Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi pour commencer de vous faire part de mon plaisir de pouvoir échanger avec vous en ouverture de ce conseil dadministration. Sa composition témoigne de limplication dun grand nombre dacteurs dans la réussite de la rénovation urbaine.
Tout dabord, la diversité des administrations représentées est un signal fort de la transversalité des enjeux du PNRU et plus généralement de la politique de la ville. Celle-ci se décline à différentes échelles et nécessite donc la coopération de toutes les collectivités, aussi je salue la présence des maires, porteurs de projet et donc en première ligne, ainsi que des communautés, départements et régions.
Le PNRU sest centré sur les quartiers dhabitat social, les bailleurs sociaux, HLM et Entreprises publiques locales, sy sont donc fortement investis humainement comme financièrement ; quils en soient remerciés, ainsi que la Caisse des Dépôts qui rend cet investissement et celui des collectivités possible. Je noublie pas la problématique fréquente, au sein des projets de rénovation urbaine, du parc privé jouant le rôle de parc social de fait, et donc limportance de lAnah et de la coopération entre les deux agences.
Je salue enfin lengagement capital des partenaires sociaux, via lUESL, dans la mise en oeuvre du PNRU.
Je me suis rendu à lANRU le 6 juin, ai rencontré la direction et les équipes qui se mobilisent pour la réussite de ce programme.
A cette occasion, jai fait part au Président et au Directeur général de mon souhait dun lien plus étroit entre la tutelle et son opérateur pour prolonger mais aussi améliorer la dynamique en cours.
Mes premiers déplacements, et mon expérience de la banlieue parisienne, mont en effet convaincu du formidable outil de transformation des quartiers que représente lANRU. Lintervention de lANRU a permis de structurer et dassocier les partenaires, collectivités et bailleurs, autour de projets communs, de provoquer des investissements élevés par un fort effet levier, de crédibiliser et dincarner laction publique en la rendant visible, et au final daméliorer, incontestablement, le cadre de vie des habitants des 595 quartiers concernés.
Pour autant, je suis conscient des limites de cette intervention, et je sais que vous partagez la même préoccupation que moi, que je formulerai ainsi : avons-nous réellement amélioré les conditions de vie des habitants ? Je tiens à souligner plusieurs enjeux qui doivent nous guider pour la poursuite de notre action.
Le premier, cest la mixité sociale et la mobilité résidentielle. Objectif fondamental du PNRU, elle sest heurtée au phénomène de captation des ménages les plus précaires par les zones urbaines sensibles, à léchelle dintervention parfois trop réduite des PRU, ou encore aux autres priorités concurrentes comme le droit au logement opposable. Les politiques de peuplement ne doivent plus être un tabou.
Le second enjeu, cest le développement socio-économique des quartiers, qui sest trop souvent résumé, en dehors de volontarismes locaux, à une comptabilisation dheures effectuées par les habitants des ZUS sans perspectives de parcours professionnalisants débouchant sur des emplois pérennes, ni mise à contribution des entreprises implantées dans les quartiers.
Le troisième enjeu, indissociable des précédents, et vous savez à quel point jy suis attaché, cest larticulation entre lurbain et lhumain, tant est dangereuse la pensée que le premier détermine le second. Le fonctionnement et lanimation sociaux des quartiers sont trop souvent passés au second plan, nayant pas été pris en compte dès la définition des projets.
Ne croyez pas que je remette en cause les succès de la rénovation urbaine. Seulement, les difficultés des quartiers sont trop importantes pour que lon sen satisfasse. Lerreur aura été, je le crois, de ne pas considérer la rénovation urbaine pour ce quelle est, cest-à-dire un outil essentiel pour venir à bout de ces difficultés mais un outil parmi dautres. Dautres réponses, complémentaires, doivent en effet être apportées dans le même temps. Larticulation avec les CUCS et les politiques de droit commun en est une. Elle requiert la mobilisation de tous, services déconcentrés de lEtat, intercommunalités, départements, régions, dont limplication a été inégale selon les territoires.
Ma feuille de route commence donc, vous laurez compris, par la poursuite de la mise en oeuvre du PNRU en veillant à ce que toutes les conditions de sortie par le haut des quartiers soient réunies.
Ma priorité, dans les jours qui viennent, sera dassurer le financement du PNRU, puisque nous nous retrouvons avec 6 milliards deuros à trouver dès 2013, soit la moitié du programme. Le défi est immense, le contexte budgétaire évidemment très difficile, mais je vous assure de ma détermination et de celle du gouvernement à honorer le contrat moral que nous avons passé avec les habitants des quartiers. Le Président de la République sy est engagé : lEtat, qui sétait déchargé sur les partenaires sociaux et les bailleurs, prendra aussi ses responsabilités. Leffort doit être partagé, nous avons une obligation de résultat.
Jengagerai également dans de très brefs délais la démarche dévaluation du PNRU, indispensable pour objectiver les résultats dune politique publique de cette ampleur. Nous ne partons pas de rien. De la matière est disponible, quoique parcellaire, dispersée, privilégiant parfois le quantitatif au qualitatif.
Ce travail doit faire lobjet dun recensement, puis être complété, nourri tant par les réflexions des intellectuels que celles des acteurs de terrains et, ne loublions pas, par le retour des habitants qui sont les premiers concernés et dont la voix doit être entendue et prise en compte.
Cette évaluation est un préalable à toute nouvelle démarche que nous pourrons entreprendre. Je vais être franc avec vous, car il nest pas dans ma nature de faire des effets dannonce : le gouvernement est au travail depuis un mois, il trouve le pays dans une situation difficile et respectera ses engagements en termes de déficits publics, aussi toute nouvelle politique, toute nouvelle dépense sera jugée sous le double critère de la justice et de lefficacité. Il nest pas question de donner dans la précipitation. Le premier ministre arbitrera.
Je connais les enjeux, jai entendu les élus et les habitants. Je sais quil y a un certain nombre de quartiers prioritaires qui nont pu être traités, je sais que certains nont pu bénéficier dinvestissements à la hauteur des difficultés quils rencontrent. Je suis conscient du défi particulier que posent à la collectivité les grands ensembles dhabitat privé très dégradé, où les logiques dintervention ne sont plus les mêmes, ainsi que lhabitat indigne dans les centres-villes. Je mesure enfin limmensité du travail à accomplir en outre-mer. Soyez sûrs que je porterai ces thèmes dans le débat interministériel.
Je vous tiens en définitive un langage de vérité : un second programme national de rénovation urbaine, sil constitue un engagement présidentiel, ne pourra être lancé quaprès lévaluation complète du premier, après la réforme de la géographie prioritaire, et en fonction des marges de manoeuvre que le gouvernement pourra dégager. Je suis conscient à cet égard que des solutions transitoires devront être trouvées pour les quartiers dont les conventions sont échues, tant en termes dingénierie que de gestion de lattente.
Vous avez pu le constater, ma méthode sera fondée sur la franchise, mais aussi le dialogue. Vous trouverez toujours ma porte ouverte pour travailler ensemble sur les chantiers décisifs qui sannoncent.
Je vous remercie.
Source http://territoires.gouv.fr, le 12 juillet 2012
Permettez-moi pour commencer de vous faire part de mon plaisir de pouvoir échanger avec vous en ouverture de ce conseil dadministration. Sa composition témoigne de limplication dun grand nombre dacteurs dans la réussite de la rénovation urbaine.
Tout dabord, la diversité des administrations représentées est un signal fort de la transversalité des enjeux du PNRU et plus généralement de la politique de la ville. Celle-ci se décline à différentes échelles et nécessite donc la coopération de toutes les collectivités, aussi je salue la présence des maires, porteurs de projet et donc en première ligne, ainsi que des communautés, départements et régions.
Le PNRU sest centré sur les quartiers dhabitat social, les bailleurs sociaux, HLM et Entreprises publiques locales, sy sont donc fortement investis humainement comme financièrement ; quils en soient remerciés, ainsi que la Caisse des Dépôts qui rend cet investissement et celui des collectivités possible. Je noublie pas la problématique fréquente, au sein des projets de rénovation urbaine, du parc privé jouant le rôle de parc social de fait, et donc limportance de lAnah et de la coopération entre les deux agences.
Je salue enfin lengagement capital des partenaires sociaux, via lUESL, dans la mise en oeuvre du PNRU.
Je me suis rendu à lANRU le 6 juin, ai rencontré la direction et les équipes qui se mobilisent pour la réussite de ce programme.
A cette occasion, jai fait part au Président et au Directeur général de mon souhait dun lien plus étroit entre la tutelle et son opérateur pour prolonger mais aussi améliorer la dynamique en cours.
Mes premiers déplacements, et mon expérience de la banlieue parisienne, mont en effet convaincu du formidable outil de transformation des quartiers que représente lANRU. Lintervention de lANRU a permis de structurer et dassocier les partenaires, collectivités et bailleurs, autour de projets communs, de provoquer des investissements élevés par un fort effet levier, de crédibiliser et dincarner laction publique en la rendant visible, et au final daméliorer, incontestablement, le cadre de vie des habitants des 595 quartiers concernés.
Pour autant, je suis conscient des limites de cette intervention, et je sais que vous partagez la même préoccupation que moi, que je formulerai ainsi : avons-nous réellement amélioré les conditions de vie des habitants ? Je tiens à souligner plusieurs enjeux qui doivent nous guider pour la poursuite de notre action.
Le premier, cest la mixité sociale et la mobilité résidentielle. Objectif fondamental du PNRU, elle sest heurtée au phénomène de captation des ménages les plus précaires par les zones urbaines sensibles, à léchelle dintervention parfois trop réduite des PRU, ou encore aux autres priorités concurrentes comme le droit au logement opposable. Les politiques de peuplement ne doivent plus être un tabou.
Le second enjeu, cest le développement socio-économique des quartiers, qui sest trop souvent résumé, en dehors de volontarismes locaux, à une comptabilisation dheures effectuées par les habitants des ZUS sans perspectives de parcours professionnalisants débouchant sur des emplois pérennes, ni mise à contribution des entreprises implantées dans les quartiers.
Le troisième enjeu, indissociable des précédents, et vous savez à quel point jy suis attaché, cest larticulation entre lurbain et lhumain, tant est dangereuse la pensée que le premier détermine le second. Le fonctionnement et lanimation sociaux des quartiers sont trop souvent passés au second plan, nayant pas été pris en compte dès la définition des projets.
Ne croyez pas que je remette en cause les succès de la rénovation urbaine. Seulement, les difficultés des quartiers sont trop importantes pour que lon sen satisfasse. Lerreur aura été, je le crois, de ne pas considérer la rénovation urbaine pour ce quelle est, cest-à-dire un outil essentiel pour venir à bout de ces difficultés mais un outil parmi dautres. Dautres réponses, complémentaires, doivent en effet être apportées dans le même temps. Larticulation avec les CUCS et les politiques de droit commun en est une. Elle requiert la mobilisation de tous, services déconcentrés de lEtat, intercommunalités, départements, régions, dont limplication a été inégale selon les territoires.
Ma feuille de route commence donc, vous laurez compris, par la poursuite de la mise en oeuvre du PNRU en veillant à ce que toutes les conditions de sortie par le haut des quartiers soient réunies.
Ma priorité, dans les jours qui viennent, sera dassurer le financement du PNRU, puisque nous nous retrouvons avec 6 milliards deuros à trouver dès 2013, soit la moitié du programme. Le défi est immense, le contexte budgétaire évidemment très difficile, mais je vous assure de ma détermination et de celle du gouvernement à honorer le contrat moral que nous avons passé avec les habitants des quartiers. Le Président de la République sy est engagé : lEtat, qui sétait déchargé sur les partenaires sociaux et les bailleurs, prendra aussi ses responsabilités. Leffort doit être partagé, nous avons une obligation de résultat.
Jengagerai également dans de très brefs délais la démarche dévaluation du PNRU, indispensable pour objectiver les résultats dune politique publique de cette ampleur. Nous ne partons pas de rien. De la matière est disponible, quoique parcellaire, dispersée, privilégiant parfois le quantitatif au qualitatif.
Ce travail doit faire lobjet dun recensement, puis être complété, nourri tant par les réflexions des intellectuels que celles des acteurs de terrains et, ne loublions pas, par le retour des habitants qui sont les premiers concernés et dont la voix doit être entendue et prise en compte.
Cette évaluation est un préalable à toute nouvelle démarche que nous pourrons entreprendre. Je vais être franc avec vous, car il nest pas dans ma nature de faire des effets dannonce : le gouvernement est au travail depuis un mois, il trouve le pays dans une situation difficile et respectera ses engagements en termes de déficits publics, aussi toute nouvelle politique, toute nouvelle dépense sera jugée sous le double critère de la justice et de lefficacité. Il nest pas question de donner dans la précipitation. Le premier ministre arbitrera.
Je connais les enjeux, jai entendu les élus et les habitants. Je sais quil y a un certain nombre de quartiers prioritaires qui nont pu être traités, je sais que certains nont pu bénéficier dinvestissements à la hauteur des difficultés quils rencontrent. Je suis conscient du défi particulier que posent à la collectivité les grands ensembles dhabitat privé très dégradé, où les logiques dintervention ne sont plus les mêmes, ainsi que lhabitat indigne dans les centres-villes. Je mesure enfin limmensité du travail à accomplir en outre-mer. Soyez sûrs que je porterai ces thèmes dans le débat interministériel.
Je vous tiens en définitive un langage de vérité : un second programme national de rénovation urbaine, sil constitue un engagement présidentiel, ne pourra être lancé quaprès lévaluation complète du premier, après la réforme de la géographie prioritaire, et en fonction des marges de manoeuvre que le gouvernement pourra dégager. Je suis conscient à cet égard que des solutions transitoires devront être trouvées pour les quartiers dont les conventions sont échues, tant en termes dingénierie que de gestion de lattente.
Vous avez pu le constater, ma méthode sera fondée sur la franchise, mais aussi le dialogue. Vous trouverez toujours ma porte ouverte pour travailler ensemble sur les chantiers décisifs qui sannoncent.
Je vous remercie.
Source http://territoires.gouv.fr, le 12 juillet 2012