Texte intégral
Madame, Monsieur,
Vous êtes frappés par une succession de catastrophes dont personne ne voit la fin. 1996 a été l'année de la première crise de l'ESB avec, pendant quelques mois, une consommation de viande bovine en forte baisse. En 1998 et 1999, c'est la filière porcine qui subit une crise longue et douloureuse. A l'automne 2000, l'élevage bovin est à nouveau atteint par la deuxième crise de l'ESB, et, ces dernières semaines, la fièvre aphteuse vient menacer notre cheptel. Bien sûr, ce dernier épisode qui concerne une maladie animale bien connue et sans danger pour l'homme, est-il beaucoup moins grave que les inquiétudes nées de l'ESB. Toutefois, je comprends le désarroi, la détresse, de tous ceux que les nécessaires mesures de précaution obligent à abattre leur troupeau qui représente, souvent, des années de travail. Je conçois aussi le malaise de tous les agriculteurs qui ont choisi de nourrir leurs concitoyens et perçoivent le sentiment de suspicion générale à l'égard de l'alimentation. Je sais aussi votre colère devant certaines images de charniers ou de bûchers largement répandues par les médias et que vous vivez comme des coups de poignard.
Je voudrais dire avec force que je défendrai toujours les agriculteurs contre les jugements accusateurs et simplificateurs. Les éleveurs sont surtout les victimes des circonstances ou de décisions erronées prises en dehors d'eux. La fièvre aphteuse est une maladie qui frappe tous les continents et que n'arrête pas une vaccination qui interdit au pays qui en fait usage d'exporter ses animaux. Nous la maîtriserons et l'éliminerons si tout le monde joue le jeu de l'action collective et si, en particulier, la plus grande transparence est faite sur les transactions et les transferts d'animaux directement ou indirectement concernés ces dernières semaines. C'est pourquoi, j'en ai appelé au civisme de tous pour que l'irresponsabilité de quelques uns ne pénalise pas l'immense majorité. Quant à l'ESB, on sait avec une quasi-certitude que c'est la décision désastreuse de ne plus chauffer les farines carnées au Royaume-Uni qui a permis l'extension de l'épizootie. La culpabilisation généralisée que tendent à accréditer certains médias est donc tout à fait injuste. Je le dis avec conviction, comme je répète que, dans la crise actuelle, la solidarité nationale est légitime à l'égard des éleveurs.
Celle-ci s'exerce déjà largement. J'ai annoncé un premier train de mesures en novembre 2000, essentiellement destiné à alléger les difficultés de trésorerie des éleveurs. Un dispositif financé sur fonds communautaires et nationaux est en place depuis janvier 2001 : son objectif est de retrouver la confiance des consommateurs grâce aux tests sur les animaux de plus de trente mois, et d'assainir le marché grâce à la procédure de retrait/destruction. Enfin, face au refus de l'Union européenne d'accorder des aides directes, le gouvernement français a pris ses responsabilités et mis en place un plan d'aides directes de 1,4 Milliard de francs. J'ai souhaité avec détermination que ces aides concernent ceux qui sont le plus touchés par la crise, soit qu'ils vivent essentiellement d'exportations aujourd'hui presque arrêtées, soit que leur exploitation, de taille moyenne ou modeste, ait la viande pour principale activité. C'est la justice, et la justice est ici la garantie de l'efficacité, contrairement à un saupoudrage qui n'aurait aidé personne ou aurait favorisé, comme parfois, ceux qui ont le moins besoin d'appui. C'est aussi la condition pour que l'opinion publique accepte l'effort financier qu'on lui demande.
Je veux vous dire mon engagement personnel total pour que ces aides soient versées dans les plus brefs délais. Car je sais que beaucoup d'entre vous ne peuvent pas attendre. Mais il faut, pour cela, que vos organisations professionnelles se saisissent en C.D.O.A. des modalités de répartition des enveloppes départementales et que vous puissiez ensuite, très vite, déposer vos dossiers.
Je voudrais conclure en nous invitant tous à réfléchir à l'avenir à l'occasion de la crise. Les consommateurs attendent désormais la sécurité et la qualité. Sans doute, beaucoup d'entre eux sont-ils même prêts à payer plus cher. Beaucoup d'éleveurs ont déjà fait ce choix de la qualité, comme celui du respect de l'environnement. C'est un mouvement auquel tous les acteurs concernés doivent contribuer : l'agriculteur, responsable de son exploitation ; la grande distribution qui doit accepter de rémunérer les efforts consentis par l'éleveur ; les pouvoirs publics enfin en réorientant les aides pour permettre aux éleveurs de répondre aux attentes de plus en plus pressantes de la société. L'ambition pour l'avenir est là. Il y faut de la détermination, du sérieux et la volonté d'agir ensemble. Il nous faut croire en l'avenir. Je suis à vos côtés.
Je veux vous redire ma solidarité entière, mon engagement personnel à vos côtés et ma volonté de surmonter avec vous ces crises et vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de mes sentiments les meilleurs.
(source http://agriculture.gouv.fr, le 26 juin 2001)
Vous êtes frappés par une succession de catastrophes dont personne ne voit la fin. 1996 a été l'année de la première crise de l'ESB avec, pendant quelques mois, une consommation de viande bovine en forte baisse. En 1998 et 1999, c'est la filière porcine qui subit une crise longue et douloureuse. A l'automne 2000, l'élevage bovin est à nouveau atteint par la deuxième crise de l'ESB, et, ces dernières semaines, la fièvre aphteuse vient menacer notre cheptel. Bien sûr, ce dernier épisode qui concerne une maladie animale bien connue et sans danger pour l'homme, est-il beaucoup moins grave que les inquiétudes nées de l'ESB. Toutefois, je comprends le désarroi, la détresse, de tous ceux que les nécessaires mesures de précaution obligent à abattre leur troupeau qui représente, souvent, des années de travail. Je conçois aussi le malaise de tous les agriculteurs qui ont choisi de nourrir leurs concitoyens et perçoivent le sentiment de suspicion générale à l'égard de l'alimentation. Je sais aussi votre colère devant certaines images de charniers ou de bûchers largement répandues par les médias et que vous vivez comme des coups de poignard.
Je voudrais dire avec force que je défendrai toujours les agriculteurs contre les jugements accusateurs et simplificateurs. Les éleveurs sont surtout les victimes des circonstances ou de décisions erronées prises en dehors d'eux. La fièvre aphteuse est une maladie qui frappe tous les continents et que n'arrête pas une vaccination qui interdit au pays qui en fait usage d'exporter ses animaux. Nous la maîtriserons et l'éliminerons si tout le monde joue le jeu de l'action collective et si, en particulier, la plus grande transparence est faite sur les transactions et les transferts d'animaux directement ou indirectement concernés ces dernières semaines. C'est pourquoi, j'en ai appelé au civisme de tous pour que l'irresponsabilité de quelques uns ne pénalise pas l'immense majorité. Quant à l'ESB, on sait avec une quasi-certitude que c'est la décision désastreuse de ne plus chauffer les farines carnées au Royaume-Uni qui a permis l'extension de l'épizootie. La culpabilisation généralisée que tendent à accréditer certains médias est donc tout à fait injuste. Je le dis avec conviction, comme je répète que, dans la crise actuelle, la solidarité nationale est légitime à l'égard des éleveurs.
Celle-ci s'exerce déjà largement. J'ai annoncé un premier train de mesures en novembre 2000, essentiellement destiné à alléger les difficultés de trésorerie des éleveurs. Un dispositif financé sur fonds communautaires et nationaux est en place depuis janvier 2001 : son objectif est de retrouver la confiance des consommateurs grâce aux tests sur les animaux de plus de trente mois, et d'assainir le marché grâce à la procédure de retrait/destruction. Enfin, face au refus de l'Union européenne d'accorder des aides directes, le gouvernement français a pris ses responsabilités et mis en place un plan d'aides directes de 1,4 Milliard de francs. J'ai souhaité avec détermination que ces aides concernent ceux qui sont le plus touchés par la crise, soit qu'ils vivent essentiellement d'exportations aujourd'hui presque arrêtées, soit que leur exploitation, de taille moyenne ou modeste, ait la viande pour principale activité. C'est la justice, et la justice est ici la garantie de l'efficacité, contrairement à un saupoudrage qui n'aurait aidé personne ou aurait favorisé, comme parfois, ceux qui ont le moins besoin d'appui. C'est aussi la condition pour que l'opinion publique accepte l'effort financier qu'on lui demande.
Je veux vous dire mon engagement personnel total pour que ces aides soient versées dans les plus brefs délais. Car je sais que beaucoup d'entre vous ne peuvent pas attendre. Mais il faut, pour cela, que vos organisations professionnelles se saisissent en C.D.O.A. des modalités de répartition des enveloppes départementales et que vous puissiez ensuite, très vite, déposer vos dossiers.
Je voudrais conclure en nous invitant tous à réfléchir à l'avenir à l'occasion de la crise. Les consommateurs attendent désormais la sécurité et la qualité. Sans doute, beaucoup d'entre eux sont-ils même prêts à payer plus cher. Beaucoup d'éleveurs ont déjà fait ce choix de la qualité, comme celui du respect de l'environnement. C'est un mouvement auquel tous les acteurs concernés doivent contribuer : l'agriculteur, responsable de son exploitation ; la grande distribution qui doit accepter de rémunérer les efforts consentis par l'éleveur ; les pouvoirs publics enfin en réorientant les aides pour permettre aux éleveurs de répondre aux attentes de plus en plus pressantes de la société. L'ambition pour l'avenir est là. Il y faut de la détermination, du sérieux et la volonté d'agir ensemble. Il nous faut croire en l'avenir. Je suis à vos côtés.
Je veux vous redire ma solidarité entière, mon engagement personnel à vos côtés et ma volonté de surmonter avec vous ces crises et vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de mes sentiments les meilleurs.
(source http://agriculture.gouv.fr, le 26 juin 2001)