime. Comme le Grenelle de lenvironnement, le Grenelle de la mer nest pas le fruit de décisions venues den haut. Il est le résultat dun long processus de concertation, déchanges et de maturation.
Aujourdhui, les acteurs adhèrent à cette politique parce quils ont été associés à son élaboration et quelle est aussi pleinement la leur. En cela, je crois, cher Francis, que la politique maritime sera bien au coeur de la prochaine campagne présidentielle.
Je suis dailleurs heureuse de constater que cela a été bien compris par ceux qui appellent de leurs voeux la tenue d « Etats généraux de la mer ».
Japplaudis dautant plus que nous lavons déjà fait, il y a deux ans, et que nous sommes déjà en train de mettre en oeuvre leurs conclusions.
Je vous confirme également que comme le Premier Ministre la demandé, nous organiserons chaque année un grand débat au Parlement sur la politique maritime.
Alors, beaucoup me diront : quel bilan peut-on faire de cette première année de mise en oeuvre ?
Nous avons construit cette politique autour de 4 axes : le développement économique, la connaissance, la protection et la gouvernance.
Je vais prendre des exemples concrets pour chacun dentre eux.
En matière de développement économique, jinsisterai sur la structuration de la filière de construction navale, avec notamment la mise en place du CORICAN, et je remercie à cette occasion Jean-Marie POIMBOEUF, président du Groupement des Industries de Construction et Activités Navales (GICAN).
Cest aussi la réforme portuaire, courageuse et nécessaire, que nous avons conduite avec Thierry MARIANI, les autorités portuaires et les partenaires sociaux.
Mais ce sont surtout les énergies marines renouvelables, avec la création de la plateforme technologique France Energies Marines ou encore lappel à projet sur léolien offshore lancé en juillet dernier.
Je sais que ce thème a été au centre de vos débats dhier et daujourdhui. Oui, comme vous, je suis convaincue que les énergies bleues créeront demain de la croissance et des emplois en France.
Pas seulement dans le secteur de lénergie mais également dans la construction navale, dans les ports et dans les services En cela, il sagit dune politique véritablement intégrée.
Certains dentre vous le savent, ce combat a été très rude, un des plus durs que jai mené, mais nous y sommes quand même arrivés.
Notre objectif est de devenir un des leaders mondiaux dans ce domaine, rien de moins, car nous avons les capacités. Grâce au développement rapide de lénergie éolienne en mer, mais également des nouvelles énergies marines.
Nous visons une puissance totale installée de 6 000 MW à lhorizon 2020, soit environ 1 200 éoliennes produisant 3,5 % de la consommation française délectricité.
Cet objectif sera mis en oeuvre grâce au lancement successif dappels doffres pour linstallation des éoliennes en mer. Pour la première phase, 5 sites ont déjà été retenus : Le Tréport, Saint-Nazaire, Fécamp, Courseulles-sur-Mer et Saint-Brieuc. Et nous préparons déjà un deuxième appel doffres pour le printemps prochain, sur de nouvelles zones propices.
Cest un pari formidable, de près de 10 Mds deuros, que nous sommes en train de relever ensemble. Pour cela, nous créons une nouvelle filière industrielle française. De toutes les dimensions de ce projet colossal, cest sans doute la plus rare et donc la plus positive.
Je sais que beaucoup dentre vous sinquiètent du respect du calendrier du premier appel doffres, et je tiens à les rassurer. Il sera tenu, et je vous donne rendez-vous en avril pour la communication des résultats, ainsi que pour le lancement du second appel doffres.
Deuxième axe de notre politique, la connaissance et la formation. Je pense en premier lieu aux investissements davenir avec lappel à projet sur les démonstrateurs, doté de 50 M, ou celui sur le « navire du futur » un programme de 100 M pour construire des navires plus sûrs et plus économes en énergie.
Sur la formation enfin, la généralisation des bacs professionnels a profondément refondé la filière denseignement maritime. Et comme je my étais engagée devant vous lan dernier, nous avons créé au 1er janvier notre, VÔTRE, grande école des métiers de la mer, lEcole Nationale Supérieure Maritime (ENSM).
Elle a dores et déjà été reconnue comme une grande école dingénieurs, je tiens à féliciter son président, Eudes Riblier. Je sais que les défis auxquels vous serez confrontés seront nombreux, notamment louverture sur le monde de la recherche.
Ma conviction, je vous la livre aujourdhui, est quil faudra également faire un choix entre les différents sites que vous occupez aujourdhui occupés et je suis ouverte à toutes les propositions que vous voudrez bien me faire à ce sujet.
Troisième axe de notre politique, la protection et la conservation des espaces maritimes.
En matière de biodiversité, nous avons créé deux parcs marins, à Mayotte et le Golfe du Lion. Nous en créerons deux nouveaux dici janvier, aux Glorieuses et dans les Estuaires picards. Lobjectif du Grenelle de protéger 10 % des eaux françaises dici 2012 est dores et déjà atteint. Mais la protection, cest aussi le plan submersion marines, adopté en juillet dernier, ou la stratégie de gestion du trait de côte, en cours dadoption grâce au remarquable travail du député Alain COUSIN.
Cest enfin la sécurité maritime, chantier sur lequel nous avons beaucoup avancé.
Je noublie pas que cest ici, au large de Dunkerque, que le Tricolor a coulé en 2002, trois ans près lErika. Au passage, je salue avec amitié l'équipage du canot SNSM Notre Dame de Risban qui a permis la récupération de l'équipage, sous la coordination du CROSS.
Le littoral français a souvent été frappé par des catastrophes maritimes majeures. Dans une mer de plus en plus fréquentée, il est important que l'État reste vigilant.
Nous avons donc remplacé l'Anglian Monarch, dont le co-affrètement n'a pas été reconduit par nos amis britanniques. Mais nous avons également beaucoup légiféré et réglementé.
Je pense au décret sur la surveillance de la navigation maritime qui définit et qui précise la mission des CROSS, ou au décret relatif à l'accueil des navires dans un lieu de refuge.
Par ce biais, nous avons achevé la transposition en droit français le paquet européen « Erika 3 », pour lequel nous nous étions tant battus à Bruxelles.
Une fois nest pas coutume, nous navons pas alourdi les contraintes pesant sur nos propres armateurs et nous les avons même en partie allégés.
Par contre, nous avons durci les obligations frappant les navires battant pavillon étranger faisant escale dans nos ports, en ciblant ces navires « poubelle » que nous souhaitons chasser de notre littoral.
Un seul chiffre : désormais 100 % dentre eux devront faire lobjet dun contrôle à la première escale dans un port européen.
Enfin, dernier axe de cette politique maritime, la gouvernance. Je ne my attarderai pas car je suis de ceux qui pensent quen France, nous y consacrons beaucoup trop de temps et dénergie.
Pour autant, une politique nouvelle méritait une gouvernance totalement nouvelle. Nous avons dabord modernisé et unifié ladministration maritime, et mis en place un nouvel échelon de mise en oeuvre des politiques publiques, la façade maritime, plus adaptée à la conduite dune politique maritime intégrée.
Parallèlement, nous avons créé, sur le modèle de la gouvernance à cinq, un conseil national de la mer et des littoraux, qui sera installé en janvier, et quatre conseils maritimes locaux pour chacune des façades maritimes métropolitaines, dont certains sont déjà installés.
Ces conseils sont destinés à perpétuer lesprit du Grenelle en associant à lélaboration et à la conduite des politiques publiques en mer lensemble des acteurs, et en premier lieu les professionnels que vous êtes.
Une question ma été posée. Faudrait-il un ministère de la mer autonome ?
Je pense que lidée dun ministère de la mer « isolé » est précisément une très mauvaise idée. Si nous avons aujourdhui en France un ministère de la mer capable de gagner des arbitrages interministériels et de conduire une politique ambitieuse, cest précisément parce quil nest pas seul. En ladossant au grand ministère du développement durable en 2007, nous lui avons donné les principaux leviers dune politique maritime intégrée.
Voilà ce que nous avons fait. En langage de marin, je dirai que « nous avons fixé le cap et forcé lallure autant que possible».
Cest ce bilan aujourdhui que je suis venu présenter devant vous. Pour recueillir votre approbation et votre appui, pour quensemble nous allions encore plus loin.
[Perspectives]
A cet égard, il y a deux sujets que je voudrais ouvrir avec vous en conclusion. Lemploi maritime dabord. Le maritime et le littoral représentent aujourd'hui 600 000 personnes. C'est un secteur transversal et diversifié (pêche, marine marchande, chantiers navals, au tourisme).
Je souhaite expliquer aux Français que la mer est aussi une filière économique importante, créatrice de richesse et demplois. Malgré nos efforts, malgré les journées de la mer, dont le succès grandit chaque année, ce simple fait est encore trop peu connu.
Deuxième orientation pour lavenir. Lexploration des grands fonds marins. Cest la nouvelle frontière du XXIème siècle.
Les enseignements de la campagne que nous avons conduite fin 2010 dans les eaux de Wallis et Futuna nous ont révélé tout le potentiel de ces grands fonds, en terres rares et en métaux divers.
Les grands pays se sont engagés dans une course folle pour se partager ces grands fonds qui nappartiennent à personne, dans les eaux internationales.
La France ne doit pas se permettre de rester en arrière. Dautant quelle dispose dindustriels compétents et dune technologie adaptée. Aussi, le Premier Ministre a, lors du comité interministériel de juin dernier, décidé que la France devait se doter dune stratégie globale dexploration des grands fonds, dans le respect des principes du développement durable.
Je vous annonce aujourdhui que la France déposera dans les prochains jours une demande de permis dexploration auprès de lautorité des grands fonds marins dans lAtlantique. Nous prenons rang pour lavenir et je fais confiance à Jean-Yves PERROT, président de lInstitut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer (IFREMER), pour mener à bien cette exploration.
Mesdames, Messieurs,
Notre littoral et nos mers ont un grand potentiel. Aujourdhui, la France est en avance et elle est même exemplaire sur le terrain de la politique maritime, comme sur le terrain du rassemblement des professionnels de la mer.
Vous en êtes la preuve. La Commission européenne -et cest ce quest venue me dire Maria DAMANAKI il y a un mois- a besoin de nous pour continuer à construire sa politique.
Dès lors, la mer est porteuse despérance et de rêve et ce sont deux biens très précieux en temps de crise.
Alors rêvons et construisons ensemble pour quà lhorizon 2018, près de 1.200 éoliennes et une centaine dhydroliennes soient installées le long de notre littoral. Quune filière industrielle française voie le jour, avec au moins 10 000 emplois créés. Nous aurons alors réussi notre pari.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 1er décembre 2011