Déclaration de Mme Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme, sur les comités départementaux du tourisme (missions, participation à l'élaboration des contrats de plan...) et la promotion de l'offre touristique (réseaux Résinfrance et Tourinfrance), Paris le 1er avril 1999.

Prononcé le 1er avril 1999

Intervenant(s) : 

Circonstance : Assemblée générale de la FNCDT (Fédération nationale des comités départementaux du tourisme) à Paris le 1er avril 1999

Texte intégral

Monsieur le Président Bernard JOLY,
Mesdames, Messieurs les responsables des Comités
Départementaux du Tourisme,

Tout d'abord, permettez-moi de vous remercier de m'avoir invitée à ouvrir les travaux de votre assemblée générale, qui au-delà des nécessaires questions statutaires et d'organisation interne se préoccupera de l'évolution des comportements touristiques de nos concitoyens, notamment autour de la présentation, qui vous sera faite, par Monsieur Gilles ARNAUD, et Madame Marie-Christine KOVACSHAZY, du rapport du Commissariat au Plan "Réinventer les vacances".

Que vous consacriez une partie de votre journée de travail à ce rapport, très riche d'enseignements, et passionnant dans sa manière de nous faire appréhender les scénarios du possible quant au développement de notre secteur d'activités, m'offre, finalement, une transition toute trouvée.

C'est, en effet, aujourd'hui, qu'il nous faut préparer le tourisme de demain, et l'élaboration des futurs contrats de plan État-Régions doit nous y aider.

Car dans ce travail de définition de notre politique de développement et d'aménagement du territoire pour les sept années à venir, je souhaite que le tourisme prenne toute sa place, et que, le plus largement possible, celles et ceux qui en sont les artisans, les acteurs de terrain, publics privés ou associatifs, aux différents échelons territoriaux, soient pleinement associés à la concertation.

I - Conforter la mission des C.D.T

Je tenais, dans cet esprit, par ma présence à cette assemblée générale, à réaffirmer toute l'importance de la place occupée par les Comités Départementaux du Tourisme dans l'évolution et l'organisation de notre offre touristique.

En étant chargés de préparer et de mettre uvre la politique touristique des départements, dans le cadre de la loi du 23 décembre 92, qui répartit les compétences dans le domaine du tourisme, vous jouez, en effet, un rôle de premier plan.

Non seulement vous concevez, élaborez et mettez en uvre les Schémas de Développement Touristique Départementaux, qui sont essentiels pour conduire une action pertinente, cohérente, et structurée, dans la durée, mais vous êtes aussi les mieux placés pour organiser la concertation et coordonner l'action des acteurs d'un tourisme au plus près de la réalité du terrain.

C'est pourquoi, je veux le dire clairement : Votre rôle est essentiel pour permettre le développement d'un tourisme durable en France. Celui auquel vous me savez très attachée, c'est-à-dire ce tourisme, qui, pour pouvoir s'inscrire dans le temps, est respectueux des ressources naturelles, patrimoniales et culturelles, respectueux, également, de l'identité des populations concernés, et soucieux de développer l'économie locale en s'appuyant sur ces réalités.

Pour conforter cette démarche porteuse d'avenir et ne pas nous contenter d'un tourisme de passage, il convient de valoriser les richesses de nos départements dans une approche globale, et concertée, privilégiant la mise en réseau des acteurs du tourisme local.

Cela passe, vous le savez tous, par l'organisation des prestataires, la mise en service d'une offre labellisée, par une communication cohérente, et une participation à la formation aux nouvelles compétences professionnelles.

A l'échelle des départements, il est donc naturel que les Comités Départementaux, dépositaires de la compétence des Conseils Généraux en matière touristique, soient les moteurs de cette stratégie de développement local, en partenariat avec les services de l'Etat.

II - Les associer à l'élaboration des Contrats de Plan

Il m'apparaît donc essentiel (même si la compétence de contractualisation revient aux régions) que vous soyez totalement associés au travail de concertation sur les Contrats de Plan.

Et ce, d'autant que dans le cadre de leur préparation, j'ai souhaité qu'un axe prioritaire soit consacré à la mise en place de territoires et à l'émergence d'une dynamique de Pays, dans laquelle, on le sait, les Comités Départementaux de Tourisme sont particulièrement investis.

C'est pourquoi j'ai organisé, en octobre dernier, avec mes collègues Dominique VOYNET et Jean GLAVANY, une journée technique sur le développement du tourisme en espace rural, associant l'ensemble des acteurs publics, privés ou associatifs concernés. Celle-ci a permis de dégager un certain nombre de thèmes de travail pour l'avenir et un nouveau schéma d'organisation du tourisme vert.

D'autre part, j'ai récemment adressé une lettre à l'ensemble des Préfets, leur demandant expressément - et conformément, d'ailleurs, à la volonté exprimée par le Premier Ministre, lors du C.I.A.T. du 15 décembre dernier - de mettre en place une véritable démarche partenariale de préparation des futurs contrats.

J'ai, par ailleurs, sollicité les Délégués Régionaux au Tourisme pour qu'ils rencontrent tous les acteurs du développement touristique local, au premier rang desquels je place, bien entendu, les Comités Départementaux du Tourisme.

Je vous invite donc, si ce n'est déjà fait, à vous rapprocher des services de l'Etat et en particulier des Délégations Régionales au Tourisme, pour examiner, avec eux, les objectifs que je souhaite voir pris en compte dans le cadre de ces contrats de Plan.

Bien entendu, il vous appartient aussi de négocier ces orientations avec vos régions respectives.

Pour ma part, soyez assurés que je serais très attentive à ce que la F.N.C.D.T dispose de tous les éléments nécessaires pour une bonne information de chacun de ses adhérents.

III - L'importance de l'emploi

Parce que - comme je le disais à l'instant - vous êtes les artisans du développement touristique local, votre opinion, votre expérience, vos compétences doivent, en effet, pouvoir nourrir le contenu de la politique d'aménagement du territoire que nous sommes en train de définir.

Car j'en suis convaincue, et je veux le dire très sincèrement : Pour l'économie de notre pays, pour celles de nos régions, pour celles de nos départements, le tourisme constitue un enjeu majeur.

Il est devenu un véritable catalyseur social et économique, en raison de l'effet d'entraînement qu'il produit sur les différents territoires, et sur les autres secteurs d'activités traditionnels, au premier rang desquels, l'artisanat, le commerce, l'agriculture, ou la pêche.

Nous l'avons encore constaté en faisant le bilan de la saison 1998 : C'est un secteur qui se porte bien ! Représentant pas moins de 720 milliards de francs de Chiffre d'Affaire annuel, un excèdent à la balance des paiements de 70 milliards de francs et plus d'un million d'emplois directs ; il est donc aujourd'hui un indéniable facteur de croissance économique, de développement local, et surtout un formidable vivier d'emplois.

Il me paraît d'ailleurs important que nous puissions mieux mesurer ce paramètre essentiel du tourisme, aujourd'hui seulement approché. C'est dans ce sens que j'ai souhaité que le nouvel observatoire économique et la commission des comptes du tourisme organisent, chacun pour ce qui les concerne, leurs travaux.

Mais si je me permets d'insister sur cette question, c'est parce que je n'ignore pas le rôle que jouent les Comités Départementaux du Tourisme, dans le soutien à l'emploi. Bien au contraire.

Au-delà des retombées qu'entraînent, en terme d'emplois indirects, les politiques de développement local que vous engagez, vous participez - en commercialisant et faisant la promotion de l'offre touristique de vos départements - à drainer, sur vos territoires, une demande indispensable à l'équilibre économique d'un grand nombre d'entreprises du secteur du Tourisme, souvent des PME ou des artisans, qui ne pourraient pas disposer seuls des moyens de prospection et de commercialisation suffisants.

Surtout, je voudrai saluer votre engagement pour développer les emplois-jeunes.

D'après l'estimation qui m'a été remise 73 postes avaient, en effet, été créés à la fin de 1998, et leur nombre devrait dépasser 130 en 1999.

Je sais que vous avez la volonté de pérenniser ces emplois. Le fait qu'ils s'inscrivent, par ailleurs, dans une véritable démarche de professionnalisation des activités touristiques, mérite également d'être salué.

Car je n'ignore pas, non plus, Monsieur le Président, le travail effectué par votre fédération, au niveau national, pour améliorer la qualification professionnelle des acteurs du tourisme, et répondre aux besoins exprimés par les Comités Départementaux en matière de formation continue.

Vous connaissez mon attachement à la question de l'emploi, à l'emploi des jeunes en particulier, mais aussi à la formation professionnelle tout au long de la vie. Il ne vous surprendra donc pas que je vous encourage vivement à continuer dans ce sens.

IV - Optimiser la promotion de l'offre touristique

Mais je voudrai, maintenant, dire un mot sur le rôle des Comités Départementaux du Tourisme dans le domaine de la commercialisation et de la promotion de l'offre, en liaison avec les services de réservation Loisirs Accueil.

Je sais - mais nous savons tous, ici - combien ce domaine est primordial pour permettre à notre offre touristique, qui est à la fois très riche et variée mais très dispersée, de gagner en lisibilité auprès des populations françaises et étrangères.

Je n'ignore pas la multiplicité des acteurs qui interviennent dans cette action de promotion depuis l'échelon local, avec les Offices de Tourisme, jusqu'à l'échelon national et international, avec Maison de la France, en passant par les C.R.T, dont c'est d'ailleurs une compétence reconnue par la loi.

Tout ceci peut parfois donner l'impression d'une grande profusion d'information (oserais-je dire de confusion d'information ?), en tout cas cela peut susciter le sentiment d'une dispersion d'énergies et de moyens.

C'est pourquoi le Secrétariat d'Etat au Tourisme s'est engagé avec les professionnels dont vous faîtes partie, sur deux axes de travail :

- Tout d'abord la mise en place d'un système de réservation national qui a pour vocation de faciliter l'accès à l'offre du tourisme réceptif de notre pays, destiné au grand public et aux professionnels de la production et de la distribution.

Je veux, bien sûr, parler de RESINFRANCE.

Je n'insisterai pas sur le rôle que joue la F.N.C.D.T, avec d'autres professionnels du tourisme, dans la conduite de ce projet important pour la réussite de notre développement touristique.

Vous connaissez mieux que moi la part que vous y prenez.

Mais je voudrai juste rappeler que, au regard de l'évolution des moyens de communication et d'information, il m'apparaît essentiel que l'ensemble des professionnels du tourisme disposent d'outils performants, en phase avec les comportements d'achat, qui émergent dans notre société.

Et, pour vous parler très franchement, dans un contexte de vive concurrence internationale, c'est cela qui doit être notre priorité :
Le souci de répondre aux attentes et aux besoins de nos concitoyens et visiteurs étrangers, en nous dotant des outils les plus efficaces et les plus modernes !

Ce doit être notre préoccupation, avec le fait, bien sûr, que chaque opérateur local puisse disposer de ce service et y soit tout aussi efficacement représenté.

- Dans une démarche complémentaire, nous nous attachons, tous ensemble, par ailleurs, à organiser et à structurer un format commun de l'information touristique.

Il s'agit, cette fois, de TOURINFRANCE.

Par sa fiabilité, le réseau d'information qui en résultera sera, j'en suis convaincue, de nature à faciliter la promotion de la France, tant auprès des Français que des étrangers.

Là aussi, votre fédération a compris l'intérêt de participer à une telle démarche et je ne peux que vous encourager à continuer dans cette voie, et peut-être tenter de convaincre les retardataires, ou les sceptiques, de rejoindre ceux qui ont déjà décidé de participer à ce mouvement, qui, je le crois vraiment, va dans le sens d'une meilleure prise en compte de l'évolution des relations et des échanges.

J'insisterai moins sur la place et le rôle joué par les Comités Départementaux du Tourisme dans le cadre de la promotion au niveau international. Elle est inscrite dans la loi de 1992 et résulte d'un partenariat qu'il vous appartient d'établir au sein de vos régions respectives avec les Comités Régionaux de Tourisme.

Mais je tiens à dire que les Comités Départementaux du Tourisme doivent évidemment pouvoir travailler en liaison avec Maison de la France, pour apporter leur éclairage proche du terrain et promouvoir leurs actions en direction de l'étranger.

D'ailleurs, autour de la campagne "Bonjour" que nous sommes en train de finaliser, et dont les éléments devraient vous parvenir d'ici quelques jours, je ne doute pas que cette collaboration puisse s'intensifier, car c'est dès maintenant qu'il nous faut promouvoir la France - toute la France - à l'étranger, comme destination incontournable pour l'an 2000. Avec l'avantage d'avoir des célébrations réparties sur l'ensemble du territoire pendant plus d'une année.

Je sais que vous aurez l'occasion d'échanger sur ce sujet, ce matin, avec Monsieur PEROL. Soyez simplement assurés que j'entends vos demandes, qui participent totalement à mes yeux de cette nécessité de coordination, de cohérence et d'efficacité de tous les acteurs du tourisme que je viens d'évoquer.

V - l'orientation reste le tourisme pour tous

Je terminerai mon intervention en revenant sur un sujet auquel vous me savez particulièrement attachée, et qui - comme je vous l'ai dit - fait partie des objectifs que je souhaite voir inscrits dans les contrats de Plan, mais qui, au-delà de ces derniers, demeure l'un des axes prioritaires de la politique que je mène, depuis maintenant vingt mois.

Je veux parler du droit aux vacances pour tous, et, plus particulièrement, des moyens que nous pouvons mettre en uvre pour le faire vivre concrètement.

Vous le savez, ce droit, je l'ai fait inscrire dans la loi de lutte contre l'exclusion qui été adoptée par les parlementaires, l'an dernier.

Car, en effet, les vacances, les loisirs, le tourisme sont à mes yeux un droit aussi fondamental que le droit au travail, au logement, à la santé ou à la culture. Parce que c'est un temps, des moments, des activités qui participent, non seulement à l'épanouissement de la personne humaine, mais constituent aussi un facteur d'intégration sociale, et contribuent tout simplement, en favorisant les échanges entre les peuples et entre les cultures, à bâtir un monde plus tolérant.

Favoriser l'accès du plus grand nombre aux vacances est donc, pour moi, une préoccupation constante.

Je ne vais pas, ici, dresser la liste de toutes les mesures que j'ai souhaité prendre, depuis mon arrivée, afin d'aller dans ce sens... Du doublement des crédits affectés à la rénovation des équipements du tourisme à vocation sociale, à la semaine de sensibilisation en faveur de l'accueil des personnes handicapées sur les lieux de vacances, à laquelle, d'ailleurs, plusieurs Comités Départementaux du Tourisme se sont associés...

Je voudrai juste évoquer le projet de loi visant à étendre l'attribution des Chèques-Vacances aux Petites et Moyennes Entreprises de moins de 50 salariés, qui est actuellement en cours d'examen au Parlement, et devrait être adopté très prochainement.

Ces dispositions, vous le savez, permettront de toucher plus de 7,5 millions de salariés et leur famille, qui jusqu'à présent ne pouvaient pas bénéficier de cette aide au départ, alors même qu'ils font partie des catégories de salariés aux revenus modestes qui, justement, ont besoin d'être aidés.

Je crois que, là, les Comités Départementaux du Tourisme ont aussi un rôle à jouer. En effet, votre proximité avec les acteurs locaux, est à même de faciliter le développement rapide du Chèque-Vacances sur le territoire.

Je voudrai, en tout cas, profiter de l'occasion qui m'est donnée, aujourd'hui, pour vous inviter vivement à réfléchir à la manière dont vous pouvez vous inscrire dans la mise en uvre de cet élargissement, qui ne sera pas sans conséquences sur le développement touristique local.

L'autre point que je voulais évoquer avec vous concerne le tourisme social et associatif Secteur dont les départements participent, aujourd'hui, à valoriser les actions, à travers leurs Comités Départementaux du Tourisme.

Face au défi de favoriser l'accès d'un plus grand nombre de nos concitoyens aux vacances, en tenant compte de l'évolution de la société, j'ai souhaité, vous le savez, organiser les premiers États Généraux du Tourisme social et associatif, afin de permettre à tous les acteurs concernés de débattre ensemble de l'avenir.

Ces États Généraux se dérouleront les 6 et 7 mai prochains, au Palais des Congrès, à Paris, et seront l'occasion non seulement de dresser l'état de lieux mais, surtout, de formuler des propositions concrètes concernant ce secteur du tourisme. Propositions qui ne manqueront pas de concerner les élus départementaux.

Je souhaite donc que vous puissiez vous associer pleinement à cette réflexion, mais je voudrai aussi vous inviter à être attentifs aux propositions qui seront faites pour faciliter l'accès aux loisirs et aux vacances de toutes celles et de tous ceux qui, aujourd'hui ne bénéficient pas des moyens nécessaires pour partir.

Mais je ne doute pas que vous le serez.

VI - En guise de conclusion

Car au risque de me répéter, je conclurai en disant, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, que si les Comités Départementaux du Tourisme sont des partenaires naturels et traditionnels de l'Etat et de mes services, ils jouent, à mes yeux, un rôle fondamental, au plus près des citoyens, et accomplissent un véritable travail de mise en valeur de nos territoires.

C'est pourquoi je tiens à renouveler mon soutien aux actions que vous conduisez, et vous dire tout le plaisir que j'ai à ce que formalisions cette volonté de travail en commun, entre mes services et votre fédération, à travers la signature de la convention, à laquelle nous allons maintenant procéder.

Je vous remercie.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 08 avril 1999)