Texte intégral
Monsieur le préfet,
Madame la député, Messieurs les députés,
Messieurs les sénateurs,
Monsieur le président du Conseil régional,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les chefs de service,
Mesdames, Messieurs,
Dans chaque département de France, en métropole et dans les outre-mer, au moment où je vous parle, des femmes, des hommes, assurent une même mission : la présence et la continuité de lEtat. Je me trouve ici, avec vous, dans une partie dun tout qui forme lossature sur laquelle repose lorganisation de notre pays. Si une partie devait faire défaut, ce seraient alors les engagements de la République qui ne seraient plus tenus.
Je suis venu, aujourdhui, dans de cette Préfecture dEure-et-Loir, pour vous rencontrer et pour échanger. A cette occasion, je veux également vous faire part dun double message, que jaurai dailleurs lopportunité de répéter, lors de mes prochains déplacements, dans les préfectures de région, de département et les sous-préfectures. Je veux à la fois vous témoigner de la haute conception que je me fais de linstitution préfectorale et également de lentière confiance que je lui porte.
Jai conscience que cette institution na pas été considérée, ces dernières années, comme elle aurait dû lêtre. Elle na plus été comprise comme il aurait fallu. Comprise dans le sens du dialogue et de lécoute, mais également dans le sens de compréhension de la nature profonde de son rôle.
Les préfets, aidés de leurs services, sont des représentants de lEtat et du Gouvernement et, à ce titre, ils mettent en oeuvre, avec les administrations quils dirigent, laction de lEtat et les orientations fixés par le gouvernement. En dautres termes, ils sont des relais, defficaces courroies de transmission, et en aucun des fusibles dont peut disposer, à sa guise, le pouvoir politique. Les préfets, le corps préfectoral, les agents dans les préfectures sont des serviteurs de lEtat. Cest dans ce cadre précis que jentends madresser à eux, à vous.
Je lai dit, à plusieurs reprises, et notamment devant lensemble des préfets rassemblés, jeudi dernier, à lHôtel Beauvau, le Ministère de lIntérieur est un ministère du terrain. Jentends souscrire, pleinement, à cette dimension. Je veux avoir une présence sur le terrain qui soit utile. Il ne sagit pas, pour moi, dêtre partout, tout le temps. Ce serait contradictoire avec la confiance que je porte aux administrations qui agissent en local. Je veux être présent, chaque fois que nécessaire. Je veux, aussi, rencontrer et dialoguer, afin de saisir parfaitement la réalité concrète des rôles de chacun. Cest là la condition nécessaire pour arrêter de bonnes décisions.
Jai voulu accomplir, aujourdhui, une visite de terrain, dans une préfecture, lieu par essence de notre République. Le choix du département dEure-et-Loir sest imposé comme une évidence. Cest un choix marqué par lémotion et la volonté de reconnaissance.
Cette préfecture est, en effet, celle de Jean MOULIN, à qui nous venons de rendre un hommage solennel. Un hommage avec, je dois le dire, beaucoup démotion pour le ministre que je suis et qui regarde lhistoire qui sest accomplie, ici, dans ce lieu la visite de votre bureau, Monsieur le préfet, celui de Jean MOULIN, fut un moment très fort avec infiniment de respect.
On connaît le rôle déterminant de Jean MOULIN dans la Résistance ; on ne dit pas assez, quavant dêtre un combattant de lombre, il fut, en plein jour, un grand préfet. De lAveyron en 1937, puis dEure-et-Loir, à partir de février 1939.
Grand préfet et grand résistant. Cette concomitance na rien de surprenant. Etre préfet, cétait et cela demeure, servir la France. Etre résistant, cétait la servir plus encore ; la servir pour la sauver. Pour la remettre sur la trajectoire que, jamais, elle naurait dû quitter. Car le régime de Vichy fut bien un trait vengeur tiré sur la République et ses valeurs.
Jean MOULIN, cest lexpression la plus aboutie du courage pour la défense de grands principes. Au point de vouloir se donner la mort pour ne pas commettre linjustice. Cest lexpression dune intransigeance par rapport à la conception de lEtat.
Jean MOULIN cest lexpression dune volonté. Qui nétait pas partisane. Elle voulait simplement le retour de la France.
Les préfets, le corps préfectoral, les agents de préfecture sont les héritiers de ce combat qui pose le cadre dune exigence de tous les instants.
Le choix de ce déplacement en préfecture dEure-et-Loir, je lai fait aussi car ce département illustre bien les différentes réalités qui caractérisent notre pays : réalités urbaines autour des villes de Dreux, Nogent-le-Rotrou, Chartres et Châteaudun et réalités rurales avec des campagnes et des villages qui sont ô combien le visage de la France.
Cette diversité urbaine et rurale est, par définition, le cadre daction de linstitution préfectorale dont je souhaite tracer, aujourdhui, devant vous, les grandes lignes, pour lavenir.
Au cours des dernières années, lorganisation de lEtat dans sa dimension locale a été profondément modifiée. Depuis 2010, un nouveau paysage administratif sest ainsi mis en place.
Je veux my arrêter un instant et vous expliciter les premières orientations que je souhaite mettre en oeuvre dans ce domaine.
La première est fondée sur lidée que le « mécano » ne suffit pas. Il nous faut du sens. Il faut que nous déterminions, de façon claire et volontaire, quelles doivent être les missions que lEtat, au niveau local, doit assurer. Il ne peut sagir dune définition en creux, par défaut, qui ne serait que lagrégat de ce dont les collectivités locales ne souhaiteraient pas avoir la responsabilité.
La seconde orientation tient dans linscription pleine et entière des préfectures dans ce grand mouvement que sera le nouvel acte de la décentralisation. Comme la indiqué le Premier ministre, il reposera sur deux piliers : la confiance et la responsabilité. Les préfectures y auront toute leur place.
La troisième orientation est celle de linterministérialité et de la déconcentration. A ce titre, jai souhaité que les directions départementales interministérielles qui sont la traduction de cette interministérialité dont nos territoires ont besoin soient associées à cette rencontre. Je les remercie de leur présence. Je sais que vous vivez, au quotidien, ce besoin de responsabilisation, cette volonté de meilleure mutualisation et de plus grande créativité. Je souhaite quavec mes collègues du Gouvernement, nous vous accompagnions davantage dans cette voie.
Les préfectures ont été en première lignes des efforts de modernisation. Il sera nécessaire de relancer une nouvelle génération de directive nationale dorientation. Le bilan détape de la DNO pour la période 20102015 a montré la nécessité dintégrer de nouvelles préoccupations, insuffisamment prises en compte jusquà présent. Je pense notamment à la sécurité des préfectures et des sous-préfectures ou encore à la question de la délivrance des titres.
Pour ce faire, des groupes de travail associant directions dadministration centrale et représentants de ladministration territoriale vont se mettre en place, dès la rentrée. Les organisations syndicales seront pleinement associées à cette démarche.
Lobjectif est de proposer une nouvelle directive nationale dorientations qui, en cohérence, tienne compte du nouvel acte de décentralisation que le Gouvernement entend conduire, pour lété 2013.
Jentends être particulièrement attentif sur deux sujets qui mapparaissent essentiels : laccueil des publics et je pense en particulier à laccueil des étrangers et la pérennité de notre réseau de sous-préfectures.
En matière daccueil, je suis conscient des efforts accomplis, au quotidien. Jen ai eu, tout à lheure, la démonstration. Je sais les résultats obtenus, notamment en termes de certifications des conditions daccueil et doptimisation des procédures. Le baromètre établi par la Direction générale de la modernisation de lEtat (DGME), après une série denquêtes dites « mystère », a dailleurs classé en première position le réseau des préfectures, devant lensemble des autres services publics de lEtat.
Votre préfecture a obtenu, jai pu voir, de très bons résultats en matière daccueil des personnes à mobilité réduite ou encore dans la durée de traitement des courriers électroniques.
Je mesure lengagement des collaborateurs des préfectures pour assurer, chaque jour ouvré, un accueil dans les meilleures conditions. Un accueil qui se fait parfois dans un climat dhostilité de la part dusagers : plusieurs agents, ici, ont été victimes dagressions au cours des derniers mois et je condamne ces faits avec fermeté. Ils sont inadmissibles.
Les efforts engagés doivent être poursuivis. Je pense, en particulier, aux conditions daccueil des étrangers. Je suis élu dune commune de la banlieue parisienne et jai été particulièrement sensibilisé à cette question. Les images de files dattente interminables sont indignes de notre République. Et je ne veux plus quon soupçonne ou quon mette en cause lintégrité, le professionnalisme des agents des préfectures qui font leur travail. Il nous faut donc progresser. Cest dailleurs, jen suis persuadé, une des conditions pour que les agents des préfectures eux-mêmes se sentent davantage respectés et mieux considérés. Les pistes daction sont nombreuses. Il faut y travailler rapidement, efficacement, en y associant les agents eux-mêmes. Vous laurez bien compris : cette question est une priorité !
Le département dEure et Loir compte quatre arrondissements. Jai eu loccasion, il y a quelques instants, déchanger avec plusieurs agents issus des sous-préfectures. Jai perçu leurs inquiétudes sur le devenir de leurs missions, voire de leurs implantations. Les organisations professionnelles expriment elles aussi, leurs inquiétudes.
Cest parce que je suis convaincu que les sous-préfectures sont des éléments essentiels de notre cohésion sociale et territoriale que je sais quelles doivent évoluer.
Leur rôle, leurs missions, leurs effectifs doivent être redéfinis. Pour cela, il nous faut tenir compte de la diversité des situations. Les caractéristiques des territoires urbains, ruraux, montagnards, littoraux, frontaliers font naître des attentes spécifiques, dont il nous faut tenir compte.
Jai donc lancé un travail visant à identifier des catégories de sous-préfectures et à déterminer pour chacune de ces catégories, autour dun socle dattributions commun, quelles sont les attributions spécifiques à assurer.
Chaque préfet sera consulté sur le rattachement de chaque sous-préfecture et appelé à définir un projet de service en liaison avec les agents concernés. Un plan de formation et
daccompagnement au changement sera mis en oeuvre de façon pluri annuelle.
La question de ladaptation de la carte des sous-préfectures pourra se poser à la faveur de cette réflexion sur les missions et lorganisation comme de lévolution de la carte cantonale.
Les sous-préfets et de leurs équipes jouent un rôle de producteur de consensus et dassembleur des politiques publiques, ainsi que de vigie sur les mutations de leur territoire. Je souhaite donc, tout naturellement, que leurs rôles soient mieux valorisés dans la mise en oeuvre des politiques interministérielles.
Je pense à différents domaines et notamment lemploi et le redressement productif. Le Ministre en charge de cette question, Arnaud MONTEBOURG, a dailleurs souhaité que les Commissaires quil nommait auprès des préfets de région sappuient sur le réseau des sous-préfets. Cest une belle reconnaissance du professionnalisme, de la réactivité, de la capacité dengagement de notre réseau territorial.
Le second aspect que je veux évoquer quant à lavenir de linstitution préfectorale est celui des ressources humaines.
Au cours des dernières années, la baisse des effectifs a été forte et continue, même si elle a été réduite de moitié dernièrement. Je sais combien ces contraintes pèsent sur létat desprit et la motivation dune grande partie des équipes en préfecture. Les représentants des personnels, que jai rencontrés et avec qui je continue déchanger, mont exprimé un sens aigu du service public. Ils mont également fait part de leur attente, forte, de responsabilisation, de considération, découte et de reconnaissance.
Les efforts demandés à chacun dentre vous ne sont pas vains et ils devront, sans doute, se prolonger. Mais dans la dynamique de changement qui souvre, la baisse des effectifs ne saurait être un objectif en soi. La conduite des réformes à venir devra donc prendre en compte les réalités du terrain, redonner du sens aux missions et placer la personne, le fonctionnaire, au centre des évolutions.
Ceci implique denrichir et de développer le dialogue social. Je lai dit tout à lheure aux représentants du personnel que jai rencontrés : la charte du dialogue social, signée en octobre dernier, avec 23 organisations syndicales représentatives de tous les périmètres du ministère, soit la quasi-totalité dentre elles, est un outil reconnu et apprécié. Je lai encore constaté lors de ma rencontre du 1er juin. Il faut donc lui donner toute son ampleur.
Jai compris aussi que les représentants du personnel constatent, souvent, la nécessité daméliorer la qualité du dialogue social au plan local. Mais ce nest pas ce que jai entendu, tout à lheure, et je veux en témoigner devant vous avec une particulière satisfaction, Monsieur le préfet !
Le dialogue social doit être renforcé. Il doit prendre différentes formes, celles qui permettent au mieux léchange, et sexercer à tous les niveaux.
Il nous faut également être plus ambitieux en termes de formation au bénéfice des agents des préfectures et des sous-préfectures. Un plan national a été bâti. Il constitue un effort majeur en termes de conception et de moyens. Son but est daccompagner au mieux les évolutions des missions et des compétences des agents résultant des projets de service mis en oeuvre localement.
Enfin, il nous faut travailler au déploiement du plan ministériel de prévention des risques psycho-sociaux. Ce plan répond à un constat devenu de plus en plus criant.
L'évolution des conditions de travail, le comportement de certains usagers, le manque découte vécu par les agents et bien souvent le manque destime quils ressentent constituent des facteurs de souffrance, voire de troubles psycho-sociaux. Les syndicats des personnels de préfectures, comme dailleurs les syndicats de policiers, ont attiré mon attention sur des situations parfois dramatiques, confirmés par les professionnels des réseaux de soutien que sont les médecins, les psychologues ou les assistants de service social.
Le plan de prévention des risques psycho-sociaux (RPS), qui donne des éléments de méthode pour effectuer un diagnostic local et prendre les premières mesures de gestion des ressources humaines (GRH) de proximité, a pour objectif danticiper les difficultés.
La confiance, lécoute et le dialogue, constituent la base de cette gestion des ressources humaines plus qualitative, que jentends développer. La gestion des femmes et des hommes au sein dune organisation ne peut plus se satisfaire de la simple règle du commandement descendant. Sublimer les compétences, lenvie de servir, d'accomplir sa mission et daméliorer son travail est un vrai défi pour les préfets et le corps préfectoral du 21e siècle.
Des préfets, un corps préfectoral, des agents de préfecture dont je connais le professionnalisme et le sens du devoir. Je sais que tous les atouts, toutes les compétences sont là pour faire face aux exigences du présent et relever les défis de demain.
Ici, dans cette préfecture, marquée par lhistoire, jai voulu vous parler dhéritage et vous parler davenir. En somme, jai voulu vous parler de continuité. De ce joli mot qui est au coeur de votre action.
Source http://www.ain.pref.gouv.fr, le 16 juillet 2012
Madame la député, Messieurs les députés,
Messieurs les sénateurs,
Monsieur le président du Conseil régional,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les chefs de service,
Mesdames, Messieurs,
Dans chaque département de France, en métropole et dans les outre-mer, au moment où je vous parle, des femmes, des hommes, assurent une même mission : la présence et la continuité de lEtat. Je me trouve ici, avec vous, dans une partie dun tout qui forme lossature sur laquelle repose lorganisation de notre pays. Si une partie devait faire défaut, ce seraient alors les engagements de la République qui ne seraient plus tenus.
Je suis venu, aujourdhui, dans de cette Préfecture dEure-et-Loir, pour vous rencontrer et pour échanger. A cette occasion, je veux également vous faire part dun double message, que jaurai dailleurs lopportunité de répéter, lors de mes prochains déplacements, dans les préfectures de région, de département et les sous-préfectures. Je veux à la fois vous témoigner de la haute conception que je me fais de linstitution préfectorale et également de lentière confiance que je lui porte.
Jai conscience que cette institution na pas été considérée, ces dernières années, comme elle aurait dû lêtre. Elle na plus été comprise comme il aurait fallu. Comprise dans le sens du dialogue et de lécoute, mais également dans le sens de compréhension de la nature profonde de son rôle.
Les préfets, aidés de leurs services, sont des représentants de lEtat et du Gouvernement et, à ce titre, ils mettent en oeuvre, avec les administrations quils dirigent, laction de lEtat et les orientations fixés par le gouvernement. En dautres termes, ils sont des relais, defficaces courroies de transmission, et en aucun des fusibles dont peut disposer, à sa guise, le pouvoir politique. Les préfets, le corps préfectoral, les agents dans les préfectures sont des serviteurs de lEtat. Cest dans ce cadre précis que jentends madresser à eux, à vous.
Je lai dit, à plusieurs reprises, et notamment devant lensemble des préfets rassemblés, jeudi dernier, à lHôtel Beauvau, le Ministère de lIntérieur est un ministère du terrain. Jentends souscrire, pleinement, à cette dimension. Je veux avoir une présence sur le terrain qui soit utile. Il ne sagit pas, pour moi, dêtre partout, tout le temps. Ce serait contradictoire avec la confiance que je porte aux administrations qui agissent en local. Je veux être présent, chaque fois que nécessaire. Je veux, aussi, rencontrer et dialoguer, afin de saisir parfaitement la réalité concrète des rôles de chacun. Cest là la condition nécessaire pour arrêter de bonnes décisions.
Jai voulu accomplir, aujourdhui, une visite de terrain, dans une préfecture, lieu par essence de notre République. Le choix du département dEure-et-Loir sest imposé comme une évidence. Cest un choix marqué par lémotion et la volonté de reconnaissance.
Cette préfecture est, en effet, celle de Jean MOULIN, à qui nous venons de rendre un hommage solennel. Un hommage avec, je dois le dire, beaucoup démotion pour le ministre que je suis et qui regarde lhistoire qui sest accomplie, ici, dans ce lieu la visite de votre bureau, Monsieur le préfet, celui de Jean MOULIN, fut un moment très fort avec infiniment de respect.
On connaît le rôle déterminant de Jean MOULIN dans la Résistance ; on ne dit pas assez, quavant dêtre un combattant de lombre, il fut, en plein jour, un grand préfet. De lAveyron en 1937, puis dEure-et-Loir, à partir de février 1939.
Grand préfet et grand résistant. Cette concomitance na rien de surprenant. Etre préfet, cétait et cela demeure, servir la France. Etre résistant, cétait la servir plus encore ; la servir pour la sauver. Pour la remettre sur la trajectoire que, jamais, elle naurait dû quitter. Car le régime de Vichy fut bien un trait vengeur tiré sur la République et ses valeurs.
Jean MOULIN, cest lexpression la plus aboutie du courage pour la défense de grands principes. Au point de vouloir se donner la mort pour ne pas commettre linjustice. Cest lexpression dune intransigeance par rapport à la conception de lEtat.
Jean MOULIN cest lexpression dune volonté. Qui nétait pas partisane. Elle voulait simplement le retour de la France.
Les préfets, le corps préfectoral, les agents de préfecture sont les héritiers de ce combat qui pose le cadre dune exigence de tous les instants.
Le choix de ce déplacement en préfecture dEure-et-Loir, je lai fait aussi car ce département illustre bien les différentes réalités qui caractérisent notre pays : réalités urbaines autour des villes de Dreux, Nogent-le-Rotrou, Chartres et Châteaudun et réalités rurales avec des campagnes et des villages qui sont ô combien le visage de la France.
Cette diversité urbaine et rurale est, par définition, le cadre daction de linstitution préfectorale dont je souhaite tracer, aujourdhui, devant vous, les grandes lignes, pour lavenir.
Au cours des dernières années, lorganisation de lEtat dans sa dimension locale a été profondément modifiée. Depuis 2010, un nouveau paysage administratif sest ainsi mis en place.
Je veux my arrêter un instant et vous expliciter les premières orientations que je souhaite mettre en oeuvre dans ce domaine.
La première est fondée sur lidée que le « mécano » ne suffit pas. Il nous faut du sens. Il faut que nous déterminions, de façon claire et volontaire, quelles doivent être les missions que lEtat, au niveau local, doit assurer. Il ne peut sagir dune définition en creux, par défaut, qui ne serait que lagrégat de ce dont les collectivités locales ne souhaiteraient pas avoir la responsabilité.
La seconde orientation tient dans linscription pleine et entière des préfectures dans ce grand mouvement que sera le nouvel acte de la décentralisation. Comme la indiqué le Premier ministre, il reposera sur deux piliers : la confiance et la responsabilité. Les préfectures y auront toute leur place.
La troisième orientation est celle de linterministérialité et de la déconcentration. A ce titre, jai souhaité que les directions départementales interministérielles qui sont la traduction de cette interministérialité dont nos territoires ont besoin soient associées à cette rencontre. Je les remercie de leur présence. Je sais que vous vivez, au quotidien, ce besoin de responsabilisation, cette volonté de meilleure mutualisation et de plus grande créativité. Je souhaite quavec mes collègues du Gouvernement, nous vous accompagnions davantage dans cette voie.
Les préfectures ont été en première lignes des efforts de modernisation. Il sera nécessaire de relancer une nouvelle génération de directive nationale dorientation. Le bilan détape de la DNO pour la période 20102015 a montré la nécessité dintégrer de nouvelles préoccupations, insuffisamment prises en compte jusquà présent. Je pense notamment à la sécurité des préfectures et des sous-préfectures ou encore à la question de la délivrance des titres.
Pour ce faire, des groupes de travail associant directions dadministration centrale et représentants de ladministration territoriale vont se mettre en place, dès la rentrée. Les organisations syndicales seront pleinement associées à cette démarche.
Lobjectif est de proposer une nouvelle directive nationale dorientations qui, en cohérence, tienne compte du nouvel acte de décentralisation que le Gouvernement entend conduire, pour lété 2013.
Jentends être particulièrement attentif sur deux sujets qui mapparaissent essentiels : laccueil des publics et je pense en particulier à laccueil des étrangers et la pérennité de notre réseau de sous-préfectures.
En matière daccueil, je suis conscient des efforts accomplis, au quotidien. Jen ai eu, tout à lheure, la démonstration. Je sais les résultats obtenus, notamment en termes de certifications des conditions daccueil et doptimisation des procédures. Le baromètre établi par la Direction générale de la modernisation de lEtat (DGME), après une série denquêtes dites « mystère », a dailleurs classé en première position le réseau des préfectures, devant lensemble des autres services publics de lEtat.
Votre préfecture a obtenu, jai pu voir, de très bons résultats en matière daccueil des personnes à mobilité réduite ou encore dans la durée de traitement des courriers électroniques.
Je mesure lengagement des collaborateurs des préfectures pour assurer, chaque jour ouvré, un accueil dans les meilleures conditions. Un accueil qui se fait parfois dans un climat dhostilité de la part dusagers : plusieurs agents, ici, ont été victimes dagressions au cours des derniers mois et je condamne ces faits avec fermeté. Ils sont inadmissibles.
Les efforts engagés doivent être poursuivis. Je pense, en particulier, aux conditions daccueil des étrangers. Je suis élu dune commune de la banlieue parisienne et jai été particulièrement sensibilisé à cette question. Les images de files dattente interminables sont indignes de notre République. Et je ne veux plus quon soupçonne ou quon mette en cause lintégrité, le professionnalisme des agents des préfectures qui font leur travail. Il nous faut donc progresser. Cest dailleurs, jen suis persuadé, une des conditions pour que les agents des préfectures eux-mêmes se sentent davantage respectés et mieux considérés. Les pistes daction sont nombreuses. Il faut y travailler rapidement, efficacement, en y associant les agents eux-mêmes. Vous laurez bien compris : cette question est une priorité !
Le département dEure et Loir compte quatre arrondissements. Jai eu loccasion, il y a quelques instants, déchanger avec plusieurs agents issus des sous-préfectures. Jai perçu leurs inquiétudes sur le devenir de leurs missions, voire de leurs implantations. Les organisations professionnelles expriment elles aussi, leurs inquiétudes.
Cest parce que je suis convaincu que les sous-préfectures sont des éléments essentiels de notre cohésion sociale et territoriale que je sais quelles doivent évoluer.
Leur rôle, leurs missions, leurs effectifs doivent être redéfinis. Pour cela, il nous faut tenir compte de la diversité des situations. Les caractéristiques des territoires urbains, ruraux, montagnards, littoraux, frontaliers font naître des attentes spécifiques, dont il nous faut tenir compte.
Jai donc lancé un travail visant à identifier des catégories de sous-préfectures et à déterminer pour chacune de ces catégories, autour dun socle dattributions commun, quelles sont les attributions spécifiques à assurer.
Chaque préfet sera consulté sur le rattachement de chaque sous-préfecture et appelé à définir un projet de service en liaison avec les agents concernés. Un plan de formation et
daccompagnement au changement sera mis en oeuvre de façon pluri annuelle.
La question de ladaptation de la carte des sous-préfectures pourra se poser à la faveur de cette réflexion sur les missions et lorganisation comme de lévolution de la carte cantonale.
Les sous-préfets et de leurs équipes jouent un rôle de producteur de consensus et dassembleur des politiques publiques, ainsi que de vigie sur les mutations de leur territoire. Je souhaite donc, tout naturellement, que leurs rôles soient mieux valorisés dans la mise en oeuvre des politiques interministérielles.
Je pense à différents domaines et notamment lemploi et le redressement productif. Le Ministre en charge de cette question, Arnaud MONTEBOURG, a dailleurs souhaité que les Commissaires quil nommait auprès des préfets de région sappuient sur le réseau des sous-préfets. Cest une belle reconnaissance du professionnalisme, de la réactivité, de la capacité dengagement de notre réseau territorial.
Le second aspect que je veux évoquer quant à lavenir de linstitution préfectorale est celui des ressources humaines.
Au cours des dernières années, la baisse des effectifs a été forte et continue, même si elle a été réduite de moitié dernièrement. Je sais combien ces contraintes pèsent sur létat desprit et la motivation dune grande partie des équipes en préfecture. Les représentants des personnels, que jai rencontrés et avec qui je continue déchanger, mont exprimé un sens aigu du service public. Ils mont également fait part de leur attente, forte, de responsabilisation, de considération, découte et de reconnaissance.
Les efforts demandés à chacun dentre vous ne sont pas vains et ils devront, sans doute, se prolonger. Mais dans la dynamique de changement qui souvre, la baisse des effectifs ne saurait être un objectif en soi. La conduite des réformes à venir devra donc prendre en compte les réalités du terrain, redonner du sens aux missions et placer la personne, le fonctionnaire, au centre des évolutions.
Ceci implique denrichir et de développer le dialogue social. Je lai dit tout à lheure aux représentants du personnel que jai rencontrés : la charte du dialogue social, signée en octobre dernier, avec 23 organisations syndicales représentatives de tous les périmètres du ministère, soit la quasi-totalité dentre elles, est un outil reconnu et apprécié. Je lai encore constaté lors de ma rencontre du 1er juin. Il faut donc lui donner toute son ampleur.
Jai compris aussi que les représentants du personnel constatent, souvent, la nécessité daméliorer la qualité du dialogue social au plan local. Mais ce nest pas ce que jai entendu, tout à lheure, et je veux en témoigner devant vous avec une particulière satisfaction, Monsieur le préfet !
Le dialogue social doit être renforcé. Il doit prendre différentes formes, celles qui permettent au mieux léchange, et sexercer à tous les niveaux.
Il nous faut également être plus ambitieux en termes de formation au bénéfice des agents des préfectures et des sous-préfectures. Un plan national a été bâti. Il constitue un effort majeur en termes de conception et de moyens. Son but est daccompagner au mieux les évolutions des missions et des compétences des agents résultant des projets de service mis en oeuvre localement.
Enfin, il nous faut travailler au déploiement du plan ministériel de prévention des risques psycho-sociaux. Ce plan répond à un constat devenu de plus en plus criant.
L'évolution des conditions de travail, le comportement de certains usagers, le manque découte vécu par les agents et bien souvent le manque destime quils ressentent constituent des facteurs de souffrance, voire de troubles psycho-sociaux. Les syndicats des personnels de préfectures, comme dailleurs les syndicats de policiers, ont attiré mon attention sur des situations parfois dramatiques, confirmés par les professionnels des réseaux de soutien que sont les médecins, les psychologues ou les assistants de service social.
Le plan de prévention des risques psycho-sociaux (RPS), qui donne des éléments de méthode pour effectuer un diagnostic local et prendre les premières mesures de gestion des ressources humaines (GRH) de proximité, a pour objectif danticiper les difficultés.
La confiance, lécoute et le dialogue, constituent la base de cette gestion des ressources humaines plus qualitative, que jentends développer. La gestion des femmes et des hommes au sein dune organisation ne peut plus se satisfaire de la simple règle du commandement descendant. Sublimer les compétences, lenvie de servir, d'accomplir sa mission et daméliorer son travail est un vrai défi pour les préfets et le corps préfectoral du 21e siècle.
Des préfets, un corps préfectoral, des agents de préfecture dont je connais le professionnalisme et le sens du devoir. Je sais que tous les atouts, toutes les compétences sont là pour faire face aux exigences du présent et relever les défis de demain.
Ici, dans cette préfecture, marquée par lhistoire, jai voulu vous parler dhéritage et vous parler davenir. En somme, jai voulu vous parler de continuité. De ce joli mot qui est au coeur de votre action.
Source http://www.ain.pref.gouv.fr, le 16 juillet 2012