Texte intégral
Je suis particulièrement heureuse de mexprimer devant vous aujourdhui à loccasion de la signature de cette première charte relative à la qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou malentendantes.
Par notre présence autour de cet engagement commun qui va être officialisé dans un instant, nous montrons à nouveau que laction collective en faveur de nos compatriotes handicapés ne doit avoir de cesse et quil nous appartient à tous de faire bouger les lignes.
Nous y étions parvenus en février 2005, lorsque le Parlement adoptait la loi pour légalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
Cette loi du 11 février 2005 pose le socle de la politique du handicap en France : cest le projet de vie, qui fait définitivement de la personne lacteur de sa vie. Cest la compensation, ce droit nouveau dans, qui est la garantie de légalité des chances. Cest la participation, qui rappelle que rien ne peut être décidé pour les personnes handicapées sans elles.
Et bien sûr, cest laccessibilité de tout pour tous, car cest le droit commun et la condition même du vivre ensemble.
1. La télévision occupe une place très importante dans la vie quotidienne de tous les Français. Laccessibilité aux programmes télévisés à nos compatriotes sourds ou malentendants simposait donc, en 2005, dans lélan collectif qua représenté le vote de la loi du 11 février.
Lobligation du sous titrage en fonction du taux daudience de la chaîne nous est apparu comme le meilleur moyen dengager le secteur de laudiovisuel dans cette voie. Notre approche était alors dordre quantitatif, car cétait leffet dimpulsion qui était recherché.
Quelle satisfaction de constater aujourdhui que ces objectifs quantitatifs sont largement atteints !
Les chaînes de France Télévisions, ainsi que TF, M6 et Canal + sont parvenues, comme la loi les y oblige, à offrir 100% de leur programmes sous-titrés, hors écrans publicitaires. La chaîne TMC, dont laudience a fortement augmenté ces dernières années, est tout proche de lobjectif.
Pour les chaînes hertziennes dont laudience est inférieure à 2,5%, lobjectif de 40% est atteint ou est en passe de lêtre dans les toutes prochaines semaines. Les chaînes nutilisant pas de fréquences assignées par le CSA sont dans la même situation, ce qui est très satisfaisant.
Ma satisfaction, je voudrais également lexprimer vis-à-vis du CSA, qui a proposé des solutions innovantes pour tenir compte des spécificités de certaines chaînes, chaînes dinformation, qui diffusent une proportion équilibrée de leurs journaux avec des sous-titres ou avec la traduction en langue des signes française. Je pense aussi aux chaînes pour enfants, qui mettent à lantenne des émissions sur la langue des signes française ou diffusent des programmes qui mettent en scène des personnages sourds ou malentendants.
Ces succès, nous les devons à un partenariat social et un mode de régulation fondé sur le dialogue, sous légide du CSA.
Cest parce que cet organe de régulation, chers Michel Boyon, cher Nicolas About, chère Christine Kelly, a su construire un partenariat solide, confiant et efficace avec les associations, les chaînes de télévision et les laboratoires de sous-titrage que ces progrès remarquables ont pu être réalisés.
Cest pour moi un exemple de ce nouveau partenariat social et institutionnel que nous devons construire.
2. Aujourdhui, mesdames et messieurs, nous avons encore progressé collectivement puisque nous nous apprêtons à signer ensemble une charte qui porte sur la qualité du sous titrage. Par la qualité, nous ancrons collectivement la participation des personnes sourdes, devenues sourdes, malentendantes, acouphéniques, au quotidien bien sûr, mais également dans la perspective déchéances démocratiques qui font appel à la citoyenneté de chacun.
Je me félicite que les 16 critères retenus permettent de prendre en compte toutes les situations de diffusion, quil sagisse des programmes diffusés en direct, dans les conditions du direct ou en différé, quil sagisse des fictions, des documentaires, des journaux télévisés, des jeux, des débats etc
Je suis heureuse que le consensus soit total autour du respect, dans le sous titrage, non seulement du sens du discours, mais également de limage, de sorte que celle-ci ne soit pas occultée par les sous-titres, ce qui dans le cas notamment des films de cinéma ou des fictions de télévision porterait préjudice à luvre elle-même.
Au delà du code couleur, selon que le personnage apparaisse ou non à lécran, quun narrateur extérieur à laction visible sexprime ou bien encore que des indications sonores ou musicales existent dans le programme, je me félicite tout particulièrement que la question des délais dapparition à lécran des sous-titres fasse partie des critères retenus.
En effet, alors que dimportantes échéances électorales vont avoir lieu en 2012, la question de laccessibilité à la campagne électorale et aux nombreux débats télévisés qui sinscriront dans ce cadre est particulièrement déterminante. Cest pour la responsable politique que je suis une des dispositions clé de cette charte. Son respect est une garantie essentielle de la citoyenneté des personnes sourdes ou malentendantes. Elle concourra à nen pas douter au vote véritablement éclairé de nos compatriotes déficients auditifs par la compréhension fine des projets qui seront exposés. Elle améliorera limplication dans les débats particulièrement importants pour lavenir de notre pays de plusieurs millions de personnes. Ce ne sont en effet pas moins de 6 millions de nos compatriotes qui connaissent des troubles de laudition. Pour toutes ces raisons, cette charte porte un véritable enjeu démocratique !
Il sagit là de la concrétisation dune attente forte exprimée de longue date par les associations représentatives des personnes sourdes ou malentendantes, au premier rang desquelles lUNISDA, cher Cédric Lorant. Je les remercie de leur implication forte, indispensable pour éclairer les pouvoirs publics et lensemble des acteurs sur leurs besoins. Je sais que cette implication est très exigeante pour tous ces représentants bénévoles, dautant que ce chantier na pas été le seul à conduire. Je pense évidemment au centre national de relais des appels durgence pour les personnes sourdes et malentendantes que jai inauguré il y à deux semaines à Grenoble
Je pense aussi à lexpérimentation de centres relais téléphoniques, pour lesquels un important travail est en cours avec mes services.
Je sais également que de belles initiatives existent : elles portent sur laccessibilité évènementielle déterminante alors que de nombreux meetings électoraux fleuriront sur notre territoire dans les prochains mois -, ce sont des projets de média éphémère pour permettre aux personnes sourdes ou malentendantes de suivre les campagnes électorales et les élections Ce « bouillonnement » didées, de projets et dinitiatives, je veux le saluer et lencourager devant vous tous, car je sais que les associations en sont partie prenantes et que comme souvent, ce sont elles qui nous montrent le chemin pour parvenir à ce vivre ensemble que jévoquais tout à lheure.
Mesdames et messieurs, au-delà de la signature de la charte qui nous réunit aujourdhui, nous faisons ainsi, en ce moment même, la démonstration que laccessibilité est une question de premier plan dans le débat public.
Cette place de premier plan, laccessibilité la mérite, car elle est la condition même du vivre ensemble, et dune société où chacun trouve sa juste place, dans lesprit dinclusion sociale portée par la loi du 11 février 2005.
Lorsquelle dépasse la seule question de laccessibilité physique pour prendre en compte tous les handicaps, lorsquelle vise de façon plus ambitieuse encore le confort dusage pour tous à travers le souci de la conception universelle, laccessibilité est véritablement, comme lenvironnement, un pilier du développement durable.
Vous le voyez, mesdames et messieurs, quand les partenariats sengagent, quand tout un secteur, les associations, les pouvoirs publics travaillent ensemble, nous parvenons à bâtir des solutions contemporaines pour nos compatriotes, avec comme seule préoccupation la qualité du service rendu et laccès pour tous aux services de droit commun.
Cet objectif est atteint grâce à la charte que nous allons maintenant signer, et je men réjouis pleinement. Félicitations à tous.
Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 27 décembre 2011