Déclaration de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, sur la création de l'Observatoire des cultures et des religions et sur l'action de la France en faveur de la la protection des droits de l'homme dans le monde, au Sénat le 31 janvier 2012.

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Circonstance : Inauguration de l’Observatoire du pluralisme des cultures et des religions, au Sénat le 31 janvier 2012

Texte intégral

Monseigneur,
Monsieur le Grand Rabin,
Mesdames et Monsieur les Pasteurs,
Monsieur l’Imam,
Monsieur le Président,
Messieurs les Représentants des cultes,
Monsieur l’Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C’est une cause particulièrement élevée qui nous réunit aujourd’hui au Sénat.
Il est symptomatique que ce soit dans cette grande maison de la République que soit annoncée ce soir la création de l’Observatoire des cultures et des religions. J’en félicite chaleureusement les promoteurs. La qualité des esprits qui sont mobilisés autour de cette initiative atteste, si besoin était, du sérieux de la démarche. Elle constitue le gage de sa réussite future.
La défense des droits de l’Homme est un axe majeur et constant de notre diplomatie. Celle-ci se décline naturellement en fonction des contextes respectifs. C’est dans ce cadre que la France s’emploie avec vigueur à promouvoir le respect des minorités religieuses de par le monde.
Nos principes sont intangibles. L’efficacité requiert leur mise en œuvre pragmatique.
La France agit sur plusieurs plans.
Au sein des Nations unies, au travers de l’Union européenne et bien sûr à titre bilatéral. Il n’est pas exagéré de dire que c’est en grande partie à son initiative, et sous son impulsion, que l’Europe a pris en compte en termes explicites la situation des chrétiens d’Orient. Il s’agit là d’un sujet de préoccupation immédiat auquel nous veillons et dont je souhaite dire quelques mots.
Le Premier ministre s’en est tout récemment entretenu avec les responsables de l’Église de France. Alain Juppé, ne manque aucune occasion, lors de ses déplacements, d’évoquer cette question avec ses interlocuteurs.
Pour ma part, j’ai pu aborder cette problématique lors de ma visite à Jérusalem la semaine dernière, notamment avec le Patriarche latin. J’ai eu le plaisir, lors de ce déplacement, d’entendre les propos particulièrement éclairés du président Shimon sur ce sujet et de constater que cette vision est partagée par le Premier ministre palestinien, M. Salam Fayyad.
Ce legs historique dont la France a hérité trouve sa traduction par un engagement international résolu.
La protection de plus d’une centaine d’établissements scolaires confessionnels et de plusieurs congrégations latines en Terre Sainte en porte témoignage quotidien. De la même façon, la France a accueilli sur son territoire plus d’un millier de chrétiens irakiens depuis 2008 et les personnes blessées dans l’attentat dans l’église de «Notre Dame du Salut» à Bagdad en 2010.
C’est en tous cas dans cet esprit que le président de la République a relevé que le destin des chrétiens d’Orient nous concernait directement car, «bien au là de l’Orient, il symbolise les enjeux du monde globalisé dans lequel nous sommes entrés de manière irréversible».
La protection des minorités religieuses et des identités culturelles est en quelque sorte le «marqueur», à l’aune duquel il est possible d’apprécier le respect des droits de l’Homme dans une société.
C’est dire que le déclenchement des printemps arabes a soulevé des espoirs mais également la crainte de voir la situation des minorités s’aggraver. Les violences de ces dernières semaines au Nigéria procèdent elles aussi de cette logique. La France a des «lignes rouges». Elle fera preuve de vigilance. Ceci vaut pour toutes les religions, les croyances et les cultures. La protection d’un chrétien, d’un juif ou d’un musulman revêt à nos yeux le même caractère sacré.
On le voit, la question dont vous vous saisissez n’est pas catégorielle ou marginale. Elle revêt une portée universelle qui coïncide avec notre action en faveur des droits de l’Homme.
L’actualité confère toute sa légitimité à la politique que nous menons. Elle valide pleinement l’initiative que vous avez prise. Par conséquent, le ministère des Affaires étrangères et européennes sera à vos côtés, y compris matériellement.
Je suis donc heureux de vous annoncer une participation de 200 000 euros pour accompagner vos débuts. Je forme le vœu que ce geste soit de nature à inciter d’autres mécènes à soutenir votre généreuse initiative.
Je terminerai en soulignant la proximité qui existe entre la démarche de l’État et la vôtre. Cette complémentarité - soucieuse de votre totale indépendance - mérite d’être soulignée.
Je suis convaincu que la défense opiniâtre des minorités religieuses et culturelles est l’un des combats les plus justes et les plus modernes qui puisse être mené.
En vous réitérant toute ma confiance pour votre choix opportun, je vous remercie de votre attention.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 février 2012