Point de presse de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, et interview à TV5 le 2 octobre 2001, sur la convergence de vues de la France et des dirigeants du Maghreb (Maroc, Tunisie, Algérie) en matière de lutte contre le terrorisme, le refus de tout amalgame entre islam et terrorisme, la proposition marocaine d'une réunion du Forum euro-méditerranéen.

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Circonstance : Tournée de M. Hubert Védrine au Maghreb les 1er et 2 octobre 2001

Média : Télévision - TV5

Texte intégral

Point de presse le 2 octobre 2001 :
Q - Vous avez rencontré vos homologues tunisien, algérien et marocain. Peut-on dire aujourd'hui qu'il y a une convergence de point de vue quant à l'attitude à avoir après les attentats du 11 septembre ?
R - Oui, il y a une très grande convergence de point de vue entre la France et chacun des pays du Maghreb, entre les pays du Maghreb entre eux et également entre toute l'Europe. Une très grande convergence pour estimer que la lutte contre le terrorisme doit être menée avec une très grande détermination et en même pour estimer que cette lutte contre le terrorisme doit être menée sans dérive, ni amalgame conduisant à un prétendu affrontement entre le monde occidental et le monde arabo-islamique. Il y a donc une très grande convergence sur ce sujet, il y a une très grande compréhension et la France a bien l'intention de maintenir une concertation très étroite avec ses partenaires maghrébins au cours des prochaines semaines.
Q - Avez-vous ressenti une quelconque inquiétude chez vos partenaires maghrébins quant aux risques d'amalgame entre Islam et terrorisme, sachant qu'il y a une forte représentation de la communauté maghrébine en France ?
R - J'ai constaté qu'ils étaient préoccupés par cet éventuel amalgame. En même temps ils ont tous noté que les autorités françaises avaient immédiatement pris les devants pour que cet amalgame n'ait pas lieu, que des déclarations très claires avaient été faites, que des dispositions très précises avaient été prises et je crois que les communautés arabes et musulmanes en France se sentent bien dans la République française. C'est ce que chacun reconnaît. Mais, ce n'est pas une raison pour ne pas rester vigilant et nous resterons vigilants.
Q - Le Roi du Maroc a proposé une réunion du Forum euro-méditerranéen. Que pensez-vous de cette initiative ?
R - C'est une très bonne idée parce qu'au sein de ce Forum, il y a depuis des années un dialogue très franc et très utile et en même temps particulier, parce que cela n'a pas lieu dans les autres enceintes, entre les pays du sud de l'Europe et les pays de la rive nord de la Méditerranée. C'est le lieu même ou a lieu, non pas le choc des cultures, mais au contraire le dialogue des cultures, la complémentarité des cultures, le partenariat, l'échange et c'est donc le moment idéal de réunir ce Forum et je pense que nous trouverons une date pour le faire avant la fin octobre.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 octobre 2001)
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Interview à TV5 le 2 octobre 2001 :
Ce n'est pas la question d'une frappe, même s'il y a des actions ciblées par rapport à un réseau, par rapport à un quartier général, par rapport à des caches, par rapport à des infrastructures, ce n'est qu'un élément. Les Américains insistent là-dessus. Ce sont les Américains qu'il faut écouter. Les Américains insistent sur le fait que l'aspect militaire est un élément parmi d'autres, dans une lutte à long terme.
Ce que j'ai pu constater par rapport à cela dans les pays du Maghreb, c'est à peu près ce que l'on peut voir dans les pays d'Europe. C'est que tout le monde reconnaît la légitimité d'une réaction précise, ciblée, contre les réseaux terroristes précis et ceux qui les ont aidés. Donc, évidemment cela va se produire, cela fait partie de ce qui doit être fait. Mais ce n'est pas toute la lutte contre le terrorisme et elle sera vaine si on n'est pas capable de s'attaquer avec une détermination accrue à l'ensemble des situations de crise qui l'alimentent.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 octobre 2001)