Texte intégral
Permettez-moi tout dabord de remercier Laurent FABIUS pour son initiative de diplomatie économique. Nos forces diplomatiques vont être mobilisées pour lobjectif de retour à léquilibre de notre balance commerciale hors énergie, fixé par le Premier Ministre et quil ma demandé de mener à bien sur le quinquennat. Lobjectif est ambitieux et volontariste. Il est à notre portée.
Nous devons gagner 25 à 26 milliards deuros. Je souhaite mettre cet objectif en perspective. En 2011, les entreprises françaises ont exporté 430 milliards deuros de biens et marchandises, 30 milliards à travers la réalisation de grands contrats, 400 milliards grâce à tout le reste, ce que lon appelle faute de mieux le « commerce courant » qui regroupe des secteurs aussi variés que les Industries agro-alimentaires, le luxe, lautomobile, les filières des sciences du vivant, du numérique, des écotechnologies et bien dautres encore. Pour gagner 25 milliards nous devons faire en sorte que la croissance de nos exportations soit chaque année de 2% supérieure à celle de nos importations.
Pour y parvenir, nous avons besoin de votre concours, de celui de mes équipes à létranger qui sont aussi les vôtres, mais aussi de la mobilisation de lensemble de vos moyens dactions qui seront de ce fait également un peu les miens. Il conviendra de coordonner mieux nos efforts. Ce sera, dans votre pays de résidence, votre responsabilité en gardant à lesprit la nécessité de préserver la réactivité et lagilité de nos interventions et de nos opérateurs, en refusant les doublons, les redondances ou les commandes inutiles, en utilisant chacun pour lexpertise et les missions qui sont les siennes.
I. Pour ma part, je serai la Ministre de la performance commerciale. Je mappuierai naturellement dabord sur nos efforts de compétitivité. Elle détermine tout ou presque. Pour le volet externe de la chaine de compétitivité, jai indiqué au Premier Ministre que ma stratégie reposerait sur trois priorités tournées vers nos entreprises.
1. Il sagira dabord de leur permettre de concourir à armes égales dans la compétition internationale. Cette priorité exige de mettre à leur disposition des financements exports compétitifs, à niveau de ceux dont bénéficient les concurrents allemands, américains ou japonais, sans parler des financements déloyaux de nouveaux compétiteurs. Elle aura une dimension européenne que je conduirai à travers la politique commerciale en promouvant le principe de réciprocité et le respect et le renforcement des règles dans le commerce international.
2. Il faudra être à leurs côtés pour simplanter durablement dans les marchés porteurs de croissance sur lesquels je concentrerai mon action et les moyens qui sont les miens, en animant la stratégie économique extérieure du Gouvernement. A rebours dune diplomatie économique au fil de leau, jarrêterai prochainement des priorités sur la base dune étude que jai commandée à la Direction Générale du Trésor. Elle identifiera les couples produits/marchés où notre potentiel dexportations est sous-utilisé et où les gains à attendre dune mobilisation collective sont les plus forts.
3. Enfin - dabord faudrait-il dire - je travaillerai à ce que loffre commerciale « France » soit rassemblée et structurée.
Cette priorité renvoie à lobjet de notre table-ronde et à la place de nos PME et de nos ETI dans nos exportations.
II. Nos PME sont plus petites que leurs homologues européennes et peinent à grandir. Le diagnostic est connu comme sa conséquence : la difficulté à développer une action gagnante à linternational. Quand nos PME sont bien sélectionnées et bien préparées en amont, elles ont plus de chances de réussir et surtout de durer sur les marchés internationaux. Noubliez pas que sur 100 nouveaux exportateurs, 70 nexporteront plus lannée suivante. Quand nos PME se regroupent, elles sont moins petites. Elles peuvent partager des ressources mais aussi étoffer leur offre commerciale en jouant de leur complémentarité technologique, comme jai pu le voir avec la très belle expérience du réseau francilien décotechnologie Durapole. Un réseau dentreprises peut être léquivalent du Mittelstand allemand. Jencouragerai ces regroupements. Quand nos PME sassocient à nos groupes internationalisés, elles peuvent devenir moyennes ou grandes. Cest lenjeu de la structuration des actions à lexportation au sein des filières ou à travers les pôles de compétitivité. Sur tous ces points, je compte sur les Régions. Elles ont une responsabilité première en matière de développement économique. Elles connaissent les qualités et faiblesses des différents opérateurs locaux de lappui aux entreprises, qui varient dune région à lautre. Elles financent les CCI, les pôles de compétitivité, les réseaux dentreprises, les filières dexcellence régionales. Elles ont des agences de développement et dinnovation. Elles sont bien placées pour piloter, conduire, donner de lénergie internationale à leurs entreprises.
Si le commerce international est affaire davantages « comparatifs », il repose également sur notre capacité à mobiliser nos avantages « collaboratifs ».
Ceux-ci peuvent aussi sexprimer dans une relation directe entre la petite et la grande entreprise. On appelle cela le portage. Nos grandes entreprises devraient se sentir obligées : laction publique a beaucoup fait pour quelles deviennent des champions nationaux, puis internationaux ; nous continuons à intervenir à leurs côtés via le CIR, les pôles, les investissements davenir et puis à lexport à travers la Coface ou notre diplomatie économique. Il y a des tentatives pour avancer dans cette direction, linitiative « Pacte PME international ». Je sais quil y a ici de belles histoires à raconter. Pourtant « globalement » cela ne marche pas, pas assez (26 grands groupes impliqués dans linitiative alors quil y a plus de 210 grandes entreprises recensées par lINSEE, 150 PME par an qui bénéficient dun appui dune grande entreprise : hébergement dun VIE, ou du représentant de la PME à létranger, conseil cest très peu).
Je vais donc revenir vers les entreprises, les fédérations professionnelles, les comités de filières avec des propositions. Je vois quatre pistes à explorer :
- le partage de compétences internationales. Le Président de la République a mis en avant dans son programme le « contrat de génération ». Pourquoi ne pas réfléchir à un contrat de génération entre entreprises : un cadre expérimenté dune grande entreprise qui mettrait son expertise internationale au service dune jeune entreprise.
- la mobilisation de nos grands réseaux de distribution à létranger réseaux généralistes (Casino) ou spécialisés (Lapeyre- Saint Gobain). Je les rencontrerai prochainement,
- le travail autour des fonds dinvestissement que beaucoup de grandes entreprises (EDF, Veolia) ont mis en place dans une démarche dinnovation ouverte (les corporate ventures). Ces investisseurs prennent des participations dans des PME. Ils doivent les aider à réussir en mobilisant leurs maisons-mères (les grandes entreprises) pour accompagner à linternational les PME dans lesquelles ils ont investi,
- et puis il y a les grandes entreprises étrangères implantées en France. Nous ny pensons pas assez (67 sur les 217 grandes entreprises recensées par lINSEE). Je veux voir avec elles, sil est possible de mettre en place une dynamique de portage « ascendant », de la filiale en France vers la maison-mère à létranger ou le réseau international, en ouvrant des portes ou en « recommandant » leurs fournisseurs français. Certaines le font déjà dans le domaine de linnovation (Microsoft France, Siemens France) Et comme innovation et développement international sont intimement liés
Il y a certainement dautres idées, des bonnes pratiques mises en place dans vos pays de résidence. Même si je sais quelles ne sont pas nécessairement transposables chez nous, je suis intéressée à ce que vous maidiez à les identifier. Jen suis preneuse.
III. Je termine sur deux points divers.
Innovation et développement international sont étroitement liés. Pour exporter, il faut se différencier et donc sappuyer sur la créativité et linnovation. La relation est entendue. Elle lest moins dans lautre sens : une entreprise qui exporte va alimenter sa dynamique dinnovation. Elle va en effet avoir accès à de nouvelles sources de connaissances, de nouveaux réseaux dinnovation, dautres possibilités de nouer des partenariats technologiques. Cest particulièrement vrai pour nos PME de hautes technologies. Leurs démarches internationales sont donc tournées vers les marchés mais aussi vers lenrichissement de leur potentiel dinnovation. Ici vos services pour la science et la technologie ont un rôle essentiel pour les accompagner. Jen ai parlé récemment à Geneviève Fioraso, ministre de lEnseignement supérieur et de la Recherche, qui partage mon analyse. Je les rencontrerai et les mobiliserai lors de mes déplacements à létranger.
« Equipe de France de lexport » et « chasser en meute » : je naime pas ces deux termes. Ils revoient à des expériences passées qui ont coïncidé avec notre défaillance à lexport et à des initiatives de nature institutionnelle. Je préfère des termes comme réseaux, clusters si cet anglicisme mest autorisé, filières et synergies, dabord portées et incarnées par les entreprises.
Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 11 septembre 2012
Nous devons gagner 25 à 26 milliards deuros. Je souhaite mettre cet objectif en perspective. En 2011, les entreprises françaises ont exporté 430 milliards deuros de biens et marchandises, 30 milliards à travers la réalisation de grands contrats, 400 milliards grâce à tout le reste, ce que lon appelle faute de mieux le « commerce courant » qui regroupe des secteurs aussi variés que les Industries agro-alimentaires, le luxe, lautomobile, les filières des sciences du vivant, du numérique, des écotechnologies et bien dautres encore. Pour gagner 25 milliards nous devons faire en sorte que la croissance de nos exportations soit chaque année de 2% supérieure à celle de nos importations.
Pour y parvenir, nous avons besoin de votre concours, de celui de mes équipes à létranger qui sont aussi les vôtres, mais aussi de la mobilisation de lensemble de vos moyens dactions qui seront de ce fait également un peu les miens. Il conviendra de coordonner mieux nos efforts. Ce sera, dans votre pays de résidence, votre responsabilité en gardant à lesprit la nécessité de préserver la réactivité et lagilité de nos interventions et de nos opérateurs, en refusant les doublons, les redondances ou les commandes inutiles, en utilisant chacun pour lexpertise et les missions qui sont les siennes.
I. Pour ma part, je serai la Ministre de la performance commerciale. Je mappuierai naturellement dabord sur nos efforts de compétitivité. Elle détermine tout ou presque. Pour le volet externe de la chaine de compétitivité, jai indiqué au Premier Ministre que ma stratégie reposerait sur trois priorités tournées vers nos entreprises.
1. Il sagira dabord de leur permettre de concourir à armes égales dans la compétition internationale. Cette priorité exige de mettre à leur disposition des financements exports compétitifs, à niveau de ceux dont bénéficient les concurrents allemands, américains ou japonais, sans parler des financements déloyaux de nouveaux compétiteurs. Elle aura une dimension européenne que je conduirai à travers la politique commerciale en promouvant le principe de réciprocité et le respect et le renforcement des règles dans le commerce international.
2. Il faudra être à leurs côtés pour simplanter durablement dans les marchés porteurs de croissance sur lesquels je concentrerai mon action et les moyens qui sont les miens, en animant la stratégie économique extérieure du Gouvernement. A rebours dune diplomatie économique au fil de leau, jarrêterai prochainement des priorités sur la base dune étude que jai commandée à la Direction Générale du Trésor. Elle identifiera les couples produits/marchés où notre potentiel dexportations est sous-utilisé et où les gains à attendre dune mobilisation collective sont les plus forts.
3. Enfin - dabord faudrait-il dire - je travaillerai à ce que loffre commerciale « France » soit rassemblée et structurée.
Cette priorité renvoie à lobjet de notre table-ronde et à la place de nos PME et de nos ETI dans nos exportations.
II. Nos PME sont plus petites que leurs homologues européennes et peinent à grandir. Le diagnostic est connu comme sa conséquence : la difficulté à développer une action gagnante à linternational. Quand nos PME sont bien sélectionnées et bien préparées en amont, elles ont plus de chances de réussir et surtout de durer sur les marchés internationaux. Noubliez pas que sur 100 nouveaux exportateurs, 70 nexporteront plus lannée suivante. Quand nos PME se regroupent, elles sont moins petites. Elles peuvent partager des ressources mais aussi étoffer leur offre commerciale en jouant de leur complémentarité technologique, comme jai pu le voir avec la très belle expérience du réseau francilien décotechnologie Durapole. Un réseau dentreprises peut être léquivalent du Mittelstand allemand. Jencouragerai ces regroupements. Quand nos PME sassocient à nos groupes internationalisés, elles peuvent devenir moyennes ou grandes. Cest lenjeu de la structuration des actions à lexportation au sein des filières ou à travers les pôles de compétitivité. Sur tous ces points, je compte sur les Régions. Elles ont une responsabilité première en matière de développement économique. Elles connaissent les qualités et faiblesses des différents opérateurs locaux de lappui aux entreprises, qui varient dune région à lautre. Elles financent les CCI, les pôles de compétitivité, les réseaux dentreprises, les filières dexcellence régionales. Elles ont des agences de développement et dinnovation. Elles sont bien placées pour piloter, conduire, donner de lénergie internationale à leurs entreprises.
Si le commerce international est affaire davantages « comparatifs », il repose également sur notre capacité à mobiliser nos avantages « collaboratifs ».
Ceux-ci peuvent aussi sexprimer dans une relation directe entre la petite et la grande entreprise. On appelle cela le portage. Nos grandes entreprises devraient se sentir obligées : laction publique a beaucoup fait pour quelles deviennent des champions nationaux, puis internationaux ; nous continuons à intervenir à leurs côtés via le CIR, les pôles, les investissements davenir et puis à lexport à travers la Coface ou notre diplomatie économique. Il y a des tentatives pour avancer dans cette direction, linitiative « Pacte PME international ». Je sais quil y a ici de belles histoires à raconter. Pourtant « globalement » cela ne marche pas, pas assez (26 grands groupes impliqués dans linitiative alors quil y a plus de 210 grandes entreprises recensées par lINSEE, 150 PME par an qui bénéficient dun appui dune grande entreprise : hébergement dun VIE, ou du représentant de la PME à létranger, conseil cest très peu).
Je vais donc revenir vers les entreprises, les fédérations professionnelles, les comités de filières avec des propositions. Je vois quatre pistes à explorer :
- le partage de compétences internationales. Le Président de la République a mis en avant dans son programme le « contrat de génération ». Pourquoi ne pas réfléchir à un contrat de génération entre entreprises : un cadre expérimenté dune grande entreprise qui mettrait son expertise internationale au service dune jeune entreprise.
- la mobilisation de nos grands réseaux de distribution à létranger réseaux généralistes (Casino) ou spécialisés (Lapeyre- Saint Gobain). Je les rencontrerai prochainement,
- le travail autour des fonds dinvestissement que beaucoup de grandes entreprises (EDF, Veolia) ont mis en place dans une démarche dinnovation ouverte (les corporate ventures). Ces investisseurs prennent des participations dans des PME. Ils doivent les aider à réussir en mobilisant leurs maisons-mères (les grandes entreprises) pour accompagner à linternational les PME dans lesquelles ils ont investi,
- et puis il y a les grandes entreprises étrangères implantées en France. Nous ny pensons pas assez (67 sur les 217 grandes entreprises recensées par lINSEE). Je veux voir avec elles, sil est possible de mettre en place une dynamique de portage « ascendant », de la filiale en France vers la maison-mère à létranger ou le réseau international, en ouvrant des portes ou en « recommandant » leurs fournisseurs français. Certaines le font déjà dans le domaine de linnovation (Microsoft France, Siemens France) Et comme innovation et développement international sont intimement liés
Il y a certainement dautres idées, des bonnes pratiques mises en place dans vos pays de résidence. Même si je sais quelles ne sont pas nécessairement transposables chez nous, je suis intéressée à ce que vous maidiez à les identifier. Jen suis preneuse.
III. Je termine sur deux points divers.
Innovation et développement international sont étroitement liés. Pour exporter, il faut se différencier et donc sappuyer sur la créativité et linnovation. La relation est entendue. Elle lest moins dans lautre sens : une entreprise qui exporte va alimenter sa dynamique dinnovation. Elle va en effet avoir accès à de nouvelles sources de connaissances, de nouveaux réseaux dinnovation, dautres possibilités de nouer des partenariats technologiques. Cest particulièrement vrai pour nos PME de hautes technologies. Leurs démarches internationales sont donc tournées vers les marchés mais aussi vers lenrichissement de leur potentiel dinnovation. Ici vos services pour la science et la technologie ont un rôle essentiel pour les accompagner. Jen ai parlé récemment à Geneviève Fioraso, ministre de lEnseignement supérieur et de la Recherche, qui partage mon analyse. Je les rencontrerai et les mobiliserai lors de mes déplacements à létranger.
« Equipe de France de lexport » et « chasser en meute » : je naime pas ces deux termes. Ils revoient à des expériences passées qui ont coïncidé avec notre défaillance à lexport et à des initiatives de nature institutionnelle. Je préfère des termes comme réseaux, clusters si cet anglicisme mest autorisé, filières et synergies, dabord portées et incarnées par les entreprises.
Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 11 septembre 2012