Texte intégral
« Agriculture-environnement : de la crispation à la médiation »
En guise de conclusion, je voulais saluer cette initiative très innovante et très originale qui correspond à létat desprit de ce que doit être le dialogue environnemental et de ce que doit être un nouveau partenariat écologique.
Lensemble de ce que je vais vous dire, je le dis aussi bien en mon nom quen celui de Stéphane Le Foll, qui vous avait adressé un message ce matin. Létat desprit qui prévaut dans vos travaux est le même au gouvernement, sans crispation. Cest-à-dire que lon est aujourdhui vraiment dans la volonté, ministère de lEcologie et ministère de lAgriculture, de travailler ensemble sur un certain nombre de nouvelles orientations pour la politique agricole et pour la politique de lenvironnement, main dans la main. Cela ne veut pas dire quil ny a pas parfois des débats, des arbitrages, mais on est vraiment dans cet état desprit. Et cest quelque chose de très important.
Je suis aussi au départ une élue de terrain dans un département rural qui est celui des Deux-Sèvres, je suis petite-fille dagriculteurs et donc je sais aussi, sans avoir la prétention de tout savoir sur tout, que le monde agricole, ce nest pas une réalité unique. Il y a des agricultures et aujourdhui il y a une situation durgence dans le monde agricole qui est celui du maintien des exploitations, qui est celui du fait que nos agriculteurs puissent vivre de leur travail, quils sont aujourdhui pour beaucoup dentre eux, en particulier dans le secteur de lélevage, victimes aussi de phénomènes spéculatifs sur les cours des céréales. Donc, il ne faut pas avoir une vision simpliste ou caricaturale ou doppositions qui sont parfois trop faciles. Je pense quun des enjeux de vos réflexions, cest aussi de trouver le chemin pour dire quil y a un avenir pour lagriculture française à partir dun nouveau modèle quil faut aujourdhui inventer et bâtir ensemble. Cest un peu la conviction que lon a affirmée fortement dans la Conférence environnementale, qui vaut pour tout, mais qui vaut aussi en matière de politique agricole, cest que lambition de faire de la France la nation de lexcellence environnementale, ce nest pas une contrainte, ce nest pas un frein au développement. Ce doit être au contraire un puissant levier, et notamment cest un levier qui doit permettre à nos agriculteurs de vivre mieux, davoir plus de valeur ajoutée dans leurs productions, de défendre aussi un avantage compétitif pour lagriculture française sur la scène internationale.
Je disais ne pas avoir de vision caricaturale. Cest vrai quil y a eu des progrès accomplis ces dernières années, qui sont réels, qui méritent dêtre salués même sils sont encore très insuffisants. On le voit avec la situation des algues vertes. On le voit avec le fait que les objectifs du plan Ecophyto nont pas du tout été atteints et quau contraire lutilisation de pesticide a augmenté. Lorientation structurante que Stéphane Le Foll a présentée dans la conférence environnementale, dans la table ronde sur la biodiversité, cest celle du verdissement de la politique agricole commune, cest celle de louverture aussi du comité national qui engage les réflexions sur ce verdissement et sur cette politique à des horizons plus larges, en termes de consultations et de participations démocratiques. Cest un nouveau plan pour lagriculture biologique avec lambition que lon ne soit plus dans cette situation absurde où la France importe une bonne partie des produits bio et ne permette pas de satisfaire la croissance de la demande intérieure en produits biologiques. Cest le fait de percevoir lenvironnement et le progrès écologique comme une opportunité et non comme une contrainte.
Concernant les pesticides, je rappelle que lévaluation du plan Ecophyto doit être réalisée dici la fin de lannée. Je voulais saluer dailleurs limplication de France nature environnement dans la gouvernance de ce plan Ecophyto. Il y a énormément de progrès à accomplir. Il faut avoir aussi une approche qui permette daccompagner les agriculteurs dans les évolutions en faisant appel à une approche scientifique, une approche agronomique. Le ministère de lEcologie va sinvestir très fortement sur la mise au point daccompagnement des changements des pratiques, cest notamment ce que lon fait déjà avec la politique de leau. Il faut soutenir les démarches exemplaires, vous lavez dit dans vos conclusions.
Concernant la politique de leau, cest aussi un sujet très important dont je sais quil vous tient à coeur. La France est aujourdhui très loin des obligations qui sont les siennes par rapport à la directive cadre européenne qui exige un bon état écologique de deux tiers des masses deau dici 2015. Cest la raison pour laquelle, dune part, jai obtenu dans le cadre du 10e programme un renforcement des moyens dintervention des agences de leau avec une priorité sur lamélioration de létat des masses deau. Dautre part je souhaite conduire un bilan de la politique de leau, avec lappui du Comité national de leau, pour aller vers une feuille de route pour la politique de leau par rapport à la directive DCE 2015, qui serait élaborée dici le mois de juin 2013. Avec Stéphane Le Foll, nous allons aussi lancer une mission concernant les enjeux liés à lirrigation. Cest un sujet sur lequel nous avons régulièrement échangé. Il y a avait des décrets en préparation qui prévoyaient que la création de retenues de substitution ne serait pas soumise à enquête publique. Cétait un peu la réponse magique qui était apportée au problème de la sécheresse, qui est un problème réel. Je pense que nous sommes tous conscients que lagriculture a besoin deau. Cest élémentaire et fondamental.
Mais en même temps, il faut porter je pense un nouveau regard sur les enjeux liés à lirrigation. Donc il y a un travail qui va sengager dans le même esprit que la médiation qui a eu lieu aujourdhui, chacun devra pouvoir participer et cest quelque chose dimportant.
Sur les algues vertes, javais déjà eu loccasion dévoquer le processus de Charte de territoire qui a été mis en place sur les 8 baies, dont vous savez que 5 sont finalisés, 2 devraient lêtre prochainement et 2 où lon constate par contre un échec des processus de concertation et dont javais réaffirmé la nécessité que lEtat puisse recourir aux outils réglementaires existants pour agir, cest-à-dire à des zones soumises à contrainte environnementale dans ces territoires. Cest une bonne politique que de dire : là où le partenariat avance dans la bonne direction, où les concertations aboutissent, on joue jusquau bout le jeu de cette concertation. Là où les situations sont bloquées, à ce moment là, lEtat doit prendre ses responsabilités. Cette question des algues vertes renvoie fondamentalement à la question du modèle agricole français. Cest la volonté de Stéphane Le Foll de promouvoir de nouveaux modèles agricoles, en cherchant à dépasser un débat sous-jacent qui est celui qui opposait de façon parfois un peu caricaturale, les tenants dune agriculture moderne, productive avec lambition de produire pour répondre à lensemble des besoins alimentaires, et les tenants dun modèle environnemental qui seraient opposés à ce modèle et à cette ambition productive et à cette vision moderne, comme une sorte de retour en arrière ou qui fait référence à la notion de décroissance qui existe dans le référentiel du débat publique.
Je suis profondément convaincue que lavenir cest un modèle nouveau autour dune agriculture écologiquement intensive. Il y a beaucoup de recherches agronomiques modernes qui permettent daccomplir des progrès considérables, en réduisant de façon importante lusage des pesticides, en faisant appel à lagroforesterie, en revoyant complètement les techniques de travail du sol. Il faut réussir à entraîner lensemble du monde agricole dans ce nouveau modèle, non pas en le présentant comme un retour en arrière mais comme un nouveau progrès agronomique faisant appel à beaucoup de recherches qui nont pas ces dernières années été généralisées et qui nont pas donné lieu aux évolutions nécessaires de la politique agricole. Cest le nouveau modèle sur lequel travaille Stéphane Le Foll avec sa notion notamment de groupements, permettant, de la même façon que cela a été fait pour le matériel agricole, aux agriculteurs de se regrouper autour de la gestion commune des exploitations.
Le deuxième point de convergence très important entre les ambitions environnementales et la défense dun avenir pour lagriculture française, cest le problème de lartificialisation des sols. Cela a été vraiment quelque chose de très important dans la conférence environnementale de constater la convergence quil y a face à lartificialisation des sols qui conduit à ce quen moyenne tous les 7 ans, léquivalent dun département français despaces agricoles et despaces naturels disparait. Il y a aujourdhui une vision qui peut être commune, qui peut être conjointe pour essayer de protéger les espaces agricoles et les espaces naturels.
Ce nest pas une conclusion mais ce sont les quelques mots que je voulais vous dire sur ce que sont les orientations du gouvernement par rapport aux réflexions, aux crispations et aux discussions que vous avez eues aujourdhui et qui vont se prolonger.
Source www.delacrispationalamediation.net, le 16 novembre 2012
En guise de conclusion, je voulais saluer cette initiative très innovante et très originale qui correspond à létat desprit de ce que doit être le dialogue environnemental et de ce que doit être un nouveau partenariat écologique.
Lensemble de ce que je vais vous dire, je le dis aussi bien en mon nom quen celui de Stéphane Le Foll, qui vous avait adressé un message ce matin. Létat desprit qui prévaut dans vos travaux est le même au gouvernement, sans crispation. Cest-à-dire que lon est aujourdhui vraiment dans la volonté, ministère de lEcologie et ministère de lAgriculture, de travailler ensemble sur un certain nombre de nouvelles orientations pour la politique agricole et pour la politique de lenvironnement, main dans la main. Cela ne veut pas dire quil ny a pas parfois des débats, des arbitrages, mais on est vraiment dans cet état desprit. Et cest quelque chose de très important.
Je suis aussi au départ une élue de terrain dans un département rural qui est celui des Deux-Sèvres, je suis petite-fille dagriculteurs et donc je sais aussi, sans avoir la prétention de tout savoir sur tout, que le monde agricole, ce nest pas une réalité unique. Il y a des agricultures et aujourdhui il y a une situation durgence dans le monde agricole qui est celui du maintien des exploitations, qui est celui du fait que nos agriculteurs puissent vivre de leur travail, quils sont aujourdhui pour beaucoup dentre eux, en particulier dans le secteur de lélevage, victimes aussi de phénomènes spéculatifs sur les cours des céréales. Donc, il ne faut pas avoir une vision simpliste ou caricaturale ou doppositions qui sont parfois trop faciles. Je pense quun des enjeux de vos réflexions, cest aussi de trouver le chemin pour dire quil y a un avenir pour lagriculture française à partir dun nouveau modèle quil faut aujourdhui inventer et bâtir ensemble. Cest un peu la conviction que lon a affirmée fortement dans la Conférence environnementale, qui vaut pour tout, mais qui vaut aussi en matière de politique agricole, cest que lambition de faire de la France la nation de lexcellence environnementale, ce nest pas une contrainte, ce nest pas un frein au développement. Ce doit être au contraire un puissant levier, et notamment cest un levier qui doit permettre à nos agriculteurs de vivre mieux, davoir plus de valeur ajoutée dans leurs productions, de défendre aussi un avantage compétitif pour lagriculture française sur la scène internationale.
Je disais ne pas avoir de vision caricaturale. Cest vrai quil y a eu des progrès accomplis ces dernières années, qui sont réels, qui méritent dêtre salués même sils sont encore très insuffisants. On le voit avec la situation des algues vertes. On le voit avec le fait que les objectifs du plan Ecophyto nont pas du tout été atteints et quau contraire lutilisation de pesticide a augmenté. Lorientation structurante que Stéphane Le Foll a présentée dans la conférence environnementale, dans la table ronde sur la biodiversité, cest celle du verdissement de la politique agricole commune, cest celle de louverture aussi du comité national qui engage les réflexions sur ce verdissement et sur cette politique à des horizons plus larges, en termes de consultations et de participations démocratiques. Cest un nouveau plan pour lagriculture biologique avec lambition que lon ne soit plus dans cette situation absurde où la France importe une bonne partie des produits bio et ne permette pas de satisfaire la croissance de la demande intérieure en produits biologiques. Cest le fait de percevoir lenvironnement et le progrès écologique comme une opportunité et non comme une contrainte.
Concernant les pesticides, je rappelle que lévaluation du plan Ecophyto doit être réalisée dici la fin de lannée. Je voulais saluer dailleurs limplication de France nature environnement dans la gouvernance de ce plan Ecophyto. Il y a énormément de progrès à accomplir. Il faut avoir aussi une approche qui permette daccompagner les agriculteurs dans les évolutions en faisant appel à une approche scientifique, une approche agronomique. Le ministère de lEcologie va sinvestir très fortement sur la mise au point daccompagnement des changements des pratiques, cest notamment ce que lon fait déjà avec la politique de leau. Il faut soutenir les démarches exemplaires, vous lavez dit dans vos conclusions.
Concernant la politique de leau, cest aussi un sujet très important dont je sais quil vous tient à coeur. La France est aujourdhui très loin des obligations qui sont les siennes par rapport à la directive cadre européenne qui exige un bon état écologique de deux tiers des masses deau dici 2015. Cest la raison pour laquelle, dune part, jai obtenu dans le cadre du 10e programme un renforcement des moyens dintervention des agences de leau avec une priorité sur lamélioration de létat des masses deau. Dautre part je souhaite conduire un bilan de la politique de leau, avec lappui du Comité national de leau, pour aller vers une feuille de route pour la politique de leau par rapport à la directive DCE 2015, qui serait élaborée dici le mois de juin 2013. Avec Stéphane Le Foll, nous allons aussi lancer une mission concernant les enjeux liés à lirrigation. Cest un sujet sur lequel nous avons régulièrement échangé. Il y a avait des décrets en préparation qui prévoyaient que la création de retenues de substitution ne serait pas soumise à enquête publique. Cétait un peu la réponse magique qui était apportée au problème de la sécheresse, qui est un problème réel. Je pense que nous sommes tous conscients que lagriculture a besoin deau. Cest élémentaire et fondamental.
Mais en même temps, il faut porter je pense un nouveau regard sur les enjeux liés à lirrigation. Donc il y a un travail qui va sengager dans le même esprit que la médiation qui a eu lieu aujourdhui, chacun devra pouvoir participer et cest quelque chose dimportant.
Sur les algues vertes, javais déjà eu loccasion dévoquer le processus de Charte de territoire qui a été mis en place sur les 8 baies, dont vous savez que 5 sont finalisés, 2 devraient lêtre prochainement et 2 où lon constate par contre un échec des processus de concertation et dont javais réaffirmé la nécessité que lEtat puisse recourir aux outils réglementaires existants pour agir, cest-à-dire à des zones soumises à contrainte environnementale dans ces territoires. Cest une bonne politique que de dire : là où le partenariat avance dans la bonne direction, où les concertations aboutissent, on joue jusquau bout le jeu de cette concertation. Là où les situations sont bloquées, à ce moment là, lEtat doit prendre ses responsabilités. Cette question des algues vertes renvoie fondamentalement à la question du modèle agricole français. Cest la volonté de Stéphane Le Foll de promouvoir de nouveaux modèles agricoles, en cherchant à dépasser un débat sous-jacent qui est celui qui opposait de façon parfois un peu caricaturale, les tenants dune agriculture moderne, productive avec lambition de produire pour répondre à lensemble des besoins alimentaires, et les tenants dun modèle environnemental qui seraient opposés à ce modèle et à cette ambition productive et à cette vision moderne, comme une sorte de retour en arrière ou qui fait référence à la notion de décroissance qui existe dans le référentiel du débat publique.
Je suis profondément convaincue que lavenir cest un modèle nouveau autour dune agriculture écologiquement intensive. Il y a beaucoup de recherches agronomiques modernes qui permettent daccomplir des progrès considérables, en réduisant de façon importante lusage des pesticides, en faisant appel à lagroforesterie, en revoyant complètement les techniques de travail du sol. Il faut réussir à entraîner lensemble du monde agricole dans ce nouveau modèle, non pas en le présentant comme un retour en arrière mais comme un nouveau progrès agronomique faisant appel à beaucoup de recherches qui nont pas ces dernières années été généralisées et qui nont pas donné lieu aux évolutions nécessaires de la politique agricole. Cest le nouveau modèle sur lequel travaille Stéphane Le Foll avec sa notion notamment de groupements, permettant, de la même façon que cela a été fait pour le matériel agricole, aux agriculteurs de se regrouper autour de la gestion commune des exploitations.
Le deuxième point de convergence très important entre les ambitions environnementales et la défense dun avenir pour lagriculture française, cest le problème de lartificialisation des sols. Cela a été vraiment quelque chose de très important dans la conférence environnementale de constater la convergence quil y a face à lartificialisation des sols qui conduit à ce quen moyenne tous les 7 ans, léquivalent dun département français despaces agricoles et despaces naturels disparait. Il y a aujourdhui une vision qui peut être commune, qui peut être conjointe pour essayer de protéger les espaces agricoles et les espaces naturels.
Ce nest pas une conclusion mais ce sont les quelques mots que je voulais vous dire sur ce que sont les orientations du gouvernement par rapport aux réflexions, aux crispations et aux discussions que vous avez eues aujourdhui et qui vont se prolonger.
Source www.delacrispationalamediation.net, le 16 novembre 2012