Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, lors du point de presse conjoint avec Mme Michelle Bachelet, directrice exécutive de l'entité des Nations unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, sur la signature d'un accord de coopération entre la France et ONU Femmes au service des droits des femmes, Paris le 24 mai 2012.

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Circonstance : Signature d'un accord de coopération entre la France et ONU Femmes, à Paris le 24 mai 2012

Texte intégral

Madame la Présidente,
Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui au ministère des Affaires étrangères au terme d’une visite dense qui est à la mesure de l’importance que nous accordons à votre action à la tête d’ONU Femmes.
Je dois ajouter, Chère Michelle, que tu es la première personnalité que je reçois de cette façon au ministère des Affaires étrangères. J’ai voulu que ce soit ainsi à la fois à cause de la mission qui est la tienne et à cause de ta personnalité que j’admire.
C’est une grande fierté d’accueillir Michelle Bachelet, à la fois en sa qualité présente et parce que chacun, bien sûr, a à l’esprit la remarquable présidente du Chili qu’elle a été.
Les droits des femmes constitue une priorité pour le gouvernement français, à la fois dans un cadre strictement national, et dans un cadre international. Dans le cadre national, je ne veux pas m’y appesantir mais vous avez vu, Madame la Présidente, que le gouvernement qui vient d’être composé - c’est une première en France -, est composé à stricte parité et que, d’autre part, le président de la République et le Premier ministre ont tenu à ce qu’il y ait un ministère chargé particulièrement du droit des femmes ; ce sera une des priorités de nos actions.
Je me réjouis de la signature de cet accord de coopération entre la France et ONU Femmes, parce qu’il va permettre de renforcer notre coopération au service des droits des femmes partout dans le monde. Il va nous permettre d’accroître notre dialogue afin de mettre en œuvre des actions concrètes - et je sais que vous êtes attachée à juste raison au concret - dans des domaines prioritaires comme la participation des femmes dans les espaces de décision, notamment dans les situations de transition politique ou dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Cet accord témoigne de l’importance que nous attachons au rôle d’ONU Femmes et à votre implication personnelle dans la mobilisation de la communauté internationale. Sous votre impulsion, cette organisation encore jeune s’est affirmée rapidement comme un acteur majeur auquel nous apportons tout notre soutien.
D’une manière très concrète, la France apporte un montant total de près de 8 millions d’euros à ONU Femmes au titre de sa contribution, mais aussi en faveur d’actions communes telles que le programme de lutte contre les violences dans le monde arabe et l’Afrique sub-sahélienne, le programme d’accès des femmes à la justice en Afghanistan, ou la lutte contre la mortalité maternelle et infantile.
Nous continuerons de faire du droit des femmes une priorité. Nous apporterons, je veux le souligner, tout notre soutien à la mise en œuvre des résolutions Femme, paix et sécurité du Conseil de sécurité, que nous considérons comme une condition essentielle de l’établissement d’une paix durable.
Nous avons participé activement à l’élaboration de la convention du Conseil de l’Europe pour prévenir et combattre les violences contre les femmes et les violences domestiques, dont nous sommes un des premiers signataires. Et nous souhaitons qu’elle puisse s’appliquer d’une façon très large.
Nous agirons pour la promotion des droits des femmes aux Nations unies, comme dans les autres enceintes multilatérales, et dans le cadre de nos relations bilatérales.
Nous sommes tout à fait déterminés à combattre ce que l’on appelle le relativisme culturel et à agir pour une mise en œuvre pleine et entière de tous les droits des femmes, y compris en matière de santé sexuelle et reproductive.
Nous souhaitons coopérer activement avec ONU Femmes en vue des prochaines conférences internationales, notamment en amont de la prochaine commission de la condition de la femme qui a lieu en mars 2013.
La France présentera, lors de la prochain Assemblée générale des Nations unies, en partenariat avec les Pays-Bas, une résolution sur la lutte contre les violences.
Nous sommes particulièrement attentifs à la participation des femmes aux transitions politiques dans le contexte du Printemps arabe. Nous nous sommes engagés, dans le cadre du G8, à soutenir les organisations de femmes dans la région.
Mon ministère lancera, en partenariat avec l’École nationale d’administration - la fameuse ENA -, une formation au leadership féminin en 2013 à destination des femmes des pays du Sud.
Voilà, Chère Michelle Bachelet, quelques mots que je voulais prononcer, à la fois pour dire notre soutien à l’entité que vous animez, notre témoignage d’admiration pour l’action qui est la vôtre et notre détermination, en tant que gouvernement français, à vous aider dans la tâche extrêmement utile que vous avez entreprise.
Q - Une question d’actualité sur l’Iran. Si l’Iran accepte de suspendre l’enrichissement d’uranium à 20 %, est-ce que la France est prête à accepter qu’elle continue à l’enrichir à 3,5 % ?
R - Comme vous le savez, les négociations se poursuivent à Bagdad, aujourd’hui, et nous avons une position commune avec nos partenaires du groupe 5+1 ou E3+3. Nous demandons à l’Iran de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité et du Conseil des gouverneurs de l’Agence de l’énergie atomique.
Nous appliquons une double approche, qui est une approche qui combine le dialogue et les sanctions pour trouver, ce que nous souhaitons vivement, une issue diplomatique à cette crise. C’est dans cette perspective que nous poursuivons les négociations.
Q - M. Poutine va être en visite officielle la semaine prochaine en France. Pensez-vous qu’il y aura déblocage de la position russe sur le dossier syrien ? Et que devient la réunion des Amis de la Syrie ? Quand va-t-elle avoir lieu ? Troisième question : ne craignez-vous pas qu’il y ait beaucoup de tensions sur la scène libanaise ? Il y a eu pas mal d’incidents il y a quelques jours.
R - M. le président Poutine doit venir effectivement en visite et, bien évidemment, il sera reçu conformément à son rang. Le ministre des Affaires étrangères, M. Lavrov, devrait normalement l’accompagner et j’aurai plaisir et intérêt à le recevoir. Nous parlerons de divers sujets. La question syrienne sera certainement abordée compte tenu à la fois de la gravité de cette question, de la mission de Kofi Annan, des positions prises jusqu’ici par les Russes, des initiatives récentes auxquelles il a été fait allusion, et cette discussion ne peut qu’être utile.
S’agissant de la conférence des Amis de la Syrie, il est prévu qu’elle puisse avoir lieu à Paris. Nous n’en avons pas encore fixé la date car je souhaite avoir un contact direct, très prochainement, avec Kofi Annan et faire une analyse de la situation. Une conférence des Amis de la Syrie, qui est souhaitable, doit pouvoir se tenir pour faire avancer les choses.
Quant au Liban, pays auquel nous sommes extrêmement attachés, il est vrai que nous avons vu avec beaucoup d’inquiétude la montée des tensions ces derniers jours. Nous souhaitons vivement que ces tensions soient désamorcées et qu’il n’y ait pas de contagion du drame syrien, extrêmement profond, sur le Liban.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mai 2012