Texte intégral
Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
Merci de mavoir invité.
Merci Francis VALLAT, merci au Cluster Maritime Français.
Merci au Président ROUSSET davoir lélégance dêtre là quand je parle ; je naurai pas la réciproque car je vais devoir partir avant quil ne parle, lui. Et sil dit du mal de moi, jespère que vous pourrez me le rapporter
Je voulais vous dire quici, aux Assises Maritimes annuelles, je me sens quand même comme chez moi, avec le sentiment de jouer un peu dans mon jardin et de retrouver des amis.
Je crois que jai assisté à toutes les Assises depuis quelles existent, sauf une, à Dunkerque, car javais eu une contrainte.
Cette fidélité a commencé quand jétais député-maire de Lorient, et après président de la Région Bretagne et puis ministre de la Défense Jespère que cela me vaudra une prime de fidélité : je ne sais si ce sera une entrée gratuite aux prochaines Assises ou un abonnement au Marin à vie, comme jai lintention de vivre longtemps.
Sachez en tout cas que, pour moi, cest un déplacement qui me fait vraiment très plaisir comme « militant de la Mer » - jai déjà eu loccasion dutiliser cette phrase- et le fait dêtre ministre de la Défense me confirme dans cette posture.
Je voulais aussi vous féliciter de votre sens de lanticipation. Mais ça, cest propre à Francis VALLAT.
Parce quaujourdhui, ce matin, Frédéric CUVILLIER, au Conseil des ministres, a développé le plan maritime pour la France.
Et vous, vous avez décidé de tenir ces Assises le 21 novembre, il y a déjà un an ! Donc faire en sorte un an à lavance quon puisse harmoniser la réunion de conclusion des Assises et la communication en Conseil des ministres, cest vraiment très fort et je voulais vous en féliciter.
Vous avez eu, je pense, lavant-propos hier à louverture de vos travaux par Frédéric CUVILLIER qui est lui aussi un militant de la Mer et qui permet à vous tous, à tous les réseaux du Cluster Maritime Français, dêtre un bon interlocuteur.
Même si je dispose de la flotte la plus importante on en parlera tout à lheure pas la plus importante dailleurs car il y a CMA-CGM Si on avait, Messieurs les Amiraux, le même nombre de bateaux que CMA-CGM, on se porterait plutôt mieux, mais enfin on a quand même un niveau de qualité sur lequel on pourra revenir
Mais, en tout cas, concernant les enjeux maritimes, je peux évidemment appuyer Frédéric CUVILLIER autant que faire se peut.
Je voudrais vous faire part de quelques réflexions du moment.
Je ne peux pas revenir sur tous les sujets maritimes : vous en avez déjà entendu un peu sur un certain nombre de questions, mais quand même, sur ce qui, pour moi, est sans doute la question stratégique majeure.
Là je ne parle en tant que ministre de la Défense, mais en partie quand même : on a dit pendant très longtemps, je lai dit et beaucoup dentre vous lont dit : la France a tourné le dos à la mer pendant de nombreuses années ; elle est restée une nation continentale, etc., etc.
Cest un discours que vous connaissez bien et je ne vais pas le refaire ici. Il faut le tenir dans dautres enceintes pour convaincre ; ici, personne na besoin dêtre convaincu !
Et on sest souvent demandé pourquoi on a tourné le dos à la mer On a loccasion démettre des hypothèses
Je reste convaincu que si la France a toujours choisi, jusquà ces dernières années, les 2 900 km de frontières terrestres pour assurer sa sécurité par rapport aux 4 800 km de frontières maritimes - je ne parle que la France métropolitaine - cest parce que, du point de vue de la Défense, donc du point de vue de notre sécurité, pendant de très nombreuses années la menace était à lEst.
Et cest sans doute ce qui nous a attirés vers les choix continentaux plutôt que vers les choix maritimes, et ça, depuis de très nombreuses années.
Donc, le point dentrée de cette espèce de retrait maritime qua eu notre pays depuis de nombreuses années était lié aux risques, aux menaces qui venaient du Continent. Et on peut remonter loin !
Je ne veux pas refaire lhistoire même si cest ma formation initiale.
Et, aujourdhui, cest tombé.
Je me prends parfois à réfléchir sur le fait que le retour de la mer est lié à la chute du mur de Berlin.
Comme si, pour notre pays - je ne parle pas uniquement en termes de Défense mais aussi en termes dintérêts, peut-être même de prégnance culturelle - la brèche dans le mur de Berlin avait fait pénétrer la mer Une image peut-être audacieuse, mais qui a un petit peu de sens.
Nous navons plus de risques, plus de dangers - même sil faut se protéger - dans la sphère européenne. Nous avons même réussi à faire progressivement que le concept de lEurope de la Défense va peut-être, je lespère, pouvoir émerger ; il y a donc la paix à lEst.
Et cest la paix à lEst qui nous permet louverture à lOuest
Louverture à lOuest, cest la mer et louverture au Sud aussi : cest la mer.
Je voulais vous dire cela car je crois que cest une explication significative et que cela concorde - mais cest une démarche différente, encore que concomitante dans le temps - avec la mondialisation qui se singularise par une maritimisation croissante
Donc nous sommes dans une concomitance entre cette paix durablement gagnée, qui nous sécurise à lEst, et cette maritimisation au coeur des formes contemporaines de mondialisation.
Voilà ce qui se passe et qui fait que nous sommes aujourdhui, me semble-t-il, dans une nouvelle donne considérable, beaucoup plus forte encore aujourdhui quil y a cinq ans ou dix lorsque les prémices de cette évolution se faisaient sentir ; cela me paraissait essentiel à souligner à louverture de mon propos. Je pense que cette conviction partage aussi vos sentiments, vos espérances et vos actions.
Cette place grandissante du fait maritime va se poursuivre dans les secteurs les plus traditionnels, les plus anciens, les plus historiques, en particulier dans le transport maritime parce que son faible coût se poursuit.
Voilà des siècles que la caravelle a remplacé la caravane parce que son coût était moins cher ; on na pas fini dexploiter le faible coût du transit des marchandises par voie de mer.
On voit toute une série dévolutions qui nous montrent que ce chemin-là est encore extrêmement porteur ne serait-ce que par les travaux dagrandissement du Canal de Panama et des nouvelles routes de lArctique : tout cela va dans le même sens et quand des rapports très sérieux je pense au rapport du Sénat (quand on parle du Sénat on dit toujours que cest très sérieux et je ne vois pas pourquoi les rapports de lAssemblée Nationale ne seraient pas aussi très sérieux )- dit, et il a raison, que les perspectives jusquen 2020 font que le doublement des flux va se manifester ; il y aura de nouvelles activités portuaires, de nouveaux bâtiments, de nouvelles dynamiques demplois.
Cest tout à fait essentiel pour nous tous et ce fait maritime-là va se poursuivre de par la maritimisation des échanges, ce qui nous donne des responsabilités pour nous, pour la France, mais pas directement de ma compétence.
Je vais revenir tout à lheure sur les sujets de ma propre compétence, mais il faut être prêts à louverture du canal de Panama, à laccueil de ce qui va se passer dans les routes du Nord ; il faut être prêts dans tous les domaines, y compris dailleurs dans le domaine de la formation et je me permets de vous redire ici tout lattachement que je porte à lEcole Nationale Supérieure Maritime.
Cest un vieux sujet pour moi. Parfois, nous avons eu quelques désaccords avec certains dentre vous, mais à la marge parce que sur lenjeu principal nous sommes bien daccord.
Il est bien évident quétant donné mon origine, je ne pouvais pas ne pas soutenir le site de St Malo, mais jai cru comprendre en écoutant Frédéric CUVILLIER ce matin que cétait une question qui ne se posait plus : donc très bien !
La question qui se pose dans ce contexte-là, je profite de cette incidente, cest quil faut doter lEcole Nationale Supérieure Maritime de la solidité quelle mérite et que cest un sujet national et non celui dun lobby maritime particulier au vu de lampleur des dossiers.
Je serai très vigilant sur ce sujet.
Il ma été proposé par Francis VALLAT et par son équipe que, pour valoriser lEcole Nationale Supérieure Maritime, il serait bien que ses élèves au moins ceux qui ont une préparation militaire supérieure -défilent à Paris pour le 14 Juillet. Ce serait une bonne manière de mettre en valeur ces formations maritimes et je suis pour. Je nai pas beaucoup de responsabilités, mais, pour le 14 Juillet, jen ai cependant quelques-unes et je vais en profiter comme jai pu le faire pour le bagad de Lann-Bihoué au dernier 14 Juillet. Ce nest pas la même chose, mais je suis pour Sous réserve quils répètent car il faut faire bonne figure ; on me dit que cela ne peut pas être pire que Polytechnique
Jai vu la manière dont les polytechniciens se préparaient et il faudra donc que les élèves de lEcole Nationale Supérieure Maritime soient au rendez-vous, en tout cas, moi, jy serai sans aucune difficulté.
Je reviens à des choses complémentaires, là cétait pour le fun, le symbole étant cependant toujours très important.
Je constate avec vous cette mutation maritime sur les activités historiques qui sont amenées à se poursuivre, à se renforcer comme je le disais tout à lheure.
Je ne parlerai pas de la pêche ici. Cela mériterait beaucoup de développements et ce nest pas directement dans mes compétences.
Je cite aussi les activités nouvelles sur les biotechnologies marines, sur le transport de passagers, sur léolien offshore, sur lensemble des énergies dorigine marine
Tout cela est un ensemble que vous connaissez bien dont vous avez déjà parlé et dont vous allez reparler ; il est tout à fait essentiel et il fait que la mer est notre nouvelle frontière et que le XXIe siècle sera maritime, je le redis ici, pour les raisons que jai indiquées au départ en, en même temps pour le fait que les nouvelles technologies éclosent dans cette nouvelle frontière et que la mer devient une pépinière dinnovations.
Pour celles-ci, la France doit pouvoir jouer sa partition.
Je constate quen plus, des grands groupes je ne parle pas uniquement de DCNS même si le Président BOISSIER sait toute la considération que jai pour son groupe commencent à sintéresser désormais à la mer : elle nest plus considérée comme un secteur qui na pour perspective que la gestion du déclin de ses activités, mais qui, au contraire, maintenant, est porteuse davenir.
Je crois que dans le débat sur la compétitivité qui est ouvert dans le pays, il faut que les activités maritimes trouvent tout leur sens. Je pense en particulier à lexportation et je peux me permettre un peu de liberté par rapport à mes fonctions actuelles.
Ce qui me surprend cest que, quand on parle dexportation militaire de Défense en France, on pense uniquement aux avions. Je rassure Alain ROUSSET car lAquitaine est une terre daviation : jai beaucoup de considération pour la capacité française en matière davionique en général, y compris lavionique militaire, y compris le Rafale qui est un très bel avion, sans doute le meilleur avion du monde
Mais, quand on vend des bateaux, cest bien aussi !
Et je constate, alors quon ne le dit pas assez quon vend actuellement plus déquipements maritimes à lexportation que déquipements avioniques militaires.
Cest une réalité. Assumons- la avec satisfaction ! Considérons que cest une nouvelle marque française qui ne remet pas du tout en cause le fait que nous avons une capacité dans lélectronique et dans laviation militaire qui est tout à fait exceptionnelle. Jai eu loccasion de dire cela à Euronaval et je ne vais pas me répéter, mais autant quon en ait la culture et la prise de conscience.
Je noublie pas, loin de là, que je suis ministre de la Défense.
Je ne vous en ai peu parlé jusquici et je voudrais redire ma conception.
Je lai déjà évoqué à Euronaval et je veux le reprendre plus longuement, au moins sur une partie.
Comme ministre de la Défense, je vois la mer de deux manières :
1. La mer comme un espace de manoeuvre logistique à protéger.
2. La mer comme un espace de manoeuvre stratégique à exploiter.
Cest dans cette articulation-là que se trouve la stratégie maritime de notre pays, la capacité à faire les deux, à articuler les deux. C'est-à-dire trouver le juste équilibre et la cohérence entre une marine dEtat et une armée de mer.
Il faut faire en sorte que cela soit dans une manoeuvre stratégique globale qui me paraît tout à fait déterminante et que je souhaite voir mise en oeuvre dans le cadre du Livre Blanc.
Quelques mots sur la deuxième dimension, sur larmée de mer pour vous rappeler, mais vous le savez, que les enjeux sont considérables, que lespace stratégique maritime devient un espace extrêmement sensible.
Jétais pour ma part très frappé de constater lors de ma première visite en Asie combien ce sujet-là devenait central, que les potentialités conflictuelles dans le domaine maritime sont en train de saccumuler en Chine.
Il nous faut réfléchir à cette situation et je souhaite que le Livre Blanc, qui est en cours de gestation comme vous le savez, je vais y revenir dans un instant, puisse prendre en considération cette nouvelle dimension.
Cest au nom de cette vision, de cette nécessité stratégique de notre possibilité, de notre capacité à intervenir en mer et depuis la mer en toute autonomie, que jai rappelé à Lorient à loccasion de la mise à flot de la FREMM Normandie alors que, Monsieur le Président, la FREMM Aquitaine vogue déjà limportance que jattache au bon déroulement de ce programme qui est essentiel pour que nous ayons la capacité dagir convenablement.
Cela, cest la partie plus strictement « espace de manoeuvre stratégique à exploiter ».
Je voudrais surtout, dans ces Assises, revenir sur la mer comme espace de manoeuvre logistique à protéger. Je veux identifier avec vous quelques sujets puisque cest plutôt ce dont je dois parler ici.
Dabord pour vous rappeler les risques et les menaces qui existent maintenant du fait de la mondialisation et de la maritimisation mondiale que nous constations en commençant.
Pour moi, il y a trois formes de menaces :
1. Les menaces liées au milieu.
Ces dangers sont connus et ils ne font que saccroître sur la sécurité des personnes et des biens ; les normes peuvent être très sévères mais on naura jamais le risque zéro au vu de laccroissement des trafics commerciaux puisque les flux restent sur les mêmes routes et que, par ailleurs, saccumulent dautres intervenants : la multiplication des bateaux de plaisance et, depuis peu, singulièrement larrivée en mer dinstallations offshore ou liées à lénergie qui ne sont pas automatiquement offshore, avec des contraintes à examiner et prendre en compte. Cest la première menace liée au milieu.
2. Les secondes menaces sont liées aux hommes.
Certains profitent indûment de la liberté des mers en exploitant lespace maritime pour des activités illicites : je pense à tous les trafics qui sont en croissance, que ce soit les trafics de drogue, darmement, dêtres humains Ils sont très préoccupants.
Pour ma part, lune des découvertes dans mes fonctions depuis six mois a été celle de lampleur et des risques liés au narcotrafic, avec toutes les incidences que cela peut avoir, y compris les circuits qui vont du Brésil à la Guinée-Bissau, qui remontent par le Sahel, qui alimentent par ailleurs les groupes terroristes et qui reviennent en France
Il y a là des risques majeurs et préoccupants qui concernent directement la sécurité de notre pays ; ils doivent être pris en compte. Et la mer est un vecteur de concentration de ces trafics.
Je vous donne deux chiffres : en 2011, 13 tonnes de produits stupéfiants ont été saisis en mer sur 7 navires par la marine Nationale (ou avec son concours). Sur la même période, 6,5 tonnes de cannabis ont été saisis à Paris au prix de 22 000 interpellations.
On voit bien que la mer concentre les risques liés aux activités illicites.
3. La troisième menace est celle liée au brigandage.
Il sagit du pillage des richesses dans les zones économiques exclusives (ressources biologiques, minérales ou halieutiques, avec les risques conflictuels quils engendrent) et la piraterie qui sen prend aux flux maritimes et donc directement à notre économie.
Dautant plus, concernant la piraterie, que les routes maritimes changent peu et que les points de passage sont bien identifiés : les tentations de détournement sont de plus en plus nombreuses.
Face à ces trois séries de menaces, le ministère de la Défense répond par trois principes via la Marine Nationale : lapproche globale, la coordination internationale et la réponse capacitaire.
1. Le principe de lapproche globale.
Nous faisons le choix dune approche globale : il y a une action de lEtat en mer à la française, qui est globale, qui nentend pas séparer les métiers, qui considère que lunicité du milieu est premier, et qui incite évidemment à une politique intégrée.
Cest ce système que jentends bien poursuivre ; je crois que cest aussi la position du Premier ministre pour que cette réelle autorité de coordination de laction de lEtat en mer aujourdhui puisse se poursuivre, se garantir, sassurer techniquement. Jaurai loccasion, assez rapidement, de me rendre sur place pour massurer que tout cela va bien.
Donc, il nous faut consolider cette organisation et peut-être même en faire un modèle.
Je constate par mes différents contacts que plusieurs pays européens, directement confrontés aux trois risques que jai indiqués, sont intéressés par notre propre histoire, même si les cultures peuvent être différentes ; il y a des principes dunité et de globalité qui me paraissent essentiels à maintenir et je voulais le dire ici pour quil ny ait aucune ambiguïté, mais je pense quil ny en avait pas dans votre esprit, même avant de mentendre sur ce point.
2. La coopération internationale ou européenne.
Je me permets dinsister sur ce point, en particulier sur la situation dans la Corne dAfrique.
Il y a eu une initiative qui a été prise : lopération Atalante. Elle est aujourdhui considérée comme une référence opérationnelle de ce que peut être demain lEurope de la Défense.
Cest dailleurs assez symbolique - et pour nous assez satisfaisant - que ce soit par le biais maritime que lEurope de la Défense dont on a beaucoup parlé, et de manière souvent incantatoire depuis de nombreuses années prenne forme par laction.
Je suis de ceux qui pensent que nous ne ferons pas lEurope de la Défense par la déclaration (cela aurait dailleurs déjà été fait !). Il faut faire lEurope de la Défense par laction et, comme cest la mer qui ouvre, et bien tant mieux pour nous !
Lopération Atalante va se poursuivre et sélargir même pour faire en sorte que nous puissions aider les Etats riverains à se doter de compétences juridiques, techniques, civiles et militaires pour assurer dans la durée, après, le relais nécessaire, même si cela prendra du temps.
Cest la raison de la mission européenne qui a été lancée en accompagnement dAtalante (EUCAP NESTOR qui est dirigée par un amiral français. Cest une avancée significative.
La lutte contre la piraterie produit des effets puisque le nombre de bateaux de pirates interceptés a diminué de manière extrêmement sensible depuis quAtalante sest mis en place : 44 navires capturés en 2008 et 6 depuis le début 2012. Cela montre que la dissuasion a été significative.
Dans ce contexte, je sais que se pose la question des services privés en complément de la présence déquipages embarqués de la Marine Nationale.
Je crois que les résultats sont significatifs, là aussi, puisque, dans 75 % des cas, la demande des navires commerciaux est honorée par la Marine et que la présence de militaires à leur bord contribue à ce quil y ait moins dactes de piraterie.
Reste à régler le problème des 25 %. Jy suis prêt. Simplement, ce que je souhaite cest quon respecte un calendrier (pas trop long) pour faire en sorte que le Livre Blanc pour la sécurité de la France qui est en travail actuellement - pour lequel jai demandé que vous soyez entendus et vous le serez fixe très précisément cette orientation à laquelle je suis favorable, jai eu loccasion de le dire, sous réserve que cela se passe en bonne cohérence, en bonne complémentarité et non pas en substitution.
Donc voyons cela concrètement et très sereinement en sachant que jinscris cette disposition dans un ensemble plus vaste dAtalante, dEUCAP NESTOR et de lopération globale de la Corne de lAfrique en y intégrant aussi les opérations en Somalie car tout cela fait un ensemble qui doit assurer sa cohérence.
Jajoute que nous devons nous inscrire dans un processus initié par Chypre et qui sera poursuivi par lIrlande au premier semestre 2013 sur la dimension maritime intégrée et, en ce qui me concerne, la dimension européenne de la défense maritime dans le cadre de la politique maritime intégrée.
Cest en particulier le souci que nous devons prendre en compte dans le cadre de lAgence Européenne de Défense sur la surveillance maritime dans le cadre du projet européen que je souhaite vraiment voir aboutir pour avoir en particulier un réseau dinterconnections de lensemble des données de limage maritime dans tout le théâtre européen ; cela nous donnerait une sécurisation très importante, ce qui est lune des missions de lEurope de la Défense et je souhaite que celle-ci avance aussi par le maritime. Il y a là un enjeu à la fois politique et technologique où la France doit jouer toute sa partition. Je souhaite que nous puissions nous intéresser à ce point, les uns et les autres, dans le cadre du réseau maritime que constitue le Cluster.
3. La réponse capacitaire.
Cette réponse capacitaire est lambition qui devrait aussi sortir du Livre Blanc.
Pour moi, cest la cohérence de loutil de la Marine Nationale.
Je ne suis pas favorable à identifier des opérations militaires « nobles », cest-à-dire celles des grands bâtiments qui se consacreraient à la guerre ou à sa préparation, et une action militaire « moins noble » qui serait le lot des petites unités, des patrouilleurs, remorqueurs Avec finalement deux marines.
Je pense quil faut une unité, une cohérence, une polyvalence, une complémentarité. Et cest la logique que jentends développer.
Je vais vous donner un exemple qui ma paru très révélateur et que je citerai à dautres occasions si nécessaire : un de nos sous-marins nucléaires dattaque en opération en Méditerranée au début de 2012 a entendu et repéré un navire go-fast faisant du narcotrafic entre lAfrique du Nord et lEspagne. Il a alerté le centre opérationnel de la Méditerranée de Toulon qui a prévenu nos amis espagnols ; ces derniers ont ensuite appréhendé le trafiquant repéré par notre sous-marin.
Voilà un bel exemple de la nécessité dune cohérence, dune polyvalence et dune réponse globale.
Cest en cela que la Défense contribue pour sa part à la nouvelle aventure maritime qui est la nôtre, à la nouvelle frontière qui est la nôtre.
Dune certaine manière, la mer est en train de devenir notre terre, et tant mieux !
Lavenir de nos sociétés passe par la mer.
On ne peut pas dire que la mer permet tout, mais il faut constater que, sans la mer, on peut aujourdhui de moins en moins. Je sais que cest votre conviction. Sachez que cest la mienne ! Essayons ensemble de faire avancer cette belle idée de lavenir maritime de notre pays !
Source http://www.cluster-maritime.fr, le 13 décembre 2012