Texte intégral
Jai souhaité en effet monsieur le ministre, vous venez de le rappeler, effectuer ma première visite officielle en dehors de la France et dans lEurope en Asie. Et il ma semblé naturel que la première étape de ce voyage soit Singapour. Singapour, vous lavez rappelé, cest notre premier partenaire commercial au sein de lASEAN. Et je ne pouvais pas passer à Singapour sans venir madresser à celles et ceux qui investissent, qui innovent et qui font vivre plus que tout autre cette relation bilatérale exemplaire entre la France et Singapour. Je remercie aussi les chefs dentreprises et les responsables dentreprises qui maccompagnent dans cette visite, et qui ont déjà organisé de nombreuses rencontres.
Cest donc très heureux et pour moi loccasion de vous faire partager mes convictions. Dabord vous parlez de lEurope, de la France bien sûr et de nos relations économiques. Vous parlez de lEurope parce quen ce moment se tient à Bruxelles le Conseil européen. Et cest vrai que depuis 4 ans, nous traversons une crise financière internationale sans précédent. Dans cette période de troubles, la zone euro suscite souvent linquiétude, et jai eu loccasion den parler avec mes interlocuteurs, le président de la République de Singapour mais aussi le Premier ministre encore hier soir.
Cest vrai que des Etats sont en difficultés et que les spéculations vont bon train. Certains ont même prédit la fin de la monnaie commune de lEurope. Cette question a été abordée hier à loccasion de ma rencontre et de mon dialogue avec les étudiants de lécole des Sciences politiques de Singapour. Mais est-ce que ça signifie que lEurope serait particulièrement fragile économiquement ? Eh bien ! Je tiens à vous rassurer ici particulièrement, car il ne faut pas oublier lessentiel. LUnion européenne est la première puissance économique et commerciale du monde, même les Européens parfois loublient alors que cest une force considérable. Car cest le premier marché mondial avec 460 millions de consommateurs, et doté dun niveau de vie élevé. Et cest par ailleurs un marché largement unifié, avec des normes communes et au sein duquel, les biens et les personnes peuvent circuler librement.
Cest donc lEurope un foyer dinnovation qui est particulièrement actif, doté dune grande culture scientifique et technique. LEurope est un continent stable politiquement, apaisé, doté dun système économique et social aujourdhui en cours dajustement, mais qui a fait ses preuves et qui a garanti au continent européen un long chemin de prospérité. Ses atouts que les investisseurs, les entrepreneurs que vous êtes connaissent et savent apprécier, eh bien ! Je vous le dis ici, à Singapour, ils demeurent et ils vont demeurer malgré la crise. La crise que nous vivons nest pas une crise européenne, cest une crise mondiale, et qui se nourrit de déséquilibres réels et financiers que nous connaissons depuis des années. Parce que cette crise, elle est déclenchée il y a 4 ans aux Etats-Unis. Elle est aussi le fruit de décisions hasardeuses et imprudentes et qui a fini par atteindre leuro, parce quelle sest accompagnée dune défiance généralisée, et qui a fini par prendre leuro pour cible.
Laissez-moi vous dire ma conviction qui est non seulement celle de la France mais aussi celle de lensemble de lEurope, leuro est intangible. Il y a eu des spéculations sur une sortie de la Grèce qui pouvait provoquer, par un effet de domino, des réactions sur tout le reste. Eh bien ! Les responsables politiques ont pris conscience quil fallait donner un coup darrêt à ce processus dangereux. Certes, il faut avancer par étape mais dites-vous bien que lEurope cest plus quune monnaie, cest aussi un projet politique. Et il faut revenir aussi aux fondamentaux qui ont été à la base de sa création. Nous navons pas le choix, les responsables politiques européens et en particulier les responsables politiques français sont attachés à cette construction parce quelle est la garantie de lavenir des peuples européens, mais aussi de léquilibre du monde.
Bien sûr, une fois dit tout cela, ny voyez pas de lautosatisfaction, je vois bien tout ce quil faut corriger et qui doit lêtre. Nous avons créé une monnaie unique entre 17 Etats, ce qui est une réalisation unique dans lhistoire. Mais nous savons désormais quil faut compléter cette union monétaire par une réelle vision économique et une union bancaire partagée. Nous avons en effet besoin dune intégration budgétaire et dune supervision bancaire plus intégrées, cest ce qui est en train de se faire. Lavenir de leuro, de la zone euro et donc aussi de lEurope passe par un renforcement de la coordination des politiques économiques et financières des Etats membres. Cest ce à quoi nous travaillons en ce moment, cest lobjet même du traité européen de stabilisation, de coordination et de gouvernance qui a été ratifié par la France, après avoir été ratifié en juin dernier mais accepté par le Cour constitutionnelle allemande en septembre dernier. Donc nous sommes dans les mêmes calendriers en ce qui concerne les deux principaux partenaires européens.
Sagissant de lunion bancaire et la supervision unique des banques, une meilleure protection des déposants et des contribuables face au risque dinstabilité financière qui mine la confiance et pèse aussi sur les finances publiques de nos Etats, les choses ont bien avancé. Le Conseil européen a donc pris un accord qui est toujours en Europe un compromis. Mais ce qui était important, cest que les décisions du Conseil du mois de juin dernier de mettre en place cette union bancaire et cette supervision bancaire soit effective, et elle va lêtre. Mais lorsque lEurope prend des décisions, là jai parlé des pays de la zone euro, ils sont 17, mais notre système est assez complexe, lUnion européenne cest 27, ce sont les 27 qui prennent les décisions et ils ne sont pas forcément daccord dès le début. Et en période de crise, en période de défiance, en période de pessimisme même, ce long processus de décision dun consensus acceptable pourrait aboutir à un consensus acceptable par tous, peut donner parfois limpression que lEurope ne réagit pas suffisamment et suffisamment vite. Oui, cest vrai, mais il faut respecter aussi lhistoire, la diversité des Etats, des nations, il faut respecter aussi le temps du débat, de la démocratie dans chacun de nos pays, ce nest pas si simple. Mais la démocratie, cest une nécessité, cest une chance, cest une force, beaucoup de pays lenvient. Et je ne vois pas pourquoi il serait refusé au Parlement allemand de discuter et de vérifier si sa souveraineté budgétaire qui est intrinsèque à sa Constitution et à sa construction politique est bien respectée. Et il nest pas non plus choquant quen France, il y ait des débats dans lopinion et que le Parlement soit saisi et que ça prenne parfois un peu plus de temps. Ce qui compte cest larrivée, cest le but, eh bien ! Nous y sommes. Nous voulons mettre en place des dispositifs qui soient soutenables dans la durée.
Et au demeurant, lensemble des solutions qui sont mises en place, jai évoqué le traité mais aussi le mécanisme européen de stabilité, si on réfléchit à ce qui aurait pu se passer il y a 2 ans seulement, tout ça nétait pas possible, et pourtant cest fait, cest décidé. Ce qui veut dire que la zone euro, malgré les critiques quon peut lui faire, agit avec constance et détermination. Cest vrai, je le reconnais, pas assez vite, dans le cas de la crise grecque il aurait été plus utile dintervenir plus tôt et de ne pas aller de sommet en sommet de la dernière chance, puisque la Grèce ce nest que 2 % du produit intérieur brut de la zone euro. Si on avait agi plus vite et plus tôt, je pense que les difficultés auraient été moins grandes. Mais la visite de madame Merkel à Athènes est bien la preuve de la volonté de trouver la solution. En tout cas cest conforme à ce que nous, les Français, nous souhaitons et qui a été exprimé par le vote du peuple français qui a désigné François Hollande comme président de la République ; et qui a été son engagement constant dès sa prise de fonction de tout faire pour stabiliser la zone euro mais aussi de créer les conditions du retour de la croissance en Europe.
Et donc si la France a ratifié après un débat politique légitime ce traité, cest parce quen juin dernier des décisions importantes ont été prises au-delà du traité, un pacte de croissance de 120 milliards deuros qui mobilisera aussi la Banque européenne dinvestissement puisque le capital a été augmenté, ce qui donnera autant deffets de levier, la mise en place des project bonds pour des projets structurants. Et puis lunion bancaire, la supervision des banques qui sont issues de ces négociations qui ont eu lieu depuis quelques mois maintenant. Donc tous ces efforts sont utiles, mais en même temps si la croissance ne revient pas, évidemment ces efforts peuvent aussi apparaître en vain. Et donc il faut être extrêmement vigilant pour que la croissance reparte.
La croissance, lemploi constituent lunique objectif de notre politique économique. Lassainissement budgétaire sans précédent dans lequel nous sommes engagés nest pas un but en soit ou une contrainte, je parle de la France qui ne saurait imposer de lextérieur. Non, non, cest une perspective que nous nous sommes fixés nous-mêmes, qui fait partie des engagements du candidat et devenu président de la République François Hollande pendant la campagne électorale, cest le retour à léquilibre budgétaire à la fin de son quinquennat, c'est-à-dire en 2017, et cest maintenant que nous devons commencer. Cest une nécessité pour restaurer la confiance, mais aussi faire cesser les spéculations, et puis ensuite retrouver des marges de manuvre, des marges de manuvre budgétaires ; et pour casser un cercle vicieux qui conduit un Etat qui sendette trop à voir la charge du remboursement de sa dette prendre une part croissante bientôt insupportable dans son budget. Et ce nest pas acceptable que le premier budget de lEtat, de la France, soit le remboursement des intérêts de la dette.
Alors cet effort de redressement de nos comptes publics, cest le gage de notre prospérité future. Leffort qui est demandé et cest vrai, je le reconnais pour atteindre cet objectif de 3 % en 2013 est sans précédent. Nous lavons engagé avec détermination mais aussi à lesprit de justice. Car il y a effort, nul ne peut le nier, mais cet effort partagé sur les 5 ans à venir doit être équilibré entre recettes et dépenses. Cest pour ça que leffort sur la dépense publique, c'est-à-dire la baisse de la dépense publique qui a commencé dans ce budget 2013 qui est actuellement examiné par le Parlement montera en charge au fil du quinquennat, et à la faveur de réformes que nous comptons mettre en uvre pour moderniser laction publique. Donc les efforts qui sont demandés sont à la fois des efforts déconomie de dépenses, les efforts qui sont demandés aux ménages les plus aisés pour éviter de casser la consommation, mais ce sont aussi des efforts qui sont demandés aux entreprises mais essentiellement les plus grandes, avec des ajustements qui sont intervenus ces derniers jours pour ne pas pénaliser ni linvestissement, ni linnovation ni décourager ceux qui prennent des risques et qui investissent. Cest léquilibre de ce budget, mais il était nécessaire.
Et puis concernant la compétitivité économique, cest vrai que nous avons encore un vaste chantier devant nous. Et cest pour ça que ce qui se passe à Singapour nous intéresse particulièrement. Nul autre pays au monde et je le dis sincèrement, pas pour être flatteur monsieur le ministre, cest que Singapour illustre cette incroyable capacité que peut avoir un pays à faire valoir ses atouts, ses avantages comparatifs et à bâtir sur cette base une prospérité et une réussite impressionnantes. Je parle souvent de redressement, lorsque Singapour a accédé à lindépendance en 1965, qui donnait de Singapour des perspectives positives ? Qui pensait que ce pays, ce petit pays allait devenir fort ? Peu de monde au fond. Eh bien ! Vous lêtes devenus par les choix stratégiques que vous avez faits, courageux, déterminés, patients. Et aujourdhui ou pour autant, est-ce que vous voulez vous endormir sur vos lauriers ? Non, vous continuez à inventer, à innover et vous mettre (je dirai) dans les grands défis du 21ème siècle qui nous attendent au bon niveau. Et je voulais le dire avec la plus grande franchise et la plus grande sincérité, mais aussi une certaine admiration.
Mais chaque pays a son histoire, sa culture, son identité, la France a la sienne, lattrait de son territoire, ses grandes entreprises, ses petites et moyennes entreprises, son potentiel scientifique et de recherche, lexcellence de certaines de ses filières de formation, ses infrastructures, ses capacités dans de nombreux secteurs de haute technologie, je pense à laéronautique, à lespace, les biotechnologies, le nucléaire civil mais aussi ses services publics, son système social, il est souvent critiqué son système social et ses services publics, y compris par des partenaires voisins qui nous trouvent trop dépensiers. Mais chacun fait ses choix, et quant aux partenaires voisins qui nous critiquent, sils réussissaient si bien, nous écouterions davantage leurs leçons, mais ce nest pas toujours le cas. Donc je crois quil faut ne pas toujours se laisser influencer, comme le disait le doyen de luniversité enfin de la faculté de Sciences politiques hier par les commentaires, qui ne sont pas toujours absents darrière-pensées dans certains journaux, qui naiment pas leuro au fond et qui verraient bien que leuro disparaisse. Eh bien ! Je veux les décevoir ce matin mesdames et messieurs.
Mais je reviens à la France aussi, dont on oublie trop souvent que ce que nous sommes apporte à notre pays en termes de stabilité et de qualité de sa main duvre, de capacité aussi à traverser les crises en limitant les conséquences, comme on la vu ces dernières années. Mais en même temps, je ne nie pas que des évolutions sont nécessaires. La compétition elle existe, elle est difficile, de nombreux partenaires économiques saffirment avec leurs atouts propres, leur capacité dinnovation eux aussi est parfois meilleure que les nôtres, leur main duvre moins chère, leur capacité dinvestissement, leur marché gigantesque qui nous conduisent aussi à nous adapter, à progresser, à nous repositionner, mais sans pour autant abandonner ce que nous sommes. La France a une conscience aigue non seulement de ses atouts mais aussi de la nécessité pour elle de sadapter, de se moderniser, de développer ses points forts et de remédier à ses difficultés. Je le disais, sans renier pour autant ou renoncer à ce quelle est.
Lenjeu, le défi, ce nest pas deffacer ce que nous avons fait dans lhistoire, cest dinventer le nouveau modèle social et républicain du 21ème siècle, mais bien du 21e siècle, pas de vouloir à tout prix garder tout ce qui existe tel quel du 20e ou du 19e. Mais quand même, rester axé sur cet objectif-là qui finit qui est la garantie essentielle que toutes les forces de la nation, toutes les forces de la France pourront sunir et se rassembler justement pour relever ce défi de la compétitivité et de la puissance retrouvée de notre pays. La responsabilité budgétaire qui a marqué les premières semaines de ce gouvernement se complète désormais par un engagement résolu en faveur de lattractivité de notre territoire et de la compétitivité de nos entreprises. Attractivité pour les investisseurs étrangers, pour les entreprises qui souhaitent simplanter en France et implanter une filiale, implanter un siège social, un centre de recherche, à ces investisseurs je dis et je redis quil faut se méfier parfois de limage véhiculée dune France peu tournée vers lentreprise. La France a un positionnement au cur de lEurope, une énergie bon marché, je lai dit, une qualité des infrastructures, notamment de transports, un maillage du territoire par un réseau duniversités et décoles à la qualité incontestée, même si nous voulons renforcer notre système éducatif, et cest dailleurs une des priorités de lactuel gouvernement. Mais nous avons aussi des centres de recherche de renommée mondiale, il y a dailleurs des partenariats avec Singapour que nous voulons renforcer, nous lavons évoqué hier avec le Premier ministre. Nous avons aussi des talents de créativité que le monde nous reconnaît. Et donc cest grâce à ces atouts, à ces qualités que la France est le 3ème pays européen pour laccueil des investissements étrangers. Eh bien ! Ces atouts, nous les revendiquons, nous en sommes fiers. Mais nous avons aussi le devoir de les cultiver, de les faire connaître mais aussi de les renforcer, nous y travaillons sans relâche.
Certains redoutent les investissements étrangers, ça existe parfois dans notre pays, eh bien ! Ce nest pas ma conception de léconomie et de la France. Je le dis, au contraire, que ces investissements étrangers sont les bienvenus en France parce quils créent de la richesse et ils créent de lemploi. Compétitivité, je lai évoqué plusieurs fois pour convaincre, nous avons aussi des atouts qui sont reconnus. Je pourrai évoquer ARIANESPACE, leader mondial du lancement de satellites, AIRBUS qui nest pas que français mais dans lequel la France joue un rôle essentiel et qui est le leader mondial de laéronautique civil, ici on le connaît bien. Et je remercie dailleurs SINGAPORE AIRLINES davoir été précurseur dans la commande des A380. Donc ce qui montre bien que la qualité est reconnue, est prise au sérieux, je pourrai citer AREVA, le leader mondial de lénergie nucléaire. Mais je vais me limiter là volontairement à ces 3 exemples, parce que je pourrai en citer beaucoup dautres rien quen énumérant les entreprises françaises dont des représentants maccompagnent, je lai dit tout à lheure ici, pour avoir loccasion de renforcer leurs liens avec vous. Mais ils le font eux-mêmes et ils le font très bien.
Grâce à ces champions mais grâce également à lensemble des PME françaises que nous souhaitons davantage amener vers lexport, et grâce aux différentes réformes que nous menons actuellement, jai fixé un objectif ambitieux à la France. Et je remercie madame Nicole BRICQ, ministre du Commerce extérieur, dêtre engagée avec beaucoup de conviction et de talent pour atteindre cet objectif hors énergies, c'est-à-dire léquilibre commercial dici 5 ans pour résorber le déficit commercial trop important que nous connaissons actuellement. Cest un handicap de la France et ce nest pas normal, ce nest pas acceptable. Cest ça la situation dans laquelle nous sommes et quon oublie trop souvent, 70 milliards de déficit du commerce extérieur, 25 hors énergies. Eh bien ! Avec Singapour, ce nest pas le cas, avec Singapour nous sommes dans un rapport équilibré, je veux continuer dans ce sens et renforcer encore nos échanges. Et sagissant des petites et moyennes entreprises, des PME, des PMI souvent audacieuses, innovantes, eh bien ! Elles doivent être non seulement reconnues mais soutenues. Cest pour cela que le gouvernement mercredi dernier, cette semaine, a décidé la création de la Banque publique dinvestissement. Elle aura les moyens, et en particuliers les moyens financiers mais aussi les moyens humains, les moyens au plus près de lentreprise avec le concours des régions, les territoires où sont implantées les entreprises, pour leur apporter un concours financier dont elles ont besoin, pour leurs investissements mais aussi pour laccompagnement à linnovation, pour laccompagnement à lexport ; mais aussi une intervention en termes de fonds propres dont souvent les entreprises ont besoin et quelles ont du mal à trouver dans le système financier classique.
Voilà une décision importante et qui vient au bon moment. Jai parlé des atouts, jai parlé des capacités, jai parlé de ces technologies maîtrisées, de ces savoir-faire reconnus, mais nous savons quils ne suffisent pas. Nous examinons donc tous les sujets qui se posent avec un esprit douverture, sans tabou, avec la volonté daméliorer notre compétitivité, daider les entreprises à être plus performantes, plus fortes. Des décisions vont intervenir prochainement, jai eu loccasion de lévoquer à plusieurs reprises hier, et je ne développerai pas davantage ce matin ce point, puisque vous en êtes déjà largement informés.
Mesdames, messieurs, nulle part ailleurs ce discours aurait plus de sens quici, à Singapour. Nous faisons avec Singapour la moitié de notre commerce avec lASEAN. Six cents entreprises françaises, Monsieur le Ministre vous lavez rappelé, sont implantées ici et à leur grande satisfaction. Quand on parle avec elles, elles se sentent reçues dans de bonnes conditions. Les entreprises, mais aussi leur personnel. Et surtout, Singapour est pour moi le modèle du type de relations économiques que nous voudrions développer avec lensemble de lAsie. Des échanges et des investissements très dynamiques, avec par exemple une progression de notre commerce bilatéral de plus de 30 % 30 % ! cette année, en dépit dune conjoncture mondiale très déprimée. Mais ce sont aussi des relations ouvertes, équilibrées, et fondées sur des règles du jeu transparentes et équitables. Si nos entreprises réussissent si bien à Singapour, cest parce quelles ont la possibilité de faire valoir leurs atouts sur des projets à fort contenu technologique et dans un contexte de compétition loyale. Si elles investissent massivement, cest parce quelles ont confiance et que le cadre des affaires y est très favorable et parce quelles bénéficient dune sécurité juridique qui na pas beaucoup déquivalent en Asie et jen ai remercié le Premier ministre ainsi que tout le gouvernement, Monsieur le Ministre.
Les entreprises Singapouriennes réussissent également en France, où elles bénéficient dune excellente image defficacité et de compétence. Elles savent quelles peuvent aussi bénéficier des mêmes règles de sécurité, en particulier juridiques, du respect du droit auquel nous sommes très attachés, et je sais que vous, vous y êtes profondément attachés, même si nous avons encore des progrès à faire. Notamment je pense que les décisions que nous prenons et celles que nous allons prendre, doivent apporter de la stabilité et notamment de la stabilité fiscale et de la stabilité réglementaire qui permettra tant pour les entreprises françaises que pour les entreprises étrangères, davoir des visions de moyen terme, sans lesquelles il nest pas possible dinvestir en toute sécurité et sérénité. Mais je reviens sur les grands principes qui sont à la base de nos relations économiques et de nos échanges. Cest lapplication concrète et en même temps réaliste du juste échange, de la réciprocité que la France entend promouvoir dans ses échanges commerciaux et faire valoir également auprès des partenaires européens qui sont aussi nécessaires si on veut agir dans la durée.
Votre place financière, vos infrastructures mais aussi votre cadre juridique et votre potentiel dinnovation sont donc autant datouts pour le déploiement de nos entreprises en Asie à partir de Singapour. Je souhaiterais que la France puisse jouer le même rôle pour vos entreprises en Europe. Nos partenariats technologiques se développent mais restent encore insuffisants. Je pense à des domaines comme les biotechnologies, le développement urbain durable, les transports, mais les énergies renouvelables, laéronautique, le spatial. Nous avons déjà beaucoup de relations dans le secteur du militaire et nous lavons évoqué aussi avec le Premier ministre. Vos investissements en France sont actifs, même si notre souhait est quils se développent encore dans dautres secteurs dactivité. Je pense enfin que nos entreprises pourraient travailler davantage ensemble, par exemple sur les marchés dAfrique et de lASEAN.
Voilà mesdames, messieurs. Je voudrais que notre réunion soit loccasion pour vous de réfléchir à des pistes de travail en commun que nous avons évoquées à léchelle gouvernementale. Laccord et le partenariat stratégique que jai signé hier avec le Premier ministre est bien la marque dune étape nouvelle de renforcement de nos relations à la fois politiques, économiques, et scientifiques puisque nous sommes le seul pays avec les Etats-Unis, à bénéficier de ce type daccord. Jy vois une grande marque de confiance et je profite encore de cette occasion pour remercier le Premier ministre et le gouvernement davoir pu permettre de signer ensemble cet accord. Mais il y a dautres accords à passer. Je pense aux accords culturels. La convention que nous avons arrivera en échéance en 2014. Nous pourrions aussi avoir une convention de partenariat sur la recherche scientifique et technique. Je pense que ce sont autant détapes que nous allons franchir ensemble et nos agences dappui aux PME je pense à INTERNATIONAL ENTERPRISE SINGAPORE et UBIFRANCE peuvent coopérer aussi davantage et définir le champ dun partenariat car elles ont toutes deux un vrai potentiel daction, nest-ce pas Madame la Ministre du commerce extérieur.
Jai évoqué hier on revient un instant sur lEurope avec le Premier ministre à loccasion du dîner pour prolonger nos échanges officiels, lASEAN et ses perspectives. À plusieurs reprises, il ma dit : "Nous ne voulons pas copier lEurope, nous ne voulons pas forcément faire la même chose mais notre référence cest lEurope. LUnion européenne, cette construction politique que vous avez su faire." Je le dis à lattention des Français qui sont là, ceux qui maccompagnent ou ceux qui sont installés ici. Parfois on est trop, nous, autocentrés sur nos préoccupations, parfois trop pessimistes, et quand on vient ici, on saperçoit que ce que nous avons été capables de construire nest pas mal perçu, bien au contraire. Je dirais même que cest unique, ce que les Européens après tant daffrontements en particulier entre lAllemagne et la France, les deux ennemis héréditaires ont été capables de faire. Ce nétait pas si simple, nous lavons fait, alors il faut consolider parce que cest un gage de stabilité non seulement pour le continent européen mais pour le monde entier qui a besoin de cette stabilité dans un monde incertain, qui est en train de se construire mais pour lequel nous ne pouvons que souhaiter la stabilité. Mais il y a des risques, il y a des risques partout. Et tout ce qui contribuera à apporter de la stabilité, de la sécurité, de la cohérence sera pour lavenir de nos nations, lavenir de nos continents, une perspective despoir que nos peuples attendent. Mais cest notre responsabilité dy contribuer.
Voilà ces quelques mots, monsieur LEE. Je vous remercie encore davoir pu vous libérer pour être parmi nous. Vous parliez de mon emploi du temps mais le vôtre et ceux de vos ministres est aussi chargé. Je connais bien ce travail-là mais cest un travail qui en vaut la peine. En tous cas, je le considère comme indispensable et utile. Cest, je pense, loccasion pour nous de partager non seulement une ambition, mais aussi une détermination, une volonté de réussir ensemble. Merci, mesdames et messieurs, de participer à ce forum. Bonne chance dans vos projets. Vous pouvez compter sur la France.
Source http://www.gouvernement.fr, le 22 octobre 2012
Cest donc très heureux et pour moi loccasion de vous faire partager mes convictions. Dabord vous parlez de lEurope, de la France bien sûr et de nos relations économiques. Vous parlez de lEurope parce quen ce moment se tient à Bruxelles le Conseil européen. Et cest vrai que depuis 4 ans, nous traversons une crise financière internationale sans précédent. Dans cette période de troubles, la zone euro suscite souvent linquiétude, et jai eu loccasion den parler avec mes interlocuteurs, le président de la République de Singapour mais aussi le Premier ministre encore hier soir.
Cest vrai que des Etats sont en difficultés et que les spéculations vont bon train. Certains ont même prédit la fin de la monnaie commune de lEurope. Cette question a été abordée hier à loccasion de ma rencontre et de mon dialogue avec les étudiants de lécole des Sciences politiques de Singapour. Mais est-ce que ça signifie que lEurope serait particulièrement fragile économiquement ? Eh bien ! Je tiens à vous rassurer ici particulièrement, car il ne faut pas oublier lessentiel. LUnion européenne est la première puissance économique et commerciale du monde, même les Européens parfois loublient alors que cest une force considérable. Car cest le premier marché mondial avec 460 millions de consommateurs, et doté dun niveau de vie élevé. Et cest par ailleurs un marché largement unifié, avec des normes communes et au sein duquel, les biens et les personnes peuvent circuler librement.
Cest donc lEurope un foyer dinnovation qui est particulièrement actif, doté dune grande culture scientifique et technique. LEurope est un continent stable politiquement, apaisé, doté dun système économique et social aujourdhui en cours dajustement, mais qui a fait ses preuves et qui a garanti au continent européen un long chemin de prospérité. Ses atouts que les investisseurs, les entrepreneurs que vous êtes connaissent et savent apprécier, eh bien ! Je vous le dis ici, à Singapour, ils demeurent et ils vont demeurer malgré la crise. La crise que nous vivons nest pas une crise européenne, cest une crise mondiale, et qui se nourrit de déséquilibres réels et financiers que nous connaissons depuis des années. Parce que cette crise, elle est déclenchée il y a 4 ans aux Etats-Unis. Elle est aussi le fruit de décisions hasardeuses et imprudentes et qui a fini par atteindre leuro, parce quelle sest accompagnée dune défiance généralisée, et qui a fini par prendre leuro pour cible.
Laissez-moi vous dire ma conviction qui est non seulement celle de la France mais aussi celle de lensemble de lEurope, leuro est intangible. Il y a eu des spéculations sur une sortie de la Grèce qui pouvait provoquer, par un effet de domino, des réactions sur tout le reste. Eh bien ! Les responsables politiques ont pris conscience quil fallait donner un coup darrêt à ce processus dangereux. Certes, il faut avancer par étape mais dites-vous bien que lEurope cest plus quune monnaie, cest aussi un projet politique. Et il faut revenir aussi aux fondamentaux qui ont été à la base de sa création. Nous navons pas le choix, les responsables politiques européens et en particulier les responsables politiques français sont attachés à cette construction parce quelle est la garantie de lavenir des peuples européens, mais aussi de léquilibre du monde.
Bien sûr, une fois dit tout cela, ny voyez pas de lautosatisfaction, je vois bien tout ce quil faut corriger et qui doit lêtre. Nous avons créé une monnaie unique entre 17 Etats, ce qui est une réalisation unique dans lhistoire. Mais nous savons désormais quil faut compléter cette union monétaire par une réelle vision économique et une union bancaire partagée. Nous avons en effet besoin dune intégration budgétaire et dune supervision bancaire plus intégrées, cest ce qui est en train de se faire. Lavenir de leuro, de la zone euro et donc aussi de lEurope passe par un renforcement de la coordination des politiques économiques et financières des Etats membres. Cest ce à quoi nous travaillons en ce moment, cest lobjet même du traité européen de stabilisation, de coordination et de gouvernance qui a été ratifié par la France, après avoir été ratifié en juin dernier mais accepté par le Cour constitutionnelle allemande en septembre dernier. Donc nous sommes dans les mêmes calendriers en ce qui concerne les deux principaux partenaires européens.
Sagissant de lunion bancaire et la supervision unique des banques, une meilleure protection des déposants et des contribuables face au risque dinstabilité financière qui mine la confiance et pèse aussi sur les finances publiques de nos Etats, les choses ont bien avancé. Le Conseil européen a donc pris un accord qui est toujours en Europe un compromis. Mais ce qui était important, cest que les décisions du Conseil du mois de juin dernier de mettre en place cette union bancaire et cette supervision bancaire soit effective, et elle va lêtre. Mais lorsque lEurope prend des décisions, là jai parlé des pays de la zone euro, ils sont 17, mais notre système est assez complexe, lUnion européenne cest 27, ce sont les 27 qui prennent les décisions et ils ne sont pas forcément daccord dès le début. Et en période de crise, en période de défiance, en période de pessimisme même, ce long processus de décision dun consensus acceptable pourrait aboutir à un consensus acceptable par tous, peut donner parfois limpression que lEurope ne réagit pas suffisamment et suffisamment vite. Oui, cest vrai, mais il faut respecter aussi lhistoire, la diversité des Etats, des nations, il faut respecter aussi le temps du débat, de la démocratie dans chacun de nos pays, ce nest pas si simple. Mais la démocratie, cest une nécessité, cest une chance, cest une force, beaucoup de pays lenvient. Et je ne vois pas pourquoi il serait refusé au Parlement allemand de discuter et de vérifier si sa souveraineté budgétaire qui est intrinsèque à sa Constitution et à sa construction politique est bien respectée. Et il nest pas non plus choquant quen France, il y ait des débats dans lopinion et que le Parlement soit saisi et que ça prenne parfois un peu plus de temps. Ce qui compte cest larrivée, cest le but, eh bien ! Nous y sommes. Nous voulons mettre en place des dispositifs qui soient soutenables dans la durée.
Et au demeurant, lensemble des solutions qui sont mises en place, jai évoqué le traité mais aussi le mécanisme européen de stabilité, si on réfléchit à ce qui aurait pu se passer il y a 2 ans seulement, tout ça nétait pas possible, et pourtant cest fait, cest décidé. Ce qui veut dire que la zone euro, malgré les critiques quon peut lui faire, agit avec constance et détermination. Cest vrai, je le reconnais, pas assez vite, dans le cas de la crise grecque il aurait été plus utile dintervenir plus tôt et de ne pas aller de sommet en sommet de la dernière chance, puisque la Grèce ce nest que 2 % du produit intérieur brut de la zone euro. Si on avait agi plus vite et plus tôt, je pense que les difficultés auraient été moins grandes. Mais la visite de madame Merkel à Athènes est bien la preuve de la volonté de trouver la solution. En tout cas cest conforme à ce que nous, les Français, nous souhaitons et qui a été exprimé par le vote du peuple français qui a désigné François Hollande comme président de la République ; et qui a été son engagement constant dès sa prise de fonction de tout faire pour stabiliser la zone euro mais aussi de créer les conditions du retour de la croissance en Europe.
Et donc si la France a ratifié après un débat politique légitime ce traité, cest parce quen juin dernier des décisions importantes ont été prises au-delà du traité, un pacte de croissance de 120 milliards deuros qui mobilisera aussi la Banque européenne dinvestissement puisque le capital a été augmenté, ce qui donnera autant deffets de levier, la mise en place des project bonds pour des projets structurants. Et puis lunion bancaire, la supervision des banques qui sont issues de ces négociations qui ont eu lieu depuis quelques mois maintenant. Donc tous ces efforts sont utiles, mais en même temps si la croissance ne revient pas, évidemment ces efforts peuvent aussi apparaître en vain. Et donc il faut être extrêmement vigilant pour que la croissance reparte.
La croissance, lemploi constituent lunique objectif de notre politique économique. Lassainissement budgétaire sans précédent dans lequel nous sommes engagés nest pas un but en soit ou une contrainte, je parle de la France qui ne saurait imposer de lextérieur. Non, non, cest une perspective que nous nous sommes fixés nous-mêmes, qui fait partie des engagements du candidat et devenu président de la République François Hollande pendant la campagne électorale, cest le retour à léquilibre budgétaire à la fin de son quinquennat, c'est-à-dire en 2017, et cest maintenant que nous devons commencer. Cest une nécessité pour restaurer la confiance, mais aussi faire cesser les spéculations, et puis ensuite retrouver des marges de manuvre, des marges de manuvre budgétaires ; et pour casser un cercle vicieux qui conduit un Etat qui sendette trop à voir la charge du remboursement de sa dette prendre une part croissante bientôt insupportable dans son budget. Et ce nest pas acceptable que le premier budget de lEtat, de la France, soit le remboursement des intérêts de la dette.
Alors cet effort de redressement de nos comptes publics, cest le gage de notre prospérité future. Leffort qui est demandé et cest vrai, je le reconnais pour atteindre cet objectif de 3 % en 2013 est sans précédent. Nous lavons engagé avec détermination mais aussi à lesprit de justice. Car il y a effort, nul ne peut le nier, mais cet effort partagé sur les 5 ans à venir doit être équilibré entre recettes et dépenses. Cest pour ça que leffort sur la dépense publique, c'est-à-dire la baisse de la dépense publique qui a commencé dans ce budget 2013 qui est actuellement examiné par le Parlement montera en charge au fil du quinquennat, et à la faveur de réformes que nous comptons mettre en uvre pour moderniser laction publique. Donc les efforts qui sont demandés sont à la fois des efforts déconomie de dépenses, les efforts qui sont demandés aux ménages les plus aisés pour éviter de casser la consommation, mais ce sont aussi des efforts qui sont demandés aux entreprises mais essentiellement les plus grandes, avec des ajustements qui sont intervenus ces derniers jours pour ne pas pénaliser ni linvestissement, ni linnovation ni décourager ceux qui prennent des risques et qui investissent. Cest léquilibre de ce budget, mais il était nécessaire.
Et puis concernant la compétitivité économique, cest vrai que nous avons encore un vaste chantier devant nous. Et cest pour ça que ce qui se passe à Singapour nous intéresse particulièrement. Nul autre pays au monde et je le dis sincèrement, pas pour être flatteur monsieur le ministre, cest que Singapour illustre cette incroyable capacité que peut avoir un pays à faire valoir ses atouts, ses avantages comparatifs et à bâtir sur cette base une prospérité et une réussite impressionnantes. Je parle souvent de redressement, lorsque Singapour a accédé à lindépendance en 1965, qui donnait de Singapour des perspectives positives ? Qui pensait que ce pays, ce petit pays allait devenir fort ? Peu de monde au fond. Eh bien ! Vous lêtes devenus par les choix stratégiques que vous avez faits, courageux, déterminés, patients. Et aujourdhui ou pour autant, est-ce que vous voulez vous endormir sur vos lauriers ? Non, vous continuez à inventer, à innover et vous mettre (je dirai) dans les grands défis du 21ème siècle qui nous attendent au bon niveau. Et je voulais le dire avec la plus grande franchise et la plus grande sincérité, mais aussi une certaine admiration.
Mais chaque pays a son histoire, sa culture, son identité, la France a la sienne, lattrait de son territoire, ses grandes entreprises, ses petites et moyennes entreprises, son potentiel scientifique et de recherche, lexcellence de certaines de ses filières de formation, ses infrastructures, ses capacités dans de nombreux secteurs de haute technologie, je pense à laéronautique, à lespace, les biotechnologies, le nucléaire civil mais aussi ses services publics, son système social, il est souvent critiqué son système social et ses services publics, y compris par des partenaires voisins qui nous trouvent trop dépensiers. Mais chacun fait ses choix, et quant aux partenaires voisins qui nous critiquent, sils réussissaient si bien, nous écouterions davantage leurs leçons, mais ce nest pas toujours le cas. Donc je crois quil faut ne pas toujours se laisser influencer, comme le disait le doyen de luniversité enfin de la faculté de Sciences politiques hier par les commentaires, qui ne sont pas toujours absents darrière-pensées dans certains journaux, qui naiment pas leuro au fond et qui verraient bien que leuro disparaisse. Eh bien ! Je veux les décevoir ce matin mesdames et messieurs.
Mais je reviens à la France aussi, dont on oublie trop souvent que ce que nous sommes apporte à notre pays en termes de stabilité et de qualité de sa main duvre, de capacité aussi à traverser les crises en limitant les conséquences, comme on la vu ces dernières années. Mais en même temps, je ne nie pas que des évolutions sont nécessaires. La compétition elle existe, elle est difficile, de nombreux partenaires économiques saffirment avec leurs atouts propres, leur capacité dinnovation eux aussi est parfois meilleure que les nôtres, leur main duvre moins chère, leur capacité dinvestissement, leur marché gigantesque qui nous conduisent aussi à nous adapter, à progresser, à nous repositionner, mais sans pour autant abandonner ce que nous sommes. La France a une conscience aigue non seulement de ses atouts mais aussi de la nécessité pour elle de sadapter, de se moderniser, de développer ses points forts et de remédier à ses difficultés. Je le disais, sans renier pour autant ou renoncer à ce quelle est.
Lenjeu, le défi, ce nest pas deffacer ce que nous avons fait dans lhistoire, cest dinventer le nouveau modèle social et républicain du 21ème siècle, mais bien du 21e siècle, pas de vouloir à tout prix garder tout ce qui existe tel quel du 20e ou du 19e. Mais quand même, rester axé sur cet objectif-là qui finit qui est la garantie essentielle que toutes les forces de la nation, toutes les forces de la France pourront sunir et se rassembler justement pour relever ce défi de la compétitivité et de la puissance retrouvée de notre pays. La responsabilité budgétaire qui a marqué les premières semaines de ce gouvernement se complète désormais par un engagement résolu en faveur de lattractivité de notre territoire et de la compétitivité de nos entreprises. Attractivité pour les investisseurs étrangers, pour les entreprises qui souhaitent simplanter en France et implanter une filiale, implanter un siège social, un centre de recherche, à ces investisseurs je dis et je redis quil faut se méfier parfois de limage véhiculée dune France peu tournée vers lentreprise. La France a un positionnement au cur de lEurope, une énergie bon marché, je lai dit, une qualité des infrastructures, notamment de transports, un maillage du territoire par un réseau duniversités et décoles à la qualité incontestée, même si nous voulons renforcer notre système éducatif, et cest dailleurs une des priorités de lactuel gouvernement. Mais nous avons aussi des centres de recherche de renommée mondiale, il y a dailleurs des partenariats avec Singapour que nous voulons renforcer, nous lavons évoqué hier avec le Premier ministre. Nous avons aussi des talents de créativité que le monde nous reconnaît. Et donc cest grâce à ces atouts, à ces qualités que la France est le 3ème pays européen pour laccueil des investissements étrangers. Eh bien ! Ces atouts, nous les revendiquons, nous en sommes fiers. Mais nous avons aussi le devoir de les cultiver, de les faire connaître mais aussi de les renforcer, nous y travaillons sans relâche.
Certains redoutent les investissements étrangers, ça existe parfois dans notre pays, eh bien ! Ce nest pas ma conception de léconomie et de la France. Je le dis, au contraire, que ces investissements étrangers sont les bienvenus en France parce quils créent de la richesse et ils créent de lemploi. Compétitivité, je lai évoqué plusieurs fois pour convaincre, nous avons aussi des atouts qui sont reconnus. Je pourrai évoquer ARIANESPACE, leader mondial du lancement de satellites, AIRBUS qui nest pas que français mais dans lequel la France joue un rôle essentiel et qui est le leader mondial de laéronautique civil, ici on le connaît bien. Et je remercie dailleurs SINGAPORE AIRLINES davoir été précurseur dans la commande des A380. Donc ce qui montre bien que la qualité est reconnue, est prise au sérieux, je pourrai citer AREVA, le leader mondial de lénergie nucléaire. Mais je vais me limiter là volontairement à ces 3 exemples, parce que je pourrai en citer beaucoup dautres rien quen énumérant les entreprises françaises dont des représentants maccompagnent, je lai dit tout à lheure ici, pour avoir loccasion de renforcer leurs liens avec vous. Mais ils le font eux-mêmes et ils le font très bien.
Grâce à ces champions mais grâce également à lensemble des PME françaises que nous souhaitons davantage amener vers lexport, et grâce aux différentes réformes que nous menons actuellement, jai fixé un objectif ambitieux à la France. Et je remercie madame Nicole BRICQ, ministre du Commerce extérieur, dêtre engagée avec beaucoup de conviction et de talent pour atteindre cet objectif hors énergies, c'est-à-dire léquilibre commercial dici 5 ans pour résorber le déficit commercial trop important que nous connaissons actuellement. Cest un handicap de la France et ce nest pas normal, ce nest pas acceptable. Cest ça la situation dans laquelle nous sommes et quon oublie trop souvent, 70 milliards de déficit du commerce extérieur, 25 hors énergies. Eh bien ! Avec Singapour, ce nest pas le cas, avec Singapour nous sommes dans un rapport équilibré, je veux continuer dans ce sens et renforcer encore nos échanges. Et sagissant des petites et moyennes entreprises, des PME, des PMI souvent audacieuses, innovantes, eh bien ! Elles doivent être non seulement reconnues mais soutenues. Cest pour cela que le gouvernement mercredi dernier, cette semaine, a décidé la création de la Banque publique dinvestissement. Elle aura les moyens, et en particuliers les moyens financiers mais aussi les moyens humains, les moyens au plus près de lentreprise avec le concours des régions, les territoires où sont implantées les entreprises, pour leur apporter un concours financier dont elles ont besoin, pour leurs investissements mais aussi pour laccompagnement à linnovation, pour laccompagnement à lexport ; mais aussi une intervention en termes de fonds propres dont souvent les entreprises ont besoin et quelles ont du mal à trouver dans le système financier classique.
Voilà une décision importante et qui vient au bon moment. Jai parlé des atouts, jai parlé des capacités, jai parlé de ces technologies maîtrisées, de ces savoir-faire reconnus, mais nous savons quils ne suffisent pas. Nous examinons donc tous les sujets qui se posent avec un esprit douverture, sans tabou, avec la volonté daméliorer notre compétitivité, daider les entreprises à être plus performantes, plus fortes. Des décisions vont intervenir prochainement, jai eu loccasion de lévoquer à plusieurs reprises hier, et je ne développerai pas davantage ce matin ce point, puisque vous en êtes déjà largement informés.
Mesdames, messieurs, nulle part ailleurs ce discours aurait plus de sens quici, à Singapour. Nous faisons avec Singapour la moitié de notre commerce avec lASEAN. Six cents entreprises françaises, Monsieur le Ministre vous lavez rappelé, sont implantées ici et à leur grande satisfaction. Quand on parle avec elles, elles se sentent reçues dans de bonnes conditions. Les entreprises, mais aussi leur personnel. Et surtout, Singapour est pour moi le modèle du type de relations économiques que nous voudrions développer avec lensemble de lAsie. Des échanges et des investissements très dynamiques, avec par exemple une progression de notre commerce bilatéral de plus de 30 % 30 % ! cette année, en dépit dune conjoncture mondiale très déprimée. Mais ce sont aussi des relations ouvertes, équilibrées, et fondées sur des règles du jeu transparentes et équitables. Si nos entreprises réussissent si bien à Singapour, cest parce quelles ont la possibilité de faire valoir leurs atouts sur des projets à fort contenu technologique et dans un contexte de compétition loyale. Si elles investissent massivement, cest parce quelles ont confiance et que le cadre des affaires y est très favorable et parce quelles bénéficient dune sécurité juridique qui na pas beaucoup déquivalent en Asie et jen ai remercié le Premier ministre ainsi que tout le gouvernement, Monsieur le Ministre.
Les entreprises Singapouriennes réussissent également en France, où elles bénéficient dune excellente image defficacité et de compétence. Elles savent quelles peuvent aussi bénéficier des mêmes règles de sécurité, en particulier juridiques, du respect du droit auquel nous sommes très attachés, et je sais que vous, vous y êtes profondément attachés, même si nous avons encore des progrès à faire. Notamment je pense que les décisions que nous prenons et celles que nous allons prendre, doivent apporter de la stabilité et notamment de la stabilité fiscale et de la stabilité réglementaire qui permettra tant pour les entreprises françaises que pour les entreprises étrangères, davoir des visions de moyen terme, sans lesquelles il nest pas possible dinvestir en toute sécurité et sérénité. Mais je reviens sur les grands principes qui sont à la base de nos relations économiques et de nos échanges. Cest lapplication concrète et en même temps réaliste du juste échange, de la réciprocité que la France entend promouvoir dans ses échanges commerciaux et faire valoir également auprès des partenaires européens qui sont aussi nécessaires si on veut agir dans la durée.
Votre place financière, vos infrastructures mais aussi votre cadre juridique et votre potentiel dinnovation sont donc autant datouts pour le déploiement de nos entreprises en Asie à partir de Singapour. Je souhaiterais que la France puisse jouer le même rôle pour vos entreprises en Europe. Nos partenariats technologiques se développent mais restent encore insuffisants. Je pense à des domaines comme les biotechnologies, le développement urbain durable, les transports, mais les énergies renouvelables, laéronautique, le spatial. Nous avons déjà beaucoup de relations dans le secteur du militaire et nous lavons évoqué aussi avec le Premier ministre. Vos investissements en France sont actifs, même si notre souhait est quils se développent encore dans dautres secteurs dactivité. Je pense enfin que nos entreprises pourraient travailler davantage ensemble, par exemple sur les marchés dAfrique et de lASEAN.
Voilà mesdames, messieurs. Je voudrais que notre réunion soit loccasion pour vous de réfléchir à des pistes de travail en commun que nous avons évoquées à léchelle gouvernementale. Laccord et le partenariat stratégique que jai signé hier avec le Premier ministre est bien la marque dune étape nouvelle de renforcement de nos relations à la fois politiques, économiques, et scientifiques puisque nous sommes le seul pays avec les Etats-Unis, à bénéficier de ce type daccord. Jy vois une grande marque de confiance et je profite encore de cette occasion pour remercier le Premier ministre et le gouvernement davoir pu permettre de signer ensemble cet accord. Mais il y a dautres accords à passer. Je pense aux accords culturels. La convention que nous avons arrivera en échéance en 2014. Nous pourrions aussi avoir une convention de partenariat sur la recherche scientifique et technique. Je pense que ce sont autant détapes que nous allons franchir ensemble et nos agences dappui aux PME je pense à INTERNATIONAL ENTERPRISE SINGAPORE et UBIFRANCE peuvent coopérer aussi davantage et définir le champ dun partenariat car elles ont toutes deux un vrai potentiel daction, nest-ce pas Madame la Ministre du commerce extérieur.
Jai évoqué hier on revient un instant sur lEurope avec le Premier ministre à loccasion du dîner pour prolonger nos échanges officiels, lASEAN et ses perspectives. À plusieurs reprises, il ma dit : "Nous ne voulons pas copier lEurope, nous ne voulons pas forcément faire la même chose mais notre référence cest lEurope. LUnion européenne, cette construction politique que vous avez su faire." Je le dis à lattention des Français qui sont là, ceux qui maccompagnent ou ceux qui sont installés ici. Parfois on est trop, nous, autocentrés sur nos préoccupations, parfois trop pessimistes, et quand on vient ici, on saperçoit que ce que nous avons été capables de construire nest pas mal perçu, bien au contraire. Je dirais même que cest unique, ce que les Européens après tant daffrontements en particulier entre lAllemagne et la France, les deux ennemis héréditaires ont été capables de faire. Ce nétait pas si simple, nous lavons fait, alors il faut consolider parce que cest un gage de stabilité non seulement pour le continent européen mais pour le monde entier qui a besoin de cette stabilité dans un monde incertain, qui est en train de se construire mais pour lequel nous ne pouvons que souhaiter la stabilité. Mais il y a des risques, il y a des risques partout. Et tout ce qui contribuera à apporter de la stabilité, de la sécurité, de la cohérence sera pour lavenir de nos nations, lavenir de nos continents, une perspective despoir que nos peuples attendent. Mais cest notre responsabilité dy contribuer.
Voilà ces quelques mots, monsieur LEE. Je vous remercie encore davoir pu vous libérer pour être parmi nous. Vous parliez de mon emploi du temps mais le vôtre et ceux de vos ministres est aussi chargé. Je connais bien ce travail-là mais cest un travail qui en vaut la peine. En tous cas, je le considère comme indispensable et utile. Cest, je pense, loccasion pour nous de partager non seulement une ambition, mais aussi une détermination, une volonté de réussir ensemble. Merci, mesdames et messieurs, de participer à ce forum. Bonne chance dans vos projets. Vous pouvez compter sur la France.
Source http://www.gouvernement.fr, le 22 octobre 2012