Texte intégral
Il y a près de deux ans et demi, le 27 octobre 2009, était arrêté le schéma national dorganisation sociale et médico-sociale pour les handicaps rares pour la période 2009-2013, dont lélaboration avait été confiée à la Caisse nationale de solidarité pour lautonomie.
Avec la publication de ce schéma, le Gouvernement mettait ainsi au cur de la politique du handicap les personnes handicapées les plus fragiles. Il sagit bien sûr de celles dont la rareté de la situation fait courir le risque que loubli ne vienne renforcer encore davantage lisolement dans lequel le handicap pourrait les condamner, si nous ny prenions garde.
Lattention portée aux plus faibles parmi les plus faibles est lhonneur de notre société. Cest elle qui nous rassemble ce matin pour assurer ensemble le suivi de la mise en uvre des engagements pris à destination des personnes handicapées, de leurs familles et de ceux qui les accompagnent, professionnels comme bénévoles.
Ces engagements, ils visent à faciliter le parcours de vie des personnes en situation de handicap rare, en améliorant la connaissance de ces populations en nombre limité et en augmentant les compétences et les ressources collectives mobilisées à leur intention. En effet, la rareté du handicap ne peut faire obstacle à lapplication de lesprit et du texte de la loi du 11 février 2005 qui garantit la mise en uvre dun projet de vie et du droit à compensation.
Le caractère à la fois inédit et ambitieux de ce schéma nous interdit de créer de faux espoirs tout comme de décevoir des attentes ô combien légitimes. Cest la raison laquelle la gouvernance imaginée pour suivre les progrès portés par le schéma en est un aspect important. Elle fonde la confiance de tous les acteurs ; elle est, jen suis sûre, un moteur essentiel de nos progrès collectifs.
Un an après linstallation de ce comité de suivi par Roselyne Bachelot-Narquin, le 28 mars dernier, je suis ainsi très heureuse douvrir le 2e comité de suivi national du schéma national handicaps rares. Il va nous permettre de mesurer toutes les avancées réalisées en un an. En passant en revue à la fois les mesures du schéma et le bilan réalisé pour ce comité je mesure le travail important quil a nécessité et je veux remercier lensemble des personnes qui sont mobilisées à sa réalisation, à la DGCS et à la CNSA, dans les associations et les centres ressources au niveau local, dans les ARS et les conseils généraux, chez nos partenaires scientifiques.
Lannée 2011 a permis de franchir de nombreuses étapes importantes, préalables au développement de nos capacités daccompagnement des personnes concernées par le handicap rare prévu à partir de 2012. Le schéma a en effet prévu de réserver au niveau national 31,2 millions deuros destinés au financement de places dans des établissements et services dédiées à des personnes en situation de handicap rare. Cest cette année, en 2102, que lemploi de ces crédits se décidera et se concrétisera.
Mais en matière de handicap rare, moins encore que pour les autres handicaps, et ce nest pas peu dire, la juste appréciation des réponses aux besoins est mal aisée. Parce que le handicap rare nécessite que soit recherchée à la fois la proximité de loffre et la technicité des interventions. Parce que lévaluation quantitative des situations concernées est aujourdhui rendue complexe en raison des difficultés à qualifier le handicap rare dans nos systèmes dinformations et par une approche épidémiologique classique.
Cest pourquoi un long et patient travail de structuration de nos ressources sest avéré un préalable indispensable. Cest à la présentation de ce méthodique et consciencieux chantier préalable que le comité de ce jour sera consacré pour lessentiel.
Aussi, pour que nous disposions dune vue complète des actions mises en uvre, je veux rendre compte rapidement des autres travaux qui ont été engagés.
1/ Structurer les réponses a été, comme je le disais, une des premières préoccupations
Cest pour consolider et structurer nos ressources quun important travail de pérennisation et de mise en réseau des centres nationaux de ressources a été conduit. Il a abouti, en 2011, à lapprobation de la convention constitutive du groupement de coopération sociale et médico-sociale constituée par les trois centres, dont je salue les représentants aujourdhui, ceux du CRESAM situé dans la Vienne, ceux du centre national de ressources Robert Laplane situé à Paris, et ceux du centre national de ressources La Pépinière de Loos.
Leur engagement en faveur de ce projet ambitieux de groupement national de coopération pour les handicaps rares (GNCHR) a permis son aboutissement. Je veux ainsi saluer Henri Faivre qui est ladministrateur de ce nouveau groupement. Face à un tel engagement, lEtat ne pouvait que sengager à son tour pour garantir les moyens et de la visibilité nécessaires au déploiement de ses missions, à travers la signature de la convention pluriannuelle dobjectifs et de moyens 2012-2014. Je me réjouis que nous ayons pu lorganiser ce matin, dans le cadre de ce comité, tant cette étape est symbolique.
Pour compléter la bonne connaissance de toutes les situations de handicaps rares à travers ces outils précieux que sont les centres de ressources, il a été décidé den créer un 4e dédié aux épilepsies sévères qui viennent se surajouter à dautres handicaps. Lappel à projet va être lancé dans les tous prochains jours.
2/ Approfondir notre connaissance des handicaps rares est un axe à part entière du schéma. Cest celui qui mobilise la recherche pour nous aider à mieux appréhender ces situations et y apporter ainsi la réponse la plus adaptée.
Il nest pas attendu de résultats immédiats des travaux engagés au titre de cet axe pour le développement de loffre qui sera décidé cette année. Toutefois, leur horizon plus lointain na pas été prétexte à repousser leur lancement, au contraire.
Le partenariat mis en place avec lINSERM pour compléter le site dinformation Orphanet a été étendu en 2011 pour servir de cadre à la conduite dune expertise collective sur le handicap rare engagée en avril dernier. LINSERM appuie également lélaboration de référentiels sur les situations de handicaps rares par les centres nationaux de ressources.
La CNSA et lInstitut de recherche en santé publique ont lancé en 2011 un appel à projets de recherche qui a permis de pré-sélectionner 6 projets sur les 11 soumis. Les résultats seront connus à la fin du mois.
La CNSA pilote également une enquête sur les parcours de vie avec les registres du handicap de Haute-Garonne et de lIsère.
Je veux souligner une fois encore, à loccasion de la description rapide de ces actions, la part importante prise par la CNSA dans la recherche sur le handicap, comme jai pu le faire lors de ses 2e rencontres scientifiques en février dernier. Je men réjouis.
3/ Accompagner les personnes concernées par un handicap rare, à travers le développement dune offre quantitative et qualitative adaptée, telle est notre objectif ultime.
Lannée 2012 sera à ce titre une année charnière.
* Elle verra tout dabord la mise en uvre dappels à projets destinés à créer des places dans des établissements et services médico-sociaux. A cette fin, un cadre de référence à destination des ARS a été élaboré et diffusé dans une circulaire récente du 3 février 2012 destinée à informer et mobiliser lensemble des ARS sur la mise en uvre du schéma handicaps rares. Bien que la programmation soit réalisée au niveau national, nous ne pouvons nous passer du relais territorial, même si le périmètre de nos territoires daction a été revu pour les besoins de la question dont nous traitons. Nous agissons en lespère dans le cadre de neuf inter-régions.
* Je veux insister sur un autre rendez-vous important de lannée 2012, celui de la définition et la structuration des rôles et missions des équipes-relais des centres de ressources. Répondre à la double exigence de la proximité et de la spécificité implique de nous organiser autrement. Tous les établissements ne pourront imaginer disposer de toutes les compétences nécessaires à laccueil des personnes avec un handicap rare. Nous ne pouvons toutefois pas plus imposer aux familles des éloignements très importants que des regroupements de personnes aux besoins similaires imposeraient.
Doù le rôle des équipes-relais, dans laccompagnement des personnels des établissements de proximité. Ce positionnement est à imaginer. Le Groupement nationale de coopération pour les handicaps rares aura à proposer un modèle, en ayant pris le soin de travailler avec les équipes qui, aujourdhui, dans les centres ressources, agissent déjà en direction de ces personnes. Leur métier va évoluer, du fait de la structuration de nos ressources et de lambition du schéma. Ces personnels doivent y être étroitement associés, dans une démarche daccompagnement du changement.
* Cest dans le même esprit que les actions de formations bénéficieront de limpulsion et des compétences du GNCHR, les centres ressources ayant une fonction essentielle en la matière auprès des professionnels des établissements. La perspective de premières rencontres professionnelles fin 2012 autour de la thématique « Langage et communication en situation de handicaps rares et complexes » prouve, sil en était besoin, que lenjeu de la formation est parfaitement perçue.
Ce rapide tour de piste, incomplet souligne lambition de notre démarche collective. Il témoigne de la mobilisation de chacun pour apporter à nos compatriotes ainsi fragilisés par un handicap rare des réponses de qualité, reconnaissance de leur citoyenneté, qui soit véritablement un vecteur de leur participation sociale.
Je vous remercie.
Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 15 mars 2012