Texte intégral
Merci, merci à tous ! Dabord, il faut que je vous présente des excuses, notamment à toi, Michel, parce que je crois quil y a eu trois fois des cartons dinvitation, cest intégralement de ma faute, François FILLON ny est absolument pour rien ! Je vais vous expliquer pourquoi. Cest parce que ce soir, je suis invité à la télévision et je voulais rentrer suffisamment tôt pour adresser, à travers la télévision, un message aux Français.
Parce que pour tout vous dire, cette campagne du deuxième tour est quand même légèrement plus agréable pour moi, parce quun certain nombre damis très proches ont disparu de la scène ! Parce que la conception quils avaient de légalité, neuf contre un, je préfère un contre un ! Parce que ça me fait tout drôle davoir 50 % du temps de parole, là où on considérait que 10 % du temps de parole et 90 % sans temps de parole, cétait la démocratie, légalité, la République et que, au fond, même on se demande si ces 10 %, il fallait vraiment les garder ! Donc, merci à toi, Philippe, merci Michel, merci à tous les parlementaires, merci Jean-Marie, merci Arlette, merci à tous ceux qui ont participé à cette organisation. Et puis, alors, surtout, merci à vous ! Parce que vous êtes vraiment, vous êtes des incorrigibles ! Vous êtes ininfluençables ! Vous êtes indécourageables ! Vous êtes inébranlables ! Vous êtes le peuple de France ! Formidable !
Je vais vous dire une chose, si vous saviez, si vous saviez lémotion qui ma étreint, qui nous étreint tous devant la volonté, la mobilisation de tous ces Français qui nont pas toujours partagé notre route, ne sont pas forcément des militants, mais qui se disent, ce nest pas possible, la France est devant un choix historique, la France na pas le droit à lerreur ! Vous voir si nombreux, de plus en plus nombreux, jour après jour, résistants à tout, aux mensonges, à la calomnie, aux spécialistes, aux observateurs, aux sondeurs, aux prédicateurs, à tous qui se sont trompés lamentablement, qui avaient dit une chose extraordinaire, cette campagne nintéresse personne ! Mais dites-moi, quest-ce que ça aurait été si ça vous avait intéressé ? Vous avez été 80 % de Français à aller voter pour le premier tour, donnant une leçon de civisme extraordinaire !
Quand je pense que ceux qui affirmaient si bien connaître la France, quils expliquaient, avant même que vous vous soyez prononcés, quel serait le résultat et quils se sont trompés dans de telles proportions, quand je pense quils osent encore prendre la parole et donner leur avis ! Mais quand on a subi un échec pareil, un minimum de pudeur et de discrétion, je leur dis simplement : Laissez-nous tranquilles, les candidats et les Français, juste pendant deux semaines. Après, vous pourrez à nouveau vendre vos fausses prédications !
Alors, cette campagne du deuxième tour, elle est un moment de vérité, il sagit de savoir quel avenir pour notre pays, quel avenir pour vos familles, quel avenir pour vos enfants. Ce choix, je vous demande de le faire en ayant à lidée que les seules contraintes de lintérêt général, peu importe quels furent vos choix politiques dans le passé, la seule question qui compte, cest : Où voulons-nous aller ? Je pense que cette campagne ne sera utile que si elle se fait en vérité, que vous puissiez savoir quel est le projet de lun, quel est le projet de lautre, quelle est la personnalité de lun, quelle est la personnalité de lautre.
Jai considéré quil fallait mettre tout sur la table, dire la vérité, être le plus précis possible. Cest la raison pour laquelle quand il y a eu ce mouvement assez historique, où toutes les radios de France, publiques comme privées, se sont mises ensemble, les grandes radios, pour proposer aux deux candidats du deuxième tour de sexpliquer, de présenter aux Français leur projet et de répondre à leurs questions, jai accepté, bien naturellement, de participer à ce débat auquel on minvitait. Cest une question de respect, de respect pour les Français, je nai rien à cacher.
Je ne prétends pas avoir tout réussi, je ne prétends pas avoir raison sur tout, je ne prétends pas détenir la vérité. Mais jai un devoir, les Français mont mis dans la situation de devoir faire campagne au deuxième tour, javais le devoir daccepter. Jétais persuadé que quand il reste deux candidats, on est à égalité de droits et de devoirs. Je me suis dit, ce nest pas possible, il refuse, il y a un problème ! Le mercredi ne lui plaît pas, allons pour le jeudi ! Et puis, si jeudi, il a une obligation, le vendredi ! Le week-end, ça ne me gêne pas de travailler, moi, je nai jamais cru aux 35 heures ! Donc, par conséquent, je suis disponible le week-end !
Il y a juste, je ne pose juste quune condition, une condition et une seule, cest que je pense que le débat serait plus utile avant le 6 mai quaprès ! Cest la seule. Alors, je me suis dit, dans le fond, cest les thèmes qui ne lui plaisent pas. Les thèmes, moi, je suis prêt à parler de tous les thèmes ! Il ny a pas de problème ! Là, je vois que pour le débat du deuxième tour, organisé par les télévisions, il pose un certain nombre dexigences. Je dis les choses pour quelles soient très claires. Cest les télévisions qui organisent ce débat, quils choisissent le réalisateur quils veulent et les journalistes quils veulent. Jirai à ce débat avec mes convictions, avec mes idées, sans aucun préalable, juste pour que les Français et le peuple de France décident et choisissent !
Je ferai simplement une remarque, une seule, une seule. Cest que quand je fais campagne, je parle au peuple de France, à vous tous, et je ne vous demande pas pour qui vous avez voté dans le passé. Ça ne me regarde pas. Vous êtes des citoyens à part entière, tous. Mais lorsquil sest agi de supporter pendant des mois le matraquage sur les primaires socialistes, à ce moment-là, le même qui refuse de débattre avec moi acceptait de débattre à trois reprises avec ses camarades socialistes. Voilà la vérité de la gauche, la gauche sectaire, ce qui est bon pour les socialistes nest pas bon pour les Français. Il y a, dun côté, le peuple de gauche, de lautre, le peuple de France. Ce qui était possible de faire lorsquil sagissait de parler et de débattre entre camarades, il nest plus possible de le faire devant les Français. Chacun le notera.
Dailleurs, je dois la vérité de dire que je nai pas toujours été daccord avec madame AUBRY. Pourtant, je vais la citer, parce que, après tout, il y a des auteurs quon peut ne pas forcément apprécier, mais qui, dans un éclair de génie, peuvent dire une chose vraie. Madame AUBRY, parlant de François HOLLANDE pendant les primaires socialistes, a dit : « Quand il y a du flou, cest quil y a un loup. » Cest elle qui la dit, ce nest pas moi ! Oui, si on ne veut pas de débat, cest quil ny a pas un loup, cest quil y en a plusieurs ! Cest que le candidat socialiste pense quune campagne électorale, ça consiste à éviter les écueils, à ne pas dire la vérité et à présenter laddition aux Français après quils aient décidé. Moi, je veux tout le contraire, je veux la vérité, je veux la transparence et je veux la clarté. Voilà pourquoi jai accepté de répondre à linvitation des radios.
Il y a une deuxième chose que je voudrais vous dire et je voudrais le dire dans ce département du Haut-Rhin et dans cette région dAlsace. Je voudrais en parler très franchement et très librement avec vous. Cest à vous que je veux parler, je ne viens pas ânonner quelque chose, je nai pas négocié un projet, je ne suis pas en permanence dans ma tête en train de me dire, mon Dieu, si je dis ça, ça va exploser dun côté ou si je dis ça, ça va exploser de lautre ! Je suis un homme libre, je ne suis lotage de personne. Moi, je ne me présente pas comme otage de madame JOLY ou de monsieur MELENCHON. Je viens avec les idées et avec limmense rassemblement de tous ceux qui ont bien voulu mapporter leur soutien.
Donc, je vais vous parler très librement du Front national et je vais vous en parler très librement, je vais vous parler avec mon cur et je vais vous dire une chose. Je nai pas lintention daccepter la moindre leçon de morale de la part de tous ceux qui donnent des leçons de morale aux Français, notamment aux Français qui souffrent, alors quils habitent confortablement dans des quartiers où il ny a aucun problème et quils mettent leurs enfants dans des écoles où il ny a aucun problème ! Ce nest pas eux qui vont donner des leçons de morale, ni aux Français, ni à moi ! Aucune !
Le petit jeu qui consiste à se pincer le nez pour reprocher à des Français qui souffrent dexprimer un vote qui ne leur plaît pas ! Je voudrais vous dire que la démocratie, elle est, de mon point de vue, dans le sens suivant, cest les candidats que nous sommes qui doivent écouter le peuple quand le peuple sexprime, ce nest pas simplement le peuple qui doit écouter les candidats. Ça passe dans les deux sens le dialogue, ça va de haut en bas et de bas en haut, cest ça la République et cest ça la démocratie !
Quand jai vu monsieur HOLLANDE, le soir du premier tour, dire : « Les électeurs qui se sont portés sur madame LE PEN se sont trompés ! Ils ont succombé au vent mauvais ! Ils ont tort ! » Je me suis dit, mais de quel droit porter un jugement à lendroit de millions de Français ? Après tout, si la République je vous demande dy réfléchir autorise ces candidats à se présenter, cest que voter pour ces candidats nest pas un acte antidémocratique. Toute ma vie, jai combattu les thèses du Front national. Jamais dans ma vie politique, qui est longue, je nai fait alliance avec qui que ce soit. Mais je ne vais pas prendre des leçons de la part de monsieur HOLLANDE qui trouve normal de travailler et despérer gouverner avec monsieur MELENCHON, qui a déclaré que Cuba était une démocratie et que Fidel CASTRO, un démocrate ! Cest eux qui vont nous donner des leçons ? Ou de quelquun qui ose dire : « Si vous croisez un riche dans la rue comprenez quelquun qui est au-dessus de 4 000 euros par mois, je cite les bons auteurs nhésitez pas à lui faire les poches ! » Cest un comportement républicain ? Cest la France que lon veut ? Cest lexemple que lon veut donner à nos enfants ? Lenvie ? La jalousie ? La haine ? Cest bien beau dappeler au rassemblement, mais quand on a à côté de soi des gens qui appellent à la haine, cest quon est hypocrite, quon nappelle pas au rassemblement, cest quon appelle à la détestation, voilà, et à la division, elle est là la vérité !
La République autorise les candidats du Front national à se présenter. Je suis la cible du Front national. Pourquoi ? Parce que dans le passé, jamais monsieur MITTERRAND naurait fait deux septennats sil ny avait pas eu Jean-Marie LE PEN. Aujourdhui, Marine LE PEN réserve ses coups les plus féroces à moi. Donc, je ne vais pas prendre la leçon de la part deux et en plus la leçon de la part de la gauche qui na eu de cesse que de vouloir faire prospérer un vote de protestation pour empêcher le centre et la droite républicaine dexercer les responsabilités du pouvoir ! Pas vous, pas ça, pas maintenant !
Jajoute, dun point de vue moral, cher François, dun point de vue moral, quil est quand même extravagant comme raisonnement que la République autorise des candidats à se présenter, donc les électeurs ont le choix, puisque quand ils arrivent dans un bureau de vote, il y a des votes, il y a des bulletins qui étaient à mon nom, qui étaient au nom de monsieur HOLLANDE, qui étaient au nom de madame LE PEN ! Au lieu de dire, je vais écouter, entendre ce quont voulu me dire ces électeurs, leur reprocher, les mépriser, les traiter de populistes, de protestataires !
Mais moi, je ne donnerai pas cette leçon à une femme ou un homme qui vit dans un quartier où je ne vis pas, qui a peur, qui ne veut pas que son mode de vie change et qui pense que la seule façon de se faire entendre, cest de renverser la table et peu importe quelle la renverse sur elle-même ! Je ne cautionne pas ce choix. Je dis quil faut lentendre ce cri, quil faut en tenir compte, quil faut prendre des engagements précis, pour que ces gens, ces Français, qui ont été tentés par ce vote, puissent se retrouver dans le discours qui est le nôtre et élargir le rassemblement qui apportera des réponses concrètes et précises à la souffrance quils ont exprimée.
Si je dis à ces Français : Vous vous êtes trompés, vous avez tort, vous nêtes pas des bons citoyens, vous nêtes pas des bons républicains ! La prochaine fois, ils feront plus ! Parce que sils ont fait ce vote, cest pour quon les entende ! Pas simplement moi, tous les candidats, pas simplement en France, dans tous les pays démocratiques. Pourquoi ? Parce quil y a beaucoup de gens qui disent ça ne peut plus durer, le monde tel quil se construit, nous nen voulons pas. Nous voulons garder notre mode de vie, nous voulons garder nos territoires, nous voulons garder nos valeurs et nous voulons transmettre à nos enfants les valeurs que nos parents nous ont transmises ! Voilà ce quils ont voulu nous dire ! Ils nous lont dit peut-être mal, peut-être trop fortement, mais je ne peux pas leur reprocher de nous avoir dit ça !
Alors, la cohorte des aimables observateurs, qui croyaient tellement en moi, cela en était touchant ! Le soir du premier tour, de voir le rayonnement dun certain nombre de nos bons amis, visiblement, la réponse des Français nétait pas ce quils attendaient quelle fut. Je veux quils comprennent bien, avant même que javais été candidat, on disait que jallais chasser sur les terres dextrême droite. Absurde ! Mensonge ! Calomnie ! Dabord, parce que je conteste quil y ait une terre dextrême droite. Je vais même vous dire mieux, les millions et les millions de Français qui ont voté pour moi ne mappartiennent pas. Vous êtes libres, vous êtes des femmes et des hommes libres. Je vous remercie du fond de mon cur de maccompagner, de maider, de me soutenir, de me faire confiance ! Si vous saviez à quel point je vous suis reconnaissant ! Mais vous nêtes pas ma propriété ! Vous êtes des femmes et des hommes libres ! Vous comptez chacun pour une voix et, moi, je compte pour une voix.
Je sais parfaitement que le plus proche de moi ici peut être libre de son vote pour une législative, pour une cantonale, pour une municipale ! Parce que cest la France, un peuple libre, frondeur, indomptable ! Restez Français, restez libres, restez frondeurs ! Restez indomptables ! Mais ce que je pense pour nos propres amis, je le pense pour eux aussi ! Quest-ce que ça veut dire « les terres du Front national » ? Il y aurait donc des terres où on naurait pas le droit daller ? Comme « les territoires interdits de la République » à lépoque de monsieur JOSPIN ? Jaffirme que je peux aller nimporte où sur le territoire de la République. Jaffirme quil ny a pas de terres qui appartiennent aux extrêmes ou à qui que ce soit dautre ! Jaffirme que cette analyse de la politique est une erreur complète.
Je veux convaincre ces femmes et ces hommes. Je veux leur dire quon en a besoin et que sils ne nous rejoignent pas, ils auront la politique exactement contraire à lavertissement quils ont voulu donner. Ces femmes et ces hommes, je suis dans mon devoir de républicain, candidat, en leur disant : Si vous ne participez pas au vote, si vous ne nous rejoignez pas, alors, vous aurez le droit de vote pour les immigrés en France, cest ce que vous voulez ou cest ce que vous ne voulez pas ? Il y a un moment donné où chacun doit être mis devant ses responsabilités. Vous voulez garder votre mode de vie, vous considérez quil ny a pas assez de frontières, quon ne parle pas assez de nation et que nos valeurs sont importantes. Jai pris des engagements en matière de maîtrise de limmigration, des engagements précis, la division par deux du nombre dimmigrés qui, pendant les cinq ans qui viennent, entreront en France. Jai mis un certain nombre de conditions, par exemple, pas dallocations si on ne cotise pas pendant cinq ans, pas de RSA si on nest pas présent pendant dix ans et lapprentissage du français avant même de rentrer sur le territoire de la République !
Monsieur HOLLANDE a dit hier soir à la télévision : « Je régulariserai tout le monde. » Oui, tout le monde, parce que la régularisation au cas par cas, cest tout le monde ! Pourquoi ? Parce que dans la République, il y a des cas qui sont prévus par la loi, si on sexonère de ces cas, cest quon veut régulariser tout le monde ! Soit, vous rentrez dans un cas prévu par la loi et dans ce cas-là, cest normal ! Si vous commencez à dire « je régulariserai au cas par cas », ah bon ! Quel cas ? En fonction de quels critères ? On comprend, on connaît, cest la régularisation globale ! Moi, je dis, si vous voulez dire que vous régularisez un tout petit peu, alors dites que cest une régularisation à titre humanitaire. Mais la régularisation au cas par cas, ce nest rien dautre que la régularisation générale. Si les électeurs qui se sont portés sur la candidate du Front national veulent ça, alors, quils ne nous apportent pas leurs suffrages !
Mais je veux que le débat soit clair entre nous et, encore une fois, en faisant ça, je fais un travail profondément républicain. On ma dit : « Ah, il ne faut pas mettre le balancier à droite, comme on me disait, il fallait le mettre au centre ! » Mais où ai-je mis un balancier ? Je parle à des Français qui aiment leur pays, je leur parle avec des idées de bon sens. Peu mimporte les idéologies du 20ème siècle ! Nous sommes au 21ème siècle ! Quand je dis quil est inacceptable que celui qui travaille, qui paye ses cotisations, gagne moins que celui qui ne travaille pas et ne paye pas ses cotisations, ce nest pas une idée de droite, cest une idée de bon sens ! Quand je me bats pour le respect du travail, mais ce nest ni de gauche, ni de droite, ni du centre !
Toute ma vie, jai considéré que le travail était une valeur démancipation, que cest le chômage qui est une aliénation. Toute ma vie, jai pensé quon ne pouvait réussir que par le travail, que par leffort, que par le mérite. Cest de droite ? Cest lextrême droite ? Cest simplement du bon sens, cest profondément français de réfléchir comme ça. Alors, voilà que jai fait une erreur terrible, un épisode mavait manqué, je navais pas vu que monsieur HOLLANDE avait privatisé le 1er mai. Que le 1er mai, cétait réservé, réservé, à la CGT on est en bonne compagnie ! et au Front national ! Ce 1er mai, là, va être différent. Parce que nous avons des choses à dire et nous voulons les dire. Je le dis ici, dans ce département du Haut-Rhin, je le dis ici, où jai tellement apprécié le soutien des ouvriers, vendus honteusement par monsieur HOLLANDE à Fessenheim ! Ils ont compris, eux, à Fessenheim, ce qui allait se passer, si cétait monsieur HOLLANDE.
Le 1er mai, nous vous appelons tous à vous rassembler pour parler du travail. Alors, on ma dit : Mais quest-ce que cest votre idée du travail ? Je vais mexpliquer. Je pense que tout le monde travaille, quil a un emploi. Mais que, malheureusement, et en tant que chef de lEtat, je le sais, il y a des Français qui sont plus exposés que dautres. Ça ne veut pas dire que les autres ne travaillent pas. Mais quand la crise souffle avec une violence inouïe, ceux qui ont un statut travaillent dur et doivent être respectés. Mais que la crise souffle ou pas, lEtat nétant pas en faillite, lEtat paye les salaires et protège ses collaborateurs. Quand vous êtes ouvrier dune entreprise, que cette entreprise voit son carnet de commandes divisé par deux, quand la crise souffle avec une violence inouïe, vous êtes beaucoup plus exposé que les autres. Quand vous êtes artisan, quand vous êtes commerçant, que les gens nont plus de pouvoir dachat, vous êtes beaucoup plus exposé que les autres.
Bien sûr que nos compatriotes sous statut travaillent dur, doivent être respectés et jamais dans ma carrière, je nai dit un mot contre eux. Mais quand même, il y a une France de salariés du privé de 22 millions de personnes qui ont souffert de la crise beaucoup plus que la France qui travaille et qui se trouve avec un statut. La France qui travaille avec un statut, elle a des problèmes, elle a des difficultés, elle a des souffrances, elle a des revendications, je le comprends parfaitement. Mais le chef de lEtat que je suis ne peut pas soccuper de la même façon dun homme ou dune femme qui, quoi quil arrive, touchera son salaire avec lindexation ou dun homme et dune femme, alors quil ny est pour rien, voit son salaire divisé par deux parce quil y a du chômage partiel ou voit son salaire supprimé parce quil y a une délocalisation dont il ny est pour rien ! Dire cela, cest ne manquer de respect à personne !
Je mexplique. Dieu que cest difficile dêtre enseignant ! Parce que les enfants ont changé, parce que les familles ont changé, parce que la vie a changé, cest difficile et cest un métier éminemment respectable. Mais je dis que dans la crise, nous avons protégé les enseignants et les fonctionnaires qui nont pas perdu un centime de pouvoir dachat, alors que ceux qui travaillent dans les entreprises, dans le secteur privé, quand il y a eu des difficultés, eux ont été plus exposés à la crise que les autres ! Dire cela, cest dire la vérité aux Français !
Pourquoi je vous le dis ? Parce que et jen remercie François FILLON depuis que nous sommes au gouvernement, nous avons mis un terme à cette situation profondément scandaleuse où les gouvernements cédaient, non pas parce que la revendication était la plus juste, les gouvernements cédaient parce que la revendication émanait de celui qui pouvait le plus bloquer la France ! Voilà la réalité ! Voilà la vérité ! Pour être encore plus clair, devant la crise et après quatre années de crise, si nous avons une marge de manuvre budgétaire, je préfère quon la consacre à la formation ou à laide des ouvriers qui sont exposés à la concurrence internationale, plutôt que dembaucher 60 000 fonctionnaires de plus dans un pays qui na pas les moyens daugmenter les dépenses publiques ! Dire cela, je veux que vous me compreniez bien, ce nest en rien manquer de respect aux fonctionnaires ! Au contraire, cest les considérer, cest les respecter !
Donc, nous allons parler du travail le 1er mai et je souhaite que vous soyez le plus nombreux possible. Alors, quest-ce que cest le travail ? Je vais vous le dire. Je le vois sur le visage de chacun dentre vous, le travail, cest ce qui vous a permis de vous en sortir, cest ce qui fait que vous pouvez être ici. Quand vous êtes ici, vous pensez à quoi ? A vos enfants, à vos petits-enfants, à la maison, à lappartement, à lentreprise, au commerce. Quand vous regardez votre patrimoine, vous, la France, la France qui a travaillé dur, vous ne regardez pas largent que ça représente, vous regardez les dizaines de milliers dheures de travail, de sueur, de souffrance quil a fallu pour créer ce patrimoine familial, cest cela la France qui travaille ! La France à laquelle je veux parler, elle nest pas cupide, elle nest pas intéressée par largent, elle ne fera pas fortune, mais elle considère que son patrimoine, cest important, parce quil a une valeur affective.
Vous tous qui êtes là, il ny en a pas un seul qui, à un moment donné de sa vie, na eu à mettre un genou à terre, qui a connu des difficultés, peut-être même qui en a eu assez. Il ny en a pas un seul ici qui, un matin ou un autre, ne se dit : « La barbe, il faut aller travailler ! » Et qui ne la été. Il ny en a pas un seul ici qui na dû sacrifier des vacances avec les enfants, avec la famille, le week-end, parce quil fallait travailler, travailler toujours plus dur. Quand vous êtes arrivé devant un problème, ici, vous vous êtes dit, pour men sortir, il faut dabord que je compte sur moi, sur mon effort, sur mon mérite, sur mon travail. Pas que je tende la main. Quand vous avez souffert, vous avez eu trop de pudeur pour vous plaindre. Parce que la France qui travaille comme cela, quand elle nest pas daccord, elle ne casse passe, quand elle nest pas daccord, elle ne manifeste pas et quand elle a une souffrance, elle ne demande pas, elle assume elle-même ! Voilà la France qui travaille, notamment en Alsace !
Alors, cette France-là, cette France-là que vous représentez, cest à elle que nous avons pensée quand jai voulu supprimer les droits de succession sur les successions petites et moyennes. Parce que je nai pas changé davis, quand on a travaillé toute sa vie, dur, il est normal de transmettre à ses enfants le fruit dune vie de travail parce que vous avez payé vos impôts toute la vie ! Ce sont les valeurs qui sont les nôtres. Je veux dailleurs dire un mot de la famille, pour être bien sûr de me faire comprendre. La famille a changé, il y a le divorce qui est toujours une épreuve, qui est toujours une souffrance, je suis sûr que dans vos familles, chacun a pu connaître ça. Il y a les familles recomposées, jen sais quelque chose ! Mais apparemment, je ne suis pas le seul ici ! Mais je voudrais que vous compreniez une chose, si la forme de la famille a changé, lattachement que lon a pour la famille na pas changé. Le besoin quon a de sa famille, le besoin damour quon a na pas changé. Ça reste une valeur centrale, ce nest pas parce que la forme de la famille a changé, ce nest pas parce que la conception de lamour a changé que le besoin damour a diminué. La famille reste le cur, la famille est quelque chose qui compte. Cest la raison pour laquelle je naccepterai jamais vous mentendez bien jamais quon remette en cause le quotient familial. Jamais. Parce que remettre en cause le quotient familial, cest détruire linstitution que représente la famille dans notre pays.
Mes chers amis, il va donc y avoir ce débat pendant ces deux semaines de deuxième tour. Je veux que chacun dentre vous, le 6 mai, vous puissiez faire un choix le plus clair possible. Je souhaite que chacun soit informé des conséquences de ce quil fera. Je souhaite que vous compreniez que ce choix est véritablement historique. La question nest pas de faire peur. La question, cest que chacun voit les conséquences. Y a-t-il un seul Alsacien qui souhaite pour la France le sort de lEspagne ou de la Grèce ? Vous êtes bien placés pour savoir que la sanction est immédiate aujourdhui, immédiate. Si la France, après cinq années defforts, recommence à considérer que les dépenses peuvent filer, quon na pas assez de fonctionnaires, quon na pas besoin de travailler davantage, quil faut remettre en cause la réforme des retraites pour le seul fait quelle a été faite par nous, si la France donne le sentiment au monde quelle nest plus prête à faire des efforts, croyez-vous une seconde que la France sera épargnée du sort que connaissent aujourdhui lEspagne, lItalie, le Portugal ou les autres ?
Jentendais le candidat socialiste dire : « Je mopposerai aux marchés financiers. » Ah là, on est impressionné ! Déjà, on les voit trembler ! Ça ne fait pas envie ! Si vous voulez être libérés des marchés financiers, comme je le souhaite, il suffit de rembourser ses dettes, de diminuer ses dépenses et de réduire son déficit. Il ny a pas dautre solution. Quest-ce qui se passe ? Cest tout simple. Nous avons 1 700 milliards de dette, merci les 35 heures, merci la retraite à 60 ans, que nous navions naturellement aucun moyen de financer, nous devons emprunter chaque année 180 milliards deuros, nous versons 42 milliards dintérêts de la dette et nous avons retenu une ligne de réduction du déficit qui nous amène à un déficit zéro en 2016. Je dis une chose très simple, avant la fin de lannée 2012, je ferai voter la règle dor, cette règle qui obligera une nouvelle majorité à tendre vers le déficit zéro. Mais qui peut être contre cette idée ? Quun gouvernement doive aller vers la réduction du déficit plutôt que vers laugmentation du déficit ? Tous les pays dEurope se sont engagés à le faire. Si le Sénat devait sopposer à ladoption de cette règle, avant la fin de lannée 2012, jorganiserais un référendum pour demander au peuple français ce quil en pense.
Et cest vous qui trancherez, personne dautre, cest vous qui trancherez ! Pourquoi cest vous ? Parce que le candidat socialiste oublie une chose, cest que la poche du contribuable nest pas inépuisable. Le candidat socialiste, il est bien dans la tradition des autres socialistes, ils adorent dépenser un argent qui nest pas le leur. Voilà ! Mais il y a une différence avec ce que nous avons connu en 1981 je parle pour les plus anciens cest quen 1981, ils ont fait la fête pendant deux ans, il ny avait pas de limites, il fallait tout dépenser ! De ce côté-là, ils ont été dune efficacité extraordinaire, au-delà de ce quon pouvait imaginer. Puis, en 1983, ils se sont rendu compte quil ny avait plus rien, il a fallu changer complètement la politique. Mes chers amis, en 2012, on nest pas dans la situation de 1981, en 2012, là où il a fallu deux ans, il faudra deux jours. Parce que pourquoi voulez-vous quun pays comme lEspagne ou lItalie connaissent la situation quils connaissent et que, nous, nous en soyons épargnés ? Il ny a pas dautre solution.
Jentends beaucoup parler du pouvoir dachat, quon va distribuer tout, augmenter tout, notamment le SMIC. Mais je voudrais rappeler une chose, cest quavant de penser à augmenter le pouvoir dachat, autant, il faut le garantir. Lorsque jentends le candidat socialiste dire « jaugmenterai le SMIC », le SMIC est touché par 13 % des salariés, dans le même temps, il veut supprimer les heures supplémentaires et la défiscalisation des heures supplémentaires, 9 millions de salariés. Il y a trois fois plus de salariés qui, malgré la crise, touchent des heures supplémentaires qui ne touchent le SMIC. Ce quon va donner à moins de 3 millions de personnes, on va le retirer à 9 ? Mieux que ça, pour la réforme des retraites, puisquil veut revenir sur notre réforme, il a prévu daugmenter les cotisations salariales payées par les salariés pour financer une réforme de la retraite dont il ne veut pas parce que ça consiste à dire aux gens travaillez davantage ! Cest bon pour le pouvoir dachat ? Plus dheures supplémentaires ? Des cotisations retraite augmentées ? Cest comme ça quon défend le pouvoir dachat ?
Lorsque nous avons voulu faire le plan qui a sauvé les banques, nous avons été injuriés. Mais ce nétait pas pour sauver les banques ! Parce que largent des banques, cest lequel ? Cest le vôtre. Imaginez quavec le gouvernement, nous nayons pas fait ce que nous avons fait, imaginez que vous ayez été obligés daller faire la queue aux guichets de la banque pour retirer le reste de votre épargne, parce que si la banque fait faillite, elle fait faillite avec quel argent ? Le vôtre ! Il ny a pas un Français qui a perdu son épargne. Peut-être quon a bien travaillé pour protéger lépargne des Français, pas un seul, pas un seul ! Imaginez, si nous ne lavions pas fait, le procès qui nous serait fait aujourdhui !
Alors, voilà, mes chers compatriotes, il va y avoir cette campagne, projet contre projet, je prendrai des engagements très précis, des engagements que je pourrais tenir et vous serez les garants de ces engagements. Cest pour cela que jai voulu remettre la question du référendum sur le devant du débat public. Je le dis à vous et je le dis à tous les Français qui ne se sont pas reconnus au premier tour de ma candidature. Je prends lexemple exaspérant pour nombre de nos compatriotes du chômage, dun côté, et des offres demploi non satisfaites, de lautre. Jétais hier dans la banlieue parisienne, jai visité un certain nombre de commerçants, notamment un artisan boucher qui ma dit : « Si vous connaissez un jeune qui veut travailler, dites-le-moi ! Je cherche un apprenti de toute force, je cherche un apprenti à toute force ! » Cest inacceptable. Cest inacceptable davoir tant de chômage et des offres demploi non satisfaites.
Alors, on va changer quelque chose. On va faire en sorte désormais que chacun dentre vous aura le droit à la formation professionnelle, à apprendre un nouveau métier. Parce que dans la conception de la société qui est la nôtre, chacun a en soi un potentiel de confiance. Chacun doit savoir faire quelque chose, personne nest foutu. Chacun doit avoir une deuxième ou une troisième chance. Donc, qui que vous soyez, lEtat, la société vous aidera à apprendre un nouveau métier. Mais en échange de ce droit, je veux mettre une obligation, cest lobligation, après que vous avez acquis cette nouvelle compétence professionnelle, lobligation daccepter loffre demploi qui correspond à cette formation professionnelle. Il ne peut pas y avoir un droit sans devoir. Si la CGT nen veut pas, qui est maintenant devenu un parti politique, puisquelle appelle à voter pour un candidat à lélection présidentielle, alors, avant la fin de lannée, je poserai la question au peuple de France : Etes-vous daccord pour un droit à la formation professionnelle pour chacun de vous ? Deuxièmement, êtes-vous daccord pour quon oblige quelquun à accepter une offre demploi qui corresponde à sa formation professionnelle ?
Enfin, je voudrais terminer par là, je veux minspirer du droit alsacien et du droit mosellan. Parce que moi, je ne remettrai pas en cause le Concordat. Je ne remettrai pas en cause ce qui fait léquilibre, cher Michel, cher Philippe, de votre société et de votre territoire. Quelle drôle didée de vouloir le remettre en cause ! Pour quelle raison ? Y a-t-il un problème particulier ? Il existe ici quelque chose auquel je suis très attaché, cest au fond le droit pour celui qui a eu un gros problème à une nouvelle chance. Je veux parler de la faillite civile. Autant, je pense que le mauvais payeur doit être puni, que le fraudeur doit être condamné et que même, il nest pas inimaginable de poser la question de la suppression pendant un temps dun certain nombre de prestations à celui qui fraude parce que, après tout, sil fraude, il ny a aucune raison daccepter la fraude ! Aucune.
Mais celui qui a connu la maladie, la femme qui élève seule ses enfants, qui a connu le divorce et parfois qui a la malchance davoir le père de ses enfants qui ne paye pas ou louvrier, le salarié dune usine délocalisée ou fermée, il y est pour quoi ? Pour quoi ? Quelle est sa responsabilité ? Aucune. Il y a 1,2 million de familles dans cette situation, je souhaite que le système de la faillite civile puisse être généralisé à lensemble du territoire, pour quune nouvelle chance soit donnée, dans la clarté. Alors, on vendra ce quon pourra vendre pour rembourser les dettes que la personne peut rembourser, mais on lui donnera une nouvelle chance. Elle ne sera pas condamnée jusquà la fin de ses jours à trainer le boulet dun accident quelle a connu vingt ans, quinze ans ou vingt-cinq ans auparavant.
Je crois, mes chers amis, à la société du travail, à la société du mérite et de leffort. Mais je crois à lhumanisme, je crois à lhumanité, je crois à la solidarité, qui est très différente de lassistanat. La solidarité, cest la communauté nationale qui vient au secours de celui qui ny est pour rien dans ses problèmes et qui a besoin dêtre aidé. Lassistanat, cest une société qui vient au secours de tout le monde dans nimporte quelle condition, nimporte comment, sans demander à celui quelle aide la contrepartie à cette aide. Voilà la différence entre la solidarité et lassistanat. Nous avons créé le RSA, je souhaite que les personnes qui touchent le RSA, qui nont pas de formation et pas demploi soient contraintes dexercer 7 à 8 heures de travail dintérêt général au service de la société, pour rendre à la société un peu de ce que la société lui donne !
Pareil pour lécole, nous navons pas tous des enfants qui sont faits pour réussir dans la classe, pour réussir à lécole. Il y a des chiffres absolument considérables, 100 000 enfants sur 750 000, à chaque génération, qui narrivent pas à suivre dans la classe, qui se noient dans la classe ! Vous pouvez me dire quand on est dyslexique, la chance que lon a de suivre dans la classe ? Il y a des problèmes familiaux, des problèmes sociaux, des problèmes comportementaux ! Tous ces enfants, nous allons nous en occuper dès le CP, à la charnière entre la maternelle et le primaire, on donnera aux directeurs décole et aux maires la possibilité de réunir les spécialistes et nous assumerons le coût de ces spécialistes pour que ces enfants, qui sont les enfants de la République, soient remis en situation de réussir dans la classe. Ça, cest un droit nouveau. Mais nous exigerons une chose, cest quau moment de passer de primaire en collège, tous ces enfants sachent lire, écrire et compter. Parce que si on ne sait pas lire, écrire et compter, on na aucune chance de réussir dans sa scolarité !
Je souhaite une société plus juste, plus humaine, mais la justice, ce nest pas le nivellement et ce nest pas légalitarisme. La justice, cest le respect du patrimoine de chacun, cest le respect du travail de chacun, cest le respect de la personnalité de chacun, cest même le respect de lidentité de chaque région. Je souhaite une société où on fasse une part plus forte au travail, une société plus humaine, où quand on parle du travail, on ne parle pas seulement de la quantité de travail, mais de la qualité de vie au travail. Je souhaite des Français qui soient encore plus fiers de leur pays. Je les sens mobilisés pour défendre la France. Mais exaspérés par la remise en cause permanente de notre pays, de notre identité. Je pense que nous avons fait une erreur immense, immense, en nacceptant pas dans le projet de Constitution européenne de reconnaître lidentité chrétienne de la France et de lEurope. Grave erreur ! Grave erreur ! Je ne le dis pas pour parler au nom dune église, que mimporte !
Je dis simplement que quand on nie son identité, que quand on ne saime pas soi-même, on ne peut que détester les autres. Je dis simplement que quand on oublie doù on vient, on ne peut pas dire à ses enfants voilà où il faut aller. Je dis quen reniant les racines chrétiennes de la France, ce nest pas une église quon reniait, cest une histoire. Nous sommes les enfants dun pays particulier, dun pays qui a vu Victor HUGO, VOLTAIRE, MAUPASSANT, dun pays où il y a eu Jeanne dARC, où il y a eu de GAULLE, cest la France ! Nous ne sommes pas les héritiers dune page blanche ! Même sans le savoir, nous sommes ces Français où lon peut dire, devant la place de la Concorde, on peut citer PEGUY, il ny a pas un autre pays au monde où un homme politique peut aller, place de la Concorde, devant 120 000 personnes, et citer Victor HUGO et PEGUY ! Cest la France ! Cest la France, qui a une histoire beaucoup plus longue que nous ! Cette histoire, nous voulons lassumer !
Jai, en Alsace, cher Philippe, tu te souviens, jai parlé des « malgré nous », peut-être vous en souvenez-vous ! Moi, ça ne me gêne pas, parce que ça fait bien longtemps que je pensais à cela ! Parce que moi, je me bats pour la France forte, pas pour la France faible. La France forte est une France qui regarde son histoire et qui na pas honte de dire aux Alsaciens, il y a eu des Alsaciens qui ont eu la double peine. Parce quils ont été embarqués par le torrent de lhistoire quand ils avaient 15 ou 16 ans et que, en plus, quand ils sont rentrés, ils avaient le regard des autres, qui les voyaient, non pas pour des victimes, mais pour des coupables ! Jai voulu, jai voulu, parce que je pense, moi, que !
Il y a bien longtemps, je ne vous avais peut-être pas raconté cette histoire, javais lu ce livre bouleversant, « Le soldat oublié » de Guy SAJER, qui parlait de toute cette histoire. Je lai voulu, je lai fait, pas pour accuser qui que ce soit. Souviens-toi, François, pour la première guerre mondiale, jai voulu réhabiliter les jeunes qui navaient pas eu le courage de sortir des tranchées après des mois de vermine, de froid, quon avait sortis de leurs champs, qui étaient venus, qui sétaient battus et qui nen pouvaient plus ! Je nai pas voulu réhabiliter les objecteurs de conscience professionnels et politiques. Jai voulu réhabiliter le souvenir du petit paysan qui se trouvait brisé par lhistoire dun pays, que physiquement, il ne pouvait pas supporter ! Cest ça que jai voulu réhabiliter ! Jai pensé, cher Jean-François, jai pensé que la France était suffisamment forte pour entendre cela !
Et puis, dernièrement, jai fait quelque chose qui me tenait énormément à cur. Jai voulu réparer linjustice faite aux Harkis qui avaient choisi la France et que la France a laissé tomber. Jai voulu parler à la mémoire de ceux quon appelait « les pieds noirs ». Je lai fait en disant le sens de lhistoire collective, oui, mais ça concerne aussi les Alsaciens, parce que lAlsace, cest la France et que la France est une communauté de territoires, de personnalités différentes qui mettent tout ça en partage ! Jai voulu dire que, naturellement, que lAlgérie avait le droit dêtre indépendante, franchement, cétait le sens de lhistoire, que personne ne peut contester ce sens-là ! Mais que ce sens de lhistoire collective venait briser des histoires familiales et individuelles et que nous devions les réparer, les secourir, les encourager.
Jai voulu, hier encore, devant les Arméniens de France, tous les héritiers de ces Arméniens apeurés, qui, au début du 20ème siècle, après le génocide car, ce fut un génocide qui ont trouvé refuge en France, accueillis par la France, jai voulu dire que nous étions de leur côté et pas du côté dun négationnisme qui serait inacceptable. Cest la France forte.
Quand je plaide en disant regardez le long manteau déglises et de cathédrales sur notre territoire, ses racines chrétiennes, ça ne veut pas dire que la France est uniquement chrétienne naturellement. Mais que nos racines sont là. Si nous disons que nous navons pas le courage de regarder ses racines et de les assumer, au nom de je ne sais quelle pensée unique, alors, à ce moment-là, nous envoyons un message désastreux à tous ces Français je termine par où jai commencé qui expriment leur inquiétude en disant, nous, on comprend bien quil faut sadapter au nouveau monde, mais notre mode de vie, nos territoires, nos valeurs, préservez-les, protégez-nous. Voilà pourquoi je parle de ça aussi.
Le monde daujourdhui, cest un monde qui a besoin de nation, qui a besoin de frontières. Mais la frontière, la frontière, imaginez que votre maison ou votre appartement, il ny a pas de titre de propriété ou de titre de location ! Imaginez une minute que vous ne soyez pas assuré de la propriété ou de lacte de location ! A ce moment-là, vous voyez le voisin comme un adversaire, pas comme un ami. Si vous êtes assuré de votre titre de propriété, de votre titre de location, vous tendez la main, le cadastre vous protège, vous ne voyez pas le voisin comme un adversaire, vous êtes bien chez vous. Imaginez quon vous empêche de fermer la porte, de fermer les fenêtres et les volets, dans quel état seriez-vous dans votre chambre ? La frontière protège, la frontière est là pour cela. La frontière nest pas une barrière entre les uns ou les autres. La frontière établit un droit de propriété des nations, des pays, des volontés collectives. Une nation qui na pas peur est une nation qui peut choisir laudace. Le jour où vous faites tomber toutes les frontières, tous les cadastres, tous les droits de propriété, à ce moment-là, quest-ce qui reste ? La force, la force pour faire respecter lespace vital quon ne vous reconnaît pas par le droit.
Voilà pourquoi jai entendu le message de nos compatriotes. Quest-ce quils nous disent ? Faites attention, on ne veut pas changer notre mode de vie, on ne veut pas que la France disparaisse. Faites attention, regardez le monde, quels sont les pays qui réussissent ? Vous voyez la Chine abandonner la Chine ? Quand vous allez aux Etats-Unis, cest merveilleux, une maison sur deux, il y a le drapeau des Etats-Unis, personne aux Etats-Unis na envie de dire « je naime pas mon pays » ou « je ne suis pas fier de mon pays » ! Nous, en France, cest pareil ! Cest ce quon veut ! Cest le choix quon veut ! Cest les valeurs que lon veut défendre ! Cest ça le message qui nous a été adressé, pas un autre !
Alors, je rentre dans cette campagne, vous lavez compris, avec une énergie comme jamais je nen ai eue ! Jamais ! Je rentre dans cette campagne avec une volonté que je nai jamais exprimée à ce niveau. Je rentre dans cette campagne avec une conviction qui nest guidée que par une chose, lamour profond que jai pour mon pays et la reconnaissance profonde que jai pour chacun dentre vous de mavoir fait lhonneur de conduire notre pays pendant cinq ans. Cet honneur moblige, cet honneur me crée un devoir, cet honneur me crée le devoir de vous écouter, de vous parler et de me battre pour nos idées, nos convictions et nos valeurs ! Alors, cest simple, peuple de France, si vous voulez, le 6 mai, que ce soit votre choix, mobilisez-vous ! Debout ! Ensemble, nous allons montrer la plus formidable épopée de la vie politique récente ! Vous êtes la majorité silencieuse ! Vous êtes le peuple de France ! Ici, en Alsace, dans ce département, cher Philippe, cher Michel, je vous lance un appel, mobilisez-vous comme jamais ! Aidez-nous comme jamais ! Vive la République ! Et vive la France !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 26 avril 2012
Parce que pour tout vous dire, cette campagne du deuxième tour est quand même légèrement plus agréable pour moi, parce quun certain nombre damis très proches ont disparu de la scène ! Parce que la conception quils avaient de légalité, neuf contre un, je préfère un contre un ! Parce que ça me fait tout drôle davoir 50 % du temps de parole, là où on considérait que 10 % du temps de parole et 90 % sans temps de parole, cétait la démocratie, légalité, la République et que, au fond, même on se demande si ces 10 %, il fallait vraiment les garder ! Donc, merci à toi, Philippe, merci Michel, merci à tous les parlementaires, merci Jean-Marie, merci Arlette, merci à tous ceux qui ont participé à cette organisation. Et puis, alors, surtout, merci à vous ! Parce que vous êtes vraiment, vous êtes des incorrigibles ! Vous êtes ininfluençables ! Vous êtes indécourageables ! Vous êtes inébranlables ! Vous êtes le peuple de France ! Formidable !
Je vais vous dire une chose, si vous saviez, si vous saviez lémotion qui ma étreint, qui nous étreint tous devant la volonté, la mobilisation de tous ces Français qui nont pas toujours partagé notre route, ne sont pas forcément des militants, mais qui se disent, ce nest pas possible, la France est devant un choix historique, la France na pas le droit à lerreur ! Vous voir si nombreux, de plus en plus nombreux, jour après jour, résistants à tout, aux mensonges, à la calomnie, aux spécialistes, aux observateurs, aux sondeurs, aux prédicateurs, à tous qui se sont trompés lamentablement, qui avaient dit une chose extraordinaire, cette campagne nintéresse personne ! Mais dites-moi, quest-ce que ça aurait été si ça vous avait intéressé ? Vous avez été 80 % de Français à aller voter pour le premier tour, donnant une leçon de civisme extraordinaire !
Quand je pense que ceux qui affirmaient si bien connaître la France, quils expliquaient, avant même que vous vous soyez prononcés, quel serait le résultat et quils se sont trompés dans de telles proportions, quand je pense quils osent encore prendre la parole et donner leur avis ! Mais quand on a subi un échec pareil, un minimum de pudeur et de discrétion, je leur dis simplement : Laissez-nous tranquilles, les candidats et les Français, juste pendant deux semaines. Après, vous pourrez à nouveau vendre vos fausses prédications !
Alors, cette campagne du deuxième tour, elle est un moment de vérité, il sagit de savoir quel avenir pour notre pays, quel avenir pour vos familles, quel avenir pour vos enfants. Ce choix, je vous demande de le faire en ayant à lidée que les seules contraintes de lintérêt général, peu importe quels furent vos choix politiques dans le passé, la seule question qui compte, cest : Où voulons-nous aller ? Je pense que cette campagne ne sera utile que si elle se fait en vérité, que vous puissiez savoir quel est le projet de lun, quel est le projet de lautre, quelle est la personnalité de lun, quelle est la personnalité de lautre.
Jai considéré quil fallait mettre tout sur la table, dire la vérité, être le plus précis possible. Cest la raison pour laquelle quand il y a eu ce mouvement assez historique, où toutes les radios de France, publiques comme privées, se sont mises ensemble, les grandes radios, pour proposer aux deux candidats du deuxième tour de sexpliquer, de présenter aux Français leur projet et de répondre à leurs questions, jai accepté, bien naturellement, de participer à ce débat auquel on minvitait. Cest une question de respect, de respect pour les Français, je nai rien à cacher.
Je ne prétends pas avoir tout réussi, je ne prétends pas avoir raison sur tout, je ne prétends pas détenir la vérité. Mais jai un devoir, les Français mont mis dans la situation de devoir faire campagne au deuxième tour, javais le devoir daccepter. Jétais persuadé que quand il reste deux candidats, on est à égalité de droits et de devoirs. Je me suis dit, ce nest pas possible, il refuse, il y a un problème ! Le mercredi ne lui plaît pas, allons pour le jeudi ! Et puis, si jeudi, il a une obligation, le vendredi ! Le week-end, ça ne me gêne pas de travailler, moi, je nai jamais cru aux 35 heures ! Donc, par conséquent, je suis disponible le week-end !
Il y a juste, je ne pose juste quune condition, une condition et une seule, cest que je pense que le débat serait plus utile avant le 6 mai quaprès ! Cest la seule. Alors, je me suis dit, dans le fond, cest les thèmes qui ne lui plaisent pas. Les thèmes, moi, je suis prêt à parler de tous les thèmes ! Il ny a pas de problème ! Là, je vois que pour le débat du deuxième tour, organisé par les télévisions, il pose un certain nombre dexigences. Je dis les choses pour quelles soient très claires. Cest les télévisions qui organisent ce débat, quils choisissent le réalisateur quils veulent et les journalistes quils veulent. Jirai à ce débat avec mes convictions, avec mes idées, sans aucun préalable, juste pour que les Français et le peuple de France décident et choisissent !
Je ferai simplement une remarque, une seule, une seule. Cest que quand je fais campagne, je parle au peuple de France, à vous tous, et je ne vous demande pas pour qui vous avez voté dans le passé. Ça ne me regarde pas. Vous êtes des citoyens à part entière, tous. Mais lorsquil sest agi de supporter pendant des mois le matraquage sur les primaires socialistes, à ce moment-là, le même qui refuse de débattre avec moi acceptait de débattre à trois reprises avec ses camarades socialistes. Voilà la vérité de la gauche, la gauche sectaire, ce qui est bon pour les socialistes nest pas bon pour les Français. Il y a, dun côté, le peuple de gauche, de lautre, le peuple de France. Ce qui était possible de faire lorsquil sagissait de parler et de débattre entre camarades, il nest plus possible de le faire devant les Français. Chacun le notera.
Dailleurs, je dois la vérité de dire que je nai pas toujours été daccord avec madame AUBRY. Pourtant, je vais la citer, parce que, après tout, il y a des auteurs quon peut ne pas forcément apprécier, mais qui, dans un éclair de génie, peuvent dire une chose vraie. Madame AUBRY, parlant de François HOLLANDE pendant les primaires socialistes, a dit : « Quand il y a du flou, cest quil y a un loup. » Cest elle qui la dit, ce nest pas moi ! Oui, si on ne veut pas de débat, cest quil ny a pas un loup, cest quil y en a plusieurs ! Cest que le candidat socialiste pense quune campagne électorale, ça consiste à éviter les écueils, à ne pas dire la vérité et à présenter laddition aux Français après quils aient décidé. Moi, je veux tout le contraire, je veux la vérité, je veux la transparence et je veux la clarté. Voilà pourquoi jai accepté de répondre à linvitation des radios.
Il y a une deuxième chose que je voudrais vous dire et je voudrais le dire dans ce département du Haut-Rhin et dans cette région dAlsace. Je voudrais en parler très franchement et très librement avec vous. Cest à vous que je veux parler, je ne viens pas ânonner quelque chose, je nai pas négocié un projet, je ne suis pas en permanence dans ma tête en train de me dire, mon Dieu, si je dis ça, ça va exploser dun côté ou si je dis ça, ça va exploser de lautre ! Je suis un homme libre, je ne suis lotage de personne. Moi, je ne me présente pas comme otage de madame JOLY ou de monsieur MELENCHON. Je viens avec les idées et avec limmense rassemblement de tous ceux qui ont bien voulu mapporter leur soutien.
Donc, je vais vous parler très librement du Front national et je vais vous en parler très librement, je vais vous parler avec mon cur et je vais vous dire une chose. Je nai pas lintention daccepter la moindre leçon de morale de la part de tous ceux qui donnent des leçons de morale aux Français, notamment aux Français qui souffrent, alors quils habitent confortablement dans des quartiers où il ny a aucun problème et quils mettent leurs enfants dans des écoles où il ny a aucun problème ! Ce nest pas eux qui vont donner des leçons de morale, ni aux Français, ni à moi ! Aucune !
Le petit jeu qui consiste à se pincer le nez pour reprocher à des Français qui souffrent dexprimer un vote qui ne leur plaît pas ! Je voudrais vous dire que la démocratie, elle est, de mon point de vue, dans le sens suivant, cest les candidats que nous sommes qui doivent écouter le peuple quand le peuple sexprime, ce nest pas simplement le peuple qui doit écouter les candidats. Ça passe dans les deux sens le dialogue, ça va de haut en bas et de bas en haut, cest ça la République et cest ça la démocratie !
Quand jai vu monsieur HOLLANDE, le soir du premier tour, dire : « Les électeurs qui se sont portés sur madame LE PEN se sont trompés ! Ils ont succombé au vent mauvais ! Ils ont tort ! » Je me suis dit, mais de quel droit porter un jugement à lendroit de millions de Français ? Après tout, si la République je vous demande dy réfléchir autorise ces candidats à se présenter, cest que voter pour ces candidats nest pas un acte antidémocratique. Toute ma vie, jai combattu les thèses du Front national. Jamais dans ma vie politique, qui est longue, je nai fait alliance avec qui que ce soit. Mais je ne vais pas prendre des leçons de la part de monsieur HOLLANDE qui trouve normal de travailler et despérer gouverner avec monsieur MELENCHON, qui a déclaré que Cuba était une démocratie et que Fidel CASTRO, un démocrate ! Cest eux qui vont nous donner des leçons ? Ou de quelquun qui ose dire : « Si vous croisez un riche dans la rue comprenez quelquun qui est au-dessus de 4 000 euros par mois, je cite les bons auteurs nhésitez pas à lui faire les poches ! » Cest un comportement républicain ? Cest la France que lon veut ? Cest lexemple que lon veut donner à nos enfants ? Lenvie ? La jalousie ? La haine ? Cest bien beau dappeler au rassemblement, mais quand on a à côté de soi des gens qui appellent à la haine, cest quon est hypocrite, quon nappelle pas au rassemblement, cest quon appelle à la détestation, voilà, et à la division, elle est là la vérité !
La République autorise les candidats du Front national à se présenter. Je suis la cible du Front national. Pourquoi ? Parce que dans le passé, jamais monsieur MITTERRAND naurait fait deux septennats sil ny avait pas eu Jean-Marie LE PEN. Aujourdhui, Marine LE PEN réserve ses coups les plus féroces à moi. Donc, je ne vais pas prendre la leçon de la part deux et en plus la leçon de la part de la gauche qui na eu de cesse que de vouloir faire prospérer un vote de protestation pour empêcher le centre et la droite républicaine dexercer les responsabilités du pouvoir ! Pas vous, pas ça, pas maintenant !
Jajoute, dun point de vue moral, cher François, dun point de vue moral, quil est quand même extravagant comme raisonnement que la République autorise des candidats à se présenter, donc les électeurs ont le choix, puisque quand ils arrivent dans un bureau de vote, il y a des votes, il y a des bulletins qui étaient à mon nom, qui étaient au nom de monsieur HOLLANDE, qui étaient au nom de madame LE PEN ! Au lieu de dire, je vais écouter, entendre ce quont voulu me dire ces électeurs, leur reprocher, les mépriser, les traiter de populistes, de protestataires !
Mais moi, je ne donnerai pas cette leçon à une femme ou un homme qui vit dans un quartier où je ne vis pas, qui a peur, qui ne veut pas que son mode de vie change et qui pense que la seule façon de se faire entendre, cest de renverser la table et peu importe quelle la renverse sur elle-même ! Je ne cautionne pas ce choix. Je dis quil faut lentendre ce cri, quil faut en tenir compte, quil faut prendre des engagements précis, pour que ces gens, ces Français, qui ont été tentés par ce vote, puissent se retrouver dans le discours qui est le nôtre et élargir le rassemblement qui apportera des réponses concrètes et précises à la souffrance quils ont exprimée.
Si je dis à ces Français : Vous vous êtes trompés, vous avez tort, vous nêtes pas des bons citoyens, vous nêtes pas des bons républicains ! La prochaine fois, ils feront plus ! Parce que sils ont fait ce vote, cest pour quon les entende ! Pas simplement moi, tous les candidats, pas simplement en France, dans tous les pays démocratiques. Pourquoi ? Parce quil y a beaucoup de gens qui disent ça ne peut plus durer, le monde tel quil se construit, nous nen voulons pas. Nous voulons garder notre mode de vie, nous voulons garder nos territoires, nous voulons garder nos valeurs et nous voulons transmettre à nos enfants les valeurs que nos parents nous ont transmises ! Voilà ce quils ont voulu nous dire ! Ils nous lont dit peut-être mal, peut-être trop fortement, mais je ne peux pas leur reprocher de nous avoir dit ça !
Alors, la cohorte des aimables observateurs, qui croyaient tellement en moi, cela en était touchant ! Le soir du premier tour, de voir le rayonnement dun certain nombre de nos bons amis, visiblement, la réponse des Français nétait pas ce quils attendaient quelle fut. Je veux quils comprennent bien, avant même que javais été candidat, on disait que jallais chasser sur les terres dextrême droite. Absurde ! Mensonge ! Calomnie ! Dabord, parce que je conteste quil y ait une terre dextrême droite. Je vais même vous dire mieux, les millions et les millions de Français qui ont voté pour moi ne mappartiennent pas. Vous êtes libres, vous êtes des femmes et des hommes libres. Je vous remercie du fond de mon cur de maccompagner, de maider, de me soutenir, de me faire confiance ! Si vous saviez à quel point je vous suis reconnaissant ! Mais vous nêtes pas ma propriété ! Vous êtes des femmes et des hommes libres ! Vous comptez chacun pour une voix et, moi, je compte pour une voix.
Je sais parfaitement que le plus proche de moi ici peut être libre de son vote pour une législative, pour une cantonale, pour une municipale ! Parce que cest la France, un peuple libre, frondeur, indomptable ! Restez Français, restez libres, restez frondeurs ! Restez indomptables ! Mais ce que je pense pour nos propres amis, je le pense pour eux aussi ! Quest-ce que ça veut dire « les terres du Front national » ? Il y aurait donc des terres où on naurait pas le droit daller ? Comme « les territoires interdits de la République » à lépoque de monsieur JOSPIN ? Jaffirme que je peux aller nimporte où sur le territoire de la République. Jaffirme quil ny a pas de terres qui appartiennent aux extrêmes ou à qui que ce soit dautre ! Jaffirme que cette analyse de la politique est une erreur complète.
Je veux convaincre ces femmes et ces hommes. Je veux leur dire quon en a besoin et que sils ne nous rejoignent pas, ils auront la politique exactement contraire à lavertissement quils ont voulu donner. Ces femmes et ces hommes, je suis dans mon devoir de républicain, candidat, en leur disant : Si vous ne participez pas au vote, si vous ne nous rejoignez pas, alors, vous aurez le droit de vote pour les immigrés en France, cest ce que vous voulez ou cest ce que vous ne voulez pas ? Il y a un moment donné où chacun doit être mis devant ses responsabilités. Vous voulez garder votre mode de vie, vous considérez quil ny a pas assez de frontières, quon ne parle pas assez de nation et que nos valeurs sont importantes. Jai pris des engagements en matière de maîtrise de limmigration, des engagements précis, la division par deux du nombre dimmigrés qui, pendant les cinq ans qui viennent, entreront en France. Jai mis un certain nombre de conditions, par exemple, pas dallocations si on ne cotise pas pendant cinq ans, pas de RSA si on nest pas présent pendant dix ans et lapprentissage du français avant même de rentrer sur le territoire de la République !
Monsieur HOLLANDE a dit hier soir à la télévision : « Je régulariserai tout le monde. » Oui, tout le monde, parce que la régularisation au cas par cas, cest tout le monde ! Pourquoi ? Parce que dans la République, il y a des cas qui sont prévus par la loi, si on sexonère de ces cas, cest quon veut régulariser tout le monde ! Soit, vous rentrez dans un cas prévu par la loi et dans ce cas-là, cest normal ! Si vous commencez à dire « je régulariserai au cas par cas », ah bon ! Quel cas ? En fonction de quels critères ? On comprend, on connaît, cest la régularisation globale ! Moi, je dis, si vous voulez dire que vous régularisez un tout petit peu, alors dites que cest une régularisation à titre humanitaire. Mais la régularisation au cas par cas, ce nest rien dautre que la régularisation générale. Si les électeurs qui se sont portés sur la candidate du Front national veulent ça, alors, quils ne nous apportent pas leurs suffrages !
Mais je veux que le débat soit clair entre nous et, encore une fois, en faisant ça, je fais un travail profondément républicain. On ma dit : « Ah, il ne faut pas mettre le balancier à droite, comme on me disait, il fallait le mettre au centre ! » Mais où ai-je mis un balancier ? Je parle à des Français qui aiment leur pays, je leur parle avec des idées de bon sens. Peu mimporte les idéologies du 20ème siècle ! Nous sommes au 21ème siècle ! Quand je dis quil est inacceptable que celui qui travaille, qui paye ses cotisations, gagne moins que celui qui ne travaille pas et ne paye pas ses cotisations, ce nest pas une idée de droite, cest une idée de bon sens ! Quand je me bats pour le respect du travail, mais ce nest ni de gauche, ni de droite, ni du centre !
Toute ma vie, jai considéré que le travail était une valeur démancipation, que cest le chômage qui est une aliénation. Toute ma vie, jai pensé quon ne pouvait réussir que par le travail, que par leffort, que par le mérite. Cest de droite ? Cest lextrême droite ? Cest simplement du bon sens, cest profondément français de réfléchir comme ça. Alors, voilà que jai fait une erreur terrible, un épisode mavait manqué, je navais pas vu que monsieur HOLLANDE avait privatisé le 1er mai. Que le 1er mai, cétait réservé, réservé, à la CGT on est en bonne compagnie ! et au Front national ! Ce 1er mai, là, va être différent. Parce que nous avons des choses à dire et nous voulons les dire. Je le dis ici, dans ce département du Haut-Rhin, je le dis ici, où jai tellement apprécié le soutien des ouvriers, vendus honteusement par monsieur HOLLANDE à Fessenheim ! Ils ont compris, eux, à Fessenheim, ce qui allait se passer, si cétait monsieur HOLLANDE.
Le 1er mai, nous vous appelons tous à vous rassembler pour parler du travail. Alors, on ma dit : Mais quest-ce que cest votre idée du travail ? Je vais mexpliquer. Je pense que tout le monde travaille, quil a un emploi. Mais que, malheureusement, et en tant que chef de lEtat, je le sais, il y a des Français qui sont plus exposés que dautres. Ça ne veut pas dire que les autres ne travaillent pas. Mais quand la crise souffle avec une violence inouïe, ceux qui ont un statut travaillent dur et doivent être respectés. Mais que la crise souffle ou pas, lEtat nétant pas en faillite, lEtat paye les salaires et protège ses collaborateurs. Quand vous êtes ouvrier dune entreprise, que cette entreprise voit son carnet de commandes divisé par deux, quand la crise souffle avec une violence inouïe, vous êtes beaucoup plus exposé que les autres. Quand vous êtes artisan, quand vous êtes commerçant, que les gens nont plus de pouvoir dachat, vous êtes beaucoup plus exposé que les autres.
Bien sûr que nos compatriotes sous statut travaillent dur, doivent être respectés et jamais dans ma carrière, je nai dit un mot contre eux. Mais quand même, il y a une France de salariés du privé de 22 millions de personnes qui ont souffert de la crise beaucoup plus que la France qui travaille et qui se trouve avec un statut. La France qui travaille avec un statut, elle a des problèmes, elle a des difficultés, elle a des souffrances, elle a des revendications, je le comprends parfaitement. Mais le chef de lEtat que je suis ne peut pas soccuper de la même façon dun homme ou dune femme qui, quoi quil arrive, touchera son salaire avec lindexation ou dun homme et dune femme, alors quil ny est pour rien, voit son salaire divisé par deux parce quil y a du chômage partiel ou voit son salaire supprimé parce quil y a une délocalisation dont il ny est pour rien ! Dire cela, cest ne manquer de respect à personne !
Je mexplique. Dieu que cest difficile dêtre enseignant ! Parce que les enfants ont changé, parce que les familles ont changé, parce que la vie a changé, cest difficile et cest un métier éminemment respectable. Mais je dis que dans la crise, nous avons protégé les enseignants et les fonctionnaires qui nont pas perdu un centime de pouvoir dachat, alors que ceux qui travaillent dans les entreprises, dans le secteur privé, quand il y a eu des difficultés, eux ont été plus exposés à la crise que les autres ! Dire cela, cest dire la vérité aux Français !
Pourquoi je vous le dis ? Parce que et jen remercie François FILLON depuis que nous sommes au gouvernement, nous avons mis un terme à cette situation profondément scandaleuse où les gouvernements cédaient, non pas parce que la revendication était la plus juste, les gouvernements cédaient parce que la revendication émanait de celui qui pouvait le plus bloquer la France ! Voilà la réalité ! Voilà la vérité ! Pour être encore plus clair, devant la crise et après quatre années de crise, si nous avons une marge de manuvre budgétaire, je préfère quon la consacre à la formation ou à laide des ouvriers qui sont exposés à la concurrence internationale, plutôt que dembaucher 60 000 fonctionnaires de plus dans un pays qui na pas les moyens daugmenter les dépenses publiques ! Dire cela, je veux que vous me compreniez bien, ce nest en rien manquer de respect aux fonctionnaires ! Au contraire, cest les considérer, cest les respecter !
Donc, nous allons parler du travail le 1er mai et je souhaite que vous soyez le plus nombreux possible. Alors, quest-ce que cest le travail ? Je vais vous le dire. Je le vois sur le visage de chacun dentre vous, le travail, cest ce qui vous a permis de vous en sortir, cest ce qui fait que vous pouvez être ici. Quand vous êtes ici, vous pensez à quoi ? A vos enfants, à vos petits-enfants, à la maison, à lappartement, à lentreprise, au commerce. Quand vous regardez votre patrimoine, vous, la France, la France qui a travaillé dur, vous ne regardez pas largent que ça représente, vous regardez les dizaines de milliers dheures de travail, de sueur, de souffrance quil a fallu pour créer ce patrimoine familial, cest cela la France qui travaille ! La France à laquelle je veux parler, elle nest pas cupide, elle nest pas intéressée par largent, elle ne fera pas fortune, mais elle considère que son patrimoine, cest important, parce quil a une valeur affective.
Vous tous qui êtes là, il ny en a pas un seul qui, à un moment donné de sa vie, na eu à mettre un genou à terre, qui a connu des difficultés, peut-être même qui en a eu assez. Il ny en a pas un seul ici qui, un matin ou un autre, ne se dit : « La barbe, il faut aller travailler ! » Et qui ne la été. Il ny en a pas un seul ici qui na dû sacrifier des vacances avec les enfants, avec la famille, le week-end, parce quil fallait travailler, travailler toujours plus dur. Quand vous êtes arrivé devant un problème, ici, vous vous êtes dit, pour men sortir, il faut dabord que je compte sur moi, sur mon effort, sur mon mérite, sur mon travail. Pas que je tende la main. Quand vous avez souffert, vous avez eu trop de pudeur pour vous plaindre. Parce que la France qui travaille comme cela, quand elle nest pas daccord, elle ne casse passe, quand elle nest pas daccord, elle ne manifeste pas et quand elle a une souffrance, elle ne demande pas, elle assume elle-même ! Voilà la France qui travaille, notamment en Alsace !
Alors, cette France-là, cette France-là que vous représentez, cest à elle que nous avons pensée quand jai voulu supprimer les droits de succession sur les successions petites et moyennes. Parce que je nai pas changé davis, quand on a travaillé toute sa vie, dur, il est normal de transmettre à ses enfants le fruit dune vie de travail parce que vous avez payé vos impôts toute la vie ! Ce sont les valeurs qui sont les nôtres. Je veux dailleurs dire un mot de la famille, pour être bien sûr de me faire comprendre. La famille a changé, il y a le divorce qui est toujours une épreuve, qui est toujours une souffrance, je suis sûr que dans vos familles, chacun a pu connaître ça. Il y a les familles recomposées, jen sais quelque chose ! Mais apparemment, je ne suis pas le seul ici ! Mais je voudrais que vous compreniez une chose, si la forme de la famille a changé, lattachement que lon a pour la famille na pas changé. Le besoin quon a de sa famille, le besoin damour quon a na pas changé. Ça reste une valeur centrale, ce nest pas parce que la forme de la famille a changé, ce nest pas parce que la conception de lamour a changé que le besoin damour a diminué. La famille reste le cur, la famille est quelque chose qui compte. Cest la raison pour laquelle je naccepterai jamais vous mentendez bien jamais quon remette en cause le quotient familial. Jamais. Parce que remettre en cause le quotient familial, cest détruire linstitution que représente la famille dans notre pays.
Mes chers amis, il va donc y avoir ce débat pendant ces deux semaines de deuxième tour. Je veux que chacun dentre vous, le 6 mai, vous puissiez faire un choix le plus clair possible. Je souhaite que chacun soit informé des conséquences de ce quil fera. Je souhaite que vous compreniez que ce choix est véritablement historique. La question nest pas de faire peur. La question, cest que chacun voit les conséquences. Y a-t-il un seul Alsacien qui souhaite pour la France le sort de lEspagne ou de la Grèce ? Vous êtes bien placés pour savoir que la sanction est immédiate aujourdhui, immédiate. Si la France, après cinq années defforts, recommence à considérer que les dépenses peuvent filer, quon na pas assez de fonctionnaires, quon na pas besoin de travailler davantage, quil faut remettre en cause la réforme des retraites pour le seul fait quelle a été faite par nous, si la France donne le sentiment au monde quelle nest plus prête à faire des efforts, croyez-vous une seconde que la France sera épargnée du sort que connaissent aujourdhui lEspagne, lItalie, le Portugal ou les autres ?
Jentendais le candidat socialiste dire : « Je mopposerai aux marchés financiers. » Ah là, on est impressionné ! Déjà, on les voit trembler ! Ça ne fait pas envie ! Si vous voulez être libérés des marchés financiers, comme je le souhaite, il suffit de rembourser ses dettes, de diminuer ses dépenses et de réduire son déficit. Il ny a pas dautre solution. Quest-ce qui se passe ? Cest tout simple. Nous avons 1 700 milliards de dette, merci les 35 heures, merci la retraite à 60 ans, que nous navions naturellement aucun moyen de financer, nous devons emprunter chaque année 180 milliards deuros, nous versons 42 milliards dintérêts de la dette et nous avons retenu une ligne de réduction du déficit qui nous amène à un déficit zéro en 2016. Je dis une chose très simple, avant la fin de lannée 2012, je ferai voter la règle dor, cette règle qui obligera une nouvelle majorité à tendre vers le déficit zéro. Mais qui peut être contre cette idée ? Quun gouvernement doive aller vers la réduction du déficit plutôt que vers laugmentation du déficit ? Tous les pays dEurope se sont engagés à le faire. Si le Sénat devait sopposer à ladoption de cette règle, avant la fin de lannée 2012, jorganiserais un référendum pour demander au peuple français ce quil en pense.
Et cest vous qui trancherez, personne dautre, cest vous qui trancherez ! Pourquoi cest vous ? Parce que le candidat socialiste oublie une chose, cest que la poche du contribuable nest pas inépuisable. Le candidat socialiste, il est bien dans la tradition des autres socialistes, ils adorent dépenser un argent qui nest pas le leur. Voilà ! Mais il y a une différence avec ce que nous avons connu en 1981 je parle pour les plus anciens cest quen 1981, ils ont fait la fête pendant deux ans, il ny avait pas de limites, il fallait tout dépenser ! De ce côté-là, ils ont été dune efficacité extraordinaire, au-delà de ce quon pouvait imaginer. Puis, en 1983, ils se sont rendu compte quil ny avait plus rien, il a fallu changer complètement la politique. Mes chers amis, en 2012, on nest pas dans la situation de 1981, en 2012, là où il a fallu deux ans, il faudra deux jours. Parce que pourquoi voulez-vous quun pays comme lEspagne ou lItalie connaissent la situation quils connaissent et que, nous, nous en soyons épargnés ? Il ny a pas dautre solution.
Jentends beaucoup parler du pouvoir dachat, quon va distribuer tout, augmenter tout, notamment le SMIC. Mais je voudrais rappeler une chose, cest quavant de penser à augmenter le pouvoir dachat, autant, il faut le garantir. Lorsque jentends le candidat socialiste dire « jaugmenterai le SMIC », le SMIC est touché par 13 % des salariés, dans le même temps, il veut supprimer les heures supplémentaires et la défiscalisation des heures supplémentaires, 9 millions de salariés. Il y a trois fois plus de salariés qui, malgré la crise, touchent des heures supplémentaires qui ne touchent le SMIC. Ce quon va donner à moins de 3 millions de personnes, on va le retirer à 9 ? Mieux que ça, pour la réforme des retraites, puisquil veut revenir sur notre réforme, il a prévu daugmenter les cotisations salariales payées par les salariés pour financer une réforme de la retraite dont il ne veut pas parce que ça consiste à dire aux gens travaillez davantage ! Cest bon pour le pouvoir dachat ? Plus dheures supplémentaires ? Des cotisations retraite augmentées ? Cest comme ça quon défend le pouvoir dachat ?
Lorsque nous avons voulu faire le plan qui a sauvé les banques, nous avons été injuriés. Mais ce nétait pas pour sauver les banques ! Parce que largent des banques, cest lequel ? Cest le vôtre. Imaginez quavec le gouvernement, nous nayons pas fait ce que nous avons fait, imaginez que vous ayez été obligés daller faire la queue aux guichets de la banque pour retirer le reste de votre épargne, parce que si la banque fait faillite, elle fait faillite avec quel argent ? Le vôtre ! Il ny a pas un Français qui a perdu son épargne. Peut-être quon a bien travaillé pour protéger lépargne des Français, pas un seul, pas un seul ! Imaginez, si nous ne lavions pas fait, le procès qui nous serait fait aujourdhui !
Alors, voilà, mes chers compatriotes, il va y avoir cette campagne, projet contre projet, je prendrai des engagements très précis, des engagements que je pourrais tenir et vous serez les garants de ces engagements. Cest pour cela que jai voulu remettre la question du référendum sur le devant du débat public. Je le dis à vous et je le dis à tous les Français qui ne se sont pas reconnus au premier tour de ma candidature. Je prends lexemple exaspérant pour nombre de nos compatriotes du chômage, dun côté, et des offres demploi non satisfaites, de lautre. Jétais hier dans la banlieue parisienne, jai visité un certain nombre de commerçants, notamment un artisan boucher qui ma dit : « Si vous connaissez un jeune qui veut travailler, dites-le-moi ! Je cherche un apprenti de toute force, je cherche un apprenti à toute force ! » Cest inacceptable. Cest inacceptable davoir tant de chômage et des offres demploi non satisfaites.
Alors, on va changer quelque chose. On va faire en sorte désormais que chacun dentre vous aura le droit à la formation professionnelle, à apprendre un nouveau métier. Parce que dans la conception de la société qui est la nôtre, chacun a en soi un potentiel de confiance. Chacun doit savoir faire quelque chose, personne nest foutu. Chacun doit avoir une deuxième ou une troisième chance. Donc, qui que vous soyez, lEtat, la société vous aidera à apprendre un nouveau métier. Mais en échange de ce droit, je veux mettre une obligation, cest lobligation, après que vous avez acquis cette nouvelle compétence professionnelle, lobligation daccepter loffre demploi qui correspond à cette formation professionnelle. Il ne peut pas y avoir un droit sans devoir. Si la CGT nen veut pas, qui est maintenant devenu un parti politique, puisquelle appelle à voter pour un candidat à lélection présidentielle, alors, avant la fin de lannée, je poserai la question au peuple de France : Etes-vous daccord pour un droit à la formation professionnelle pour chacun de vous ? Deuxièmement, êtes-vous daccord pour quon oblige quelquun à accepter une offre demploi qui corresponde à sa formation professionnelle ?
Enfin, je voudrais terminer par là, je veux minspirer du droit alsacien et du droit mosellan. Parce que moi, je ne remettrai pas en cause le Concordat. Je ne remettrai pas en cause ce qui fait léquilibre, cher Michel, cher Philippe, de votre société et de votre territoire. Quelle drôle didée de vouloir le remettre en cause ! Pour quelle raison ? Y a-t-il un problème particulier ? Il existe ici quelque chose auquel je suis très attaché, cest au fond le droit pour celui qui a eu un gros problème à une nouvelle chance. Je veux parler de la faillite civile. Autant, je pense que le mauvais payeur doit être puni, que le fraudeur doit être condamné et que même, il nest pas inimaginable de poser la question de la suppression pendant un temps dun certain nombre de prestations à celui qui fraude parce que, après tout, sil fraude, il ny a aucune raison daccepter la fraude ! Aucune.
Mais celui qui a connu la maladie, la femme qui élève seule ses enfants, qui a connu le divorce et parfois qui a la malchance davoir le père de ses enfants qui ne paye pas ou louvrier, le salarié dune usine délocalisée ou fermée, il y est pour quoi ? Pour quoi ? Quelle est sa responsabilité ? Aucune. Il y a 1,2 million de familles dans cette situation, je souhaite que le système de la faillite civile puisse être généralisé à lensemble du territoire, pour quune nouvelle chance soit donnée, dans la clarté. Alors, on vendra ce quon pourra vendre pour rembourser les dettes que la personne peut rembourser, mais on lui donnera une nouvelle chance. Elle ne sera pas condamnée jusquà la fin de ses jours à trainer le boulet dun accident quelle a connu vingt ans, quinze ans ou vingt-cinq ans auparavant.
Je crois, mes chers amis, à la société du travail, à la société du mérite et de leffort. Mais je crois à lhumanisme, je crois à lhumanité, je crois à la solidarité, qui est très différente de lassistanat. La solidarité, cest la communauté nationale qui vient au secours de celui qui ny est pour rien dans ses problèmes et qui a besoin dêtre aidé. Lassistanat, cest une société qui vient au secours de tout le monde dans nimporte quelle condition, nimporte comment, sans demander à celui quelle aide la contrepartie à cette aide. Voilà la différence entre la solidarité et lassistanat. Nous avons créé le RSA, je souhaite que les personnes qui touchent le RSA, qui nont pas de formation et pas demploi soient contraintes dexercer 7 à 8 heures de travail dintérêt général au service de la société, pour rendre à la société un peu de ce que la société lui donne !
Pareil pour lécole, nous navons pas tous des enfants qui sont faits pour réussir dans la classe, pour réussir à lécole. Il y a des chiffres absolument considérables, 100 000 enfants sur 750 000, à chaque génération, qui narrivent pas à suivre dans la classe, qui se noient dans la classe ! Vous pouvez me dire quand on est dyslexique, la chance que lon a de suivre dans la classe ? Il y a des problèmes familiaux, des problèmes sociaux, des problèmes comportementaux ! Tous ces enfants, nous allons nous en occuper dès le CP, à la charnière entre la maternelle et le primaire, on donnera aux directeurs décole et aux maires la possibilité de réunir les spécialistes et nous assumerons le coût de ces spécialistes pour que ces enfants, qui sont les enfants de la République, soient remis en situation de réussir dans la classe. Ça, cest un droit nouveau. Mais nous exigerons une chose, cest quau moment de passer de primaire en collège, tous ces enfants sachent lire, écrire et compter. Parce que si on ne sait pas lire, écrire et compter, on na aucune chance de réussir dans sa scolarité !
Je souhaite une société plus juste, plus humaine, mais la justice, ce nest pas le nivellement et ce nest pas légalitarisme. La justice, cest le respect du patrimoine de chacun, cest le respect du travail de chacun, cest le respect de la personnalité de chacun, cest même le respect de lidentité de chaque région. Je souhaite une société où on fasse une part plus forte au travail, une société plus humaine, où quand on parle du travail, on ne parle pas seulement de la quantité de travail, mais de la qualité de vie au travail. Je souhaite des Français qui soient encore plus fiers de leur pays. Je les sens mobilisés pour défendre la France. Mais exaspérés par la remise en cause permanente de notre pays, de notre identité. Je pense que nous avons fait une erreur immense, immense, en nacceptant pas dans le projet de Constitution européenne de reconnaître lidentité chrétienne de la France et de lEurope. Grave erreur ! Grave erreur ! Je ne le dis pas pour parler au nom dune église, que mimporte !
Je dis simplement que quand on nie son identité, que quand on ne saime pas soi-même, on ne peut que détester les autres. Je dis simplement que quand on oublie doù on vient, on ne peut pas dire à ses enfants voilà où il faut aller. Je dis quen reniant les racines chrétiennes de la France, ce nest pas une église quon reniait, cest une histoire. Nous sommes les enfants dun pays particulier, dun pays qui a vu Victor HUGO, VOLTAIRE, MAUPASSANT, dun pays où il y a eu Jeanne dARC, où il y a eu de GAULLE, cest la France ! Nous ne sommes pas les héritiers dune page blanche ! Même sans le savoir, nous sommes ces Français où lon peut dire, devant la place de la Concorde, on peut citer PEGUY, il ny a pas un autre pays au monde où un homme politique peut aller, place de la Concorde, devant 120 000 personnes, et citer Victor HUGO et PEGUY ! Cest la France ! Cest la France, qui a une histoire beaucoup plus longue que nous ! Cette histoire, nous voulons lassumer !
Jai, en Alsace, cher Philippe, tu te souviens, jai parlé des « malgré nous », peut-être vous en souvenez-vous ! Moi, ça ne me gêne pas, parce que ça fait bien longtemps que je pensais à cela ! Parce que moi, je me bats pour la France forte, pas pour la France faible. La France forte est une France qui regarde son histoire et qui na pas honte de dire aux Alsaciens, il y a eu des Alsaciens qui ont eu la double peine. Parce quils ont été embarqués par le torrent de lhistoire quand ils avaient 15 ou 16 ans et que, en plus, quand ils sont rentrés, ils avaient le regard des autres, qui les voyaient, non pas pour des victimes, mais pour des coupables ! Jai voulu, jai voulu, parce que je pense, moi, que !
Il y a bien longtemps, je ne vous avais peut-être pas raconté cette histoire, javais lu ce livre bouleversant, « Le soldat oublié » de Guy SAJER, qui parlait de toute cette histoire. Je lai voulu, je lai fait, pas pour accuser qui que ce soit. Souviens-toi, François, pour la première guerre mondiale, jai voulu réhabiliter les jeunes qui navaient pas eu le courage de sortir des tranchées après des mois de vermine, de froid, quon avait sortis de leurs champs, qui étaient venus, qui sétaient battus et qui nen pouvaient plus ! Je nai pas voulu réhabiliter les objecteurs de conscience professionnels et politiques. Jai voulu réhabiliter le souvenir du petit paysan qui se trouvait brisé par lhistoire dun pays, que physiquement, il ne pouvait pas supporter ! Cest ça que jai voulu réhabiliter ! Jai pensé, cher Jean-François, jai pensé que la France était suffisamment forte pour entendre cela !
Et puis, dernièrement, jai fait quelque chose qui me tenait énormément à cur. Jai voulu réparer linjustice faite aux Harkis qui avaient choisi la France et que la France a laissé tomber. Jai voulu parler à la mémoire de ceux quon appelait « les pieds noirs ». Je lai fait en disant le sens de lhistoire collective, oui, mais ça concerne aussi les Alsaciens, parce que lAlsace, cest la France et que la France est une communauté de territoires, de personnalités différentes qui mettent tout ça en partage ! Jai voulu dire que, naturellement, que lAlgérie avait le droit dêtre indépendante, franchement, cétait le sens de lhistoire, que personne ne peut contester ce sens-là ! Mais que ce sens de lhistoire collective venait briser des histoires familiales et individuelles et que nous devions les réparer, les secourir, les encourager.
Jai voulu, hier encore, devant les Arméniens de France, tous les héritiers de ces Arméniens apeurés, qui, au début du 20ème siècle, après le génocide car, ce fut un génocide qui ont trouvé refuge en France, accueillis par la France, jai voulu dire que nous étions de leur côté et pas du côté dun négationnisme qui serait inacceptable. Cest la France forte.
Quand je plaide en disant regardez le long manteau déglises et de cathédrales sur notre territoire, ses racines chrétiennes, ça ne veut pas dire que la France est uniquement chrétienne naturellement. Mais que nos racines sont là. Si nous disons que nous navons pas le courage de regarder ses racines et de les assumer, au nom de je ne sais quelle pensée unique, alors, à ce moment-là, nous envoyons un message désastreux à tous ces Français je termine par où jai commencé qui expriment leur inquiétude en disant, nous, on comprend bien quil faut sadapter au nouveau monde, mais notre mode de vie, nos territoires, nos valeurs, préservez-les, protégez-nous. Voilà pourquoi je parle de ça aussi.
Le monde daujourdhui, cest un monde qui a besoin de nation, qui a besoin de frontières. Mais la frontière, la frontière, imaginez que votre maison ou votre appartement, il ny a pas de titre de propriété ou de titre de location ! Imaginez une minute que vous ne soyez pas assuré de la propriété ou de lacte de location ! A ce moment-là, vous voyez le voisin comme un adversaire, pas comme un ami. Si vous êtes assuré de votre titre de propriété, de votre titre de location, vous tendez la main, le cadastre vous protège, vous ne voyez pas le voisin comme un adversaire, vous êtes bien chez vous. Imaginez quon vous empêche de fermer la porte, de fermer les fenêtres et les volets, dans quel état seriez-vous dans votre chambre ? La frontière protège, la frontière est là pour cela. La frontière nest pas une barrière entre les uns ou les autres. La frontière établit un droit de propriété des nations, des pays, des volontés collectives. Une nation qui na pas peur est une nation qui peut choisir laudace. Le jour où vous faites tomber toutes les frontières, tous les cadastres, tous les droits de propriété, à ce moment-là, quest-ce qui reste ? La force, la force pour faire respecter lespace vital quon ne vous reconnaît pas par le droit.
Voilà pourquoi jai entendu le message de nos compatriotes. Quest-ce quils nous disent ? Faites attention, on ne veut pas changer notre mode de vie, on ne veut pas que la France disparaisse. Faites attention, regardez le monde, quels sont les pays qui réussissent ? Vous voyez la Chine abandonner la Chine ? Quand vous allez aux Etats-Unis, cest merveilleux, une maison sur deux, il y a le drapeau des Etats-Unis, personne aux Etats-Unis na envie de dire « je naime pas mon pays » ou « je ne suis pas fier de mon pays » ! Nous, en France, cest pareil ! Cest ce quon veut ! Cest le choix quon veut ! Cest les valeurs que lon veut défendre ! Cest ça le message qui nous a été adressé, pas un autre !
Alors, je rentre dans cette campagne, vous lavez compris, avec une énergie comme jamais je nen ai eue ! Jamais ! Je rentre dans cette campagne avec une volonté que je nai jamais exprimée à ce niveau. Je rentre dans cette campagne avec une conviction qui nest guidée que par une chose, lamour profond que jai pour mon pays et la reconnaissance profonde que jai pour chacun dentre vous de mavoir fait lhonneur de conduire notre pays pendant cinq ans. Cet honneur moblige, cet honneur me crée un devoir, cet honneur me crée le devoir de vous écouter, de vous parler et de me battre pour nos idées, nos convictions et nos valeurs ! Alors, cest simple, peuple de France, si vous voulez, le 6 mai, que ce soit votre choix, mobilisez-vous ! Debout ! Ensemble, nous allons montrer la plus formidable épopée de la vie politique récente ! Vous êtes la majorité silencieuse ! Vous êtes le peuple de France ! Ici, en Alsace, dans ce département, cher Philippe, cher Michel, je vous lance un appel, mobilisez-vous comme jamais ! Aidez-nous comme jamais ! Vive la République ! Et vive la France !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 26 avril 2012