Texte intégral
Des pays comme le Japon, la Russie ou le Canada se sont ralliés, hier, à l'accord sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ils l'ont fait parce que les Européens ont diminué les contraintes et les contrôles. Est-ce que c'est un compromis à la baisse, par rapport à ce qui avait été signé il y a quatre ans à Kyoto ?
- "Non. C'est d'abord la possibilité pour tous ces pays, sauf les Etats-Unis qui sont un peu victime de leur unilatéralisme, de s'engager dans le protocole de Kyoto, donc de tenir les baisses et les réductions d'émissions de gaz à effet de serre, à l'horizon 2010 qui est la première période d'engagement. Pour l'Union européenne, on va faire moins 8 % par rapport à ce qu'on faisait en 1990, donc c'est un véritable effort. Pour les autres pays, vous dites que c'est une diminution des contraintes, mais je ne crois pas, même si on a lâché un peu sur ce qu'on appelle les "puits de carbone" - c'est-à-dire le fait de compter les forêts comme diminution des gaz à effet de serre, ce qui est plus ou moins vrai -, il n'empêche que l'on a rajouté de l'observance - c'est un mot un peu international... -, c'est-à-dire du contrôle."
Dans cet accord, un pays va pouvoir comptabiliser les forêts qu'il développe en déduction des efforts qu'il fait pour réduire les émissions de gaz carbonique. On peut faire plus de circulation automobile à partir du moment où l'on plante de arbres ?
- "C'est un peu ça mais pas tout à fait, parce que c'est plafonné. C'est-à-dire que par exemple, pour les 8 % de l'Union européenne, ce sera au maximum 3 % qui pourront être comptabilisés en forêt. Le reste, ce sont de vraies réductions, par exemple, de transport en camion ou en auto."
25 heures de discussion pour en arriver là... Cela se passe comment ? Il y a des moments où les concessions des uns rencontrent les réticences des autres, un peu de lassitude là-dessus et on arrive à l'accord ?
- "On a l'impression que c'est au finish et à la fatigue mais pas complètement. On fait souvent le parallèle avec le protocole de Montréal pour l'arrêt des CFC - ces gaz propulseurs -, ce qui se comptait comme marché - puisque nous sommes en pleine économie, ici, à RTL - en dizaine de millions de dollars. Là, il s'agit de centaines de milliards de dollars puisque c'est toute l'industrie qui produit des gaz à effet de serre - notamment l'industrie pétrolière ou charbonnière. Le fait d'en discuter pendant 25 heures, c'est très peu ; en fait, on en discutait depuis très longtemps, depuis Kyoto, en 1997."
En tout cas, pour vous, ce n'est pas un accord au rabais ?
- "Pas du tout, je crois que c'est le plus grand accord de protection de l'environnement et de lutte contre le changement climatique qu'on ait vu depuis le sommet de la Terre à Rio, en 1992."
Qu'est ce qui pourrait faire que les Etats-Unis changent de position et se rallient à ce processus ?
- "Ils sont maintenant un peu isolés ; ils sont les seuls à ne pas ratifier le protocole de Kyoto mais bien évidemment, la porte est ouverte. Ce ne sera probablement pas le président Bush qui se dédiera, mais ce sera peut-être sous la pression des industriels. Car vous savez qu'il y a des mécanismes, y compris des mécanismes de marchés mis en place avec ce protocole, et si les industriels américains veulent faire des échanges de permis, il faut qu'ils rentrent dans le protocole de Kyoto."
Ce sera rentable pour eux ?
- "Cela pourrait l'être car les Américains sont de gros émetteurs de gaz à effet de serre. Ils seraient beaucoup montrés du doigt s'ils ne faisaient pas cet effort."
Dans cette négociation, les Européens ont montré une certaine cohésion ; c'est une bonne surprise ?
- "Non, l'Union européenne est souvent unie ; elle l'a montré encore une fois. On était à quinze, sous la présidence du belge, mon ami O. Deleuze, ça c'est très bien passé."
Le Président Chirac s'est prononcé nettement en faveur du protocole de Kyoto puis s'est félicité de l'accord d'hier. J. Chirac est un important soutien pour votre action de ministre ?
- "Oui, la conversion explicite récente du président de la République à l'écologie, est en effet intéressante. Dès La Haye, il y a huit mois, je crois qu'il avait bien soutenu madame Voynet ; il soutient maintenant le protocole de Kyoto. Je ne peux que m'en féliciter."
Tout est clair entre le Président et vous ? On avait dit, avant que vous arriviez au Gouvernement, que vous aviez peut-être approché le document où A. Montebourg propose de le mettre en accusation, [et que cela] posait problème.
- "Ce qui pose peut-être problème pour le Président et la majorité, c'est qu'il n'est pas de la majorité plurielle."
Et alors ?
- "Lui, il est d'un côté et nous de l'autre, donc il y a une compétition politique. Mais nous sommes dans la cohabitation."
Il y a un mois encore, vous étiez vice-président de l'Assemblée, vous auriez participé à la réunion du bureau de l'Assemblée qui doit se prononcer sur le fait que les juges veulent avoir communication des déclarations d'impôts de J. Chirac, quand il était député. Un commentaire ?
- "Aujourd'hui, je n'ai rien à dire parce que j'ai tout écrit sur ce que j'avais à penser sur ce sujet."
Au moment où vous étiez vice-président ?
- "Oui."
Vous étiez donc plutôt pour la transparence ?
- "Je le suis toujours, bien sûr."
La logique qui doit accompagner l'accord de Kyoto, c'est que les individus doivent prendre conscience de la nécessité d'être plus sobre en consommation d'énergie. Prenons l'exemple parisien des voies sur berges interdites aux automobiles, n'est-ce pas le parfait exemple des restrictions de circulation difficile à faire accepter ?
- "Il faut qu'on fasse un effort, bien sûr, notamment en utilisant moins la voiture pour les trajets qui ne le justifient pas. L'exemple concernant les transports, proposé par D. Baupin, adjoint au maire de Paris, a justement valeur de pédagogie, en disant qu'entre le 15 juillet et le 15 août, on va fermer les voies sur berges pour permettre aux vélo, aux piétons et aux rollers de s'exprimer. Cela montre que l'on doit tous faire des efforts dans notre vie quotidienne, que ce soit..."
...en attendant, cela provoque des protestations, Des embouteillages aussi...
- "Il faut savoir : d'un côté, on voit qu'il y a certains signes de changement climatique qui, à mon avis, sont sans doute des signes faibles pour l'instant. Je ne peux pas vous dire quel sera le climat de la France dans quatre jours mais je peux quel sera le climat dans quarante ans : il sera sans doute un peu plus perturbé que maintenant. Il faut donc faire des efforts si on ne veut pas le payer beaucoup plus cher dans une quarantaine d'années."
Les voies sur berges de Paris sont un effort symbolique ?
- "Ce n'est pas symbolique, c'est du réel. Il faut que, pour les trajets les plus courts, qu'on aille à pieds, en rollers ou en vélo."
Donc vous approuvez ?
- "Evidemment."
En tant que ministre, vous allez encore une fois être confronté aux manifestations de chasseurs, on en a vu ce week-end...
- "...c'est vous qui les organisez ?! Comment savez-vous qu'il va y avoir des manifestations de chasseurs ?!"
Parce que c'est régulier, on les voit venir. En tout cas, on les voit protester contre cette directive de Bruxelles qui limite les dates de la chasse aux gibiers d'eau et aux oiseaux migrateurs. Je n'organise rien du tout, je constate.
- "La directive "oiseaux" date de 1979 ; elle a été faite par un ministre de l'Environnement UDF, sous la présidence de monsieur Giscard d'Estaing, et il y a un an exactement, en juillet 2000, il y a eu une loi pacificatrice entre les chasseurs et les protecteurs de la nature..."
...Vous avez fait la paix ?
- "On a fait la paix, et il n'y a pas de raison que, de nouveau, il y ait des manifestations. Il peut avoir, bien sûr, quelques tenants de la chasse extrême qui se réveillent, mais pour moi le problème est réglé."
Est-ce que la directive de Bruxelles n'est pas appliquée de façon trop tatillonne ? On a l'impression que c'est aussi l'avis de L. Jospin.
- "Ce n'est pas ce que disent les juges car à chaque fois qu'il y a des recours contre des arrêtés préfectoraux, qui, en effet, pourraient relâcher les dates d'ouverture un peu trop tôt, les associations de protection de la nature gagnent."
Donc, vous n'êtes pas pour une dérogation pour la France à propos de ces dates ?
- "Non, je ne sais pas pourquoi le Premier ministre, - c'est une information dont j'ai entendu parlée - aurait été voir la commissaire à l'Environnement, à Bruxelles, pour renégocier les dates de 1979. Cela me paraît hors de propos."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 24 juillet 2001)
- "Non. C'est d'abord la possibilité pour tous ces pays, sauf les Etats-Unis qui sont un peu victime de leur unilatéralisme, de s'engager dans le protocole de Kyoto, donc de tenir les baisses et les réductions d'émissions de gaz à effet de serre, à l'horizon 2010 qui est la première période d'engagement. Pour l'Union européenne, on va faire moins 8 % par rapport à ce qu'on faisait en 1990, donc c'est un véritable effort. Pour les autres pays, vous dites que c'est une diminution des contraintes, mais je ne crois pas, même si on a lâché un peu sur ce qu'on appelle les "puits de carbone" - c'est-à-dire le fait de compter les forêts comme diminution des gaz à effet de serre, ce qui est plus ou moins vrai -, il n'empêche que l'on a rajouté de l'observance - c'est un mot un peu international... -, c'est-à-dire du contrôle."
Dans cet accord, un pays va pouvoir comptabiliser les forêts qu'il développe en déduction des efforts qu'il fait pour réduire les émissions de gaz carbonique. On peut faire plus de circulation automobile à partir du moment où l'on plante de arbres ?
- "C'est un peu ça mais pas tout à fait, parce que c'est plafonné. C'est-à-dire que par exemple, pour les 8 % de l'Union européenne, ce sera au maximum 3 % qui pourront être comptabilisés en forêt. Le reste, ce sont de vraies réductions, par exemple, de transport en camion ou en auto."
25 heures de discussion pour en arriver là... Cela se passe comment ? Il y a des moments où les concessions des uns rencontrent les réticences des autres, un peu de lassitude là-dessus et on arrive à l'accord ?
- "On a l'impression que c'est au finish et à la fatigue mais pas complètement. On fait souvent le parallèle avec le protocole de Montréal pour l'arrêt des CFC - ces gaz propulseurs -, ce qui se comptait comme marché - puisque nous sommes en pleine économie, ici, à RTL - en dizaine de millions de dollars. Là, il s'agit de centaines de milliards de dollars puisque c'est toute l'industrie qui produit des gaz à effet de serre - notamment l'industrie pétrolière ou charbonnière. Le fait d'en discuter pendant 25 heures, c'est très peu ; en fait, on en discutait depuis très longtemps, depuis Kyoto, en 1997."
En tout cas, pour vous, ce n'est pas un accord au rabais ?
- "Pas du tout, je crois que c'est le plus grand accord de protection de l'environnement et de lutte contre le changement climatique qu'on ait vu depuis le sommet de la Terre à Rio, en 1992."
Qu'est ce qui pourrait faire que les Etats-Unis changent de position et se rallient à ce processus ?
- "Ils sont maintenant un peu isolés ; ils sont les seuls à ne pas ratifier le protocole de Kyoto mais bien évidemment, la porte est ouverte. Ce ne sera probablement pas le président Bush qui se dédiera, mais ce sera peut-être sous la pression des industriels. Car vous savez qu'il y a des mécanismes, y compris des mécanismes de marchés mis en place avec ce protocole, et si les industriels américains veulent faire des échanges de permis, il faut qu'ils rentrent dans le protocole de Kyoto."
Ce sera rentable pour eux ?
- "Cela pourrait l'être car les Américains sont de gros émetteurs de gaz à effet de serre. Ils seraient beaucoup montrés du doigt s'ils ne faisaient pas cet effort."
Dans cette négociation, les Européens ont montré une certaine cohésion ; c'est une bonne surprise ?
- "Non, l'Union européenne est souvent unie ; elle l'a montré encore une fois. On était à quinze, sous la présidence du belge, mon ami O. Deleuze, ça c'est très bien passé."
Le Président Chirac s'est prononcé nettement en faveur du protocole de Kyoto puis s'est félicité de l'accord d'hier. J. Chirac est un important soutien pour votre action de ministre ?
- "Oui, la conversion explicite récente du président de la République à l'écologie, est en effet intéressante. Dès La Haye, il y a huit mois, je crois qu'il avait bien soutenu madame Voynet ; il soutient maintenant le protocole de Kyoto. Je ne peux que m'en féliciter."
Tout est clair entre le Président et vous ? On avait dit, avant que vous arriviez au Gouvernement, que vous aviez peut-être approché le document où A. Montebourg propose de le mettre en accusation, [et que cela] posait problème.
- "Ce qui pose peut-être problème pour le Président et la majorité, c'est qu'il n'est pas de la majorité plurielle."
Et alors ?
- "Lui, il est d'un côté et nous de l'autre, donc il y a une compétition politique. Mais nous sommes dans la cohabitation."
Il y a un mois encore, vous étiez vice-président de l'Assemblée, vous auriez participé à la réunion du bureau de l'Assemblée qui doit se prononcer sur le fait que les juges veulent avoir communication des déclarations d'impôts de J. Chirac, quand il était député. Un commentaire ?
- "Aujourd'hui, je n'ai rien à dire parce que j'ai tout écrit sur ce que j'avais à penser sur ce sujet."
Au moment où vous étiez vice-président ?
- "Oui."
Vous étiez donc plutôt pour la transparence ?
- "Je le suis toujours, bien sûr."
La logique qui doit accompagner l'accord de Kyoto, c'est que les individus doivent prendre conscience de la nécessité d'être plus sobre en consommation d'énergie. Prenons l'exemple parisien des voies sur berges interdites aux automobiles, n'est-ce pas le parfait exemple des restrictions de circulation difficile à faire accepter ?
- "Il faut qu'on fasse un effort, bien sûr, notamment en utilisant moins la voiture pour les trajets qui ne le justifient pas. L'exemple concernant les transports, proposé par D. Baupin, adjoint au maire de Paris, a justement valeur de pédagogie, en disant qu'entre le 15 juillet et le 15 août, on va fermer les voies sur berges pour permettre aux vélo, aux piétons et aux rollers de s'exprimer. Cela montre que l'on doit tous faire des efforts dans notre vie quotidienne, que ce soit..."
...en attendant, cela provoque des protestations, Des embouteillages aussi...
- "Il faut savoir : d'un côté, on voit qu'il y a certains signes de changement climatique qui, à mon avis, sont sans doute des signes faibles pour l'instant. Je ne peux pas vous dire quel sera le climat de la France dans quatre jours mais je peux quel sera le climat dans quarante ans : il sera sans doute un peu plus perturbé que maintenant. Il faut donc faire des efforts si on ne veut pas le payer beaucoup plus cher dans une quarantaine d'années."
Les voies sur berges de Paris sont un effort symbolique ?
- "Ce n'est pas symbolique, c'est du réel. Il faut que, pour les trajets les plus courts, qu'on aille à pieds, en rollers ou en vélo."
Donc vous approuvez ?
- "Evidemment."
En tant que ministre, vous allez encore une fois être confronté aux manifestations de chasseurs, on en a vu ce week-end...
- "...c'est vous qui les organisez ?! Comment savez-vous qu'il va y avoir des manifestations de chasseurs ?!"
Parce que c'est régulier, on les voit venir. En tout cas, on les voit protester contre cette directive de Bruxelles qui limite les dates de la chasse aux gibiers d'eau et aux oiseaux migrateurs. Je n'organise rien du tout, je constate.
- "La directive "oiseaux" date de 1979 ; elle a été faite par un ministre de l'Environnement UDF, sous la présidence de monsieur Giscard d'Estaing, et il y a un an exactement, en juillet 2000, il y a eu une loi pacificatrice entre les chasseurs et les protecteurs de la nature..."
...Vous avez fait la paix ?
- "On a fait la paix, et il n'y a pas de raison que, de nouveau, il y ait des manifestations. Il peut avoir, bien sûr, quelques tenants de la chasse extrême qui se réveillent, mais pour moi le problème est réglé."
Est-ce que la directive de Bruxelles n'est pas appliquée de façon trop tatillonne ? On a l'impression que c'est aussi l'avis de L. Jospin.
- "Ce n'est pas ce que disent les juges car à chaque fois qu'il y a des recours contre des arrêtés préfectoraux, qui, en effet, pourraient relâcher les dates d'ouverture un peu trop tôt, les associations de protection de la nature gagnent."
Donc, vous n'êtes pas pour une dérogation pour la France à propos de ces dates ?
- "Non, je ne sais pas pourquoi le Premier ministre, - c'est une information dont j'ai entendu parlée - aurait été voir la commissaire à l'Environnement, à Bruxelles, pour renégocier les dates de 1979. Cela me paraît hors de propos."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 24 juillet 2001)