Déclaration de M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État au commerce extérieur, sur le poids grandissant des coopératives agricoles dans les exportations, à Paris le 29 novembre 2011.

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Circonstance : Congrès de Coop de France (organisation professionnelle unitaire de la coopération agricole), à Paris les 28 et 29 novembre 2011

Texte intégral

Monsieur le Président, cher Philippe MANGIN,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
I. Avec plus de 80 Mds d'euros de chiffre d'affaires et 160 000 salariés, la coopération agricole et agroalimentaire est un acteur majeur dans un secteur stratégique pour notre économie.
Je voudrais d'abord saluer l'engagement coopératif qui est le vôtre et rappeler l'attachement du Gouvernement à la coopération agricole. C'est un modèle économique qui a fait ses preuves, surtout en période de crise, et c'est un choix politique que nous approuvons : celui de l'association directe des agriculteurs à la gestion et à la valorisation de leur production.
Nous croyons dans les atouts de ce modèle et nous le défendons. Vous savez que le ministre de l'Agriculture s'est beaucoup impliqué dans la défense des avantages fiscaux des coopératives lors des discussions des lois de finances mais aussi au niveau communautaire avec la Commission européenne.
Et je crois que chacun a désormais pris conscience du caractère stratégique de l'agriculture :
- compte-tenu de son poids économique : vous avez dit à juste titre, Monsieur le Président, que le chiffre d'affaires des 2900 coopératives représente près de 3 fois celui d'Airbus. J'irai même plus loin en rappelant que les exportations de ce secteur représentent 250 000 emplois et 15% des exportations totales de la France, soit autant par exemple que le secteur aéronautique et spatial ;
- parce que derrière l'agriculture, il y a la question de la sécurité alimentaire des populations. Vous l’avez souligné.
- parce que si nous voulons nourrir correctement la planète, nous devrons augmenter la production agricole mondiale de 70% dans les cinquante prochaines années.
-Surtout, nous devons relever un défi majeur : la volatilité des prix alimentaires et la spéculation sur les prix des matières premières agricoles. La tonne de blé peut varier de 180 à 300 dollars en quelques semaines. Le prix du lait peut s'effondrer en quelques jours. Pour le paysan du Sud qui fait vivre sa communauté avec son exploitation, pour l'éleveur du Massif central qui ne parvient plus à payer l'alimentation de ses bêtes ou pour n'importe quel consommateur de la planète, cette volatilité est insupportable.
II. Sur ce sujet de la volatilité, mais aussi de l'ouverture des marchés et de la protection de nos produits, la France déploie une intense activité dans toutes les instances multilatérales.
II.1 Pour la première fois de son histoire, et à l'initiative de la France, le G20 a mis l'agriculture et la régulation des marchés agricoles au coeur de ses priorités. La France a proposé un plan d'action qui a été adopté par l'ensemble des États-membres. Chacun des volets du plan d'action du G20 apporte des réponses concrètes aux défis que nous devons relever. Elles ne vont peut-être pas assez vite, elles ne vont peut-être pas assez loin, mais ce sont des propositions qui ont demandé à Bruno le Maire deux ans de négociations intenses avec nos partenaires du G20, car aucun d'entre eux n'était disposé au départ à parler de transparence ou de régulation.
II.2 De mon côté, je me bats au quotidien pour :
- obtenir la levée des barrières aux échanges : pas d'accord de libre-échange avec le Japon tant que ce pays utilisera de façon abusive des mesures sanitaires et phytosanitaires (le boeuf français et européen est toujours sous embargo) ;
- défendre nos intérêts offensifs et défensifs dans les négociations en cours d'accords de libre-échange (vins et spiritueux en Inde ; viande bovine et sucre avec le Mercosur ; nous souhaitons que l'Union européenne lance dès que possible des négociations d'accords de libre-échange avec la Tunisie, l'Égypte, le Maroc et la Jordanie : ces accords permettront d'obtenir pour les exportateurs de l'’UE un large accès au marché agricole de ces quatre pays méditerranéens, notamment dans les secteurs des produits laitiers ou de la viande bovine ou le secteur céréalier, tout en continuant de protéger nos filières sensibles) ;
- défendre nos marques et indications géographiques de la contrefaçon sur les marchés extérieurs (cf. huîtres chinoises qui usurpent la marque « Gillardeau »).
Et pour répondre à vos propos sur l'Europe, je peux vous dire que nous nous battons tous les jours contre le dumping social et environnemental. Nous poussons dans le cadre de la politique commerciale commune de l’Union européenne nos partenaires à respecter les normes sociales et environnementales, et les lois fondamentales sur le travail. C'est tout le cadre de la réforme actuelle du Système des Préférences Généralisées. C'est aussi le cas dans les accords de libre échange qui incluent désormais systématiquement un chapitre sur les normes sanitaires et phytosanitaires, ainsi qu'un chapitre sur les normes sociales et environnementales.
III. Sur la PAC, le Gouvernement est d'accord avec vous : la sécurité alimentaire doit être au coeur des priorités européennes.
III.1 - Avec la sécurité alimentaire, l'Europe a à sa portée un moyen simple de refonder la légitimité de la PAC.
Car la PAC doit garantir aux 500 millions de consommateurs européens une alimentation sûre, de qualité et produite de façon durable.
Nous tirerons toutes les leçons des récentes crises (dioxine, E.Coli) qui ont remis la question de la sécurité alimentaire et sanitaire au centre des priorités européennes.
III.2 - Il n'y a pas non plus de sécurité alimentaire sans une PAC forte.
De ce point de vue, la priorité absolue, c'est la préservation du budget de la PAC. Nous ne pouvons pas demander aux producteurs plus de sécurité sanitaire, plus de règles environnementales, plus de respect du bienêtre animal, et baisser en même temps le budget de la PAC. Alors qu'en 2009, la Commission européenne proposait une réduction drastique, aujourd'hui, nous avons l'assurance que ce budget sera préservé.
Une PAC forte, c'est aussi une PAC plus juste. Le Président de la République a été le premier des dirigeants de « grands » pays agricoles européens à reconnaître la nécessité d'une meilleure convergence des aides pour réduire les écarts entre certains pays européens. Pour autant, il n'est pas question d'avoir une aide unique à l'hectare en Europe.
Une PAC forte, c'est une PAC qui permet une nouvelle régulation de l'agriculture européenne. La libéralisation totale des marchés agricoles est une folie économique qui entrainerait la mort de milliers d’exploitations à la première difficulté venue.
Une PAC forte, enfin, c'est une PAC plus verte. La France est favorable au principe du « verdissement » de la PAC, car il permet de légitimer les aides attribuées aux agriculteurs. Or, aujourd'hui, ce qui est proposé est encore trop complexe et trop punitif. Le verdissement ne fonctionnera qu'à trois conditions : il doit se faire avec les agriculteurs et non contre eux, il doit être simple et lisible, et il doit être rémunérateur.
IV. Mais tout cela ne suffira pas si au niveau national, nous ne faisons pas les efforts nécessaires pour gagner en compétitivité et mettre l'export au coeur de nos stratégies.
Je voudrais d'abord vous faire part, en tant que Ministre du commerce extérieur, de mon analyse du contexte dans lequel les entreprises françaises - et bien sûr les coopératives - doivent évoluer et de ce que nous devons faire - ensemble - pour s'y adapter.
Les craintes légitimes et les difficultés que connaissent les Français face à la mondialisation produisent à nouveau des poisons que l'histoire de l'Europe connaît bien : le populisme (Mélenchon), la tentation xénophobe (Le Pen), et bien sûr le protectionnisme (Montebourg).
A ce titre, je crois que le travail de pédagogie auprès des Français est essentiel. Les Français ont aujourd'hui pris conscience de la gravité de l'endettement de notre pays. Nous devons les convaincre de l'importance du déficit commercial.
L'exemple des Autrichiens, Finlandais, Suédois, Allemands (1,6 millions d’emplois créés dans les entreprises exportatrices en Allemagne, contre 61.000 en France !) démontre que la mondialisation ne conduit pas inéluctablement à l'effacement de nos vieux pays industrialisés. Si l’Allemagne réussit dans la mondialisation, il n'y a aucune raison que nous ne soyons pas capables de faire la même chose.
1- Dans un monde qui bascule, notre pays cherche sa place
1-1 . Je ne l'ai jamais caché : le commerce extérieur de la France continue à s’enfoncer dans les déficits
Quand je suis arrivé à ce poste, j'ai découvert des chiffres calamiteux Le déficit commercial total attendu est de -75 Mds d'euros en 2011, soit 20 Mds d'euros de plus que le précédent historique de 2008
On me donnait il y a un an de mauvaises raisons pour les expliquer :
La facture énergétique : elle explique effectivement plus de 50% du creusement du déficit commercial - mais la facture énergétique allemande est supérieure
L'euro fort : l'euro s'est globalement apprécié cette année. Mais comment expliquer, alors, que l'Allemagne enregistre 156 Mds d'euros d'excédent en 2010 ?
Mais pas de quoi s'inquiéter, m'assurait-on :
Les grands groupes du CAC 40 rayonnent à l'international Les PME ? Trop petites pour exporter, ne s’y intéressent pas et ne parlent même pas anglais ! Fermez le ban !
1-2. L'analyse de la dégradation du solde commercial français depuis 2004 est tout aussi révélatrice
La France a vu sa part de marché mondial en valeur passer de 6% en 1990 à 3,5% en 2010. Après une période d'excédents entre 1994 et 2002, le solde commercial français s'est progressivement creusé.
Même dans le secteur agricole, qui continue pourtant de dégager un confortable excédent commercial (8 Mds d'euros sur les 9 premiers mois de 2011, un record historique !), il faut regarder la réalité en face :
- Sur un marché mondial de 833 Mds d'euros en 2010, notre part de marché est tombée à 5,9% (4ème rang juste devant le Brésil et derrière les Etats-Unis, l'Allemagne et les Pays-Bas) soit une perte d'un tiers en 10 ans ; le plus grave est que les Allemands nous ont dépassés !
- Nous exportons très bien les vins icônes mais sommes distancés dans les vins de moyenne gamme par les vins du « Nouveau Monde » ;
- Sur un marché aussi important que la Chine, avec l'émergence d'une classe moyenne de plus de 200 millions de personnes, notre offre de produits agroalimentaires hors vins et spiritueux est tout à fait insuffisante.
1-3. Ne pas se tromper d'enjeu : la Chine n'explique pas tous nos maux !
Certes l'émergence de la Chine et des autres BRICS dans le commerce mondial a exercé une pression considérable sur nos parts de marché. Mais l'explication ne suffit pas, tant nous avons perdu en compétitivité et en capacités industrielles, par défaut, jusqu'en 2007, d’une politique adaptée : avant de blâmer l'autre, commençons par regarder nos erreurs en face.
1-4. Un langage de vérité sur la situation
Chaque euro de déficit s'ajoute à une dette qui atteint déjà 1.800 Mds d'euros Le véritable problème c'est l'écart entre notre production et nos achats, entre ce que nous fabriquons et ce que nous consommons.
La demande mondiale existe : c'est à nous de faire en sorte que l'offre française que nous mettons en face soit cohérente et bien organisée. C'est ce à quoi je m'emploie depuis un an.
2. A partir de ce constat sans complaisance, nous pouvons agir
2.1. Il faut revoir notre business model
Sur le plan social : nos droits sociaux sont fictifs s'ils s'appuient sur de l'argent emprunté.
Sur le plan commercial : l'époque où le commerce extérieur se résumait aux grands contrats signés par le chef de l'Etat étant révolue, c'est par les PME et les ETI que nous retrouverons le chemin de la croissance et de la création d'emploi grâce à l'export.
Dans le secteur agroalimentaire, nous avons des atouts considérables entre les mains : une agriculture diversifiée et de qualité, présente sur l'ensemble du territoire, un savoir-faire exceptionnel, des industries agroalimentaires performantes- Mais ce n'est pas en multipliant les subventions publiques et en faisant croire aux producteurs qu'en cas de difficulté, l'Etat sera toujours là pour payer les pots cassés, que nous obtiendrons des résultats. Pour valoriser nos atouts, nous devons changer de logiciel et faire les bons choix économiques.
2.2. Les grands chantiers prioritaires
Le rétablissement de notre solde commercial passe d'abord par des mesures structurelles visant à redresser la compétitivité de la France. Le Gouvernement, sous l'impulsion du Président de la République, s'y est attelé sans relâche depuis 2007, autour de trois axes :
- Abaisser le coût de « produire en France » : suppression de la taxe professionnelle, allègements de charges sur les bas salaires, défiscalisation des heures supplémentaires, etc. ;
Le coût du travail en effet reste un enjeu majeur comme le montre un rapport conjoint de juillet 2011 d’organisations syndicales et patronales françaises reconnaissant que le coût du travail en France est déjà de 10% supérieur à celui de l'Allemagne et qu'il s'en écarte de plus en plus.
Dans l'agriculture : le travail occasionnel a été exonéré de toutes charges sociales et patronales. Maintenant, nous devons faire la même chose sur le coût du travail permanent. Il y a des activités en France qui ne pourront pas résister à la concurrence si nous n'avons pas le courage de prendre les décisions politiques qui s'imposent en matière de coût du travail permanent (cf possibilité pour certains abattoirs de l'Est de l'Allemagne de recourir à des ouvriers payés au forfait (généralement entre 5 et 10 EUR/h) et employés par un prestataire extérieur de l'Europe de l'est). Bruno le Maire souhaite donc que le coût du travail permanent dans l'agriculture soit réduit d'un euro de l'heure au 1er janvier 2012.
- Fluidifier les circuits de l'économie : succès du statut de l'autoentrepreneur, loi de modernisation de l'économie...
- Préparer l'avenir (recherche, innovation et filières stratégiques) : triplement du Crédit d'impôt recherche, Grand emprunt national, FSI, autonomie des universités, montée en puissance d'Oséo- Je relève d'ailleurs que recherche et exportations sont intimement liées : en France, 4 entreprises innovantes sur 5 exportent. Je vous incite donc tous à profiter des financements accordés dans le cadre du Grand Emprunt pour investir dans l'innovation.
Par ailleurs, des mesures spécifiques de compétitivité ont été prises par le Gouvernement dans le domaine agricole : sur le coût de la modernisation des bâtiments (aides aux filières d'élevage), sur le coût de l'énergie (plan de performance énergétique, mesures en faveur du développement de la méthanisation).
A ce titre, je constate que l'accord passé entre le PS et les Verts sur le nucléaire conduira à augmenter le coût de l'électricité et donc grever notre compétitivité. L'Union française de l'électricité (UFE) estime que passer de 75% à 50% de nucléaire en France augmenterait de 65% le prix de l'électricité vendue à nos entreprises et annulerait donc l'avantage comparatif dont elles bénéficient aujourd'hui par rapport à leurs concurrents
Je crois fermement qu'il faut poursuivre et amplifier cette politique de compétitivité. Ce sera un débat important des élections l'an prochain.
Cela passera par la sortie des 35 heures - qui expliquent en partie notre décrochage de compétitivité par rapport à l'Allemagne - en confiant aux partenaires sociaux le soin de négocier, après les élections, la durée du travail branche par branche.
Cela passera également par un nouveau mix fiscal, protégeant mieux l'emploi en France grâce à une "fiscalité anti-délocalisation" qui permettra de ne pas faire peser le coût de la protection sociale sur le seul travail.
Au contraire, la priorité est à la réindustrialisation dans les secteurs porteurs. Nous devons créer les conditions favorables pour faire émerger de nouvelles filières composées de dix ou vingt sociétés. Elles constitueront le vivier duquel pourront ensuite émerger de nouveaux champions mondiaux.
Enfin, le soutien aux PME (400.000 en Allemagne contre 91.000 en France) : 70% de notre export est réalisé par les 1.000 entreprises les plus grosses !
2-3. L'action que je mène depuis un an se situe dans la continuité des réformes engagées depuis 2007.
La compétition mondiale est féroce : nous avons besoin d'une équipe de France soudée
Notre dispositif de vente à l'étranger est en ordre de marche :
* Pour Ubifrance :
- Virage qualité : première agence export au monde dotée d'objectifs de résultats chiffrés.
- Complémentarité renforcée avec Sopexa avec la signature d'une convention fin 2010 entre les deux opérateurs, et la lettre que j'ai co-signée récemment avec B. Le Maire leur demandant de renforcer leurs synergies en 2012, en cohérence avec les autres acteurs ADEPTA et France AgriMer.
* Dans les services économiques : des incitations à la performance basées sur une évaluation par les entreprises et des feuilles de route.
* Le VIE Pro : un vecteur d'insertion dans l'emploi et dans la mondialisation pour les jeunes, quel que soit leur niveau de qualification.
En régions, j'ai engagé une réforme profonde du dispositif de soutien aux PME :
* Le guichet unique dans chaque région : un numéro de téléphone par région pour renseigner et aiguiller les PME vers le bon interlocuteur le plus vite et le plus efficacement possible. La coordination entre l'action de l’Etat et celle des régions est essentielle (cf Jean-Jack Queyranne : Ubifrance a déjà 90 personnes en Chine dont 30 à Shanghai -Pourquoi en payer 20-30 de plus pour le même travail ?) Au final, c'est toujours le contribuable qui paie la facture.
* Faciliter l'accès des PME aux financements : cela s'est traduit par la mise en commun des financements Oséo, Coface et Ubifrance et par les nouvelles mesures que j'ai annoncées aux Assises de l'export (notamment engagement de 4 grandes banques à maintenir ou augmenter leurs financements aux PME françaises à l’export).
* Redynamiser le réseau des Conseillers du commerce extérieur à partir des propositions que le Conseil économique, social et environnemental doit me remettre ces jours-ci.
Enfin, la structuration du secteur privé :
* Pour rétablir la notion de patriotisme économique : le « Pacte export » : signé par 13 grands groupes qui s'engagent notamment à consulter systématiquement leurs sous-traitants français pour leurs contrats export. Dans cet esprit, je demande tous les jours aux grands groupes de distribution français de réserver une place plus importante aux produits français, à l'instar de ce que font par exemple leurs concurrents allemands.
* Structuration des filières à l'export, par secteur (sport, Global X) et par pays (Libye, Irak, Qatar)-
Dans le secteur agricole aussi, tout le travail d’optimisation du dispositif public d'accompagnement à l'export ne produira pleinement ses effets que si les acteurs (i) s'organisent et (ii) mettent l'international au coeur de leur stratégie. Vous êtes des acteurs majeurs de ce secteur, puisque vous représentez 40% de l'agroalimentaire français : c'est donc à vous de mieux organiser les filières pour stimuler notre compétitivité à l'export et reconquérir les parts de marché que nous avons perdues : la compétitivité, ce n'est pas seulement l'affaire des producteurs. C'est l'affaire de toute la filière, à chacun de ses maillons.
i. Dans ce cadre, les coopératives ont des efforts à faire en matière de structuration de l'offre. C'est le poids qui fait la force. En France, le paysage agro-industriel est bien trop morcelé ! Plus de 90% des industries agro-alimentaires sont des PME. Par rapport à notre grand partenaire et concurrent allemand, nous avons une faiblesse majeure : c'est la taille de nos outils industriels. Nos industries agro-alimentaires doivent atteindre la taille critique pour conquérir des parts de marché à l'exportation :
- il faut accélérer les fusions de coopératives pour faire émerger des leaders par filière et par région. C'est déjà le cas dans certaines filières, avec des champions européens comme SODIAAL, Tereos, Axéreal ou Champagne Céréales. Mais il faut poursuivre les efforts, car ce mouvement ne faiblit pas chez nos principaux concurrents notamment dans le nord de l'Europe.
- L'Etat vous accompagne en soutenant vos investissements, à travers le Fonds stratégique d'investissement (FSI) et Oseo. Le FSI a déjà investi 150 M d'euros dans la coopérative Limagrain.
ii. il faut avoir une véritable politique à l'exportation : cela existe dans le secteur des céréales, cela se met en place dans le secteur de la viande bovine. Et si aujourd'hui, les prix de la viande bovine remontent, c'est parce que le Président de la République et le Gouvernement se sont battus pour ouvrir un certain nombre de marchés à l'exportation (Russie, Turquie, Kazakhstan, Afrique du Nord...). Encore faut-il que nous soyons capables de répondre aux exigences des clients : si nous n'exportons aujourd'hui que 150 tonnes de jambon par an vers le Japon alors que nos concurrents italiens et espagnols en vendent des dizaines de milliers, c'est parce que nous ne sommes pas en mesure de produire les certificats sanitaires exigés par les autorités japonaises.
Conclusion :
Les premiers résultats de ces mesures commencent à arriver : pour la première fois depuis 2003, le nombre d'entreprises exportatrices a augmenté, en 2010, de 3,2% et le nombre de nouveaux exportateurs s’est accru de 9,4%.
A l’heure où certains parlent de fermer nos frontières par peur de la mondialisation, je crois que nous avons besoin de porter ensemble l'idée d'une France ambitieuse et ouverte sur le monde. Nourrir 9 milliards de personnes à l'horizon 2050 est à la fois un véritable défi et une formidable opportunité. Nous avons tous les atouts nécessaires pour en profiter, il ne tient qu'à nous de nous organiser pour rebondir, sans chercher fausses excuses ni boucs-émissaires.
Lavisse peignait le portrait de Gaulois vaillants mais dispersés et vite découragés. A nous de le faire mentir. Lançons-nous, ensemble, dans la bataille !
Source http://www.coopdefrance.coop, le 17 janvier 2012