Texte intégral
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs les Présidents et Représentants dassociations,
Mesdames, Messieurs et Chers Amis,
Je me réjouis de me retrouver ici, ce matin, parmi vous, si nombreux et si engagés, pour participer aux Rencontres nationales de la coopération décentralisée. Je remercie vivement le Président de lInstitut du Monde arabe pour la qualité de son accueil et laide apportée par son équipe.
Ce rendez-vous se situe dans une actualité tragique, celle du drame du Kosovo. Ce nest pas le lieu den examiner la dimension politico-militaire. En revanche, pour men tenir au sujet qui nous réunit aujourdhui, je nimagine pas que lexceptionnel élan de solidarité de nos concitoyens en direction de ces centaines de milliers de réfugiés et de déportés, ne puisse se prolonger dans le domaine de la coopération décentralisée.
Régions, départements, municipalités, dinnombrables ONG, des institutions aussi se sont mobilisés dans lurgence humanitaire. Beaucoup dentre-vous, dans cette salle, sy sont investis personnellement ; quils en soient remerciés. Mais nous devons, dès à présent, penser à létape suivante, celle du développement, celui de lAlbanie, de la Macédoine sans doute celui du Monténégro, et demain, la reconstruction du Kosovo. LEtat y prendra sa part, notamment sous la forme dune aide macro-économique, à laquelle nous souhaitons dailleurs associer nos partenaires européens et les institutions financières internationales. Mais les acteurs de la coopération décentralisée doivent être associés à lévaluation des besoins, à lélaboration des projets. Cest vous qui saurez faire vivre lindispensable relation de travail et damitié quappellent les souffrances endurées et lampleur de la tâche à accomplir, mais aussi la volonté de cette « autre Europe » de samarrer plus solidement à lUnion européenne.
Cest pourquoi, à la demande de plusieurs dentre vous, une modification du programme a été introduite. Aujourdhui à 18h30, nous prolongerons notre débat, avec ceux dentre vous qui le souhaitez, sous forme dune table ronde consacrée dabord à lorganisation de laide durgence humanitaire, mais aussi à son articulation avec les projets de coopération décentralisée que nous devons bâtir ensemble dans les Balkans.
Cette référence à lactualité souligne la modernité de notre projet commun. La coopération décentralisée, dont la légitimité est désormais incontestable, doit maintenant se déployer dans ses multiples dimensions.
Vous savez limportance que jy attache personnellement.
La réforme du dispositif français de coopération permet désormais limplication du ministère des Affaires étrangères dans sa nouvelle configuration. Elle doit maintenant « monter en puissance ».
Jai demandé que lon sattache dores et déjà, à renforcer la transparence de nos actions et à améliorer nos méthodes daccompagnement de vos projets. Je vous propose davancer ensemble pour améliorer notre dispositif.
Mais je note déjà des avancées non négligeables.
Les collectivités territoriales, comme la société civile et les entreprises, sont désormais associées à la préparation et à la conclusion des accords de partenariat intergouvernementaux destinés à améliorer le dialogue.
Je rappelle que le gouvernement a chargé un groupe de travail interministériel de rédiger, tous les ans, un rapport pour évaluer lefficacité de la coopération et de laide au développement.
Dans le même esprit, le gouvernement a indiqué sa disponibilité pour un débat au Parlement sur notre coopération. Cétait une demande forte des ONG comme des élus.
Lévolution du monde nous faisait obligation de modifier profondément notre approche de la coopération internationale. Nous avons fait le choix de conjuguer fidélité et ouverture. Fidélité envers nos partenaires traditionnels et singulièrement ceux de lAfrique subsaharienne. Ouverture aussi aux autres Afriques : lusophones, anglophones, elles aussi désireuses davoir des relations avec la France et lEurope. Cette réforme doit aussi servir la coopération décentralisée, lui donner toute sa dimension, déjà considérable.
Plus de cent dix pays concernés dans le monde ;
Sur les six mille collectivités locales françaises ayant des relations avec des collectivités étrangères, deux mille conduisent des actions qui relèvent de la coopération décentralisée ;
La quasi-totalité des régions, la moitié des départements sont concernées. Cette proportion est une spécificité bien française, unique en Europe. La loi de 1992 figure parmi les plus avancées dEurope en matière daction extérieure des collectivités territoriales. Elle mériterait dailleurs un toilettage, compte tenu du développement de votre activité et des difficultés rencontrées dans son application.
Un engagement financier compris dans une fourchette de 1,4 à 1,64 milliard de francs, dont 500 millions pour les seules régions.
Ces chiffres témoignent que le rayonnement extérieur de la France sappuie désormais sur un tripode : la coopération bilatérale traditionnelle, notre participation aux organisations multilatérales, et enfin la coopération hors-Etat (cest-à-dire la coopération décentralisée, mais aussi les actions des ONG et des associations de migrants) et bien entendu le partenariat des acteurs de léconomie.
Javais indiqué, en prenant mes fonctions, ma volonté de donner sa vraie place à la coopération décentralisée. Jen avais personnellement mesuré lintérêt et lattente quelle suscitait chez nos partenaires, au moment où de nombreux pays, dAfrique en particulier, se lancent dans laventure exaltante mais difficile de la décentralisation.
Je savais répondre ainsi à votre attente dune autre relation avec ladministration et dune clarification des rôles respectifs de chacun.
Cinq types dinitiatives ont été prises :
Les premières concernent votre représentation. Des dispositions ont été arrêtées afin que les collectivités locales soient systématiquement invitées à participer aux Commissions mixtes avec les pays partenaires ; je lévoquais il y a un instant. Bien entendu, les collectivités territoriales sont représentées au sein du Haut Conseil de la Coopération internationale et du Développement.
Second type dinitiatives, la contractualisation de nos relations. Je pense dabord aux discussions entamées avec plusieurs régions pour inscrire la coopération décentralisée dans les stratégies de contrats de plan Etat-Régions (2000-2006). Je pense aussi à la mobilisation du dispositif des « emplois Jeunes », sur des actions de coopération décentralisée. Nous y travaillons avec mes collègues Martine Aubry et Jean-Jacques Queyranne.
Troisième type dinitiatives : les rencontres-pays. Elles ont concerné le Mali, le Niger, le Vietnam, le Burkina, la Côte dIvoire, Haïti et dautres pays de la Caraïbe. La prochaine rencontre se tiendra dans quelques semaines à Madagascar et associera les pays de la Commission de lOcéan indien. Dautres encore sont prévues au cours du second semestre qui concerneront le Maroc, le Bénin, la Tunisie. Faut-il rappeler que les collectifs dONG ont été associés à ces rencontres-pays ?
Quatrième type dinitiatives, celles qui relèvent de laction administrative : jai voulu créer une mission spécifiquement chargée du suivi des actions de la coopération non gouvernementale. Elle a le même rang dans lorganigramme de la DGCID que la mission multilatérale, chargée de la relation avec les grandes institutions internationales, à New York, à Genève, Washington et, bien entendu, Bruxelles. La Commission nationale de la Coopération décentralisée a vu ses orientations redéfinies. La CNCD fournira notamment un rapport annuel sur les réalités géographiques, techniques et financières de laction de nos collectivités territoriales. Cest une lourde tâche ! Mais elle répond à vos attentes comme à celles du gouvernement.
Enfin, nous avons commencé une importante sensibilisation de nos postes diplomatiques. Un atelier sur ce thème est organisé lors de la réunion annuelle des ambassadeurs. Cest désormais une habitude. Nous réfléchissons à lidentification de correspondants dans les ambassades des pays où la coopération décentralisée est la plus développée. Chargés du suivi des actions avec les collectivités, ils contribueraient à renforcer la nécessaire concertation de lensemble des acteurs. Auprès de nos pays partenaires qui en ont fait la demande, nous affectons progressivement des conseillers en matière de décentralisation et dorganisation territoriale.
Mesdames, Messieurs,
La synthèse du processus engagé connaît aujourdhui un premier aboutissement avec la tenue de ces Rencontres nationales. En octobre 1997, les Assises de la Coopération et de la Solidarité internationales et le Livre blanc publié à cette occasion, avaient marqué lémergence du concept dune coopération « dacteurs » plus que « de projets ». Nous sommes, ici, rassemblés pour consolider ce concept et le rendre opérationnel, dans notre environnement.
Le Comité de pilotage des Rencontres, mis en place à la fin de lannée dernière, a regroupé la totalité des représentants des acteurs concernés. Ce Comité a travaillé sans relâche pendant près de six mois, sous la présidence de Mme Marie Christine Blandin, qui sy est investie dans un suivi de tous les instants et qui a veillé scrupuleusement à la prise en compte des apports comme des attentes des élus et du milieu associatif. Je veux vous en remercier ici, très chaleureusement.
Caractérisée par des relations de territoire à territoire, de communauté à communauté, plus humaine, jai osé dire parfois, plus charnelle, collant au plus près du développement local, basée sur les relations souvent personnelles entre élus, centrée sur les besoins concrets des collectivités et lattente des populations, la coopération décentralisée sait répondre avec plus de souplesse, plus de sensibilité, aux demandes de nos partenaires.
Jai vérifié, par ailleurs, le rôle joué par les collectivités territoriales et les ONG dans des situations de crise, lorsque les relations dEtat à Etat sont interrompues. Votre présence est alors irremplaçable, elle permet de préserver le lien avec la société civile partenaire et prépare le retour à la démocratie et au respect des Droits de lHomme. Il sagit dune autre forme de complémentarité entre vous et lEtat que je voulais souligner. Dans cette période, hélas, elle doit se pratiquer trop souvent.
Par lexemple dun pluralisme politique fécond au sein de vos assemblées, en aidant à la formation des responsables locaux, la coopération décentralisée constitue un formidable outil pour la démocratie locale et léveil à la citoyenneté.
Collectivités locales et structures associatives ou entreprises privées agissent, et cest naturel, chacune selon sa vocation propre : régions, départements, communes, participent, comme lEtat, à la mission de service public et sont en quelque sorte co-responsables de sa cohérence, les acteurs associatifs agissent avec leurs critères, avec leurs objectifs propres sans les contraintes du respect des compétences fixées par la loi. Les entreprises ont bien sûr leur propre logique appliquant dautres règles mais elles participent aussi de la présence de la France. Elles sont surtout un des points dappuis essentiels du développement économique. Celui-ci représente un axe important de la coopération décentralisée, car il est partie intégrante du développement en général, et quil a sa place dans cette problématique. Je pense en particulier au compagnonnage industriel, au rôle des PME/PMI dans les transferts de savoir-faire avec leurs homologues du Sud. Je pense aussi au partenariat « de métier à métier », qui repose sur les mécanismes de formation professionnelle.
Tout cet ensemble concourt à limage extérieure de la France. LEtat a le devoir dêtre à lécoute, dinformer de ses propres orientations, de rechercher la meilleure articulation et, pourquoi pas, une plus grande cohérence entre ses propres actions et celles que conduisent les collectivités locales représentant la société civile.
Mesdames et Messieurs,
Je souhaite que ces Rencontres soient un vrai forum, un vrai lieu de débats doù émergeront des propositions fortes. Je reviendrai parmi vous demain matin pour la dernière Table ronde et les conclusions de vos échanges.
Bien évidemment, jen rendrai compte au Premier ministre. Comme vous, je suis convaincu quelles dessineront le nouveau cadre de la relation Etat-collectivités locales, à lintérieur duquel nous pouvons ensemble, dépassant nos clivages politiques, développer lengagement citoyen, condition première du rayonnement de la France.
Les actions du Ministre
La coopération décentralisée a été annoncée comme une priorité du ministre dès sa prise de fonction.
La réforme de la Coopération a justement été loccasion de procéder à une évaluation de la situation. Un rapport de mission a été commandé. Pour la première fois des collaborateurs au Cabinet du ministre ont été chargés du suivi de ce dossier. Enfin à lissue de la réforme de la Coopération, une mission, rattachée à la DGCID, a été créée pour soccuper des actions de coopération non gouvernementale.
Le constat était le suivant : un grand foisonnement dinitiatives, dans un certain désordre, faisant apparaître la faiblesse des relations inter-collectivités et la faible recherche de synergie entre laction de lEtat et celle de ces collectivités intervenant sur un même territoire de solidarité.
A N N E X E
Principaux pays concernés :
· LAfrique du Nord (Maroc et Tunisie) et lAfrique subsaharienne francophone (Mali, Burkina, Sénégal, Mauritanie, Cameroun, Bénin), pour des raisons historiques mais aussi parce que ces coopérations ont succédé, dans les pays sahéliens, aux jumelages, qui furent, eux-mêmes consécutifs aux élans de solidarité post-sécheresse du début des années 70.
Le Québec, pour des raisons linguistiques.
LAllemagne, pour des raisons de proximité et suite à une volonté politique des deux Etats après la seconde guerre.
Les pays de lEurope centrale, en plein développement, suite à la chute du mur de Berlin.
Quelques régions émergentes ; Sud-est asiatique, pays de la Caraïbe, Amérique du Sud, Chine, Palestine.
Quelques régions parmi les plus engagées
Rhône-Alpes
Nord-Pas de Calais
Franche-Comté
PACA
Poitou-Charentes
Ile-de-France
Alsace
Quelques départements
Départements de la région parisienne
Finistère
Côte dArmor
Savoie
Orne
Seine-Maritime
Quelques grandes villes
Lyon
Montreuil
Dunkerque
Strasbourg
Toulouse
Rennes
Limoges
Lille
Orléans
Marseille
Le Havre
Brest.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 avril 1999)
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs les Présidents et Représentants dassociations,
Mesdames, Messieurs et Chers Amis,
Je me réjouis de me retrouver ici, ce matin, parmi vous, si nombreux et si engagés, pour participer aux Rencontres nationales de la coopération décentralisée. Je remercie vivement le Président de lInstitut du Monde arabe pour la qualité de son accueil et laide apportée par son équipe.
Ce rendez-vous se situe dans une actualité tragique, celle du drame du Kosovo. Ce nest pas le lieu den examiner la dimension politico-militaire. En revanche, pour men tenir au sujet qui nous réunit aujourdhui, je nimagine pas que lexceptionnel élan de solidarité de nos concitoyens en direction de ces centaines de milliers de réfugiés et de déportés, ne puisse se prolonger dans le domaine de la coopération décentralisée.
Régions, départements, municipalités, dinnombrables ONG, des institutions aussi se sont mobilisés dans lurgence humanitaire. Beaucoup dentre-vous, dans cette salle, sy sont investis personnellement ; quils en soient remerciés. Mais nous devons, dès à présent, penser à létape suivante, celle du développement, celui de lAlbanie, de la Macédoine sans doute celui du Monténégro, et demain, la reconstruction du Kosovo. LEtat y prendra sa part, notamment sous la forme dune aide macro-économique, à laquelle nous souhaitons dailleurs associer nos partenaires européens et les institutions financières internationales. Mais les acteurs de la coopération décentralisée doivent être associés à lévaluation des besoins, à lélaboration des projets. Cest vous qui saurez faire vivre lindispensable relation de travail et damitié quappellent les souffrances endurées et lampleur de la tâche à accomplir, mais aussi la volonté de cette « autre Europe » de samarrer plus solidement à lUnion européenne.
Cest pourquoi, à la demande de plusieurs dentre vous, une modification du programme a été introduite. Aujourdhui à 18h30, nous prolongerons notre débat, avec ceux dentre vous qui le souhaitez, sous forme dune table ronde consacrée dabord à lorganisation de laide durgence humanitaire, mais aussi à son articulation avec les projets de coopération décentralisée que nous devons bâtir ensemble dans les Balkans.
Cette référence à lactualité souligne la modernité de notre projet commun. La coopération décentralisée, dont la légitimité est désormais incontestable, doit maintenant se déployer dans ses multiples dimensions.
Vous savez limportance que jy attache personnellement.
La réforme du dispositif français de coopération permet désormais limplication du ministère des Affaires étrangères dans sa nouvelle configuration. Elle doit maintenant « monter en puissance ».
Jai demandé que lon sattache dores et déjà, à renforcer la transparence de nos actions et à améliorer nos méthodes daccompagnement de vos projets. Je vous propose davancer ensemble pour améliorer notre dispositif.
Mais je note déjà des avancées non négligeables.
Les collectivités territoriales, comme la société civile et les entreprises, sont désormais associées à la préparation et à la conclusion des accords de partenariat intergouvernementaux destinés à améliorer le dialogue.
Je rappelle que le gouvernement a chargé un groupe de travail interministériel de rédiger, tous les ans, un rapport pour évaluer lefficacité de la coopération et de laide au développement.
Dans le même esprit, le gouvernement a indiqué sa disponibilité pour un débat au Parlement sur notre coopération. Cétait une demande forte des ONG comme des élus.
Lévolution du monde nous faisait obligation de modifier profondément notre approche de la coopération internationale. Nous avons fait le choix de conjuguer fidélité et ouverture. Fidélité envers nos partenaires traditionnels et singulièrement ceux de lAfrique subsaharienne. Ouverture aussi aux autres Afriques : lusophones, anglophones, elles aussi désireuses davoir des relations avec la France et lEurope. Cette réforme doit aussi servir la coopération décentralisée, lui donner toute sa dimension, déjà considérable.
Plus de cent dix pays concernés dans le monde ;
Sur les six mille collectivités locales françaises ayant des relations avec des collectivités étrangères, deux mille conduisent des actions qui relèvent de la coopération décentralisée ;
La quasi-totalité des régions, la moitié des départements sont concernées. Cette proportion est une spécificité bien française, unique en Europe. La loi de 1992 figure parmi les plus avancées dEurope en matière daction extérieure des collectivités territoriales. Elle mériterait dailleurs un toilettage, compte tenu du développement de votre activité et des difficultés rencontrées dans son application.
Un engagement financier compris dans une fourchette de 1,4 à 1,64 milliard de francs, dont 500 millions pour les seules régions.
Ces chiffres témoignent que le rayonnement extérieur de la France sappuie désormais sur un tripode : la coopération bilatérale traditionnelle, notre participation aux organisations multilatérales, et enfin la coopération hors-Etat (cest-à-dire la coopération décentralisée, mais aussi les actions des ONG et des associations de migrants) et bien entendu le partenariat des acteurs de léconomie.
Javais indiqué, en prenant mes fonctions, ma volonté de donner sa vraie place à la coopération décentralisée. Jen avais personnellement mesuré lintérêt et lattente quelle suscitait chez nos partenaires, au moment où de nombreux pays, dAfrique en particulier, se lancent dans laventure exaltante mais difficile de la décentralisation.
Je savais répondre ainsi à votre attente dune autre relation avec ladministration et dune clarification des rôles respectifs de chacun.
Cinq types dinitiatives ont été prises :
Les premières concernent votre représentation. Des dispositions ont été arrêtées afin que les collectivités locales soient systématiquement invitées à participer aux Commissions mixtes avec les pays partenaires ; je lévoquais il y a un instant. Bien entendu, les collectivités territoriales sont représentées au sein du Haut Conseil de la Coopération internationale et du Développement.
Second type dinitiatives, la contractualisation de nos relations. Je pense dabord aux discussions entamées avec plusieurs régions pour inscrire la coopération décentralisée dans les stratégies de contrats de plan Etat-Régions (2000-2006). Je pense aussi à la mobilisation du dispositif des « emplois Jeunes », sur des actions de coopération décentralisée. Nous y travaillons avec mes collègues Martine Aubry et Jean-Jacques Queyranne.
Troisième type dinitiatives : les rencontres-pays. Elles ont concerné le Mali, le Niger, le Vietnam, le Burkina, la Côte dIvoire, Haïti et dautres pays de la Caraïbe. La prochaine rencontre se tiendra dans quelques semaines à Madagascar et associera les pays de la Commission de lOcéan indien. Dautres encore sont prévues au cours du second semestre qui concerneront le Maroc, le Bénin, la Tunisie. Faut-il rappeler que les collectifs dONG ont été associés à ces rencontres-pays ?
Quatrième type dinitiatives, celles qui relèvent de laction administrative : jai voulu créer une mission spécifiquement chargée du suivi des actions de la coopération non gouvernementale. Elle a le même rang dans lorganigramme de la DGCID que la mission multilatérale, chargée de la relation avec les grandes institutions internationales, à New York, à Genève, Washington et, bien entendu, Bruxelles. La Commission nationale de la Coopération décentralisée a vu ses orientations redéfinies. La CNCD fournira notamment un rapport annuel sur les réalités géographiques, techniques et financières de laction de nos collectivités territoriales. Cest une lourde tâche ! Mais elle répond à vos attentes comme à celles du gouvernement.
Enfin, nous avons commencé une importante sensibilisation de nos postes diplomatiques. Un atelier sur ce thème est organisé lors de la réunion annuelle des ambassadeurs. Cest désormais une habitude. Nous réfléchissons à lidentification de correspondants dans les ambassades des pays où la coopération décentralisée est la plus développée. Chargés du suivi des actions avec les collectivités, ils contribueraient à renforcer la nécessaire concertation de lensemble des acteurs. Auprès de nos pays partenaires qui en ont fait la demande, nous affectons progressivement des conseillers en matière de décentralisation et dorganisation territoriale.
Mesdames, Messieurs,
La synthèse du processus engagé connaît aujourdhui un premier aboutissement avec la tenue de ces Rencontres nationales. En octobre 1997, les Assises de la Coopération et de la Solidarité internationales et le Livre blanc publié à cette occasion, avaient marqué lémergence du concept dune coopération « dacteurs » plus que « de projets ». Nous sommes, ici, rassemblés pour consolider ce concept et le rendre opérationnel, dans notre environnement.
Le Comité de pilotage des Rencontres, mis en place à la fin de lannée dernière, a regroupé la totalité des représentants des acteurs concernés. Ce Comité a travaillé sans relâche pendant près de six mois, sous la présidence de Mme Marie Christine Blandin, qui sy est investie dans un suivi de tous les instants et qui a veillé scrupuleusement à la prise en compte des apports comme des attentes des élus et du milieu associatif. Je veux vous en remercier ici, très chaleureusement.
Caractérisée par des relations de territoire à territoire, de communauté à communauté, plus humaine, jai osé dire parfois, plus charnelle, collant au plus près du développement local, basée sur les relations souvent personnelles entre élus, centrée sur les besoins concrets des collectivités et lattente des populations, la coopération décentralisée sait répondre avec plus de souplesse, plus de sensibilité, aux demandes de nos partenaires.
Jai vérifié, par ailleurs, le rôle joué par les collectivités territoriales et les ONG dans des situations de crise, lorsque les relations dEtat à Etat sont interrompues. Votre présence est alors irremplaçable, elle permet de préserver le lien avec la société civile partenaire et prépare le retour à la démocratie et au respect des Droits de lHomme. Il sagit dune autre forme de complémentarité entre vous et lEtat que je voulais souligner. Dans cette période, hélas, elle doit se pratiquer trop souvent.
Par lexemple dun pluralisme politique fécond au sein de vos assemblées, en aidant à la formation des responsables locaux, la coopération décentralisée constitue un formidable outil pour la démocratie locale et léveil à la citoyenneté.
Collectivités locales et structures associatives ou entreprises privées agissent, et cest naturel, chacune selon sa vocation propre : régions, départements, communes, participent, comme lEtat, à la mission de service public et sont en quelque sorte co-responsables de sa cohérence, les acteurs associatifs agissent avec leurs critères, avec leurs objectifs propres sans les contraintes du respect des compétences fixées par la loi. Les entreprises ont bien sûr leur propre logique appliquant dautres règles mais elles participent aussi de la présence de la France. Elles sont surtout un des points dappuis essentiels du développement économique. Celui-ci représente un axe important de la coopération décentralisée, car il est partie intégrante du développement en général, et quil a sa place dans cette problématique. Je pense en particulier au compagnonnage industriel, au rôle des PME/PMI dans les transferts de savoir-faire avec leurs homologues du Sud. Je pense aussi au partenariat « de métier à métier », qui repose sur les mécanismes de formation professionnelle.
Tout cet ensemble concourt à limage extérieure de la France. LEtat a le devoir dêtre à lécoute, dinformer de ses propres orientations, de rechercher la meilleure articulation et, pourquoi pas, une plus grande cohérence entre ses propres actions et celles que conduisent les collectivités locales représentant la société civile.
Mesdames et Messieurs,
Je souhaite que ces Rencontres soient un vrai forum, un vrai lieu de débats doù émergeront des propositions fortes. Je reviendrai parmi vous demain matin pour la dernière Table ronde et les conclusions de vos échanges.
Bien évidemment, jen rendrai compte au Premier ministre. Comme vous, je suis convaincu quelles dessineront le nouveau cadre de la relation Etat-collectivités locales, à lintérieur duquel nous pouvons ensemble, dépassant nos clivages politiques, développer lengagement citoyen, condition première du rayonnement de la France.
Les actions du Ministre
La coopération décentralisée a été annoncée comme une priorité du ministre dès sa prise de fonction.
La réforme de la Coopération a justement été loccasion de procéder à une évaluation de la situation. Un rapport de mission a été commandé. Pour la première fois des collaborateurs au Cabinet du ministre ont été chargés du suivi de ce dossier. Enfin à lissue de la réforme de la Coopération, une mission, rattachée à la DGCID, a été créée pour soccuper des actions de coopération non gouvernementale.
Le constat était le suivant : un grand foisonnement dinitiatives, dans un certain désordre, faisant apparaître la faiblesse des relations inter-collectivités et la faible recherche de synergie entre laction de lEtat et celle de ces collectivités intervenant sur un même territoire de solidarité.
A N N E X E
Principaux pays concernés :
· LAfrique du Nord (Maroc et Tunisie) et lAfrique subsaharienne francophone (Mali, Burkina, Sénégal, Mauritanie, Cameroun, Bénin), pour des raisons historiques mais aussi parce que ces coopérations ont succédé, dans les pays sahéliens, aux jumelages, qui furent, eux-mêmes consécutifs aux élans de solidarité post-sécheresse du début des années 70.
Le Québec, pour des raisons linguistiques.
LAllemagne, pour des raisons de proximité et suite à une volonté politique des deux Etats après la seconde guerre.
Les pays de lEurope centrale, en plein développement, suite à la chute du mur de Berlin.
Quelques régions émergentes ; Sud-est asiatique, pays de la Caraïbe, Amérique du Sud, Chine, Palestine.
Quelques régions parmi les plus engagées
Rhône-Alpes
Nord-Pas de Calais
Franche-Comté
PACA
Poitou-Charentes
Ile-de-France
Alsace
Quelques départements
Départements de la région parisienne
Finistère
Côte dArmor
Savoie
Orne
Seine-Maritime
Quelques grandes villes
Lyon
Montreuil
Dunkerque
Strasbourg
Toulouse
Rennes
Limoges
Lille
Orléans
Marseille
Le Havre
Brest.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 avril 1999)