Texte intégral
Q - Pourquoi être allé à Rio+20 ?
R - Nicole Bricq, Benoît Hamon et moi-même sommes allés à Rio pour participer aux deux derniers jours de négociations, avant larrivée des chefs dÉtat. Il nous semblait important que tout ne se passe pas sur le plan technique et administratif mais aussi politique, que le politique soit présent dès cette phase.
Le point positif est que lEurope sest montrée vraiment unie. Le point plus compliqué est quon sest retrouvés face à lalliance des grands pays émergents - notamment la Chine et le Brésil - avec les États-Unis et le Canada qui poussaient vers un texte a minima. Or, dans ce type de négociation, tout doit être adopté à lunanimité. Sur lagence de lONU sur lEnvironnement ou sur la protection des océans, les discussions se sont heurtées à un veto soit des Brésiliens, des Américains, des Canadiens, des Chinois Cette situation a conduit à ce que les objectifs de Rio soient réduits au plus petit dénominateur commun et ne relèvent donc pas dune grande ambition.
Q - Les choses auraient-elles pu être pires ?
R - La veille de la déclaration, dans la nuit du lundi au mardi (du 18 au 19 juin, ndlr), les choses ne progressaient plus. Pire, dans lavant-dernière version, on régressait sur le Programme des Nations unies sur lenvironnement (PNUE) par exemple. Cette structure a pour rôle de coordonner les différentes conventions en matières denvironnement : sur les produits chimiques, les pôles, la biodiversité Nous voulions que cette fonction de coordination soit renforcée, mais dans le texte, à la veille de larrivée des chefs dÉtats, le PNUE navait plus de fonction de coordination du tout ! Sur les océans, il ny avait même plus le rappel de ce qui avait été acté par la résolution de lONU lannée dernière. La veille, ce nétait plus Rio+20 mais Rio-20. On a finalement réussi à réinsérer ces points.
Q - Mais le résultat du Sommet est malgré tout un échec pour vous ?
R - Le seul résultat tangible - et il est sous-estimé dans les différentes évaluations du Sommet - cest la question des Objectifs du développement durable. En effet, cest la première fois que la communauté internationale se met daccord sur le principe dindicateurs et dobjectifs chiffrés sur le développement durable. Chiffrés, cest-à-dire qui pourront être évalués. Il y a un calendrier, une date fixée en 2015. La méthode est actée. Tous les éléments sont sur la table pour que la société civile se saisisse du sujet et je ly encourage.
Q - Il y avait déjà eu les Objectifs du millénaire (ODM)
R - Les ODM sont centrés sur la lutte contre la pauvreté, sur laspect social. Or, sortir de la pauvreté cest aussi avoir accès à leau, à lénergie Avec les ODD, les Objectifs du millénaire vont bien sûr perdurer mais vont sélargir à laspect environnemental. Cest le résultat le plus tangible de ce Sommet et il a un vrai potentiel. Dans trois ans, ces Objectifs du développement durable pourraient être en place.
Q - La France se fait-elle toujours entendre au sein des négociations internationales ?
R - Cest un tropisme franco-français, de vouloir que la France ait seule le leadership. Dans les négociations multilatérales sur lenvironnement ou sur le développement durable nous agissons dans le cadre de lUnion européenne. Notre travail consiste à peser au sein des 27 pour que nos positions soient relayées par lUnion européenne.
Q - Parlons de lEurope donc. Parvient-elle à se faire entendre ?
R - On a un leadership en termes dambition. Aujourdhui, on se heurte au problème suivant : le seul groupe dÉtats avec lequel on peut faire une alliance, cest lUnion africaine. Et cette alliance là nest pas suffisante pour gagner face à lautre alliance (États-Unis, Canada, grands émergents, ndlr). Le deuxième élément qui complique la situation, cest la question des financements. Cest vrai que la crise pèse sur les décisions. Et cest pour cela que lon se bat pour introduire des financements innovants. Je vais minvestir fortement pour la taxe sur les transactions financières, mais pas seulement. Lannée dernière, le G20 a mis en avant sept outils de financement innovants. Il faut avancer sur tous ces outils. Le Royaume-Uni est opposé à la taxe sur les transactions financières, en revanche, il veut contribuer à solvabiliser la recherche sur les vaccins dans les pays du Sud (1). Lun nest pas meilleur que lautre. On a sept outils, avançons sur les sept.
( ).
1) La «Facilité internationale pour le financement de la vaccination» (IFFIm), un programme à linitiative de la France et du Royaume-Uni, émet des obligations garantis par les donateurs (États et fondations privées) et lèvent ainsi des fonds affectés à des projets de vaccination.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juin 2012
R - Nicole Bricq, Benoît Hamon et moi-même sommes allés à Rio pour participer aux deux derniers jours de négociations, avant larrivée des chefs dÉtat. Il nous semblait important que tout ne se passe pas sur le plan technique et administratif mais aussi politique, que le politique soit présent dès cette phase.
Le point positif est que lEurope sest montrée vraiment unie. Le point plus compliqué est quon sest retrouvés face à lalliance des grands pays émergents - notamment la Chine et le Brésil - avec les États-Unis et le Canada qui poussaient vers un texte a minima. Or, dans ce type de négociation, tout doit être adopté à lunanimité. Sur lagence de lONU sur lEnvironnement ou sur la protection des océans, les discussions se sont heurtées à un veto soit des Brésiliens, des Américains, des Canadiens, des Chinois Cette situation a conduit à ce que les objectifs de Rio soient réduits au plus petit dénominateur commun et ne relèvent donc pas dune grande ambition.
Q - Les choses auraient-elles pu être pires ?
R - La veille de la déclaration, dans la nuit du lundi au mardi (du 18 au 19 juin, ndlr), les choses ne progressaient plus. Pire, dans lavant-dernière version, on régressait sur le Programme des Nations unies sur lenvironnement (PNUE) par exemple. Cette structure a pour rôle de coordonner les différentes conventions en matières denvironnement : sur les produits chimiques, les pôles, la biodiversité Nous voulions que cette fonction de coordination soit renforcée, mais dans le texte, à la veille de larrivée des chefs dÉtats, le PNUE navait plus de fonction de coordination du tout ! Sur les océans, il ny avait même plus le rappel de ce qui avait été acté par la résolution de lONU lannée dernière. La veille, ce nétait plus Rio+20 mais Rio-20. On a finalement réussi à réinsérer ces points.
Q - Mais le résultat du Sommet est malgré tout un échec pour vous ?
R - Le seul résultat tangible - et il est sous-estimé dans les différentes évaluations du Sommet - cest la question des Objectifs du développement durable. En effet, cest la première fois que la communauté internationale se met daccord sur le principe dindicateurs et dobjectifs chiffrés sur le développement durable. Chiffrés, cest-à-dire qui pourront être évalués. Il y a un calendrier, une date fixée en 2015. La méthode est actée. Tous les éléments sont sur la table pour que la société civile se saisisse du sujet et je ly encourage.
Q - Il y avait déjà eu les Objectifs du millénaire (ODM)
R - Les ODM sont centrés sur la lutte contre la pauvreté, sur laspect social. Or, sortir de la pauvreté cest aussi avoir accès à leau, à lénergie Avec les ODD, les Objectifs du millénaire vont bien sûr perdurer mais vont sélargir à laspect environnemental. Cest le résultat le plus tangible de ce Sommet et il a un vrai potentiel. Dans trois ans, ces Objectifs du développement durable pourraient être en place.
Q - La France se fait-elle toujours entendre au sein des négociations internationales ?
R - Cest un tropisme franco-français, de vouloir que la France ait seule le leadership. Dans les négociations multilatérales sur lenvironnement ou sur le développement durable nous agissons dans le cadre de lUnion européenne. Notre travail consiste à peser au sein des 27 pour que nos positions soient relayées par lUnion européenne.
Q - Parlons de lEurope donc. Parvient-elle à se faire entendre ?
R - On a un leadership en termes dambition. Aujourdhui, on se heurte au problème suivant : le seul groupe dÉtats avec lequel on peut faire une alliance, cest lUnion africaine. Et cette alliance là nest pas suffisante pour gagner face à lautre alliance (États-Unis, Canada, grands émergents, ndlr). Le deuxième élément qui complique la situation, cest la question des financements. Cest vrai que la crise pèse sur les décisions. Et cest pour cela que lon se bat pour introduire des financements innovants. Je vais minvestir fortement pour la taxe sur les transactions financières, mais pas seulement. Lannée dernière, le G20 a mis en avant sept outils de financement innovants. Il faut avancer sur tous ces outils. Le Royaume-Uni est opposé à la taxe sur les transactions financières, en revanche, il veut contribuer à solvabiliser la recherche sur les vaccins dans les pays du Sud (1). Lun nest pas meilleur que lautre. On a sept outils, avançons sur les sept.
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1) La «Facilité internationale pour le financement de la vaccination» (IFFIm), un programme à linitiative de la France et du Royaume-Uni, émet des obligations garantis par les donateurs (États et fondations privées) et lèvent ainsi des fonds affectés à des projets de vaccination.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juin 2012