Texte intégral
Q - LÉtat va aider SeaFrance, mais de façon un petit peu déguisée, et normalement ça ne plait pas beaucoup à Bruxelles. Pourquoi est-ce que cette fois ça passerait ?
R - Parce que ce nest pas une aide dÉtat.
Q - Ah bon ?
R - LÉtat ne cherche pas à déguiser son aide. Bruxelles interdit, et cest logique, quil y ait de la concurrence déloyale en faisant que les États aident des entreprises.
Q - Il passe par la SNCF.
R - On est dans un système dans lequel la SNCF va donner des indemnités de licenciement, ce qui me parait à peu près normal dans toutes les entreprises. Ces indemnités de licenciement peuvent servir à renflouer lentreprise. Laide de lÉtat na pas marché. On a ensuite essayé des repreneurs privés, ça na pas marché. Malgré cela, on ne baisse pas les bras, le gouvernement a décidé que lemploi est la priorité et on continuera donc à aider surtout les salariés qui veulent garder leur travail et qui veulent sauver leur entreprise.
Q - Mais, in fine, ça reste de largent public, pour aller aider lentreprise et ça, normalement, Bruxelles nest pas forcément daccord. Est-ce que, selon des retours que vous avez eus, Bruxelles dit : «Cette procédure-là ça nous convient» ?
R - Nous navons pas encore eu de retour de Bruxelles.
Q - Vous navez aucune inquiétude ?
R - Non, je nai pas dinquiétude. Lorsque vous avez une indemnité parce que vous êtes licencié, vous en faites ce que vous voulez. Si les salariés de SeaFrance veulent sauver lentreprise, le gouvernement les aidera à le faire.
Q - Mais ici, lindemnité elle va être multipliée par trois ou quatre, grâce à lÉtat, cest ça la différence. Vous savez que P&O va porter plainte
R - On est déjà devant la Cour de Luxembourg parce que nous avons estimé que laide de la SNCF nétait pas une aide de lÉtat. Nous sommes donc dans une procédure, mais lurgence cest daider les salariés à sortir leur entreprise de la liquidation judiciaire.
Q - Même si vous savez très bien que la plupart dentre eux vont prendre leur argent, leur indemnité surévaluée, si lon peut dire, et ne pas mettre largent dans lentreprise.
R - Je nen suis pas sûr, parce que cest eux qui ont créé la fameuse Société de coopération ouvrière qui peut reprendre lentreprise. Donc, ils ont pris une initiative, ils ont pris une responsabilité. Le gouvernement est à leurs côtés pour les aider à aller au bout de leur problème et au bout de leur projet.
Q - La TVA sociale
R - Je crois que lon a mal expliqué ce quétait la TVA sociale. Vous le savez, le coût du travail en France est trop élevé. Lorsque vous avez un salaire de 100, en Allemagne vous payez 39 de charges sociales, en France vous en payez 50. Donc, il est normal de penser que les charges sociales, elles doivent être portées par nos importations. Et donc, si on diminue le coût du travail en France, les charges sociales, et que lon augmente la TVA, cest un coût nul pour le produit, cest des salaires meilleurs pour nos employés, cest une compétitivité meilleure pour nos entreprises, et en fait...
Q - Autre impôt, autre taxation dont on parle beaucoup, cest la taxe sur les transactions financières. Or, il faut évidemment que ça se passe au niveau européen. Est-ce que vous discutez actuellement avec vos partenaires européens pour la mettre en place, et si oui, quand ?
R - Sur ce plan, il y a déjà lAllemagne et la France qui sont daccord. Jai cru comprendre que le nouveau gouvernement italien, avec lequel on a pris contact, ny était pas opposé. Finalement, lensemble des pays qui ont signé laccord - tous les pays sauf le Royaume-Uni - ne sont pas opposés à cette idée, sauf la Suède qui a eu une mauvaise expérimentation dans ce domaine. On la mettra en place si on a suffisamment despace économique et despace politique au niveau européen.
Q - Ce sera au programme du sommet du 30 janvier ?
R - Cétait déjà au programme du G20 ; cest au programme du prochain sommet européen.
Q - Mais il y a un moment où il va falloir que ça devienne une réalité, alors, quand ?
R - Cest toujours lent dans les démocraties.
Q - Là, cest très lent quand même.
R - On accuse lUnion européenne daller trop vite, quand Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se réunissent et prennent des décisions ; on dit : «Mais quest-ce quils font ? Pourquoi ne demandent-ils pas à tous les peuples leur avis ?». Et puis, quand on demande - ce qui est logique dans une démocratie - aux peuples leur avis, à ce moment-là, on dit : «cest bien lent». Je vous dis que la taxation de transactions financières cest Nicolas Sarkozy et Angela Merkel qui lont décidée et ça se mettra en place avant la fin de lannée.
Q - Avant la fin de lannée ! Mais vous savez quil y a une élection présidentielle entre les deux. Donc sil nest pas réélu, ça risque de poser problème, quand même
R - Jai à peu près compris que ce nétait pas un sujet de clivages entre la droite et la gauche.
Q - Donc, avant la fin de lannée, cette taxe entrera en vigueur. Et la réforme du traité sur les institutions européennes, elle entrera quand en vigueur, elle ?
R - La réforme du traité est prévue dêtre signée en mars. Il y a un calendrier avec une décision le 20 janvier, et le sommet européen du 30 janvier au cours duquel le traité sera acté. Après sa signature en mars, le traité doit être ensuite ratifié, parce que nous sommes dans des démocraties et que dans une démocratie, on demande lavis au Parlement pour ratifier un traité européen ; tout cela avant la fin de lannée 2012.
Q - Oui, mais cest quand même assez lent. On voit bien que les marchés financiers ne sont pas du tout dans ce ton là, les agences de notation non plus.
R - Sauf que ce traité, intelligemment, sera en place dès que 9 États sur les 27 auront décidé de le mettre en place. Ce qui veut dire que la ratification de 9 États fera que le traité sera opérationnel. Donc, vous le voyez, comme le Fonds monétaire européen, il sera mis en place avant 2013, alors quil était prévu fin 2013. On raccourcit tous les délais, parce que la crise limpose.
Q - Est-ce que le risque de lexplosion de leuro est écarté, ce risque dont vous aviez parlé vous-même il y a un mois ?
R - Non, je pense quil existe. En tout cas, il a été sauvé par la décision du 9 décembre, de 26 des 27 pays européens, ce nest pas rien.
Q - Mais, malgré tout, vous nous dites : le risque dexplosion est toujours là
R - Le risque est toujours là. Le risque il existe tant que lon naura pas stabilisé la zone euro et tant que lon naura pas, à la fois, fait de la solidarité avec le Fonds monétaire européen, mais en même temps de la discipline avec la règle dor ( ). Lorsquon aura obtenu cet équilibre entre discipline budgétaire et solidarité, alors oui, leuro sera sauvé.
Q - Un point sur la dette grecque. 50 % de la dette a été effacée, on parle aujourdhui de relever ce seuil à 75 % deffacement de la dette, est-ce que vous en avez entendu parler, est-ce quil faut le faire ?
R - Je crois quil faut être très pragmatique sur le plan de la Grèce. La Grèce est un problème, je dirais, exceptionnel, on ne refera jamais ce que lon a fait pour la Grèce, parce quon peut le faire, parce que cest un petit pays et que la dette était relativement modeste par rapport à lensemble de la zone euro. Il nest pas question de reprendre les mêmes procédures pour dautres pays.
Q - Et donc, on reste à 50 % ?
R - On va au bout de la démarche. Sil faut aller plus loin, on ira plus loin, mais aujourdhui, à 50 %, il semble que le projet puisse être viable et tenable.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 janvier 2012
R - Parce que ce nest pas une aide dÉtat.
Q - Ah bon ?
R - LÉtat ne cherche pas à déguiser son aide. Bruxelles interdit, et cest logique, quil y ait de la concurrence déloyale en faisant que les États aident des entreprises.
Q - Il passe par la SNCF.
R - On est dans un système dans lequel la SNCF va donner des indemnités de licenciement, ce qui me parait à peu près normal dans toutes les entreprises. Ces indemnités de licenciement peuvent servir à renflouer lentreprise. Laide de lÉtat na pas marché. On a ensuite essayé des repreneurs privés, ça na pas marché. Malgré cela, on ne baisse pas les bras, le gouvernement a décidé que lemploi est la priorité et on continuera donc à aider surtout les salariés qui veulent garder leur travail et qui veulent sauver leur entreprise.
Q - Mais, in fine, ça reste de largent public, pour aller aider lentreprise et ça, normalement, Bruxelles nest pas forcément daccord. Est-ce que, selon des retours que vous avez eus, Bruxelles dit : «Cette procédure-là ça nous convient» ?
R - Nous navons pas encore eu de retour de Bruxelles.
Q - Vous navez aucune inquiétude ?
R - Non, je nai pas dinquiétude. Lorsque vous avez une indemnité parce que vous êtes licencié, vous en faites ce que vous voulez. Si les salariés de SeaFrance veulent sauver lentreprise, le gouvernement les aidera à le faire.
Q - Mais ici, lindemnité elle va être multipliée par trois ou quatre, grâce à lÉtat, cest ça la différence. Vous savez que P&O va porter plainte
R - On est déjà devant la Cour de Luxembourg parce que nous avons estimé que laide de la SNCF nétait pas une aide de lÉtat. Nous sommes donc dans une procédure, mais lurgence cest daider les salariés à sortir leur entreprise de la liquidation judiciaire.
Q - Même si vous savez très bien que la plupart dentre eux vont prendre leur argent, leur indemnité surévaluée, si lon peut dire, et ne pas mettre largent dans lentreprise.
R - Je nen suis pas sûr, parce que cest eux qui ont créé la fameuse Société de coopération ouvrière qui peut reprendre lentreprise. Donc, ils ont pris une initiative, ils ont pris une responsabilité. Le gouvernement est à leurs côtés pour les aider à aller au bout de leur problème et au bout de leur projet.
Q - La TVA sociale
R - Je crois que lon a mal expliqué ce quétait la TVA sociale. Vous le savez, le coût du travail en France est trop élevé. Lorsque vous avez un salaire de 100, en Allemagne vous payez 39 de charges sociales, en France vous en payez 50. Donc, il est normal de penser que les charges sociales, elles doivent être portées par nos importations. Et donc, si on diminue le coût du travail en France, les charges sociales, et que lon augmente la TVA, cest un coût nul pour le produit, cest des salaires meilleurs pour nos employés, cest une compétitivité meilleure pour nos entreprises, et en fait...
Q - Autre impôt, autre taxation dont on parle beaucoup, cest la taxe sur les transactions financières. Or, il faut évidemment que ça se passe au niveau européen. Est-ce que vous discutez actuellement avec vos partenaires européens pour la mettre en place, et si oui, quand ?
R - Sur ce plan, il y a déjà lAllemagne et la France qui sont daccord. Jai cru comprendre que le nouveau gouvernement italien, avec lequel on a pris contact, ny était pas opposé. Finalement, lensemble des pays qui ont signé laccord - tous les pays sauf le Royaume-Uni - ne sont pas opposés à cette idée, sauf la Suède qui a eu une mauvaise expérimentation dans ce domaine. On la mettra en place si on a suffisamment despace économique et despace politique au niveau européen.
Q - Ce sera au programme du sommet du 30 janvier ?
R - Cétait déjà au programme du G20 ; cest au programme du prochain sommet européen.
Q - Mais il y a un moment où il va falloir que ça devienne une réalité, alors, quand ?
R - Cest toujours lent dans les démocraties.
Q - Là, cest très lent quand même.
R - On accuse lUnion européenne daller trop vite, quand Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se réunissent et prennent des décisions ; on dit : «Mais quest-ce quils font ? Pourquoi ne demandent-ils pas à tous les peuples leur avis ?». Et puis, quand on demande - ce qui est logique dans une démocratie - aux peuples leur avis, à ce moment-là, on dit : «cest bien lent». Je vous dis que la taxation de transactions financières cest Nicolas Sarkozy et Angela Merkel qui lont décidée et ça se mettra en place avant la fin de lannée.
Q - Avant la fin de lannée ! Mais vous savez quil y a une élection présidentielle entre les deux. Donc sil nest pas réélu, ça risque de poser problème, quand même
R - Jai à peu près compris que ce nétait pas un sujet de clivages entre la droite et la gauche.
Q - Donc, avant la fin de lannée, cette taxe entrera en vigueur. Et la réforme du traité sur les institutions européennes, elle entrera quand en vigueur, elle ?
R - La réforme du traité est prévue dêtre signée en mars. Il y a un calendrier avec une décision le 20 janvier, et le sommet européen du 30 janvier au cours duquel le traité sera acté. Après sa signature en mars, le traité doit être ensuite ratifié, parce que nous sommes dans des démocraties et que dans une démocratie, on demande lavis au Parlement pour ratifier un traité européen ; tout cela avant la fin de lannée 2012.
Q - Oui, mais cest quand même assez lent. On voit bien que les marchés financiers ne sont pas du tout dans ce ton là, les agences de notation non plus.
R - Sauf que ce traité, intelligemment, sera en place dès que 9 États sur les 27 auront décidé de le mettre en place. Ce qui veut dire que la ratification de 9 États fera que le traité sera opérationnel. Donc, vous le voyez, comme le Fonds monétaire européen, il sera mis en place avant 2013, alors quil était prévu fin 2013. On raccourcit tous les délais, parce que la crise limpose.
Q - Est-ce que le risque de lexplosion de leuro est écarté, ce risque dont vous aviez parlé vous-même il y a un mois ?
R - Non, je pense quil existe. En tout cas, il a été sauvé par la décision du 9 décembre, de 26 des 27 pays européens, ce nest pas rien.
Q - Mais, malgré tout, vous nous dites : le risque dexplosion est toujours là
R - Le risque est toujours là. Le risque il existe tant que lon naura pas stabilisé la zone euro et tant que lon naura pas, à la fois, fait de la solidarité avec le Fonds monétaire européen, mais en même temps de la discipline avec la règle dor ( ). Lorsquon aura obtenu cet équilibre entre discipline budgétaire et solidarité, alors oui, leuro sera sauvé.
Q - Un point sur la dette grecque. 50 % de la dette a été effacée, on parle aujourdhui de relever ce seuil à 75 % deffacement de la dette, est-ce que vous en avez entendu parler, est-ce quil faut le faire ?
R - Je crois quil faut être très pragmatique sur le plan de la Grèce. La Grèce est un problème, je dirais, exceptionnel, on ne refera jamais ce que lon a fait pour la Grèce, parce quon peut le faire, parce que cest un petit pays et que la dette était relativement modeste par rapport à lensemble de la zone euro. Il nest pas question de reprendre les mêmes procédures pour dautres pays.
Q - Et donc, on reste à 50 % ?
R - On va au bout de la démarche. Sil faut aller plus loin, on ira plus loin, mais aujourdhui, à 50 %, il semble que le projet puisse être viable et tenable.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 janvier 2012