Texte intégral
Monsieur le Président du CLAPEA,
Mesdames, Messieurs les membres du comité de suivi,
La grandeur de la République, cest de prêter la même attention à chacun de ses membres. Cest de traiter le particulier avec les mêmes égards que le général.
Un handicap rare nest pas un handicap insignifiant. Le taux de prévalence nest pas la jauge unique qui doit motiver notre action pour accompagner les personnes, au plus près de leurs besoins et de leur parcours de vie.
Il est donc nécessaire de traiter avec la plus grande attention ces handicaps, qui sont dautant plus douloureux quils sont rares. Et qui sont douloureux, aussi, parce quils correspondent souvent à lassociation de plusieurs handicaps. Or, les handicaps ne sadditionnent pas : la combinaison des déficiences accroît les effets de chacune. Enfin, ce qui caractérise les handicaps rares cest aussi la rareté de lexpertise requise pour le diagnostic, lévaluation et laccompagnement. Là encore, cette rareté appelle la solidarité.
Cest pour répondre à ces besoins et à ces difficultés quun premier « Schéma National Handicaps Rares » a été adopté en 2009. Avec deux objectifs très complémentaires :
1- Améliorer nos connaissances sur les handicaps rares
2- Organiser les accompagnements sur lensemble du territoire
Au coeur de ce schéma, on trouve deux approches qui recouvrent des questions fondamentales :
1- Dune part, lapproche par les parcours de vie des personnes ayant un handicap rare :
- quelles sont leurs difficultés en matière de diagnostic, dévaluation de leurs besoins ?
- quels sont les problèmes daccès aux droits et aux dispositifs sociaux et médico-sociaux ?
- quelles sont les ruptures les plus fréquentes dans ces parcours ?
2- Dautre part, lapproche par les professionnels généralistes et spécialistes :
- quelles sont leurs modalités actuelles dintervention ?
- quels en sont les manques ?
- quels besoins dappui et de formation ?
La mise en oeuvre de ce schéma a déjà produit un certains nombre de résultats, très appréciables, dont vous avez fait le bilan ce matin.
1 - En matière de recherche et de connaissance :
- lexpertise collective que vient de rendre lINSERM permet de mieux cerner la notion de handicap rare, de faire le bilan des connaissances existantes et de pointer les voies damélioration du dispositif actuel.
- de même, plusieurs projets de recherche ont déjà été lancés qui nous éclairerons sur les besoins et les modes dintervention en faveur des personnes en situation de handicap rare
- Enfin, vous venez den parler, le « Colloque de décembre 2012 » a permis davancer sur la question de lentrée en relation et de la communication
2- Sur le plan de la structuration territoriale et des interventions sociales et médicosociales, il faut saluer la consolidation des trois premiers « Centres Nationaux de Ressources » et leur coordination au sein du « Groupement National ». Le 4ème « Centre National de Ressources » dédié aux situations de handicaps rares à composante épilepsie sévère a été autorisé fin 2012 et viendra utilement compléter ce dispositif.
3- Loffre médico-sociale sest également développée grâce aux premiers crédits notifiés en 2012. 131 places dédiées à laccompagnement denfants ou dadultes présentant un handicap rare seront prochainement installées (pour la 1ère vague).
Il faut maintenant poursuivre la mise en place de ce réseau. Notamment grâce au déploiement des équipes relais en interrégion qui serviront dinterface entre les centres experts et les ressources territoriales. 26 millions deuros doivent encore être notifiés jusquen 2016 pour développer et structurer loffre médico-sociale. Jy veillerai avec la plus grande attention (comme il convient de le faire sur tous les crédits en ce moment). Les appels projets, M. Faivre, pourront ainsi avoir lieu.
Pour toutes ces raisons, je veux laisser le temps à ce schéma 2009-2013 de se déployer complètement. Dans le même temps, il faut préparer lavenir. Un bilan associant les personnes elles-mêmes et leurs familles sera conduit au cours de cette année. Et sur la base de ce bilan, jannoncerai un nouveau schéma en 2014, sur proposition de la Caisse Nationale de Solidarité pour lAutonomie en lien avec la DGCS. Je souhaite en effet que cette proposition soit le fruit dun travail collectif et concerté. Nous en reparlerons lors du prochain comité de suivi.
Dores et déjà un bilan intermédiaire du schéma, réalisé par la CNSA en janvier 2013, permet de constater que toutes les actions programmées au schéma nont pas été réalisées. Ceci sexplique principalement par linvestissement significatif consacré au développement de la connaissance, préalable indispensable à lengagement dactions concrètes.
Dans le prolongement des axes du schéma 2009-2013, les pistes suivantes pourront être développées et approfondies :
- Une meilleure valorisation de la place des familles et des personnes elles-mêmes
- La consolidation et de le développement du repérage précoce
- La poursuite de la stratégie de communication
- Le renforcement des liens entre les centres nationaux de ressources et les centres de références maladies rares
- Les situations de handicaps rares avec troubles du comportement
- Le développement dactions en faveur des adultes en établissement et à domicile
- La question du vieillissement des personnes handicapées
- La formation
- Laccompagnement adapté à domicile
Tous ces sujets conservent leur pertinence et seront traités dans le cadre du futur schéma.
Car il est évident que nous devons continuer à travailler pour améliorer la prise en charge des handicaps rares. Il reste beaucoup à faire.
Dans la perspective de lélaboration dun nouveau schéma, je mandaterai la CNSA qui formulera une proposition, conformément au « Code de lAction Sociale et des Familles ».
Je crois dailleurs que toutes les réponses que nous éprouvons dans le cadre cette prise en charge peuvent être utiles pour la politique du handicap dans son ensemble.
Car les handicaps rares peuvent aussi sentendre comme des handicaps complexes. Des handicaps qui mettent à lépreuve nos organisations, nos expertises. Des handicaps qui exigent la coordination des acteurs au niveau local, lindividualisation de lévaluation et de la prise en charge. Il nest sans doute pas possible de généraliser ces réponses à lheure actuelle pour tous les handicaps, mais ce doit être un objectif.
Car les handicaps rares peuvent en quelque sorte constituer un aiguillon pour faire évoluer les politiques du handicap. Je pense en particulier aux actions en direction des personnes lourdement handicapées ou des personnes qui ont des troubles du comportement sévères.
Le projet de ce Gouvernement est un projet de justice. Alors que nous héritons dune dette colossale et que nous sommes engagés dans le redressement de nos finances publiques, la solidarité envers les personnes vulnérables reste une priorité. Personne ne restera sur le bord du chemin, personne ne sera laissé à la marge de la cohésion nationale. Surtout pas les plus fragiles !
Je vous remercie.
Source http://www.social-sante.gouv.fr, le 2 mai 2013