Texte intégral
Messieurs les Ministres, cher Frédéric Mitterrand, cher François Sauvadet,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Cest avec plaisir que je suis parmi vous pour inaugurer le MuséoParc dAlésia qui nous plonge dans lunivers de la Gaule.
Etat, département de la Côte dOr, Région, associations, historiens, tous nous avons conjugué nos efforts pour faire de cet espace un magnifique lieu de connaissances et de réflexion.
Il est juste, il est légitime, de redonner à cette période de notre Histoire les lumières quelle mérite.
La localisation de la fameuse bataille dAlésia en lan 52 avant Jésus-Christ a longtemps été lobjet dincertitudes, et elle est encore à la source de quelques controverses.
Mais il existe aujourdhui un large consensus des historiens pour la situer sur ce site.
Tout a commencé avec Napoléon III, qui a lancé les fouilles archéologiques qui ont mis à jour le site dAlise-Sainte-Reine.
Près de 150 ans après, nous célébrons la transformation de ce lieu en un grand complexe muséal, avec linauguration du Centre dinterprétation.
Alésia a existé, à Alésia on sest battu, mais Alésia a pris au cours du temps une résonnance plus grande encore : Alésia est devenu une légende.
"Les pays qui nont plus de légende seront condamnés à mourir de froid", écrivait Patrice de la Tour du Pin.
Une nation se forge par son Histoire, mais aussi en orchestrant son Histoire. Et cette Histoire est faite de réalités objectives et de mythes que sapproprient les peuples.
Les mythes sont là pour enseigner quelque chose ; les lieux de mémoire sont porteurs dune valeur quil faut décrypter.
Que signifie Alésia dans notre Histoire nationale ?
Cest dabord une fresque de contrastes riches en puissance dévocation : un contraste entre deux hommes, César et Vercingétorix; entre la civilisation romaine et la diversité des peuples de Gaule réunis ici.
Alésia cest aussi létonnante convergence de ces peuples pour défendre leur territoire. Il y a dans ce sursaut commun une intuition de lintérêt général face aux divisions.
On peut être frappé que ce mythe soit celui dune défaite.
Mais il est des défaites fondatrices, et la nation française trouve dans ce mythe dAlésia limage de ladversité qui la si souvent frappée, et dont elle sest toujours relevée par lesprit de résistance qui lanime.
A Alésia, il y a plus de 2000 ans, des peuples de Gaule étaient vaincus, leur chef déposait les armes aux pieds du vainqueur, et des Gaulois partaient en esclavage.
Qui pouvait prédire que la France, héritière de ces tribus gauloises et de tant dautres, allait progressivement naître, progressivement sunir et finalement marquer le monde de sa trace étonnante ?
Surmontant ses déchirements, surmontant les coups durs, la France sest faite, la France sest rassemblée, et nous sommes là ensemble, résistants à ceux qui voudraient nous opposer.
Mesdames et messieurs,
Nous venons de vivre une semaine éprouvante.
La tragédie de Montauban et de Toulouse sest conclue par la mort du criminel.
Nous devons rendre hommage au travail extraordinaire de nos forces de lordre.
Le Président de la République avait décidé dengager tous les moyens nécessaires pour mettre hors détat de nuire cet assassin qui avait choisi de sattaquer à des innocents au nom dune idéologie meurtrière.
Aucune cause politique ou religieuse ne légitime la sauvagerie dont il a fait preuve. Il ny a aucun courage, aucun honneur, à sattaquer à des innocents.
En frappant nos militaires, parce quils servaient notre nation là où nos intérêts sont en jeu et là où le droit international lexige, puis en frappant la communauté juive de France, cest en réalité notre République qui était visée. Et cest elle qui a rendu un hommage solennel à ses morts.
Face à la haine, face à lantisémitisme, la République est implacable car cest son unité qui est en jeu, et ceux qui sattaquent à elle nous trouverons toujours sur leur chemin.
Ce drame qui a bouleversé les Français donne tout son sens, toute sa profondeur aux valeurs dégalité et de fraternité qui fondent notre communauté nationale.
Quelles que soient nos différences, quelles que soient nos origines, quelles que soient nos confessions, nous sommes tous les membres de la même famille.
Celle de lhumanité dabord, cette famille dont les valeurs universelles ont été scellées en 1948, à Paris, dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme, qui était inspirée par notre Déclaration de 1789.
A limage de ce meurtrier, les fanatiques haïssent les valeurs qui sont célébrées dans ces déclarations.
Nous avons le devoir de leur opposer notre force dâme. Avec calme et fermeté nous devons nous tenir droit face à leurs intimidations.
Nous sommes aussi les membres de la même famille nationale. Par delà la couleur de la peau, les croyances, les racines, nous sommes tous Français, unis sous la même bannière tricolore.
La France a une identité, une culture, une essence. Mais rien ne fut jamais figé !
Ici, à Alésia, comment ne pas ressentir tout à la fois la résistance de la Gaule, son courage, sa singularité mais aussi sa métamorphose dans lempire Romain ?
Notre nation n'a jamais cessé de se construire, de s'élargir, de s'unifier.
Elle na jamais cessé de fédérer des provinces rebelles.
Elle na jamais cessé dembrasser des religions différentes, daccueillir et dassimiler des immigrants.
Le processus dunification fut chaotique, parfois douloureux, mais par lautorité de l'État, par la communion de la langue, par légalité des droits, par le prix du sang, la France s'est trouvée !
À tort, certains crurent que le drapeau français n'était ni assez généreux, ni assez large, pour rassembler chacun dans ses différences. Eh bien non, ce drapeau fut et reste suffisamment lumineux pour faire de nous une nation de citoyens, une nation soudée, une nation fraternelle.
En ce lieu chargé dHistoire, jinvite les Français à regarder leur passé avec fierté, avec déférence, avec lucidité.
La France vient de loin, et il me plaît de penser que nous sommes tous un peu gaulois : indisciplinés, téméraires, capables de vouloir limpossible et dy arriver pourtant. Mais je noublie pas tous ceux qui depuis plusieurs siècles ont mêlé leur destin à celui de la nation.
Après le drame de Toulouse, comment ne pas rappeler que cela fait plus de vingt siècles que les juifs vivent parmi nous, en Français à part entière ?
Vingt siècles et avec quels exceptionnels résultats : Rachi de Troyes, le Général Wolf, Marcel Proust, Romain Gary, Pierre Mendès France, André Citroën, Marc Bloch, Simone Veil, Georges Charpak et tant dautres.
Tous apportèrent leur intelligence et leur bravoure au grand fleuve de la nation française. Ce fleuve est immense, et les ruisseaux de notre gloire sont multiples.
Lorsquà Magenta, en 1859, le régiment de Zouaves chargea lennemi, personne ne regarda la couleur de peau de ces braves parmi les braves.
Durant la Grande Guerre, qui sinterrogea sur les origines des 100.000 morts et disparus de l'Armée d'Afrique dans les tranchées de la Marne et de Verdun.
Et nul ne sinterrogea, en 1944, sur celles des Tirailleurs, Spahis, Tabors, descendus de lAtlas et des Aurès pour libérer notre patrie.
Oui, la Gaule constitue lun des socles de la France, mais célébrons aussi tous ceux qui ont participé à sa construction, à son enrichissement, à sa défense.
Tout ceci pour dire, Mesdames et Messieurs, que notre vieille et grande nation est faite de tous ces apports qui se sont rassemblés autour dun idéal commun qui a pour noms, la France et la République.
Notre unité nationale est notre bien le plus précieux.
Nous devons être plus forts que ceux qui veulent détruire notre pacte. Et nous le serons !
Nous devons être plus forts que la violence, la haine, le racisme, tous ces maux qui salissent le visage de la Nation. Et nous le serons !
Nous devons être plus forts que le repli, légoïsme, lintégrisme. Et nous le serons !
Pour la France que nous aimons, pour la France unie, nous choisirons dêtre toujours ensemble, libres, égaux et fraternels.
Source http://www.gouvernement.fr, le 23 mars 2012
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Cest avec plaisir que je suis parmi vous pour inaugurer le MuséoParc dAlésia qui nous plonge dans lunivers de la Gaule.
Etat, département de la Côte dOr, Région, associations, historiens, tous nous avons conjugué nos efforts pour faire de cet espace un magnifique lieu de connaissances et de réflexion.
Il est juste, il est légitime, de redonner à cette période de notre Histoire les lumières quelle mérite.
La localisation de la fameuse bataille dAlésia en lan 52 avant Jésus-Christ a longtemps été lobjet dincertitudes, et elle est encore à la source de quelques controverses.
Mais il existe aujourdhui un large consensus des historiens pour la situer sur ce site.
Tout a commencé avec Napoléon III, qui a lancé les fouilles archéologiques qui ont mis à jour le site dAlise-Sainte-Reine.
Près de 150 ans après, nous célébrons la transformation de ce lieu en un grand complexe muséal, avec linauguration du Centre dinterprétation.
Alésia a existé, à Alésia on sest battu, mais Alésia a pris au cours du temps une résonnance plus grande encore : Alésia est devenu une légende.
"Les pays qui nont plus de légende seront condamnés à mourir de froid", écrivait Patrice de la Tour du Pin.
Une nation se forge par son Histoire, mais aussi en orchestrant son Histoire. Et cette Histoire est faite de réalités objectives et de mythes que sapproprient les peuples.
Les mythes sont là pour enseigner quelque chose ; les lieux de mémoire sont porteurs dune valeur quil faut décrypter.
Que signifie Alésia dans notre Histoire nationale ?
Cest dabord une fresque de contrastes riches en puissance dévocation : un contraste entre deux hommes, César et Vercingétorix; entre la civilisation romaine et la diversité des peuples de Gaule réunis ici.
Alésia cest aussi létonnante convergence de ces peuples pour défendre leur territoire. Il y a dans ce sursaut commun une intuition de lintérêt général face aux divisions.
On peut être frappé que ce mythe soit celui dune défaite.
Mais il est des défaites fondatrices, et la nation française trouve dans ce mythe dAlésia limage de ladversité qui la si souvent frappée, et dont elle sest toujours relevée par lesprit de résistance qui lanime.
A Alésia, il y a plus de 2000 ans, des peuples de Gaule étaient vaincus, leur chef déposait les armes aux pieds du vainqueur, et des Gaulois partaient en esclavage.
Qui pouvait prédire que la France, héritière de ces tribus gauloises et de tant dautres, allait progressivement naître, progressivement sunir et finalement marquer le monde de sa trace étonnante ?
Surmontant ses déchirements, surmontant les coups durs, la France sest faite, la France sest rassemblée, et nous sommes là ensemble, résistants à ceux qui voudraient nous opposer.
Mesdames et messieurs,
Nous venons de vivre une semaine éprouvante.
La tragédie de Montauban et de Toulouse sest conclue par la mort du criminel.
Nous devons rendre hommage au travail extraordinaire de nos forces de lordre.
Le Président de la République avait décidé dengager tous les moyens nécessaires pour mettre hors détat de nuire cet assassin qui avait choisi de sattaquer à des innocents au nom dune idéologie meurtrière.
Aucune cause politique ou religieuse ne légitime la sauvagerie dont il a fait preuve. Il ny a aucun courage, aucun honneur, à sattaquer à des innocents.
En frappant nos militaires, parce quils servaient notre nation là où nos intérêts sont en jeu et là où le droit international lexige, puis en frappant la communauté juive de France, cest en réalité notre République qui était visée. Et cest elle qui a rendu un hommage solennel à ses morts.
Face à la haine, face à lantisémitisme, la République est implacable car cest son unité qui est en jeu, et ceux qui sattaquent à elle nous trouverons toujours sur leur chemin.
Ce drame qui a bouleversé les Français donne tout son sens, toute sa profondeur aux valeurs dégalité et de fraternité qui fondent notre communauté nationale.
Quelles que soient nos différences, quelles que soient nos origines, quelles que soient nos confessions, nous sommes tous les membres de la même famille.
Celle de lhumanité dabord, cette famille dont les valeurs universelles ont été scellées en 1948, à Paris, dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme, qui était inspirée par notre Déclaration de 1789.
A limage de ce meurtrier, les fanatiques haïssent les valeurs qui sont célébrées dans ces déclarations.
Nous avons le devoir de leur opposer notre force dâme. Avec calme et fermeté nous devons nous tenir droit face à leurs intimidations.
Nous sommes aussi les membres de la même famille nationale. Par delà la couleur de la peau, les croyances, les racines, nous sommes tous Français, unis sous la même bannière tricolore.
La France a une identité, une culture, une essence. Mais rien ne fut jamais figé !
Ici, à Alésia, comment ne pas ressentir tout à la fois la résistance de la Gaule, son courage, sa singularité mais aussi sa métamorphose dans lempire Romain ?
Notre nation n'a jamais cessé de se construire, de s'élargir, de s'unifier.
Elle na jamais cessé de fédérer des provinces rebelles.
Elle na jamais cessé dembrasser des religions différentes, daccueillir et dassimiler des immigrants.
Le processus dunification fut chaotique, parfois douloureux, mais par lautorité de l'État, par la communion de la langue, par légalité des droits, par le prix du sang, la France s'est trouvée !
À tort, certains crurent que le drapeau français n'était ni assez généreux, ni assez large, pour rassembler chacun dans ses différences. Eh bien non, ce drapeau fut et reste suffisamment lumineux pour faire de nous une nation de citoyens, une nation soudée, une nation fraternelle.
En ce lieu chargé dHistoire, jinvite les Français à regarder leur passé avec fierté, avec déférence, avec lucidité.
La France vient de loin, et il me plaît de penser que nous sommes tous un peu gaulois : indisciplinés, téméraires, capables de vouloir limpossible et dy arriver pourtant. Mais je noublie pas tous ceux qui depuis plusieurs siècles ont mêlé leur destin à celui de la nation.
Après le drame de Toulouse, comment ne pas rappeler que cela fait plus de vingt siècles que les juifs vivent parmi nous, en Français à part entière ?
Vingt siècles et avec quels exceptionnels résultats : Rachi de Troyes, le Général Wolf, Marcel Proust, Romain Gary, Pierre Mendès France, André Citroën, Marc Bloch, Simone Veil, Georges Charpak et tant dautres.
Tous apportèrent leur intelligence et leur bravoure au grand fleuve de la nation française. Ce fleuve est immense, et les ruisseaux de notre gloire sont multiples.
Lorsquà Magenta, en 1859, le régiment de Zouaves chargea lennemi, personne ne regarda la couleur de peau de ces braves parmi les braves.
Durant la Grande Guerre, qui sinterrogea sur les origines des 100.000 morts et disparus de l'Armée d'Afrique dans les tranchées de la Marne et de Verdun.
Et nul ne sinterrogea, en 1944, sur celles des Tirailleurs, Spahis, Tabors, descendus de lAtlas et des Aurès pour libérer notre patrie.
Oui, la Gaule constitue lun des socles de la France, mais célébrons aussi tous ceux qui ont participé à sa construction, à son enrichissement, à sa défense.
Tout ceci pour dire, Mesdames et Messieurs, que notre vieille et grande nation est faite de tous ces apports qui se sont rassemblés autour dun idéal commun qui a pour noms, la France et la République.
Notre unité nationale est notre bien le plus précieux.
Nous devons être plus forts que ceux qui veulent détruire notre pacte. Et nous le serons !
Nous devons être plus forts que la violence, la haine, le racisme, tous ces maux qui salissent le visage de la Nation. Et nous le serons !
Nous devons être plus forts que le repli, légoïsme, lintégrisme. Et nous le serons !
Pour la France que nous aimons, pour la France unie, nous choisirons dêtre toujours ensemble, libres, égaux et fraternels.
Source http://www.gouvernement.fr, le 23 mars 2012