Texte intégral
Mes Chers Amis, merci.
Merci dêtre là car jai besoin de vous.
Merci de votre engagement parce quune campagne présidentielle, cela ne se gagne pas seul.
Pour gagner, Il faut être soulevé, soulevé par une vague qui vient des profondeurs du pays. Il faut être porté par un élan, par une confiance, par un enthousiasme.
Eh bien, cette vague, cest vous, car vous êtes le peuple de France !
Mes chers amis, jai un message, jai un message pour les permanents de la CGT qui ont scandaleusement empêché la diffusion dOuest france qui avait commis un crime, prendre une interview que je leur ai donnée.
Voilà la conception de la démocratie par les permanents de la CGT. Honte sur les gens qui se comportent de cette nature ! Et je leur dis : Faut-il que vous ayez peur pour nous empêcher de parler ? Mais vous ny arriverez pas. Et sil faut revenir et redonner un entretien à OUEST-FRANCE, je suis candidat pour défendre la liberté de la presse dans notre pays !
Mais oui ! Et si jai proposé un référendum, cest parce que nous, le peuple de France, nous ne voulons pas de ces corps intermédiaires qui confondent tout. Le syndicalisme est légitime quand il défend les intérêts des travailleurs, il est illégitime quand il se livre à de la politique politicienne et quil veut empêcher le fonctionnement normal de la démocratie !
Jai un autre message : je veux dire à Bernadette CHIRAC que je suis heureux quelle soit là. A mon âge, Bernadette, jai le droit de faire une déclaration, et jen profite pour dire à Jean-François COPE, à Jean-Louis BORLOO, que je remercie de sa présence, à Rachida DATI que je suis heureux quavec tous les élus de la région, elle soit là, et je dis également toute mon amitié à Nathalie, ma remarquable porte-parole.
Mes chers amis, dans cette campagne, il nous faut penser à lavenir.
Mais comment ne pas penser dabord à ce présent si lourd démotion et de tristesse ? Comment ne pas partager la douleur des familles quun assassin a plongées dans une peine infinie ? Comment tourner la page et oublier ces jours horribles où chacun vivait dans langoisse que lassassin détruise dautres vies ? Comment imaginer que cela ne nous fasse pas réfléchir sur nous-mêmes, sur notre société, sur le monde dans lequel nous vivons ?
Chercher une explication sociale à cet acte monstrueux, cest inacceptable car cest se préparer à excuser linexcusable. Chercher une explication politique à ce crime atroce, cest commencer à soutenir linsoutenable. La société nest pas responsable. La République nest pas coupable. Le climat nest pas en cause. La France nest pas antisémite.
La France nest pas raciste.
Et la France ne peut pas accepter une manifestation de femmes voilées pour soutenir la mère dun assassin quand les familles des victimes pleurent leurs enfants assassinés.
Cette manifestation a été interdite, et jai donné lordre à la police de la disperser parce quelle était insupportable pour les familles plongées dans la tristesse.
Et je préviens que je ferai interdire toute manifestation de ce genre.
Quant au père de lassassin qui veut porter plainte contre la France pour la mort de son fils, il devrait dabord être meurtri par les crimes odieux que celui-ci a commis de sang-froid. Il devrait dabord partager les douleurs de ceux que ces crimes font tant souffrir.
Et il devrait mesurer à quel point ce quil a dit est offensant pour les familles des victimes. Ce quil a dit est profondément indécent.
Mes chers amis, un événement aussi douloureux ne peut pas ne pas avoir une résonance profonde en chacun dentre nous.
Ces crimes sont une blessure, ces crimes sont une souffrance qui bouleverse les consciences. Les épreuves de la vie nous changent.
Ce qui est vrai pour une personne lest aussi pour un pays. Et on ne peut pas continuer à voir les choses de la même manière quavant les événements de Toulouse et de Montauban. On ne peut pas continuer à faire campagne comme sil ne sétait rien passé.
Le débat démocratique reprend.
Cest légitime, cest nécessaire parce que lélection présidentielle, cest le moment où nous décidons ensemble de notre avenir.
Mais désormais, nous ne pouvons pas penser à notre avenir sans penser à ce qui sest produit. Désormais, il ne peut pas ne pas y avoir dans cette campagne plus de gravité, plus de profondeur, et sans doute plus de vérité. Les choix que vous ferez, mes chers compatriotes, seront lourds de conséquences.
Nous voyons bien les épreuves que nous avons à surmonter, les tragédies auxquelles nous sommes confrontés. Nous navons pas le droit desquiver les problèmes.
Les problèmes, il nous faut les regarder en face. Et parce quon les aura regardés en face, nous serons en mesure de les résoudre.
Cette campagne doit être une campagne de vérité.
Il faut dire la vérité aux Français. Je veux le dire aux Français, les événements récents ne doivent pas servir de prétexte pour clore le débat. Au contraire, ils nous obligent à aller au bout des débats. Ils nous obligent, les événements récents, à ne laisser aucune question de côté aussi dérangeante quelle puisse être. Car le vrai risque, ce nest pas de poser les questions dérangeantes.
Le vrai risque, cest de ne pas aborder les sujets qui fâchent, cest de ne pas dire les choses, cest de ne parler de rien, parce quà force de ne parler de rien, les problèmes saggravent.
Voilà le risque auquel nous sommes confrontés. Ne pas mettre un sujet délicat sur la table, cest prendre le risque daggraver des frustrations et de nourrir les rancoeurs. Un problème dont la politique ne sempare pas, un problème que la société ne prend pas en main, cest un problème qui a toutes les chances de se résoudre ou de se terminer par la violence.
Alors, comment ne pas penser à ces jeunes qui, parce quils ne seront pas allés à lécole, parce quils nauront pas été éduqués, parce quils nauront pas été instruits, parce quon ne leur aura jamais appris la valeur du travail, non seulement narriveront pas à trouver leur place dans la société, mais surtout seront perméables à toutes les influences et vulnérables à toutes les manipulations ?
Si le creuset républicain se remet à fabriquer de lassimilation, cest-à-dire des valeurs communes, une culture commune, une éducation commune, un langage commun, des représentations communes, une politesse commune, le sentiment dune histoire et dune destinée communes, alors il y aura plus de respect et plus de compréhension, alors il y aura moins de peur de lautre, de rejet de lautre, de haine de lautre et moins de violence.
Pour cela, il faut tenir bon sur le modèle républicain, cest-à-dire tenir bon sur les droits, mais tenir bon sur les devoirs. Il faut tenir bon sur la laïcité, il faut tenir bon sur légalité entre lhomme et la femme, il faut tenir bon sur le refus total du communautarisme.
Alors il y aura moins de ségrégation, moins de risque déclatement de la société en groupes rivaux ne se sentant rien en commun les uns avec les autres.
Mais je vais vous poser cette question parce quelle concerne chacun dentre vous : comment intégrer, comment assimiler tous ceux qui ont des difficultés à trouver leur place dans la société si une vague migratoire incontrôlée vient indéfiniment réduire à néant tous les efforts de la République, si avant même, avant même, je vous demande dy réfléchir, je vous demande dy réfléchir, si avant même quune difficulté soit surmontée, une autre sajoute, si avant même quun problème soit résolu, un autre surgit, comment espérer que lécole pourra tenir ses promesses, que léconomie, la protection sociale pourront faire face, que la justice et la police pourront faire leur travail ?
Comment, oui, comment notre société ébranlée par tant de crises économique, sociale, morale, culturelle pourrait-elle trouver ses repères, ses marques si, de façon continue, on lui amène dautres personnes à intégrer, alors que celles qui sont déjà sur notre territoire, nous narrivons pas à les intégrer correctement ?
Comment notre société eh oui, je pose ces questions, et chaque candidat devra y apporter ses réponses comment notre société pourrait-elle se refonder, au fond, retrouver confiance en elle-même, cest-à-dire retrouver confiance en lavenir si, chaque jour, elle sépuise contre des vagues qui la submergent et qui emportent avec elle, morceau par morceau, tout ce à quoi les Français tiennent et dont ils ne veulent pas être dépossédés ?
Comment léconomie pourrait-elle se reconstruire, fabriquer des emplois, créer du pouvoir dachat si elle est mise sans arrêt à mal par les délocalisations, les concurrences déloyales, étouffée par la bureaucratie et par les normes alors quailleurs dans le monde, on ne respecte aucune des règles quon impose à nos producteurs, à nos agriculteurs et à nos paysans ? Ces questions sont légitimes à poser.
Ah ! Je sais, on va me dire Ah ! Je sais ! Je sais ! Je sais ! Ah oui ! Je viens de commettre une grave erreur, je chasse sur les terres de lextrême droite. Fermez le ban, il ny a plus rien à discuter. Comme si lextrême droite avait des terres.
Comme si la France de 65 millions dhabitants était partagée en autant de parts dun gâteau quon pouvait sattribuer les uns aux autres. Comme si les électeurs attribués aux uns appartenaient aux uns et aux autres.
Moi, je veux parler au peuple de France, à la France qui souffre, comme à la France qui croit en lavenir. Je veux parler aux Français, quel quait été leur vote dans le passé, ça mest égal, parce que ce que je veux, cest construire avec tous les Français un avenir commun pour notre pays, pour notre patrie, pour la France. Voilà mon objectif !
Alors, oui, je veux apporter des réponses. Oh ! Des réponses quon ne comprendra pas dans un certain nombre de cercles dirigeants. Des réponses quon va regarder avec cette méprisance, cette attitude hautaine.
Je veux dire une chose, cest que dans un monde en crise, dans une société en crise, il y a un besoin renouvelé de frontières. Contester cette idée, cest ne rien comprendre au malaise de la société française aujourdhui. Des frontières, non pas comme une ligne Maginot qui nous isolerait du monde, des frontières, mes chers amis, comme un repère parce que la société a besoin de repères.
Des frontières comme une protection parce que la société a besoin de protection. Une société qui se sent fragile, vulnérable, qui vit le futur comme une menace, ne peut pas sélancer vers lavenir. Elle ne peut pas prendre des risques, elle ne peut pas faire preuve de laudace qui, seule, engendre le progrès.
Cest en se sentant protégée que la société française souvrira davantage au monde. Cest en se sentant protégée quelle retrouvera en elle la force de créer, dinventer, dentreprendre. Rien ne sera plus décisif pour rétablir la confiance que le sentiment que les frontières de lEurope constituent une protection contre une concurrence avec laquelle la lutte à armes égales est impossible, et contre tout ce qui constitue une menace pour notre modèle social, pour notre modèle de civilisation et, jose le mot, pour notre identité que nous avons le devoir de défendre.
Cest la condition pour que les peuples européens cessent de regarder lEurope comme un danger et la regardent à nouveau comme une chance.
Cest la condition pour que beaucoup de Français ne se laissent pas entraîner dans un refus de tout, qui conduirait au repliement et qui serait désastreux.
Cest pourquoi, ce que jai annoncé à Villepinte, je le tiendrai. Il nest pas possible pour lEurope de ne pas protéger ses frontières quand tous les autres pays du monde protègent les leurs. Si au bout dun an je le préviens aucun progrès na été accompli dans la renégociation des accords de Schengen, je suspendrai lapplication pour la France jusquà ce que les négociations aient abouti. Si cest la seule façon de se faire entendre, alors la France se fera entendre !
Il faut faire pour Schengen ce qui a été fait pour la zone euro. Il faut un gouvernement de Schengen. Ce nest pas aux bureaucrates de gérer la politique migratoire de lEurope.
Il faut une convergence des politiques migratoires parce que sinon ceux qui viennent viendront simplement par attirance pour nos prestations sociales. Il faut une convergence du droit des étrangers entre les États signataires.
Ne pas voir cette réalité, cest mentir aux Français. Je le dis comme je le pense, toute ma vie, jai été Européen. Cest un idéal pour moi.
Mais lEurope passoire, cest fini. Cest fini pour limmigration et cest fini pour les marchés publics. Si au bout dun an, la France na pas progressé en matière de réciprocité pour laccès aux marchés publics, alors la France appliquera pour elle-même les règles qui, aux Etats-Unis, exigent que tout ce qui est acheté avec largent du contribuable américain dans le cadre dun marché public soit fabriqué aux États-Unis. Jexigerai la même chose. Et je ne vois pas pourquoi ce qui est autorisé aux Etats-Unis dAmérique serait interdit à lEurope et à la France.
Mes chers amis, au fond, dans cette campagne, je veux mettre tout le monde en face de ses responsabilités et, naturellement, je veux assumer les miennes.
Non seulement les frontières de lEurope doivent être défendues, mais la France a le droit je dis le droit de choisir qui elle veut accueillir sur son territoire et selon quels critères. Cest notre souveraineté !
La France est un pays ouvert. La France se renierait si elle se fermait. La France a besoin de lEurope et lEurope a besoin de la France. Mais il y a un « mais » nous ne sommes pas décidés à nous ouvrir sans réciprocité et sans conditions.
Désormais, il faudra dix ans de présence sur le territoire à un étranger pour bénéficier du minimum vieillesse et dix ans de présence dont cinq travaillés pour recevoir le RSA. Je le dis comme je le pense, cest une mesure de sauvegarde de notre protection sociale, car notre protection sociale est financée par le travail des Français et je le dis comme je le pense , la poche des Français nest pas inépuisable.
Nous sommes lun des pays les plus généreux au monde, ça ne nous autorise pas à être dispendieux avec largent du contribuable.
Je veux parler du regroupement familial, qui est un droit, mais jy pose des conditions de revenus et de logement, mais aussi des conditions de connaissance du français et des valeurs de la République. Mes chers amis, si lon veut que les enfants soient élevés dignement, il faut un logement décent, il faut un revenu suffisant. Cest la moindre des choses. Imaginez la rancoeur quéprouveraient ces enfants vis-à-vis de leur pays dadoption si ces conditions de bon sens nétaient pas remplies.
Quant à la maîtrise du français, elle est la condition de lémancipation des femmes qui, sinon, sont condamnées à vivre en marge de la société, isolées, cloîtrées chez elles. Elles doivent connaître, ces femmes, leurs droits.
Elles doivent pouvoir, ces femmes, tisser des liens sociaux. Imaginez une mère qui ne parle pas un mot de français. Comment peut-elle suivre la scolarité de ses enfants ? Comment peut-elle les éduquer ?
La langue et les valeurs de la République, cest pour la femme que nous accueillons la chance de pouvoir sintégrer pleinement dans la société française et pouvoir éduquer ses enfants. Pensons à lenfant dont la mère ne parle pas le français et imaginons limage quil se fait de lautorité de sa mère et de ses parents. Alors, oui, il y aura désormais un examen de connaissance du français et des valeurs de la République avant lentrée sur notre territoire. Cest une responsabilité que jassume.
Je veux que vous compreniez une chose qui est importante pour moi, des partis extrémistes prônent la haine de lautre, je prône louverture de la France. Des partis extrémistes disent : « nous ne voulons pas de gens différents », je dis quen France, la différence revendiquée, acceptée, intégrée, elle est utile pour notre société. Il ny a jamais une société qui est morte ou qui a disparu par excès de différence.
Mais je dis une chose, ceux qui viennent en France doivent suffisamment aimer la France pour parler le français et connaître nos valeurs, sinon ils ne viendront pas en France. Et je dis une autre chose, nous accueillerons autant que nous le pourrons, mais nous ne mettrons pas en cause le financement de notre protection sociale et les équilibres de notre société parce que cela, nous ne le voulons pas. Nous disons à ceux qui veulent venir : « nous acceptons votre part de différence, mais nous, nous ne voulons pas changer les valeurs qui sont les nôtres, que nos parents et nos grands-parents nous ont transmises et que nous voulons, à notre tour, transmettre à nos enfants ! »
Alors, pour lenfant Je veux vous parler. Ce nest pas que ça ne me fait pas plaisir. Ça me fait très plaisir, mais je veux vous faire partager les convictions qui sont les miennes parce que je pense quelles sont aussi les vôtres.
Et je pense que le plus important pour un candidat puisque je suis candidat, bien sûr, ce soir , cest de mettre des mots sur des idées et des sentiments qui sont les vôtres, pour que vous ne vous sentiez pas seuls dans votre coin à penser ce que vous pensez.
Je veux parler de lécole. Lécole est absolument essentielle. Elle est essentielle pour lenfant, tous les enfants, mais spécialement celui qui vit dans un milieu social défavorisé ou dans un de ces quartiers où toutes les difficultés sociales se sont concentrées. Dès la maternelle et lécole primaire, il convient dêtre beaucoup plus attentif aux difficultés des enfants.
Cest pour cela que je souhaite, pour lavenir, que lécole primaire et lécole maternelle soient exonérées de la règle du non-remplacement dun enseignant sur deux partant à la retraite. Cest trop important.
Cest une priorité trop lourde pour nous. Nous avons voulu laide personnalisée, qui est en place, pour compléter le travail en classe. Mais beaucoup denfants, beaucoup peut-être cent mille sur une génération de sept cent cinquante mille chaque année ont des difficultés, des difficultés trop lourdes, trop lourdes pour que lenseignant puisse les aider, et les parents sont souvent trop démunis pour y faire face. Cest une réalité que nous devons regarder en face. Si nous traitons ces difficultés de ces milliers denfants chaque année, dès la maternelle, dès le primaire, nous avons une chance de les sauver pour la République. Si nous ne les traitons pas à ce moment-là, nous navons aucune chance de les réintégrer durablement dans la société qui est la nôtre.
Plus tôt les problèmes sont repérés et traités, et plus il a y a de chance que lenfant naccumule pas des retards qui, à la longue, deviennent irrattrapables. Pour aider ces milliers denfants en difficulté qui, faute dattention, deviennent des enfants en perdition, Jean-Louis BORLOO a proposé de créer des « conseils de soutien » regroupant tous ceux qui peuvent venir au secours des écoliers en très grande difficulté, de leurs parents désemparés. Ces « conseils », nous voulons les doter dune enveloppe de crédits qui leur permettra de financer lintervention de tous les spécialistes dont lenfant aura besoin, et que sa famille ne peut pas prendre en charge.
Je voudrais parler de cette question de façon très humaine. Chacun dentre nous, nous savons que le destin, que la vie, que lidentité nous donne des enfants quon aime, qui sont tous différents, et qui ont tous des difficultés particulières. Pour toute famille, léducation est difficile et réserve tant de surprises.
Mais imaginez pour la personne qui ne parle pas le français, qui accumule les difficultés sociales, imaginez sa détresse face à un enfant dyslexique, face à un enfant qui a des problèmes psychologiques, face à un enfant qui narrive pas à trouver sa place dans la classe. Vous pensez que cest le problème de la famille ? Moi, je vous dis autre chose. Cest le problème de la société.
Car cest le problème de la famille quand ces enfants sont en maternelle, en primaire, mais quand ces enfants passeront en secondaire et au lycée, ça devient le problème de la société. Je proposerai donc et je présenterai, dans le cadre du projet global, avec financement, que je présenterai la semaine prochaine, que chaque directeur décole puisse avoir une enveloppe de crédits pour aider et suivre plus particulièrement, avec les spécialistes nécessaires, ces enfants. Mon objectif pour les cinq années qui viennent, cest quon sauve ces enfants en perdition. Et en sauvant ces enfants en perdition, nous sauverons léquilibre de notre société.
Je préciserai les montants et le financement, mais je veux vous dire autre chose à ceux qui me disent que ça coûte cher. Je vais leur dire une chose, ça coûte beaucoup plus cher de ne pas sen occuper et de les retrouver éduqués par la loi de la rue, par la drogue, par la désespérance, par le suicide ou par la délinquance. Voilà une des priorités de mon quinquennat.
Oh, elle nest pas technique, elle est simplement humaine, mais cette priorité, je la tiendrai et je la mettrai en oeuvre parce que, à chaque fois quon sauvera un enfant de maternelle et de primaire, à chaque fois que lécole se portera au secours dune famille en perdition, alors on aura bien travaillé pour la France du 21ème siècle. Voilà ce que je pense.
Alors ce que je pense pour le primaire et la maternelle, je voudrais également revenir sur une de mes propositions pour le collège et le lycée. Je conteste lidée que léducation de lenfant ne se fait que dans la classe. La classe, cest formidable, mais cest formidable pour vos enfants quand ils peuvent suivre la classe.
Mais dans la classe, lenseignant na pas le temps pour soccuper de celui qui se noie, de celui qui ny arrive pas. Jai donc proposé que les enseignants aient 25 heures dobligation de service au lieu de 18 heures. Parce que je souhaite quune fois la classe terminée, les enseignants puissent soccuper, non pas de tous les enfants, mais des enfants qui en ont besoin, les aider à faire leurs devoirs, comprendre leurs difficultés sociales, les difficultés familiales, éviter quils se noient, les accompagner. Oh, je sais, il faudra vaincre bien des réticences. Je le sais.
Ce sont les mêmes réticences que jai dû vaincre lorsque jai voulu les internats dexcellence qui concernent aujourdhui dix mille enfants, vingt mille à la fin de lannée.
Je sais que les syndicats de lÉducation nationale sy sont opposés, appuyés par le Parti socialiste qui ne peut pas dire un mot sur lEducation sans leur demander dabord lautorisation. Moi, quand je parle de lEducation nationale, je ne parle pas aux syndicats, je parle aux familles de France et aux enfants de France.
Quand je parle du statut des enseignants, je parle avec les syndicats. Mais quand je parle de lécole de la République, je refuse den faire un débat corporatiste où on ne parle que de statut, ou davantages.
Mais je veux vous dire autre chose, lécole que je propose, je veux une école de lexigence. Oui, de lexigence. Jose le mot.
Pas une école au rabais, parce que je pense que cest la recherche de lexcellence et non le nivellement qui permet légalité des chances. Pour le gosse qui na aucune chance, dont les parents nont pas la chance de vivre dans un milieu où on accède naturellement à la culture, lexigence est un devoir. Cette leçon, ne rien céder sur lexigence, cest la grande leçon de Jules FERRY. Eh bien, cette leçon, notre société avait fini par loublier avec les résultats désastreux que lon sait. Une école de lexigence, mais je vais rajouter un autre mot : de lautorité. Lautorité. Lautorité du maître, jose le mot, lautorité du savoir, jose le mot, que les apôtres du laxisme ont consciencieusement démolie pendant des décennies et quil nous faut reconstruire pierre par pierre.
Alors je vais mettre les points sur les « i ».
Si à lécole, on napprend pas à respecter lautorité du maître et lautorité du savoir, ce sont les fondements mêmes de la vie en société que lon démolit.
Si à lécole, on napprend pas la politesse et le respect, cest notre capacité à vivre ensemble que lon détruit.
Si à lécole, on napprend pas le sens de leffort et la valeur du mérite cest toute la République quon met à terre.
Si à lécole, on ninculque pas la notion de devoir, qui apprendra aux enfants que chacun a des obligations vis-à-vis des autres, et que cest la condition de la solidarité, on ne prépare pas les citoyens de demain.
Lécole, le service public, la protection sociale doivent tenir les promesses dégalité et de justice de la République. Mais je ne cèderai rien sur la responsabilité, sur les devoirs de chacun, sur lautorité et sur le respect. Cest la condition de légalité des chances.
Jai parlé de lécole, mais je veux parler du fraudeur qui détourne largent que les Français ont gagné par leur travail. Les Français aiment la justice, veulent la justice. Mais il est profondément injuste que celui qui ne travaille pas et ne paie pas ses cotisations gagne autant que celui qui travaille et qui paie ses cotisations.
Je veux remoraliser les rémunérations, cest vrai, qui ont choqué les Français. Mais je dis que lexilé fiscal qui veut profiter de ses droits de citoyen, qui veut bénéficier de la solidarité et de la protection nationale, mais qui ne veut rien donner, qui ne veut rien partager, qui ne veut pas payer ses impôts en France, eh bien, celui-là, je vais lobliger à payer des impôts en France. Et je vous propose de rétablir un lien entre limpôt et la nationalité, parce que cest une question de civisme et de morale. Si lon est citoyen, on paye des impôts en France, voilà ce qui est juste !
Je veux parler des devoirs aussi des parents, je lai dit, les parents qui ne veillent pas à lassiduité à lécole de leurs enfants, il est normal quils soient privés des allocations familiales, parce que les parents ont une responsabilité dans léducation de leurs enfants. Mais jai la même règle pour celui qui fraude, qui fraude le fisc, qui doit être sanctionné. Jai pris mes responsabilités, jai refusé laccord financier que proposait la Suisse pour les fonds dissimulés dans ses banques, parce que cet accord aurait mis ceux qui fraudent le fisc à labri de toute poursuite. Je ne lai pas voulu, parce que cétait la porte ouverte à toutes les fraudes et parce que cétait profondément immoral. Je parle des droits mais aussi des devoirs, cest lidéal républicain, que lon soit en haut de léchelle ou en bas de léchelle, la même règle pour tout le monde.
Et je voudrais parler dun mot, pour terminer, dont on ne parle plus, je veux dire quil ne peut pas y avoir de socialisation, déducation, sans sanction. On néduque pas un enfant, on napprend pas la vie en société à un jeune si la faute reste impunie.
Limpunité, cest le contraire de léducation. Limpunité, ce nest pas une preuve damour pour un enfant, cest simplement un abandon.
Limpunité, cest la porte ouverte à toutes les dérives, à tous les excès, à toutes les violences. Limpunité, cest lassurance quil ny aura pas dapprentissage et pas de retenue. Cest la voie grande ouverte à la loi des voyous et des caïds. Cest un encouragement à lillégalité et aux trafics. Le maître décole qui ne punit pas lenfant fautif ne lui rend pas service. Le juge pour enfants qui ne punit pas compromet les chances de ladolescent qui sest mal comporté à rentrer dans le droit chemin.
Et peu mimporte que cela ne se dise pas, moi je le dis parce que je le pense. Il faut que les peines soient exécutées. La non-exécution des peines, cest limpunité. Nul ne doit pouvoir être libéré de sa peine avant den avoir accompli les deux tiers. Pour que ce soit possible, il faut construire 20.000 places de prison. Je tiendrai cet engagement qui est maintenant inscrit dans la loi. On ne peut plus traiter par ailleurs la délinquance des mineurs comme en 1945. La délinquance a changé, les mineurs ont changé. Quil me soit permis de dire que la justice doit changer. Il faut séparer le juge de lenfance en danger, le juge qui est en charge de la dimension éducative et le juge qui est en charge de la sanction.
Il y a toute une jeunesse qui ne demande quà être heureuse de vivre, et qui ne peut pas en être empêchée par un petit nombre de voyous qui, ayant gâché leur vie, ne supportent pas que celle des autres ne soit pas gâchée aussi.
Mes chers amis, le laxisme ne fait pas reculer la délinquance, il la renforce. Ceux qui prônent le laxisme, ceux qui prônent limpunité sont des irresponsables. On a vu, lorsquils étaient aux responsabilités, ce que ça a donné dans notre pays. A lépoque, ils ne demandaient pas de faire la guerre au dictionnaire en supprimant les mots.
A lépoque, ils vous reprochaient davoir peur. Et ils vous disaient : vous navez pas peur. Vous avez limpression davoir peur. Un peu comme ce patient qui allait chez le médecin, et le médecin lui répondait : vous navez pas mal, vous avez limpression davoir mal, eh bien, je vous le dis comme je le pense, la généralisation des jurys populaires dans les tribunaux correctionnels pour les violences aux personnes, que jai voulue malgré tant doppositions, je la généraliserai à tous les tribunaux correctionnels de France. Parce que la justice se rend au nom du peuple français. Eh bien, désormais, elle sera rendue par le peuple français.
Mais je veux dire un mot : ce nest pas à la victime de rendre la justice. Parce que la justice, ce nest pas une vengeance.
Mais la justice, ce nest pas non plus le tête-à-tête exclusif entre la société et laccusé. Il est temps de reconnaître à la victime un droit quelle na pas, le droit de faire appel dun jugement dAssises. Il faut reconnaître à la victime un droit quelle na pas, le droit de faire appel de la décision de remise en liberté de celui qui la agressée. Car cest sur la vie de la victime que le sort de lagresseur pèse le plus. Je ne comprendrai jamais pourquoi la victime devrait être moins bien considérée, avoir moins de droits, faire lobjet de moins dattention de la part de la justice que laccusé ou que le condamné. Je mesure la révolution que le droit des victimes à se faire entendre introduira dans le fonctionnement de notre justice.
Mais cest la seule condition pour que la justice de notre pays retrouve la confiance des Français.
Et quand jentends des candidats expliquer quils veulent livrer aux trafiquants et aux voyous une guerre sans merci, et proposer en même temps, sans lombre dun soupçon de regret, avec une totale incohérence, la suppression des peines plancher, chère Rachida DATI, que nous avons fait voter, labandon de laggravation des peines en cas de récidive, je me dis que lon se moque du monde. Je veux élargir la notion de récidive pour frapper plus fort les récidivistes, le noyau dur de la délinquance. Le trafiquant ne craint quune chose, lalourdissement des peines en cas de récidive et les peines plancher.
Enlevez ces sanctions dissuasives à la justice et le trafiquant rira au nez de la police et des juges !
Dans la lutte contre le fanatisme et le terrorisme, nous devons réfléchir aux insuffisances de notre arsenal juridique. Je naccepte pas, je naccepterai plus que des jeunes de nos quartiers puissent se rendre à létranger sans avoir aucun autre motif que de suivre des cours dapologie au terrorisme. Ces voyages seront désormais considérés comme des délits, avec des peines de prison. Je naccepte plus labrutissement et le risque de conditionnement de cerveaux fragiles par des images et des idées insupportables, diffusées sur Internet.
Celui qui consultera un site propageant des idées ou faisant lapologie du terrorisme sera considéré comme un délinquant et risquera la prison.
Enfin, jai souhaité que tous les étrangers qui prêcheront la violence, lantisémitisme ou toute forme de fanatisme, soient interdits de séjour sur notre sol.
La République, cest la défense de la liberté dopinion, le terrorisme, ce nest pas une idée, ce nest pas une opinion, cest un crime. Et nous navons pas à tolérer quon fasse lapologie du terrorisme.
La démocratie, ce nest pas un régime faible. La démocratie, cest fort parce cest sûr de ses valeurs.
Alors je vois que certains disent que ces mesures ne sont pas nécessaires, quil y a bien assez de lois, parce quils trouvent toujours que lon en fait trop pour protéger les Français, mais je me permets de faire observer que ce sont ceux qui depuis 10 ans ont combattu tous les textes qui avaient pour but de donner à la police et à la justice davantage de moyens juridiques pour lutter contre la délinquance.
Voilà que ceux-là mêmes, que jai entendus vibrer quand jétais ministre de lIntérieur, contre ces lois que je faisais voter pour protéger les Français, mexpliquent maintenant, avec une grande autorité et un cynisme parfait, que ces lois sont excellentes.
Pourquoi ne les ont-ils pas votées ? Quelles suffisent bien et quil faut se garder den faire de nouvelles. Ce sont les mêmes, les mêmes, qui ont refusé les fichiers qui ont permis à la police didentifier plus rapidement les auteurs de crimes et de délits, les mêmes qui trouvent que, aujourdhui, que la police ne va pas assez vite.
La mise en cause des Forces de lordre est scandaleuse, elle est inadmissible, elle est irresponsable. Ce sont les mêmes qui se sont opposés à la création des centres éducatifs fermés et qui les trouvent tellement bien aujourdhui quils proposent de les doubler. Que ne les ont-ils votés quand, en 2003, nous les avons créés !
Mes chers Amis, pour diriger un pays comme la France, il faut être capable de prendre des décisions, de dire « non », dassumer et de tenir quand cest difficile, et cest toujours difficile de conduire la France.
Je veux que vous compreniez, je mengage dans cette campagne comme jamais de ma vie je me suis engagé. Pendant cinq ans, à la tête de notre pays, jai eu à affronter des crises dune violence inouïe, inouïe.
La France a tenu parce que nous avons tenu. Je nai jamais reculé face à la pression des syndicats, à la pression de la rue, à la pression des médias. A la pression des sondages. Jai tenu parce que cétait le devoir du chef de lEtat de tenir. Ils ont tout refusé.
Mais quand je vois la liste de ce quils annoncent quils vont garder, je me dis : dans le fond, notre bilan est mieux que ce quils en disent. Mais dans cette campagne il y a autre chose. Je débusquerai le mensonge, jobligerai au débat. Je poserai des questions et japporterai des réponses. On ne vous volera pas la campagne, on ne pratiquera pas lesquive, on ne pourra pas passer des semaines à faire comme si on était moi, ou comme si on était François MITTERRAND.
On ne pourra pas suivre, on ne pourra pas simplement imiter, on ne pourra pas simplement faire du bruit avec la bouche, on ne pourra pas simplement faire semblant. On devra assurer ses choix, prendre ses responsabilités, dire aux Français ce que lon fera, ce que lon décidera pour le pays dans les cinq années qui viennent.
Mais vous savez, mes chers amis, nous sommes en train décrire une page historique de la vie politique française.
Parce que la vague, la vague dont je vous parlais tout à lheure, je la sens monter.
Vous êtes la majorité silencieuse à laquelle on ne pourra plus jamais dire ce quelle doit faire, plus jamais.
Vous êtes le peuple de France qui aura refusé quon lui vole cette campagne.
Vous êtes les citoyens Français qui, le 6 mai, imposeront leur choix à tous les observateurs, à tous les spécialistes et à tous les sondeurs !
Vous êtes cette région merveilleuse, magnifique. Je me souviens de 2007 dans cette même salle, mais vous étiez moins nombreux en 2007.
Je men souviens parfaitement.
Eh bien, cette campagne, je veux vous la dédier, mes chers amis ; cest à vous, à vous le peuple de France, que je veux donner toute mon énergie, toute ma force, tout mon amour de la France, parce que cest avec vous, avec vous, et avec vous seulement, que je veux construire une République forte, dans une France forte !
Jai besoin de vous.
Vive la République et Vive la France !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 29 mars 2012
Merci dêtre là car jai besoin de vous.
Merci de votre engagement parce quune campagne présidentielle, cela ne se gagne pas seul.
Pour gagner, Il faut être soulevé, soulevé par une vague qui vient des profondeurs du pays. Il faut être porté par un élan, par une confiance, par un enthousiasme.
Eh bien, cette vague, cest vous, car vous êtes le peuple de France !
Mes chers amis, jai un message, jai un message pour les permanents de la CGT qui ont scandaleusement empêché la diffusion dOuest france qui avait commis un crime, prendre une interview que je leur ai donnée.
Voilà la conception de la démocratie par les permanents de la CGT. Honte sur les gens qui se comportent de cette nature ! Et je leur dis : Faut-il que vous ayez peur pour nous empêcher de parler ? Mais vous ny arriverez pas. Et sil faut revenir et redonner un entretien à OUEST-FRANCE, je suis candidat pour défendre la liberté de la presse dans notre pays !
Mais oui ! Et si jai proposé un référendum, cest parce que nous, le peuple de France, nous ne voulons pas de ces corps intermédiaires qui confondent tout. Le syndicalisme est légitime quand il défend les intérêts des travailleurs, il est illégitime quand il se livre à de la politique politicienne et quil veut empêcher le fonctionnement normal de la démocratie !
Jai un autre message : je veux dire à Bernadette CHIRAC que je suis heureux quelle soit là. A mon âge, Bernadette, jai le droit de faire une déclaration, et jen profite pour dire à Jean-François COPE, à Jean-Louis BORLOO, que je remercie de sa présence, à Rachida DATI que je suis heureux quavec tous les élus de la région, elle soit là, et je dis également toute mon amitié à Nathalie, ma remarquable porte-parole.
Mes chers amis, dans cette campagne, il nous faut penser à lavenir.
Mais comment ne pas penser dabord à ce présent si lourd démotion et de tristesse ? Comment ne pas partager la douleur des familles quun assassin a plongées dans une peine infinie ? Comment tourner la page et oublier ces jours horribles où chacun vivait dans langoisse que lassassin détruise dautres vies ? Comment imaginer que cela ne nous fasse pas réfléchir sur nous-mêmes, sur notre société, sur le monde dans lequel nous vivons ?
Chercher une explication sociale à cet acte monstrueux, cest inacceptable car cest se préparer à excuser linexcusable. Chercher une explication politique à ce crime atroce, cest commencer à soutenir linsoutenable. La société nest pas responsable. La République nest pas coupable. Le climat nest pas en cause. La France nest pas antisémite.
La France nest pas raciste.
Et la France ne peut pas accepter une manifestation de femmes voilées pour soutenir la mère dun assassin quand les familles des victimes pleurent leurs enfants assassinés.
Cette manifestation a été interdite, et jai donné lordre à la police de la disperser parce quelle était insupportable pour les familles plongées dans la tristesse.
Et je préviens que je ferai interdire toute manifestation de ce genre.
Quant au père de lassassin qui veut porter plainte contre la France pour la mort de son fils, il devrait dabord être meurtri par les crimes odieux que celui-ci a commis de sang-froid. Il devrait dabord partager les douleurs de ceux que ces crimes font tant souffrir.
Et il devrait mesurer à quel point ce quil a dit est offensant pour les familles des victimes. Ce quil a dit est profondément indécent.
Mes chers amis, un événement aussi douloureux ne peut pas ne pas avoir une résonance profonde en chacun dentre nous.
Ces crimes sont une blessure, ces crimes sont une souffrance qui bouleverse les consciences. Les épreuves de la vie nous changent.
Ce qui est vrai pour une personne lest aussi pour un pays. Et on ne peut pas continuer à voir les choses de la même manière quavant les événements de Toulouse et de Montauban. On ne peut pas continuer à faire campagne comme sil ne sétait rien passé.
Le débat démocratique reprend.
Cest légitime, cest nécessaire parce que lélection présidentielle, cest le moment où nous décidons ensemble de notre avenir.
Mais désormais, nous ne pouvons pas penser à notre avenir sans penser à ce qui sest produit. Désormais, il ne peut pas ne pas y avoir dans cette campagne plus de gravité, plus de profondeur, et sans doute plus de vérité. Les choix que vous ferez, mes chers compatriotes, seront lourds de conséquences.
Nous voyons bien les épreuves que nous avons à surmonter, les tragédies auxquelles nous sommes confrontés. Nous navons pas le droit desquiver les problèmes.
Les problèmes, il nous faut les regarder en face. Et parce quon les aura regardés en face, nous serons en mesure de les résoudre.
Cette campagne doit être une campagne de vérité.
Il faut dire la vérité aux Français. Je veux le dire aux Français, les événements récents ne doivent pas servir de prétexte pour clore le débat. Au contraire, ils nous obligent à aller au bout des débats. Ils nous obligent, les événements récents, à ne laisser aucune question de côté aussi dérangeante quelle puisse être. Car le vrai risque, ce nest pas de poser les questions dérangeantes.
Le vrai risque, cest de ne pas aborder les sujets qui fâchent, cest de ne pas dire les choses, cest de ne parler de rien, parce quà force de ne parler de rien, les problèmes saggravent.
Voilà le risque auquel nous sommes confrontés. Ne pas mettre un sujet délicat sur la table, cest prendre le risque daggraver des frustrations et de nourrir les rancoeurs. Un problème dont la politique ne sempare pas, un problème que la société ne prend pas en main, cest un problème qui a toutes les chances de se résoudre ou de se terminer par la violence.
Alors, comment ne pas penser à ces jeunes qui, parce quils ne seront pas allés à lécole, parce quils nauront pas été éduqués, parce quils nauront pas été instruits, parce quon ne leur aura jamais appris la valeur du travail, non seulement narriveront pas à trouver leur place dans la société, mais surtout seront perméables à toutes les influences et vulnérables à toutes les manipulations ?
Si le creuset républicain se remet à fabriquer de lassimilation, cest-à-dire des valeurs communes, une culture commune, une éducation commune, un langage commun, des représentations communes, une politesse commune, le sentiment dune histoire et dune destinée communes, alors il y aura plus de respect et plus de compréhension, alors il y aura moins de peur de lautre, de rejet de lautre, de haine de lautre et moins de violence.
Pour cela, il faut tenir bon sur le modèle républicain, cest-à-dire tenir bon sur les droits, mais tenir bon sur les devoirs. Il faut tenir bon sur la laïcité, il faut tenir bon sur légalité entre lhomme et la femme, il faut tenir bon sur le refus total du communautarisme.
Alors il y aura moins de ségrégation, moins de risque déclatement de la société en groupes rivaux ne se sentant rien en commun les uns avec les autres.
Mais je vais vous poser cette question parce quelle concerne chacun dentre vous : comment intégrer, comment assimiler tous ceux qui ont des difficultés à trouver leur place dans la société si une vague migratoire incontrôlée vient indéfiniment réduire à néant tous les efforts de la République, si avant même, avant même, je vous demande dy réfléchir, je vous demande dy réfléchir, si avant même quune difficulté soit surmontée, une autre sajoute, si avant même quun problème soit résolu, un autre surgit, comment espérer que lécole pourra tenir ses promesses, que léconomie, la protection sociale pourront faire face, que la justice et la police pourront faire leur travail ?
Comment, oui, comment notre société ébranlée par tant de crises économique, sociale, morale, culturelle pourrait-elle trouver ses repères, ses marques si, de façon continue, on lui amène dautres personnes à intégrer, alors que celles qui sont déjà sur notre territoire, nous narrivons pas à les intégrer correctement ?
Comment notre société eh oui, je pose ces questions, et chaque candidat devra y apporter ses réponses comment notre société pourrait-elle se refonder, au fond, retrouver confiance en elle-même, cest-à-dire retrouver confiance en lavenir si, chaque jour, elle sépuise contre des vagues qui la submergent et qui emportent avec elle, morceau par morceau, tout ce à quoi les Français tiennent et dont ils ne veulent pas être dépossédés ?
Comment léconomie pourrait-elle se reconstruire, fabriquer des emplois, créer du pouvoir dachat si elle est mise sans arrêt à mal par les délocalisations, les concurrences déloyales, étouffée par la bureaucratie et par les normes alors quailleurs dans le monde, on ne respecte aucune des règles quon impose à nos producteurs, à nos agriculteurs et à nos paysans ? Ces questions sont légitimes à poser.
Ah ! Je sais, on va me dire Ah ! Je sais ! Je sais ! Je sais ! Ah oui ! Je viens de commettre une grave erreur, je chasse sur les terres de lextrême droite. Fermez le ban, il ny a plus rien à discuter. Comme si lextrême droite avait des terres.
Comme si la France de 65 millions dhabitants était partagée en autant de parts dun gâteau quon pouvait sattribuer les uns aux autres. Comme si les électeurs attribués aux uns appartenaient aux uns et aux autres.
Moi, je veux parler au peuple de France, à la France qui souffre, comme à la France qui croit en lavenir. Je veux parler aux Français, quel quait été leur vote dans le passé, ça mest égal, parce que ce que je veux, cest construire avec tous les Français un avenir commun pour notre pays, pour notre patrie, pour la France. Voilà mon objectif !
Alors, oui, je veux apporter des réponses. Oh ! Des réponses quon ne comprendra pas dans un certain nombre de cercles dirigeants. Des réponses quon va regarder avec cette méprisance, cette attitude hautaine.
Je veux dire une chose, cest que dans un monde en crise, dans une société en crise, il y a un besoin renouvelé de frontières. Contester cette idée, cest ne rien comprendre au malaise de la société française aujourdhui. Des frontières, non pas comme une ligne Maginot qui nous isolerait du monde, des frontières, mes chers amis, comme un repère parce que la société a besoin de repères.
Des frontières comme une protection parce que la société a besoin de protection. Une société qui se sent fragile, vulnérable, qui vit le futur comme une menace, ne peut pas sélancer vers lavenir. Elle ne peut pas prendre des risques, elle ne peut pas faire preuve de laudace qui, seule, engendre le progrès.
Cest en se sentant protégée que la société française souvrira davantage au monde. Cest en se sentant protégée quelle retrouvera en elle la force de créer, dinventer, dentreprendre. Rien ne sera plus décisif pour rétablir la confiance que le sentiment que les frontières de lEurope constituent une protection contre une concurrence avec laquelle la lutte à armes égales est impossible, et contre tout ce qui constitue une menace pour notre modèle social, pour notre modèle de civilisation et, jose le mot, pour notre identité que nous avons le devoir de défendre.
Cest la condition pour que les peuples européens cessent de regarder lEurope comme un danger et la regardent à nouveau comme une chance.
Cest la condition pour que beaucoup de Français ne se laissent pas entraîner dans un refus de tout, qui conduirait au repliement et qui serait désastreux.
Cest pourquoi, ce que jai annoncé à Villepinte, je le tiendrai. Il nest pas possible pour lEurope de ne pas protéger ses frontières quand tous les autres pays du monde protègent les leurs. Si au bout dun an je le préviens aucun progrès na été accompli dans la renégociation des accords de Schengen, je suspendrai lapplication pour la France jusquà ce que les négociations aient abouti. Si cest la seule façon de se faire entendre, alors la France se fera entendre !
Il faut faire pour Schengen ce qui a été fait pour la zone euro. Il faut un gouvernement de Schengen. Ce nest pas aux bureaucrates de gérer la politique migratoire de lEurope.
Il faut une convergence des politiques migratoires parce que sinon ceux qui viennent viendront simplement par attirance pour nos prestations sociales. Il faut une convergence du droit des étrangers entre les États signataires.
Ne pas voir cette réalité, cest mentir aux Français. Je le dis comme je le pense, toute ma vie, jai été Européen. Cest un idéal pour moi.
Mais lEurope passoire, cest fini. Cest fini pour limmigration et cest fini pour les marchés publics. Si au bout dun an, la France na pas progressé en matière de réciprocité pour laccès aux marchés publics, alors la France appliquera pour elle-même les règles qui, aux Etats-Unis, exigent que tout ce qui est acheté avec largent du contribuable américain dans le cadre dun marché public soit fabriqué aux États-Unis. Jexigerai la même chose. Et je ne vois pas pourquoi ce qui est autorisé aux Etats-Unis dAmérique serait interdit à lEurope et à la France.
Mes chers amis, au fond, dans cette campagne, je veux mettre tout le monde en face de ses responsabilités et, naturellement, je veux assumer les miennes.
Non seulement les frontières de lEurope doivent être défendues, mais la France a le droit je dis le droit de choisir qui elle veut accueillir sur son territoire et selon quels critères. Cest notre souveraineté !
La France est un pays ouvert. La France se renierait si elle se fermait. La France a besoin de lEurope et lEurope a besoin de la France. Mais il y a un « mais » nous ne sommes pas décidés à nous ouvrir sans réciprocité et sans conditions.
Désormais, il faudra dix ans de présence sur le territoire à un étranger pour bénéficier du minimum vieillesse et dix ans de présence dont cinq travaillés pour recevoir le RSA. Je le dis comme je le pense, cest une mesure de sauvegarde de notre protection sociale, car notre protection sociale est financée par le travail des Français et je le dis comme je le pense , la poche des Français nest pas inépuisable.
Nous sommes lun des pays les plus généreux au monde, ça ne nous autorise pas à être dispendieux avec largent du contribuable.
Je veux parler du regroupement familial, qui est un droit, mais jy pose des conditions de revenus et de logement, mais aussi des conditions de connaissance du français et des valeurs de la République. Mes chers amis, si lon veut que les enfants soient élevés dignement, il faut un logement décent, il faut un revenu suffisant. Cest la moindre des choses. Imaginez la rancoeur quéprouveraient ces enfants vis-à-vis de leur pays dadoption si ces conditions de bon sens nétaient pas remplies.
Quant à la maîtrise du français, elle est la condition de lémancipation des femmes qui, sinon, sont condamnées à vivre en marge de la société, isolées, cloîtrées chez elles. Elles doivent connaître, ces femmes, leurs droits.
Elles doivent pouvoir, ces femmes, tisser des liens sociaux. Imaginez une mère qui ne parle pas un mot de français. Comment peut-elle suivre la scolarité de ses enfants ? Comment peut-elle les éduquer ?
La langue et les valeurs de la République, cest pour la femme que nous accueillons la chance de pouvoir sintégrer pleinement dans la société française et pouvoir éduquer ses enfants. Pensons à lenfant dont la mère ne parle pas le français et imaginons limage quil se fait de lautorité de sa mère et de ses parents. Alors, oui, il y aura désormais un examen de connaissance du français et des valeurs de la République avant lentrée sur notre territoire. Cest une responsabilité que jassume.
Je veux que vous compreniez une chose qui est importante pour moi, des partis extrémistes prônent la haine de lautre, je prône louverture de la France. Des partis extrémistes disent : « nous ne voulons pas de gens différents », je dis quen France, la différence revendiquée, acceptée, intégrée, elle est utile pour notre société. Il ny a jamais une société qui est morte ou qui a disparu par excès de différence.
Mais je dis une chose, ceux qui viennent en France doivent suffisamment aimer la France pour parler le français et connaître nos valeurs, sinon ils ne viendront pas en France. Et je dis une autre chose, nous accueillerons autant que nous le pourrons, mais nous ne mettrons pas en cause le financement de notre protection sociale et les équilibres de notre société parce que cela, nous ne le voulons pas. Nous disons à ceux qui veulent venir : « nous acceptons votre part de différence, mais nous, nous ne voulons pas changer les valeurs qui sont les nôtres, que nos parents et nos grands-parents nous ont transmises et que nous voulons, à notre tour, transmettre à nos enfants ! »
Alors, pour lenfant Je veux vous parler. Ce nest pas que ça ne me fait pas plaisir. Ça me fait très plaisir, mais je veux vous faire partager les convictions qui sont les miennes parce que je pense quelles sont aussi les vôtres.
Et je pense que le plus important pour un candidat puisque je suis candidat, bien sûr, ce soir , cest de mettre des mots sur des idées et des sentiments qui sont les vôtres, pour que vous ne vous sentiez pas seuls dans votre coin à penser ce que vous pensez.
Je veux parler de lécole. Lécole est absolument essentielle. Elle est essentielle pour lenfant, tous les enfants, mais spécialement celui qui vit dans un milieu social défavorisé ou dans un de ces quartiers où toutes les difficultés sociales se sont concentrées. Dès la maternelle et lécole primaire, il convient dêtre beaucoup plus attentif aux difficultés des enfants.
Cest pour cela que je souhaite, pour lavenir, que lécole primaire et lécole maternelle soient exonérées de la règle du non-remplacement dun enseignant sur deux partant à la retraite. Cest trop important.
Cest une priorité trop lourde pour nous. Nous avons voulu laide personnalisée, qui est en place, pour compléter le travail en classe. Mais beaucoup denfants, beaucoup peut-être cent mille sur une génération de sept cent cinquante mille chaque année ont des difficultés, des difficultés trop lourdes, trop lourdes pour que lenseignant puisse les aider, et les parents sont souvent trop démunis pour y faire face. Cest une réalité que nous devons regarder en face. Si nous traitons ces difficultés de ces milliers denfants chaque année, dès la maternelle, dès le primaire, nous avons une chance de les sauver pour la République. Si nous ne les traitons pas à ce moment-là, nous navons aucune chance de les réintégrer durablement dans la société qui est la nôtre.
Plus tôt les problèmes sont repérés et traités, et plus il a y a de chance que lenfant naccumule pas des retards qui, à la longue, deviennent irrattrapables. Pour aider ces milliers denfants en difficulté qui, faute dattention, deviennent des enfants en perdition, Jean-Louis BORLOO a proposé de créer des « conseils de soutien » regroupant tous ceux qui peuvent venir au secours des écoliers en très grande difficulté, de leurs parents désemparés. Ces « conseils », nous voulons les doter dune enveloppe de crédits qui leur permettra de financer lintervention de tous les spécialistes dont lenfant aura besoin, et que sa famille ne peut pas prendre en charge.
Je voudrais parler de cette question de façon très humaine. Chacun dentre nous, nous savons que le destin, que la vie, que lidentité nous donne des enfants quon aime, qui sont tous différents, et qui ont tous des difficultés particulières. Pour toute famille, léducation est difficile et réserve tant de surprises.
Mais imaginez pour la personne qui ne parle pas le français, qui accumule les difficultés sociales, imaginez sa détresse face à un enfant dyslexique, face à un enfant qui a des problèmes psychologiques, face à un enfant qui narrive pas à trouver sa place dans la classe. Vous pensez que cest le problème de la famille ? Moi, je vous dis autre chose. Cest le problème de la société.
Car cest le problème de la famille quand ces enfants sont en maternelle, en primaire, mais quand ces enfants passeront en secondaire et au lycée, ça devient le problème de la société. Je proposerai donc et je présenterai, dans le cadre du projet global, avec financement, que je présenterai la semaine prochaine, que chaque directeur décole puisse avoir une enveloppe de crédits pour aider et suivre plus particulièrement, avec les spécialistes nécessaires, ces enfants. Mon objectif pour les cinq années qui viennent, cest quon sauve ces enfants en perdition. Et en sauvant ces enfants en perdition, nous sauverons léquilibre de notre société.
Je préciserai les montants et le financement, mais je veux vous dire autre chose à ceux qui me disent que ça coûte cher. Je vais leur dire une chose, ça coûte beaucoup plus cher de ne pas sen occuper et de les retrouver éduqués par la loi de la rue, par la drogue, par la désespérance, par le suicide ou par la délinquance. Voilà une des priorités de mon quinquennat.
Oh, elle nest pas technique, elle est simplement humaine, mais cette priorité, je la tiendrai et je la mettrai en oeuvre parce que, à chaque fois quon sauvera un enfant de maternelle et de primaire, à chaque fois que lécole se portera au secours dune famille en perdition, alors on aura bien travaillé pour la France du 21ème siècle. Voilà ce que je pense.
Alors ce que je pense pour le primaire et la maternelle, je voudrais également revenir sur une de mes propositions pour le collège et le lycée. Je conteste lidée que léducation de lenfant ne se fait que dans la classe. La classe, cest formidable, mais cest formidable pour vos enfants quand ils peuvent suivre la classe.
Mais dans la classe, lenseignant na pas le temps pour soccuper de celui qui se noie, de celui qui ny arrive pas. Jai donc proposé que les enseignants aient 25 heures dobligation de service au lieu de 18 heures. Parce que je souhaite quune fois la classe terminée, les enseignants puissent soccuper, non pas de tous les enfants, mais des enfants qui en ont besoin, les aider à faire leurs devoirs, comprendre leurs difficultés sociales, les difficultés familiales, éviter quils se noient, les accompagner. Oh, je sais, il faudra vaincre bien des réticences. Je le sais.
Ce sont les mêmes réticences que jai dû vaincre lorsque jai voulu les internats dexcellence qui concernent aujourdhui dix mille enfants, vingt mille à la fin de lannée.
Je sais que les syndicats de lÉducation nationale sy sont opposés, appuyés par le Parti socialiste qui ne peut pas dire un mot sur lEducation sans leur demander dabord lautorisation. Moi, quand je parle de lEducation nationale, je ne parle pas aux syndicats, je parle aux familles de France et aux enfants de France.
Quand je parle du statut des enseignants, je parle avec les syndicats. Mais quand je parle de lécole de la République, je refuse den faire un débat corporatiste où on ne parle que de statut, ou davantages.
Mais je veux vous dire autre chose, lécole que je propose, je veux une école de lexigence. Oui, de lexigence. Jose le mot.
Pas une école au rabais, parce que je pense que cest la recherche de lexcellence et non le nivellement qui permet légalité des chances. Pour le gosse qui na aucune chance, dont les parents nont pas la chance de vivre dans un milieu où on accède naturellement à la culture, lexigence est un devoir. Cette leçon, ne rien céder sur lexigence, cest la grande leçon de Jules FERRY. Eh bien, cette leçon, notre société avait fini par loublier avec les résultats désastreux que lon sait. Une école de lexigence, mais je vais rajouter un autre mot : de lautorité. Lautorité. Lautorité du maître, jose le mot, lautorité du savoir, jose le mot, que les apôtres du laxisme ont consciencieusement démolie pendant des décennies et quil nous faut reconstruire pierre par pierre.
Alors je vais mettre les points sur les « i ».
Si à lécole, on napprend pas à respecter lautorité du maître et lautorité du savoir, ce sont les fondements mêmes de la vie en société que lon démolit.
Si à lécole, on napprend pas la politesse et le respect, cest notre capacité à vivre ensemble que lon détruit.
Si à lécole, on napprend pas le sens de leffort et la valeur du mérite cest toute la République quon met à terre.
Si à lécole, on ninculque pas la notion de devoir, qui apprendra aux enfants que chacun a des obligations vis-à-vis des autres, et que cest la condition de la solidarité, on ne prépare pas les citoyens de demain.
Lécole, le service public, la protection sociale doivent tenir les promesses dégalité et de justice de la République. Mais je ne cèderai rien sur la responsabilité, sur les devoirs de chacun, sur lautorité et sur le respect. Cest la condition de légalité des chances.
Jai parlé de lécole, mais je veux parler du fraudeur qui détourne largent que les Français ont gagné par leur travail. Les Français aiment la justice, veulent la justice. Mais il est profondément injuste que celui qui ne travaille pas et ne paie pas ses cotisations gagne autant que celui qui travaille et qui paie ses cotisations.
Je veux remoraliser les rémunérations, cest vrai, qui ont choqué les Français. Mais je dis que lexilé fiscal qui veut profiter de ses droits de citoyen, qui veut bénéficier de la solidarité et de la protection nationale, mais qui ne veut rien donner, qui ne veut rien partager, qui ne veut pas payer ses impôts en France, eh bien, celui-là, je vais lobliger à payer des impôts en France. Et je vous propose de rétablir un lien entre limpôt et la nationalité, parce que cest une question de civisme et de morale. Si lon est citoyen, on paye des impôts en France, voilà ce qui est juste !
Je veux parler des devoirs aussi des parents, je lai dit, les parents qui ne veillent pas à lassiduité à lécole de leurs enfants, il est normal quils soient privés des allocations familiales, parce que les parents ont une responsabilité dans léducation de leurs enfants. Mais jai la même règle pour celui qui fraude, qui fraude le fisc, qui doit être sanctionné. Jai pris mes responsabilités, jai refusé laccord financier que proposait la Suisse pour les fonds dissimulés dans ses banques, parce que cet accord aurait mis ceux qui fraudent le fisc à labri de toute poursuite. Je ne lai pas voulu, parce que cétait la porte ouverte à toutes les fraudes et parce que cétait profondément immoral. Je parle des droits mais aussi des devoirs, cest lidéal républicain, que lon soit en haut de léchelle ou en bas de léchelle, la même règle pour tout le monde.
Et je voudrais parler dun mot, pour terminer, dont on ne parle plus, je veux dire quil ne peut pas y avoir de socialisation, déducation, sans sanction. On néduque pas un enfant, on napprend pas la vie en société à un jeune si la faute reste impunie.
Limpunité, cest le contraire de léducation. Limpunité, ce nest pas une preuve damour pour un enfant, cest simplement un abandon.
Limpunité, cest la porte ouverte à toutes les dérives, à tous les excès, à toutes les violences. Limpunité, cest lassurance quil ny aura pas dapprentissage et pas de retenue. Cest la voie grande ouverte à la loi des voyous et des caïds. Cest un encouragement à lillégalité et aux trafics. Le maître décole qui ne punit pas lenfant fautif ne lui rend pas service. Le juge pour enfants qui ne punit pas compromet les chances de ladolescent qui sest mal comporté à rentrer dans le droit chemin.
Et peu mimporte que cela ne se dise pas, moi je le dis parce que je le pense. Il faut que les peines soient exécutées. La non-exécution des peines, cest limpunité. Nul ne doit pouvoir être libéré de sa peine avant den avoir accompli les deux tiers. Pour que ce soit possible, il faut construire 20.000 places de prison. Je tiendrai cet engagement qui est maintenant inscrit dans la loi. On ne peut plus traiter par ailleurs la délinquance des mineurs comme en 1945. La délinquance a changé, les mineurs ont changé. Quil me soit permis de dire que la justice doit changer. Il faut séparer le juge de lenfance en danger, le juge qui est en charge de la dimension éducative et le juge qui est en charge de la sanction.
Il y a toute une jeunesse qui ne demande quà être heureuse de vivre, et qui ne peut pas en être empêchée par un petit nombre de voyous qui, ayant gâché leur vie, ne supportent pas que celle des autres ne soit pas gâchée aussi.
Mes chers amis, le laxisme ne fait pas reculer la délinquance, il la renforce. Ceux qui prônent le laxisme, ceux qui prônent limpunité sont des irresponsables. On a vu, lorsquils étaient aux responsabilités, ce que ça a donné dans notre pays. A lépoque, ils ne demandaient pas de faire la guerre au dictionnaire en supprimant les mots.
A lépoque, ils vous reprochaient davoir peur. Et ils vous disaient : vous navez pas peur. Vous avez limpression davoir peur. Un peu comme ce patient qui allait chez le médecin, et le médecin lui répondait : vous navez pas mal, vous avez limpression davoir mal, eh bien, je vous le dis comme je le pense, la généralisation des jurys populaires dans les tribunaux correctionnels pour les violences aux personnes, que jai voulue malgré tant doppositions, je la généraliserai à tous les tribunaux correctionnels de France. Parce que la justice se rend au nom du peuple français. Eh bien, désormais, elle sera rendue par le peuple français.
Mais je veux dire un mot : ce nest pas à la victime de rendre la justice. Parce que la justice, ce nest pas une vengeance.
Mais la justice, ce nest pas non plus le tête-à-tête exclusif entre la société et laccusé. Il est temps de reconnaître à la victime un droit quelle na pas, le droit de faire appel dun jugement dAssises. Il faut reconnaître à la victime un droit quelle na pas, le droit de faire appel de la décision de remise en liberté de celui qui la agressée. Car cest sur la vie de la victime que le sort de lagresseur pèse le plus. Je ne comprendrai jamais pourquoi la victime devrait être moins bien considérée, avoir moins de droits, faire lobjet de moins dattention de la part de la justice que laccusé ou que le condamné. Je mesure la révolution que le droit des victimes à se faire entendre introduira dans le fonctionnement de notre justice.
Mais cest la seule condition pour que la justice de notre pays retrouve la confiance des Français.
Et quand jentends des candidats expliquer quils veulent livrer aux trafiquants et aux voyous une guerre sans merci, et proposer en même temps, sans lombre dun soupçon de regret, avec une totale incohérence, la suppression des peines plancher, chère Rachida DATI, que nous avons fait voter, labandon de laggravation des peines en cas de récidive, je me dis que lon se moque du monde. Je veux élargir la notion de récidive pour frapper plus fort les récidivistes, le noyau dur de la délinquance. Le trafiquant ne craint quune chose, lalourdissement des peines en cas de récidive et les peines plancher.
Enlevez ces sanctions dissuasives à la justice et le trafiquant rira au nez de la police et des juges !
Dans la lutte contre le fanatisme et le terrorisme, nous devons réfléchir aux insuffisances de notre arsenal juridique. Je naccepte pas, je naccepterai plus que des jeunes de nos quartiers puissent se rendre à létranger sans avoir aucun autre motif que de suivre des cours dapologie au terrorisme. Ces voyages seront désormais considérés comme des délits, avec des peines de prison. Je naccepte plus labrutissement et le risque de conditionnement de cerveaux fragiles par des images et des idées insupportables, diffusées sur Internet.
Celui qui consultera un site propageant des idées ou faisant lapologie du terrorisme sera considéré comme un délinquant et risquera la prison.
Enfin, jai souhaité que tous les étrangers qui prêcheront la violence, lantisémitisme ou toute forme de fanatisme, soient interdits de séjour sur notre sol.
La République, cest la défense de la liberté dopinion, le terrorisme, ce nest pas une idée, ce nest pas une opinion, cest un crime. Et nous navons pas à tolérer quon fasse lapologie du terrorisme.
La démocratie, ce nest pas un régime faible. La démocratie, cest fort parce cest sûr de ses valeurs.
Alors je vois que certains disent que ces mesures ne sont pas nécessaires, quil y a bien assez de lois, parce quils trouvent toujours que lon en fait trop pour protéger les Français, mais je me permets de faire observer que ce sont ceux qui depuis 10 ans ont combattu tous les textes qui avaient pour but de donner à la police et à la justice davantage de moyens juridiques pour lutter contre la délinquance.
Voilà que ceux-là mêmes, que jai entendus vibrer quand jétais ministre de lIntérieur, contre ces lois que je faisais voter pour protéger les Français, mexpliquent maintenant, avec une grande autorité et un cynisme parfait, que ces lois sont excellentes.
Pourquoi ne les ont-ils pas votées ? Quelles suffisent bien et quil faut se garder den faire de nouvelles. Ce sont les mêmes, les mêmes, qui ont refusé les fichiers qui ont permis à la police didentifier plus rapidement les auteurs de crimes et de délits, les mêmes qui trouvent que, aujourdhui, que la police ne va pas assez vite.
La mise en cause des Forces de lordre est scandaleuse, elle est inadmissible, elle est irresponsable. Ce sont les mêmes qui se sont opposés à la création des centres éducatifs fermés et qui les trouvent tellement bien aujourdhui quils proposent de les doubler. Que ne les ont-ils votés quand, en 2003, nous les avons créés !
Mes chers Amis, pour diriger un pays comme la France, il faut être capable de prendre des décisions, de dire « non », dassumer et de tenir quand cest difficile, et cest toujours difficile de conduire la France.
Je veux que vous compreniez, je mengage dans cette campagne comme jamais de ma vie je me suis engagé. Pendant cinq ans, à la tête de notre pays, jai eu à affronter des crises dune violence inouïe, inouïe.
La France a tenu parce que nous avons tenu. Je nai jamais reculé face à la pression des syndicats, à la pression de la rue, à la pression des médias. A la pression des sondages. Jai tenu parce que cétait le devoir du chef de lEtat de tenir. Ils ont tout refusé.
Mais quand je vois la liste de ce quils annoncent quils vont garder, je me dis : dans le fond, notre bilan est mieux que ce quils en disent. Mais dans cette campagne il y a autre chose. Je débusquerai le mensonge, jobligerai au débat. Je poserai des questions et japporterai des réponses. On ne vous volera pas la campagne, on ne pratiquera pas lesquive, on ne pourra pas passer des semaines à faire comme si on était moi, ou comme si on était François MITTERRAND.
On ne pourra pas suivre, on ne pourra pas simplement imiter, on ne pourra pas simplement faire du bruit avec la bouche, on ne pourra pas simplement faire semblant. On devra assurer ses choix, prendre ses responsabilités, dire aux Français ce que lon fera, ce que lon décidera pour le pays dans les cinq années qui viennent.
Mais vous savez, mes chers amis, nous sommes en train décrire une page historique de la vie politique française.
Parce que la vague, la vague dont je vous parlais tout à lheure, je la sens monter.
Vous êtes la majorité silencieuse à laquelle on ne pourra plus jamais dire ce quelle doit faire, plus jamais.
Vous êtes le peuple de France qui aura refusé quon lui vole cette campagne.
Vous êtes les citoyens Français qui, le 6 mai, imposeront leur choix à tous les observateurs, à tous les spécialistes et à tous les sondeurs !
Vous êtes cette région merveilleuse, magnifique. Je me souviens de 2007 dans cette même salle, mais vous étiez moins nombreux en 2007.
Je men souviens parfaitement.
Eh bien, cette campagne, je veux vous la dédier, mes chers amis ; cest à vous, à vous le peuple de France, que je veux donner toute mon énergie, toute ma force, tout mon amour de la France, parce que cest avec vous, avec vous, et avec vous seulement, que je veux construire une République forte, dans une France forte !
Jai besoin de vous.
Vive la République et Vive la France !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 29 mars 2012