Déclaration de M. Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme, sur le bilan positif de la saison touristique d'hiver 2000-2001 et sur les mesures gouvernementales prises pour dynamiser la politique de la montagne, Paris, le 26 avril 2001.

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Circonstance : Conférence de presse sur la saison hiver 2000-2001 à Paris, le 26 avril 2001

Texte intégral

Mesdames, messieurs,

Permettez-moi tout d'abord de vous remercier d'avoir répondu présents à notre invitation pour cette conférence de presse sur le bilan de la saison touristique de l'hiver 2000-2001.
Pour entrer dans le vif du sujet, je crois que l'on peut d'emblée souligner les bons résultats d'ensemble de cette saison et ce, mais j'y reviendrai, malgré des conditions climatiques très contrastées.
Que nous indiquent ces résultats ?
On peut tout d'abord constater que, malgré un faible enneigement en début d'hiver, la fréquentation française et étrangère est globalement satisfaisante sur l'ensemble de la saison.
Concernant les hébergements, les enquêtes réalisées auprès des professionnels et des Offices de tourisme montrent que :
pour l'hôtellerie, les taux d'occupation en début de saison étaient en hausse de 2 à 5% selon les massifs sur la saison passée.

pour les autres types d'hébergement, plus de 85 % des offices du tourisme interrogés ont constaté des taux de réservation identiques ou supérieurs à ceux de l'année précédente.

Enfin, les dernières informations recueillies sur l'ensemble des massifs montrent que les demandes de réservations françaises et étrangères pour la fin de saison ont été, là encore, aussi satisfaisantes que celles de l'hiver 1999/2000.
L'ensemble de ces résultats confirme donc la tendance de ces dernières années où nous avions noté une reprise de la fréquentation de la montagne l'hiver par les français, après la forte chute enregistrée au cours de la saison 1996-1997.
De même, la fréquentation étrangère s'est elle aussi stabilisée au niveau élevé où elle était parvenue au cours de la saison 1999-2000. Elle représente 17,4 % de la fréquentation des touristes des sports d'hiver.
De manière globale, une fois encore, le bon déroulement général des vacances de février aura donc permis de rattraper le retard du début de saison et d'assurer une activité touristique hivernale en hausse.
Cette bonne situation d'ensemble recouvre toutefois une forte diversité selon les massifs.
En effet, si la saison s'est avérée très satisfaisante sur les Alpes du Sud et du Nord qui ont bénéficié d'un bon enneigement, elle s'est révélée inférieure à la saison 1999/2000 dans les Vosges, le Jura et le département de l'Isère.
Pour les Pyrénées et le Massif Central qui ont connu un démarrage tardif de la saison lié au manque d'enneigement, la fréquentation des hébergements a été plus favorable en février et en mars.
Concernant les remontées mécaniques, on constate que sur l'ensemble des massifs leur chiffre d'affaires est globalement en hausse de 3,3 % sur la saison dernière et que la recette par journée skieur connaît également une évolution positive de + 3 % par rapport à la période 1999-2000.
Cette augmentation s'accompagne néanmoins d'une légère baisse globale du nombre de journées skieurs de - 0,2 %.
Cette évolution en sens inverse du chiffre d'affaires et du volume de journées réalisées s'explique en grande partie par la concentration de l'activité de ski sur les grandes stations plutôt que sur les petites.
Au delà des chiffres, cette saison d'hiver 2000/2001 voit se confirmer un certain nombre de tendances lourdes concernant les comportements - et les attentes - des touristes eux-mêmes.
On constate ainsi :
une augmentation des courts séjours,

des réservations de plus en plus tardives en dehors des périodes de vacances scolaires

et des demandes de plus en plus fortes d'activités "hors ski" telles que les randonnées à pied ou en raquettes, les promenades à traîneau ou encore l'escalade.

Je crois que tout ceci conforte l'ensemble des professionnels du tourisme montagnard dans leur souci et leur volonté de qualifier et de diversifier leur offre touristique globale. Et ce, plus particulièrement, dans des stations de moyenne montagne où l'enneigement n'est pas toujours garanti.
Bien évidemment, cette préoccupation est aussi la nôtre. C'est pourquoi le Gouvernement a engagé un certain nombre de mesures destinées à dynamiser la politique de la montagne.
Permettez-moi de les rappeler rapidement.
1) Je veux parler en premier lieu de la relance de la politique d'aménagement du territoire à travers les conventions de massif.
Cette reconnaissance d'une politique spécifique aux massifs a été accueillie par l'ensemble des acteurs de la montagne comme une innovation majeure.
Elle s'est avérée déterminante pour le tourisme qui l'a vécue - à juste titre - comme une occasion de favoriser le développement durable du tourisme intérieur, d'élaborer de nouveaux produits et d'en faciliter la promotion dans un contexte général de recomposition et de mise en valeur économique et culturelle des territoires.
C'est pour cette raison que le secrétariat d'État au Tourisme s'y est naturellement inscrit avec une enveloppe globale de 109 millions de francs sur six ans qui viennent compléter les crédits déjà prévus pour le tourisme dans les contrats de plan État-Régions.
2) Deuxièmement, nous avons aussi mis en place un certain nombre de mesures fiscales qui visent à améliorer la qualité de l'offre d'hébergement touristique.
C'est le cas du nouveau dispositif V.R.T : Villages résidentiels de tourisme.
Nous l'avons tous constaté, le parc d'hébergement dans nos stations de montagne, et aussi d'ailleurs du littoral, est bien souvent vieillissant et ne correspond plus aux exigences de confort qu'attendent les vacanciers.
Avec le dispositif VRT, l'objectif est d'inciter les propriétaires de ces hébergements à engager, ou à faire engager, les travaux de réhabilitation nécessaires en bénéficiant, sous certaines conditions, d'une déduction de la TVA sur le coût de ces travaux.
Ces appartements ainsi rénovés devront être mis sur le marché de la location touristique dans le cadre d'une procédure groupée de commercialisation, sous l'égide de gestionnaires spécialisés pour être plus efficace.
Cette démarche favorisera ainsi la qualité et le confort des hébergements dans les stations en leur redonnant une image plus dynamique.
Ce dispositif est très attendu par les élus et je peux vous annoncer aujourd'hui que le décret relatif à sa mise en oeuvre vient d'être signé. Il va donc va pouvoir entrer en application dès cette année.
Je dois préciser qu'il s'applique à tous les hébergements et donc pas seulement à la montagne, mais aussi au littoral.
Compte tenu des enjeux économiques de cette mesure, un important dispositif de valorisation et de promotion va être mis en place. Nous le mènerons en partenariat avec les professionnels de la montagne.
Nous avons ainsi prévu la publication d'un document de sensibilisation, la tenue de journées techniques d'information par massif (et par façade littorale) ainsi que le lancement d'opérations pilotes.
Ces opérations seront organisées en partenariat avec la DATAR et la Caisse des Dépôts et Consignations sur une dizaine de sites, en aidant les opérateurs concernés, privés ou publics, à réaliser le diagnostic et l'expertise financière et immobilière de leurs résidences.
Elles permettront d'en tirer des enseignements méthodologiques et de faciliter, par la suite, la montée en puissance du processus de rénovation du patrimoine immobilier touristique dans les grandes stations.

3) S'agissant de l'aide à la construction d'hébergements touristiques neufs, un dispositif fiscal attractif a été adopté.
Il a un objectif principal : accroître l'offre de résidences de tourisme en France dans les zones qui en ont le plus besoin, c'est-à-dire nos pays et nos territoires ruraux qui comprennent, bien entendu, une partie importante de nos zones de moyenne montagne.
Une réduction d'impôt sur le revenu des personnes qui investissent dans l'immobilier locatif touristique a ainsi été instituée dès 1998.
Ce qu'il est désormais convenu d'appeler "l'amortissement Demessine" permet l'implication d'acteurs privés à l'effort d'aménagement des territoires touristiques menée par le gouvernement.
Une première étude réalisée par le Syndicat national des Résidences de Tourisme montre que cette mesure pourrait aider à créer plus de 26 000 logements à vocation touristique dans des zones ciblées d'ici 2006, dont 2 500 dès cette année.
Afin d'accroître son impact, nous avons décidé d'élargir, dès cette année, son périmètre géographique aux zones rurales de l'objectif 2 des fonds structurels européens qui incluent la majorité des territoires de moyenne montagne.

4) Enfin, comme je l'ai annoncé au Conseil national de la montagne (CNM), nous avons le projet de promouvoir la création de pôles touristiques de moyenne montagne.
Dans l'esprit des pays et des parcs naturels régionaux, il s'agit d'aider certains territoires à forte potentialité touristique à s'organiser et à cristalliser les partenariats des acteurs locaux, publics et privés, autour d'un projet d'aménagement et de développement touristique.
Ce projet associerait station-centre et communes périphériques, ou bien petites communes entre elles, avec un objectif de pluri-saisonnalité et d'utilisation des équipements et des hébergements existants au sein du territoire concerné.
La possibilité de doter ces pôles d'outils d'intervention spécifique est actuellement à l'étude.
De tels outils permettraient en effet de conduire des missions de production, de promotion et d'organisation de l'offre de ces pôles touristiques, tout en assurant auprès des partenaires un rôle d'assistance et d'accompagnement.

5) D'autre part, vous le savez, la promotion joue un rôle important pour la destination montagne.
Maison de la France met ainsi en uvre un certain nombre d'opération en ce sens.
Celles-ci sont réalisées dans le cadre d'un partenariat financier avec les professionnels concernés, pour un budget total de promotion qui s'est élevé à 14 millions de francs pour la saison 2000-2001.
Des opérations de promotion auxquelles il convient d'ajouter la campagne de communication sur le "Tourisme de Pays" qui a débuté en novembre par une "campagne blanche" portant sur la période hivernale en moyenne montagne (1,3 MF).
6) Je ne saurai terminer cette présentation sans dire un mot des salariés saisonniers du tourisme.
Les mesures annoncées il y a un an et destinées à améliorer la situation sociale et professionnelle des saisonniers, commencent à se concrétiser.
Je peux vous en donner quelques exemples significatifs :
La maison des saisonniers de Serre-Chevalier, ouverte le 1er décembre 2000, a déjà accueilli en deux mois 200 salariés.

En Savoie, l'ouverture par l'ANPE d'un site Internet spécialisé dans l'emploi saisonnier a permis de mieux réguler les besoins de main d'uvre.

Dans ce même département, un plan de développement pour le logement des saisonniers est en cours d'élaboration.

A Courchevel, un délégué syndical de site a été désigné et un contrat d'étude prospective a été mis en place afin d'évaluer l'emploi et les qualifications au niveau local.

Un groupement d'employeurs a vu le jour en Haute Savoie.

A la suite des difficultés d'enneigement rencontrées dans certaines stations des Pyrénées et de l'Isère en début de saison, les salariés saisonniers ont pu bénéficier de l'indemnisation au titre du chômage partiel.

Enfin, au cours de la saison, l'Inspection du travail a renforcé ses contrôles et engagé des poursuites envers certains tours-opérateurs étrangers qui emploient des salariés sans respect des règles sociales nationales.

Vous le voyez à travers ces exemples, une réelle mobilisation a lieu qui est en train de modifier sensiblement les conditions de vie et de travail des saisonniers.

Mesdames et messieurs,
Le bilan de cette saison d'hiver est intéressant de par ses chiffres et ses éléments financiers, mais il l'est également dans ses enseignements qualitatifs pour l'avenir. Il nous montre qu'il est nécessaire d'anticiper constamment la qualité de notre tourisme.
Cela signifie :
développer une offre diversifiée sur le plan géographique comme en termes de produits,

prévenir les attentes des consommateurs par la qualification et l'innovation,

répondre aux besoins de recrutement et aux conditions de vie et de travail de ceux qui nous accueillent.

C'est pourquoi, j'ai tenu à vous présenter ces différentes mesures et projets qui participent à assurer à ces territoires de montagne le développement durable de leur activité touristique.
Je le dis souvent, le tourisme n'est pas une marchandise comme les autres : sa réussite est le résultat de composantes autant territoriales et humaines que simplement économiques.
C'est dans cette voie qu'avec beaucoup de détermination, vous le savez, je continuerai à impulser la politique du tourisme de notre pays.

Je vous remercie.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 10 mai 2001)