Texte intégral
Q - Selon Marianne, vous faites partie des «ministres qui ne servent à rien». Alors à quoi servez-vous ?
R - Je m'occupe du développement dans plus de cent pays, de la lutte contre le changement climatique et de la lutte contre les grandes épidémies. Tout cela est-il si inutile ?
Q - Dans le détail, que cela signifie-t-il ?
R - Tout d'abord, inscrire l'objectif de développement durable dans nos politiques internationales. L'Agence française de développement va investir 6 milliards d'euros dans le secteur des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique dans les trois ans à venir. Autre chantier : la transparence des flux financiers. Aujourd'hui, ceux qui remontent vers le Nord sont dix fois plus importants que l'aide publique au développement. Et passent parfois par les paradis fiscaux... Nous sommes en pointe dans les négociations européennes pour obliger les multinationales qui extraient des ressources à dire quels chemins financiers elles empruntent. Cela nous permettra de déceler les montages qui privent les pays du Sud de ressources fiscales... Sur ce sujet, nous soutenons, avec la Norvège, la mise en place d'«inspecteurs des impôts sans frontières» afin d'aider les administrations du Sud à analyser des cas complexes d'optimisation fiscale. Enfin, nous inscrirons dans la loi les orientations de notre politique de développement. Une première.
Q - Pourquoi a-t-on l'impression que l'écologie n'est pas la priorité du gouvernement ?
R - Nous sommes tout de même les premiers à organiser un grand débat sur la politique énergétique intégrant le nucléaire ! Les écologistes le réclament depuis trente ans. Il a lieu.
Q - Mais y a-t-il débat puisque les objectifs - fermeture de Fessenheim et réduction de la part du nucléaire à 50 % dans la production d'énergie - sont déjà définis ?
R - Les grands caps ont été fixés. Mais comment fait-on pour les atteindre ? Par quoi remplace-t-on le nucléaire ? Quels sont nos investissements ? Tout cela est en débat.
Q - Ne craignez-vous pas qu'on oublie en route la fiscalité écologique ?
R - François Hollande l'a répété : ce chantier sera enclenché en 2014. Le PS et EE-LV ont monté des groupes de travail pour dépasser nos crispations.
Q - Vous êtes quand même loin d'avoir gagné l'hégémonie culturelle comme les Grünen en Allemagne...
R - Certes, mais sur le charbon les Grünen n'ont pas la majorité culturelle... Sur la fiscalité écologique, on se donne plusieurs mois pour y arriver. Quels sont les États ayant la part de fiscalité écologique la plus importante ? L'Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas : les pays les plus compétitifs en Europe. Et ceux qui en ont le moins ? L'Espagne, l'Italie et la Grèce. La fiscalité écologique n'est pas un frein à la compétitivité. Bien au contraire.
(...)
Q - Sur l'intervention au Mali, comprenez-vous les critiques parlant de «propagande» ?
R - (...) Cette opération n'a rien à voir avec la Françafrique ! Elle se fait dans le cadre de la légalité et de la légitimité internationales, à la demande du président malien, accueillie très favorablement par la société malienne, et elle est soutenue par l'ensemble des pays africains. Je suis à l'aise avec cette intervention. La phase militaire n'est qu'une étape. La solution structurelle passe par le dialogue intermalien et le développement économique du pays : le Mali peut-il s'en sortir alors que la moitié de son territoire est occupée par des groupes jihadistes ? Comportons-nous en parti de gouvernement : si les écologistes étaient à la place de François Hollande, auraient-ils pris le risque d'une désintégration du Mali ? Non. Alors il faut soutenir cette intervention.
Q - N'est-ce pas une défaite de l'Europe de la défense ?
R - Je regrette que l'Europe ne soit pas, aujourd'hui, au rendez-vous sur le plan militaire. La France est extrêmement attentive à mobiliser ses partenaires européens qui nous soutiennent unanimement. L'UE va contribuer à la formation de l'armée malienne. Et, sur le plan humanitaire ou du développement, l'Europe est aussi en première ligne.
(...).
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 janvier 2013
R - Je m'occupe du développement dans plus de cent pays, de la lutte contre le changement climatique et de la lutte contre les grandes épidémies. Tout cela est-il si inutile ?
Q - Dans le détail, que cela signifie-t-il ?
R - Tout d'abord, inscrire l'objectif de développement durable dans nos politiques internationales. L'Agence française de développement va investir 6 milliards d'euros dans le secteur des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique dans les trois ans à venir. Autre chantier : la transparence des flux financiers. Aujourd'hui, ceux qui remontent vers le Nord sont dix fois plus importants que l'aide publique au développement. Et passent parfois par les paradis fiscaux... Nous sommes en pointe dans les négociations européennes pour obliger les multinationales qui extraient des ressources à dire quels chemins financiers elles empruntent. Cela nous permettra de déceler les montages qui privent les pays du Sud de ressources fiscales... Sur ce sujet, nous soutenons, avec la Norvège, la mise en place d'«inspecteurs des impôts sans frontières» afin d'aider les administrations du Sud à analyser des cas complexes d'optimisation fiscale. Enfin, nous inscrirons dans la loi les orientations de notre politique de développement. Une première.
Q - Pourquoi a-t-on l'impression que l'écologie n'est pas la priorité du gouvernement ?
R - Nous sommes tout de même les premiers à organiser un grand débat sur la politique énergétique intégrant le nucléaire ! Les écologistes le réclament depuis trente ans. Il a lieu.
Q - Mais y a-t-il débat puisque les objectifs - fermeture de Fessenheim et réduction de la part du nucléaire à 50 % dans la production d'énergie - sont déjà définis ?
R - Les grands caps ont été fixés. Mais comment fait-on pour les atteindre ? Par quoi remplace-t-on le nucléaire ? Quels sont nos investissements ? Tout cela est en débat.
Q - Ne craignez-vous pas qu'on oublie en route la fiscalité écologique ?
R - François Hollande l'a répété : ce chantier sera enclenché en 2014. Le PS et EE-LV ont monté des groupes de travail pour dépasser nos crispations.
Q - Vous êtes quand même loin d'avoir gagné l'hégémonie culturelle comme les Grünen en Allemagne...
R - Certes, mais sur le charbon les Grünen n'ont pas la majorité culturelle... Sur la fiscalité écologique, on se donne plusieurs mois pour y arriver. Quels sont les États ayant la part de fiscalité écologique la plus importante ? L'Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas : les pays les plus compétitifs en Europe. Et ceux qui en ont le moins ? L'Espagne, l'Italie et la Grèce. La fiscalité écologique n'est pas un frein à la compétitivité. Bien au contraire.
(...)
Q - Sur l'intervention au Mali, comprenez-vous les critiques parlant de «propagande» ?
R - (...) Cette opération n'a rien à voir avec la Françafrique ! Elle se fait dans le cadre de la légalité et de la légitimité internationales, à la demande du président malien, accueillie très favorablement par la société malienne, et elle est soutenue par l'ensemble des pays africains. Je suis à l'aise avec cette intervention. La phase militaire n'est qu'une étape. La solution structurelle passe par le dialogue intermalien et le développement économique du pays : le Mali peut-il s'en sortir alors que la moitié de son territoire est occupée par des groupes jihadistes ? Comportons-nous en parti de gouvernement : si les écologistes étaient à la place de François Hollande, auraient-ils pris le risque d'une désintégration du Mali ? Non. Alors il faut soutenir cette intervention.
Q - N'est-ce pas une défaite de l'Europe de la défense ?
R - Je regrette que l'Europe ne soit pas, aujourd'hui, au rendez-vous sur le plan militaire. La France est extrêmement attentive à mobiliser ses partenaires européens qui nous soutiennent unanimement. L'UE va contribuer à la formation de l'armée malienne. Et, sur le plan humanitaire ou du développement, l'Europe est aussi en première ligne.
(...).
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 janvier 2013