Texte intégral
Je tiens, avant toute chose, à remercier de tout cur Mme Mashabane pour la cordialité de son accueil et pour la qualité des discussions que nous avons eues au cours de cette matinée. Nous nous sommes beaucoup parlé au téléphone au cours des derniers mois mais je dois dire, Madame, quil est plus agréable de sentretenir avec vous en personne.
Nous avons décidé dun commun accord dintensifier nos contacts et de nous rencontrer dès que cela sera nécessaire pour des échanges de vues. Nous avons une même vision de nombreux sujets, ce qui est apparu avec évidence ce matin. Il y a parfois quelques différences entre nous, bien sûr. Cest tout à fait normal, et le seul moyen de réduire ces différences est de nous parler et de renforcer notre dialogue. Nous sommes prêts à le faire à lavenir.
Six mois après la visite dÉtat du président Zuma à Paris, je suis heureux de me trouver en Afrique du Sud pour approfondir le partenariat entre nos deux pays. Vous savez que la France a toujours considéré lAfrique du Sud, principale puissance économique du continent, comme un partenaire de premier plan. LAfrique du Sud est membre du Conseil de sécurité des Nations unies, membre permanent du G20 - nous avons été très heureux daccueillir le président Zuma à Cannes la semaine dernière - et membre du Conseil de paix et de sécurité de lUnion africaine.
Nous travaillons ensemble sur lensemble des crises que connaît le monde, en particulier la Syrie, le processus de paix au Proche-Orient, la piraterie, la Corne de lAfrique, Madagascar et le Zimbabwe. Nous travaillons ensemble dans les domaines de la gouvernance mondiale et de la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies où la France, vous ne lignorez pas, défend lidée dune plus grande représentation de lAfrique. Nous travaillons ensemble sur des sujets planétaires comme celui du développement. Je me félicite de ce que lAfrique du Sud se soit engagée courageusement, comme la France, en faveur de la mise en place dune taxe sur les transactions financières. Nous travaillons ensemble dans le domaine des changements climatiques, à la veille de la 17ème Conférence des parties (COP 17) que lAfrique du Sud accueillera à la fin de ce mois à Durban. La France est, vous le savez, très engagée sur ces questions, en particulier à la création dune Organisation mondiale de lenvironnement qui, naturellement, serait implantée en Afrique.
Enfin, nous travaillons ensemble sur les questions bilatérales, en particulier le commerce et les perspectives dinvestissement. Les entreprises françaises sont désireuses dêtre encore plus actives en Afrique du Sud et jinvite les entreprises sud-africaines à investir en France.
Permettez-moi aussi de vous dire que jai été très heureux de pouvoir rencontrer aujourdhui des membres de la société civile sud-africaine. À Soweto, à lInstitut français dAfrique du Sud, à lInstitut sud-africain des Affaires internationales et, ce matin, avec des représentants de la société civile, jai ressenti, comme en 1994, lextraordinaire élan et loptimisme qui animent les Sud-Africains, et leur désir collectif de surmonter les défis économiques et sociaux qui se posent à eux. Jai été impressionné par cet optimisme, peu commun en Europe de nos jours. Il faudra que je revienne plus longtemps pour faire le tour de votre beau pays. Jai beaucoup apprécié notre entretien, Madame la Ministre, et je serai ravi de pouvoir continuer à travailler avec vous.
Je vous remercie.
Q - (sur la possibilité pour la France daccorder son soutien au candidat de lAfrique du Sud à la présidence de la Commission de lUnion africaine)
R - Pour être franc, je suis très surpris par ce débat autour de la position de la France sur lélection du président de la Commission de lUnion africaine. On nous soupçonne très souvent dingérence dans les affaires internes du continent africain : ce nest pas la nouvelle orientation de la politique africaine de la France telle quelle a été énoncée en 2008 par le président de la République dans ce pays même, au Cap. Nous tenons à respecter une stricte neutralité et nous ne soutenons aucun candidat dans cette élection. Cest aux pays dAfrique quil appartient de prendre cette décision et nous la respecterons, quelle quelle soit. Je lai dit hier au président Zuma et jai donc été surpris, ce matin, dentendre dire que je lui aurais déclaré que nous soutiendrons lun des candidats contre lautre, à savoir M. Ping face à Mme Zuma. Je nai jamais rien dit de tel, jai dit que la France serait neutre.
Q (à Mme Mashabane) - Pouvez-vous nous donner quelques détails de vos entretiens avec M. Juppé sur la Libye, étant donné que vous avez défendu une position forte sur ce sujet et la France une position très différente ?
( )
R - En ce qui concerne la Libye, il est bien connu que nous navions pas la même interprétation de la résolution 1973. Mais cela, cest le passé ; à présent, nous envisageons lavenir de la Libye. Nous sommes pleinement daccord quant à la nécessité de soutenir le CNT, afin de bâtir la démocratie dans ce pays, et prêts à coopérer dans ce sens.
Sur la Syrie, nous avons le même point de vue : le recours à la violence contre la population civile et la manière dont le régime se comporte aujourdhui sont inacceptables ; nous sommes donc convenus daccentuer notre pression sur les autorités syriennes pour mettre fin à ces agissements et pour lancer un programme de réformes qui aille au-devant des attentes du peuple syrien. La France est plutôt sceptique quant à la bonne volonté des autorités syriennes mais il nest pas question dintervention militaire en Syrie. Je me suis efforcé dexpliquer à ma chère collègue que la résolution que nous défendons au Conseil de sécurité diffère totalement de la résolution 1973. Il sagit dune autre situation et dune autre approche pour tenter de résoudre cette question très difficile.
Q - Dans lallocution que vous avez prononcée aujourdhui à lInstitut sud-africain des Affaires internationales, vous avez donné limpression dattendre de lAfrique du Sud quelle adopte une position plus affirmée sur la question dun siège au Conseil de sécurité des Nations unies, et dindiquer que la France et le Royaume-Uni ont pris les devants dans ce domaine en proposant au moins un arrangement provisoire. Comment faire progresser ce dossier, à votre avis ?
R - La France sest exprimée à plusieurs reprises pour dire que la structure actuelle du Conseil de sécurité ne reflétait plus la réalité du monde du XXIème siècle. Pour faire changer les choses, nous devons réformer le Conseil de sécurité, louvrir à dautres régions, à dautres grands acteurs du monde et particulièrement aux pays dAfrique. Cest aux pays dAfrique, de toute évidence, quil appartient de choisir qui les représentera au Conseil de sécurité en qualité de membres permanents ou non. Vous savez que le débat sur la réforme est dans limpasse et quil sera difficile daller de lavant dans les conditions actuelles. Néanmoins, la France demeure pleinement engagée pour une nouvelle composition du Conseil de sécurité.
Q - Avez-vous, vous-même ou un membre de votre délégation, évoqué avec des responsables sud-africains la candidature de notre ministre de lIntérieur, Mme Dlamini Zuma, à la présidence de la Commission de lUnion africaine, et celle de M. Ping ? Outre ce que vous avez déjà déclaré, en a-t-il été question ?
R - Cette question me surprend beaucoup car je connais très bien tous les membres de ma délégation et je leur fais confiance : je serais donc très étonné dapprendre que certains dentre eux ont sur ce sujet un point de vue différent de celui que jai exprimé. Je tiens cependant à vous rassurer : la France est un pays démocratique, sa diplomatie est bien organisée, et la seule personne qui porte la voix de la France au sein de la communauté internationale est le ministre, non un «membre de sa délégation». Il ny a donc aucune ambiguïté sur ce point.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 novembre 2011
Nous avons décidé dun commun accord dintensifier nos contacts et de nous rencontrer dès que cela sera nécessaire pour des échanges de vues. Nous avons une même vision de nombreux sujets, ce qui est apparu avec évidence ce matin. Il y a parfois quelques différences entre nous, bien sûr. Cest tout à fait normal, et le seul moyen de réduire ces différences est de nous parler et de renforcer notre dialogue. Nous sommes prêts à le faire à lavenir.
Six mois après la visite dÉtat du président Zuma à Paris, je suis heureux de me trouver en Afrique du Sud pour approfondir le partenariat entre nos deux pays. Vous savez que la France a toujours considéré lAfrique du Sud, principale puissance économique du continent, comme un partenaire de premier plan. LAfrique du Sud est membre du Conseil de sécurité des Nations unies, membre permanent du G20 - nous avons été très heureux daccueillir le président Zuma à Cannes la semaine dernière - et membre du Conseil de paix et de sécurité de lUnion africaine.
Nous travaillons ensemble sur lensemble des crises que connaît le monde, en particulier la Syrie, le processus de paix au Proche-Orient, la piraterie, la Corne de lAfrique, Madagascar et le Zimbabwe. Nous travaillons ensemble dans les domaines de la gouvernance mondiale et de la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies où la France, vous ne lignorez pas, défend lidée dune plus grande représentation de lAfrique. Nous travaillons ensemble sur des sujets planétaires comme celui du développement. Je me félicite de ce que lAfrique du Sud se soit engagée courageusement, comme la France, en faveur de la mise en place dune taxe sur les transactions financières. Nous travaillons ensemble dans le domaine des changements climatiques, à la veille de la 17ème Conférence des parties (COP 17) que lAfrique du Sud accueillera à la fin de ce mois à Durban. La France est, vous le savez, très engagée sur ces questions, en particulier à la création dune Organisation mondiale de lenvironnement qui, naturellement, serait implantée en Afrique.
Enfin, nous travaillons ensemble sur les questions bilatérales, en particulier le commerce et les perspectives dinvestissement. Les entreprises françaises sont désireuses dêtre encore plus actives en Afrique du Sud et jinvite les entreprises sud-africaines à investir en France.
Permettez-moi aussi de vous dire que jai été très heureux de pouvoir rencontrer aujourdhui des membres de la société civile sud-africaine. À Soweto, à lInstitut français dAfrique du Sud, à lInstitut sud-africain des Affaires internationales et, ce matin, avec des représentants de la société civile, jai ressenti, comme en 1994, lextraordinaire élan et loptimisme qui animent les Sud-Africains, et leur désir collectif de surmonter les défis économiques et sociaux qui se posent à eux. Jai été impressionné par cet optimisme, peu commun en Europe de nos jours. Il faudra que je revienne plus longtemps pour faire le tour de votre beau pays. Jai beaucoup apprécié notre entretien, Madame la Ministre, et je serai ravi de pouvoir continuer à travailler avec vous.
Je vous remercie.
Q - (sur la possibilité pour la France daccorder son soutien au candidat de lAfrique du Sud à la présidence de la Commission de lUnion africaine)
R - Pour être franc, je suis très surpris par ce débat autour de la position de la France sur lélection du président de la Commission de lUnion africaine. On nous soupçonne très souvent dingérence dans les affaires internes du continent africain : ce nest pas la nouvelle orientation de la politique africaine de la France telle quelle a été énoncée en 2008 par le président de la République dans ce pays même, au Cap. Nous tenons à respecter une stricte neutralité et nous ne soutenons aucun candidat dans cette élection. Cest aux pays dAfrique quil appartient de prendre cette décision et nous la respecterons, quelle quelle soit. Je lai dit hier au président Zuma et jai donc été surpris, ce matin, dentendre dire que je lui aurais déclaré que nous soutiendrons lun des candidats contre lautre, à savoir M. Ping face à Mme Zuma. Je nai jamais rien dit de tel, jai dit que la France serait neutre.
Q (à Mme Mashabane) - Pouvez-vous nous donner quelques détails de vos entretiens avec M. Juppé sur la Libye, étant donné que vous avez défendu une position forte sur ce sujet et la France une position très différente ?
( )
R - En ce qui concerne la Libye, il est bien connu que nous navions pas la même interprétation de la résolution 1973. Mais cela, cest le passé ; à présent, nous envisageons lavenir de la Libye. Nous sommes pleinement daccord quant à la nécessité de soutenir le CNT, afin de bâtir la démocratie dans ce pays, et prêts à coopérer dans ce sens.
Sur la Syrie, nous avons le même point de vue : le recours à la violence contre la population civile et la manière dont le régime se comporte aujourdhui sont inacceptables ; nous sommes donc convenus daccentuer notre pression sur les autorités syriennes pour mettre fin à ces agissements et pour lancer un programme de réformes qui aille au-devant des attentes du peuple syrien. La France est plutôt sceptique quant à la bonne volonté des autorités syriennes mais il nest pas question dintervention militaire en Syrie. Je me suis efforcé dexpliquer à ma chère collègue que la résolution que nous défendons au Conseil de sécurité diffère totalement de la résolution 1973. Il sagit dune autre situation et dune autre approche pour tenter de résoudre cette question très difficile.
Q - Dans lallocution que vous avez prononcée aujourdhui à lInstitut sud-africain des Affaires internationales, vous avez donné limpression dattendre de lAfrique du Sud quelle adopte une position plus affirmée sur la question dun siège au Conseil de sécurité des Nations unies, et dindiquer que la France et le Royaume-Uni ont pris les devants dans ce domaine en proposant au moins un arrangement provisoire. Comment faire progresser ce dossier, à votre avis ?
R - La France sest exprimée à plusieurs reprises pour dire que la structure actuelle du Conseil de sécurité ne reflétait plus la réalité du monde du XXIème siècle. Pour faire changer les choses, nous devons réformer le Conseil de sécurité, louvrir à dautres régions, à dautres grands acteurs du monde et particulièrement aux pays dAfrique. Cest aux pays dAfrique, de toute évidence, quil appartient de choisir qui les représentera au Conseil de sécurité en qualité de membres permanents ou non. Vous savez que le débat sur la réforme est dans limpasse et quil sera difficile daller de lavant dans les conditions actuelles. Néanmoins, la France demeure pleinement engagée pour une nouvelle composition du Conseil de sécurité.
Q - Avez-vous, vous-même ou un membre de votre délégation, évoqué avec des responsables sud-africains la candidature de notre ministre de lIntérieur, Mme Dlamini Zuma, à la présidence de la Commission de lUnion africaine, et celle de M. Ping ? Outre ce que vous avez déjà déclaré, en a-t-il été question ?
R - Cette question me surprend beaucoup car je connais très bien tous les membres de ma délégation et je leur fais confiance : je serais donc très étonné dapprendre que certains dentre eux ont sur ce sujet un point de vue différent de celui que jai exprimé. Je tiens cependant à vous rassurer : la France est un pays démocratique, sa diplomatie est bien organisée, et la seule personne qui porte la voix de la France au sein de la communauté internationale est le ministre, non un «membre de sa délégation». Il ny a donc aucune ambiguïté sur ce point.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 novembre 2011