Texte intégral
Le projet de loi qui vient en seconde lecture devant votre assemblée, que vous avez adopté une première fois et que le Sénat a consolidé, met toutes les familles -et jinsiste - toutes les familles, sur un pied dégalité. Faut-il le répéter, cette loi nenlèvera rien à personne mais donnera à tous, les mêmes droits et les 2 mêmes devoirs. Faut-il le répéter, ce choix de légalité, 13 pays lont déjà fait avant nous. Dautres le feront après nous.
Ils le feront car nos démocraties ne sont jamais aussi fortes et confiantes dans leur avenir que lorsquelles sadressent à tous leurs concitoyens, à tous leurs enfants, à toutes leurs familles. Elles sélèvent quand elles portent une vision généreuse de la famille, une vision qui inclut et non qui exclut.
Inclure et non exclure cest prendre en compte la réalité des familles dans leur grande diversité plutôt que de les figer dans un modèle unique.
Inclure et non exclure, cest reconnaître dans nos mairies, sous le sceau de nos valeurs républicaines, tous les couples quelle que soit leur orientation sexuelle.
Inclure et non exclure, cest permettre à tous les couples de faire le même choix entre trois statuts différents, le concubinage, le PACS et le mariage.
Inclure et non exclure, cest donner à tous les enfants la même sécurisation juridique.
A une fillette de dix ans élevée par ses deux pères, Barack Obama a écrit :
« Aucune famille ne ressemble à une autre. Nous célébrons cette diversité. Et nous affirmons que peu importe que tu aies deux papas ou une maman, ce qui compte par-dessus tout, cest lamour que nous démontrons les uns pour les autres. ( ) Nos différences nous unissent. Toi et moi avons le bonheur de vivre dans un pays où nous naissons égaux quelle que soit notre apparence extérieure, lendroit où nous avons grandi, ou qui sont nos parents. »
Tournons-nous vers lavenir pour que demain, dans notre belle République, nos concitoyens homosexuels aient le droit dexister sereinement dans une dignité retrouvée.
Lhomosexualité nest ni de gauche ni de droite, ni de la ville ni de la campagne, ni dune classe sociale pauvre ou aisée, ni bobo, ni marginale. Cest tout simplement une orientation sexuelle, que 90% de nos concitoyens estiment être une façon comme une autre de vivre sa sexualité. Cest un fait et pas un choix.
Comment ne pas vouloir légalité ? Que lon soit homme ou que lon soit femme, que lon soit blanc, ou que lon soit noir, que lon soit homosexuel ou hétérosexuel, ce sont des différences qui ne justifient en rien la moindre inégalité. A léquité qui se contente de réduire les inégalités nous préférons légalité qui vise à les supprimer.
Oui je vous le dis, en votant cette loi vous serez les meilleurs défenseurs de la famille, de celle qui en son sein sera capable grâce à la République de reconnaitre toutes ses composantes, dy apporter lapaisement et ce point final à lexclusion de certains. Avec cette loi, plus personne ne sera clandestin dans sa famille, clandestin dans la société, clandestin dans la République.
Les parlementaires ont déjà été mobilisés 110 heures dans cet hémicycle et 52 heures dans celui du sénat sans compter les nombreuses heures consacrées aux auditions. Il nest pas un journal, il nest pas une radio, il nest pas une télé qui nait évoqué ce sujet ces six derniers mois. Il nest pas un repas de famille, il nest pas une discussion entre amis qui ne lait abordé.
Alors oui il est temps de conclure ce débat. Tous les arguments ont pu être échangés. Cest au bout du compte deux visions de la famille qui se confrontent : un modèle unique face à une pluralité de modèles familiaux.
Devant la réalité de la société et des choix de nos concitoyens, il nest plus possible de rester indifférent à la révolution silencieuse des familles qui a eu lieu, il nest plus possible de revendiquer un idéal de famille qui nexiste déjà plus. A-t-il dailleurs jamais existé ?
François de Singly le dit avec beaucoup de justesse : « Ce qui est intéressant dans le fait que la définition de la famille soit floue, cest que cette imprécision autorise son succès. Luniversalité de la famille tient dans son absence de définition. »
Labsence de définition de la famille na jamais empêché la construction dun cadre juridique, mais qui est par nature évolutif. Cette loi est une avancée qui sinscrit dans cette évolution permanente et qui répond à la demande de nos concitoyens de rentrer dans ce cadre juridique.
Cette loi est donc une avancée pour tous.
Voulons-nous dans notre société des familles égales et fraternelles ? Aujourdhui, je vous invite à répondre « OUI ».
source http://www.social-sante.gouv.fr, le 19 avril 2013