Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Vos remarques, vos réflexions me confirment dans ma conviction : il nous faut tout mettre en uvre pour que le système éducatif en Guyane puisse remplir sa fonction. La formation des jeunes, je le répète, est une condition nécessaire du développement économique et social durable.
L'effort de construction, d'équipement et d'encadrement dans lequel l'Etat s'est engagé en collaboration avec les collectivités territoriales, doit être poursuivi pour rattraper le retard de scolarisation, pour faire face aux pressions démographiques et pour relever le défi de l'éducation et de la formation, mais au delà des évolutions plus qualitatives sont aujourd'hui nécessaires. L'ouverture à tous des portes de l'école et l'allongement pour tous de la scolarité obligatoire, doivent être accompagnés d'une véritable démocratisation de la réussite scolaire en Guyane.
L'école en Guyane a certes encore du chemin à parcourir pour répondre pleinement aux attentes des familles et aux besoins des élèves. Les uns et les autres s'accordent pleinement avec le souhait des enseignants de réussir dans leur mission. Nul, ici, ne peut se dispenser d'un effort de dialogue, car il en va de la capacité à mettre effectivement en uvre cet idéal d'égalité des chances que porte la République. Le savoir est une arme et la dimension déterminante d'un développement collectif équitable et solidaire. Or trop de jeunes guyanais, malgré des performances en hausse, peinent encore à trouver un sens à l'effort scolaire et quittent l'école sans qualification. Beaucoup d'entre eux se sentent sans doute à tort écartelés entre des appartenances culturelles différentes. Il faut donc prendre lucidement la mesure de ce qui doit être amélioré, des inégalités et des discriminations à combattre, des appartenances collectives et des trajectoires singulières à respecter davantage.
Cela passe notamment par davantage de prise en compte par l'école de l'environnement, passé et présent de la Guyane. Nous connaissons tous de ces histoires qu'on se raconte où, hier et encore parfois aujourd'hui, on demande à des élèves qui ne connaissent pas cette saison une rédaction sur l'automne et ses feuilles rousses. Des manuels où la faune et la flore ne sont jamais celles qu'un enfant guyanais a pu croiser. Juliette Daniel qui a été institutrice à Grand Santi durant plusieurs années a porté un témoignage en ce sens, la semaine dernière au cours du séminaire " l'Ecole en outre-mer " organisé par le ministère de l'éducation nationale.
Nous savons les dégâts que, notamment dans les petites classes, peuvent faire des références à ce point ethnocentrées qu'elles sont totalement coupées de l'expérience et de la proximité des élèves, entravant ce passage du familier au plus lointain en quoi consiste pour partie le parcours éducatif. Des efforts d'adaptation ont été faits, dans les contenus d'enseignement et les supports pédagogiques, mais il reste encore à faire De même, d'ailleurs, qu'il reste à intégrer davantage de références aux outre-mers dans le bagage scolaire commun que nous transmettons aux écoliers de l'hexagone.
Il faut donner droit de cité dans l'école à des dimensions légitimes de l'expérience quotidienne des élèves, accepter comme plurielles les références culturelles et identitaires, en un mot, reconnaître ce métissage régional.
En Guyane, la question de la diversité linguistique se pose avec une acuité particulière. L'Ecole doit respecter cette diversité, reconnaître les identités, mais, avec constance, assurer à tous un " socle " commun qui permette à chacun de choisir son orientation professionnelle. Elle doit en tout état de cause éviter une approche trop figée du bilinguisme, et au contraire construire les apprentissages à partir des différentes connaissances linguistiques des élèves.
C'est un défi nouveau pour l'Ecole que de prendre en compte ces langues tout en assurant la maîtrise du français. La formation des enseignants et les outils pédagogiques doivent être adaptés à cet enjeu. Les récentes décisions de Jack Lang en faveur des langues régionales vont en ce sens.
Pour que l'Ecole en Guyane tienne la promesse faite à tous d'un partage équitable des savoirs, elle ne doit pas se réfugier dans l'uniformité. C'est une question politique, au sens le plus noble du terme. Et une question pédagogique car il en va aussi de l'efficacité scolaire.
J'ai une véritable ambition pour le système éducatif en Guyane. Jack Lang et moi-même avons travaillé depuis plusieurs mois sur des mesures qui sont, me semble-t-il, significatives : en faveur des constructions scolaires et donc de la scolarisation, en faveur de l'amélioration des conditions de vie en zones isolées, en faveur de l'enseignement.
Il nous faut, premièrement, amplifier l'effort de construction scolaire, afin que chaque jeune Guyanais puisse être scolarisé dans des conditions satisfaisantes. C'est un droit avec lequel nous ne saurions transiger. Nous avons conscience du fossé qui se creusera si nous ne mobilisons pas pour y répondre, l'énergie de tous et des moyens nouveaux.
Je veux donc évoquer avec vous un plan pour le renouveau de l'école en Guyane.
Comme vous le savez, et conformément aux engagements que j'avais pris en janvier, une mission interministérielle d'évaluation s'est rendue cette année en Guyane pour évaluer les besoins du département en matière de constructions scolaires sur la durée du contrat de plan, c'est-à-dire 2000-2006. Cette mission vient de nous rendre son rapport à Jack Lang et à moi-même. Celui-ci chiffre à 230 millions de francs les financements complémentaires nécessaires en sus des enveloppes d'ores et déjà retenues dans le contrat de plan (970 MF). D'ores et déjà, je peux vous affirmer que le Gouvernement veut en tirer toutes les conclusions utiles afin que l'éducation en Guyane bénéficie de tous les moyens nécessaires dans les années à venir, et qu'à cet effet, je propose aux partenaires locaux, la signature d'un avenant à l'actuel contrat de plan.
Ceci doit permettre, dans cette période, de doubler le nombre d'ouvertures de classes (de 30 autorisées par le plan, on passe à 60 créations par an) et construire trois collèges de plus que ceux initialement prévus (7).
Une mission permanente de pilotage de ces constructions, placée sous l'autorité du Préfet, permettra d'assurer la programmation, le suivi des travaux et l'assistance à maîtrise d'ouvrages des collectivités locales.
Nous le savons tous, les conditions climatiques rendent difficile la maintenance des bâtiments. Une équipe mobile veillera à l'entretien et à la réparation des locaux scolaires. Le Secrétariat à l'outre-mer la dotera de deux pirogues de service ; le rectorat recrutera des techniciens. Les rotations seront donc plus fréquentes : l'approvisionnement, le déplacement des personnes et le transport du matériel pédagogique en seront facilités.
Il nous faut, ensuite, améliorer les conditions de vie dans les zones isolées, pour tous en général, pour les enseignants en particulier.
- Ces zones ne doivent pas rester isolées. Le réseau téléphonique, c'est un impératif pour rompre l'isolement, doit être développé. D'ici 2003-2004, un réseau téléphonique hertzien desservira la vallée du Maroni. En attendant, pour répondre aux besoins immédiats, le Secrétariat d'Etat à l'outre-mer financera l'installation de cabines téléphoniques à liaison satellitaire dans tous les villages isolés, qui possèdent une école, et cela dès la rentrée prochaine. Deux millions de francs y seront consacrés. Des cartes téléphoniques prépayées seront attribuées aux enseignants par le rectorat.
- En ce qui concerne le développement et le renforcement du réseau électrique, je vous rappelle qu'un avenant au contrat de plan y consacre plus de 200 MF.
- Il faut également que les enseignants puissent être logés décemment. Le Secrétariat d'Etat à l'outre-mer mobilise des crédits pour développer les constructions sociales dans les zones isolées. Certains de ces logements pourront être, à titre exceptionnel, attribués aux enseignants. Parallèlement à cette mesure un vaste programme de réhabilitation des logements existants va être entrepris.
Il faut, enfin, recruter et former des enseignants pour la Guyane, car l'Etat ne saurait favoriser la création d'écoles et l'ouverture de classes, sans que les postes soient également créés et pourvus.
- A cette fin, les dispositions de décret du 22 juin 1998 fixant les modalités exceptionnelles de recrutement d'instituteurs, seront reconduites. Il sera alors possible de recruter, localement, des enseignants au niveau du DEUG ou du baccalauréat. Cette mesure qui a déjà bénéficié, dans le passé à plus d'une dizaine de départements français, est une garantie que les postes créés soient pourvus.
- Ces enseignants, nous devons veiller à les former. Un protocole de formation continue sera mis en place. En outre, conformément aux dispositions de la loi d'orientation, un IUFM de Guyane sera créé dès la rentrée prochaine. Cela permettra le développement de modules de formation parfaitement adaptés aux spécificités, notamment linguistiques, de la Guyane, un effort tout particulier sera conduit sur les pratiques innovantes.
- Nous devons également valoriser les outils et les innovations pédagogiques : par la création d'un Centre de Recherche et de Documentation Pédagogique (CRDP), en mobilisant le Conseil national de l'innovation pour la réussite scolaire sur les projets pédagogiques de Guyane, notamment ceux qui concernent la maîtrise de la langue. Par exemple un manuel " langage en fête " manuel d'apprentissage de la langue française en milieu plurilingue actuellement en cours de réalisation, ici en Guyane, sera distribué, dès la rentrée 2002, à l'ensemble des élèves du cours préparatoire.
- A cela s'ajoutent la création d'une nouvelle circonscription d'inspecteur d'éducation nationale sur les fleuves (Maroni et Oyapock), qui renforcera l'accompagnement pédagogique des enseignants en zone isolée, et la mise en place d'outils pédagogiques adaptés aux langues de Guyane (grammaires et dictionnaires). Je m'y engage, le Secrétariat d'Etat à l'outre-mer financera des projets de recherche pour servir l'action quotidienne des enseignants dans ce domaine.
- Enfin, en 2002, le nombre des médiateurs bilingues qui assistent les enseignants dans les classes dont les élèves ne maîtrisent pas ou peu le français, et dont l'action est reconnue par tous, sera doublé (ils sont actuellement une vingtaine). J'en profite pour vous rappeler que cette initiative exemplaire inspire les actions mises en place dans les zones d'éducation prioritaires en métropole.
- Dès la rentrée prochaine, et conformément aux souhaits des enseignants, le programme de formation continue de l'académie mettra l'accent sur l'apprentissage du français langue seconde, spécialité dans laquelle l'académie de la Guyane devient " pilote " pour l'ensemble du territoire.
- Enfin, pour mieux répondre aux besoins spécifiques de l'Ouest guyanais, une maison de l'éducation, installée à Saint-Laurent-du-Maroni, sera créée. Elle regroupera le services du CRDP, CIO (centre d'information et d'orientation), du CEFISEM et du GRETA et permettra un meilleur accueil des enseignants et des élèves.
J'ai pris la mesure, grâce à vous, à des rencontres locales et à des visites d'écoles (les écoles de Macouria, de Grand-Santi, du village saramaca) ici en Guyane, des besoins qui se font sentir sur le terrain. Aujourd'hui, en étroite collaboration avec Jack LANG, je vous apporte des réponses concrètes, à brève échéance, dont je suis certain qu'elles contribueront à donner un souffle nouveau à l'école de Guyane.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 27 juin 2001)
Vos remarques, vos réflexions me confirment dans ma conviction : il nous faut tout mettre en uvre pour que le système éducatif en Guyane puisse remplir sa fonction. La formation des jeunes, je le répète, est une condition nécessaire du développement économique et social durable.
L'effort de construction, d'équipement et d'encadrement dans lequel l'Etat s'est engagé en collaboration avec les collectivités territoriales, doit être poursuivi pour rattraper le retard de scolarisation, pour faire face aux pressions démographiques et pour relever le défi de l'éducation et de la formation, mais au delà des évolutions plus qualitatives sont aujourd'hui nécessaires. L'ouverture à tous des portes de l'école et l'allongement pour tous de la scolarité obligatoire, doivent être accompagnés d'une véritable démocratisation de la réussite scolaire en Guyane.
L'école en Guyane a certes encore du chemin à parcourir pour répondre pleinement aux attentes des familles et aux besoins des élèves. Les uns et les autres s'accordent pleinement avec le souhait des enseignants de réussir dans leur mission. Nul, ici, ne peut se dispenser d'un effort de dialogue, car il en va de la capacité à mettre effectivement en uvre cet idéal d'égalité des chances que porte la République. Le savoir est une arme et la dimension déterminante d'un développement collectif équitable et solidaire. Or trop de jeunes guyanais, malgré des performances en hausse, peinent encore à trouver un sens à l'effort scolaire et quittent l'école sans qualification. Beaucoup d'entre eux se sentent sans doute à tort écartelés entre des appartenances culturelles différentes. Il faut donc prendre lucidement la mesure de ce qui doit être amélioré, des inégalités et des discriminations à combattre, des appartenances collectives et des trajectoires singulières à respecter davantage.
Cela passe notamment par davantage de prise en compte par l'école de l'environnement, passé et présent de la Guyane. Nous connaissons tous de ces histoires qu'on se raconte où, hier et encore parfois aujourd'hui, on demande à des élèves qui ne connaissent pas cette saison une rédaction sur l'automne et ses feuilles rousses. Des manuels où la faune et la flore ne sont jamais celles qu'un enfant guyanais a pu croiser. Juliette Daniel qui a été institutrice à Grand Santi durant plusieurs années a porté un témoignage en ce sens, la semaine dernière au cours du séminaire " l'Ecole en outre-mer " organisé par le ministère de l'éducation nationale.
Nous savons les dégâts que, notamment dans les petites classes, peuvent faire des références à ce point ethnocentrées qu'elles sont totalement coupées de l'expérience et de la proximité des élèves, entravant ce passage du familier au plus lointain en quoi consiste pour partie le parcours éducatif. Des efforts d'adaptation ont été faits, dans les contenus d'enseignement et les supports pédagogiques, mais il reste encore à faire De même, d'ailleurs, qu'il reste à intégrer davantage de références aux outre-mers dans le bagage scolaire commun que nous transmettons aux écoliers de l'hexagone.
Il faut donner droit de cité dans l'école à des dimensions légitimes de l'expérience quotidienne des élèves, accepter comme plurielles les références culturelles et identitaires, en un mot, reconnaître ce métissage régional.
En Guyane, la question de la diversité linguistique se pose avec une acuité particulière. L'Ecole doit respecter cette diversité, reconnaître les identités, mais, avec constance, assurer à tous un " socle " commun qui permette à chacun de choisir son orientation professionnelle. Elle doit en tout état de cause éviter une approche trop figée du bilinguisme, et au contraire construire les apprentissages à partir des différentes connaissances linguistiques des élèves.
C'est un défi nouveau pour l'Ecole que de prendre en compte ces langues tout en assurant la maîtrise du français. La formation des enseignants et les outils pédagogiques doivent être adaptés à cet enjeu. Les récentes décisions de Jack Lang en faveur des langues régionales vont en ce sens.
Pour que l'Ecole en Guyane tienne la promesse faite à tous d'un partage équitable des savoirs, elle ne doit pas se réfugier dans l'uniformité. C'est une question politique, au sens le plus noble du terme. Et une question pédagogique car il en va aussi de l'efficacité scolaire.
J'ai une véritable ambition pour le système éducatif en Guyane. Jack Lang et moi-même avons travaillé depuis plusieurs mois sur des mesures qui sont, me semble-t-il, significatives : en faveur des constructions scolaires et donc de la scolarisation, en faveur de l'amélioration des conditions de vie en zones isolées, en faveur de l'enseignement.
Il nous faut, premièrement, amplifier l'effort de construction scolaire, afin que chaque jeune Guyanais puisse être scolarisé dans des conditions satisfaisantes. C'est un droit avec lequel nous ne saurions transiger. Nous avons conscience du fossé qui se creusera si nous ne mobilisons pas pour y répondre, l'énergie de tous et des moyens nouveaux.
Je veux donc évoquer avec vous un plan pour le renouveau de l'école en Guyane.
Comme vous le savez, et conformément aux engagements que j'avais pris en janvier, une mission interministérielle d'évaluation s'est rendue cette année en Guyane pour évaluer les besoins du département en matière de constructions scolaires sur la durée du contrat de plan, c'est-à-dire 2000-2006. Cette mission vient de nous rendre son rapport à Jack Lang et à moi-même. Celui-ci chiffre à 230 millions de francs les financements complémentaires nécessaires en sus des enveloppes d'ores et déjà retenues dans le contrat de plan (970 MF). D'ores et déjà, je peux vous affirmer que le Gouvernement veut en tirer toutes les conclusions utiles afin que l'éducation en Guyane bénéficie de tous les moyens nécessaires dans les années à venir, et qu'à cet effet, je propose aux partenaires locaux, la signature d'un avenant à l'actuel contrat de plan.
Ceci doit permettre, dans cette période, de doubler le nombre d'ouvertures de classes (de 30 autorisées par le plan, on passe à 60 créations par an) et construire trois collèges de plus que ceux initialement prévus (7).
Une mission permanente de pilotage de ces constructions, placée sous l'autorité du Préfet, permettra d'assurer la programmation, le suivi des travaux et l'assistance à maîtrise d'ouvrages des collectivités locales.
Nous le savons tous, les conditions climatiques rendent difficile la maintenance des bâtiments. Une équipe mobile veillera à l'entretien et à la réparation des locaux scolaires. Le Secrétariat à l'outre-mer la dotera de deux pirogues de service ; le rectorat recrutera des techniciens. Les rotations seront donc plus fréquentes : l'approvisionnement, le déplacement des personnes et le transport du matériel pédagogique en seront facilités.
Il nous faut, ensuite, améliorer les conditions de vie dans les zones isolées, pour tous en général, pour les enseignants en particulier.
- Ces zones ne doivent pas rester isolées. Le réseau téléphonique, c'est un impératif pour rompre l'isolement, doit être développé. D'ici 2003-2004, un réseau téléphonique hertzien desservira la vallée du Maroni. En attendant, pour répondre aux besoins immédiats, le Secrétariat d'Etat à l'outre-mer financera l'installation de cabines téléphoniques à liaison satellitaire dans tous les villages isolés, qui possèdent une école, et cela dès la rentrée prochaine. Deux millions de francs y seront consacrés. Des cartes téléphoniques prépayées seront attribuées aux enseignants par le rectorat.
- En ce qui concerne le développement et le renforcement du réseau électrique, je vous rappelle qu'un avenant au contrat de plan y consacre plus de 200 MF.
- Il faut également que les enseignants puissent être logés décemment. Le Secrétariat d'Etat à l'outre-mer mobilise des crédits pour développer les constructions sociales dans les zones isolées. Certains de ces logements pourront être, à titre exceptionnel, attribués aux enseignants. Parallèlement à cette mesure un vaste programme de réhabilitation des logements existants va être entrepris.
Il faut, enfin, recruter et former des enseignants pour la Guyane, car l'Etat ne saurait favoriser la création d'écoles et l'ouverture de classes, sans que les postes soient également créés et pourvus.
- A cette fin, les dispositions de décret du 22 juin 1998 fixant les modalités exceptionnelles de recrutement d'instituteurs, seront reconduites. Il sera alors possible de recruter, localement, des enseignants au niveau du DEUG ou du baccalauréat. Cette mesure qui a déjà bénéficié, dans le passé à plus d'une dizaine de départements français, est une garantie que les postes créés soient pourvus.
- Ces enseignants, nous devons veiller à les former. Un protocole de formation continue sera mis en place. En outre, conformément aux dispositions de la loi d'orientation, un IUFM de Guyane sera créé dès la rentrée prochaine. Cela permettra le développement de modules de formation parfaitement adaptés aux spécificités, notamment linguistiques, de la Guyane, un effort tout particulier sera conduit sur les pratiques innovantes.
- Nous devons également valoriser les outils et les innovations pédagogiques : par la création d'un Centre de Recherche et de Documentation Pédagogique (CRDP), en mobilisant le Conseil national de l'innovation pour la réussite scolaire sur les projets pédagogiques de Guyane, notamment ceux qui concernent la maîtrise de la langue. Par exemple un manuel " langage en fête " manuel d'apprentissage de la langue française en milieu plurilingue actuellement en cours de réalisation, ici en Guyane, sera distribué, dès la rentrée 2002, à l'ensemble des élèves du cours préparatoire.
- A cela s'ajoutent la création d'une nouvelle circonscription d'inspecteur d'éducation nationale sur les fleuves (Maroni et Oyapock), qui renforcera l'accompagnement pédagogique des enseignants en zone isolée, et la mise en place d'outils pédagogiques adaptés aux langues de Guyane (grammaires et dictionnaires). Je m'y engage, le Secrétariat d'Etat à l'outre-mer financera des projets de recherche pour servir l'action quotidienne des enseignants dans ce domaine.
- Enfin, en 2002, le nombre des médiateurs bilingues qui assistent les enseignants dans les classes dont les élèves ne maîtrisent pas ou peu le français, et dont l'action est reconnue par tous, sera doublé (ils sont actuellement une vingtaine). J'en profite pour vous rappeler que cette initiative exemplaire inspire les actions mises en place dans les zones d'éducation prioritaires en métropole.
- Dès la rentrée prochaine, et conformément aux souhaits des enseignants, le programme de formation continue de l'académie mettra l'accent sur l'apprentissage du français langue seconde, spécialité dans laquelle l'académie de la Guyane devient " pilote " pour l'ensemble du territoire.
- Enfin, pour mieux répondre aux besoins spécifiques de l'Ouest guyanais, une maison de l'éducation, installée à Saint-Laurent-du-Maroni, sera créée. Elle regroupera le services du CRDP, CIO (centre d'information et d'orientation), du CEFISEM et du GRETA et permettra un meilleur accueil des enseignants et des élèves.
J'ai pris la mesure, grâce à vous, à des rencontres locales et à des visites d'écoles (les écoles de Macouria, de Grand-Santi, du village saramaca) ici en Guyane, des besoins qui se font sentir sur le terrain. Aujourd'hui, en étroite collaboration avec Jack LANG, je vous apporte des réponses concrètes, à brève échéance, dont je suis certain qu'elles contribueront à donner un souffle nouveau à l'école de Guyane.
(source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 27 juin 2001)