Texte intégral
Monsieur le Président du Conseil Economique et sociale et environnemental : Mesdames, Messieurs les ministres ; Mesdames, Messieurs les élus ; Mesdames, Messieurs les présidents et secrétaires généraux ; Mesdames, Messieurs. Parler de cette tribune, à loccasion de la clôture de la grande conférence sociale est plus quun symbole. Nous sommes ici au Conseil économique et social dans ce lieu de cette assemblée, que le président Dermagne concevait comme la maison du dialogue social, eh bien je tiens à mon tour à lui rendre hommage et à saluer celui qui a fait du dialogue social un concept mais aussi une pratique. Je profite de cette occasion pour remercier encore le président Jean-Paul Delevoye davoir bien voulu mettre à la disposition de tous les participants le palais dIéna pour organiser cet évènement.
Mesdames, messieurs, lexercice que nous venons de réaliser est une première, jen suis particulièrement heureux car je crois que nous venons de vivre un authentique moment de démocratie sociale. Le président de la République la dit hier avec franchise mais aussi avec lucidité, notre pays est dans une situation économique et sociale difficile. Il nous faut définir les réformes structurelles, ambitieuses et durables qui doivent permettre de réussir le redressement du pays et en même temps de tout faire pour préserver notre modèle social et républicain. Les Français ont fait le choix du changement, toute mon énergie sera consacrée à la mise en uvre de cette volonté ainsi exprimée par la Nation. Ces réformes sont nécessaires et elles nous imposeront de faire des choix, de définir des priorités, le gouvernement les conduira avec le souci constant de la justice et de lefficacité.
Je vous ai entendu lors de nos rencontres préparatoires, organisations syndicales de salariés et demployeurs, vous avez tous conscience de la gravité de la situation et donc de notre responsabilité collective. Parce que vous avez tous conscience aussi de nos atouts, les atouts de la France, de notre capacité à ne pas subir, à réagir avec vigueur, à mobiliser toutes nos forces et à conjuguer nos différences avec un même objectif, et je le répète, le redressement du pays, cest pour ça je suis convaincu que nous pouvons réussir. Alors maintenant il faut travailler comme nous lavons fait pendant deux jours, rechercher des compromis, prendre le temps du dialogue, cest essentiel, mais avec cet esprit, je le répète, de réussir, ce qui suppose aussi de savoir conclure et avancer. Depuis deux jours, nous avons travaillé à lélaboration de la feuille de route sociale des prochains mois et des prochaines années. Mais en réalité ce nest pas deux jours seulement que nous avons travaillé mais cest un mois de travail intense que nous venons de partager. Je sais en effet que du côté de vos organisations comme du côté des ministères la préparation de cette conférence a été approfondie et sest enrichie de multiples échanges croisés. Jai même entendu plusieurs dentre vous me dire quils retrouvaient le chemin de Matignon ou des ministères. Là rien de plus normal mais en tout cas je me réjouis quil en soit ainsi parce que cest indispensable, il ny a pas dautre mode de fonctionnement possible. En tout cas, le dialogue social est et sera la marque de fabrique de mon gouvernement.
Et je veux répondre par avance aux critiques de certains qui voient dans le dialogue social apaisé et ordonné un frein à laction immédiate. Mais le gouvernement agit, il fait face aux urgences, cest son devoir, il le fait dailleurs en ce moment avec le débat qui va souvrir à lAssemblée nationale comme au Sénat sur le collectif budgétaire, à la fois maîtriser nos comptes publics mais aussi tenir les engagements qui ont été pris par les Français, prendre les premières mesures qui simposent. Le gouvernement fait face aussi à des situations difficiles, dentreprises en difficulté, de plans sociaux dont certains sont parfois très brutaux. Le gouvernement travaille aussi à la préparation dans lurgence de la rentrée scolaire. Mais en même temps notre pays a besoin de réformes en profondeur. Et les réformes structurelles ne peuvent pas être menées à la hussarde et donc je réponds à ceux qui voudraient que tout soit réglé en quelques minutes ou quelques jours. Ou alors nous prenons le risque que ces réformes soient rejetées par le corps social, quelles soient des réformes mort-nées et quau fond elles conduisent trop souvent, cest le cas, au sentiment dabandon et à limpuissance et donc au bout du compte au renoncement. Nous prendrons le temps nécessaire du dialogue social parce que cest un temps utile, indispensable. Les Français ne veulent plus être brusqués, ça ne veut pas dire quils ne veulent pas laudace, et je soutiens ici devant vous que le temps du dialogue est un temps efficace. Cest pourquoi je tiens à nouveau à vous remercier de votre participation et davoir bien voulu sans exception vous inscrire dans cette démarche que nous avons proposée. Je voudrais aussi madresser à ceux qui ne sont pas là aujourdhui, à ces nombreuses organisations qui ont participé à des rendez-vous, préparé des contributions souvent écrites et qui ont ainsi enrichi en amont notre réflexion collective.
Il était important que ce premier grand moment réunisse principalement les partenaires sociaux. Et je lai annoncé dans mon discours de politique générale, dautres événements viendront rythmer les prochaines semaines et les mois à venir avec dautres acteurs et parfois aussi avec vous et je pense notamment à la grande conférence de lutte contre la pauvreté et lexclusion que je prévois dorganiser à lautomne sans oublier la conférence environnementale à laquelle vous êtes aussi conviés, que le président de la République a évoqué hier lors de son discours douverture. Au terme de ces deux jours déchanges, mon propos nest pas de conclure sur des mesures précises ou alors ça signifierait que lexercice était artificiel et quil nétait quune façade de dialogue pour des décisions en réalité déjà prises. Non, nous ne décidons pas du contenu des réformes mais nous traçons nos objectifs et nous établissons un calendrier volontariste.
Je lai dit, nous souhaitons ici redonner toute sa place au dialogue social et donc il est important, et nous en sommes tous conscients, que ce dialogue évolue et surtout quil gagne en force. Cette force du dialogue social cest celle que lEtat doit accorder aux partenaires sociaux, cest dailleurs le sens de la réforme constitutionnelle dont a parlé hier le président de la République. Nous la proposerons à lissue dune large concertation, son objectif est pour nous sans ambiguïté, il sagit daccroitre la reconnaissance des partenaires sociaux et de la démocratie sociale et non de définir un domaine qui leur serait exclusivement réservé. Car dans notre république sociale cest par le vote des citoyens, par le suffrage universel que sexerce la souveraineté mais cette légitimité sera dautant plus forte que nous saurons donner toute leur place aux corps intermédiaires. La force du dialogue social cest aussi celle que les partenaires sociaux se donnent eux-mêmes par leur capacité à négocier, à avancer, et pour cela leur légitimité doit être claire et renforcée par des règles de représentativité bien établies.
Un bilan sera réalisé au deuxième semestre 2013 sur la réforme de la représentativité syndicale. Nous ne souhaitons pas la remettre en cause mais apprécier si des ajustements sont nécessaires. Et sagissant de la représentativité patronale dont je connais la complexité mais aussi limportance, jai entendu avec satisfaction que les organisations représentatives des employeurs étaient prêtes à se saisir du sujet et nous faire des propositions. La force du dialogue social repose aussi sur la transparence à commencer par celle des financements. Des dispositions législatives sur la transparence financière des comités dentreprise seront adoptées début 2013. La force du dialogue social cest aussi celle des lieux où il sexerce. Je souhaite quun accord sur la question des instances représentatives du personnel aboutisse avant la fin de lannée. Les salariés doivent être présents là où lavenir de leur entreprise, et donc le leur, se décide. Ils doivent ainsi pouvoir bénéficier de nouveaux droits permettant une meilleure information sur la situation de lentreprise. Linformation des salariés doit à tout moment être loyale et transparente. La question de la présence des salariés dans les conseils dadministration est posée ainsi que celle du dialogue social territorial au niveau des bassins demplois. La force du dialogue social cest celle aussi de se acteurs, la reconnaissance des parcours militants et de lexpérience acquise dans lexercice de mandats interprofessionnels est un sujet important, je souhaite quune négociation puisse semparer de cette question. Il faut en effet quun tel engagement ne soit pas un frein ou même une source de discrimination mais quil soit au contraire pris en compte à sa juste valeur dans le déroulement dune carrière professionnelle. La force du dialogue social cest enfin sa cohérence et son efficacité. La multiplication des dispositifs rend aujourdhui difficilement lisible le champ de la négociation obligatoire et la sanction du non-respect de ses obligations. Un groupe de travail sur la rationalisation des négociations obligatoires sera mis en place avant la fin de cette année.
Je reviens maintenant aux débats qui ont été conduits dans les sept ateliers. Je voudrais remercier aussi les facilitateurs qui viennent de nous présenter leurs rapports de synthèse. Ils nous ont dans ces rapports délivrés les grands axes au cours duquel nous allons construire notre programme daction. Cétait après deux intenses demi-journées un exercice délicat mais particulièrement réussi et encore une fois merci. Ce qui ressort à nos yeux, mais je ne prends pas beaucoup de risques en le disant, après ces deux jours comme priorité, cest lemploi. Notre mobilisation pour lemploi doit sarticuler avec la reconnaissance du travail, de son sens, de sa qualité et nous refusons dopposer les situations entre elles, les demandeurs demploi ou les salariés. Laccès à lemploi et à la promotion de la qualité du travail doivent être menés de front. Trop de salariés sont aujourdhui démotivés, découragés, déçus alors même quils accordent une place essentielle au travail. Nous devons répondre à cette attente majeure et légitime. La table ronde sur lemploi a permis didentifier des chantiers prioritaires, ambitieux, susceptibles de développer et sécuriser lemploi dans ce contexte économique difficile.
Pour favoriser linsertion professionnelle des jeunes faiblement qualifiés, le gouvernement conduira au cours de lété une consultation des partenaires sociaux et des acteurs territoriaux sur la mise en uvre des emplois davenir. Je souhaite que nous avancions rapidement sur ce sujet tant lurgence lexige. Le gouvernement souhaite que le Parlement en soit saisi dès la rentrée parlementaire doctobre. Concernant le contrat de génération, conçu dans un double objectif dinsertion professionnelle durable des jeunes et du maintien dans lemploi des salariés seniors, sil fait lobjet dune appropriation par les partenaires sociaux, il nen sera que plus efficace. Le gouvernement invitera donc les partenaires sociaux à négocier au niveau national, interprofessionnel dici la fin 2012 sur les modalités de ce contrat. Je pense en particulier à la place accordée aux négociations de branches et dentreprises sur ladaptation du dispositif aux différentes tailles dentreprises et à la mise en uvre du transfert des compétences. Les partenaires sociaux ont par ailleurs exprimé le souhait dengager au premier trimestre 2013 une négociation interprofessionnelle sur lamélioration de laccès à lemploi et à la formation professionnelle des travailleurs handicapés. Il sera tenu compte des résultats obtenus avant de décider dun éventuel renforcement des sanctions applicables aux entreprises qui ne respectent pas leurs objectifs en matière demploi des travailleurs handicapés.
Enfin, nous devons répondre à la situation globale de lemploi. Allons-nous laisser notre pays demeurer le théâtre de plans sociaux qui se multiplient, qui minent la confiance et le moral des salariés et de lensemble des acteurs de léconomie ? Face à la forte dégradation de la situation de lemploi dont les principales victimes sont les salariés précaires et ceux qui sont touchés par des licenciements économiques, nous devons à la fois, je lai dit, agir dans lurgence et apporter dans le cadre dun dialogue approfondi mais en fonction dun calendrier exigent des réponses de long terme. Dès la rentrée 2012, nous améliorerons ensemble le dispositif du chômage partiel à partir de lévaluation de votre accord.
Lutter contre la précarité de lemploi et trouver les moyens daccompagner les mutations économiques sont une nécessité. Mais ces sujets ne sont pas nouveaux mais je souhaite vous proposer de repartir sur de nouvelles bases. La négociation compétitivité-emploi, de lavis général, est partie sur de mauvaises bases et donc nest plus à lordre du jour pour toutes les raisons que vous savez. Un acte II de la négociation sur le marché du travail, ce nest pas non plus mon état desprit. Cest pourquoi je vous propose une nouvelle démarche pour la sécurisation de lemploi.
Le gouvernement invitera les partenaires sociaux, sur la base dun document dorientation qui sera transmis en septembre prochain, à négocier au niveau national interprofessionnel avant la fin du premier trimestre 2013 les conditions dune meilleure sécurisation de lemploi. Et cela suppose davancer sur deux fronts. Dabord, lutter contre la précarité de lemploi. Le recours aux CDD, à lintérim, au temps partiel subi ne peut plus être un modèle qui se généralise. Son coût doit être, à mon sens, renchéri en agissant sur les cotisations dAssurance Chômage. Trouver ensuite les moyens daccompagner les mutations économiques. Dans tous les cas, il faut tout faire pour maintenir lemploi. Mais là aussi les voies à emprunter diffèrent selon la situation, la situation de lentreprise.
Quand une entreprise rencontre des difficultés conjoncturelles, il faut définir des leviers plus efficaces de maintien dans lemploi. Et lorsque des licenciements collectifs sont envisagés, il faut améliorer et sécuriser les procédures. Mais il faut aussi encadrer les licenciements abusifs et en cas de projet de fermeture de sites rentables, créer une obligation de recherche de repreneurs.
Jai compris que pour tenir compte des évolutions induites par les négociations évoquées à linstant, les partenaires sociaux pourraient anticiper la renégociation de la convention dAssurance Chômage. Et de façon plus générale, il conviendra de réaliser une évaluation des aides publiques aux entreprises pour juger de leur pertinence en termes de développement économique et demploi.
Enfin il faudra faire le point sur lefficacité des politiques de lutte contre le travail illégal et la commission nationale qui en a la charge sera réunie au début de lautomne.
La formation professionnelle est un enjeu majeur de lobjectif de sécurisation des parcours professionnels. Au vu des travaux de ces deux jours, il est apparu quil nétait pas nécessaire délaborer une nouvelle grande réforme de la formation professionnelle mais, bien au contraire, de construire des actions concrètes à déployer sur les territoires. LÉtat, les régions et les partenaires sociaux sont résolus à se mobiliser autour dun plan daction en trois volets. Dabord, diminuer le nombre de jeunes entrant sur le marché du travail sans qualification. Il faut notamment renforcer la lutte contre toutes les formes de décrochage. Pour eux, la formation devra saccompagner nécessairement de solutions permettant aussi de lever tous les ans lobstacle à lemploi je pense au logement, je pense aux transports.
La deuxième priorité de ce plan daction, cest daccompagner les salariés dans les entreprises menacées par les mutations économiques pour les former plutôt que de les licencier et, en amont, préparer leur reconversion pour éviter le risque de licenciement. Et enfin renforcer la formation des demandeurs demploi, ce qui suppose des liens étroits entre les régions et Pôle Emploi.
Je souhaite quun plan durgence soit préparé sans attendre et mis en uvre au niveau régional dans les meilleurs délais. Il pourra notamment sappuyer sur la prochaine convention entre lÉtat et le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels pour la période 2013-2015. À cet égard, je tiens à rassurer les partenaires sociaux qui sen sont inquiétés, ce fonds, géré paritairement, ne sera pas ponctionné ou plutôt ne sera plus ponctionné.
Par ailleurs, un chantier ambitieux sera engagé sur le compte individuel de formation. Il convient dassurer, en effet, la portabilité des droits à la formation. Le Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie conduira cette analyse dès septembre 2012. Et puis la formation, cest aussi celle qui se fait en entreprise. La formation en lien avec la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences pourrait donner lieu à négociation régulière au sein des entreprises afin dêtre traduite par lemployeur au sein du plan annuel de formation.
La réussite de cette démarche exige une bonne concertation des acteurs, en particulier au niveau des territoires. Je souhaite à cet égard que les partenaires sociaux soient associés à la préparation de la nouvelle étape de décentralisation. Jai aussi entendu limportance que vous accordez au thème de lorientation. Un bilan de ce qui a été engagé dans le cadre du service public de lorientation sera réalisé à lautomne 2012 et contribuera à nourrir la réflexion sur cette thématique dans le cadre de lélaboration du nouvel acte de décentralisation. Enfin, sur la formation, soyez assurés que lÉtat, comme les autres acteurs, met tout en uvre pour assurer lavenir de lAfpa.
La troisième table ronde portait sur les salaires. Nous voulons donner au travail toute la valeur qui doit être la sienne et assurer aux salariés la juste contrepartie de leur travail. Nous devons également prendre en compte la compétitivité et les impératifs de la compétitivité des entreprises. Et comme lengagement en avait été pris par le président de la République, nous souhaitons permettre une évolution des règles de revalorisation du SMIC visant à mieux intégrer la croissance. À cet effet, un groupe de travail interministériel travaillant en loin étroit avec les partenaires sociaux examinera les différents scénarios dajustement des critères de revalorisation. Ces propositions seront débattues dans le cadre de la Commission nationale de la négociation collective et le gouvernement présentera ensuite un projet de texte avant la fin de lannée.
Mais au-delà du SMIC, la question des bas salaires repose sur le dynamisme de la négociation de branche et dentreprise. Le comité de suivi des négociations salariales de branche sera convoqué à la rentrée pour faire le point sur lengagement des négociations dans les branches qui présentent aujourd'hui un minimum conventionnel inférieur au SMIC. Le cas échéant, les actions correctrices nécessaires seront programmées et le gouvernement présentera un bilan global de la situation en fin dannée.
Nous examinerons, en concertation avec les partenaires sociaux, les mesures nécessaires pour éviter que les entreprises puissent tirer bénéfice de linertie des négociations de branche. Il nest par ailleurs pas acceptable quun salarié ne connaisse pas de progression salariale au cours de sa carrière. Un travail approfondi sera donc mené en parallèle sur les trajectoires salariales permises par les grilles conventionnelles et sur les efforts à poursuivre dans les branches où la négociation est durablement bloquée.
Il nous faut aussi avancer sur les autres éléments de la rémunération qui sont essentiels. Jai compris aussi quune négociation interprofessionnelle serait lancée en 2013 sur les dispositifs de participation et dépargne salariale visant à en simplifier léconomie générale, à en favoriser laccès aux petites et moyennes entreprises.
Quant à la fameuse prime dividende, vous avez tous pointé son inefficacité et cest pourquoi elle sera tout simplement supprimée dans le cadre de cette approche globale. Vous le savez, notre souci constant, cest la justice. Nous ne pouvons plus tolérer des pratiques que les Français ne comprennent pas et ne supportent plus. Avant la fin de lannée, nous présenterons un projet de loi visant à empêcher la pratique des rémunérations abusives et à renforcer le cadre de la gouvernance dans lentreprise sur ce point, notamment par la participation des représentants des salariés au comité de rémunération.
Et puis la politique salariale, cest aussi lenjeu de légalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Nous avons souhaité traiter ce sujet de façon plus large, en liaison avec la question de la qualité de vie au travail. Et ce nest pas anodin. Favoriser légalité, cest aussi mettre en uvre de nouvelles pratiques professionnelles qui favorisent la qualité de vie au travail et même la qualité du travail lui-même comme facteur de santé mais aussi de performance économique. Là encore, nous navons pas besoin de nouvelle loi, nous devons dabord rendre la loi effective et nous mobiliser ensemble, partenaires sociaux et gouvernement, en faveur dune égalité réelle entre les femmes et les hommes.
Au-delà de larsenal juridique, légalité professionnelle doit devenir une priorité partagée des chefs dentreprise, de lÉtat, des collectivités territoriales et des représentants des salariés dans lentreprise. Des plans daction régionaux seront définis dici la fin 2012. Des branches se sont dailleurs déjà engagées dans ces démarches. Je pense, par exemple, à celle exemplaire de la propreté. Et nous adapterons les décret dapplication de larticle 99 de la loi du 9 novembre 2010 après consultation du Conseil supérieur de légalité professionnelle pour renforcer son efficacité, notamment dans les grandes entreprises, autour de deux axes : donner une priorité à la négociation par rapport à linitiative unilatérale de lemployeur, prévoir la transmission à lÉtat des plans des employeurs.
Mais au-delà, les partenaires sociaux ont décidé de lancer, en septembre, leurs négociations sur légalité professionnelle et la qualité de vie au travail avec pour objectif daboutir avant la fin du premier trimestre 2013 et je propose quun point détape soit réalisé à la fin 2012. Au terme de cette négociation, nous définirons, avec les partenaires sociaux, les mesures législatives ou réglementaires à envisager.
Jai compris et je men réjouis que la négociation des partenaires sociaux traiterait de larticulation des temps professionnels et des temps familiaux, de la prise en compte de la parentalit?? dans lentreprise. Elle pourra aussi intégrer la problématique des congés familiaux.
Dans le cadre des négociations à venir, je pense aussi très important que la question du temps partiel soit traitée dans toute sa dimension à travers la lutte contre la précarité, la limite des temps partiels de très faible durée, laccès aux droits sociaux, lamplitude et la prévisibilité des horaires. Et pour renforcer la place des femmes dans le monde du travail, deux chantiers pourront être lancés : la négociation sur la modernisation du dialogue social pourrait permettre dexplorer des mesures pour assurer une meilleure représentation des femmes dans les instances représentatives du personnel ; lÉtat et les partenaires sociaux développeront des actions de sensibilisation auprès des entreprises concernées pour conforter les dynamiques positives de promotion des femmes sur des postes de comité exécutif.
Je souhaite enfin quune réflexion sur la responsabilité sociale des entreprises et la notation sociale puisse souvrir entre lÉtat et les partenaires sociaux. Je noublie pas que la santé au travail est un enjeu majeur pour les salariés et pour les entreprises. Le gouvernement proposera des groupes de travail aux partenaires sociaux pour faire évoluer la gouvernance et ainsi définir les actions prioritaires à mettre en uvre au niveau des branches et des territoires. Il sagit daméliorer les conditions de travail des salariés, notamment dans les petites entreprises.
Mesdames, Messieurs, jen viens après ces quatre tables rondes consacrées aux questions du travail, aux questions de lemploi à des enjeux à la fois complémentaires et indispensables qui sont ceux du redressement productif de notre pays. Notre industrie est essentielle à notre économie. Mais vous le savez, sa part dans la richesse nationale et dans lemploi na cessé de reculer ces dernières années. Nous devons agir pour améliorer sa compétitivité en jouant sur lensemble des leviers. À cet effet, le rôle de la conférence nationale de lindustrie sera réaffirmé. Jaurai loccasion, dès demain, douvrir sa prochaine réunion. Le soutien à linnovation et à la recherche technologique doit être parmi les priorités. Les Investissements dAvenir, les pôles de compétitivité doivent continuer de jouer tout leur rôle. Quant au crédit impôt recherche, son ciblage sera affiné pour le rendre plus efficace et plus accessible aux PME et aux entreprises de taille intermédiaire.
Le financement des entreprises est aussi un sujet majeur dont beaucoup dentre vous mont parlé. Les dispositifs de financement public existants doivent être mieux coordonnés, doivent être simplifiés et rendus plus efficaces. La Banque publique d'investissement, qui sera mise en place avant la fin de lannée, doit répondre à ce défi en diffusant, au sein des territoires, en particulier en lien avec les régions, un véritable service aux entreprises service daccès et apportant une solution individuelle personnalisée à chaque situation.
Mais au-delà des questions de financement, limage de lindustrie doit être revalorisée auprès des jeunes et les métiers techniques confortés et cela dès lécole primaire. Grand chantier du redressement de notre système éducatif que nous voulons lancer. La Semaine de lindustrie peut participer à cet objectif en devenant un rendez-vous annuel incontournable.
Et sagissant enfin de lenvironnement des entreprises, de lécosystème dans lequel elles exercent leurs activités, il apparaît nécessaire de renforcer notre tissu industriel, par exemple, en améliorant les relations entre donneurs dordres et sous-traitants. Nos entreprises doivent apprendre à jouer collectif, comme leurs homologues allemands savent si bien le faire. Les PME et les établissements de taille intermédiaire doivent améliorer leur capacité à exporter. Nous devons veiller à ce que leur environnement réglementaire, administratif et fiscal soit propice à leur développement et les freins qui existent encore aujourd'hui doivent être levés.
Tous ces sujets sont essentiels et imposent des avancées rapides. Cest pourquoi jai décidé, dans la continuité des discussions engagées aujourd'hui, de confier à Louis Gallois, commissaire général à lInvestissement, une mission sur la compétitivité de nos entreprises afin de préparer la mise en uvre dactions concrètes dici la fin de lannée.
Mesdames, Messieurs, je vous ai dit ma volonté de préserver notre modèle social et républicain. Au cur de ce modèle, notre système de protection sociale et en particulier notre système de retraite par répartition doivent être pérennisés et consolidés. Sagissant du financement de notre système de protection sociale, il nous faut, en effet, trouver rapidement des perspectives tant pour assurer lavenir de la protection sociale que pour améliorer la compétitivité de nos entreprises. Plusieurs solutions sont sur la table. Il faut les prendre en considération. Et la conférence a fait apparaître des différences dappréciation mais a permis de dégager un accord, sinon sur les solutions et ce nétait pas son rôle , du moins sur le calendrier de travail.
Et pour élargir et diversifier les sources de financement de notre système de protection sociale, le gouvernement saisira le Haut Conseil du financement de la protection sociale dès le mois de septembre 2012. Ce dernier réalisera un diagnostic sur les modalités actuelles de financement de notre protection sociale, précisera le partage entre les besoins de protection sociale relevant dune approche contributive et ceux qui relèvent dune approche non contributive. Il dessinera les évolutions possibles du système actuel, notamment en matière de diversification des recettes. Et sur la base de ce rapport, qui sera remis au premier trimestre 2013, le gouvernement engagera une concertation avec les partenaires sociaux avec, pour objectif, une réforme législative en 2013.
Je sais que cest un calendrier exigeant. Je le comprends ainsi et je me félicite de ce volontarisme sur un sujet aussi essentiel. Sagissant des retraites, le Conseil dorientation des retraites adressera, à la fin de lannée 2012, un état des lieux de notre système et de ses perspectives financières. Un point précis sera en particulier élaboré sur la question de léquité du système, sur les déterminants du niveau des pensions et sur la transition emploi-retraite. À partir des travaux du COR, une commission ad hoc formulera, au début de lannée 2013, différentes pistes de réforme. Lune dentre elles concernera lévolution de notre système de retraite à long terme en répondant notamment aux questions suivantes : quelle solidarité mettre en uvre ? Comment simplifier le système ? Comment améliorer la situation des poly pensionnés et comment prendre, jallais dire, enfin en compte la pénibilité ?
Sur la base des conclusions de cette commission, une phase de concertation sur les évolutions souhaitables de notre système de retraite sera engagée à partir du printemps 2013. Jai enfin souhaité consacrer un temps spécifique de la conférence aux services publics qui emploient je le rappelle près de 20 % de la population active de notre pays. Vous le savez, jai décidé de mettre un terme à la méthode dite de la RGPP (la Révision générale des politiques publiques). Cette méthode a profondément déstabilisé nos services publics et leurs agents.
Le service public je laffirme et je le réaffirme ici est un élément essentiel du redressement du pays et nous avons désormais le devoir de repenser laction publique. Je veux, en effet, poursuivre la réforme de nos services publics, non pas pour les affaiblir mais pour les conforter, pour réaffirmer leur place et leurs missions au service de lintérêt général et de la cohésion nationale à la fois dans le cadre de la réforme de lÉtat comme dans le cadre de la nouvelle étape de la décentralisation.
Un nouvel espace de concertation sera instauré et décliné sur lensemble du territoire, associant représentants des personnels, des employeurs et des usagers. Y seront débattus le bilan de la RGPP sur la base de lanalyse que jai demandée à lInspection générale des affaires sociales, à lInspection générale de ladministration et à lInspection générale des finances, mais aussi les orientations pour rendre laction publique plus efficace et plus lisible, les travaux sur les missions et les perspectives dune nouvelle étape je lai dit de la décentralisation.
Le développement effectif du dialogue social doit être une priorité et aussi pour tous les employeurs publics y seront invités à garantir, au-delà des textes, leffectivité du dialogue et lélargissement du champ de la négociation. Une concertation sur les moyens mis à disposition des syndicats sera engagée en septembre 2012. Une négociation sur la prise en compte de lexercice des fonctions syndicales dans les parcours professionnels souvrira en outre dès le premier semestre 2013. Les employeurs publics doivent être exemplaires dans la gestion de leurs ressources humaines. Une concertation sera ouverte dès lautomne 2012 pour mieux répondre aux enjeux de la diversité, du handicap, de lemploi des seniors et de laccès des jeunes peu qualifiés à la fonction publique.
Une négociation sera ouverte dès le quatrième trimestre 2012 sur légalité professionnelle entre les femmes et les hommes qui pourrait permettre de conclure le premier accord en la matière dans la fonction publique.
Nous devons également améliorer au quotidien les conditions de travail des agents publics. Un bilan des accords déjà conclus sera réalisé pour identifier les moyens de franchir une nouvelle étape, pour prendre en compte, en effet, les questions de pénibilité et de santé au travail là aussi et pas seulement dans les entreprises privées. Un accord-cadre sur la prévention des risques psychosociaux sera proposé à la négociation dès la rentrée 2012. Et par ailleurs, je souhaite que laction sociale soit prise en compte avec toute son importance dans les services publics. Et sagissant des agents non titulaires, nous mettrons en uvre la loi du 12 mars 2012 sur la résorption de la précarité.
Enfin je propose une concertation à lautomne pour établir un diagnostic des politiques menées au cours des dernières années en matière dévolution de carrière, de rémunération et de mobilité. Elle nous permettra de diversifier et denrichir les parcours professionnels des agents et devra poser les bases dune méthode de travail, autorisant dans un contexte financier durablement contraint une politique de rémunération garantissant les perspectives de carrière des agents, une plus grande équité et une priorité aux agents de catégorie C.
Sur lemploi public comme sur tous les autres sujets que je viens dévoquer, que la conférence a traités, le gouvernement fera en sorte que la spécificité des outre-mer soit prise en compte dans les suites de nos travaux.
Mesdames, Messieurs, hier, le président de la République nous a invités à faire preuve dintelligence collective. Eh bien je crois pouvoir dire que nous nous y sommes efforcés. Dans mon intervention, jai tenté de vous indiqué, de la façon la plus complète possible, ce que le gouvernement retient des travaux de cette première grande conférence sociale. Je suis dailleurs impressionné par la richesse de vos échanges et la richesse aussi des chantiers que nous avons ouverts parce que, justement, la conférence sociale nétait pas un sommet spectacle mais un exercice de dialogue social approfondi.
Il nous est possible, à lissue des travaux, de dresser ce que jai appelé une feuille de route sociale. Cette feuille de route, qui reprendra les éléments plus détaillés encore que je viens de vous exposer, sera diffusée dès ce soir. Elle va tracer les perspectives et les objectifs que nous nous donnons pour avancer de façon volontariste au service de notre économie, au service des salariés, au service des demandeurs demploi, au service des entreprises, au service des services publics, au service des territoires.
Mais cette feuille de route nest pas formellement un contrat mais elle sefforce loyalement de décrire ce qui nous a semblé être un agenda partagé des réformes sociales à engager. Elle ne sera pas immuable. Elle a vocation à vivre. Elle a vocation à senrichir, même si elle est déjà il faut le reconnaître très ambitieuse. Mais je veux que lesprit qui a guidé nos travaux se perpétue au sein dune instance permanente. Cest pourquoi je vous propose, outre le grand rendez-vous annuel auquel le président de la République vous a conviés hier, de créer, dans lesprit de lancien Commissariat général au Plan, un lieu de dialogue et dexpertise permanent ouvert à lensemble des acteurs sociaux, un Conseil ou, si vous le souhaitez, un Commissariat du Dialogue social et de la Prospective.
Encore une fois, je vous adresse mes remerciements remerciements pour votre engagement, pour votre énergie, le temps que vous avez consacré à ces travaux et je vous invite à mesurer le chemin que nous avons accompli en si peu de temps. Nous ne partageons pas les mêmes avis sur lensemble des diagnostics et des solutions à mettre en uvre, mais justement, le dialogue est fait de cette diversité. Et il ny a rien de là que de plus normal. Mais jémets seulement un vu : je souhaite que le respect, lécoute et le sérieux qui ont présidé à nos travaux sinscrivent dans la durée. Nous sommes attendus. Les Français ne veulent ni de slogans ni de petites phrases, ils nous demandent, aujourd'hui, des actes. Alors je suis convaincu que dans les mois à venir, nous allons leur montrer que nous savons avancer ensemble à leur service mais aussi au service dun objectif qui dépasse chacune et chacun dentre nous et qui, je crois, peut nous rassembler, la cohésion sociale de la nation et le redressement de la France. Je vous remercie.
Source http://www.gouvernement.fr, le 11 juillet 2012
Mesdames, messieurs, lexercice que nous venons de réaliser est une première, jen suis particulièrement heureux car je crois que nous venons de vivre un authentique moment de démocratie sociale. Le président de la République la dit hier avec franchise mais aussi avec lucidité, notre pays est dans une situation économique et sociale difficile. Il nous faut définir les réformes structurelles, ambitieuses et durables qui doivent permettre de réussir le redressement du pays et en même temps de tout faire pour préserver notre modèle social et républicain. Les Français ont fait le choix du changement, toute mon énergie sera consacrée à la mise en uvre de cette volonté ainsi exprimée par la Nation. Ces réformes sont nécessaires et elles nous imposeront de faire des choix, de définir des priorités, le gouvernement les conduira avec le souci constant de la justice et de lefficacité.
Je vous ai entendu lors de nos rencontres préparatoires, organisations syndicales de salariés et demployeurs, vous avez tous conscience de la gravité de la situation et donc de notre responsabilité collective. Parce que vous avez tous conscience aussi de nos atouts, les atouts de la France, de notre capacité à ne pas subir, à réagir avec vigueur, à mobiliser toutes nos forces et à conjuguer nos différences avec un même objectif, et je le répète, le redressement du pays, cest pour ça je suis convaincu que nous pouvons réussir. Alors maintenant il faut travailler comme nous lavons fait pendant deux jours, rechercher des compromis, prendre le temps du dialogue, cest essentiel, mais avec cet esprit, je le répète, de réussir, ce qui suppose aussi de savoir conclure et avancer. Depuis deux jours, nous avons travaillé à lélaboration de la feuille de route sociale des prochains mois et des prochaines années. Mais en réalité ce nest pas deux jours seulement que nous avons travaillé mais cest un mois de travail intense que nous venons de partager. Je sais en effet que du côté de vos organisations comme du côté des ministères la préparation de cette conférence a été approfondie et sest enrichie de multiples échanges croisés. Jai même entendu plusieurs dentre vous me dire quils retrouvaient le chemin de Matignon ou des ministères. Là rien de plus normal mais en tout cas je me réjouis quil en soit ainsi parce que cest indispensable, il ny a pas dautre mode de fonctionnement possible. En tout cas, le dialogue social est et sera la marque de fabrique de mon gouvernement.
Et je veux répondre par avance aux critiques de certains qui voient dans le dialogue social apaisé et ordonné un frein à laction immédiate. Mais le gouvernement agit, il fait face aux urgences, cest son devoir, il le fait dailleurs en ce moment avec le débat qui va souvrir à lAssemblée nationale comme au Sénat sur le collectif budgétaire, à la fois maîtriser nos comptes publics mais aussi tenir les engagements qui ont été pris par les Français, prendre les premières mesures qui simposent. Le gouvernement fait face aussi à des situations difficiles, dentreprises en difficulté, de plans sociaux dont certains sont parfois très brutaux. Le gouvernement travaille aussi à la préparation dans lurgence de la rentrée scolaire. Mais en même temps notre pays a besoin de réformes en profondeur. Et les réformes structurelles ne peuvent pas être menées à la hussarde et donc je réponds à ceux qui voudraient que tout soit réglé en quelques minutes ou quelques jours. Ou alors nous prenons le risque que ces réformes soient rejetées par le corps social, quelles soient des réformes mort-nées et quau fond elles conduisent trop souvent, cest le cas, au sentiment dabandon et à limpuissance et donc au bout du compte au renoncement. Nous prendrons le temps nécessaire du dialogue social parce que cest un temps utile, indispensable. Les Français ne veulent plus être brusqués, ça ne veut pas dire quils ne veulent pas laudace, et je soutiens ici devant vous que le temps du dialogue est un temps efficace. Cest pourquoi je tiens à nouveau à vous remercier de votre participation et davoir bien voulu sans exception vous inscrire dans cette démarche que nous avons proposée. Je voudrais aussi madresser à ceux qui ne sont pas là aujourdhui, à ces nombreuses organisations qui ont participé à des rendez-vous, préparé des contributions souvent écrites et qui ont ainsi enrichi en amont notre réflexion collective.
Il était important que ce premier grand moment réunisse principalement les partenaires sociaux. Et je lai annoncé dans mon discours de politique générale, dautres événements viendront rythmer les prochaines semaines et les mois à venir avec dautres acteurs et parfois aussi avec vous et je pense notamment à la grande conférence de lutte contre la pauvreté et lexclusion que je prévois dorganiser à lautomne sans oublier la conférence environnementale à laquelle vous êtes aussi conviés, que le président de la République a évoqué hier lors de son discours douverture. Au terme de ces deux jours déchanges, mon propos nest pas de conclure sur des mesures précises ou alors ça signifierait que lexercice était artificiel et quil nétait quune façade de dialogue pour des décisions en réalité déjà prises. Non, nous ne décidons pas du contenu des réformes mais nous traçons nos objectifs et nous établissons un calendrier volontariste.
Je lai dit, nous souhaitons ici redonner toute sa place au dialogue social et donc il est important, et nous en sommes tous conscients, que ce dialogue évolue et surtout quil gagne en force. Cette force du dialogue social cest celle que lEtat doit accorder aux partenaires sociaux, cest dailleurs le sens de la réforme constitutionnelle dont a parlé hier le président de la République. Nous la proposerons à lissue dune large concertation, son objectif est pour nous sans ambiguïté, il sagit daccroitre la reconnaissance des partenaires sociaux et de la démocratie sociale et non de définir un domaine qui leur serait exclusivement réservé. Car dans notre république sociale cest par le vote des citoyens, par le suffrage universel que sexerce la souveraineté mais cette légitimité sera dautant plus forte que nous saurons donner toute leur place aux corps intermédiaires. La force du dialogue social cest aussi celle que les partenaires sociaux se donnent eux-mêmes par leur capacité à négocier, à avancer, et pour cela leur légitimité doit être claire et renforcée par des règles de représentativité bien établies.
Un bilan sera réalisé au deuxième semestre 2013 sur la réforme de la représentativité syndicale. Nous ne souhaitons pas la remettre en cause mais apprécier si des ajustements sont nécessaires. Et sagissant de la représentativité patronale dont je connais la complexité mais aussi limportance, jai entendu avec satisfaction que les organisations représentatives des employeurs étaient prêtes à se saisir du sujet et nous faire des propositions. La force du dialogue social repose aussi sur la transparence à commencer par celle des financements. Des dispositions législatives sur la transparence financière des comités dentreprise seront adoptées début 2013. La force du dialogue social cest aussi celle des lieux où il sexerce. Je souhaite quun accord sur la question des instances représentatives du personnel aboutisse avant la fin de lannée. Les salariés doivent être présents là où lavenir de leur entreprise, et donc le leur, se décide. Ils doivent ainsi pouvoir bénéficier de nouveaux droits permettant une meilleure information sur la situation de lentreprise. Linformation des salariés doit à tout moment être loyale et transparente. La question de la présence des salariés dans les conseils dadministration est posée ainsi que celle du dialogue social territorial au niveau des bassins demplois. La force du dialogue social cest celle aussi de se acteurs, la reconnaissance des parcours militants et de lexpérience acquise dans lexercice de mandats interprofessionnels est un sujet important, je souhaite quune négociation puisse semparer de cette question. Il faut en effet quun tel engagement ne soit pas un frein ou même une source de discrimination mais quil soit au contraire pris en compte à sa juste valeur dans le déroulement dune carrière professionnelle. La force du dialogue social cest enfin sa cohérence et son efficacité. La multiplication des dispositifs rend aujourdhui difficilement lisible le champ de la négociation obligatoire et la sanction du non-respect de ses obligations. Un groupe de travail sur la rationalisation des négociations obligatoires sera mis en place avant la fin de cette année.
Je reviens maintenant aux débats qui ont été conduits dans les sept ateliers. Je voudrais remercier aussi les facilitateurs qui viennent de nous présenter leurs rapports de synthèse. Ils nous ont dans ces rapports délivrés les grands axes au cours duquel nous allons construire notre programme daction. Cétait après deux intenses demi-journées un exercice délicat mais particulièrement réussi et encore une fois merci. Ce qui ressort à nos yeux, mais je ne prends pas beaucoup de risques en le disant, après ces deux jours comme priorité, cest lemploi. Notre mobilisation pour lemploi doit sarticuler avec la reconnaissance du travail, de son sens, de sa qualité et nous refusons dopposer les situations entre elles, les demandeurs demploi ou les salariés. Laccès à lemploi et à la promotion de la qualité du travail doivent être menés de front. Trop de salariés sont aujourdhui démotivés, découragés, déçus alors même quils accordent une place essentielle au travail. Nous devons répondre à cette attente majeure et légitime. La table ronde sur lemploi a permis didentifier des chantiers prioritaires, ambitieux, susceptibles de développer et sécuriser lemploi dans ce contexte économique difficile.
Pour favoriser linsertion professionnelle des jeunes faiblement qualifiés, le gouvernement conduira au cours de lété une consultation des partenaires sociaux et des acteurs territoriaux sur la mise en uvre des emplois davenir. Je souhaite que nous avancions rapidement sur ce sujet tant lurgence lexige. Le gouvernement souhaite que le Parlement en soit saisi dès la rentrée parlementaire doctobre. Concernant le contrat de génération, conçu dans un double objectif dinsertion professionnelle durable des jeunes et du maintien dans lemploi des salariés seniors, sil fait lobjet dune appropriation par les partenaires sociaux, il nen sera que plus efficace. Le gouvernement invitera donc les partenaires sociaux à négocier au niveau national, interprofessionnel dici la fin 2012 sur les modalités de ce contrat. Je pense en particulier à la place accordée aux négociations de branches et dentreprises sur ladaptation du dispositif aux différentes tailles dentreprises et à la mise en uvre du transfert des compétences. Les partenaires sociaux ont par ailleurs exprimé le souhait dengager au premier trimestre 2013 une négociation interprofessionnelle sur lamélioration de laccès à lemploi et à la formation professionnelle des travailleurs handicapés. Il sera tenu compte des résultats obtenus avant de décider dun éventuel renforcement des sanctions applicables aux entreprises qui ne respectent pas leurs objectifs en matière demploi des travailleurs handicapés.
Enfin, nous devons répondre à la situation globale de lemploi. Allons-nous laisser notre pays demeurer le théâtre de plans sociaux qui se multiplient, qui minent la confiance et le moral des salariés et de lensemble des acteurs de léconomie ? Face à la forte dégradation de la situation de lemploi dont les principales victimes sont les salariés précaires et ceux qui sont touchés par des licenciements économiques, nous devons à la fois, je lai dit, agir dans lurgence et apporter dans le cadre dun dialogue approfondi mais en fonction dun calendrier exigent des réponses de long terme. Dès la rentrée 2012, nous améliorerons ensemble le dispositif du chômage partiel à partir de lévaluation de votre accord.
Lutter contre la précarité de lemploi et trouver les moyens daccompagner les mutations économiques sont une nécessité. Mais ces sujets ne sont pas nouveaux mais je souhaite vous proposer de repartir sur de nouvelles bases. La négociation compétitivité-emploi, de lavis général, est partie sur de mauvaises bases et donc nest plus à lordre du jour pour toutes les raisons que vous savez. Un acte II de la négociation sur le marché du travail, ce nest pas non plus mon état desprit. Cest pourquoi je vous propose une nouvelle démarche pour la sécurisation de lemploi.
Le gouvernement invitera les partenaires sociaux, sur la base dun document dorientation qui sera transmis en septembre prochain, à négocier au niveau national interprofessionnel avant la fin du premier trimestre 2013 les conditions dune meilleure sécurisation de lemploi. Et cela suppose davancer sur deux fronts. Dabord, lutter contre la précarité de lemploi. Le recours aux CDD, à lintérim, au temps partiel subi ne peut plus être un modèle qui se généralise. Son coût doit être, à mon sens, renchéri en agissant sur les cotisations dAssurance Chômage. Trouver ensuite les moyens daccompagner les mutations économiques. Dans tous les cas, il faut tout faire pour maintenir lemploi. Mais là aussi les voies à emprunter diffèrent selon la situation, la situation de lentreprise.
Quand une entreprise rencontre des difficultés conjoncturelles, il faut définir des leviers plus efficaces de maintien dans lemploi. Et lorsque des licenciements collectifs sont envisagés, il faut améliorer et sécuriser les procédures. Mais il faut aussi encadrer les licenciements abusifs et en cas de projet de fermeture de sites rentables, créer une obligation de recherche de repreneurs.
Jai compris que pour tenir compte des évolutions induites par les négociations évoquées à linstant, les partenaires sociaux pourraient anticiper la renégociation de la convention dAssurance Chômage. Et de façon plus générale, il conviendra de réaliser une évaluation des aides publiques aux entreprises pour juger de leur pertinence en termes de développement économique et demploi.
Enfin il faudra faire le point sur lefficacité des politiques de lutte contre le travail illégal et la commission nationale qui en a la charge sera réunie au début de lautomne.
La formation professionnelle est un enjeu majeur de lobjectif de sécurisation des parcours professionnels. Au vu des travaux de ces deux jours, il est apparu quil nétait pas nécessaire délaborer une nouvelle grande réforme de la formation professionnelle mais, bien au contraire, de construire des actions concrètes à déployer sur les territoires. LÉtat, les régions et les partenaires sociaux sont résolus à se mobiliser autour dun plan daction en trois volets. Dabord, diminuer le nombre de jeunes entrant sur le marché du travail sans qualification. Il faut notamment renforcer la lutte contre toutes les formes de décrochage. Pour eux, la formation devra saccompagner nécessairement de solutions permettant aussi de lever tous les ans lobstacle à lemploi je pense au logement, je pense aux transports.
La deuxième priorité de ce plan daction, cest daccompagner les salariés dans les entreprises menacées par les mutations économiques pour les former plutôt que de les licencier et, en amont, préparer leur reconversion pour éviter le risque de licenciement. Et enfin renforcer la formation des demandeurs demploi, ce qui suppose des liens étroits entre les régions et Pôle Emploi.
Je souhaite quun plan durgence soit préparé sans attendre et mis en uvre au niveau régional dans les meilleurs délais. Il pourra notamment sappuyer sur la prochaine convention entre lÉtat et le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels pour la période 2013-2015. À cet égard, je tiens à rassurer les partenaires sociaux qui sen sont inquiétés, ce fonds, géré paritairement, ne sera pas ponctionné ou plutôt ne sera plus ponctionné.
Par ailleurs, un chantier ambitieux sera engagé sur le compte individuel de formation. Il convient dassurer, en effet, la portabilité des droits à la formation. Le Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie conduira cette analyse dès septembre 2012. Et puis la formation, cest aussi celle qui se fait en entreprise. La formation en lien avec la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences pourrait donner lieu à négociation régulière au sein des entreprises afin dêtre traduite par lemployeur au sein du plan annuel de formation.
La réussite de cette démarche exige une bonne concertation des acteurs, en particulier au niveau des territoires. Je souhaite à cet égard que les partenaires sociaux soient associés à la préparation de la nouvelle étape de décentralisation. Jai aussi entendu limportance que vous accordez au thème de lorientation. Un bilan de ce qui a été engagé dans le cadre du service public de lorientation sera réalisé à lautomne 2012 et contribuera à nourrir la réflexion sur cette thématique dans le cadre de lélaboration du nouvel acte de décentralisation. Enfin, sur la formation, soyez assurés que lÉtat, comme les autres acteurs, met tout en uvre pour assurer lavenir de lAfpa.
La troisième table ronde portait sur les salaires. Nous voulons donner au travail toute la valeur qui doit être la sienne et assurer aux salariés la juste contrepartie de leur travail. Nous devons également prendre en compte la compétitivité et les impératifs de la compétitivité des entreprises. Et comme lengagement en avait été pris par le président de la République, nous souhaitons permettre une évolution des règles de revalorisation du SMIC visant à mieux intégrer la croissance. À cet effet, un groupe de travail interministériel travaillant en loin étroit avec les partenaires sociaux examinera les différents scénarios dajustement des critères de revalorisation. Ces propositions seront débattues dans le cadre de la Commission nationale de la négociation collective et le gouvernement présentera ensuite un projet de texte avant la fin de lannée.
Mais au-delà du SMIC, la question des bas salaires repose sur le dynamisme de la négociation de branche et dentreprise. Le comité de suivi des négociations salariales de branche sera convoqué à la rentrée pour faire le point sur lengagement des négociations dans les branches qui présentent aujourd'hui un minimum conventionnel inférieur au SMIC. Le cas échéant, les actions correctrices nécessaires seront programmées et le gouvernement présentera un bilan global de la situation en fin dannée.
Nous examinerons, en concertation avec les partenaires sociaux, les mesures nécessaires pour éviter que les entreprises puissent tirer bénéfice de linertie des négociations de branche. Il nest par ailleurs pas acceptable quun salarié ne connaisse pas de progression salariale au cours de sa carrière. Un travail approfondi sera donc mené en parallèle sur les trajectoires salariales permises par les grilles conventionnelles et sur les efforts à poursuivre dans les branches où la négociation est durablement bloquée.
Il nous faut aussi avancer sur les autres éléments de la rémunération qui sont essentiels. Jai compris aussi quune négociation interprofessionnelle serait lancée en 2013 sur les dispositifs de participation et dépargne salariale visant à en simplifier léconomie générale, à en favoriser laccès aux petites et moyennes entreprises.
Quant à la fameuse prime dividende, vous avez tous pointé son inefficacité et cest pourquoi elle sera tout simplement supprimée dans le cadre de cette approche globale. Vous le savez, notre souci constant, cest la justice. Nous ne pouvons plus tolérer des pratiques que les Français ne comprennent pas et ne supportent plus. Avant la fin de lannée, nous présenterons un projet de loi visant à empêcher la pratique des rémunérations abusives et à renforcer le cadre de la gouvernance dans lentreprise sur ce point, notamment par la participation des représentants des salariés au comité de rémunération.
Et puis la politique salariale, cest aussi lenjeu de légalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Nous avons souhaité traiter ce sujet de façon plus large, en liaison avec la question de la qualité de vie au travail. Et ce nest pas anodin. Favoriser légalité, cest aussi mettre en uvre de nouvelles pratiques professionnelles qui favorisent la qualité de vie au travail et même la qualité du travail lui-même comme facteur de santé mais aussi de performance économique. Là encore, nous navons pas besoin de nouvelle loi, nous devons dabord rendre la loi effective et nous mobiliser ensemble, partenaires sociaux et gouvernement, en faveur dune égalité réelle entre les femmes et les hommes.
Au-delà de larsenal juridique, légalité professionnelle doit devenir une priorité partagée des chefs dentreprise, de lÉtat, des collectivités territoriales et des représentants des salariés dans lentreprise. Des plans daction régionaux seront définis dici la fin 2012. Des branches se sont dailleurs déjà engagées dans ces démarches. Je pense, par exemple, à celle exemplaire de la propreté. Et nous adapterons les décret dapplication de larticle 99 de la loi du 9 novembre 2010 après consultation du Conseil supérieur de légalité professionnelle pour renforcer son efficacité, notamment dans les grandes entreprises, autour de deux axes : donner une priorité à la négociation par rapport à linitiative unilatérale de lemployeur, prévoir la transmission à lÉtat des plans des employeurs.
Mais au-delà, les partenaires sociaux ont décidé de lancer, en septembre, leurs négociations sur légalité professionnelle et la qualité de vie au travail avec pour objectif daboutir avant la fin du premier trimestre 2013 et je propose quun point détape soit réalisé à la fin 2012. Au terme de cette négociation, nous définirons, avec les partenaires sociaux, les mesures législatives ou réglementaires à envisager.
Jai compris et je men réjouis que la négociation des partenaires sociaux traiterait de larticulation des temps professionnels et des temps familiaux, de la prise en compte de la parentalit?? dans lentreprise. Elle pourra aussi intégrer la problématique des congés familiaux.
Dans le cadre des négociations à venir, je pense aussi très important que la question du temps partiel soit traitée dans toute sa dimension à travers la lutte contre la précarité, la limite des temps partiels de très faible durée, laccès aux droits sociaux, lamplitude et la prévisibilité des horaires. Et pour renforcer la place des femmes dans le monde du travail, deux chantiers pourront être lancés : la négociation sur la modernisation du dialogue social pourrait permettre dexplorer des mesures pour assurer une meilleure représentation des femmes dans les instances représentatives du personnel ; lÉtat et les partenaires sociaux développeront des actions de sensibilisation auprès des entreprises concernées pour conforter les dynamiques positives de promotion des femmes sur des postes de comité exécutif.
Je souhaite enfin quune réflexion sur la responsabilité sociale des entreprises et la notation sociale puisse souvrir entre lÉtat et les partenaires sociaux. Je noublie pas que la santé au travail est un enjeu majeur pour les salariés et pour les entreprises. Le gouvernement proposera des groupes de travail aux partenaires sociaux pour faire évoluer la gouvernance et ainsi définir les actions prioritaires à mettre en uvre au niveau des branches et des territoires. Il sagit daméliorer les conditions de travail des salariés, notamment dans les petites entreprises.
Mesdames, Messieurs, jen viens après ces quatre tables rondes consacrées aux questions du travail, aux questions de lemploi à des enjeux à la fois complémentaires et indispensables qui sont ceux du redressement productif de notre pays. Notre industrie est essentielle à notre économie. Mais vous le savez, sa part dans la richesse nationale et dans lemploi na cessé de reculer ces dernières années. Nous devons agir pour améliorer sa compétitivité en jouant sur lensemble des leviers. À cet effet, le rôle de la conférence nationale de lindustrie sera réaffirmé. Jaurai loccasion, dès demain, douvrir sa prochaine réunion. Le soutien à linnovation et à la recherche technologique doit être parmi les priorités. Les Investissements dAvenir, les pôles de compétitivité doivent continuer de jouer tout leur rôle. Quant au crédit impôt recherche, son ciblage sera affiné pour le rendre plus efficace et plus accessible aux PME et aux entreprises de taille intermédiaire.
Le financement des entreprises est aussi un sujet majeur dont beaucoup dentre vous mont parlé. Les dispositifs de financement public existants doivent être mieux coordonnés, doivent être simplifiés et rendus plus efficaces. La Banque publique d'investissement, qui sera mise en place avant la fin de lannée, doit répondre à ce défi en diffusant, au sein des territoires, en particulier en lien avec les régions, un véritable service aux entreprises service daccès et apportant une solution individuelle personnalisée à chaque situation.
Mais au-delà des questions de financement, limage de lindustrie doit être revalorisée auprès des jeunes et les métiers techniques confortés et cela dès lécole primaire. Grand chantier du redressement de notre système éducatif que nous voulons lancer. La Semaine de lindustrie peut participer à cet objectif en devenant un rendez-vous annuel incontournable.
Et sagissant enfin de lenvironnement des entreprises, de lécosystème dans lequel elles exercent leurs activités, il apparaît nécessaire de renforcer notre tissu industriel, par exemple, en améliorant les relations entre donneurs dordres et sous-traitants. Nos entreprises doivent apprendre à jouer collectif, comme leurs homologues allemands savent si bien le faire. Les PME et les établissements de taille intermédiaire doivent améliorer leur capacité à exporter. Nous devons veiller à ce que leur environnement réglementaire, administratif et fiscal soit propice à leur développement et les freins qui existent encore aujourd'hui doivent être levés.
Tous ces sujets sont essentiels et imposent des avancées rapides. Cest pourquoi jai décidé, dans la continuité des discussions engagées aujourd'hui, de confier à Louis Gallois, commissaire général à lInvestissement, une mission sur la compétitivité de nos entreprises afin de préparer la mise en uvre dactions concrètes dici la fin de lannée.
Mesdames, Messieurs, je vous ai dit ma volonté de préserver notre modèle social et républicain. Au cur de ce modèle, notre système de protection sociale et en particulier notre système de retraite par répartition doivent être pérennisés et consolidés. Sagissant du financement de notre système de protection sociale, il nous faut, en effet, trouver rapidement des perspectives tant pour assurer lavenir de la protection sociale que pour améliorer la compétitivité de nos entreprises. Plusieurs solutions sont sur la table. Il faut les prendre en considération. Et la conférence a fait apparaître des différences dappréciation mais a permis de dégager un accord, sinon sur les solutions et ce nétait pas son rôle , du moins sur le calendrier de travail.
Et pour élargir et diversifier les sources de financement de notre système de protection sociale, le gouvernement saisira le Haut Conseil du financement de la protection sociale dès le mois de septembre 2012. Ce dernier réalisera un diagnostic sur les modalités actuelles de financement de notre protection sociale, précisera le partage entre les besoins de protection sociale relevant dune approche contributive et ceux qui relèvent dune approche non contributive. Il dessinera les évolutions possibles du système actuel, notamment en matière de diversification des recettes. Et sur la base de ce rapport, qui sera remis au premier trimestre 2013, le gouvernement engagera une concertation avec les partenaires sociaux avec, pour objectif, une réforme législative en 2013.
Je sais que cest un calendrier exigeant. Je le comprends ainsi et je me félicite de ce volontarisme sur un sujet aussi essentiel. Sagissant des retraites, le Conseil dorientation des retraites adressera, à la fin de lannée 2012, un état des lieux de notre système et de ses perspectives financières. Un point précis sera en particulier élaboré sur la question de léquité du système, sur les déterminants du niveau des pensions et sur la transition emploi-retraite. À partir des travaux du COR, une commission ad hoc formulera, au début de lannée 2013, différentes pistes de réforme. Lune dentre elles concernera lévolution de notre système de retraite à long terme en répondant notamment aux questions suivantes : quelle solidarité mettre en uvre ? Comment simplifier le système ? Comment améliorer la situation des poly pensionnés et comment prendre, jallais dire, enfin en compte la pénibilité ?
Sur la base des conclusions de cette commission, une phase de concertation sur les évolutions souhaitables de notre système de retraite sera engagée à partir du printemps 2013. Jai enfin souhaité consacrer un temps spécifique de la conférence aux services publics qui emploient je le rappelle près de 20 % de la population active de notre pays. Vous le savez, jai décidé de mettre un terme à la méthode dite de la RGPP (la Révision générale des politiques publiques). Cette méthode a profondément déstabilisé nos services publics et leurs agents.
Le service public je laffirme et je le réaffirme ici est un élément essentiel du redressement du pays et nous avons désormais le devoir de repenser laction publique. Je veux, en effet, poursuivre la réforme de nos services publics, non pas pour les affaiblir mais pour les conforter, pour réaffirmer leur place et leurs missions au service de lintérêt général et de la cohésion nationale à la fois dans le cadre de la réforme de lÉtat comme dans le cadre de la nouvelle étape de la décentralisation.
Un nouvel espace de concertation sera instauré et décliné sur lensemble du territoire, associant représentants des personnels, des employeurs et des usagers. Y seront débattus le bilan de la RGPP sur la base de lanalyse que jai demandée à lInspection générale des affaires sociales, à lInspection générale de ladministration et à lInspection générale des finances, mais aussi les orientations pour rendre laction publique plus efficace et plus lisible, les travaux sur les missions et les perspectives dune nouvelle étape je lai dit de la décentralisation.
Le développement effectif du dialogue social doit être une priorité et aussi pour tous les employeurs publics y seront invités à garantir, au-delà des textes, leffectivité du dialogue et lélargissement du champ de la négociation. Une concertation sur les moyens mis à disposition des syndicats sera engagée en septembre 2012. Une négociation sur la prise en compte de lexercice des fonctions syndicales dans les parcours professionnels souvrira en outre dès le premier semestre 2013. Les employeurs publics doivent être exemplaires dans la gestion de leurs ressources humaines. Une concertation sera ouverte dès lautomne 2012 pour mieux répondre aux enjeux de la diversité, du handicap, de lemploi des seniors et de laccès des jeunes peu qualifiés à la fonction publique.
Une négociation sera ouverte dès le quatrième trimestre 2012 sur légalité professionnelle entre les femmes et les hommes qui pourrait permettre de conclure le premier accord en la matière dans la fonction publique.
Nous devons également améliorer au quotidien les conditions de travail des agents publics. Un bilan des accords déjà conclus sera réalisé pour identifier les moyens de franchir une nouvelle étape, pour prendre en compte, en effet, les questions de pénibilité et de santé au travail là aussi et pas seulement dans les entreprises privées. Un accord-cadre sur la prévention des risques psychosociaux sera proposé à la négociation dès la rentrée 2012. Et par ailleurs, je souhaite que laction sociale soit prise en compte avec toute son importance dans les services publics. Et sagissant des agents non titulaires, nous mettrons en uvre la loi du 12 mars 2012 sur la résorption de la précarité.
Enfin je propose une concertation à lautomne pour établir un diagnostic des politiques menées au cours des dernières années en matière dévolution de carrière, de rémunération et de mobilité. Elle nous permettra de diversifier et denrichir les parcours professionnels des agents et devra poser les bases dune méthode de travail, autorisant dans un contexte financier durablement contraint une politique de rémunération garantissant les perspectives de carrière des agents, une plus grande équité et une priorité aux agents de catégorie C.
Sur lemploi public comme sur tous les autres sujets que je viens dévoquer, que la conférence a traités, le gouvernement fera en sorte que la spécificité des outre-mer soit prise en compte dans les suites de nos travaux.
Mesdames, Messieurs, hier, le président de la République nous a invités à faire preuve dintelligence collective. Eh bien je crois pouvoir dire que nous nous y sommes efforcés. Dans mon intervention, jai tenté de vous indiqué, de la façon la plus complète possible, ce que le gouvernement retient des travaux de cette première grande conférence sociale. Je suis dailleurs impressionné par la richesse de vos échanges et la richesse aussi des chantiers que nous avons ouverts parce que, justement, la conférence sociale nétait pas un sommet spectacle mais un exercice de dialogue social approfondi.
Il nous est possible, à lissue des travaux, de dresser ce que jai appelé une feuille de route sociale. Cette feuille de route, qui reprendra les éléments plus détaillés encore que je viens de vous exposer, sera diffusée dès ce soir. Elle va tracer les perspectives et les objectifs que nous nous donnons pour avancer de façon volontariste au service de notre économie, au service des salariés, au service des demandeurs demploi, au service des entreprises, au service des services publics, au service des territoires.
Mais cette feuille de route nest pas formellement un contrat mais elle sefforce loyalement de décrire ce qui nous a semblé être un agenda partagé des réformes sociales à engager. Elle ne sera pas immuable. Elle a vocation à vivre. Elle a vocation à senrichir, même si elle est déjà il faut le reconnaître très ambitieuse. Mais je veux que lesprit qui a guidé nos travaux se perpétue au sein dune instance permanente. Cest pourquoi je vous propose, outre le grand rendez-vous annuel auquel le président de la République vous a conviés hier, de créer, dans lesprit de lancien Commissariat général au Plan, un lieu de dialogue et dexpertise permanent ouvert à lensemble des acteurs sociaux, un Conseil ou, si vous le souhaitez, un Commissariat du Dialogue social et de la Prospective.
Encore une fois, je vous adresse mes remerciements remerciements pour votre engagement, pour votre énergie, le temps que vous avez consacré à ces travaux et je vous invite à mesurer le chemin que nous avons accompli en si peu de temps. Nous ne partageons pas les mêmes avis sur lensemble des diagnostics et des solutions à mettre en uvre, mais justement, le dialogue est fait de cette diversité. Et il ny a rien de là que de plus normal. Mais jémets seulement un vu : je souhaite que le respect, lécoute et le sérieux qui ont présidé à nos travaux sinscrivent dans la durée. Nous sommes attendus. Les Français ne veulent ni de slogans ni de petites phrases, ils nous demandent, aujourd'hui, des actes. Alors je suis convaincu que dans les mois à venir, nous allons leur montrer que nous savons avancer ensemble à leur service mais aussi au service dun objectif qui dépasse chacune et chacun dentre nous et qui, je crois, peut nous rassembler, la cohésion sociale de la nation et le redressement de la France. Je vous remercie.
Source http://www.gouvernement.fr, le 11 juillet 2012