Texte intégral
Mesdames et Messieurs, mes chers compatriotes, je voudrais vous dire le très, très grand plaisir que jai, avec la délégation imposante qui maccompagne Henri de Raincourt, Eric Besson, David Douillet.
Une délégation de sénateurs et de députés qui est une des plus importantes que je nai jamais emmenée en voyage, ce qui montre à quel point le Brésil attire nos parlementaires, comme les industriels et les entreprises qui sont aussi nombreuses ici, dans la salle.
Je voudrais remercier Monsieur lambassadeur qui a organisé cette visite de main de maître et qui, ce soir, a organisé cette réception qui nous permet de nous rencontrer quelques instants, pour que je vous dise simplement la gratitude qui est la mienne au nom du gouvernement français pour le travail que vous faites ici au Brésil. Il y a 30.000 Français qui vivent au Brésil, comme vous le savez, il y en a près de 8.000 à Rio et cest vous qui incarnez limage de notre pays.
En Europe, on parle beaucoup de la mondialisation en évoquant les risques de ce phénomène pourtant historique, ici on en mesure les bienfaits et on en exploite tous les potentiels. Cest ce Brésil innovant et conquérant que je suis venu saluer, cest aussi ce Brésil responsable appelé à un grand destin où je suis venu parler des défis internationaux quil nous faut relever ensemble : le défi de la régulation mondiale, le défi de la croissance, le défi du développement durable. Sur tous ces sujets, la France compte et mise sur limplication du Brésil, parce que pour nous aucun des grands enjeux mondiaux ne peut être réglé sans le Brésil et encore moins contre le Brésil.
Voilà pourquoi, vous le savez, notre pays plaide pour que le Brésil trouve sa juste place dans larchitecture internationale du 21e siècle. Ça vaut pour le G20, ça vaut pour le Fonds monétaire international où nous avons obtenu une réforme de son organisation qui donne plus de place aux pays émergents et notamment au Brésil, ça vaut aussi pour le Conseil de sécurité. Nous nous battons, avec le président de la République, depuis maintenant près de 4 ans et demi pour la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, pour que le Brésil, lAllemagne, le Japon, lInde et un grand pays africain deviennent membres permanents de ce Conseil de sécurité.
La relation bilatérale qui lie la France et le Brésil est très forte, et je suis venu dire à la présidente Rousseff que la France veut aller au bout du partenariat stratégique qui a été noué entre le président Sarkozy et le président Lula en décembre 2008. Il y a un peu plus de 500 entreprises françaises au Brésil, dont le quart des entreprises du CAC 40 mais aussi beaucoup de PME, des PME très dynamiques dont je souhaite que le nombre puisse saccroître.
Notre engagement est considérable, vous le savez, dans le domaine de la coopération militaire, dans lindustrie de défense, dans le domaine universitaire, dans le domaine spatial, dans le domaine de lénergie (et je ne vais pas tous les énumérer) ; mais il lest aussi dans le champ social avec lamélioration des quartiers défavorisés, avec la mise en place de solutions urbaines innovantes comme le téléphérique de conception française que jaurai loccasion de visiter demain matin. Et cette action sociale est relayée par des organisations non-gouvernementales comme celle fondée par le sportif RAI si lié à notre pays.
Il résulte de tout cela un climat stimulant, un climat général doptimisme que lorganisation prochaine des grands événements sportifs de 2014 et surtout de 2016 ne fait que renforcer et cest évidemment une des raisons principales de la présence de David Douillet à mes côtés, David qui va dailleurs rester après que je sois reparti pour Paris, pour supporter nos équipes. Au milieu de la crise européenne que la France traverse, comme les autres pays de lUnion, notre présence au Brésil cest un gage de confiance dans lavenir. Cest une présence qui nous ouvre des horizons, qui nous lance des défis malgré les épreuves que nous rencontrons et même peut-être à cause des épreuves que nous rencontrons, la France ne doit pas se replier sur elle-même, elle ne doit pas senfermer, elle doit au contraire se projeter vers les nouveaux espaces de croissance.
LUnion européenne vit lune des périodes les plus difficiles de son existence, cest certainement la crise la plus importante la crise que nous traversons, la crise la plus grave depuis la création de cette Union européenne, puisque cest une crise qui est venue introduire un doute sur lexistence même du projet politique dunification du continent européen. Nous avons depuis 2008 subi trois chocs, dabord la crise financière, le choc sur les banques ; puis ensuite le choc sur la monnaie européenne, sur leuro ; et maintenant au fond le choc sur lEurope elle-même, sur son mode de gouvernance, sur sa solidarité, sur son existence. En réalité, je crois que ces trois chocs révèlent une seule et même crise, qui est une crise de civilisation et qui est plus précisément la crise de la vieille civilisation européenne qui est prise de court par la mondialisation.
Si les investisseurs sont sceptiques à légard de lUnion européenne, cest parce quils ressentent à tort ou à raison sa faiblesse politique, cest parce quils voient que lécart entre ce que nous produisons et ce que nous dépensons nest plus tenable, cest parce quils voient quailleurs le monde avance à toute allure quand nous, nous avons tellement de mal à convaincre de la nécessité des réformes. Bref ! Il y a dans leur jugement, dans le jugement des marchés un doute sur notre capacité à demeurer lun des principaux acteurs du 21e siècle.
Alors face à ce doute, il y a deux attitudes possibles, ou bien on se laisse aller, on se dispute sur laccessoire et alors, cest sans doute immanquablement le déclin de notre continent qui est inscrit dans les faits. Soit lEurope réagit et elle fait de cette crise une opportunité pour se relancer et pour se refonder. Cest exactement ce que le président Sarkozy, la Chancelière Merkel, les chefs dEtat et de gouvernement européens ont fait le 9 décembre dernier, lors du Conseil européen.
Quest-ce qui était en jeu lors de ce Conseil ? Quelque chose au fond de très simple et en même temps de décisif, il fallait démontrer que lEurope cest beaucoup plus quune monnaie, cest beaucoup plus quun espace commercial, cest beaucoup plus que des règles politiques et administratives de vivre ensemble, cest un projet politique. Et qui dit projet politique dit plus dintégration, et qui dit plus dintégration dit plus de responsabilités politiques. Et justement, le couple franco-allemand a dans cette crise pris ses responsabilités. Il la fait dans lurgence, il a tracé la voie dun sursaut collectif. Je voudrais dire devant vous que la détermination et lexpérience du président de la République française, la solidité de la Chancelière allemande ont eu raison de la difficulté quil y avait à entraîner 27 nations aux intérêts parfois distincts dont les visions sur lEurope et sur son fonctionnement sont parfois très éloignées.
La France et lAllemagne ont proposé à leurs partenaires détablir un nouveau traité pour les 17 membres de la zone euro, ouvert à tous les autres Etats membres qui souhaiteraient les rejoindre. Cest un traité qui va remettre de la politique au cur du fonctionnement de lEurope en créant un véritable gouvernement européen. Ça fait 4 ans et demi que la France réclame la création dun gouvernement économique européen pour piloter la zone euro. Il a fallu la crise et la gravité de cette crise pour que, finalement, nos partenaires acceptent de mettre en place ce Gouvernement.
Et par ce Gouvernement, cest un traité qui enclenche une harmonisation progressive de toutes nos politiques économiques, de toutes nos politiques fiscales et de toutes nos politiques sociales. Cest un traité qui met en place une discipline budgétaire, qui sera collectivement surveillée et qui sera immédiatement sanctionnée en cas de dérapage dun Etat. Cest un traité qui instaure un véritable Fonds monétaire européen, destiné à venir en aide aux pays qui nauraient pas un accès suffisant au marché pour financer leur dette. Pour tout dire, ce traité donne à lEurope des instruments pour affirmer son unité et donc pour affirmer sa puissance.
Je suis venu dire aux responsables brésiliens et cela a occupé évidemment une grande partie de mon entretien hier avec la présidente Rousseff de ne pas douter de lEurope, de ne pas douter non plus au-delà de la crise actuelle de la capacité économique, de la capacité scientifique, de la capacité culturelle, de la capacité en matière déducation du vieux continent européen.
Face à cette crise des dettes souveraines, lEurope est en première ligne, mais en même temps à lintérieur de cette Europe, chaque nation est face à ses propres responsabilités. Et la nôtre naturellement est appelée à un sursaut et je suis venu aussi vous dire à vous qui gardez (jimagine) un il attentif et plus quattentif sur ce qui se passe dans votre pays, que la France fera son devoir. Nous avons avec le président de la République, avec le Gouvernement, préparé un budget 2012 dont jai lhabitude de dire quil est le plus rigoureux depuis 1945. Quand je dis ça, on me regarde en se disant "le Premier ministre a la tête qui gonfle", cest pourtant la première fois depuis 1945 que les dépenses de lEtat vont baisser. Certains me disent quelles ne vont pas suffisamment baisser, ils ont raison, mais si elles nont jamais baissé depuis 1945 cest que ça ne devait pas être facile de les faire baisser.
Cest la première fois que la masse salariale de lEtat va diminuer, nous avons inscrit nos choix dans la lignée de la modernisation qui a été conduite par le Gouvernement et par la majorité depuis 2007. Au fond ce que nous avons essayé de faire avant les crises, pendant les crises et aujourdhui, cest plus de compétitivité, plus dinnovation, moins de dépense publique. Nous avons réformé notre Etat, nous avons supprimé 150.000 postes de fonctionnaires depuis 2007, cest 7 % des effectifs de la fonction publique dEtat. Ce nest pas une décision qui a été facile à prendre, cest une décision qui naturellement peut susciter des inquiétudes ou des critiques, mais cest une décision qui est absolument indispensable pour réduire la dépense publique. Et personne dailleurs, quels que soient les engagements pris ici ou là, ne remettra fondamentalement en cause cet effort de réduction du nombre des emplois publics dans notre pays. Nous sommes le pays en Europe qui a le record de la dépense publique et qui est lun de ceux qui a le record qui est dans les premiers en matière de prélèvements obligatoires. Il ny a donc pratiquement pas de marge sur laugmentation de la fiscalité, la seule marge pour réduire le déficit cest la réduction de la dépense. Et la réduction de la dépense publique passe forcément par la réduction du nombre des emplois publics.
Nous avons refondu la carte judiciaire qui ne lavait pas été pratiquement depuis la première moitié du 20ème siècle. Nous avons modifié la carte militaire, dont lorganisation était marquée par des choix qui prévalaient au moment de la guerre froide et quil fallait bien prendre en compte. Nous avons mis en uvre une réforme des collectivités territoriales pour fédérer les échelons départementaux et régionaux. Et puis nous avons fait une importante réforme des retraites pour prendre en compte les évolutions de notre démographie. Enfin, nous avons desserré létau des 35 h en favorisant le recours aux heures supplémentaires pour revaloriser la notion de travail. Aucune de ces réformes na été facile, mais je vous demande de vous interroger sur la question de savoir au fond, dans quelle situation nous serions si nous navions pas mené ces réformes, dans quelle situation nous serions aujourdhui.
Les Français, à juste titre, nous jugent avec les yeux du présent, mais jaimerais les convaincre que la préparation de lavenir fut toujours notre priorité. La réforme des universités, cest un processus qui va rénover en profondeur notre système denseignement supérieur et de recherche. Dans 5 ans, le paysage de luniversité française ne sera plus le même quavant. Nos universités, nos laboratoires, nos entreprises travailleront ensemble et elles le feront avec des moyens supplémentaires que malgré la crise, nous leur avons préservés. Vous savez que nous avons décidé de consacrer 35 milliards deuros à ce que nous avons appelé "les investissements davenir", pour venir soutenir tous les secteurs de la recherche, tous les secteurs de lindustrie qui sont porteurs des emplois de demain. Au fond, de la même façon que le général de Gaulle et Georges Pompidou avaient lancé presque en même temps le Train à Grande Vitesse, laventure spatiale dabord française puis européenne et la création dAIRBUS, eh bien ! De la même façon nous voulons aujourdhui, avec ces 35 milliards dinvestissement davenir, stimuler les initiatives dans les secteurs qui seront les TGV, les AIRBUS, les centrales nucléaires, lindustrie spatiale de demain.
Vous voyez que rien nest plus faux et rien nest plus injuste que de présenter la France comme engourdie, comme baissant les bras. La France, elle est à linitiative chez elle en conduisant des réformes, et elle est aussi à linitiative sur la scène européenne et sur la scène internationale. Lannée 2011 a été particulièrement riche en événements, dans lesquels la France a assumé un rôle qui honore les valeurs qui sont les nôtres. Nos forces armées sont intervenues pour faire en sorte que le choix démocratique des Ivoiriens soit pleinement respecté. Et je pense que cette intervention, non seulement a permis de faire triompher la démocratie dans un pays africain, mais elle servira dexemple, de référence. Et je suis convaincu quelle participera à ce grand mouvement qui est en cours au Sud de la méditerranée et qui doit conduire à la mise en place de régimes plus démocratiques. Notre pays a été à linitiative en Libye où il a permis déviter une tragédie. En pilotant le sommet du G20, la France sest montrée une puissance dinfluence et une puissance de propositions. Dans cette enceinte, nous avons fait entendre la voix dun pays qui cherche inlassablement à redessiner les contours de la mondialisation.
Voilà mes chers compatriotes la France en action dont je voulais vous parler. En lespace de 5 ans évidemment, nous sommes loin davoir tout réglé, nous sommes loin davoir tout changé, nous sommes loin davoir tout réussi dautant que nous navions pas prévu que nous serions confrontés à des crises dune telle violence, nous avons agi dans les pires conditions économiques qui soient. Mais je veux dire que malgré les vents contraires, nous avons inlassablement réformé là où bien dautres Gouvernements auraient mis le pied sur le frein, et en cela, jestime que nous avons fait notre devoir. Et je demande aux Français, à quelques mois des élections, de faire le tri entre ceux qui parlent vrai et ceux qui les illusionnent, entre ceux qui agissent et ceux qui excellent dans la critique.
Le monde nest pas en train de changer, comme on a si souvent lhabitude de le dire, il a changé, et dune certaine façon nos vieux pays européens ont mis un peu de temps à sen rendre compte. Aujourdhui notre nation doit regrouper ses forces, pour protéger le meilleur de son héritage et pour rompre avec ses handicaps. La France repliée sur elle-même, ça nest pas la France que nous aimons. Je voudrais vous dire que je suis fier de vous voir contribuer ici, au Brésil, au rayonnement de notre pays. Vous nêtes pas les spectateurs dun monde en pleine transformation puisquici au Brésil, chacun à sa mesure est dans laction. Chacun de vous incarne une part de notre culture, une part de nos espérances et pour cela, je voulais encore une fois vous encourager et vous remercier.
Vive la France, vive lamitié franco-brésilienne et vive la République.
Source http://www.gouvernement.fr, le 26 décembre 2011
Une délégation de sénateurs et de députés qui est une des plus importantes que je nai jamais emmenée en voyage, ce qui montre à quel point le Brésil attire nos parlementaires, comme les industriels et les entreprises qui sont aussi nombreuses ici, dans la salle.
Je voudrais remercier Monsieur lambassadeur qui a organisé cette visite de main de maître et qui, ce soir, a organisé cette réception qui nous permet de nous rencontrer quelques instants, pour que je vous dise simplement la gratitude qui est la mienne au nom du gouvernement français pour le travail que vous faites ici au Brésil. Il y a 30.000 Français qui vivent au Brésil, comme vous le savez, il y en a près de 8.000 à Rio et cest vous qui incarnez limage de notre pays.
En Europe, on parle beaucoup de la mondialisation en évoquant les risques de ce phénomène pourtant historique, ici on en mesure les bienfaits et on en exploite tous les potentiels. Cest ce Brésil innovant et conquérant que je suis venu saluer, cest aussi ce Brésil responsable appelé à un grand destin où je suis venu parler des défis internationaux quil nous faut relever ensemble : le défi de la régulation mondiale, le défi de la croissance, le défi du développement durable. Sur tous ces sujets, la France compte et mise sur limplication du Brésil, parce que pour nous aucun des grands enjeux mondiaux ne peut être réglé sans le Brésil et encore moins contre le Brésil.
Voilà pourquoi, vous le savez, notre pays plaide pour que le Brésil trouve sa juste place dans larchitecture internationale du 21e siècle. Ça vaut pour le G20, ça vaut pour le Fonds monétaire international où nous avons obtenu une réforme de son organisation qui donne plus de place aux pays émergents et notamment au Brésil, ça vaut aussi pour le Conseil de sécurité. Nous nous battons, avec le président de la République, depuis maintenant près de 4 ans et demi pour la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, pour que le Brésil, lAllemagne, le Japon, lInde et un grand pays africain deviennent membres permanents de ce Conseil de sécurité.
La relation bilatérale qui lie la France et le Brésil est très forte, et je suis venu dire à la présidente Rousseff que la France veut aller au bout du partenariat stratégique qui a été noué entre le président Sarkozy et le président Lula en décembre 2008. Il y a un peu plus de 500 entreprises françaises au Brésil, dont le quart des entreprises du CAC 40 mais aussi beaucoup de PME, des PME très dynamiques dont je souhaite que le nombre puisse saccroître.
Notre engagement est considérable, vous le savez, dans le domaine de la coopération militaire, dans lindustrie de défense, dans le domaine universitaire, dans le domaine spatial, dans le domaine de lénergie (et je ne vais pas tous les énumérer) ; mais il lest aussi dans le champ social avec lamélioration des quartiers défavorisés, avec la mise en place de solutions urbaines innovantes comme le téléphérique de conception française que jaurai loccasion de visiter demain matin. Et cette action sociale est relayée par des organisations non-gouvernementales comme celle fondée par le sportif RAI si lié à notre pays.
Il résulte de tout cela un climat stimulant, un climat général doptimisme que lorganisation prochaine des grands événements sportifs de 2014 et surtout de 2016 ne fait que renforcer et cest évidemment une des raisons principales de la présence de David Douillet à mes côtés, David qui va dailleurs rester après que je sois reparti pour Paris, pour supporter nos équipes. Au milieu de la crise européenne que la France traverse, comme les autres pays de lUnion, notre présence au Brésil cest un gage de confiance dans lavenir. Cest une présence qui nous ouvre des horizons, qui nous lance des défis malgré les épreuves que nous rencontrons et même peut-être à cause des épreuves que nous rencontrons, la France ne doit pas se replier sur elle-même, elle ne doit pas senfermer, elle doit au contraire se projeter vers les nouveaux espaces de croissance.
LUnion européenne vit lune des périodes les plus difficiles de son existence, cest certainement la crise la plus importante la crise que nous traversons, la crise la plus grave depuis la création de cette Union européenne, puisque cest une crise qui est venue introduire un doute sur lexistence même du projet politique dunification du continent européen. Nous avons depuis 2008 subi trois chocs, dabord la crise financière, le choc sur les banques ; puis ensuite le choc sur la monnaie européenne, sur leuro ; et maintenant au fond le choc sur lEurope elle-même, sur son mode de gouvernance, sur sa solidarité, sur son existence. En réalité, je crois que ces trois chocs révèlent une seule et même crise, qui est une crise de civilisation et qui est plus précisément la crise de la vieille civilisation européenne qui est prise de court par la mondialisation.
Si les investisseurs sont sceptiques à légard de lUnion européenne, cest parce quils ressentent à tort ou à raison sa faiblesse politique, cest parce quils voient que lécart entre ce que nous produisons et ce que nous dépensons nest plus tenable, cest parce quils voient quailleurs le monde avance à toute allure quand nous, nous avons tellement de mal à convaincre de la nécessité des réformes. Bref ! Il y a dans leur jugement, dans le jugement des marchés un doute sur notre capacité à demeurer lun des principaux acteurs du 21e siècle.
Alors face à ce doute, il y a deux attitudes possibles, ou bien on se laisse aller, on se dispute sur laccessoire et alors, cest sans doute immanquablement le déclin de notre continent qui est inscrit dans les faits. Soit lEurope réagit et elle fait de cette crise une opportunité pour se relancer et pour se refonder. Cest exactement ce que le président Sarkozy, la Chancelière Merkel, les chefs dEtat et de gouvernement européens ont fait le 9 décembre dernier, lors du Conseil européen.
Quest-ce qui était en jeu lors de ce Conseil ? Quelque chose au fond de très simple et en même temps de décisif, il fallait démontrer que lEurope cest beaucoup plus quune monnaie, cest beaucoup plus quun espace commercial, cest beaucoup plus que des règles politiques et administratives de vivre ensemble, cest un projet politique. Et qui dit projet politique dit plus dintégration, et qui dit plus dintégration dit plus de responsabilités politiques. Et justement, le couple franco-allemand a dans cette crise pris ses responsabilités. Il la fait dans lurgence, il a tracé la voie dun sursaut collectif. Je voudrais dire devant vous que la détermination et lexpérience du président de la République française, la solidité de la Chancelière allemande ont eu raison de la difficulté quil y avait à entraîner 27 nations aux intérêts parfois distincts dont les visions sur lEurope et sur son fonctionnement sont parfois très éloignées.
La France et lAllemagne ont proposé à leurs partenaires détablir un nouveau traité pour les 17 membres de la zone euro, ouvert à tous les autres Etats membres qui souhaiteraient les rejoindre. Cest un traité qui va remettre de la politique au cur du fonctionnement de lEurope en créant un véritable gouvernement européen. Ça fait 4 ans et demi que la France réclame la création dun gouvernement économique européen pour piloter la zone euro. Il a fallu la crise et la gravité de cette crise pour que, finalement, nos partenaires acceptent de mettre en place ce Gouvernement.
Et par ce Gouvernement, cest un traité qui enclenche une harmonisation progressive de toutes nos politiques économiques, de toutes nos politiques fiscales et de toutes nos politiques sociales. Cest un traité qui met en place une discipline budgétaire, qui sera collectivement surveillée et qui sera immédiatement sanctionnée en cas de dérapage dun Etat. Cest un traité qui instaure un véritable Fonds monétaire européen, destiné à venir en aide aux pays qui nauraient pas un accès suffisant au marché pour financer leur dette. Pour tout dire, ce traité donne à lEurope des instruments pour affirmer son unité et donc pour affirmer sa puissance.
Je suis venu dire aux responsables brésiliens et cela a occupé évidemment une grande partie de mon entretien hier avec la présidente Rousseff de ne pas douter de lEurope, de ne pas douter non plus au-delà de la crise actuelle de la capacité économique, de la capacité scientifique, de la capacité culturelle, de la capacité en matière déducation du vieux continent européen.
Face à cette crise des dettes souveraines, lEurope est en première ligne, mais en même temps à lintérieur de cette Europe, chaque nation est face à ses propres responsabilités. Et la nôtre naturellement est appelée à un sursaut et je suis venu aussi vous dire à vous qui gardez (jimagine) un il attentif et plus quattentif sur ce qui se passe dans votre pays, que la France fera son devoir. Nous avons avec le président de la République, avec le Gouvernement, préparé un budget 2012 dont jai lhabitude de dire quil est le plus rigoureux depuis 1945. Quand je dis ça, on me regarde en se disant "le Premier ministre a la tête qui gonfle", cest pourtant la première fois depuis 1945 que les dépenses de lEtat vont baisser. Certains me disent quelles ne vont pas suffisamment baisser, ils ont raison, mais si elles nont jamais baissé depuis 1945 cest que ça ne devait pas être facile de les faire baisser.
Cest la première fois que la masse salariale de lEtat va diminuer, nous avons inscrit nos choix dans la lignée de la modernisation qui a été conduite par le Gouvernement et par la majorité depuis 2007. Au fond ce que nous avons essayé de faire avant les crises, pendant les crises et aujourdhui, cest plus de compétitivité, plus dinnovation, moins de dépense publique. Nous avons réformé notre Etat, nous avons supprimé 150.000 postes de fonctionnaires depuis 2007, cest 7 % des effectifs de la fonction publique dEtat. Ce nest pas une décision qui a été facile à prendre, cest une décision qui naturellement peut susciter des inquiétudes ou des critiques, mais cest une décision qui est absolument indispensable pour réduire la dépense publique. Et personne dailleurs, quels que soient les engagements pris ici ou là, ne remettra fondamentalement en cause cet effort de réduction du nombre des emplois publics dans notre pays. Nous sommes le pays en Europe qui a le record de la dépense publique et qui est lun de ceux qui a le record qui est dans les premiers en matière de prélèvements obligatoires. Il ny a donc pratiquement pas de marge sur laugmentation de la fiscalité, la seule marge pour réduire le déficit cest la réduction de la dépense. Et la réduction de la dépense publique passe forcément par la réduction du nombre des emplois publics.
Nous avons refondu la carte judiciaire qui ne lavait pas été pratiquement depuis la première moitié du 20ème siècle. Nous avons modifié la carte militaire, dont lorganisation était marquée par des choix qui prévalaient au moment de la guerre froide et quil fallait bien prendre en compte. Nous avons mis en uvre une réforme des collectivités territoriales pour fédérer les échelons départementaux et régionaux. Et puis nous avons fait une importante réforme des retraites pour prendre en compte les évolutions de notre démographie. Enfin, nous avons desserré létau des 35 h en favorisant le recours aux heures supplémentaires pour revaloriser la notion de travail. Aucune de ces réformes na été facile, mais je vous demande de vous interroger sur la question de savoir au fond, dans quelle situation nous serions si nous navions pas mené ces réformes, dans quelle situation nous serions aujourdhui.
Les Français, à juste titre, nous jugent avec les yeux du présent, mais jaimerais les convaincre que la préparation de lavenir fut toujours notre priorité. La réforme des universités, cest un processus qui va rénover en profondeur notre système denseignement supérieur et de recherche. Dans 5 ans, le paysage de luniversité française ne sera plus le même quavant. Nos universités, nos laboratoires, nos entreprises travailleront ensemble et elles le feront avec des moyens supplémentaires que malgré la crise, nous leur avons préservés. Vous savez que nous avons décidé de consacrer 35 milliards deuros à ce que nous avons appelé "les investissements davenir", pour venir soutenir tous les secteurs de la recherche, tous les secteurs de lindustrie qui sont porteurs des emplois de demain. Au fond, de la même façon que le général de Gaulle et Georges Pompidou avaient lancé presque en même temps le Train à Grande Vitesse, laventure spatiale dabord française puis européenne et la création dAIRBUS, eh bien ! De la même façon nous voulons aujourdhui, avec ces 35 milliards dinvestissement davenir, stimuler les initiatives dans les secteurs qui seront les TGV, les AIRBUS, les centrales nucléaires, lindustrie spatiale de demain.
Vous voyez que rien nest plus faux et rien nest plus injuste que de présenter la France comme engourdie, comme baissant les bras. La France, elle est à linitiative chez elle en conduisant des réformes, et elle est aussi à linitiative sur la scène européenne et sur la scène internationale. Lannée 2011 a été particulièrement riche en événements, dans lesquels la France a assumé un rôle qui honore les valeurs qui sont les nôtres. Nos forces armées sont intervenues pour faire en sorte que le choix démocratique des Ivoiriens soit pleinement respecté. Et je pense que cette intervention, non seulement a permis de faire triompher la démocratie dans un pays africain, mais elle servira dexemple, de référence. Et je suis convaincu quelle participera à ce grand mouvement qui est en cours au Sud de la méditerranée et qui doit conduire à la mise en place de régimes plus démocratiques. Notre pays a été à linitiative en Libye où il a permis déviter une tragédie. En pilotant le sommet du G20, la France sest montrée une puissance dinfluence et une puissance de propositions. Dans cette enceinte, nous avons fait entendre la voix dun pays qui cherche inlassablement à redessiner les contours de la mondialisation.
Voilà mes chers compatriotes la France en action dont je voulais vous parler. En lespace de 5 ans évidemment, nous sommes loin davoir tout réglé, nous sommes loin davoir tout changé, nous sommes loin davoir tout réussi dautant que nous navions pas prévu que nous serions confrontés à des crises dune telle violence, nous avons agi dans les pires conditions économiques qui soient. Mais je veux dire que malgré les vents contraires, nous avons inlassablement réformé là où bien dautres Gouvernements auraient mis le pied sur le frein, et en cela, jestime que nous avons fait notre devoir. Et je demande aux Français, à quelques mois des élections, de faire le tri entre ceux qui parlent vrai et ceux qui les illusionnent, entre ceux qui agissent et ceux qui excellent dans la critique.
Le monde nest pas en train de changer, comme on a si souvent lhabitude de le dire, il a changé, et dune certaine façon nos vieux pays européens ont mis un peu de temps à sen rendre compte. Aujourdhui notre nation doit regrouper ses forces, pour protéger le meilleur de son héritage et pour rompre avec ses handicaps. La France repliée sur elle-même, ça nest pas la France que nous aimons. Je voudrais vous dire que je suis fier de vous voir contribuer ici, au Brésil, au rayonnement de notre pays. Vous nêtes pas les spectateurs dun monde en pleine transformation puisquici au Brésil, chacun à sa mesure est dans laction. Chacun de vous incarne une part de notre culture, une part de nos espérances et pour cela, je voulais encore une fois vous encourager et vous remercier.
Vive la France, vive lamitié franco-brésilienne et vive la République.
Source http://www.gouvernement.fr, le 26 décembre 2011