Texte intégral
- La région Caraïbe est la deuxième région au monde la plus concernée par le VIH/sida. Comment lexpliquez-vous et quel rôle votre ministère entend jouer face à ce défi ?
Les départements français dAmérique sont hélas les régions de France les plus touchées par lInfection à VIH. Les deux départements comptant le plus de découvertes de séropositivité sont la Guyane (1 146 cas/million dhabitants) et la Guadeloupe (425 cas/million dhabitants) contre 31 à 83 en métropole) Le gouvernement actuel entend poursuivre la lutte contre le VIH qui doit transcender les clivages politiques. Le ministère des Outre-mer est largement intervenu en 2010 et en 2011 dans lélaboration du volet outre-mer du plan national français de lutte contre le VIH/SIDA/IST 2010-2014 qui sappuie sur les recommandations des experts du Conseil national du sida de 2008 pour la Guyane et pour les Antilles. Le ministère est bien sûr également impliqué dans la mise en uvre du plan national, en particulier sur la prévention de la maladie et sur la recherche. Nous finançons notamment des programmes innovants détudes ou de soutien aux associations locales, aux cotés du directeur général de la Santé. La lutte contre le VIH sarticule pour les outre-mer autour de six axes principaux : la prévention, le dépistage, la prise en charge des malades et la lutte contre les discriminations, la recherche et la coopération sanitaire. Il est indispensable que ce combat aux Antilles soit mené en adaptant les actions aux caractéristiques et aux modes de vie des populations cibles. Celles-ci doivent être par ailleurs pleinement intégrées dans les stratégies régionales de santé. La lutte contre les discriminations et le renforcement de légalité pour laccès aux droits, à la prévention et aux soins guident aussi particulièrement notre action. Lobjectif est de réduire sur 5 ans de 50 % lincidence des infections par le VIH dans les Antilles/Guyane et de réduire de 50 % la proportion de personnes découvrant leur séropositivité VIH au stade sida.
- La région caraïbe est confrontée à une homophobie assez forte, Pour lensemble des acteurs régionaux de la lutte contre le VIH/sida, cette situation, peu dénoncée et parfois entretenue par les politiques locaux, est un frein à la lutte contre le VIH, Partagez-vous cette analyse ? Et si oui, quelles solutions préconisez-vous ?
Pour les personnes porteuses du VIH la discrimination a de nombreuses facettes. Elle est due à la séropositivité, mais elle peut provenir également de la condition sociale. Les forts taux dimmigration viennent parfois accentuer encore ces phénomènes de discriminations. Il faut savoir que la transmission du VIH aux Antilles/Guyane est à dominante hétérosexuelle et il faut le répéter à nos concitoyens. Par conséquent, des messages clairs de prévention doivent être dirigés en direction de la population hétérosexuelle. Pour lutter contre les discriminations et améliorer lintégration des personnes vivant avec le VIH, il est prévu de favoriser les prises en charge précoces et continues et daméliorer les conditions dhébergement et de logement. Laccès ou le maintien dans lemploi et linsertion professionnelle des personnes atteintes sont également prioritaires. Cependant, la mise en uvre dactions permettant de lutter contre les discriminations et de mieux intégrer les personnes vivant avec le VIH dans la société doit reposer sur les associations communautaires qui ont la meilleure connaissance de la population concernée et qui peuvent assurer des actions très ciblées. Les associations sont encore insuffisamment structurées aux Antilles. Il est donc très important quelles puissent être soutenues financièrement et cest ce que nous nous employons à faire avec les Agences régionales de santé.
- Même si la santé ne dépend pas, stricto sensu, de vos prérogatives ministérielles, quelles actions entendez-vous mener ou soutenir en matière de lutte contre le VIH/sida et les hépatites ?
Nous participons au financement du plan de lutte contre le VIH outre-mer. Ces crédits sont particulièrement nécessaires aux associations qui mettent en uvre les actions de terrain. Je vous confirme donc notre engagement qui a permis de sanctuariser et de pérenniser les financements outre-mer sur toute la durée du plan entre 2011 et 2013. Nous avons ainsi déjà contribué financièrement à deux types denquête, dune part, pour les Antilles/Guyane et La Réunion, lenquête KABP destinée à renforcer les connaissances sur lévolution des comportements sexuels et donc à mieux cibler les actions de prévention, dautre part, lenquête VESPA destinée à recueillir des données sur les conditions de vie des personnes vivant avec le VIH dans les DOM et à Mayotte.
- De par vos connaissances des cultures de la région Caraïbe et votre expérience délu de terrain, Que dites-vous de la vie des personnes vivant avec le VIH ?
La vie est, je crois, difficile pour tout malade du sida. Il est du devoir de lEtat de faciliter les soins et lexistence des malades sur nimporte quel point du territoire français. Peu de données sont en fait disponibles sur les conditions de vie des personnes vivant avec le VIH aux Antilles Guyane. Cest pourquoi nous nous efforçons de palier ce manque dinformation grâce aux enquêtes de terrain que jai mentionnées.
- Vous avez comme parlementaire depuis 2002 puis comme président du Conseil régional exercé dimportantes responsabilités en Guadeloupe, Quel bilan faites-vous de votre action sur la question du VIH/sida en Guadeloupe, département français qui a longtemps été le deuxième de France le plus touché par lépidémie et Qui reste le dernier en termes de recours au dépistage tardif ?
Les régions ont peu de compétences directes en ce domaine. En revanche, laction que jai conduite en matière de soutien aux établissements de santé, publics comme privés, a contribué à renforcer loffre de soins globale en Guadeloupe et surtout à mieux la répartir sur le territoire, dans un contexte particulièrement difficile. Par ailleurs, jai toujours été à lécoute des associations qui, localement, uvrent courageusement en matière de prévention et nous les avons accompagnées chaque fois que cela a été possible.
- Des experts saccordent à dire quun investissement de 500 millions deuros par an à léchelle de la Caraïbe permettrait datteindre lobjectif dune réduction très forte de lépidémie de VIH/sida voire sa fin dans cette région. Comment financer cela ? Et comptez-vous porter cette question ?
Un axe spécifique du plan VIH pour les populations des outre-mer vise au développement de la coopération régionale avec les autres pays de la zone Caraïbes ou de lOcéan indien. A partir de la Guyane et en collaboration avec le Brésil, le Guyana, le Suriname, nous souhaitons mutualiser les connaissances et les stratégies régionales daction par le soutien de projets inter-associatifs. LAgence régionale de santé de Guyane a déjà renforcé la coopération avec les pays frontaliers et soutient des associations de prévention auprès des personnes prostituées à Oïapoque au Brésil. Par exemple, des formations et des échanges avec les professionnels de santé brésiliens et français lors des journées caribéennes sur le dépistage se sont déroulés en juin 2012. Des échanges hospitaliers et enquêtes sur le terrain ont pu démarrer avec le projet INTERREG/PANCAP (Partenariat Pan-Caraïbe contre le VIH/sida).
La collaboration avec Haïti est aussi importante et, là aussi, des projets inter-associatifs et inter-hospitaliers sont en cours. Au-delà du soutien aux associations de terrain, nous avons également lambition de développer des réseaux de soins et de dépistage au niveau de la zone Caraïbes entre les pays limitrophes grâce au soutien du projet INTERREG/PANCAP. En Guyane, la collaboration avec le Brésil devrait améliorer la prise en charge des personnes vivant avec le VIH circulant entre le Guyana, le Suriname, le Brésil et la Guyane. Enfin, un observatoire caribéen du VIH verra le jour, grâce à INTERREG IV, au CHU de Pointe-à-Pitre afin de réduire limpact de linfection au VIH/SIDA aux Antilles et en Guyane, à Saint-Martin et Saint-Barthélemy et sur lensemble de la Caraïbe.
- La Commission européenne a investi dans le cadre du programme INTERREG IV Caraïbes 3,5 millions deuros. Le projet sachève en décembre 2012. A ce jour, aucune suite concrète nest envisagée pour que ce projet soit traduit en actions de terrain concrètes. Que comptez-vous faire à ce propos ?
Il me semble important que tous les fonds soient mobilisés pour combattre le VIH/sida et je memploierai à convaincre daller dans ce sens à tous les niveaux pertinents.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 30 novembre 2012
Les départements français dAmérique sont hélas les régions de France les plus touchées par lInfection à VIH. Les deux départements comptant le plus de découvertes de séropositivité sont la Guyane (1 146 cas/million dhabitants) et la Guadeloupe (425 cas/million dhabitants) contre 31 à 83 en métropole) Le gouvernement actuel entend poursuivre la lutte contre le VIH qui doit transcender les clivages politiques. Le ministère des Outre-mer est largement intervenu en 2010 et en 2011 dans lélaboration du volet outre-mer du plan national français de lutte contre le VIH/SIDA/IST 2010-2014 qui sappuie sur les recommandations des experts du Conseil national du sida de 2008 pour la Guyane et pour les Antilles. Le ministère est bien sûr également impliqué dans la mise en uvre du plan national, en particulier sur la prévention de la maladie et sur la recherche. Nous finançons notamment des programmes innovants détudes ou de soutien aux associations locales, aux cotés du directeur général de la Santé. La lutte contre le VIH sarticule pour les outre-mer autour de six axes principaux : la prévention, le dépistage, la prise en charge des malades et la lutte contre les discriminations, la recherche et la coopération sanitaire. Il est indispensable que ce combat aux Antilles soit mené en adaptant les actions aux caractéristiques et aux modes de vie des populations cibles. Celles-ci doivent être par ailleurs pleinement intégrées dans les stratégies régionales de santé. La lutte contre les discriminations et le renforcement de légalité pour laccès aux droits, à la prévention et aux soins guident aussi particulièrement notre action. Lobjectif est de réduire sur 5 ans de 50 % lincidence des infections par le VIH dans les Antilles/Guyane et de réduire de 50 % la proportion de personnes découvrant leur séropositivité VIH au stade sida.
- La région caraïbe est confrontée à une homophobie assez forte, Pour lensemble des acteurs régionaux de la lutte contre le VIH/sida, cette situation, peu dénoncée et parfois entretenue par les politiques locaux, est un frein à la lutte contre le VIH, Partagez-vous cette analyse ? Et si oui, quelles solutions préconisez-vous ?
Pour les personnes porteuses du VIH la discrimination a de nombreuses facettes. Elle est due à la séropositivité, mais elle peut provenir également de la condition sociale. Les forts taux dimmigration viennent parfois accentuer encore ces phénomènes de discriminations. Il faut savoir que la transmission du VIH aux Antilles/Guyane est à dominante hétérosexuelle et il faut le répéter à nos concitoyens. Par conséquent, des messages clairs de prévention doivent être dirigés en direction de la population hétérosexuelle. Pour lutter contre les discriminations et améliorer lintégration des personnes vivant avec le VIH, il est prévu de favoriser les prises en charge précoces et continues et daméliorer les conditions dhébergement et de logement. Laccès ou le maintien dans lemploi et linsertion professionnelle des personnes atteintes sont également prioritaires. Cependant, la mise en uvre dactions permettant de lutter contre les discriminations et de mieux intégrer les personnes vivant avec le VIH dans la société doit reposer sur les associations communautaires qui ont la meilleure connaissance de la population concernée et qui peuvent assurer des actions très ciblées. Les associations sont encore insuffisamment structurées aux Antilles. Il est donc très important quelles puissent être soutenues financièrement et cest ce que nous nous employons à faire avec les Agences régionales de santé.
- Même si la santé ne dépend pas, stricto sensu, de vos prérogatives ministérielles, quelles actions entendez-vous mener ou soutenir en matière de lutte contre le VIH/sida et les hépatites ?
Nous participons au financement du plan de lutte contre le VIH outre-mer. Ces crédits sont particulièrement nécessaires aux associations qui mettent en uvre les actions de terrain. Je vous confirme donc notre engagement qui a permis de sanctuariser et de pérenniser les financements outre-mer sur toute la durée du plan entre 2011 et 2013. Nous avons ainsi déjà contribué financièrement à deux types denquête, dune part, pour les Antilles/Guyane et La Réunion, lenquête KABP destinée à renforcer les connaissances sur lévolution des comportements sexuels et donc à mieux cibler les actions de prévention, dautre part, lenquête VESPA destinée à recueillir des données sur les conditions de vie des personnes vivant avec le VIH dans les DOM et à Mayotte.
- De par vos connaissances des cultures de la région Caraïbe et votre expérience délu de terrain, Que dites-vous de la vie des personnes vivant avec le VIH ?
La vie est, je crois, difficile pour tout malade du sida. Il est du devoir de lEtat de faciliter les soins et lexistence des malades sur nimporte quel point du territoire français. Peu de données sont en fait disponibles sur les conditions de vie des personnes vivant avec le VIH aux Antilles Guyane. Cest pourquoi nous nous efforçons de palier ce manque dinformation grâce aux enquêtes de terrain que jai mentionnées.
- Vous avez comme parlementaire depuis 2002 puis comme président du Conseil régional exercé dimportantes responsabilités en Guadeloupe, Quel bilan faites-vous de votre action sur la question du VIH/sida en Guadeloupe, département français qui a longtemps été le deuxième de France le plus touché par lépidémie et Qui reste le dernier en termes de recours au dépistage tardif ?
Les régions ont peu de compétences directes en ce domaine. En revanche, laction que jai conduite en matière de soutien aux établissements de santé, publics comme privés, a contribué à renforcer loffre de soins globale en Guadeloupe et surtout à mieux la répartir sur le territoire, dans un contexte particulièrement difficile. Par ailleurs, jai toujours été à lécoute des associations qui, localement, uvrent courageusement en matière de prévention et nous les avons accompagnées chaque fois que cela a été possible.
- Des experts saccordent à dire quun investissement de 500 millions deuros par an à léchelle de la Caraïbe permettrait datteindre lobjectif dune réduction très forte de lépidémie de VIH/sida voire sa fin dans cette région. Comment financer cela ? Et comptez-vous porter cette question ?
Un axe spécifique du plan VIH pour les populations des outre-mer vise au développement de la coopération régionale avec les autres pays de la zone Caraïbes ou de lOcéan indien. A partir de la Guyane et en collaboration avec le Brésil, le Guyana, le Suriname, nous souhaitons mutualiser les connaissances et les stratégies régionales daction par le soutien de projets inter-associatifs. LAgence régionale de santé de Guyane a déjà renforcé la coopération avec les pays frontaliers et soutient des associations de prévention auprès des personnes prostituées à Oïapoque au Brésil. Par exemple, des formations et des échanges avec les professionnels de santé brésiliens et français lors des journées caribéennes sur le dépistage se sont déroulés en juin 2012. Des échanges hospitaliers et enquêtes sur le terrain ont pu démarrer avec le projet INTERREG/PANCAP (Partenariat Pan-Caraïbe contre le VIH/sida).
La collaboration avec Haïti est aussi importante et, là aussi, des projets inter-associatifs et inter-hospitaliers sont en cours. Au-delà du soutien aux associations de terrain, nous avons également lambition de développer des réseaux de soins et de dépistage au niveau de la zone Caraïbes entre les pays limitrophes grâce au soutien du projet INTERREG/PANCAP. En Guyane, la collaboration avec le Brésil devrait améliorer la prise en charge des personnes vivant avec le VIH circulant entre le Guyana, le Suriname, le Brésil et la Guyane. Enfin, un observatoire caribéen du VIH verra le jour, grâce à INTERREG IV, au CHU de Pointe-à-Pitre afin de réduire limpact de linfection au VIH/SIDA aux Antilles et en Guyane, à Saint-Martin et Saint-Barthélemy et sur lensemble de la Caraïbe.
- La Commission européenne a investi dans le cadre du programme INTERREG IV Caraïbes 3,5 millions deuros. Le projet sachève en décembre 2012. A ce jour, aucune suite concrète nest envisagée pour que ce projet soit traduit en actions de terrain concrètes. Que comptez-vous faire à ce propos ?
Il me semble important que tous les fonds soient mobilisés pour combattre le VIH/sida et je memploierai à convaincre daller dans ce sens à tous les niveaux pertinents.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 30 novembre 2012