Texte intégral
Mesdames, et Messieurs,
Je vous remercie de votre invitation.
Je me réjouis dêtre parmi vous ce matin pour ouvrir votre colloque annuel.
Son thème « Les territoires numériques » représente un enjeu de première importance. Non seulement il nous questionne sur le rôle que peut jouer le numérique pour le territoire, mais il nous invite aussi à réfléchir sur ce que peuvent faire les territoires pour le numérique.
Chacune des trois tables-rondes organisées aujourdhui abordera ces questions sous un angle particulier.
Tout dabord, lobjectif est danalyser l'impact des technologies numériques sur nos modes de vie quotidiens. La transition technologique est en marche et la totalité de nos activités économiques et sociales va être bouleversée. Les domaines concernés sont multiples et rassemblent aussi bien léducation et les transports que la santé. Le numérique entraîne une transformation structurante de nos rapports à l'espace, de nos modes de communication et de nos comportements sociaux.
Ensuite, lenjeu est détudier et de maîtriser le rôle des technologies numériques en tant que moteur de la compétitivité et du développement économique, social et culturel des territoires. Il faut favoriser les conditions dune évolution profonde de l'industrie et des services. Lobjectif doit être de renforcer la compétitivité et lemploi.
Enfin, la question est celle de la forme de lintervention des pouvoirs publics. Ces derniers ont un rôle central à jouer dans la transition numérique. Ils doivent prendre part à larticulation entre numérique et territoires. Alors que lécosystème numérique saffranchit de toute frontière, les pouvoirs publics doivent intervenir aux niveaux territorial, national mais aussi supranational.
Vous laurez compris, la réflexion concernant la relation entre numérique et territoires est essentielle et multifacette. Pour ma part, jaborderai deux axes qui sont au coeur de mes préoccupations actuelles :
- le rôle des pouvoirs publics dans la diffusion du numérique dans les territoires ;
- et notre ambition pour le très haut débit.
Premièrement, le numérique constitue un moyen formidable pour libérer les possibilités créatives dans les territoires.
A ce titre, je voudrais saluer l'implication des collectivités. Leur rôle est central non seulement dans le développement des infrastructures, mais aussi dans la diffusion des usages. Leur action pour le renforcement du numérique à l'école en est un très bon exemple. Très tôt les collectivités ont compris que la transition numérique du système dapprentissage était un levier essentiel de notre maîtrise du numérique. A lheure où le Gouvernement mène une réflexion sur la refondation de lEcole, ce caractère précurseur doit être souligné.
Avec le déploiement du très haut débit, le développement des usages numériques dans les territoires pourra être accéléré.
Je pense à le-santé, à lenrichissement de loffre culturelle en ligne, ou encore aux perspectives formidables en matière de logement intelligent. Je prendrai dans les mois qui viennent une série dinitiatives conjointes avec dautres membres du Gouvernement pour impulser ce développement des usages, à lécole, à lhôpital. Partout où lEtat a la capacité dagir vite.
Ce renforcement du numérique dans les territoires passe par laction des pôles de compétitivité.
Le Président de la République a récemment confirmé limplication de lEtat dans les pôles de compétitivité. Nous avons à définir une troisième phase pour les pôles, et je sais compter sur les Régions pour développer cet outil essentiel à la diffusion de linnovation.
Je suis convaincue quil faut avoir une grande ambition pour nos territoires. Il faut leur donner les moyens de la réussite économique. Cest un enjeu daménagement, de décentralisation, mais cest aussi et surtout un enjeu de compétitivité.
Deuxièmement, pour alimenter cette dynamique, la couverture de la France en très haut débit doit constituer une priorité. Le Président de la République a fixé lobjectif : la couverture du territoire en très haut débit en 10 ans. Cest dabord un message lancé à tous les territoires ruraux.
Mon déplacement à Ruralitic, il y a dix jours, avait notamment pour objectif de rappeler limportance que le Gouvernement accorde à la réalisation de cet engagement. Il visait aussi à souligner le caractère essentiel de son message : le déploiement du très haut débit se fera dans la justice. Tous nos concitoyens, où quils soient en France, y auront accès.
Vous le savez, cest à moi quil revient de piloter ce chantier au sein du Gouvernement. Je suis déterminée à agir pour que la logique qui a prévalu jusquà présent soit enfin renversée, et que la solidarité soit au coeur de notre action.
Je me suis déjà exprimé en ce sens, et je le répète devant vous. Je nai pas peur de dire quaujourdhui lÉtat doit assumer ses missions. Il doit prendre un véritable rôle de planificateur, de chef dorchestre des déploiements.
Après des années de tâtonnements, lEtat doit assumer un certain dirigisme.
Cest la clé pour réussir ce chantier colossal, quil soit vu du côté industriel ou du côté de laménagement des territoires.
Jai réuni une table ronde en juillet dernier, avec Cécile DUFLOT, au cours de laquelle les attentes de chacun ont pu sexprimer.
Jai entendu les élus, et tout particulièrement ceux qui chaque jour, dans les territoires font en sorte que ce chantier avance. Car je le sais, cest vous qui êtes exposés. Cest vous que vos administrés viennent voir lorsquils sont mécontents de leurs accès à haut débit. Et cest vous qui êtes démunis lorsque lÉtat fait défaut, ou qui semblez confier la politique daménagement du territoire aux opérateurs privés.
Jai également entendu les opérateurs. Le contexte est difficile, et les investissements nécessaires pour le déploiement du très haut débit sont sans précédents. Dans ces conditions, les opérateurs soulèvent des interrogations quant au devenir industriel de leurs investissements dans les projets des collectivités.
La solution, chacun la connaît.
Il faut avancer rapidement sur la couverture, sur le financement et sur la question centrale de la place de lÉtat au sein de ce dispositif, comme garant de lintérêt industriel et de laménagement des territoires.
Je me répète, mais la fibre constitue un enjeu industriel de taille. Il convient dassurer une certaine homogénéité à léchelle nationale des différents réseaux dinitiative publique.
La France ne peut pas se permettre un échec industriel et stratégique en matière de télécommunications, alors quelle doit sengager encore plus volontairement sur la voie du numérique et de la compétitivité.
Ainsi, il me paraît absolument nécessaire de renforcer la gouvernance du déploiement du très haut débit à travers un accompagnement accru de la puissance publique.
Jai identifié quatre chantiers sur lesquels lÉtat doit renforcer sa présence aux côtés des opérateurs et des collectivités :
1. La planification des déploiements, en précisant les objectifs de couverture et en organisant les zonages;
2. Lorganisation du cofinancement des projets, en définissant et en mettant en oeuvre dune part les modalités dintervention financière de lÉtat pour assurer la péréquation, et dautre part en catalysant les projets dinvestissements privés (y compris les financements européens) ;
3. Le suivi de lavancement de tous les projets de déploiement de réseaux afin que les engagements des uns et des autres soient crédibles et vérifiables.
4. Lharmonisation des architectures de réseaux, des systèmes dinformation et des conditions économiques daccueil permettant aux opérateurs dutiliser effectivement les infrastructures à très haut débit mises en place ;
Enfin, en parallèle des déploiements, nous devons tous, collectivement, prendre conscience que le déploiement sera moins coûteux à financer si les consommateurs ont un intérêt à basculer vers la fibre.
Là où le constat est préoccupant à léchelle nationale, cest bien en termes dadoption du très haut débit par les ménages : des réseaux en fibre optique ont été déployés à proximité de presque 6 millions de foyers. Presque 2 millions peuvent être raccordés immédiatement. Et seuls moins de 250 000 foyers ont aujourdhui décidé de franchir le pas du FTTH.
Pour accélérer la souscription des consommateurs au THD, à mon sens, trois voies doivent faire lobjet dune instruction plus poussée :
1. Laccès aux logements ;
2. La question de lincitation économique à la bascule pour les consommateurs et pour les opérateurs ;
3. La question de lextinction progressive du réseau cuivre, qui fera lobjet très prochainement dune expérimentation dans une commune de la région parisienne.
Pour conclure, je voudrais rappeler quau-delà du déploiement du THD, il faut avoir à lesprit les enjeux technologiques dans lesquels il sinscrit.
Les objets connectés, le traitement massif des données, larchitecture de lInternet qui évolue, linformation en nuage, la consolidation de géants mondiaux : le numérique daujourdhui nest pas celui dil y a dix ans.
Tout cela va encore évoluer. Très vite. La France doit avoir sa place dans ce nouveau monde économique. Pour ne pas se faire dicter ses choix par les géants de lInternet. Pour que les modèles économiques ne nous soient pas imposés.
Le premier exemple que je souhaiterais évoquer est celui des industries culturelles.
Lexception culturelle a été pensée avant Internet. Aujourdhui, le numérique est un mode daccès privilégié à la musique, la vidéo, demain le livre etc.
On oppose trop souvent le monde de la culture à celui des réseaux.
Pourtant, nos concitoyens ne conçoivent pas lun sans lautre.
Je souhaite porter sur le numérique un regard panoramique couvrant à la fois les infrastructures, les usages et les contenus.
Aujourdhui, vous le savez, il y a cette discussion difficile avec la Commission européenne à propos de la TST, la taxe sur les distributeurs de services de télévisions, que paient, parmi dautres, les opérateurs télécoms pour financer le CNC, le centre national du cinéma et de limage animée.
Cette taxe est menacée parce quon ne peut pas empêcher un opérateur télécom de proposer un prix très faible pour les seuls services audiovisuels (par exemple 1,99 TTC pour ne pas le citer) dans le cadre dune offre triple play ou quadruple play. Or la taxe porte uniquement sur le chiffre daffaires audiovisuel des opérateurs télécoms, et le droit communautaire interdit de lélargir à lensemble du chiffre daffaires des opérateurs télécoms.
Aujourdhui, seul un opérateur profite de cette faille de la TST. Cest pour le moment un problème déquité entre opérateurs télécoms. Certains paient plus que dautres. Cest un premier problème. Mais surtout, demain, rien nempêchera les autres opérateurs de saligner. Alors, ce sont les ressources du CNC et sa mission dexception culturelle qui seront en danger.
Je le dis devant vous, je ne serai pas la Ministre de léconomie numérique qui laissera ce dispositif de financement du cinéma français se déliter.
Jai proposé à mes collègues du gouvernement un nouveau dispositif, qui présenterait le triple avantage de garantir un rendement satisfaisant, de rétablir léquité entre les opérateurs et de respecter le cadre communautaire. Nous irons défendre dès lundi prochain cette « TST 2 » à la Commission européenne.
Pour moi, il ny a pas à opposer le secteur numérique et lexception culturelle car chacun se nourrit de lautre.
Le deuxième exemple que je souhaite évoquer est celui de la neutralité de lInternet.
La question est aujourdhui de savoir comment garantir larchitecture ouverte et décentralisée dInternet tout en faisant face aux usages sans cesse plus consommateurs en bande passante.
Un travail de cadrage remarquable a été fait par le Parlement sur ce dossier, à travers un rapport dinformation des députées Corine ERHEL et Laure DE LA RAUDIERE.
Je tiens aussi à saluer le travail de lARCEP sur la question depuis 2009. Je voudrais saluer la qualité des consultations publiques que le régulateur a lancées ces dernières années, notamment celles du 23 décembre 2011, et le rôle quelle a tenu auprès de la Commission pour faire avancer cette question en Europe.
L'ARCEP vient de remettre au Parlement et au Gouvernement son rapport sur la neutralité de l'internet. L'Autorité de la concurrence vient aussi de rendre une décision importante sur cette question.
Les termes du débat sont désormais solidement posés et il est temps pour le gouvernement davancer sur cette question importante. Cest pourquoi jorganiserai dans les prochaines semaines une réunion de travail ouverte à lensemble des acteurs concernés, avec lobjectif de dégager un consensus aussi large que possible.
Je vous remercie et vous souhaite dexcellents travaux.Source http://www.redressement-productif.gouv.fr, le 26 septembre 2012
Je vous remercie de votre invitation.
Je me réjouis dêtre parmi vous ce matin pour ouvrir votre colloque annuel.
Son thème « Les territoires numériques » représente un enjeu de première importance. Non seulement il nous questionne sur le rôle que peut jouer le numérique pour le territoire, mais il nous invite aussi à réfléchir sur ce que peuvent faire les territoires pour le numérique.
Chacune des trois tables-rondes organisées aujourdhui abordera ces questions sous un angle particulier.
Tout dabord, lobjectif est danalyser l'impact des technologies numériques sur nos modes de vie quotidiens. La transition technologique est en marche et la totalité de nos activités économiques et sociales va être bouleversée. Les domaines concernés sont multiples et rassemblent aussi bien léducation et les transports que la santé. Le numérique entraîne une transformation structurante de nos rapports à l'espace, de nos modes de communication et de nos comportements sociaux.
Ensuite, lenjeu est détudier et de maîtriser le rôle des technologies numériques en tant que moteur de la compétitivité et du développement économique, social et culturel des territoires. Il faut favoriser les conditions dune évolution profonde de l'industrie et des services. Lobjectif doit être de renforcer la compétitivité et lemploi.
Enfin, la question est celle de la forme de lintervention des pouvoirs publics. Ces derniers ont un rôle central à jouer dans la transition numérique. Ils doivent prendre part à larticulation entre numérique et territoires. Alors que lécosystème numérique saffranchit de toute frontière, les pouvoirs publics doivent intervenir aux niveaux territorial, national mais aussi supranational.
Vous laurez compris, la réflexion concernant la relation entre numérique et territoires est essentielle et multifacette. Pour ma part, jaborderai deux axes qui sont au coeur de mes préoccupations actuelles :
- le rôle des pouvoirs publics dans la diffusion du numérique dans les territoires ;
- et notre ambition pour le très haut débit.
Premièrement, le numérique constitue un moyen formidable pour libérer les possibilités créatives dans les territoires.
A ce titre, je voudrais saluer l'implication des collectivités. Leur rôle est central non seulement dans le développement des infrastructures, mais aussi dans la diffusion des usages. Leur action pour le renforcement du numérique à l'école en est un très bon exemple. Très tôt les collectivités ont compris que la transition numérique du système dapprentissage était un levier essentiel de notre maîtrise du numérique. A lheure où le Gouvernement mène une réflexion sur la refondation de lEcole, ce caractère précurseur doit être souligné.
Avec le déploiement du très haut débit, le développement des usages numériques dans les territoires pourra être accéléré.
Je pense à le-santé, à lenrichissement de loffre culturelle en ligne, ou encore aux perspectives formidables en matière de logement intelligent. Je prendrai dans les mois qui viennent une série dinitiatives conjointes avec dautres membres du Gouvernement pour impulser ce développement des usages, à lécole, à lhôpital. Partout où lEtat a la capacité dagir vite.
Ce renforcement du numérique dans les territoires passe par laction des pôles de compétitivité.
Le Président de la République a récemment confirmé limplication de lEtat dans les pôles de compétitivité. Nous avons à définir une troisième phase pour les pôles, et je sais compter sur les Régions pour développer cet outil essentiel à la diffusion de linnovation.
Je suis convaincue quil faut avoir une grande ambition pour nos territoires. Il faut leur donner les moyens de la réussite économique. Cest un enjeu daménagement, de décentralisation, mais cest aussi et surtout un enjeu de compétitivité.
Deuxièmement, pour alimenter cette dynamique, la couverture de la France en très haut débit doit constituer une priorité. Le Président de la République a fixé lobjectif : la couverture du territoire en très haut débit en 10 ans. Cest dabord un message lancé à tous les territoires ruraux.
Mon déplacement à Ruralitic, il y a dix jours, avait notamment pour objectif de rappeler limportance que le Gouvernement accorde à la réalisation de cet engagement. Il visait aussi à souligner le caractère essentiel de son message : le déploiement du très haut débit se fera dans la justice. Tous nos concitoyens, où quils soient en France, y auront accès.
Vous le savez, cest à moi quil revient de piloter ce chantier au sein du Gouvernement. Je suis déterminée à agir pour que la logique qui a prévalu jusquà présent soit enfin renversée, et que la solidarité soit au coeur de notre action.
Je me suis déjà exprimé en ce sens, et je le répète devant vous. Je nai pas peur de dire quaujourdhui lÉtat doit assumer ses missions. Il doit prendre un véritable rôle de planificateur, de chef dorchestre des déploiements.
Après des années de tâtonnements, lEtat doit assumer un certain dirigisme.
Cest la clé pour réussir ce chantier colossal, quil soit vu du côté industriel ou du côté de laménagement des territoires.
Jai réuni une table ronde en juillet dernier, avec Cécile DUFLOT, au cours de laquelle les attentes de chacun ont pu sexprimer.
Jai entendu les élus, et tout particulièrement ceux qui chaque jour, dans les territoires font en sorte que ce chantier avance. Car je le sais, cest vous qui êtes exposés. Cest vous que vos administrés viennent voir lorsquils sont mécontents de leurs accès à haut débit. Et cest vous qui êtes démunis lorsque lÉtat fait défaut, ou qui semblez confier la politique daménagement du territoire aux opérateurs privés.
Jai également entendu les opérateurs. Le contexte est difficile, et les investissements nécessaires pour le déploiement du très haut débit sont sans précédents. Dans ces conditions, les opérateurs soulèvent des interrogations quant au devenir industriel de leurs investissements dans les projets des collectivités.
La solution, chacun la connaît.
Il faut avancer rapidement sur la couverture, sur le financement et sur la question centrale de la place de lÉtat au sein de ce dispositif, comme garant de lintérêt industriel et de laménagement des territoires.
Je me répète, mais la fibre constitue un enjeu industriel de taille. Il convient dassurer une certaine homogénéité à léchelle nationale des différents réseaux dinitiative publique.
La France ne peut pas se permettre un échec industriel et stratégique en matière de télécommunications, alors quelle doit sengager encore plus volontairement sur la voie du numérique et de la compétitivité.
Ainsi, il me paraît absolument nécessaire de renforcer la gouvernance du déploiement du très haut débit à travers un accompagnement accru de la puissance publique.
Jai identifié quatre chantiers sur lesquels lÉtat doit renforcer sa présence aux côtés des opérateurs et des collectivités :
1. La planification des déploiements, en précisant les objectifs de couverture et en organisant les zonages;
2. Lorganisation du cofinancement des projets, en définissant et en mettant en oeuvre dune part les modalités dintervention financière de lÉtat pour assurer la péréquation, et dautre part en catalysant les projets dinvestissements privés (y compris les financements européens) ;
3. Le suivi de lavancement de tous les projets de déploiement de réseaux afin que les engagements des uns et des autres soient crédibles et vérifiables.
4. Lharmonisation des architectures de réseaux, des systèmes dinformation et des conditions économiques daccueil permettant aux opérateurs dutiliser effectivement les infrastructures à très haut débit mises en place ;
Enfin, en parallèle des déploiements, nous devons tous, collectivement, prendre conscience que le déploiement sera moins coûteux à financer si les consommateurs ont un intérêt à basculer vers la fibre.
Là où le constat est préoccupant à léchelle nationale, cest bien en termes dadoption du très haut débit par les ménages : des réseaux en fibre optique ont été déployés à proximité de presque 6 millions de foyers. Presque 2 millions peuvent être raccordés immédiatement. Et seuls moins de 250 000 foyers ont aujourdhui décidé de franchir le pas du FTTH.
Pour accélérer la souscription des consommateurs au THD, à mon sens, trois voies doivent faire lobjet dune instruction plus poussée :
1. Laccès aux logements ;
2. La question de lincitation économique à la bascule pour les consommateurs et pour les opérateurs ;
3. La question de lextinction progressive du réseau cuivre, qui fera lobjet très prochainement dune expérimentation dans une commune de la région parisienne.
Pour conclure, je voudrais rappeler quau-delà du déploiement du THD, il faut avoir à lesprit les enjeux technologiques dans lesquels il sinscrit.
Les objets connectés, le traitement massif des données, larchitecture de lInternet qui évolue, linformation en nuage, la consolidation de géants mondiaux : le numérique daujourdhui nest pas celui dil y a dix ans.
Tout cela va encore évoluer. Très vite. La France doit avoir sa place dans ce nouveau monde économique. Pour ne pas se faire dicter ses choix par les géants de lInternet. Pour que les modèles économiques ne nous soient pas imposés.
Le premier exemple que je souhaiterais évoquer est celui des industries culturelles.
Lexception culturelle a été pensée avant Internet. Aujourdhui, le numérique est un mode daccès privilégié à la musique, la vidéo, demain le livre etc.
On oppose trop souvent le monde de la culture à celui des réseaux.
Pourtant, nos concitoyens ne conçoivent pas lun sans lautre.
Je souhaite porter sur le numérique un regard panoramique couvrant à la fois les infrastructures, les usages et les contenus.
Aujourdhui, vous le savez, il y a cette discussion difficile avec la Commission européenne à propos de la TST, la taxe sur les distributeurs de services de télévisions, que paient, parmi dautres, les opérateurs télécoms pour financer le CNC, le centre national du cinéma et de limage animée.
Cette taxe est menacée parce quon ne peut pas empêcher un opérateur télécom de proposer un prix très faible pour les seuls services audiovisuels (par exemple 1,99 TTC pour ne pas le citer) dans le cadre dune offre triple play ou quadruple play. Or la taxe porte uniquement sur le chiffre daffaires audiovisuel des opérateurs télécoms, et le droit communautaire interdit de lélargir à lensemble du chiffre daffaires des opérateurs télécoms.
Aujourdhui, seul un opérateur profite de cette faille de la TST. Cest pour le moment un problème déquité entre opérateurs télécoms. Certains paient plus que dautres. Cest un premier problème. Mais surtout, demain, rien nempêchera les autres opérateurs de saligner. Alors, ce sont les ressources du CNC et sa mission dexception culturelle qui seront en danger.
Je le dis devant vous, je ne serai pas la Ministre de léconomie numérique qui laissera ce dispositif de financement du cinéma français se déliter.
Jai proposé à mes collègues du gouvernement un nouveau dispositif, qui présenterait le triple avantage de garantir un rendement satisfaisant, de rétablir léquité entre les opérateurs et de respecter le cadre communautaire. Nous irons défendre dès lundi prochain cette « TST 2 » à la Commission européenne.
Pour moi, il ny a pas à opposer le secteur numérique et lexception culturelle car chacun se nourrit de lautre.
Le deuxième exemple que je souhaite évoquer est celui de la neutralité de lInternet.
La question est aujourdhui de savoir comment garantir larchitecture ouverte et décentralisée dInternet tout en faisant face aux usages sans cesse plus consommateurs en bande passante.
Un travail de cadrage remarquable a été fait par le Parlement sur ce dossier, à travers un rapport dinformation des députées Corine ERHEL et Laure DE LA RAUDIERE.
Je tiens aussi à saluer le travail de lARCEP sur la question depuis 2009. Je voudrais saluer la qualité des consultations publiques que le régulateur a lancées ces dernières années, notamment celles du 23 décembre 2011, et le rôle quelle a tenu auprès de la Commission pour faire avancer cette question en Europe.
L'ARCEP vient de remettre au Parlement et au Gouvernement son rapport sur la neutralité de l'internet. L'Autorité de la concurrence vient aussi de rendre une décision importante sur cette question.
Les termes du débat sont désormais solidement posés et il est temps pour le gouvernement davancer sur cette question importante. Cest pourquoi jorganiserai dans les prochaines semaines une réunion de travail ouverte à lensemble des acteurs concernés, avec lobjectif de dégager un consensus aussi large que possible.
Je vous remercie et vous souhaite dexcellents travaux.Source http://www.redressement-productif.gouv.fr, le 26 septembre 2012