Texte intégral
Messieurs les Présidents,
Messieurs les Premiers ministres,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi de vous remercier, Monsieur le Premier ministre, pour les paroles si chaleureuses que vous venez de prononcer. Je souhaiterais également vous exprimer toute ma gratitude pour l'accueil remarquable que vous avez réservé à la délégation qui m'accompagne et à moi-même. Je suis particulièrement heureux de me trouver à Bucarest pour cette visite officielle qui répond à votre aimable invitation. La cordialité des entretiens que nous venons d'avoir reflète le caractère exceptionnel des relations franco-roumaines. Solidement enracinée dans une histoire faite d'admiration réciproque et de collaborations fructueuses, notre amitié s'épanouit aujourd'hui dans un grand partenariat qui a vocation à s'ouvrir à l'Europe.
Notre histoire est celle d'une amitié solide entre deux Nations latines.
C'est au temps des Lumières que cette amitié est née. Dès le 18ème siècle, les Roumains instruits se mirent à garnir leurs bibliothèques des oeuvres de nos encyclopédistes et adoptèrent le français comme leur seconde langue, leur langue " internationale " comme ils aimaient à la nommer. Admiratif des valeurs portées par la Révolution française, votre peuple vit dans mon pays un allié dans la lutte contre les dominations étrangères et dans l'affirmation du sentiment national. C'est donc par solidarité pour un ami fidèle, qu'au lendemain du " printemps des peuples " de 1848, la France de Napoléon III apporta son soutien à l'union des principautés roumaines puis à l'indépendance de la Roumanie. Cette solidarité s'exprima à nouveau lors du premier conflit mondial, lorsque nos deux peuples furent associés dans une mémorable fraternité d'armes.
Notre connivence -notre intimité serais-je même tenté de dire- fut affectée par la division de l'Europe en deux blocs. Pourtant, jamais pendant cette période ne se sont éteints, ici, le goût pour la langue et la culture françaises et, dans mon pays, l'attention et l'affection portées au peuple roumain. Ce fut donc tout naturellement qu'en 1989, lorsque votre pays retrouva la démocratie, nos relations connurent un nouveau départ. Les Français n'oublieront pas que ce fut notamment dans leur langue que, devant les caméras de télévision, les Roumains exprimèrent leur joie face à cette liberté reconquise.
Cette amitié repose sur de profondes affinités. L'entente qui existe entre nos peuples doit beaucoup aux échanges entre les milieux intellectuels et artistiques de nos deux pays. Je pense à ces écrivains qui, tels Jules MICHELET, Paul MORAND ou plus récemment Dominique FERNANDEZ, ont été séduits par votre pays et ont su faire partager aux lecteurs français leur goût pour la Roumanie. Je pense aussi aux talentueux Roumains qui, tels Tristan TZARA, le fondateur du dadaïsme, le dramaturge Eugène IONESCO ou le philosophe Emile CIORAN, ont produit le meilleur de leur uvre dans notre langue. Les exemples du peintre Nicolae GRIGORESCU, influencé par l'école de Barbizon, du sculpteur Constantin BRANCUSI ou encore du violoniste Georges ENESCO, qui ont fait de la France leur pays d'élection, me viennent également à l'esprit. Quel plus beau symbole de cette amitié franco-roumaine que l'intimité intellectuelle et affective qui naquit entre Panaït ISTRATI et Romain ROLLAND, après que celui-ci eut reçu la lettre que lui avait adressé, dans le plus grand désespoir, le conteur roumain.
Si l'entente entre nos deux peuples est si naturelle, c'est que nous partageons les valeurs fondatrices de la civilisation européenne. Le Comte de SAINT-AULAIRE, écrivain et Ambassadeur de France en Roumanie pendant la Première Guerre mondiale, présentait très justement cette communauté de valeurs entre nos deux nations, lorsqu'il observait que " la France en Occident, la Roumanie en Orient montent la garde pour le même idéal ".
Forte de ce riche héritage, notre relation s'épanouit aujourd'hui dans un grand partenariat franco-roumain.
Partenariat politique d'abord, marqué par un dialogue régulier, confiant et constructif au plus haut niveau. L'intensité des échanges ministériels qui ont marqué cette année 2001 -avec les visites en France des ministres roumains des Affaires étrangères, de l'Intégration européenne et de l'Education, et les déplacements en Roumanie de Charles JOSSELIN, ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie, et de Guy HASCOËT, secrétaire d'Etat à l'Economie solidaire- en témoigne. En outre, des échanges viendront prolonger nos entretiens d'aujourd'hui.
Partenariat économique, bien sûr. Nos échanges commerciaux connaissent une croissance soutenue et la France est, depuis quatre ans, le premier investisseur en Roumanie. A côté des quatre principaux groupes qui, depuis 1997, se sont implantés en Roumanie, en association avec des partenaires roumains - je veux parler de France Télécom, Lafarge, Société Générale et Renault -, de nombreuses entreprises françaises sont présentes. Je mentionnerai, parmi bien d'autres, Vivendi, Suez, Alcatel, EADS, Danone, Carrefour ou encore Michelin. Nos entretiens nous ont permis d'évoquer de nouveaux projets dans les domaines de l'agriculture, de la métallurgie, de la sidérurgie ou des transports. Il faut voir dans ces investissements autant de marques de confiance dans l'économie roumaine en cours de redressement et dans la qualité d'une main d'oeuvre locale à laquelle nos entreprises ont massivement recours.
Partenariat culturel et de coopération enfin. Prenant appui sur notre connivence linguistique et intellectuelle, ce partenariat repose aujourd'hui sur une francophonie forte et dynamique. Votre parfaite maîtrise de notre langue, Monsieur le Premier ministre, en témoigne. Dans ce pays, un quart des habitants parle le français. Portés par ce goût des Roumains pour notre langue, les quatre Centres culturels, les cinq Alliances françaises, les douze filières francophones, les cinquante-trois lycées bilingues et les 14000 Roumains professeurs de français contribuent à animer notre grand réseau culturel, entièrement au service de l'amitié franco-roumaine.
Ce partenariat entre nos deux pays trouve naturellement sa place dans l'Europe que nous voulons construire.
L'élargissement de l'Union européenne est entré dans une phase décisive. Il s'agit désormais de réunir la famille européenne, artificiellement séparée pendant quarante-cinq ans.
Avant d'accueillir de nouveaux Etats-membres, il convenait d'abord d'adapter les institutions de l'Union et de réfléchir à l'Europe que nous voulons. Tel a été l'objet du Traité de Nice, conclu sous la Présidence française et dont le Parlement français vient d'autoriser la ratification. A Nice, le Conseil européen a également décidé d'ouvrir un grand débat sur l'avenir de l'Union. La France souhaite que la Roumanie, comme les autres pays candidats, soit associée à cette discussion. Ensemble, nous pourrons promouvoir les valeurs communes auxquelles mon pays est profondément attaché : la démocratie, les droits de l'homme et la prospérité économique en ce qu'elle est indissociable du progrès social.
Aux yeux des Français, la Roumanie a vocation à rejoindre l'Union. Dans ce but légitime que vous poursuivez, mon pays est, vous le savez, un allié. Nous soutenons inlassablement les efforts que vous avez engagés pour rejoindre l'Union en mobilisant toutes les énergies de votre peuple. Le Président de la République a eu l'occasion de dire que la France se tenait prête à vous aider. D'ores et déjà, nous participons à vingt-deux jumelages institutionnels dans des domaines variés. En outre, le programme de coopération que nous avons signé aujourd'hui nous permettra de collaborer plus étroitement dans un domaine sensible, celui de la protection de l'enfance. Et j'exprime l'espoir que la levée de l'obligation de visa pour la Roumanie - que la France a soutenue la première et avec vigueur - sera très prochainement décidée par le Conseil de l'Union européenne, en même temps qu'un renforcement des contrôles aux frontières.
La France apporte également un soutien sans réserve à votre candidature à l'OTAN. La Roumanie veille à favoriser la coexistence harmonieuse de ses différentes communautés, en même temps qu'elle est engagée dans une politique de bon voisinage avec les Etats qui l'entourent. Par cette contribution à la stabilité de l'Europe du sud-est - particulièrement mise en valeur cette année par un excellent travail à la Présidence de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe -, par son importance stratégique intrinsèque, par son attitude courageuse et équilibrée lors des conflits en ex-Yougoslavie, la Roumanie mérite pleinement que l'Alliance atlantique lui ouvre ses portes.
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames, Messieurs,
Je suis profondément touché par la chaleur de votre accueil et espère de tout coeur que cette visite puisse imprimer, dans tous les domaines, un nouvel élan à notre partenariat.
Dans cette perspective, je lève mon verre à votre santé, Monsieur le Premier ministre, à celle de tous les participants à ce dîner, aux succès de la Roumanie et à l'amitié franco-roumaine.
Beaucoup de bonheur et Santé : Moult norok chi sanatate !
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 25 juillet 2001)
Messieurs les Premiers ministres,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi de vous remercier, Monsieur le Premier ministre, pour les paroles si chaleureuses que vous venez de prononcer. Je souhaiterais également vous exprimer toute ma gratitude pour l'accueil remarquable que vous avez réservé à la délégation qui m'accompagne et à moi-même. Je suis particulièrement heureux de me trouver à Bucarest pour cette visite officielle qui répond à votre aimable invitation. La cordialité des entretiens que nous venons d'avoir reflète le caractère exceptionnel des relations franco-roumaines. Solidement enracinée dans une histoire faite d'admiration réciproque et de collaborations fructueuses, notre amitié s'épanouit aujourd'hui dans un grand partenariat qui a vocation à s'ouvrir à l'Europe.
Notre histoire est celle d'une amitié solide entre deux Nations latines.
C'est au temps des Lumières que cette amitié est née. Dès le 18ème siècle, les Roumains instruits se mirent à garnir leurs bibliothèques des oeuvres de nos encyclopédistes et adoptèrent le français comme leur seconde langue, leur langue " internationale " comme ils aimaient à la nommer. Admiratif des valeurs portées par la Révolution française, votre peuple vit dans mon pays un allié dans la lutte contre les dominations étrangères et dans l'affirmation du sentiment national. C'est donc par solidarité pour un ami fidèle, qu'au lendemain du " printemps des peuples " de 1848, la France de Napoléon III apporta son soutien à l'union des principautés roumaines puis à l'indépendance de la Roumanie. Cette solidarité s'exprima à nouveau lors du premier conflit mondial, lorsque nos deux peuples furent associés dans une mémorable fraternité d'armes.
Notre connivence -notre intimité serais-je même tenté de dire- fut affectée par la division de l'Europe en deux blocs. Pourtant, jamais pendant cette période ne se sont éteints, ici, le goût pour la langue et la culture françaises et, dans mon pays, l'attention et l'affection portées au peuple roumain. Ce fut donc tout naturellement qu'en 1989, lorsque votre pays retrouva la démocratie, nos relations connurent un nouveau départ. Les Français n'oublieront pas que ce fut notamment dans leur langue que, devant les caméras de télévision, les Roumains exprimèrent leur joie face à cette liberté reconquise.
Cette amitié repose sur de profondes affinités. L'entente qui existe entre nos peuples doit beaucoup aux échanges entre les milieux intellectuels et artistiques de nos deux pays. Je pense à ces écrivains qui, tels Jules MICHELET, Paul MORAND ou plus récemment Dominique FERNANDEZ, ont été séduits par votre pays et ont su faire partager aux lecteurs français leur goût pour la Roumanie. Je pense aussi aux talentueux Roumains qui, tels Tristan TZARA, le fondateur du dadaïsme, le dramaturge Eugène IONESCO ou le philosophe Emile CIORAN, ont produit le meilleur de leur uvre dans notre langue. Les exemples du peintre Nicolae GRIGORESCU, influencé par l'école de Barbizon, du sculpteur Constantin BRANCUSI ou encore du violoniste Georges ENESCO, qui ont fait de la France leur pays d'élection, me viennent également à l'esprit. Quel plus beau symbole de cette amitié franco-roumaine que l'intimité intellectuelle et affective qui naquit entre Panaït ISTRATI et Romain ROLLAND, après que celui-ci eut reçu la lettre que lui avait adressé, dans le plus grand désespoir, le conteur roumain.
Si l'entente entre nos deux peuples est si naturelle, c'est que nous partageons les valeurs fondatrices de la civilisation européenne. Le Comte de SAINT-AULAIRE, écrivain et Ambassadeur de France en Roumanie pendant la Première Guerre mondiale, présentait très justement cette communauté de valeurs entre nos deux nations, lorsqu'il observait que " la France en Occident, la Roumanie en Orient montent la garde pour le même idéal ".
Forte de ce riche héritage, notre relation s'épanouit aujourd'hui dans un grand partenariat franco-roumain.
Partenariat politique d'abord, marqué par un dialogue régulier, confiant et constructif au plus haut niveau. L'intensité des échanges ministériels qui ont marqué cette année 2001 -avec les visites en France des ministres roumains des Affaires étrangères, de l'Intégration européenne et de l'Education, et les déplacements en Roumanie de Charles JOSSELIN, ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie, et de Guy HASCOËT, secrétaire d'Etat à l'Economie solidaire- en témoigne. En outre, des échanges viendront prolonger nos entretiens d'aujourd'hui.
Partenariat économique, bien sûr. Nos échanges commerciaux connaissent une croissance soutenue et la France est, depuis quatre ans, le premier investisseur en Roumanie. A côté des quatre principaux groupes qui, depuis 1997, se sont implantés en Roumanie, en association avec des partenaires roumains - je veux parler de France Télécom, Lafarge, Société Générale et Renault -, de nombreuses entreprises françaises sont présentes. Je mentionnerai, parmi bien d'autres, Vivendi, Suez, Alcatel, EADS, Danone, Carrefour ou encore Michelin. Nos entretiens nous ont permis d'évoquer de nouveaux projets dans les domaines de l'agriculture, de la métallurgie, de la sidérurgie ou des transports. Il faut voir dans ces investissements autant de marques de confiance dans l'économie roumaine en cours de redressement et dans la qualité d'une main d'oeuvre locale à laquelle nos entreprises ont massivement recours.
Partenariat culturel et de coopération enfin. Prenant appui sur notre connivence linguistique et intellectuelle, ce partenariat repose aujourd'hui sur une francophonie forte et dynamique. Votre parfaite maîtrise de notre langue, Monsieur le Premier ministre, en témoigne. Dans ce pays, un quart des habitants parle le français. Portés par ce goût des Roumains pour notre langue, les quatre Centres culturels, les cinq Alliances françaises, les douze filières francophones, les cinquante-trois lycées bilingues et les 14000 Roumains professeurs de français contribuent à animer notre grand réseau culturel, entièrement au service de l'amitié franco-roumaine.
Ce partenariat entre nos deux pays trouve naturellement sa place dans l'Europe que nous voulons construire.
L'élargissement de l'Union européenne est entré dans une phase décisive. Il s'agit désormais de réunir la famille européenne, artificiellement séparée pendant quarante-cinq ans.
Avant d'accueillir de nouveaux Etats-membres, il convenait d'abord d'adapter les institutions de l'Union et de réfléchir à l'Europe que nous voulons. Tel a été l'objet du Traité de Nice, conclu sous la Présidence française et dont le Parlement français vient d'autoriser la ratification. A Nice, le Conseil européen a également décidé d'ouvrir un grand débat sur l'avenir de l'Union. La France souhaite que la Roumanie, comme les autres pays candidats, soit associée à cette discussion. Ensemble, nous pourrons promouvoir les valeurs communes auxquelles mon pays est profondément attaché : la démocratie, les droits de l'homme et la prospérité économique en ce qu'elle est indissociable du progrès social.
Aux yeux des Français, la Roumanie a vocation à rejoindre l'Union. Dans ce but légitime que vous poursuivez, mon pays est, vous le savez, un allié. Nous soutenons inlassablement les efforts que vous avez engagés pour rejoindre l'Union en mobilisant toutes les énergies de votre peuple. Le Président de la République a eu l'occasion de dire que la France se tenait prête à vous aider. D'ores et déjà, nous participons à vingt-deux jumelages institutionnels dans des domaines variés. En outre, le programme de coopération que nous avons signé aujourd'hui nous permettra de collaborer plus étroitement dans un domaine sensible, celui de la protection de l'enfance. Et j'exprime l'espoir que la levée de l'obligation de visa pour la Roumanie - que la France a soutenue la première et avec vigueur - sera très prochainement décidée par le Conseil de l'Union européenne, en même temps qu'un renforcement des contrôles aux frontières.
La France apporte également un soutien sans réserve à votre candidature à l'OTAN. La Roumanie veille à favoriser la coexistence harmonieuse de ses différentes communautés, en même temps qu'elle est engagée dans une politique de bon voisinage avec les Etats qui l'entourent. Par cette contribution à la stabilité de l'Europe du sud-est - particulièrement mise en valeur cette année par un excellent travail à la Présidence de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe -, par son importance stratégique intrinsèque, par son attitude courageuse et équilibrée lors des conflits en ex-Yougoslavie, la Roumanie mérite pleinement que l'Alliance atlantique lui ouvre ses portes.
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames, Messieurs,
Je suis profondément touché par la chaleur de votre accueil et espère de tout coeur que cette visite puisse imprimer, dans tous les domaines, un nouvel élan à notre partenariat.
Dans cette perspective, je lève mon verre à votre santé, Monsieur le Premier ministre, à celle de tous les participants à ce dîner, aux succès de la Roumanie et à l'amitié franco-roumaine.
Beaucoup de bonheur et Santé : Moult norok chi sanatate !
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 25 juillet 2001)