Déclaration de Mme Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur, sur les mesures gouvernementales d'aide à l'export pour les entreprises, Paris le 9 juillet 2013.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Ouverture de la journée "Avec vous, à l'international", à Paris le 9 juillet 2013

Texte intégral

Vos Excellences,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs les chefs d’entreprises et représentants des entreprises,
Mesdames, Messieurs,
Un an, c’est l’heure de la mobilisation, de l’action, pas celle du bilan.
Beaucoup d’entre vous m’avez accompagnée à l’étranger, d’autres m’ont rencontrée lors de mes déplacements en régions. Tous vous exportez et prospectez sur de nouveaux marchés. La réussite du commerce extérieur de la France dépend d’abord et avant tout de ses entreprises. C’est vous qui êtes à la conquête et qui créez des richesses.
Le rôle de la puissance publique c’est de vous fournir le meilleur cadre d’intervention possible et de vous accompagner au mieux. J’ai entendu votre message : vous avez besoin de dispositifs plus simples, plus lisibles, plus fluides, pour vous faire gagner du temps et vous permettre de vous consacrer au développement de votre activité et à vos clients.
L’international commence en France. D’abord, il fallait organiser l’export dans les territoires. Cela part de la reconnaissance d’un chef de file ; ce sont les Régions qui depuis septembre dernier ont complété leur schéma de développement économique par un PRIE. Ce rôle leur sera reconnu au terme de l’examen par le Parlement de la loi de décentralisation.
Elles ont agi de conserve avec les chambres consulaires et les acteurs de l’export, dans le respect des compétences et des savoir-faire. Repérer, sélectionner, porter les entreprises à l’export, les CCI savent le faire. J’étais hier en Bretagne pour « marrainer » la fusion de CCI International et de l’opérateur régional à l’international, et pour la signature du Plan régional d’internationalisation des entreprises paraphé par 10 partenaires de l’export. La fédération des acteurs est le premier pas vers la réussite.
Il fallait simplifier et faciliter l’accès aux financements. Avec Pierre Moscovici, Ministre de l’Economie et des Finances, nous nous y sommes attelés.
Ils sont aujourd’hui réunis sous un seul label, Bpifrance export, et un catalogue commun.
Mais un financement sans accompagnement durable à l’international cela ne serait pas suffisant pour les PME et les ETI. Aussi, au fur et à mesure du déploiement de la BPI, des chargés d’affaires internationaux issus d’UBIFRANCE - 25 pour une première étape en 2013 et le nombre sera porté à 40 début 2014 - accompagneront de façon personnalisée les entreprises, à partir de leurs besoins spécifiques et en appui de leur stratégie entrepreneuriale. D’abord pour déterminer les marchés porteurs, ensuite pour les explorer, y tenter une première expérience et, enfin, implanter durablement l’entreprise. Je veux que cette dernière soit comprise et accompagnée avec des réponses opérationnelles et professionnelles à chaque étape de son développement. La Phase pilote de déploiement, débuté en Mars 2013 a trouvé un accueil favorable auprès des entreprises. J'ai pu m'en rendre compte concrètement, par exemple au sein de la société EVOLIS , que nous avons visitée près d’Angers avec le Premier Ministre.
L’objectif est de favoriser la création de courants d’affaires durables des entreprises qui sont accompagnées. Cela concerne en priorité les 1.000 du Pacte de Compétitivité.
Leur action internationale participe de leur avenir. Ce sont là les champions de demain dont la France a besoin.
Atteindre les objectifs fixés par le Président de la République passe par ma capacité et celle de mes équipes à disposer d’une meilleure organisation du soutien de la France à l’internationalisation des entreprises. Dans le cadre de la Modernisation de l’Action Publique voulue par le Premier Ministre, et suite au rapport de Messieurs Desponts et Bentéjac, le CIMAP du 17 juillet prendra des décisions.
De quoi s’agit-il ? De fédérer sous une bannière unique, « France International », et autour de choix précis les partenaires que sont UBIFRANCE, la BPI, CCI International, les Régions, les opérateurs de l’agro-alimentaire… Portail internet unifié, annuaire de l’export, maisons de l’international seront mis en place.
Des complémentarités sont évidentes entre UBIFRANCE et CCI international. Je souhaite leur rapprochement tout comme je plaide pour une plus grande proximité avec l’Agence Française des Investissements Internationaux et les organismes sectoriels de l’export.
Cette fédération d’acteurs que j’espère, je lui ai assigné des cibles, 47 pays prioritaires. Je me suis déplacée seule mais aussi pour accompagner le Président de la République et le Premier Ministre. De mes voyages dans 27 pays (et 16 Régions), j’ai tiré quelques enseignements que je veux partager avec vous.
D’abord le Maghreb. Nous voulons avec les gouvernements du Maroc, de Tunisie et d’Algérie, développer la co-localisation.
Ces pays du sud de la Méditerranée ont l’ambition d’être une plateforme pour l’Afrique subsaharienne ; nous la partageons. Ils souhaitent que les entreprises françaises s’installent dans la durée, créent des emplois, nouent des partenariats et partent à la conquête de nouveaux marchés, notamment en Afrique et au Moyen-Orient.
Il ne s’agit pas de réserver à la France les segments les plus porteurs et d’exporter au Maghreb les productions de base. Il s’agit bien de nous répartir la valeur ajoutée avec le plus d’intelligence possible en considérant que le succès d’une entreprise française sur place, qui crée de l’emploi et exporte depuis le Maghreb vers l’Afrique, permet de créer des emplois chez nous, en France.
Je reviens de Tunisie, où j'accompagnais le Président de la République. A l'invitation du Ministre tunisien de l'Industrie, je me suis rendue sur le site d'Aerolia, filiale d'EADS spécialisé dans l'assemblage des "nez" des Airbus, mais qui travaille également pour Bombardier ou Embraer. Dans cette usine unique au monde, Aerolia a fait le choix de faire venir également un "cluster" de huit PME françaises. Lorsque l'entreprise a fait ce choix en 2009, une polémique dont nous avons le secret s'est faite jour, sur le sujet de la délocalisation. Je demande simplement à regarder les chiffres. En 4 ans, plus de 600 personnes, jeunes, ont été embauchées et formées en Tunisie, pendant que dans le même temps, 1000 personnes ont été recrutées en France. L'entreprise a gagné en réactivité, en compétitivité aussi. Cet exemple est reproductible. En Algérie, j’ai nommé avec Arnaud MONTEBOURG, Jean-Louis LEVET pour travailler sur ce sujet.
J’ai beaucoup consacré de mes voyages à l’Asie, c’était nécessaire car ce sont des marchés lointains mais qui comptent une partie notable de la demande mondiale. Je voudrais citer un exemple : la Chine et ses besoins en matière alimentaire.
La Chine a multiplié sa production agricole par 5 entre 1978 et 2011, mais sa dépendance alimentaire a été multipliée par deux (12,9% en 2012 contre 6,2 en 2001). Son déficit agricole se chiffre à -31 Mds de dollars en 2012. Autant dire que les besoins sont grands et que notre offre, si elle est bien organisée et conquérante peut aider la France à trouver sa place dans la mondialisation des échanges. Le comité Asie de l’agro-alimentaire que j’ai lancé avec Guillaume GAROT, me remettra très prochainement ses propositions d’action.
A partir de septembre, je me consacrerai à l’Afrique (Ghana - Côte-d’Ivoire -Nigéria - Mali) et à l’Amérique centrale et du Sud.
Je souhaite aussi que le volume d’affaires progresse significativement dans des pays d’Asie Centrale, en Russie et en Ukraine.
Je pratique la diplomatie économique de terrain. Elle se conçoit à Bercy, dans les services économiques à l’étranger et avec le travail d’UBIFRANCE. J’ai souhaité qu’elle ait aussi, dans l’administration, un nom et un visage. Un référent de haut niveau. C’est pourquoi le numéro 2 de la Direction Générale du Trésor sera institutionnellement en charge de l’international.
J’ai également souhaité confier à 4 acteurs reconnus (Marie-Anne Cantin, David Sourdive, Michèle Pappalardo et Bruno Bonnell), la mission de fédérer l’offre française.
Simplifier la vie des entreprises : c’est établir un contact direct avec elles. Il n’est pas rare que lors d’un déplacement en région, je rencontre une entreprise qui me dit : « tel pays m’intéresse » et si j’y vais-je l’emmène. En 27 voyages, 210 entreprises m’ont accompagnée, mais c’est encore trop peu. Désormais elles disposent d’un formulaire mis en ligne. Le premier test sera la Birmanie fin juillet. Simplifier la vie des entreprises, c’est aussi permettre une meilleure fluidité avec leurs partenaires étrangers à l’export. L’octroi des visas peut être un facteur bloquant et j’agis pour lever les contraintes auprès de mes collègues ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur.
Cette journée, je l’ai voulue à votre service. Il s’agit bien de partager nos expériences et d’écouter vos remarques positives mais aussi vos critiques. Ne vous retenez pas : nous sommes là pour avancer ensemble. Je souhaite et j’attends de vous une parole libre et franche.
Le pays souffre d'un manque de confiance en lui. Les Français ont, à tort, accepté l'idée qu'ils ne parviennent pas à s'intégrer à la mondialisation.
Or, vous faites la preuve du contraire. Notre pays a des atouts très importants: la démographie la plus dynamique en Europe qui fait qu'en 2030 la France sera aussi peuplée que l'Allemagne; le nombre d'entreprises exportatrices a augmenté de 3% en un an; la France est la troisième destination pour les investissements étrangers en Europe, la première pour le nombre d'implantations industrielles ; 13 investissements étrangers créateurs d'emploi en France sont décidés chaque semaine ; les filiales françaises de groupes étrangers sont plus de 20 000, elles emploient plus de 2 millions de salariés, elles réalisent un tiers de nos exportations, c'est une belle preuve de confiance dans l'avenir de notre pays qui est renouvelée chaque année. La France est au second rang européen pour le dépôt de brevets internationaux et 13 entreprises françaises sont dans le top 100 des entreprises les plus innovantes ; 6 d'entre-elles sont parmi les entreprises les plus profitables de la planète, là également c'est le troisième rang mondial et une belle preuve de notre esprit d'entreprendre. 43% des 25-34 ans ont un diplôme de l'enseignement supérieur en France, c'est 17 points de plus que l'Allemagne et plus du double de l'Italie. La réforme de la formation professionnelle est une priorité fixée par le Président de la République.
Oui, nous avons des atouts et des compétences. J’ai intitulé cette journée « Avec vous à l’international ». J’aurais pu intituler, cette journée « Ensemble pour gagner ». J’ai préféré un message plus modeste, car nous avons une marge de progrès à accomplir collectivement. Si acteurs privés et acteurs publics nous travaillons ensemble, on sera les meilleurs et nous ferons gagner la France et les Français.
Merci.
Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 19 juillet 2013