Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Parlementaires
Monsieur le Président du Conseil régional
Messieurs les Présidents de Conseil général
Monsieur le Président du Conseil de Surveillance
Monsieur le Président du Conseil Stratégique
Monsieur le Président du Directoire,
Monsieur le Préfet de région,
Cest pour moi un plaisir - tout particulier et personnel que de prononcer aujourdhui ce premier discours de ministre du Grand Paris, à loccasion de cette inauguration de lexposition « Architecture et Design des gares du Grand Paris ». Lurbaniste que je suis de formation est particulièrement sensible à lobjet bien plus politique quanecdotique de cette exposition. Lusagère quotidienne des transports en commun sait combien la forme dune gare peut être synonyme de simplicité ou de lourdeur au quotidien pour le passager.
Une gare ce nest pas un objet sans âmes. Cest un lieu commun au sens le plus classique et le plus simple, c'est-à-dire un lieu du quotidien. Cest un lieu de passage, un lieu de rencontre. Un point qui recouvre la banalité dans ses moments les plus heureux comme les plus pénibles. Mais une gare, cest aussi en soi, et cela doit le rester dans le Grand Paris, une invitation au voyage, une ouverture à la mobilité, à pouvoir aller voir ailleurs. En quelque sorte, une fenêtre ouverte sur le monde.
La gare comme lieu peut être au choix synonyme daliénation au quotidien, comme un lieu démancipation parce quil ouvre à chacun une fenêtre sur la mobilité. Elle peut être vécue comme une contrainte ou au contraire comme une solution.
Alors les gares dont nous présentons ici les formes sont peut-être en elles-mêmes une belle synthèse du projet qui nous attend. Elles doivent répondre à cet étrange paradoxe, mais à cette question ô combien politique : être lutile à lurgence du temps présent, comme apporter des réponses à notre avenir.
Dans le projet de réseau de transport automatique, Grand Paris Express, les gares se trouvent au coeur même de nos cartes. Elles seront au nombre de 72 sur un réseau long de 175 kilomètres. En somme, elles contribueront à donner sa forme à la métropole de demain.
Ce ne sera pas la première fois. La première gare de Paris, que lon appelle aujourdhui la Gare Saint -Lazare, vit le jour il y a maintenant 175 ans, on lappelait alors lembarcadère des chemins de fers. Sous la IIIe République, le gouvernement avait mis un point dhonneur à ce que les gares prennent la forme de Palais du quotidien pour la République. Elles se devaient dêtre majestueuses et emblématiques. Elles ne devaient pas simplement servir les trains, mais dabord pouvoir servir les gens. Près de deux siècles plus tard, lobligation pour nous reste la même.
Cest pourquoi, linitiative de la Société du Grand Paris et lexposition qui nous occupe aujourdhui mérite dêtre à la fois soulignée et saluée. Vous avez choisi de donner à ces 72 gares, un même esprit à travers une charte darchitecture et du design comme en sont dotées les gares les plus modernes, les plus performantes et les plus belles du monde. Chaque gare sera ainsi amenée à être pensée non pas en elle-même, mais comme un lien, un point dattache et dancrage avec le territoire quelle dessert. Cest de là quémergeront les « rhizomes métropolitains » que latelier Portzamparc avait si bien analysés, à la suite des théories visionnaires de lécologiste Felix Guattari.
Chacun des projets qui ici ont étés remis et que vous découvrirez méritent dêtre salué et admiré. Ils sont dune qualité remarquable. Je tiens à féliciter particulièrement le lauréat Jacques FERRIER, ainsi que ses équipes, qui a su séduire avec son concept tentant dune « gare sensuelle » à la suite de ses travaux lors de lexposition universelle de Shanghai. Il a ainsi pris le temps de proposer une vision qui sort le métro de lengouffrement, de lenfouissement. Le réseau ne doit pas échapper à la ville, encore moins sopposer à la vie publique. La gare doit entrer et se conjuguer avec lespace bâti et forger une forme de parcours continu entre la gare et la ville, espace public où sexpérimentent de nouvelles façons dêtre ensemble. En somme, son projet ne fait pas de la gare seulement un espace conçu, il sattache à en faire un espace vécu. Il met ainsi lhumain et le quotidien au coeur dun même projet darchitecture.
La gare et le quartier qui lentoure ne doivent être ni des lieux isolés, ni de simples lieux dexcellences. Ils doivent sinscrire pleinement dans une vision de la ville qui remplit tout son rôle et toutes ses missions, et non pas être au service dactivités et de bâtiments identiques et uniformes forgés par les seuls intérêts du marché. Elles doivent être des lieux de vies, où lon trouve à se loger, à vivre et à travailler.
La mission de Jacques FERRIER ne fait donc que commencer. Tout au long de son travail avec la Société du Grand Paris, je linviterais à être attentif aux treize recommandations sur les gares formulées par lAtelier International du Grand Paris, sur les gares pour que ce projet se marie avec la forme que prendra demain le territoire, mais aussi avec les 350 gares qui existent déjà aujourdhui.
Car même les gares les plus belles, même le réseau de transport le mieux conçu et le mieux théorisé ne peut résumer à lui seul un territoire et ses habitants. Lhistoire nous a montré que ce sont dabord les habitants qui donnent vie et forme à un territoire, et non pas les grands bâtisseurs quels que soient leurs talents, la forme et la beauté de leur vision.
Les métropoles du monde entier ne se dessinent plus seulement sur des cartes ou par des schémas. Elles ne se résument pas seulement par des grands projets ou de beaux tracés. Elles trouvent leur chair et leur sens dans la vie des habitants qui la construisent chaque jour.
Cest le sens qua voulu donner le Président de la République à la feuille de route qui est la mienne.
Remettre au coeur du projet républicain, les territoires, mais en faisant franchir un nouveau cap aux politiques publiques du territoire. Le temps de laménagement centralisé, chacun le sait, est révolu. A lheure de la décentralisation, le rôle des politiques publiques est découter et de concerter, de servir ensemble les habitants et leurs élus locaux. Mais le rôle des politiques, cest aussi darbitrer et de décider, en somme de fixer un cap et de préciser un projet : celui du gouvernement est clair, cest lEgalité. Voici pourquoi nous réunissons au sein dun même ministère, laménagement du territoire, la politique de la ville, lespace rural, la rénovation thermique, le logement, lurbanisme, la construction et bien sûr : le Grand Paris.
Je mexprime devant vous pour la première fois comme ministre du Grand Paris. Le sens de ma mission est clair et simple. Sa place est au coeur de ces territoires, car le projet du Grand Paris ne peut se résumer à un projet de transports, mais traverse toutes les dimensions de la mission que ma confiée le président de la République.
LEgalité des Territoires est très attendue dans la région capitale et en Ile-de-France.
Légalité des territoires, cest dabord une vision de laménagement parfois lointaine de certains de mes prédécesseurs. On ne peut considérer quil suffirait pour répondre aux attentes de douze millions de franciliens de relier entre eux des pôles dexcellence, au seul titre de leur attractivité économique et pour une plaquette de marketing territorial. Bien sûr que lemploi est au coeur de nos préoccupations. Mais le premier emploi qui nous soucie, cest celui des franciliens pour qui nous voulons un quotidien plus aisé, plus facile. A rebours dune vision qui passerait outre les habitants, il nous faut penser les complémentarités, les équilibres économiques, sociaux, culturels, urbains, écologiques, dans une métropole répartie et innovante. Une métropole qui mise sur la solidarité et linvention, plutôt que sur la compétition et légoïsme. Le Grand Paris naurait pas de sens, sil se construisait pour ses concurrents, plutôt que pour ses habitants. Le Grand Paris, ça ne pourra pas être Dubaï sur Seine.
Légalité des territoires, cest répondre au besoin pressant de logement, tant les habitants nous en demandent dans la région capitale. Les engagements du président de la République sont clairs : en matière de logement et il a dressé une feuille de route nationale, avec de très nombreux impératifs. Mais cest dans la région capitale que lurgence de ces nouvelles politiques se pose de la manière la plus évidente et la plus urgente.
Cest ici que lencadrement des loyers qui sappliquera dans quelques mois est impératif.
Cest ici quil nous faudra bâtir, quil nous faudra reconstruire.
Cest ici quil faudra mettre un terme aux passoires énergétiques si nombreuses.
Cest ici quil nous faudra aussi mobiliser le foncier pour que les collectivités puissent construire le plus de logement social.
Cest ici quil nous faudra appuyer et soutenir les efforts engagés par les collectivités locales.
Et que les choses soient claires, il ne pourra y avoir ici de donneurs de leçons qui ne sont pas engagés dans ce projet dambition nationale. LEtat sait faire la différence entre une collectivité qui donne les moyens au logement et à la mixité sociale. Il sait faire la différence entre un maire bâtisseur et un maire qui se détourne de ses obligations.
Légalité des territoires, dans la région capitale, cest le souci permanent de lécoute et de la démocratie. LEtat ne sera pas là pour dicter ou pour décider dune conduite, mais bien pour accompagner et pour soutenir la volonté des collectivités locales, de leurs élus et de leurs politiques. Les outils que nous allons bâtir ensemble doivent être autant de moyens au service des praticiens quotidiens de lIle de France. LEtat que nous voulons, ce nest pas un retour de lEtat roi des siècles derniers, de lEtat centralisé qui décide de tout, mais accomplit peu. Nous voulons un Etat stratège qui pense les temps présents et accompagne les choix à venir.
Les priorités du gouvernement sont connues.
Des richesses mieux distribuées entre les territoires avec une péréquation juste et équitable entre ceux-ci.
Des territoires aux compétences mieux partagées avec une décentralisation plus harmonieuse et plus avancée, qui verra le jour avec lActe III engagé par Marylise LEBRANCHU, Ministre de la Réforme de lEtat, de la Décentralisation et de la Fonction Publique.
Des territoires qui sorganisent au plus près des habitants et non pas en opposition entre les décideurs. Les contrats de développement territoriaux devront donc être pleinement articulés avec le Schéma Directeur de la Région Ile de France. Je sais que Monsieur le Préfet de Région, y est particulièrement attaché et attentif.
Ne nous leurrons pas, le projet dune gouvernance plus équilibrée et plus efficace de la région capitale est un des projets les plus courageux, mais aussi des plus ambitieux à mener. Le gouvernement le prendra à bras le corps. Cette tache je ne la mènerais non pas seule mais en constante harmonie et en préoccupation commune avec mes collègues Marylise LEBRANCHU et le Ministre de lIntérieur, Manuel VALLS.
Mais si la gouvernance est essentielle, elle ne répondra pas à tous les enjeux. Elle est une nécessité mais elle ne peut pas être un préalable. En somme, si nous voulons nous dire les choses clairement, il nous faudra avancer sur la gouvernance, mais elle ne peut être une hypothèque sur lambitieuse nécessité dun projet de transports que de nombreux franciliens attendent. Le gouvernement ne conçoit pas davancer sur la forme que prendra demain la région capitale, sans mettre le projet de transport au coeur de ces ambitions.
Ce tracé sur lequel vous vous êtes accordés, dresse une ambition et une volonté. Mais il ne peut avoir de sens que sil vise dabord à répondre aux attentes des élus, à léquilibre des territoires et à lensemble des habitants de la Région capitale. Aucun dentre nous ne pourra inviter un citoyen qui fait face chaque jour aux difficultés du RER et des transports franciliens à prendre son mal en patience pour les 25 ans à venir. Je ne souhaite ni opposer aujourdhui à demain, ni lavenir au quotidien, mais au contraire mener de front ces deux chantiers avec une seule volonté : répondre aux citoyens.
Le projet devra répondre aux objectifs de transition écologique qui sont les nôtres. Il doit préserver les espaces de respiration qui sont notre patrimoine naturel, notamment les terres agricoles de proximité. Il doit avoir comme objectif permanent que la ville consomme moins mais consomme mieux. La ville doit donc être le premier lieu qui sattaque au dérèglement climatique et non pas le premier producteur démissions néfastes. Elle doit donner à ses habitants une pleine mobilité, sans les rendre dépendants de leur automobile. Ainsi, ce projet doit être utile pour que lamélioration du quotidien ne rime pas avec une expansion sans limites, qui viendrait obérer les possibilités dun avenir soutenable pour la métropole.
Comme la annoncé le Président de la République, le gouvernement souhaite maintenir et poursuivre le projet du Grand Paris Express. Mais il souhaite le réconcilier avec le projet dégalité des territoires. En devenant Ministre du Grand Paris, je suis modestement devenue dépositaire de ce succès. Jai toujours considéré que le Grand Paris Express pouvait être un beau et un grand projet, pour peu quil se montre lui-même toujours et chaque jour plus attentif aux préoccupations des élus, à léquilibre des territoires, au sort des habitants et aux urgences qui nous attendent.
Pour réussir et être efficaces, les artisans de la Société du Grand Paris peuvent être assurés de ma confiance. Le Président du Directoire Etienne Guyot a su montrer son talent et sa dextérité pour concilier les oppositions. Je le remercie de sêtre mis à la disposition du gouvernement dès le premier jour.
Le 5 Juillet prochain se réunira le Conseil de Surveillance de la Société du Grand Paris. Le déroulement des enquêtes publiques y sera précisé, afin dassocier pleinement les citoyens. Je recevrai dici là, lensemble des présidents des conseils généraux, le Président du Conseil Régional, le Maire de Paris, les représentants de Paris Métropole pour entendre les conditions quils voient à la meilleure réussite du projet.
Le gouvernement, défendra, lui trois exigences.
Tout dabord une exigence de priorité. Tout ne pourra pas se faire tout de suite, ni en même temps. Chacun le sait. Face aux contraintes budgétaires, si nous voulons passer aux actes, il nous faudra fixer des échéances. Plutôt que des effets dannonces, je souhaite être la Ministre des résultats concrets.
Ensuite, une exigence de proximité. A chaque fois que nous identifierions des priorités, celles-ci devront se justifier par le souci de répondre à lurgence, au quotidien et aux besoins des habitants. Cela fait trop longtemps que lIle de France na pas vu la qualité de ses transports améliorée. Les besoins sont immenses. A nous de les satisfaire.
Enfin, une exigence defficacité. Aucune contrainte administrative, aucun prétexte dorganisation ne doit contrarier notre obligation de résultat. Partout, les élus devront être mieux représentés et plus nombreux. Partout, les citoyens devront être plus écoutés et mieux entendus. Mais lheure nest pas au big-bang institutionnel. La responsabilité est aujourdhui celle des opérateurs et de la puissance publique qui ne doivent plus chercher des excuses mais apporter des solutions. Cest le mandat que leur donne le gouvernement et cest lesprit dans lequel je travaille avec M. Frédéric CUVILLIER, Ministre des Transports.
Mesdames, Messieurs,
Vous lavez compris la volonté du gouvernement est claire : le Grand Paris doit être utile. Il doit être utile aux usagers des transports qui ne supportent plus les difficultés du quotidien.
Il doit être utile pour rapprocher le lieu de travail et le lieu dhabitation et pour créer de nouveaux emplois.
Il doit être utile pour fonder une métropole soutenable.
Il doit être utile pour désenclaver, ressouder, réconcilier les territoires.
Il doit être utile pour préparer la métropole du 21e siècle attractive, innovante et solidaire.
Il doit être utile pour réussir aujourdhui et pour préparer demain.
En un mot. Hier comme aujourdhui, aujourdhui comme hier et demain comme aujourdhui le Grand Paris doit être et sera celui de ses habitants.
Je vous remercie.
Source http://www.territoires.gouv.fr, le 27 juin 2012
Monsieur le Président du Conseil régional
Messieurs les Présidents de Conseil général
Monsieur le Président du Conseil de Surveillance
Monsieur le Président du Conseil Stratégique
Monsieur le Président du Directoire,
Monsieur le Préfet de région,
Cest pour moi un plaisir - tout particulier et personnel que de prononcer aujourdhui ce premier discours de ministre du Grand Paris, à loccasion de cette inauguration de lexposition « Architecture et Design des gares du Grand Paris ». Lurbaniste que je suis de formation est particulièrement sensible à lobjet bien plus politique quanecdotique de cette exposition. Lusagère quotidienne des transports en commun sait combien la forme dune gare peut être synonyme de simplicité ou de lourdeur au quotidien pour le passager.
Une gare ce nest pas un objet sans âmes. Cest un lieu commun au sens le plus classique et le plus simple, c'est-à-dire un lieu du quotidien. Cest un lieu de passage, un lieu de rencontre. Un point qui recouvre la banalité dans ses moments les plus heureux comme les plus pénibles. Mais une gare, cest aussi en soi, et cela doit le rester dans le Grand Paris, une invitation au voyage, une ouverture à la mobilité, à pouvoir aller voir ailleurs. En quelque sorte, une fenêtre ouverte sur le monde.
La gare comme lieu peut être au choix synonyme daliénation au quotidien, comme un lieu démancipation parce quil ouvre à chacun une fenêtre sur la mobilité. Elle peut être vécue comme une contrainte ou au contraire comme une solution.
Alors les gares dont nous présentons ici les formes sont peut-être en elles-mêmes une belle synthèse du projet qui nous attend. Elles doivent répondre à cet étrange paradoxe, mais à cette question ô combien politique : être lutile à lurgence du temps présent, comme apporter des réponses à notre avenir.
Dans le projet de réseau de transport automatique, Grand Paris Express, les gares se trouvent au coeur même de nos cartes. Elles seront au nombre de 72 sur un réseau long de 175 kilomètres. En somme, elles contribueront à donner sa forme à la métropole de demain.
Ce ne sera pas la première fois. La première gare de Paris, que lon appelle aujourdhui la Gare Saint -Lazare, vit le jour il y a maintenant 175 ans, on lappelait alors lembarcadère des chemins de fers. Sous la IIIe République, le gouvernement avait mis un point dhonneur à ce que les gares prennent la forme de Palais du quotidien pour la République. Elles se devaient dêtre majestueuses et emblématiques. Elles ne devaient pas simplement servir les trains, mais dabord pouvoir servir les gens. Près de deux siècles plus tard, lobligation pour nous reste la même.
Cest pourquoi, linitiative de la Société du Grand Paris et lexposition qui nous occupe aujourdhui mérite dêtre à la fois soulignée et saluée. Vous avez choisi de donner à ces 72 gares, un même esprit à travers une charte darchitecture et du design comme en sont dotées les gares les plus modernes, les plus performantes et les plus belles du monde. Chaque gare sera ainsi amenée à être pensée non pas en elle-même, mais comme un lien, un point dattache et dancrage avec le territoire quelle dessert. Cest de là quémergeront les « rhizomes métropolitains » que latelier Portzamparc avait si bien analysés, à la suite des théories visionnaires de lécologiste Felix Guattari.
Chacun des projets qui ici ont étés remis et que vous découvrirez méritent dêtre salué et admiré. Ils sont dune qualité remarquable. Je tiens à féliciter particulièrement le lauréat Jacques FERRIER, ainsi que ses équipes, qui a su séduire avec son concept tentant dune « gare sensuelle » à la suite de ses travaux lors de lexposition universelle de Shanghai. Il a ainsi pris le temps de proposer une vision qui sort le métro de lengouffrement, de lenfouissement. Le réseau ne doit pas échapper à la ville, encore moins sopposer à la vie publique. La gare doit entrer et se conjuguer avec lespace bâti et forger une forme de parcours continu entre la gare et la ville, espace public où sexpérimentent de nouvelles façons dêtre ensemble. En somme, son projet ne fait pas de la gare seulement un espace conçu, il sattache à en faire un espace vécu. Il met ainsi lhumain et le quotidien au coeur dun même projet darchitecture.
La gare et le quartier qui lentoure ne doivent être ni des lieux isolés, ni de simples lieux dexcellences. Ils doivent sinscrire pleinement dans une vision de la ville qui remplit tout son rôle et toutes ses missions, et non pas être au service dactivités et de bâtiments identiques et uniformes forgés par les seuls intérêts du marché. Elles doivent être des lieux de vies, où lon trouve à se loger, à vivre et à travailler.
La mission de Jacques FERRIER ne fait donc que commencer. Tout au long de son travail avec la Société du Grand Paris, je linviterais à être attentif aux treize recommandations sur les gares formulées par lAtelier International du Grand Paris, sur les gares pour que ce projet se marie avec la forme que prendra demain le territoire, mais aussi avec les 350 gares qui existent déjà aujourdhui.
Car même les gares les plus belles, même le réseau de transport le mieux conçu et le mieux théorisé ne peut résumer à lui seul un territoire et ses habitants. Lhistoire nous a montré que ce sont dabord les habitants qui donnent vie et forme à un territoire, et non pas les grands bâtisseurs quels que soient leurs talents, la forme et la beauté de leur vision.
Les métropoles du monde entier ne se dessinent plus seulement sur des cartes ou par des schémas. Elles ne se résument pas seulement par des grands projets ou de beaux tracés. Elles trouvent leur chair et leur sens dans la vie des habitants qui la construisent chaque jour.
Cest le sens qua voulu donner le Président de la République à la feuille de route qui est la mienne.
Remettre au coeur du projet républicain, les territoires, mais en faisant franchir un nouveau cap aux politiques publiques du territoire. Le temps de laménagement centralisé, chacun le sait, est révolu. A lheure de la décentralisation, le rôle des politiques publiques est découter et de concerter, de servir ensemble les habitants et leurs élus locaux. Mais le rôle des politiques, cest aussi darbitrer et de décider, en somme de fixer un cap et de préciser un projet : celui du gouvernement est clair, cest lEgalité. Voici pourquoi nous réunissons au sein dun même ministère, laménagement du territoire, la politique de la ville, lespace rural, la rénovation thermique, le logement, lurbanisme, la construction et bien sûr : le Grand Paris.
Je mexprime devant vous pour la première fois comme ministre du Grand Paris. Le sens de ma mission est clair et simple. Sa place est au coeur de ces territoires, car le projet du Grand Paris ne peut se résumer à un projet de transports, mais traverse toutes les dimensions de la mission que ma confiée le président de la République.
LEgalité des Territoires est très attendue dans la région capitale et en Ile-de-France.
Légalité des territoires, cest dabord une vision de laménagement parfois lointaine de certains de mes prédécesseurs. On ne peut considérer quil suffirait pour répondre aux attentes de douze millions de franciliens de relier entre eux des pôles dexcellence, au seul titre de leur attractivité économique et pour une plaquette de marketing territorial. Bien sûr que lemploi est au coeur de nos préoccupations. Mais le premier emploi qui nous soucie, cest celui des franciliens pour qui nous voulons un quotidien plus aisé, plus facile. A rebours dune vision qui passerait outre les habitants, il nous faut penser les complémentarités, les équilibres économiques, sociaux, culturels, urbains, écologiques, dans une métropole répartie et innovante. Une métropole qui mise sur la solidarité et linvention, plutôt que sur la compétition et légoïsme. Le Grand Paris naurait pas de sens, sil se construisait pour ses concurrents, plutôt que pour ses habitants. Le Grand Paris, ça ne pourra pas être Dubaï sur Seine.
Légalité des territoires, cest répondre au besoin pressant de logement, tant les habitants nous en demandent dans la région capitale. Les engagements du président de la République sont clairs : en matière de logement et il a dressé une feuille de route nationale, avec de très nombreux impératifs. Mais cest dans la région capitale que lurgence de ces nouvelles politiques se pose de la manière la plus évidente et la plus urgente.
Cest ici que lencadrement des loyers qui sappliquera dans quelques mois est impératif.
Cest ici quil nous faudra bâtir, quil nous faudra reconstruire.
Cest ici quil faudra mettre un terme aux passoires énergétiques si nombreuses.
Cest ici quil nous faudra aussi mobiliser le foncier pour que les collectivités puissent construire le plus de logement social.
Cest ici quil nous faudra appuyer et soutenir les efforts engagés par les collectivités locales.
Et que les choses soient claires, il ne pourra y avoir ici de donneurs de leçons qui ne sont pas engagés dans ce projet dambition nationale. LEtat sait faire la différence entre une collectivité qui donne les moyens au logement et à la mixité sociale. Il sait faire la différence entre un maire bâtisseur et un maire qui se détourne de ses obligations.
Légalité des territoires, dans la région capitale, cest le souci permanent de lécoute et de la démocratie. LEtat ne sera pas là pour dicter ou pour décider dune conduite, mais bien pour accompagner et pour soutenir la volonté des collectivités locales, de leurs élus et de leurs politiques. Les outils que nous allons bâtir ensemble doivent être autant de moyens au service des praticiens quotidiens de lIle de France. LEtat que nous voulons, ce nest pas un retour de lEtat roi des siècles derniers, de lEtat centralisé qui décide de tout, mais accomplit peu. Nous voulons un Etat stratège qui pense les temps présents et accompagne les choix à venir.
Les priorités du gouvernement sont connues.
Des richesses mieux distribuées entre les territoires avec une péréquation juste et équitable entre ceux-ci.
Des territoires aux compétences mieux partagées avec une décentralisation plus harmonieuse et plus avancée, qui verra le jour avec lActe III engagé par Marylise LEBRANCHU, Ministre de la Réforme de lEtat, de la Décentralisation et de la Fonction Publique.
Des territoires qui sorganisent au plus près des habitants et non pas en opposition entre les décideurs. Les contrats de développement territoriaux devront donc être pleinement articulés avec le Schéma Directeur de la Région Ile de France. Je sais que Monsieur le Préfet de Région, y est particulièrement attaché et attentif.
Ne nous leurrons pas, le projet dune gouvernance plus équilibrée et plus efficace de la région capitale est un des projets les plus courageux, mais aussi des plus ambitieux à mener. Le gouvernement le prendra à bras le corps. Cette tache je ne la mènerais non pas seule mais en constante harmonie et en préoccupation commune avec mes collègues Marylise LEBRANCHU et le Ministre de lIntérieur, Manuel VALLS.
Mais si la gouvernance est essentielle, elle ne répondra pas à tous les enjeux. Elle est une nécessité mais elle ne peut pas être un préalable. En somme, si nous voulons nous dire les choses clairement, il nous faudra avancer sur la gouvernance, mais elle ne peut être une hypothèque sur lambitieuse nécessité dun projet de transports que de nombreux franciliens attendent. Le gouvernement ne conçoit pas davancer sur la forme que prendra demain la région capitale, sans mettre le projet de transport au coeur de ces ambitions.
Ce tracé sur lequel vous vous êtes accordés, dresse une ambition et une volonté. Mais il ne peut avoir de sens que sil vise dabord à répondre aux attentes des élus, à léquilibre des territoires et à lensemble des habitants de la Région capitale. Aucun dentre nous ne pourra inviter un citoyen qui fait face chaque jour aux difficultés du RER et des transports franciliens à prendre son mal en patience pour les 25 ans à venir. Je ne souhaite ni opposer aujourdhui à demain, ni lavenir au quotidien, mais au contraire mener de front ces deux chantiers avec une seule volonté : répondre aux citoyens.
Le projet devra répondre aux objectifs de transition écologique qui sont les nôtres. Il doit préserver les espaces de respiration qui sont notre patrimoine naturel, notamment les terres agricoles de proximité. Il doit avoir comme objectif permanent que la ville consomme moins mais consomme mieux. La ville doit donc être le premier lieu qui sattaque au dérèglement climatique et non pas le premier producteur démissions néfastes. Elle doit donner à ses habitants une pleine mobilité, sans les rendre dépendants de leur automobile. Ainsi, ce projet doit être utile pour que lamélioration du quotidien ne rime pas avec une expansion sans limites, qui viendrait obérer les possibilités dun avenir soutenable pour la métropole.
Comme la annoncé le Président de la République, le gouvernement souhaite maintenir et poursuivre le projet du Grand Paris Express. Mais il souhaite le réconcilier avec le projet dégalité des territoires. En devenant Ministre du Grand Paris, je suis modestement devenue dépositaire de ce succès. Jai toujours considéré que le Grand Paris Express pouvait être un beau et un grand projet, pour peu quil se montre lui-même toujours et chaque jour plus attentif aux préoccupations des élus, à léquilibre des territoires, au sort des habitants et aux urgences qui nous attendent.
Pour réussir et être efficaces, les artisans de la Société du Grand Paris peuvent être assurés de ma confiance. Le Président du Directoire Etienne Guyot a su montrer son talent et sa dextérité pour concilier les oppositions. Je le remercie de sêtre mis à la disposition du gouvernement dès le premier jour.
Le 5 Juillet prochain se réunira le Conseil de Surveillance de la Société du Grand Paris. Le déroulement des enquêtes publiques y sera précisé, afin dassocier pleinement les citoyens. Je recevrai dici là, lensemble des présidents des conseils généraux, le Président du Conseil Régional, le Maire de Paris, les représentants de Paris Métropole pour entendre les conditions quils voient à la meilleure réussite du projet.
Le gouvernement, défendra, lui trois exigences.
Tout dabord une exigence de priorité. Tout ne pourra pas se faire tout de suite, ni en même temps. Chacun le sait. Face aux contraintes budgétaires, si nous voulons passer aux actes, il nous faudra fixer des échéances. Plutôt que des effets dannonces, je souhaite être la Ministre des résultats concrets.
Ensuite, une exigence de proximité. A chaque fois que nous identifierions des priorités, celles-ci devront se justifier par le souci de répondre à lurgence, au quotidien et aux besoins des habitants. Cela fait trop longtemps que lIle de France na pas vu la qualité de ses transports améliorée. Les besoins sont immenses. A nous de les satisfaire.
Enfin, une exigence defficacité. Aucune contrainte administrative, aucun prétexte dorganisation ne doit contrarier notre obligation de résultat. Partout, les élus devront être mieux représentés et plus nombreux. Partout, les citoyens devront être plus écoutés et mieux entendus. Mais lheure nest pas au big-bang institutionnel. La responsabilité est aujourdhui celle des opérateurs et de la puissance publique qui ne doivent plus chercher des excuses mais apporter des solutions. Cest le mandat que leur donne le gouvernement et cest lesprit dans lequel je travaille avec M. Frédéric CUVILLIER, Ministre des Transports.
Mesdames, Messieurs,
Vous lavez compris la volonté du gouvernement est claire : le Grand Paris doit être utile. Il doit être utile aux usagers des transports qui ne supportent plus les difficultés du quotidien.
Il doit être utile pour rapprocher le lieu de travail et le lieu dhabitation et pour créer de nouveaux emplois.
Il doit être utile pour fonder une métropole soutenable.
Il doit être utile pour désenclaver, ressouder, réconcilier les territoires.
Il doit être utile pour préparer la métropole du 21e siècle attractive, innovante et solidaire.
Il doit être utile pour réussir aujourdhui et pour préparer demain.
En un mot. Hier comme aujourdhui, aujourdhui comme hier et demain comme aujourdhui le Grand Paris doit être et sera celui de ses habitants.
Je vous remercie.
Source http://www.territoires.gouv.fr, le 27 juin 2012