Texte intégral
Monsieur le président, cher Eric FAURE,
Monsieur le représentant du président de la République [Alain ZABULON],
Monsieur le sénateur, président de la conférence nationale des services dincendie et de secours,
Monsieur le maire,
Monsieur le président du Conseil général,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les élus,
Chers amis sapeurs-pompiers de France,
Mesdames et messieurs,
Le ministère de lIntérieur, cest le ministère de lactualité.
Et dune actualité qui a sa part de tragique. Mardi dernier, lun des vôtres a péri en intervention, à Aix en Provence.
En rendant hommage, jeudi, au lieutenant Yvan VIGNAROLI, en venant soutenir en notre nom à tous, au nom de la nation toute entière, son épouse, sa famille, jai ressenti cette douleur et cette émotion poignante que vous ne connaissez que trop. Une même douleur et une même émotion ressentie, dans la Creuse, quelques jours après ma prise de fonction, lors des obsèques du major Christophe CHAUSSAT.
Périr, pour sauver des vies. Cest le sacrifice auquel tous les sapeurs-pompiers sont prêts.
Je veux ici, devant vous, rendre hommage aux 10 autres sapeurs-pompiers décédés depuis le dernier congrès. Je veux saluer leurs familles, comme je lai fait le 14 juillet dernier à Paris, et vous dire combien je suis conscient quil ny aurait pas dengagement aussi déterminé, sans le soutien de vos proches.
Monsieur le président, que je tiens à féliciter pour sa brillante élection (94 % des voix),
Mesdames, messieurs,
Le congrès national des sapeurs-pompiers est un grand moment pour vous, et un grand moment pour le ministre de lIntérieur que je suis.
Je lattendais avec une certaine impatience. Je voulais, en effet, vous rencontrer afin de fixer, avec vous, la feuille de route de la sécurité civile. Une feuille de route qui doit nous permettre de répondre, plus efficacement encore, aux attentes de nos concitoyens.
Le 19 septembre, à lEcole militaire, jai fixé les grandes orientations pour laction de la police et de la gendarmerie. A une semaine dintervalle, jaurai donc établi la feuille de route des trois forces de ce ministère qui, chaque jour, assurent la sécurité des français.
Monsieur le président, nous devons être ambitieux. Car nous devons répondre à une exigence. Une exigence de sécurité pour tous.
Jai un projet, celui dune véritable politique de sécurité civile, une politique du quotidien comme de lexceptionnel. Jai conscience de lengagement au service de notre pays des sapeurs-pompiers, militaires, professionnels, volontaires. Partout sur notre territoire, chaque jour, vous donnez une expression concrète à notre devise républicaine.
Chaque jour, vous êtes confrontés aux blessures des victimes, mais aussi, et de plus en plus, aux blessures de notre société.
Jai entendu vos interrogations.
Jai bien saisi vos craintes. Les élus, autorités de tutelle des services départementaux dincendie et de secours, mont également alerté.
Je veux y répondre, car il sagit de sujets graves et sérieux. Mais je veux avant tout rappeler un certain nombre déléments fondamentaux.
Sapeurs-pompiers de France, vous êtes au coeur du dispositif des secours. Au coeur des dispositifs dassistance aux victimes, de lutte contre les incendies, dintervention pour les accidents de toutes natures. Vous êtes, de manière plus générale, au coeur de la sécurité civile et de la gestion des crises.
Cette place centrale vous confère une lourde responsabilité. Vous lassumez, sur le terrain, sous lautorité des maires et des préfets. En un mot, sous lautorité de lEtat.
Une lourde responsabilité que vous partagez avec vos élus, et je veux rendre un hommage particulier à tous vos présidents de conseils dadministration, à Yves ROME et Claudy LEBRETON, que je sais être aux côtés du gouvernement afin de mener les évolutions utiles à notre modèle de sécurité civile.
Je laffirme avec force : il existe un concept français de sécurité civile. Ce modèle est dabord caractérisé par le volontariat, qui en fait lexcellence, lenracinement et les valeurs daltruisme et générosité. Jentends poursuivre le travail engagé pour sa promotion et son développement. Un travail dont la loi adoptée à lunanimité par le Parlement, en juillet 2011, est le socle législatif.
Le volontariat, cest la garantie de légalité de nos territoires. Cest un maillon essentiel de notre solidarité nationale.
Les sapeurs-pompiers volontaires méritent toute la reconnaissance de la nation. La mise à jour de deux décrets relatifs à leur protection sociale en cas daccident survenu en service commandé est actuellement devant le Conseil dEtat. Ces décrets seront publiés très rapidement.
Jai lu avec attention la future charte des sapeurs-pompiers volontaires. Jai été particulièrement sensible aux valeurs quelle défend et à la notion dengagement qui transparaît tout au long du texte. Jai demandé que le conseil national des sapeurs-pompiers volontaires soit installé avant la fin de lannée. Il aura pour objectif essentiel dinverser la courbe des effectifs qui ne cessent de diminuer depuis 2004. Cest un défi ! Un défi nécessaire car la sollicitation opérationnelle des volontaires ne peut indéfiniment saccroître. Et sans les sapeurs-pompiers volontaires, notre concept de sécurité civile disparaît.
Mais notre ambition doit aller plus loin. Et nous devons réfléchir, ensemble, sur la meilleure manière de sensibiliser les jeunes afin quils rejoignent vos rangs.
Le Président de la République a fait de la jeunesse une priorité. Elle doit avoir les moyens de relever les défis de demain. A nous de lui offrir, également, des voies pour prendre pleinement part au destin de notre nation.
Le milieu sapeur-pompier est un véritable creuset républicain pour la jeunesse. Je crois dans votre capacité à faire partager votre engagement, vos valeurs. Vous êtes une force dattraction pour les jeunes, une référence pour ceux qui, notamment par le biais du service civique, cherchent à donner un sens à leur vie.
Je veux saluer les quelques 30 000 jeunes sapeurs-pompiers. Ils sont la relève. Ce sera à eux de prolonger cette belle mission de service public que vous tous ici remplissez.
Plus globalement, il est primordial de mettre en place des mesures simples destinées à élargir le recrutement et ainsi permettre à un plus grand nombre de vous rejoindre.
Je souhaite quune concertation rapide soit établie afin que la prochaine réunion plénière de la conférence nationale des services dincendie et de secours se saisisse de ce sujet et fasse des propositions. Je souhaite des résultats rapides en la matière.
Jentends vos questions sur votre place dans le dispositif de secours à personne.
Dans ce domaine, des progrès ont été accomplis. Préservons-les. Le référentiel de 2009 portant sur l'organisation du secours à personne et de l'aide médicale urgente a clarifié les conditions de la réponse graduée aux victimes. Cest une base fondamentale. Il sagira probablement de le faire évoluer, mais dans tous les cas, je ne laisserai personne faire table rase du passé.
Les crispations, les conflits, voire les corporatismes, ne peuvent avoir pour conséquence la dégradation de la réponse apportée au citoyen. Il faut valoriser les initiatives remarquables sur le territoire avec, par exemple, les centres dappel communs entre le SAMU et le SDIS, comme celui de Perpignan que jai visité.
Mais bien au-delà, le sujet du secours à personne est un enjeu crucial pour lavenir de notre pays, pour lavenir de nos services publics. Cest un enjeu de coût, et les élus comme les contribuables y sont très sensibles. On ne peut pas tolérer que deux services durgence se « fassent concurrence » et ne se coordonnent pas au détriment des règles élémentaires de bonne gestion.
Je souhaite donc quune véritable réflexion sengage entre lEtat et les élus sur lassistance à la population. Je souhaite que nous puissions, dans le cadre de la conférence nationale des services dincendie et de secours, mener une étude sur les missions des SDIS. Je vous ai entendu Président FAURE sur la sollicitation multiple des services dincendie et de secours.
Les élus doivent conduire cette réflexion avec lensemble des partenaires afin daffiner et de proposer des solutions en la matière.
Avec Marisol TOURAINE, ministre de la Santé, nous allons prendre des initiatives pour remettre pour remettre le chantier sur louvrage et aborder les sujets qui fâchent sur le terrain. Oui, je veux aborder les vrais sujets et procéder aux remises à plat qui simposent !
Jentends, aussi, vos observations concernant le secours en montagne. Je veux donc préciser les choses.
La coordination et la complémentarité des services publics est une obligation. Cest un gage defficacité. LEtat nabandonnera ni cette mission, ni son rôle dans son organisation. La circulaire du 6 juin 2011 est un document encore récent, et remarquable, le premier sur ce sujet depuis cinquante-trois ans.
Elle est le résultat dun travail négocié, étroit, entre tous les services publics assurant le secours en montagne. Elle doit être strictement appliquée, par tous, et de bonne foi. Et je le rappellerai à tous ceux qui en ont la charge.
Je nignore pas les résistances ; il nous appartient collectivement de les surmonter. Cest pourquoi les travaux doivent se poursuivre, sur la formation, sur la résolution des conflits. Et la réflexion sengager, notamment sur le recours à lhélicoptère ; jai commencé par demander à linspection générale de ladministration (IGA) et à linspection générale des finances (IGF) de vérifier la cohérence de leur utilisation. Mais il faudra aller plus loin et sinterroger sur lensemble des hélicoptères de service public qui opèrent dans le pays.
Vous mavez fait part de votre inquiétude sur la révision de la directive sur le temps de travail. Cette inquiétude, je la partage.
Comme la partagent dailleurs le président ROME et tous les élus, employeurs.
Cette question est particulièrement complexe car elle concerne aussi bien les sapeurs-pompiers professionnels que les sapeurs-pompiers volontaires.
Nous devons, aujourdhui, défendre notre système de sécurité civile qui repose sur la mobilisation possible de 250 000 sapeurs-pompiers dont 200 000 volontaires. En effet, la posture de la France ne tient plus en la matière. Et je suis aujourdhui inquiet.
Je veux avoir un langage de vérité avec vous, sapeurs-pompiers de France. Un travail doit être conduit de manière urgente. Nous devons anticiper et veiller à la défense de notre modèle, en assurant lexclusion des sapeurs-pompiers volontaires du champ dapplication de la directive.
Comptez sur moi pour argumenter et défendre avec vigueur cette question avec Bernard CAZENEUVE, ministre délégué aux affaires européennes. Lenjeu est dimportance. Nous devons nous préserver de toutes actions juridictionnelles.
Les incidences de la révision de la directive sur le temps de travail des sapeurs-pompiers professionnels doivent aussi être examinées avec les employeurs, compte tenu des impacts sur lorganisation et les finances des SDIS.
Les organisations syndicales, dont certaines sont ici, dans cette salle, et je les remercie pour leur présence à vos côtés, ont su évoquer des pistes de travail. Elles ont compris quen ces temps contraints, le sens de linnovation devait nous guider.
Préparer lavenir nous impose davancer dans un cadre budgétaire contraint. Sans rien sacrifier à la qualité et la capacité des secours.
En tant que ministre de lIntérieur, jai la charge de maintenir les capacités opérationnelles de lEtat et de préserver les conditions dans lesquelles vous, sapeurs-pompiers, assurez vos missions de sécurité civile. Si je dois faire des choix délicats, je les ferai.
Les moyens aériens, le déminage, les formations militaires de la sécurité civile continueront de sassocier, lorsque cest nécessaire, aux efforts menés localement sur des sinistres ou des crises dampleur, nécessitant que lEtat apporte toute sa solidarité. Je préfère un Etat présent lors des moments durs, quun saupoudrage daides insignifiantes quant à vos capacités dinvestissement par exemple.
La modernisation et lamélioration de la qualité du réseau des transmissions des SDIS constituent une priorité : disposer de transmissions efficaces et fiables est une condition essentielle à la réussite dune opération de secours. Cest la raison pour laquelle le déploiement du réseau ANTARES a été décidé.
Pour accélérer son déploiement opérationnel, malgré les contraintes budgétaires, jai décidé de réaliser une nouvelle tranche de travaux de près de 18 millions deuros entre 2013 et 2015. Ces crédits ont été sanctuarisés dans le projet de loi de finances pour 2013 et sajouteront aux 4 millions deuros déjà engagés depuis mon arrivée concernant près de 50% des SDIS.
En tout, 118 millions seront consacrées par lEtat aux seuls investissements nécessaires au raccordement des SDIS au réseau ANTARES.
La recherche de lefficacité doit nous conduire, aussi, à simplifier les normes, particulièrement dans le domaine de la formation et des matériels.
Je sais quil sagit là dun dossier qui tient à coeur aux élus, auquel le président Yves ROME est attaché.
Pour ce qui est de la formation, la poursuite de la simplification des textes, conduite par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, devrait permettre dalléger les contraintes. Concernant les matériels, compte tenu dune réglementation européenne toujours plus exigeante, je souhaite quune démarche globale soit engagée afin de standardiser et de certifier. Il sagit là de concilier limpératif de réduction des coûts et le maintien dune exigence de qualité et de sécurité des matériels.
Je souhaite, également, que lévaluation des politiques de santé-sécurité chez les sapeurs-pompiers soit à lhonneur en 2013. Votre sécurité en intervention est un sujet de préoccupation constant de vos autorités. Elle est un sujet de préoccupation constant pour le ministre de lIntérieur que je suis.
Cette date de 2013 nest pas choisie au hasard : ce sera le 10ème anniversaire de la remise au ministre de lIntérieur, par le Colonel Christian POURNY, du rapport de la mission sur la sécurité des sapeurs-pompiers en intervention.
Depuis 2004, les accidents mortels ou graves sont étudiés et analysés par lInspection de la défense et de la Sécurité Civiles. Ce travail doit être compilé prochainement et les résultats devraient être connus lannée prochaine afin dêtre présentés aux décideurs, aux élus et aux partenaires sociaux.
Je veux aussi évoquer lEcole Nationale Supérieure des Officiers de Sapeurs-Pompiers (ENSOSP).
Au moment où une page se tourne, je tiens à saluer le travail réalisé au cours des années qui viennent de sécouler.
Là encore, la concertation doit être le maître mot pour prendre en compte les recommandations issues de trois audits distincts. Il faut bâtir un contrat dobjectifs qui fasse consensus, en lien avec les élus, en sappuyant sur une gouvernance renouvelée.
Cet établissement public national doit être exemplaire sagissant du dialogue institutionnel mais aussi dans sa gestion financière au regard des difficultés de financement que nous rencontrons.
Je profite de cette tribune pour aborder le sujet de la réforme de la filière des sapeurs-pompiers professionnels.
Cette réforme était utile, nécessaire, et grâce à la proposition des élus, une clause de revoyure sera débattue lors de la conférence nationale des services dincendie et de secours du 12 décembre prochain au travers dune concertation organisée à laquelle chacun sera convié. Cela permettra de refondre les aspérités, les disparités techniques quil est utile et important de corriger.
Jai bien entendu quil reste un effort à faire sur les personnels du service de santé et de secours médical, ainsi que sur la situation des personnels des centres de traitement des appels. Je souhaite que les élus et lEtat examinent ensemble, ces situations particulières.
Sagissant de la place des sapeurs-pompiers, de leur reconnaissance, je sais combien votre Fédération est attachée, légitimement, à ce que soit créée une médaille spécifique pour reconnaître vos mérites.
Jai le plaisir de vous informer que jai signé larrêté créant lagrafe « sapeur-pompier » pour la médaille de la sécurité intérieure et quil est aujourdhui publié.
Il sagira de votre médaille. Elle est destinée à récompenser les mérites des soldats du feu qui, dans lombre, se sont distingués par leur abnégation à la réussite de leurs missions. Cest ainsi aussi que je compte marquer au quotidien la reconnaissance de lEtat. Cest par de petits signes de considération que lon crée cette relation de confiance.
Par ailleurs, lactualisation du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationales est un travail auquel jattache la plus grande importance.
Votre contribution, monsieur le président, a été prise en compte. Je me suis engagé, personnellement, à ce que les sapeurs-pompiers soient écoutés dans les réflexions qui sont menées.
Enfin, vous mavez interpellé, monsieur le président, sur la façon dont lEtat utilise la compétence des sapeurs-pompiers au niveau national.
Vous estimez quil y a, à la fois, un certain gâchis de compétence et également, pour dire les choses clairement, un manque de reconnaissance des sapeurs-pompiers au plus haut niveau de lEtat.
Vous maccorderez que cette situation nest pas nouvelle, et quen dépit de toutes les évolutions intervenues récemment, le débouché des sapeurs-pompiers dans la haute fonction publique na pas encore trouvé de solutions autrement que par le règlement ponctuel de situations individuelles.
Monsieur le président, je suis prêt à relancer ce chantier en liaison avec les élus. Je fixe une mission claire : un projet de texte dans les six mois. Je souhaite un projet équilibré prenant en compte les exigences des élus et que nous valorisions les parcours en donnant des responsabilités permettant dévaluer les meilleurs potentiels.
Mais cela signifie aussi lacceptation des règles de lencadrement supérieur de lEtat telles que la mobilité et la diversification des parcours. Ce nest quà cette condition que jarriverai à convaincre les ministères du Budget et de la Fonction Publique.
Bien évidemment je comprends dans cette réflexion laccès pour les sapeurs-pompiers aux plus hautes fonctions, comme celles des corps dinspection. Et je suis heureux que lun dentre vous sengage dans cette voie de manière pionnière.
Après 11 années de mise en oeuvre effective, la réorganisation territoriale des services dincendie et de secours à léchelle des départements est un véritable succès. Cette réussite nous la devons aux efforts conjugués des élus, des sapeurs-pompiers, et des services de lEtat.
Cette réforme a permis une véritable remise à niveau des services dincendie et de secours, notamment par les investissements très lourds consentis par les conseils généraux.
Aujourdhui, cest à notre politique globale de sécurité civile quil faut réfléchir. C'est pour elle quil faut, je lai dit, une véritable ambition. Face aux défis de la couverture des risques, de la complexité croissante de notre société, de ses structures, de ses réseaux, face au contexte budgétaire qui nous oblige à lintelligence et à linnovation, il nous appartient, élus, Etat, sapeurs-pompiers, de dire ce qui doit changer pour garantir dans le temps lexcellence et la performance de la sécurité civile. Pour cela, il ne faut pas sinterdire de bousculer les schémas dans lesquels nous fonctionnons aujourdhui et imaginer une nouvelle gouvernance.
La place des sapeurs-pompiers sur notre territoire, autour du maire et des élus départementaux donne de la force et assure sa proximité au système, cest incontestable.
Mais à lheure où lon raisonne de plus en plus en bassins de risques, et où, de plus en plus, des équipements et des technologies sophistiqués sont nécessaires, les frontières administratives deviennent des frontières opérationnelles et freinent notre efficacité.
Jai bien entendu votre remarque président FAURE « plus délus au niveau de lEtat, et plus dEtat à proximité des élus ». Je vous le dis : je nai pas peur dune réflexion institutionnelle, sur les compétences, sur lacquisition et la mutualisation des équipements ou sur la gestion des personnels. Cela peut passer par des structures nouvelles, des organisations différentes, des rapprochements permettant de démultiplier les compétences et les capacités que vous déployez déjà dans vos SDIS.
Jai bien entendu votre message, Monsieur le Président, cher Yves ROME : la conférence nationale des services dincendie et de secours doit être pleinement associée à cette réflexion, parce quelle est le carrefour de cette gouvernance partagée, si subtile et si fertile. Elle doit lenrichir de lexpérience des élus des SDIS.
En tant que ministre de lintérieur, chargé de la sécurité civile, il me revient de lancer ce débat, de veiller à ce quil progresse, et à ce quil aboutisse. Cest cela piloter une politique, cest cela avoir de lambition pour la sécurité civile.
Sapeurs-pompiers de France, je veux vous dire combien les missions que vous accomplissez sont essentielles pour notre pays. Les Français en sont pleinement conscients. Vous avez leur confiance, leur admiration et également leur affection.
Soixante-cinq millions de citoyens dorment sereinement, parce que 250 000 dentre eux se sont engagés pour veiller sur leur sécurité.
Sapeurs-pompiers de France, je vous assure du soutien de tous, à commencer par celui du gouvernement et celui de vos élus. Soyez fiers de ce que vous êtes. Soyez fiers de ce que vous représentez.
Je connais lengagement et la force qui vous caractérisent. Cette force vous permet denvisager avec sérénité toutes les évolutions, quelles soient techniques, humaines ou organisationnelles.
Je souhaite que nous ayons une relation découte, de respect mutuel, de confiance afin de se dire la vérité, les vérités.
Jai confiance en vous. Vous pouvez avoir confiance en moi pour défendre ce que vous êtes et garantir les conditions dans lesquelles vous assurez vos missions de sécurité civile.
La semaine dernière, devant la police et la gendarmerie, jétais le premier flic de France.
Aujourdhui, je revendique, avec fierté, ma place de premier sapeur-pompier de France.
source http://www.somme.gouv.fr, le 3 octobre 2012
Monsieur le représentant du président de la République [Alain ZABULON],
Monsieur le sénateur, président de la conférence nationale des services dincendie et de secours,
Monsieur le maire,
Monsieur le président du Conseil général,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les élus,
Chers amis sapeurs-pompiers de France,
Mesdames et messieurs,
Le ministère de lIntérieur, cest le ministère de lactualité.
Et dune actualité qui a sa part de tragique. Mardi dernier, lun des vôtres a péri en intervention, à Aix en Provence.
En rendant hommage, jeudi, au lieutenant Yvan VIGNAROLI, en venant soutenir en notre nom à tous, au nom de la nation toute entière, son épouse, sa famille, jai ressenti cette douleur et cette émotion poignante que vous ne connaissez que trop. Une même douleur et une même émotion ressentie, dans la Creuse, quelques jours après ma prise de fonction, lors des obsèques du major Christophe CHAUSSAT.
Périr, pour sauver des vies. Cest le sacrifice auquel tous les sapeurs-pompiers sont prêts.
Je veux ici, devant vous, rendre hommage aux 10 autres sapeurs-pompiers décédés depuis le dernier congrès. Je veux saluer leurs familles, comme je lai fait le 14 juillet dernier à Paris, et vous dire combien je suis conscient quil ny aurait pas dengagement aussi déterminé, sans le soutien de vos proches.
Monsieur le président, que je tiens à féliciter pour sa brillante élection (94 % des voix),
Mesdames, messieurs,
Le congrès national des sapeurs-pompiers est un grand moment pour vous, et un grand moment pour le ministre de lIntérieur que je suis.
Je lattendais avec une certaine impatience. Je voulais, en effet, vous rencontrer afin de fixer, avec vous, la feuille de route de la sécurité civile. Une feuille de route qui doit nous permettre de répondre, plus efficacement encore, aux attentes de nos concitoyens.
Le 19 septembre, à lEcole militaire, jai fixé les grandes orientations pour laction de la police et de la gendarmerie. A une semaine dintervalle, jaurai donc établi la feuille de route des trois forces de ce ministère qui, chaque jour, assurent la sécurité des français.
Monsieur le président, nous devons être ambitieux. Car nous devons répondre à une exigence. Une exigence de sécurité pour tous.
Jai un projet, celui dune véritable politique de sécurité civile, une politique du quotidien comme de lexceptionnel. Jai conscience de lengagement au service de notre pays des sapeurs-pompiers, militaires, professionnels, volontaires. Partout sur notre territoire, chaque jour, vous donnez une expression concrète à notre devise républicaine.
Chaque jour, vous êtes confrontés aux blessures des victimes, mais aussi, et de plus en plus, aux blessures de notre société.
Jai entendu vos interrogations.
Jai bien saisi vos craintes. Les élus, autorités de tutelle des services départementaux dincendie et de secours, mont également alerté.
Je veux y répondre, car il sagit de sujets graves et sérieux. Mais je veux avant tout rappeler un certain nombre déléments fondamentaux.
Sapeurs-pompiers de France, vous êtes au coeur du dispositif des secours. Au coeur des dispositifs dassistance aux victimes, de lutte contre les incendies, dintervention pour les accidents de toutes natures. Vous êtes, de manière plus générale, au coeur de la sécurité civile et de la gestion des crises.
Cette place centrale vous confère une lourde responsabilité. Vous lassumez, sur le terrain, sous lautorité des maires et des préfets. En un mot, sous lautorité de lEtat.
Une lourde responsabilité que vous partagez avec vos élus, et je veux rendre un hommage particulier à tous vos présidents de conseils dadministration, à Yves ROME et Claudy LEBRETON, que je sais être aux côtés du gouvernement afin de mener les évolutions utiles à notre modèle de sécurité civile.
Je laffirme avec force : il existe un concept français de sécurité civile. Ce modèle est dabord caractérisé par le volontariat, qui en fait lexcellence, lenracinement et les valeurs daltruisme et générosité. Jentends poursuivre le travail engagé pour sa promotion et son développement. Un travail dont la loi adoptée à lunanimité par le Parlement, en juillet 2011, est le socle législatif.
Le volontariat, cest la garantie de légalité de nos territoires. Cest un maillon essentiel de notre solidarité nationale.
Les sapeurs-pompiers volontaires méritent toute la reconnaissance de la nation. La mise à jour de deux décrets relatifs à leur protection sociale en cas daccident survenu en service commandé est actuellement devant le Conseil dEtat. Ces décrets seront publiés très rapidement.
Jai lu avec attention la future charte des sapeurs-pompiers volontaires. Jai été particulièrement sensible aux valeurs quelle défend et à la notion dengagement qui transparaît tout au long du texte. Jai demandé que le conseil national des sapeurs-pompiers volontaires soit installé avant la fin de lannée. Il aura pour objectif essentiel dinverser la courbe des effectifs qui ne cessent de diminuer depuis 2004. Cest un défi ! Un défi nécessaire car la sollicitation opérationnelle des volontaires ne peut indéfiniment saccroître. Et sans les sapeurs-pompiers volontaires, notre concept de sécurité civile disparaît.
Mais notre ambition doit aller plus loin. Et nous devons réfléchir, ensemble, sur la meilleure manière de sensibiliser les jeunes afin quils rejoignent vos rangs.
Le Président de la République a fait de la jeunesse une priorité. Elle doit avoir les moyens de relever les défis de demain. A nous de lui offrir, également, des voies pour prendre pleinement part au destin de notre nation.
Le milieu sapeur-pompier est un véritable creuset républicain pour la jeunesse. Je crois dans votre capacité à faire partager votre engagement, vos valeurs. Vous êtes une force dattraction pour les jeunes, une référence pour ceux qui, notamment par le biais du service civique, cherchent à donner un sens à leur vie.
Je veux saluer les quelques 30 000 jeunes sapeurs-pompiers. Ils sont la relève. Ce sera à eux de prolonger cette belle mission de service public que vous tous ici remplissez.
Plus globalement, il est primordial de mettre en place des mesures simples destinées à élargir le recrutement et ainsi permettre à un plus grand nombre de vous rejoindre.
Je souhaite quune concertation rapide soit établie afin que la prochaine réunion plénière de la conférence nationale des services dincendie et de secours se saisisse de ce sujet et fasse des propositions. Je souhaite des résultats rapides en la matière.
Jentends vos questions sur votre place dans le dispositif de secours à personne.
Dans ce domaine, des progrès ont été accomplis. Préservons-les. Le référentiel de 2009 portant sur l'organisation du secours à personne et de l'aide médicale urgente a clarifié les conditions de la réponse graduée aux victimes. Cest une base fondamentale. Il sagira probablement de le faire évoluer, mais dans tous les cas, je ne laisserai personne faire table rase du passé.
Les crispations, les conflits, voire les corporatismes, ne peuvent avoir pour conséquence la dégradation de la réponse apportée au citoyen. Il faut valoriser les initiatives remarquables sur le territoire avec, par exemple, les centres dappel communs entre le SAMU et le SDIS, comme celui de Perpignan que jai visité.
Mais bien au-delà, le sujet du secours à personne est un enjeu crucial pour lavenir de notre pays, pour lavenir de nos services publics. Cest un enjeu de coût, et les élus comme les contribuables y sont très sensibles. On ne peut pas tolérer que deux services durgence se « fassent concurrence » et ne se coordonnent pas au détriment des règles élémentaires de bonne gestion.
Je souhaite donc quune véritable réflexion sengage entre lEtat et les élus sur lassistance à la population. Je souhaite que nous puissions, dans le cadre de la conférence nationale des services dincendie et de secours, mener une étude sur les missions des SDIS. Je vous ai entendu Président FAURE sur la sollicitation multiple des services dincendie et de secours.
Les élus doivent conduire cette réflexion avec lensemble des partenaires afin daffiner et de proposer des solutions en la matière.
Avec Marisol TOURAINE, ministre de la Santé, nous allons prendre des initiatives pour remettre pour remettre le chantier sur louvrage et aborder les sujets qui fâchent sur le terrain. Oui, je veux aborder les vrais sujets et procéder aux remises à plat qui simposent !
Jentends, aussi, vos observations concernant le secours en montagne. Je veux donc préciser les choses.
La coordination et la complémentarité des services publics est une obligation. Cest un gage defficacité. LEtat nabandonnera ni cette mission, ni son rôle dans son organisation. La circulaire du 6 juin 2011 est un document encore récent, et remarquable, le premier sur ce sujet depuis cinquante-trois ans.
Elle est le résultat dun travail négocié, étroit, entre tous les services publics assurant le secours en montagne. Elle doit être strictement appliquée, par tous, et de bonne foi. Et je le rappellerai à tous ceux qui en ont la charge.
Je nignore pas les résistances ; il nous appartient collectivement de les surmonter. Cest pourquoi les travaux doivent se poursuivre, sur la formation, sur la résolution des conflits. Et la réflexion sengager, notamment sur le recours à lhélicoptère ; jai commencé par demander à linspection générale de ladministration (IGA) et à linspection générale des finances (IGF) de vérifier la cohérence de leur utilisation. Mais il faudra aller plus loin et sinterroger sur lensemble des hélicoptères de service public qui opèrent dans le pays.
Vous mavez fait part de votre inquiétude sur la révision de la directive sur le temps de travail. Cette inquiétude, je la partage.
Comme la partagent dailleurs le président ROME et tous les élus, employeurs.
Cette question est particulièrement complexe car elle concerne aussi bien les sapeurs-pompiers professionnels que les sapeurs-pompiers volontaires.
Nous devons, aujourdhui, défendre notre système de sécurité civile qui repose sur la mobilisation possible de 250 000 sapeurs-pompiers dont 200 000 volontaires. En effet, la posture de la France ne tient plus en la matière. Et je suis aujourdhui inquiet.
Je veux avoir un langage de vérité avec vous, sapeurs-pompiers de France. Un travail doit être conduit de manière urgente. Nous devons anticiper et veiller à la défense de notre modèle, en assurant lexclusion des sapeurs-pompiers volontaires du champ dapplication de la directive.
Comptez sur moi pour argumenter et défendre avec vigueur cette question avec Bernard CAZENEUVE, ministre délégué aux affaires européennes. Lenjeu est dimportance. Nous devons nous préserver de toutes actions juridictionnelles.
Les incidences de la révision de la directive sur le temps de travail des sapeurs-pompiers professionnels doivent aussi être examinées avec les employeurs, compte tenu des impacts sur lorganisation et les finances des SDIS.
Les organisations syndicales, dont certaines sont ici, dans cette salle, et je les remercie pour leur présence à vos côtés, ont su évoquer des pistes de travail. Elles ont compris quen ces temps contraints, le sens de linnovation devait nous guider.
Préparer lavenir nous impose davancer dans un cadre budgétaire contraint. Sans rien sacrifier à la qualité et la capacité des secours.
En tant que ministre de lIntérieur, jai la charge de maintenir les capacités opérationnelles de lEtat et de préserver les conditions dans lesquelles vous, sapeurs-pompiers, assurez vos missions de sécurité civile. Si je dois faire des choix délicats, je les ferai.
Les moyens aériens, le déminage, les formations militaires de la sécurité civile continueront de sassocier, lorsque cest nécessaire, aux efforts menés localement sur des sinistres ou des crises dampleur, nécessitant que lEtat apporte toute sa solidarité. Je préfère un Etat présent lors des moments durs, quun saupoudrage daides insignifiantes quant à vos capacités dinvestissement par exemple.
La modernisation et lamélioration de la qualité du réseau des transmissions des SDIS constituent une priorité : disposer de transmissions efficaces et fiables est une condition essentielle à la réussite dune opération de secours. Cest la raison pour laquelle le déploiement du réseau ANTARES a été décidé.
Pour accélérer son déploiement opérationnel, malgré les contraintes budgétaires, jai décidé de réaliser une nouvelle tranche de travaux de près de 18 millions deuros entre 2013 et 2015. Ces crédits ont été sanctuarisés dans le projet de loi de finances pour 2013 et sajouteront aux 4 millions deuros déjà engagés depuis mon arrivée concernant près de 50% des SDIS.
En tout, 118 millions seront consacrées par lEtat aux seuls investissements nécessaires au raccordement des SDIS au réseau ANTARES.
La recherche de lefficacité doit nous conduire, aussi, à simplifier les normes, particulièrement dans le domaine de la formation et des matériels.
Je sais quil sagit là dun dossier qui tient à coeur aux élus, auquel le président Yves ROME est attaché.
Pour ce qui est de la formation, la poursuite de la simplification des textes, conduite par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, devrait permettre dalléger les contraintes. Concernant les matériels, compte tenu dune réglementation européenne toujours plus exigeante, je souhaite quune démarche globale soit engagée afin de standardiser et de certifier. Il sagit là de concilier limpératif de réduction des coûts et le maintien dune exigence de qualité et de sécurité des matériels.
Je souhaite, également, que lévaluation des politiques de santé-sécurité chez les sapeurs-pompiers soit à lhonneur en 2013. Votre sécurité en intervention est un sujet de préoccupation constant de vos autorités. Elle est un sujet de préoccupation constant pour le ministre de lIntérieur que je suis.
Cette date de 2013 nest pas choisie au hasard : ce sera le 10ème anniversaire de la remise au ministre de lIntérieur, par le Colonel Christian POURNY, du rapport de la mission sur la sécurité des sapeurs-pompiers en intervention.
Depuis 2004, les accidents mortels ou graves sont étudiés et analysés par lInspection de la défense et de la Sécurité Civiles. Ce travail doit être compilé prochainement et les résultats devraient être connus lannée prochaine afin dêtre présentés aux décideurs, aux élus et aux partenaires sociaux.
Je veux aussi évoquer lEcole Nationale Supérieure des Officiers de Sapeurs-Pompiers (ENSOSP).
Au moment où une page se tourne, je tiens à saluer le travail réalisé au cours des années qui viennent de sécouler.
Là encore, la concertation doit être le maître mot pour prendre en compte les recommandations issues de trois audits distincts. Il faut bâtir un contrat dobjectifs qui fasse consensus, en lien avec les élus, en sappuyant sur une gouvernance renouvelée.
Cet établissement public national doit être exemplaire sagissant du dialogue institutionnel mais aussi dans sa gestion financière au regard des difficultés de financement que nous rencontrons.
Je profite de cette tribune pour aborder le sujet de la réforme de la filière des sapeurs-pompiers professionnels.
Cette réforme était utile, nécessaire, et grâce à la proposition des élus, une clause de revoyure sera débattue lors de la conférence nationale des services dincendie et de secours du 12 décembre prochain au travers dune concertation organisée à laquelle chacun sera convié. Cela permettra de refondre les aspérités, les disparités techniques quil est utile et important de corriger.
Jai bien entendu quil reste un effort à faire sur les personnels du service de santé et de secours médical, ainsi que sur la situation des personnels des centres de traitement des appels. Je souhaite que les élus et lEtat examinent ensemble, ces situations particulières.
Sagissant de la place des sapeurs-pompiers, de leur reconnaissance, je sais combien votre Fédération est attachée, légitimement, à ce que soit créée une médaille spécifique pour reconnaître vos mérites.
Jai le plaisir de vous informer que jai signé larrêté créant lagrafe « sapeur-pompier » pour la médaille de la sécurité intérieure et quil est aujourdhui publié.
Il sagira de votre médaille. Elle est destinée à récompenser les mérites des soldats du feu qui, dans lombre, se sont distingués par leur abnégation à la réussite de leurs missions. Cest ainsi aussi que je compte marquer au quotidien la reconnaissance de lEtat. Cest par de petits signes de considération que lon crée cette relation de confiance.
Par ailleurs, lactualisation du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationales est un travail auquel jattache la plus grande importance.
Votre contribution, monsieur le président, a été prise en compte. Je me suis engagé, personnellement, à ce que les sapeurs-pompiers soient écoutés dans les réflexions qui sont menées.
Enfin, vous mavez interpellé, monsieur le président, sur la façon dont lEtat utilise la compétence des sapeurs-pompiers au niveau national.
Vous estimez quil y a, à la fois, un certain gâchis de compétence et également, pour dire les choses clairement, un manque de reconnaissance des sapeurs-pompiers au plus haut niveau de lEtat.
Vous maccorderez que cette situation nest pas nouvelle, et quen dépit de toutes les évolutions intervenues récemment, le débouché des sapeurs-pompiers dans la haute fonction publique na pas encore trouvé de solutions autrement que par le règlement ponctuel de situations individuelles.
Monsieur le président, je suis prêt à relancer ce chantier en liaison avec les élus. Je fixe une mission claire : un projet de texte dans les six mois. Je souhaite un projet équilibré prenant en compte les exigences des élus et que nous valorisions les parcours en donnant des responsabilités permettant dévaluer les meilleurs potentiels.
Mais cela signifie aussi lacceptation des règles de lencadrement supérieur de lEtat telles que la mobilité et la diversification des parcours. Ce nest quà cette condition que jarriverai à convaincre les ministères du Budget et de la Fonction Publique.
Bien évidemment je comprends dans cette réflexion laccès pour les sapeurs-pompiers aux plus hautes fonctions, comme celles des corps dinspection. Et je suis heureux que lun dentre vous sengage dans cette voie de manière pionnière.
Après 11 années de mise en oeuvre effective, la réorganisation territoriale des services dincendie et de secours à léchelle des départements est un véritable succès. Cette réussite nous la devons aux efforts conjugués des élus, des sapeurs-pompiers, et des services de lEtat.
Cette réforme a permis une véritable remise à niveau des services dincendie et de secours, notamment par les investissements très lourds consentis par les conseils généraux.
Aujourdhui, cest à notre politique globale de sécurité civile quil faut réfléchir. C'est pour elle quil faut, je lai dit, une véritable ambition. Face aux défis de la couverture des risques, de la complexité croissante de notre société, de ses structures, de ses réseaux, face au contexte budgétaire qui nous oblige à lintelligence et à linnovation, il nous appartient, élus, Etat, sapeurs-pompiers, de dire ce qui doit changer pour garantir dans le temps lexcellence et la performance de la sécurité civile. Pour cela, il ne faut pas sinterdire de bousculer les schémas dans lesquels nous fonctionnons aujourdhui et imaginer une nouvelle gouvernance.
La place des sapeurs-pompiers sur notre territoire, autour du maire et des élus départementaux donne de la force et assure sa proximité au système, cest incontestable.
Mais à lheure où lon raisonne de plus en plus en bassins de risques, et où, de plus en plus, des équipements et des technologies sophistiqués sont nécessaires, les frontières administratives deviennent des frontières opérationnelles et freinent notre efficacité.
Jai bien entendu votre remarque président FAURE « plus délus au niveau de lEtat, et plus dEtat à proximité des élus ». Je vous le dis : je nai pas peur dune réflexion institutionnelle, sur les compétences, sur lacquisition et la mutualisation des équipements ou sur la gestion des personnels. Cela peut passer par des structures nouvelles, des organisations différentes, des rapprochements permettant de démultiplier les compétences et les capacités que vous déployez déjà dans vos SDIS.
Jai bien entendu votre message, Monsieur le Président, cher Yves ROME : la conférence nationale des services dincendie et de secours doit être pleinement associée à cette réflexion, parce quelle est le carrefour de cette gouvernance partagée, si subtile et si fertile. Elle doit lenrichir de lexpérience des élus des SDIS.
En tant que ministre de lintérieur, chargé de la sécurité civile, il me revient de lancer ce débat, de veiller à ce quil progresse, et à ce quil aboutisse. Cest cela piloter une politique, cest cela avoir de lambition pour la sécurité civile.
Sapeurs-pompiers de France, je veux vous dire combien les missions que vous accomplissez sont essentielles pour notre pays. Les Français en sont pleinement conscients. Vous avez leur confiance, leur admiration et également leur affection.
Soixante-cinq millions de citoyens dorment sereinement, parce que 250 000 dentre eux se sont engagés pour veiller sur leur sécurité.
Sapeurs-pompiers de France, je vous assure du soutien de tous, à commencer par celui du gouvernement et celui de vos élus. Soyez fiers de ce que vous êtes. Soyez fiers de ce que vous représentez.
Je connais lengagement et la force qui vous caractérisent. Cette force vous permet denvisager avec sérénité toutes les évolutions, quelles soient techniques, humaines ou organisationnelles.
Je souhaite que nous ayons une relation découte, de respect mutuel, de confiance afin de se dire la vérité, les vérités.
Jai confiance en vous. Vous pouvez avoir confiance en moi pour défendre ce que vous êtes et garantir les conditions dans lesquelles vous assurez vos missions de sécurité civile.
La semaine dernière, devant la police et la gendarmerie, jétais le premier flic de France.
Aujourdhui, je revendique, avec fierté, ma place de premier sapeur-pompier de France.
source http://www.somme.gouv.fr, le 3 octobre 2012