Conférence de presse de M. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la politique de sécurité et de défense commune, sur les prises de position vis-à-vis de la Syrie, sur un possible embargo pétrolier contre l'Iran, sur la reconnaissance du statut de candidat de la Serbie à l'adhésion à l'Union européenne,Bruxelles le 1er décembre 2011.

Prononcé le 1er décembre 2011

Intervenant(s) : 

Circonstance : Conseil des affaires étrangères, à Bruxelles le 1er décembre 2011

Texte intégral

Sur la Politique de sécurité et de défense commune, je crois que nous sommes parvenus à un très bon résultat. Nous allons d’abord lancer de nouvelles opérations, par exemple pour lutter contre la piraterie maritime dans la Corne de l’Afrique, ou encore soutenir les coopérations régionales au Sahel. Nous avons ensuite décidé de progresser dans la mutualisation de nos capacités, dans le cadre de l’Agence européenne de Défense, notamment dans le domaine du ravitaillement en vol, de la formation des pilotes ou du soutien médical. Nous avons décidé d’activer, d’ici le mois de janvier, le Centre d’opérations qui existe déjà et qui va nous permettre de coordonner notre action dans la Corne de l’Afrique. Nous avons également obtenu un compromis pour continuer à travailler sur l’amélioration de la capacité permanente de planification et de conduite d’opérations de l’Union européenne. La Politique de sécurité et de défense commune est bien relancée ; c’est pour moi un point extrêmement positif.
En ce qui concerne l’Iran, nous avons d’abord exprimé notre complète solidarité à l’égard de nos amis britanniques dont les diplomates ont été attaqués dans les conditions que vous connaissez. Je suis heureux que notre ambassadeur en Iran ait pu, avec son équipe, aider les diplomates britanniques à s’enfuir alors qu’ils étaient poursuivis et agressés. Nous avons décidé de coordonner nos décisions de rappel de nos ambassadeurs ; cela a déjà été fait en ce qui concerne la France. Nous avons également adopté, s’agissant du dossier nucléaire, des sanctions importantes contre 180 personnalités ou entités iraniennes. Et puis, nous avons décidé de travailler sur les propositions qui ont été lancées par le président de la République, c’est-à-dire des sanctions dures et sans précédent sur les secteurs financier et pétrolier.
Enfin, sur la Syrie, je viens de rencontrer le Secrétaire général de la Ligue arabe, M. El Arabi, et je me réjouis beaucoup que l’Union européenne ait décidé de structurer ses relations avec la Ligue arabe dont la prise de position sur le dossier a été tout à fait déterminante. On continue à travailler, notamment pour essayer d’envoyer, avec l’accord du régime, des observateurs sur le territoire syrien. J’ai appelé l’attention de M. El Arabi sur la nécessité de renforcer la dimension humanitaire de la mission de ces observateurs, dans le cas où la Syrie accepterait la demande qui lui a été présentée par la Ligue arabe.
Q - Sur l’Iran, où en est-on d’un possible embargo pétrolier ?
R - Je vous ai dit que nous allons y travailler. La Grèce a émis un certain nombre de réserves, il faut, bien entendu, les prendre en compte et, donc, travailler avec les différents partenaires pour que l’interruption des livraisons en provenance d’Iran puisse être compensée par l’augmentation de la production d’autres pays ; c’est possible, on peut trouver des solutions. Je voudrais vous rappeler qu’au moment de l’opération en Libye, la production libyenne s’est arrêtée ; pour autant, il n’y a pas eu d’augmentation significative du prix du baril de pétrole.
Q - Il n’y a pas de solution de compromis pour ne pas complètement couper l’importation de pétrole ?
R - Il ne s’agissait pas aujourd’hui de décider d’arrêter les importations de pétrole. Il s’agissait de travailler sur cette question et c’est ce qui a été décidé.
Q - Avez-vous parlé des Balkans occidentaux et soutenez-vous l’idée que la Serbie ait le statut de candidat le 9 décembre ?
R - Nous en avons effectivement parlé. D’abord, nous avons condamné les événements qui se sont produits dans le nord du Kosovo et qui ont fait plus d’une cinquantaine de blessés, notamment des Allemands, des Autrichiens, des Hongrois. Il n’y a pas d’autre solution que la reprise d’un dialogue véritablement constructif entre Pristina et Belgrade. Ce dialogue a d’ailleurs repris ces jours-ci avec des avancées qui paraissent prometteuses. J’ai indiqué que, pour encourager la Serbie à poursuivre dans cette direction, il fallait lui envoyer des signaux positifs. La France est donc favorable à la reconnaissance du statut de candidat de la Serbie à l’adhésion à l’Union européenne, ce qui permettra ensuite de continuer le dialogue et d’encourager les autorités serbes à poursuivre dans la voie qui a été prise.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 décembre 2011