Texte intégral
Q - La France souscrit-elle aux propositions avancées hier par Angela Merkel ? En clair, la France est-elle prête à aller vers une «union politique», en abandonnant «des compétences» à lEurope dans le domaine budgétaire, fiscal et pourquoi pas social ?
R - La France est favorable à lapprofondissement de lintégration européenne au plan politique. Celle-ci doit inclure la dimension fiscale et sociale et assurer un haut niveau de protection des salariés et des services publics forts. En outre, les difficultés actuelles démontrent la nécessité dun renforcement de la gouvernance économique, y compris les politiques budgétaires, notamment au sein de la zone euro.
Ceci étant, le renforcement de lintégration politique en Europe implique des discussions, des travaux approfondis. Il ne peut senvisager sans ladhésion des peuples et cette adhésion sera impossible aussi longtemps que lUnion européenne naura pas fait la démonstration de sa capacité à apporter des réponses à la crise économique et monétaire qui soient à la hauteur de lenjeu. Sans ces réponses, la crise démocratique et la crise économique et financière se conjugueront au risque de ruiner les efforts accomplis jusquà présent pour intégrer davantage nos processus de décision politique. Cest la raison pour laquelle la réforme institutionnelle ne peut être un préalable aux réponses urgentes quappelle la crise. Nous devons apporter ces réponses et, dans le même temps, intégrer davantage nos politiques en faisant progresser les institutions par la preuve de la capacité de lUnion européenne à surmonter ses crises.
Q - Si elle y souscrit, la France est-elle favorable à ce que ces éventuelles avancées ne concernent quun noyau dur de pays, si les autres ne veulent pas sy associer ?
R - La France est très attachée à lunité de lUnion européenne. Cependant, on peut comprendre que tout le monde ne soit pas prêt à avancer au même rythme, que ce soit en raison de disparités économiques ou sociales ou des choix politiques de chaque État membre. Dailleurs, il existe déjà des domaines dans lesquels nous nagissons pas à 27, quil sagisse de lUnion économique et monétaire ou de lespace Schengen par exemple. Nous pouvons continuer à le faire. Il y a des sujets, tels que la taxe sur les transactions financières par exemple, sur lesquels nous pouvons avancer dabord à quelques-uns sil nest pas possible de le faire tous ensemble.
Q - La France serait-elle favorable à un renforcement des institutions communautaires, comme la Commission européenne, avec par exemple lélection de son président au suffrage universel direct ?
R - La France est attachée aux institutions de lUnion européenne et veut uvrer à leur renforcement. La Commission européenne joue un rôle unique au sein de ces institutions. Nous voulons une Commission forte. Mais, une nouvelle fois, un an et demi seulement après lentrée en vigueur du traité de Lisbonne, la priorité nest pas de mettre en chantier une nouvelle réforme institutionnelle. Si lon veut que les peuples adhèrent à la construction européenne, lEurope doit faire la démonstration de sa capacité à surmonter la crise financière, économique et sociale. Si nous y parvenons, lEurope sortira renforcée de la crise, cest ma conviction. Si au contraire, lEurope signifie laustérité à perte de vue et le démantèlement des systèmes sociaux, alors elle sera sévèrement accueillie par les peuples.
Q - Une des urgences de lEurope est la situation espagnole. La France est-elle favorable à la création dune union bancaire, cest-à-dire une supervision des banques au niveau supranational ? Par ailleurs, estimez-vous incontournable lintervention du FESF pour stabiliser le système bancaire espagnol ? La France envisage-t-elle dautres options pour sauver les banques espagnoles ?
R - Je préfère parler d«Union de régulation bancaire». La France veut agir pour une régulation efficace du système financier. Cela suppose davoir, au plan européen, des règles communes et une supervision forte du système bancaire, pour garantir que nos institutions financières présentent, en permanence, toutes les garanties de santé et de solidité. Nous soutiendrons les initiatives permettant daller dans ce sens.
Sagissant de lEspagne, cest dabord à elle de déterminer les mesures qui lui paraissent nécessaires dans la situation actuelle. LEspagne est confrontée à une crise sévère, qui résulte de léclatement de la bulle immobilière, aggravée par la spéculation. Elle a engagé des réformes sérieuses, qui ont impliqué, pour les Espagnols, de lourds sacrifices. Elle doit pouvoir satisfaire les besoins de financement de son économie en étant protégée de la spéculation. Cest pourquoi, lEurope doit savoir mieux utiliser ses outils afin dassurer la stabilité du système financier.
Q - LAllemagne est résolument opposée aux eurobonds. Cette idée a-t-elle encore une chance dêtre adoptée fin juin ?
R - Sur les eurobonds, le sujet paraissait impossible à envisager il y a quelques semaines seulement. Il est à présent mis en discussion par leffet des initiatives fortes prises par le Président de la République. Le débat progresse. La discussion entre la France et lAllemagne porte aujourdhui moins sur le fait de savoir sil faut mettre en place des obligations européennes, mais plutôt sur le moment de leur mise en uvre : selon la France, les euro-obligations doivent contribuer à surmonter la crise ; elles peuvent aussi servir de catalyseur à un processus dintégration des institutions ; selon lAllemagne, elles ne peuvent intervenir quune fois la crise surmontée au plan financier et budgétaire et certaines étapes franchies au plan institutionnel. Pour nous, les euro-obligations sont un outil, pour nos amis allemands un point dorgue. Nous continuons les discussions sur ce point avec nos amis allemands et nos autres partenaires de façon à parvenir, lors du sommet de fin juin, à une «feuille de route», cest-à-dire une méthode assortie dun calendrier, permettant davoir une perspective claire.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 juin 2012
R - La France est favorable à lapprofondissement de lintégration européenne au plan politique. Celle-ci doit inclure la dimension fiscale et sociale et assurer un haut niveau de protection des salariés et des services publics forts. En outre, les difficultés actuelles démontrent la nécessité dun renforcement de la gouvernance économique, y compris les politiques budgétaires, notamment au sein de la zone euro.
Ceci étant, le renforcement de lintégration politique en Europe implique des discussions, des travaux approfondis. Il ne peut senvisager sans ladhésion des peuples et cette adhésion sera impossible aussi longtemps que lUnion européenne naura pas fait la démonstration de sa capacité à apporter des réponses à la crise économique et monétaire qui soient à la hauteur de lenjeu. Sans ces réponses, la crise démocratique et la crise économique et financière se conjugueront au risque de ruiner les efforts accomplis jusquà présent pour intégrer davantage nos processus de décision politique. Cest la raison pour laquelle la réforme institutionnelle ne peut être un préalable aux réponses urgentes quappelle la crise. Nous devons apporter ces réponses et, dans le même temps, intégrer davantage nos politiques en faisant progresser les institutions par la preuve de la capacité de lUnion européenne à surmonter ses crises.
Q - Si elle y souscrit, la France est-elle favorable à ce que ces éventuelles avancées ne concernent quun noyau dur de pays, si les autres ne veulent pas sy associer ?
R - La France est très attachée à lunité de lUnion européenne. Cependant, on peut comprendre que tout le monde ne soit pas prêt à avancer au même rythme, que ce soit en raison de disparités économiques ou sociales ou des choix politiques de chaque État membre. Dailleurs, il existe déjà des domaines dans lesquels nous nagissons pas à 27, quil sagisse de lUnion économique et monétaire ou de lespace Schengen par exemple. Nous pouvons continuer à le faire. Il y a des sujets, tels que la taxe sur les transactions financières par exemple, sur lesquels nous pouvons avancer dabord à quelques-uns sil nest pas possible de le faire tous ensemble.
Q - La France serait-elle favorable à un renforcement des institutions communautaires, comme la Commission européenne, avec par exemple lélection de son président au suffrage universel direct ?
R - La France est attachée aux institutions de lUnion européenne et veut uvrer à leur renforcement. La Commission européenne joue un rôle unique au sein de ces institutions. Nous voulons une Commission forte. Mais, une nouvelle fois, un an et demi seulement après lentrée en vigueur du traité de Lisbonne, la priorité nest pas de mettre en chantier une nouvelle réforme institutionnelle. Si lon veut que les peuples adhèrent à la construction européenne, lEurope doit faire la démonstration de sa capacité à surmonter la crise financière, économique et sociale. Si nous y parvenons, lEurope sortira renforcée de la crise, cest ma conviction. Si au contraire, lEurope signifie laustérité à perte de vue et le démantèlement des systèmes sociaux, alors elle sera sévèrement accueillie par les peuples.
Q - Une des urgences de lEurope est la situation espagnole. La France est-elle favorable à la création dune union bancaire, cest-à-dire une supervision des banques au niveau supranational ? Par ailleurs, estimez-vous incontournable lintervention du FESF pour stabiliser le système bancaire espagnol ? La France envisage-t-elle dautres options pour sauver les banques espagnoles ?
R - Je préfère parler d«Union de régulation bancaire». La France veut agir pour une régulation efficace du système financier. Cela suppose davoir, au plan européen, des règles communes et une supervision forte du système bancaire, pour garantir que nos institutions financières présentent, en permanence, toutes les garanties de santé et de solidité. Nous soutiendrons les initiatives permettant daller dans ce sens.
Sagissant de lEspagne, cest dabord à elle de déterminer les mesures qui lui paraissent nécessaires dans la situation actuelle. LEspagne est confrontée à une crise sévère, qui résulte de léclatement de la bulle immobilière, aggravée par la spéculation. Elle a engagé des réformes sérieuses, qui ont impliqué, pour les Espagnols, de lourds sacrifices. Elle doit pouvoir satisfaire les besoins de financement de son économie en étant protégée de la spéculation. Cest pourquoi, lEurope doit savoir mieux utiliser ses outils afin dassurer la stabilité du système financier.
Q - LAllemagne est résolument opposée aux eurobonds. Cette idée a-t-elle encore une chance dêtre adoptée fin juin ?
R - Sur les eurobonds, le sujet paraissait impossible à envisager il y a quelques semaines seulement. Il est à présent mis en discussion par leffet des initiatives fortes prises par le Président de la République. Le débat progresse. La discussion entre la France et lAllemagne porte aujourdhui moins sur le fait de savoir sil faut mettre en place des obligations européennes, mais plutôt sur le moment de leur mise en uvre : selon la France, les euro-obligations doivent contribuer à surmonter la crise ; elles peuvent aussi servir de catalyseur à un processus dintégration des institutions ; selon lAllemagne, elles ne peuvent intervenir quune fois la crise surmontée au plan financier et budgétaire et certaines étapes franchies au plan institutionnel. Pour nous, les euro-obligations sont un outil, pour nos amis allemands un point dorgue. Nous continuons les discussions sur ce point avec nos amis allemands et nos autres partenaires de façon à parvenir, lors du sommet de fin juin, à une «feuille de route», cest-à-dire une méthode assortie dun calendrier, permettant davoir une perspective claire.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 juin 2012