Texte intégral
Il faut " préparer une révolution girondine tranquille qui permette l'avènement d'une République des territoires "
1°) La campagne présidentielle s'est-elle ouverte cette semaine ?
Non, elle s'est ouverte dès le lendemain de la dissolution de 1997. Depuis, il y a une montée progressive, qui s'est accélérée avec les élections municipales.
2°) Et la cohabitation va-t-elle si mal ?
Non. Elle se déroule, c'est tout. J'ai toujours été contre, et je le suis de plus en plus. Imagine-t-on une entreprise où le président tire dans un sens et le directeur dans l'autre, alors que les décisions doivent se prendre de plus en plus vite ?
3°) Que pensez-vous du passé trotskiste de Lionel Jospin ?
L'important n'est pas qu'il ait été trotskiste. D'autres, comme François Mitterrand, ont bien commencé à l'extrême droite pour terminer à gauche ! Le reproche c'est de l'avoir dissimulé aussi longtemps, puis d'avoir nié de façon surprenante : c'est pas moi c'est mon frère ! L'autre reproche c'est son manque de sang-froid, mercredi à l'Assemblée, lorsqu'il s'en est pris au président de la République. Ses nerfs ont lâché, or un homme d'Etat doit savoir rester maître de lui.
4°) Vous pensez qu'il s'est discrédité dans l'opinion ?
Cela n'est sûrement pas sans effet dans l'opinion qui s'interroge : que cache une si longue dissimulation ? Premier secrétaire du PS, allait-il rendre des comptes à l'OCI ? S'il y a eu double jeu, c'est très grave pour un prétendant à la charge suprême. A celui qui a demandé un " inventaire " sur l'action de François Mitterrand, les Français sont en droit de demander la même chose. Monsieur Jospin, expliquez-vous, les Français ont le droit de savoir !
5°) Mais n'est-ce pas de bonne guerre pour Jospin de relier ces interpellations aux relations actuelles de Jacques Chirac avec la justice ?
Non. D'un côté Jospin, qui prêche la vertu, la transparence, la clarté, a menti. De l'autre, on nage en pleine culture de la rumeur. Cela crée un climat malsain et dangereux pour la démocratie. La fin de la République de Weimar en Allemagne et la montée du fascisme devraient inspirer plus de prudence. C'est pourquoi je dis : halte au feu ! Les attaques personnelles du député socialiste Montebourg contre Jacques Chirac ne sont pas fondées. Et ce que l'on appelle " emplois fictifs ", il y en a eu partout, ce fut une pratique courante durant des années dans tous les secteurs d'activité du pays, pas seulement en politique. Que les socialistes prolongent les gesticulations de Montebourg sous forme d'une proposition de loi constitutionnelle sur le statut pénal du chef de l'Etat, quelques mois seulement avant l'élection présidentielle, est une manoeuvre électorale indigne. Cette affaire Montebourg est à la politique ce que Loft Story est à la télévision, c'est de la politique poubelle !
6°) Mais le statut pénal du Président est un vrai problème !
Certes, mais il faudra le traiter à froid après la présidentielle. Si cette proposition de loi était sincère, elle aurait été déposée depuis longtemps. Elle est d'autant moins sincère qu'elle n'a aucun chance, j'en prends le pari, d'être votée conforme par les deux Assemblées avant le printemps prochain. Alors pourquoi la mettre en débat si ce n'est pour nuire à Jacques Chirac ! Et pour masquer l'immobilisme du gouvernement en des matières aussi importantes que les retraites, la fiscalité, la sécurité ! Je remarque aussi que les allusions surviennent toujours après des succès du président ou des accueils particulièrement chaleureux en province.
7°) Quelles pourraient être selon vous les raisons d'une réélection de Jacques Chirac ?
Il est extrêmement attentif aux préoccupations des Français dont il est très proche. Sur les farines animales, la sécurité des personnes, l'écologie, le service minimum lors des grèves, tout le monde convient qu'il a raison. A l'étranger, il représente très bien la France. Et puis, il se dégage de sa personne un sentiment d'adhésion indéniable comme s'il avait, aurait dit Lamartine " une âme qui s'attache à notre âme et la forme d'aimer ! "
8°) Et la campagne, comment la voyez-vous ?
Si on continue comme cela je crains qu'elle ne soit affreuse, ne passionne pas les Français et n'apporte rien au débat. Je vous en supplie, les journalistes, essayez d'élever le niveau du débat politique ! Expliquez sans relâche les problèmes de fond !
9°) Quel rôle pensez-vous jouer dans cette campagne ?
Je m'engagerai pour Jacques Chirac et veillerai précisément à ce qu'on parle des projets qui concernent la vie des Français.
10°) Comme président du Sénat, de quoi êtes-vous le plus fier ?
De l'instauration d'un dialogue incessant entre les élus locaux de toute nature, de toute sensibilité, pour préparer une nouvelle révolution girondine, cette révolution tranquille qui permettra l'avènement d'une " république des territoires ". Très fier aussi de l'ouverture du Sénat au monde économique. Cette semaine par exemple, la simple opération Tremplin Entreprise a permis à des investisseurs que le Sénat a réunis de lever des dizaines de millions de francs dans des projets innovants portés par de jeunes entrepreneurs. Et je ne parle pas de l'action culturelle du Sénat, de l'ouverture du musée du Luxembourg, par exemple, qui est une réussite incontestable sans que cela coûte un sou au contribuable !
11°) Qu'attendent ces jeunes chefs d'entreprise des politiques ?
Qu'ils leur facilitent la tâche au lieu des les pénaliser ! En ce moment, ils ont le sentiment qu'on charge trop la barque. La loi sur les 35 heures exigeait plus de souplesse d'application. Ils ne comprennent pas, par exemple, que la nouvelle taxe sur les activités polluantes serve à financer ces 35 heures et non pas à les aider à polluer moins. En retour, on leur explique que le métier de politique consiste avant tout à gérer les contradictions.
(Source http://www.senat.fr, le 19 juin 2001)
1°) La campagne présidentielle s'est-elle ouverte cette semaine ?
Non, elle s'est ouverte dès le lendemain de la dissolution de 1997. Depuis, il y a une montée progressive, qui s'est accélérée avec les élections municipales.
2°) Et la cohabitation va-t-elle si mal ?
Non. Elle se déroule, c'est tout. J'ai toujours été contre, et je le suis de plus en plus. Imagine-t-on une entreprise où le président tire dans un sens et le directeur dans l'autre, alors que les décisions doivent se prendre de plus en plus vite ?
3°) Que pensez-vous du passé trotskiste de Lionel Jospin ?
L'important n'est pas qu'il ait été trotskiste. D'autres, comme François Mitterrand, ont bien commencé à l'extrême droite pour terminer à gauche ! Le reproche c'est de l'avoir dissimulé aussi longtemps, puis d'avoir nié de façon surprenante : c'est pas moi c'est mon frère ! L'autre reproche c'est son manque de sang-froid, mercredi à l'Assemblée, lorsqu'il s'en est pris au président de la République. Ses nerfs ont lâché, or un homme d'Etat doit savoir rester maître de lui.
4°) Vous pensez qu'il s'est discrédité dans l'opinion ?
Cela n'est sûrement pas sans effet dans l'opinion qui s'interroge : que cache une si longue dissimulation ? Premier secrétaire du PS, allait-il rendre des comptes à l'OCI ? S'il y a eu double jeu, c'est très grave pour un prétendant à la charge suprême. A celui qui a demandé un " inventaire " sur l'action de François Mitterrand, les Français sont en droit de demander la même chose. Monsieur Jospin, expliquez-vous, les Français ont le droit de savoir !
5°) Mais n'est-ce pas de bonne guerre pour Jospin de relier ces interpellations aux relations actuelles de Jacques Chirac avec la justice ?
Non. D'un côté Jospin, qui prêche la vertu, la transparence, la clarté, a menti. De l'autre, on nage en pleine culture de la rumeur. Cela crée un climat malsain et dangereux pour la démocratie. La fin de la République de Weimar en Allemagne et la montée du fascisme devraient inspirer plus de prudence. C'est pourquoi je dis : halte au feu ! Les attaques personnelles du député socialiste Montebourg contre Jacques Chirac ne sont pas fondées. Et ce que l'on appelle " emplois fictifs ", il y en a eu partout, ce fut une pratique courante durant des années dans tous les secteurs d'activité du pays, pas seulement en politique. Que les socialistes prolongent les gesticulations de Montebourg sous forme d'une proposition de loi constitutionnelle sur le statut pénal du chef de l'Etat, quelques mois seulement avant l'élection présidentielle, est une manoeuvre électorale indigne. Cette affaire Montebourg est à la politique ce que Loft Story est à la télévision, c'est de la politique poubelle !
6°) Mais le statut pénal du Président est un vrai problème !
Certes, mais il faudra le traiter à froid après la présidentielle. Si cette proposition de loi était sincère, elle aurait été déposée depuis longtemps. Elle est d'autant moins sincère qu'elle n'a aucun chance, j'en prends le pari, d'être votée conforme par les deux Assemblées avant le printemps prochain. Alors pourquoi la mettre en débat si ce n'est pour nuire à Jacques Chirac ! Et pour masquer l'immobilisme du gouvernement en des matières aussi importantes que les retraites, la fiscalité, la sécurité ! Je remarque aussi que les allusions surviennent toujours après des succès du président ou des accueils particulièrement chaleureux en province.
7°) Quelles pourraient être selon vous les raisons d'une réélection de Jacques Chirac ?
Il est extrêmement attentif aux préoccupations des Français dont il est très proche. Sur les farines animales, la sécurité des personnes, l'écologie, le service minimum lors des grèves, tout le monde convient qu'il a raison. A l'étranger, il représente très bien la France. Et puis, il se dégage de sa personne un sentiment d'adhésion indéniable comme s'il avait, aurait dit Lamartine " une âme qui s'attache à notre âme et la forme d'aimer ! "
8°) Et la campagne, comment la voyez-vous ?
Si on continue comme cela je crains qu'elle ne soit affreuse, ne passionne pas les Français et n'apporte rien au débat. Je vous en supplie, les journalistes, essayez d'élever le niveau du débat politique ! Expliquez sans relâche les problèmes de fond !
9°) Quel rôle pensez-vous jouer dans cette campagne ?
Je m'engagerai pour Jacques Chirac et veillerai précisément à ce qu'on parle des projets qui concernent la vie des Français.
10°) Comme président du Sénat, de quoi êtes-vous le plus fier ?
De l'instauration d'un dialogue incessant entre les élus locaux de toute nature, de toute sensibilité, pour préparer une nouvelle révolution girondine, cette révolution tranquille qui permettra l'avènement d'une " république des territoires ". Très fier aussi de l'ouverture du Sénat au monde économique. Cette semaine par exemple, la simple opération Tremplin Entreprise a permis à des investisseurs que le Sénat a réunis de lever des dizaines de millions de francs dans des projets innovants portés par de jeunes entrepreneurs. Et je ne parle pas de l'action culturelle du Sénat, de l'ouverture du musée du Luxembourg, par exemple, qui est une réussite incontestable sans que cela coûte un sou au contribuable !
11°) Qu'attendent ces jeunes chefs d'entreprise des politiques ?
Qu'ils leur facilitent la tâche au lieu des les pénaliser ! En ce moment, ils ont le sentiment qu'on charge trop la barque. La loi sur les 35 heures exigeait plus de souplesse d'application. Ils ne comprennent pas, par exemple, que la nouvelle taxe sur les activités polluantes serve à financer ces 35 heures et non pas à les aider à polluer moins. En retour, on leur explique que le métier de politique consiste avant tout à gérer les contradictions.
(Source http://www.senat.fr, le 19 juin 2001)