Texte intégral
Cest le propre dune manifestation comme celle-ci déchanger des paroles, de confronter des idées, de formuler des visions, et je souhaite quelles soient audacieuses. Mais il faut que nous soyons capables, demain, dautant daudace dans nos actes que dans paroles.
Cest nécessaire. La situation est difficile en Europe. Nous avons connu la crise financière, puis la crise budgétaire, puis la crise économique. Et le prix de ces crises est terrible sur le plan humain dans beaucoup dEtats de lUnion. Un chiffre nous revient sans cesse : 6 millions. Cest le nombre de jeunes européens au chômage. Dans certains pays, le taux de chômage des jeunes dépasse les 50%.
Nous savons tous que nous ne pouvons pas en rester là :
- Accepter ce gâchis dénergies et de compétences qui nous prive dun ressort de compétitivité et menace notre cohésion sociale.
- Se résigner au sacrifice dune génération de jeunes européens.
Ce nest pas possible, parce que cela heurte les valeurs de solidarité qui font la force de lEurope, parce que cela affaiblit notre économie, et parce que cela mine si nous ny prenons pas garde- les fondations de notre démocratie.
Trois bonnes raisons sociale, économique et politique dagir plus fortement et plus vite contre le chômage des jeunes dans notre continent.
Pour cela, combattre les déficits et maîtriser les dépenses publiques reste nécessaire mais ne suffit pas. Il faut maintenant autre chose : reprendre le chemin de la croissance et de lemploi, apporter des solutions aux millions de chômeurs en Europe et particulièrement aux jeunes.
Nous en parlons souvent avec Ursula Von der Leyen, et nous allons prolonger ces échanges aujourdhui avec nos collègues ministres de finances avec qui nous voulons partager cette priorité de lemploi des jeunes. Nous avons ensemble signé un « non papier » pour une relance de lEurope sociale partagé plus largement politiquement, notamment par les ministres socialistes et sociaux-démocrates européens. Nous en parlons avec nos partenaires européens, en particulier lItalie, dont je salue la présence du ministre du travail ici parmi nous. Jen parle également avec les partenaires sociaux, en France, en franco-allemand comme avec la CES ou Business Europe. Très important ce dialogue social avec patronat et syndicats, qui souhaitent être impliqués concrètement dans lélaboration des initiatives nouvelles que nous allons lancer.
Quelles nouvelles initiatives au niveau de lEurope contre le chômage des jeunes, au-delà de ce que chacun de nos Etat met en oeuvre aujourdhui ?
Des premiers jalons ont déjà été posés, il faut commencer par là. Je pense notamment à la Garantie en faveur de la jeunesse, dont lobjectif est que tous les jeunes de moins de 25 ans en Europe reçoivent une offre demploi de bonne qualité, un complément de formation, un apprentissage ou un stage dans les quatre mois qui suivent leur sortie de lenseignement initial ou une perte demploi. Cest déjà une ambition considérable, loin dêtre réalisée aujourdhui dans la plupart de nos Etats, et sa mise en oeuvre va mobiliser fortement les Services Publics de lEmploi. En France nous avons une priorité qui nous mobilise beaucoup : cest celle des jeunes sortis de lécole sans diplôme ni qualification et qui forment le noyau le plus « dur » du chômage des jeunes.
Nous pensons que le sujet est si important quil faut trouver les moyens de mettre en oeuvre de façon accélérée la « garantie pour la jeunesse ». Je pense notamment aux outils permettant de « rattraper » les jeunes en situation de décrochage, qui sont la cible de la garantie pour la jeunesse, mais qui doivent être repérés pour que cette garantie puisse sappliquer et avoir un sens. Là aussi, le service public de lemploi à un rôle majeur à jouer.
Nous voulons poser ensemble, sur la table de lEurope, dautres initiatives.
Trois axes font converger nos vues, que nous allons approfondir ensemble tout à lheure et au long de ces prochaines semaines :
- La création dune véritable Europe de lalternance,
- Le financement des PME, vivier de création de nombreux emplois,
- Lappui à linsertion des jeunes dans le monde du travail,
Première idée forte, Financer les PME, cest-à-dire le tissu économique dans lequel se jouent les créations demplois. Trop de créateurs demplois se heurtent à limpossibilité de pouvoir financer leur activité et donc dembaucher. _ De nombreux outils existent déjà, tels des prêts potentiels à taux attractifs de la BEI. Je pense aussi aux 6 milliards de « linitiative pour lemploi des jeunes » décidés au Conseil européen en février. Ajoutons les fonds structurels européens pour encourager la création demplois dans les pays les plus affectés par le chômage. Mais la situation exige dautres efforts et des mécanismes supplémentaires, comme une ligne spéciale de crédit pour stimuler la création demplois dans les petites entreprises que pourrait mettre en place la BEI.
Deuxième idée forte. Dans toute lEurope lalternance, est une voie de réussite. LAllemagne le prouve depuis longtemps, la France est engagée trop modestement encore dans cette voie. Nous proposons de fixer des objectifs ambitieux dalternants et dinciter les entreprises à souvrir ainsi aux jeunes, en 5 leur offrant un accès facilité au crédit (notamment à la Banque Européenne dinvestissement). Cette ambition pour lalternance est cohérente avec lélargissement en cours du programme Erasmus aux apprentis : « lErasmus pour tous ». Elle pourrait aller de pair avec la mise en place de véritables guichets européens de lapprentissage, chargés de faciliter la mobilité des jeunes apprentis en facilitant les conditions matérielles : transport, logement, formalités administratives, etc.
Plus lalternance est développée, plus faible est le chômage des jeunes. Nous le savons, alors faisons. De plus, de la transmission des compétences, à la réponse concrète aux besoins des entreprises, en passant par une insertion plus facile dans lemploi et des opportunités de promotion professionnelle, lalternance est une voie davenir. Plus largement, donc, nous proposons daller vers un statut européen de lapprenti.
Dernier axe, donner davantage les moyens aux jeunes de créer des entreprises. Nos jeunes en ont lenvie, la capacité. LEurope doit se couvrir de pépinières qui donnent les moyens dinnover, de se développer, de mûrir un projet en trouvant un appui comptable, logistique, juridique, avant de se lancer « dans le grand bain » du marché. LEurope peut devenir ce qui fait passer du rêve à la réalité ; et ce qui permet de sinsérer dans la réalité du monde économique en ayant les reins solides.
La mobilité est un véritable enjeu. Pour les étudiants, pour les apprentis, mais aussi pour les demandeurs demplois. A ce sujet, le réseau EURES existe et met en relation employeurs et demandeurs demplois dans toute lEurope. Développons-les davantage !
Nous mettons ces pistes en discussion avec nos partenaires, avec les partenaires sociaux, afin de parvenir, dici le Conseil européen des 27 et 28 juin prochains [et le sommet du 3 juillet prochain à Berlin] à des propositions partagées et concrètes. Cette ambition est à portée de nos mains. A nous de créer létincelle, dapporter les moyens utiles, et pour le reste, nous faisons confiance à nos jeunes pour déborder didées et de projets !
Source http://travail-emploi.gouv.fr, le 29 mai 2013