Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Lors du dernier congrès interprofessionnel de Tours, jai eu loccasion daffirmer les grands axes de ma politique dans le domaine de la création contemporaine en arts plastiques : développement de la formation avec les écoles dart, soutien aux initiatives dartistes et au réseau de diffusion de lart contemporain.
Cest à ce titre que jai engagé des programmes forts pour assurer une meilleure lisibilité de la scène artistique française : la présence des artistes français à New York, dans le cadre de lexposition du Centre Georges Pompidou au Musée Guggenheim, et à Madrid dans le cadre de la foire ARCO, ont permis de présenter à nos partenaires et au grand public la réalité de la création de notre pays.
Sa vitalité, sa diversité, son originalité ont été saluées : ce sont des manifestations de cette ampleur qui contribuent à affirmer lidentité des artistes contemporains. Force est de constater que le discours polémique séloigne dès lors que nous montrons la création sous toutes ses formes dexpression.
Cet objectif dune meilleure diffusion de lart contemporain sur le plan national et international, constitue lune de mes priorités pour le budget 2000 de mon ministère. Leffort doit se poursuivre sur les enseignements artistiques mais la croissance du réseau de diffusion de lart contemporain est tout aussi essentiel si lon veut que les jeunes artistes puissent présenter leur travail et être reconnus.
Il est indispensable de conforter les institutions et les associations de diffusion de lart contemporain comme les centres dart, les FRAC et les autres lieux en région.
Chacun reconnaît aujourdhui que lengagement de lEtat auprès des collectivités locales constitue pour certaines initiatives un encouragement, une reconnaissance et pour dautres un contre-pouvoir face aux tentations dune culture identitaire dont on a pu mesurer les effets.
Mon ministère a le devoir de maintenir le réseau existant et de contribuer à son développement : tel est lenjeu des mesures que je souhaite évoquer aujourdhui. Avec une contribution pour le présent exercice budgétaire de 42 MF pour les centres dart et de 25,5 MF pour les FRAC, lEtat est un partenaire primordial qui doit aussi prendre en compte les nouveaux besoins de ce secteur de la création.
Jai demandé, il y a quelques mois, à mes collaborateurs de réfléchir à la création de nouveaux lieux de diffusion et de création adaptés en prenant pour modèle des équipements de même nature qui existent à Londres, Amsterdam, Berlin et New York. Autant dinitiatives qui marquent profondément la scène internationale et renforcent les échanges artistiques des pays concernés.
Premier constat pour notre pays, la création vivante ne possède pas à Paris de lieu qui lui soit entièrement dédié, même si des institutions comme le Musée national dart moderne de la Ville de Paris, le Centre Georges Pompidou, la Galerie nationale du Jeu de Paume, le Centre national de la photographie, lEcole nationale supérieure des beaux-arts et dautres exposent pour partie les jeunes artistes.
Je veux dailleurs souligner lexcellent travail mené par les équipes qui animent ces institutions ; de même lengagement des directeurs des centres dart de lIle-de-France et des lieux associatifs à Paris et en banlieue, est exemplaire et doit être encouragé.
Il nen reste pas moins que labsence dun lieu consacré à la jeune création est rappelée depuis de nombreuses années, en premier lieu par les artistes, les galeristes, les professionnels français et étrangers et le public. Nous avons réussi avec tous nos partenaires à mieux assurer la présence des artistes français à létranger, la consécration de Fabrice Hybert à la dernière biennale de Venise est là pour rappeler limportance de la création française. Pour conforter ce travail, il est indispensable que notre capitale dispose dun centre de la jeune création de dimension internationale.
Jai sollicité le concours du Président du Conseil Régional dIle-de-France, Monsieur Jean-Paul Huchon, qui partage notre volonté de soutenir la jeune création. Je souhaite que nous puissions inscrire ce projet dans le cadre de nos objectifs communs.
Jai en outre personnellement informé Monsieur le Maire de Paris de mon souhait quune collaboration se développe entre le musée dart moderne de la ville et le futur centre.
Depuis sa création le musée dart moderne de la ville de Paris, par sa programmation, contribue à la reconnaissance des meilleurs artistes contemporains. Cette mission menée, avec une profonde éthique et un grand professionnalisme par Madame Suzanne PAGÉ, est complémentaire de celle que nous imaginons pour le projet du Palais de Tokyo, conçu comme lieu de découverte au sens le plus actuel qui soit. Je ne doute pas quune interaction fructueuse se développe entre ces deux partenaires naturels situés dans les deux ailes du même Palais.
Il sagit véritablement pour moi de créer un nouveau lieu à Paris à vocation nationale et internationale. Ce centre doit être à la fois en relation étroite avec les institutions en région, et avec des structures de même nature sur le plan international. Je pense en particulier à la nécessité de coproduire des expositions avec des centres dart et des FRAC du réseau national afin de mieux diffuser les oeuvres des jeunes artistes de lensemble du territoire et parallèlement renforcer les liens avec les institutions internationales dart contemporain.
Pour ce faire, jai donc décidé dutiliser une partie du Palais de Tokyo, lieu de référence de la création plastique : noublions pas que ce bâtiment, inauguré en 1937 par Léon BLUM, a abrité le Musée national dart moderne depuis la Libération jusquen 1976.
Lédifice est vaste, il représente une surface totale de près de 18.000 m². Vous savez que jai préféré installer sur un autre site la Maison du cinéma, un temps prévue pour le Palais de Tokyo. Ma décision daujourdhui ne constitue pas un projet daménagement global pour ce site : léquipement de la totalité du Palais représente un investissement incompatible aujourdhui avec les ressources de mon Ministère, compte tenu des grandes opérations dans lesquelles il est dores et déjà engagé. Cest un projet limité, à la mesure de nos moyens actuels, mais qui correspond parfaitement aux besoins auxquels il va répondre pendant de nombreuses années. Un seul plateau sera donc affecté à laccueil de la jeune création, 3.000 m² dexpositions auquel sajoutent les surfaces de bureau utilisées naguère par la FEMIS, école des métiers de limage et du son.
Lorganisation du lieu doit permettre différents modes de démonstrations, des salles dexpositions, des espaces pour des démarches artistiques plus expérimentales ; lieu dinvention, il devrait être ouvert à toutes les formes de création contemporaine y compris dans les rapports nés entre les disciplines, arts plastiques, danse, musique, etc. Il ne sagit pas de le penser comme un espace de consécration institutionnelle, mais au contraire comme un lieu de vrai découverte, qui nhésite pas à prendre des risques nécessaires.
Jai confié parallèlement au Président de létablissement public de maîtrise douvrages des travaux culturels, Monsieur Jean-Claude Moreno, et au délégué aux arts plastiques, Monsieur Guy Amsellem, le soin de définir le cahier des charges. Selon les premières estimations, le coût dinvestissement devrait sélever à 30 MF environ pour un aménagement réduit au strict nécessaire, afin de bénéficier de surfaces libres de toute contrainte architecturale ; ce qui soulignera également le côté expérimental de ce lieu. Quant aux moyens de fonctionnement qui seront nécessaires, ils doivent faire lobjet dune estimation fine. Jai lintention de consacrer une somme équivalente, en mesures nouvelles, aux lieux de diffusion de lart contemporain en région.
Je souhaite quune association de gestion de ce nouvel espace soit créée rapidement. Elle devrait regrouper outre les partenaires publics, les professionnels et des mécènes.
Jai demandé à Monsieur Guy Amsellem de concevoir un mode de fonctionnement innovant pour ce lieu en particulier pour la direction artistique. Les équipes qui seront retenues à partir dun projet artistique cohérent et ambitieux, répondant au cahier des charges, devront avoir un contrat limité dans le temps. Toutes ces dispositions seront arrêtées dans quelques semaines par le délégué aux arts plastiques afin de permettre aux futurs responsables de cet équipement dêtre associés en amont du projet. Je souhaite que ce lieu soit ouvert au public au plus tard fin 2000.
Mon attachement au développement du réseau de lart contemporain non seulement à Paris mais aussi en région trouve aujourdhui une nouvelle traduction : je profite de cet échange pour vous confirmer louverture dun autre lieu en région, à Avignon. En effet un accord vient dêtre conclu entre Monsieur Yvon Lambert, collectionneur et lensemble des partenaires publics concernés dont mon ministère. Un hôtel particulier de plus de 2.000 m² sera aménagé à Avignon afin daccueillir la collection dYvon Lambert regroupant plus de 300 oeuvres. Quil me soit permis de rendre ici hommage à son engagement militant, jamais démenti, pour la création contemporaine.
La contribution de mon ministère sélèvera à 4 MF en investissement, la mission 2000 apportera une aide de préfiguration de 2 MF. Ce lieu a aussi pour vocation de coproduire des manifestations et des expositions en liaison avec lensemble du réseau de lart contemporain.
Vous laurez compris, mon souci est de permettre aux jeunes créateurs de notre pays, et même aux plus jeunes dentre eux, de disposer dun réseau de diffusion de lart contemporain étendu, pertinent et ouvert.
Lart a besoin de lieux qui le montrent sans linstrumentaliser, et qui le portent vers ceux pour qui de tels « rendez-vous « selon le mot de Marcel Duchamp « sont ou seront des moments intenses et nécessaires ».
(Source http ://www.culture.gouv.fr, le 8 avril 1999)
Lors du dernier congrès interprofessionnel de Tours, jai eu loccasion daffirmer les grands axes de ma politique dans le domaine de la création contemporaine en arts plastiques : développement de la formation avec les écoles dart, soutien aux initiatives dartistes et au réseau de diffusion de lart contemporain.
Cest à ce titre que jai engagé des programmes forts pour assurer une meilleure lisibilité de la scène artistique française : la présence des artistes français à New York, dans le cadre de lexposition du Centre Georges Pompidou au Musée Guggenheim, et à Madrid dans le cadre de la foire ARCO, ont permis de présenter à nos partenaires et au grand public la réalité de la création de notre pays.
Sa vitalité, sa diversité, son originalité ont été saluées : ce sont des manifestations de cette ampleur qui contribuent à affirmer lidentité des artistes contemporains. Force est de constater que le discours polémique séloigne dès lors que nous montrons la création sous toutes ses formes dexpression.
Cet objectif dune meilleure diffusion de lart contemporain sur le plan national et international, constitue lune de mes priorités pour le budget 2000 de mon ministère. Leffort doit se poursuivre sur les enseignements artistiques mais la croissance du réseau de diffusion de lart contemporain est tout aussi essentiel si lon veut que les jeunes artistes puissent présenter leur travail et être reconnus.
Il est indispensable de conforter les institutions et les associations de diffusion de lart contemporain comme les centres dart, les FRAC et les autres lieux en région.
Chacun reconnaît aujourdhui que lengagement de lEtat auprès des collectivités locales constitue pour certaines initiatives un encouragement, une reconnaissance et pour dautres un contre-pouvoir face aux tentations dune culture identitaire dont on a pu mesurer les effets.
Mon ministère a le devoir de maintenir le réseau existant et de contribuer à son développement : tel est lenjeu des mesures que je souhaite évoquer aujourdhui. Avec une contribution pour le présent exercice budgétaire de 42 MF pour les centres dart et de 25,5 MF pour les FRAC, lEtat est un partenaire primordial qui doit aussi prendre en compte les nouveaux besoins de ce secteur de la création.
Jai demandé, il y a quelques mois, à mes collaborateurs de réfléchir à la création de nouveaux lieux de diffusion et de création adaptés en prenant pour modèle des équipements de même nature qui existent à Londres, Amsterdam, Berlin et New York. Autant dinitiatives qui marquent profondément la scène internationale et renforcent les échanges artistiques des pays concernés.
Premier constat pour notre pays, la création vivante ne possède pas à Paris de lieu qui lui soit entièrement dédié, même si des institutions comme le Musée national dart moderne de la Ville de Paris, le Centre Georges Pompidou, la Galerie nationale du Jeu de Paume, le Centre national de la photographie, lEcole nationale supérieure des beaux-arts et dautres exposent pour partie les jeunes artistes.
Je veux dailleurs souligner lexcellent travail mené par les équipes qui animent ces institutions ; de même lengagement des directeurs des centres dart de lIle-de-France et des lieux associatifs à Paris et en banlieue, est exemplaire et doit être encouragé.
Il nen reste pas moins que labsence dun lieu consacré à la jeune création est rappelée depuis de nombreuses années, en premier lieu par les artistes, les galeristes, les professionnels français et étrangers et le public. Nous avons réussi avec tous nos partenaires à mieux assurer la présence des artistes français à létranger, la consécration de Fabrice Hybert à la dernière biennale de Venise est là pour rappeler limportance de la création française. Pour conforter ce travail, il est indispensable que notre capitale dispose dun centre de la jeune création de dimension internationale.
Jai sollicité le concours du Président du Conseil Régional dIle-de-France, Monsieur Jean-Paul Huchon, qui partage notre volonté de soutenir la jeune création. Je souhaite que nous puissions inscrire ce projet dans le cadre de nos objectifs communs.
Jai en outre personnellement informé Monsieur le Maire de Paris de mon souhait quune collaboration se développe entre le musée dart moderne de la ville et le futur centre.
Depuis sa création le musée dart moderne de la ville de Paris, par sa programmation, contribue à la reconnaissance des meilleurs artistes contemporains. Cette mission menée, avec une profonde éthique et un grand professionnalisme par Madame Suzanne PAGÉ, est complémentaire de celle que nous imaginons pour le projet du Palais de Tokyo, conçu comme lieu de découverte au sens le plus actuel qui soit. Je ne doute pas quune interaction fructueuse se développe entre ces deux partenaires naturels situés dans les deux ailes du même Palais.
Il sagit véritablement pour moi de créer un nouveau lieu à Paris à vocation nationale et internationale. Ce centre doit être à la fois en relation étroite avec les institutions en région, et avec des structures de même nature sur le plan international. Je pense en particulier à la nécessité de coproduire des expositions avec des centres dart et des FRAC du réseau national afin de mieux diffuser les oeuvres des jeunes artistes de lensemble du territoire et parallèlement renforcer les liens avec les institutions internationales dart contemporain.
Pour ce faire, jai donc décidé dutiliser une partie du Palais de Tokyo, lieu de référence de la création plastique : noublions pas que ce bâtiment, inauguré en 1937 par Léon BLUM, a abrité le Musée national dart moderne depuis la Libération jusquen 1976.
Lédifice est vaste, il représente une surface totale de près de 18.000 m². Vous savez que jai préféré installer sur un autre site la Maison du cinéma, un temps prévue pour le Palais de Tokyo. Ma décision daujourdhui ne constitue pas un projet daménagement global pour ce site : léquipement de la totalité du Palais représente un investissement incompatible aujourdhui avec les ressources de mon Ministère, compte tenu des grandes opérations dans lesquelles il est dores et déjà engagé. Cest un projet limité, à la mesure de nos moyens actuels, mais qui correspond parfaitement aux besoins auxquels il va répondre pendant de nombreuses années. Un seul plateau sera donc affecté à laccueil de la jeune création, 3.000 m² dexpositions auquel sajoutent les surfaces de bureau utilisées naguère par la FEMIS, école des métiers de limage et du son.
Lorganisation du lieu doit permettre différents modes de démonstrations, des salles dexpositions, des espaces pour des démarches artistiques plus expérimentales ; lieu dinvention, il devrait être ouvert à toutes les formes de création contemporaine y compris dans les rapports nés entre les disciplines, arts plastiques, danse, musique, etc. Il ne sagit pas de le penser comme un espace de consécration institutionnelle, mais au contraire comme un lieu de vrai découverte, qui nhésite pas à prendre des risques nécessaires.
Jai confié parallèlement au Président de létablissement public de maîtrise douvrages des travaux culturels, Monsieur Jean-Claude Moreno, et au délégué aux arts plastiques, Monsieur Guy Amsellem, le soin de définir le cahier des charges. Selon les premières estimations, le coût dinvestissement devrait sélever à 30 MF environ pour un aménagement réduit au strict nécessaire, afin de bénéficier de surfaces libres de toute contrainte architecturale ; ce qui soulignera également le côté expérimental de ce lieu. Quant aux moyens de fonctionnement qui seront nécessaires, ils doivent faire lobjet dune estimation fine. Jai lintention de consacrer une somme équivalente, en mesures nouvelles, aux lieux de diffusion de lart contemporain en région.
Je souhaite quune association de gestion de ce nouvel espace soit créée rapidement. Elle devrait regrouper outre les partenaires publics, les professionnels et des mécènes.
Jai demandé à Monsieur Guy Amsellem de concevoir un mode de fonctionnement innovant pour ce lieu en particulier pour la direction artistique. Les équipes qui seront retenues à partir dun projet artistique cohérent et ambitieux, répondant au cahier des charges, devront avoir un contrat limité dans le temps. Toutes ces dispositions seront arrêtées dans quelques semaines par le délégué aux arts plastiques afin de permettre aux futurs responsables de cet équipement dêtre associés en amont du projet. Je souhaite que ce lieu soit ouvert au public au plus tard fin 2000.
Mon attachement au développement du réseau de lart contemporain non seulement à Paris mais aussi en région trouve aujourdhui une nouvelle traduction : je profite de cet échange pour vous confirmer louverture dun autre lieu en région, à Avignon. En effet un accord vient dêtre conclu entre Monsieur Yvon Lambert, collectionneur et lensemble des partenaires publics concernés dont mon ministère. Un hôtel particulier de plus de 2.000 m² sera aménagé à Avignon afin daccueillir la collection dYvon Lambert regroupant plus de 300 oeuvres. Quil me soit permis de rendre ici hommage à son engagement militant, jamais démenti, pour la création contemporaine.
La contribution de mon ministère sélèvera à 4 MF en investissement, la mission 2000 apportera une aide de préfiguration de 2 MF. Ce lieu a aussi pour vocation de coproduire des manifestations et des expositions en liaison avec lensemble du réseau de lart contemporain.
Vous laurez compris, mon souci est de permettre aux jeunes créateurs de notre pays, et même aux plus jeunes dentre eux, de disposer dun réseau de diffusion de lart contemporain étendu, pertinent et ouvert.
Lart a besoin de lieux qui le montrent sans linstrumentaliser, et qui le portent vers ceux pour qui de tels « rendez-vous « selon le mot de Marcel Duchamp « sont ou seront des moments intenses et nécessaires ».
(Source http ://www.culture.gouv.fr, le 8 avril 1999)