Texte intégral
Q - La France a-t-elle respecté ses engagements ?
R - Nos objectifs de réduction de gaz à effet de serre ont été tenus et, au plan international, nous sommes plutôt en pointe. La France consacre chaque année 420 millions deuros de crédits «fast start» à la lutte contre le réchauffement : 25 % vont à des actions multilatérales portées par la Banque mondiale et le Fonds mondial pour lenvironnement, 75 % concernent des initiatives bilatérales via lAgence française pour le Développement et le fonds Français pour lEnvironnement mondial.
Q - Quel mandat défendrez-vous à Durban ?
R - Ni plus ni moins que le mandat de lUnion européenne élaboré au mois doctobre dernier par le Conseil des ministres de lEnvironnement, «KyotoPlus». LUnion européenne est prête à se mobiliser pour une deuxième période dengagement dans le cadre du protocole de Kyoto. Mais lEurope et les pays développés impliqués dans la première période ne représentent que 20 % des émissions de la planète. Nous voulons un consensus général pour quune négociation soit lancée en vue dun accord global.
Q - Au sein de lUnion européenne, tous les États ne semblent pas sur la même ligne ?
R - Il y a eu des divergences tactiques, plus que de fond. La question était de savoir si lEurope devait opter demblée pour une nouvelle période dengagement ou attendre que les autres décident de commencer à sy mettre. Sans le paquet climat-énergie adopté par lUnion européenne, il ny aurait pas eu ce débat. La France était plutôt daccord avec la première option, qui la emporté. Notre position était de dire : faisons de notre paquet climat-énergie notre force. Nayons pas de fausse pudeur.
Q - Avec la crise, la France peut-elle nourrir de telles ambitions ?
R - Je vous retourne la question. Avec la crise, nous avons plus que jamais besoin de nous engager dans la transition énergétique. Il ny a pas une crise, mais des crises : crise de la dette, crise économique, crise écologique. Tous les experts assurent que lon court au-devant dune catastrophe écologique dont limpact sera désastreux au plan économique. La situation est mal partie pour contenir la hausse des températures à 2 % dici à 2100. On est plutôt sur 3,5 degrés, 4 degrés, voire 6 degrés. Cela signifie quune partie de la planète va devenir invivable et incultivable, avec des migrations massives.
Q - Quelles seraient les conséquences dun échec ?
R - Il ne sert à rien de parler à lavance déchec. Je ne suis pas loracle de lapocalypse, même si les choses se présentent difficilement car les positions sont demblée très marquées et divergentes. En même temps, les rapports plus qualarmants des scientifiques incitent à une mobilisation des énergies. Et puis, cette conférence, quelle que soit son issue, permettra de préciser et de mettre en uvre les outils décidés à Cancun en matière de transfert de technologie et de lutte contre la déforestation.
Q - La mise en place du Fonds vert semble plutôt mal partie...
R - On a créé un récipient pour unifier les moyens financiers de lutte contre le changement climatique. Mais ce récipient est encore vide : les 100 milliards de dollars prévus ne sont pas là. Le G20 de Cannes a heureusement ouvert des perspectives encourageantes en matière de financements innovants. On a une nouvelle crédibilité vis-à-vis des pays en voie de développement. Cest une bonne nouvelle, certes, un peu gâchée par labsence de consensus juste avant Durban. Jespère que ce ne sera pas définitif.
Q - Ne vaut-il pas mieux laisser aux États les plus volontaristes leur liberté dagir ?
R - Je pourrais entendre ce discours si la lutte contre le réchauffement nétait pas un sport déquipe, si elle nétait pas par essence multilatérale. Cest lavenir de la planète qui est en jeu. Sur leau, il est possible de démarrer sur des négociations bilatérales, quitte à déboucher sur du multilatéral. Les avancées dans la lutte contre les pollutions marines sont parties daccords régionaux. La défense du climat impose le processus contraire. Ce qui est émis sur une partie de la planète a un impact sur toute la planète.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 décembre 2011
R - Nos objectifs de réduction de gaz à effet de serre ont été tenus et, au plan international, nous sommes plutôt en pointe. La France consacre chaque année 420 millions deuros de crédits «fast start» à la lutte contre le réchauffement : 25 % vont à des actions multilatérales portées par la Banque mondiale et le Fonds mondial pour lenvironnement, 75 % concernent des initiatives bilatérales via lAgence française pour le Développement et le fonds Français pour lEnvironnement mondial.
Q - Quel mandat défendrez-vous à Durban ?
R - Ni plus ni moins que le mandat de lUnion européenne élaboré au mois doctobre dernier par le Conseil des ministres de lEnvironnement, «KyotoPlus». LUnion européenne est prête à se mobiliser pour une deuxième période dengagement dans le cadre du protocole de Kyoto. Mais lEurope et les pays développés impliqués dans la première période ne représentent que 20 % des émissions de la planète. Nous voulons un consensus général pour quune négociation soit lancée en vue dun accord global.
Q - Au sein de lUnion européenne, tous les États ne semblent pas sur la même ligne ?
R - Il y a eu des divergences tactiques, plus que de fond. La question était de savoir si lEurope devait opter demblée pour une nouvelle période dengagement ou attendre que les autres décident de commencer à sy mettre. Sans le paquet climat-énergie adopté par lUnion européenne, il ny aurait pas eu ce débat. La France était plutôt daccord avec la première option, qui la emporté. Notre position était de dire : faisons de notre paquet climat-énergie notre force. Nayons pas de fausse pudeur.
Q - Avec la crise, la France peut-elle nourrir de telles ambitions ?
R - Je vous retourne la question. Avec la crise, nous avons plus que jamais besoin de nous engager dans la transition énergétique. Il ny a pas une crise, mais des crises : crise de la dette, crise économique, crise écologique. Tous les experts assurent que lon court au-devant dune catastrophe écologique dont limpact sera désastreux au plan économique. La situation est mal partie pour contenir la hausse des températures à 2 % dici à 2100. On est plutôt sur 3,5 degrés, 4 degrés, voire 6 degrés. Cela signifie quune partie de la planète va devenir invivable et incultivable, avec des migrations massives.
Q - Quelles seraient les conséquences dun échec ?
R - Il ne sert à rien de parler à lavance déchec. Je ne suis pas loracle de lapocalypse, même si les choses se présentent difficilement car les positions sont demblée très marquées et divergentes. En même temps, les rapports plus qualarmants des scientifiques incitent à une mobilisation des énergies. Et puis, cette conférence, quelle que soit son issue, permettra de préciser et de mettre en uvre les outils décidés à Cancun en matière de transfert de technologie et de lutte contre la déforestation.
Q - La mise en place du Fonds vert semble plutôt mal partie...
R - On a créé un récipient pour unifier les moyens financiers de lutte contre le changement climatique. Mais ce récipient est encore vide : les 100 milliards de dollars prévus ne sont pas là. Le G20 de Cannes a heureusement ouvert des perspectives encourageantes en matière de financements innovants. On a une nouvelle crédibilité vis-à-vis des pays en voie de développement. Cest une bonne nouvelle, certes, un peu gâchée par labsence de consensus juste avant Durban. Jespère que ce ne sera pas définitif.
Q - Ne vaut-il pas mieux laisser aux États les plus volontaristes leur liberté dagir ?
R - Je pourrais entendre ce discours si la lutte contre le réchauffement nétait pas un sport déquipe, si elle nétait pas par essence multilatérale. Cest lavenir de la planète qui est en jeu. Sur leau, il est possible de démarrer sur des négociations bilatérales, quitte à déboucher sur du multilatéral. Les avancées dans la lutte contre les pollutions marines sont parties daccords régionaux. La défense du climat impose le processus contraire. Ce qui est émis sur une partie de la planète a un impact sur toute la planète.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 décembre 2011